---- Title: Haïti : comment la France a obligé son ancienne colonie... à lui verser des indemnités compensatoires ---- ... Une enquête du « New York Times » retrace l’histoire de la dette haïtienne et explique notamment comment la France puis les Etats-Unis ont exigé l’équivalent de centaines de millions d’euros au petit pays après son indépendance, en 1804. https://www.nytimes.com/fr/2022/05/20/world/haiti-france-reparations-aristide.html Le 1er janvier 1804, les Haïtiens proclamaient leur indépendance à la suite d’une révolte d’esclaves contre les colons français. Deux siècles plus tard, Haïti figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. Une situation souvent mise sur le compte d’un Etat défaillant et d’une corruption endémique. La misère persistante qu’elle endure est pourtant, en très grande partie, le fait d’interventions extérieures. C’est la conclusion d’une enquête _également disponible en version française_ menée pendant treize mois par des journalistes du New York Times. A travers une série de cinq articles, publiés le 20 mai, le journal américain retrace l’histoire de la dette haïtienne, révèle en détail qui en a tiré profit et explique comment elle continue d’affecter le pays. Avec, en toile de fond, cette question : et si le pays n’avait pas été pillé depuis sa naissance par des puissances étrangères et par ses propres dirigeants ? A l’origine du malheur : la « double dette » En 1825, vingt et un ans après son indépendance, Haïti voit un navire français – suivi d’une flottille de guerre – jeter l’ancre dans le port de Port-au-Prince, sa capitale. Un émissaire du roi Charles X vient lancer un ultimatum : verser à la France des réparations, faute de quoi la guerre sera déclarée. Sans véritable allié, le petit pays n’a guère le choix. Il paiera la somme exigée – 150 millions de francs, à verser en cinq tranches annuelles. « Le montant dépasse largement les maigres moyens d’Haïti », souligne le New York Times. En outre, la France oblige son ancienne colonie à emprunter auprès de banques françaises pour régler son premier paiement. A la somme initiale s’ajoutent donc des intérêts. C’est ce que les historiens appellent la « double dette ». Interrogé par le journal, l’économiste français Thomas Piketty parle de « néocolonialisme par la dette ».
---- Title: Haïti : comment la France a obligé son ancienne colonie... à lui verser des indemnités compensatoires ---- ... Une enquête du « New York Times » retrace l’histoire de la dette haïtienne et explique notamment comment la France puis les Etats-Unis ont exigé l’équivalent de centaines de millions d’euros au petit pays après son indépendance, en 1804. https://www.nytimes.com/fr/2022/05/20/world/haiti-france-reparations-aristide.html Le 1er janvier 1804, les Haïtiens proclamaient leur indépendance à la suite d’une révolte d’esclaves contre les colons français. Deux siècles plus tard, Haïti figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. Une situation souvent mise sur le compte d’un Etat défaillant et d’une corruption endémique. La misère persistante qu’elle endure est pourtant, en très grande partie, le fait d’interventions extérieures. C’est la conclusion d’une enquête _également disponible en version française_ menée pendant treize mois par des journalistes du New York Times. A travers une série de cinq articles, publiés le 20 mai, le journal américain retrace l’histoire de la dette haïtienne, révèle en détail qui en a tiré profit et explique comment elle continue d’affecter le pays. Avec, en toile de fond, cette question : et si le pays n’avait pas été pillé depuis sa naissance par des puissances étrangères et par ses propres dirigeants ? A l’origine du malheur : la « double dette » En 1825, vingt et un ans après son indépendance, Haïti voit un navire français – suivi d’une flottille de guerre – jeter l’ancre dans le port de Port-au-Prince, sa capitale. Un émissaire du roi Charles X vient lancer un ultimatum : verser à la France des réparations, faute de quoi la guerre sera déclarée. Sans véritable allié, le petit pays n’a guère le choix. Il paiera la somme exigée – 150 millions de francs, à verser en cinq tranches annuelles. « Le montant dépasse largement les maigres moyens d’Haïti », souligne le New York Times. En outre, la France oblige son ancienne colonie à emprunter auprès de banques françaises pour régler son premier paiement. A la somme initiale s’ajoutent donc des intérêts. C’est ce que les historiens appellent la « double dette ». Interrogé par le journal, l’économiste français Thomas Piketty parle de « néocolonialisme par la dette ».