Ce groupe hollandais nous présente fièrement ce troisième album studio. Financé par ‘Kickstart’, le nouvel album intitulé ‘Ruins’ se veut plus mélancolique et sombre et traite de sujets comme la guerre, la santé mentale et le deuil. Se définissant comme un groupe de musique post-progressif cinématique, on est en droit de s’attendre à une palette de morceaux émouvants, mélodieux et inspirants. Dans la lignée directe des albums précédents, la voix captivante de GERRIT, la guitare électrique éthérée et les claviers atmosphériques nous en mettent plein les oreilles. On sent un traitement du sujet plus défini, plus mature et qui frappe en plein visage. On ne se gêne pas avec des guitares plus métalliques comme les premiers accords de la pièce titre ‘Ruins’ le démontreront rapidement. Les claviers sont franchement hypnotisant. Ce morceau robuste de 10 minutes définit bien le style du groupe: lent, triste et un peu mystérieux. Les atmosphères sombres rappellent par moment GAZPACHO et les envolés de guitare et les voix plaintives me rappellent un peu NINE STONES CLOSE. Le travail des deux guitares est très complémentaire. ‘Secrets’ vous fera frissonner avec sa touche acoustique en écho et ses thèmes pesants. ‘Helpless’ fait rugir une guitare blessée et un tempo lancinant. Avec des paroles du genre: What can I do because I don’t have a clue’ voici la puissance de l’impuissance! Envolées blues un peu ‘gilmourienne’ et vous avez une bonne idée. ‘Line in the Sand’ montre un côté original avec une intro de piano à la SATIE puis en CHOPIN dans ruelle sombre. La guitare s’ajoute simplement, GERRIT fascine avec sa voix, le crescendo de lamentations suivra, une sorte de prière désespérée. À vous faire soupirer un peu. En arrière-plan on notera un extrait de la déclaration de guerre de ´Neville Chamberlain’ en 1939… tragique et malheureusement encore d’actualité. Pas de répit pour les braves car ‘Cruel World’ avec ses 11+ minutes continue dans la même veine. Superbement exécuté, ce morceau révèle plein de subtilités dans sa trame cinéma noir. Remarquable batterie en passant. On termine un peu en dissonance avec ‘The Lie’ deux petites minutes de piano simple et une ballade tragique sur le clivage entre l’indifférence et la dure réalité. En somme un album réussi, sensible et émouvant venant d’un groupe en pleine maturité. Thématique un peu lourde et pessimiste mais ne donnant pas dans la facilité. Du prog moderne, une belle balance entre les instruments et une grande complicité entre les musiciens. Leur meilleur à date.