STRUCTURES SPATIALES DE LA POPULATION ET DEMOGRAPHIE HISTORIQUE

par J.-N. BIRABEN

L'analyse des structures de la population dans l'espace a, depuis très longtemps, retenu l'attention des chercheurs, mais on peut dire que les problèmes qu'elle soulève présentent tellement de difficultés et d'embûches qu'ils ont été généralement résolus en se contentant de descriptions littéraires ou de formules empiriques très simples et d'application très limitée.

La seule mesure de la distribution dans l'espace, tentée par des approches et des procédés très variés, et parfois avec un appareil mathématique imposant, n'a donné jusqu'à présent que des résultats dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils sont d'un emploi très limité quand ils ne sont pas purement et simplement inutilisables.

En voici un certain nombre qui montrent que la question a été envisagée sous des aspects très différents.

La première approche s'est faite par les densités de population, c'est-à-dire en rapportant la population de chaque unité territoriale à sa superficie. Malheureusement, la distribution de la population, telle qu'on peut l'appréhender d'après cette méthode, est extrêmement liée au découpage et surtout à la finesse des unités territoriales utilisées. Par ailleurs, elle se prête mal aux calculs, et son utilité principale : la description géographique de la répartition de la population est gênée par la difficulté qu'il y a à représenter sur une carte par une échelle de teintes, de grisés ou de points, ou par tout autre procédé graphique, des agglomérations très denses à côté d'un habitat dispersé.

Pour avoir un résultat caractérisant par un nombre unique les différences de densité, Gini a imaginé un indice de concentration qu'il appelle C, et qu'il mesure avec une courbe de Lorenz que les économistes utilisent pour mesurer la distribution des fortunes (graph. 1).