---- Title: La post-vérité passée au crible du big data ---- ... Selon une étude informatique portant sur des millions de livres, depuis plusieurs décennies le vocabulaire rationnel diminue au profit du vocabulaire émotionnel. Plusieurs experts soulignent les limites d’une telle approche globale. ---- Image Caption: ---- ... « Post-vérité : nom féminin. Concept selon lequel nous serions entrés dans une période appelée ère de la post-vérité où l’opinion personnelle, l’idéologie, l’émotion l’emportent sur la réalité des faits. » Depuis que « post-vérité » a fait son entrée dans les dictionnaires – 2016 pour l’anglophone Oxford, 2018 et 2019 respectivement pour Le Robert et le Larousse dont la définition est donnée ci-dessus –, les débats scientifiques se multiplient. Comment se positionner face à ce phénomène sociétal flou et non précisément daté, que l’on associe tout autant à l’émergence des réseaux sociaux, l’élection de Donald Trump ou encore au vote du Brexit ? En France, le Comité national d’éthique du CNRS s’est autosaisi et a publié un avis le 12 avril 2018 : « Quelles nouvelles responsabilités pour les chercheurs à l’heure des débats sur la post-vérité ? » A l’occasion de ses 30 ans, l’Institut universitaire de France s’est interrogé, en octobre 2021 : « Post-vérité ? La question de la crédibilité de la recherche scientifique à l’heure des faits alternatifs », etc. Et si la science des algorithmes et des données massives pouvait apporter sa pierre au débat ? C’est le parti pris d’une équipe de scientifiques multidisciplinaires des universités néerlandaise et américaine de Wageningen et de l’Indiana. Pour matière première, cette équipe a utilisé des millions de livres en anglais et en espagnol couvrant la période de 1850 à 2019, numérisés et rendus accessibles par l’application linguistique de Google Ngram Viewer. « La montée en puissance de l’argumentation politique post-vérité, qui a pris la société par surprise, suggère que nous vivons une période historique particulière concernant l’équilibre entre émotion et raisonnement, expliquent en introduction les auteurs de l’étude _PNAS, décembre 2021_ . Pour explorer si c’est effectivement le cas, nous avons analysé le langage dans des millions de livres, romans ou essais. » En partant des cinq mille mots les plus utilisés dans chacune des deux langues, leur approche a été celle de l’analyse en composantes principales _ACP_, qui permet statistiquement de tirer des tendances.
---- Title: La post-vérité passée au crible du big data ---- ... Selon une étude informatique portant sur des millions de livres, depuis plusieurs décennies le vocabulaire rationnel diminue au profit du vocabulaire émotionnel. Plusieurs experts soulignent les limites d’une telle approche globale. ---- Image Caption: ---- ... « Post-vérité : nom féminin. Concept selon lequel nous serions entrés dans une période appelée ère de la post-vérité où l’opinion personnelle, l’idéologie, l’émotion l’emportent sur la réalité des faits. » Depuis que « post-vérité » a fait son entrée dans les dictionnaires – 2016 pour l’anglophone Oxford, 2018 et 2019 respectivement pour Le Robert et le Larousse dont la définition est donnée ci-dessus –, les débats scientifiques se multiplient. Comment se positionner face à ce phénomène sociétal flou et non précisément daté, que l’on associe tout autant à l’émergence des réseaux sociaux, l’élection de Donald Trump ou encore au vote du Brexit ? En France, le Comité national d’éthique du CNRS s’est autosaisi et a publié un avis le 12 avril 2018 : « Quelles nouvelles responsabilités pour les chercheurs à l’heure des débats sur la post-vérité ? » A l’occasion de ses 30 ans, l’Institut universitaire de France s’est interrogé, en octobre 2021 : « Post-vérité ? La question de la crédibilité de la recherche scientifique à l’heure des faits alternatifs », etc. Et si la science des algorithmes et des données massives pouvait apporter sa pierre au débat ? C’est le parti pris d’une équipe de scientifiques multidisciplinaires des universités néerlandaise et américaine de Wageningen et de l’Indiana. Pour matière première, cette équipe a utilisé des millions de livres en anglais et en espagnol couvrant la période de 1850 à 2019, numérisés et rendus accessibles par l’application linguistique de Google Ngram Viewer. « La montée en puissance de l’argumentation politique post-vérité, qui a pris la société par surprise, suggère que nous vivons une période historique particulière concernant l’équilibre entre émotion et raisonnement, expliquent en introduction les auteurs de l’étude _PNAS, décembre 2021_ . Pour explorer si c’est effectivement le cas, nous avons analysé le langage dans des millions de livres, romans ou essais. » En partant des cinq mille mots les plus utilisés dans chacune des deux langues, leur approche a été celle de l’analyse en composantes principales _ACP_, qui permet statistiquement de tirer des tendances.