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Le calvaire d’Ahmed Mansour, dissident aux Emirats arabes unis

Le sort de ce militant des droits de l’homme, placé à l’isolement depuis 2017, traduit la transformation graduelle de la pétromonarchie du Golfe en un Etat policier ultra-répressif.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 02 février 2021 à 00h28, modifié le 02 février 2021 à 17h34

Temps de Lecture 7 min.

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Ahmed Mansour à Ajman, aux Emirats arabes unis, en août 2016.

Quatre ans sans contact humain, à l’exception de quelques brèves visites. Quatre ans dans un cachot de 4 m2, sans radio, sans télévision, sans même un livre pour s’évader en pensée. Et une simple couverture la nuit pour s’isoler du sol et tenter de dormir. Ces conditions de détention moyenâgeuses sont celles que les Emirats arabes unis (EAU), pétromonarchie qui se targue de tolérance et de modernisme, infligent à leur dissident numéro un, le militant des droits de l’homme Ahmed Mansour.

Ce père de famille de 51 ans, ingénieur de formation, qui se définit comme laïque et libéral, a été arrêté en 2017 et condamné l’année suivante à dix ans de prison pour « atteinte à la réputation de l’Etat ». Son calvaire carcéral et la parodie de procès qui l’a conduit derrière les barreaux sont relatés dans un rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW), publié mercredi 27 janvier. Entre les lignes de ce récit édifiant se lisent la transformation graduelle des EAU, fédération de sept principautés, en un Etat policier ultrarépressif et le renoncement des capitales occidentales à exercer la moindre pression sur ce généreux client de leur industrie d’armement. Les autorités émiraties n’ont pas donné suite à la demande de réaction du Monde.

Employé d’une compagnie de télécommunications, poète à ses heures, Ahmed Mansour goûte pour la première fois à la prison en juin 2011. Les autorités avaient jusque-là toléré son activisme, notamment sa campagne sur Internet contre une loi restreignant la liberté d’expression. Le pouvoir l’avait suspendue, chose impensable aujourd’hui. Mais, cette fois, l’appel à des réformes démocratiques qu’il a cosigné avec quatre compatriotes, dont un professeur d’économie de la Sorbonne d’Abou Dhabi, Nasser Ben Ghaith, ne passe pas.

« Le dissident à un million de dollars »

Les princes du Golfe ont observé, interdits, le renversement du despote égyptien Hosni Moubarak. La flamme de la révolte, partie de Tunisie, s’est ensuite propagée au Bahreïn, à la Syrie, à la Libye et au Yémen. Tétanisés à l’idée que la contestation parvienne aux marches de leur palais, les dirigeants émiratis ordonnent l’emprisonnement des cinq pétitionnaires. Dans l’ombre de cette décision, il y a le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane. Un ambitieux à la poigne de fer, qui se prépare à éclipser son demi-frère, Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, le président en titre des Emirats, affaibli par la maladie.

Mais en 2011, les « printemps arabes » font encore rêver. Les appels à la clémence des ONG portent loin. Le néoautoritarisme, en vogue aujourd’hui dans les capitales du Proche-Orient, n’est qu’embryonnaire. Après six mois derrière les barreaux, Ahmed Mansour et ses compagnons sont graciés. Le premier reprend son œuvre d’alerte et de documentation, en lien avec les grandes ONG de défense des droits de l’homme.

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