Le dîner au Grand Trianon, dans le parc du château de Versailles, se voulait le point d’orgue de la visite d’Etat du président des Emirats arabes unis (EAU), Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, en France. C’est ici qu’Emmanuel Macron a accueilli son hôte, à l’issue d’une journée menée tambour battant dans un Paris frappé par la chaleur, lundi 18 juillet. Des tables rondes avaient été dressées pour l’occasion à l’abri du péristyle, la galerie à colonnades située entre les deux ailes de ce palais de marbre rose, qui permet de passer de la cour au jardin. A l’heure où le soleil s’est éclipsé derrière les arbres du domaine, laissant poindre un semblant de fraîcheur, plus d’une centaine de convives du monde des affaires, de la culture et des sciences étaient rassemblés, signe de la densité des échanges entre les deux pays.
C’était la première visite en France du président des Emirats depuis qu’il a succédé à son défunt demi-frère, Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, mi-mai. Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait déjà multiplié les honneurs protocolaires pour souligner la proximité qu’il revendique avec son homologue, déjà reçu en septembre 2021, au château de Fontainebleau. En marge d’un entretien en tête-à-tête à l’Elysée, puis d’un déjeuner, il avait remis à Mohammed Ben Zayed Al Nahyane les insignes de grand-croix de l’ordre national de la Légion d’honneur. Il lui a aussi offert une édition de 1535 de la carte de la péninsule arabique et du Golfe, telle que représentés par le géographe allemand Lorenz Fries. Une sorte de clin d’œil géopolitique.
Echanges intensifiés
Les échanges entre Paris et Abou Dhabi, entamés dans les années 1970, à l’époque où le positionnement relativement équilibré de la France sur le dossier israélo-palestinien la rendait attractive aux yeux des monarques du Golfe, se sont intensifiés dans les années 1990, sous la présidence de Jacques Chirac, admirateur du cheikh Zayed, le président fondateur des EAU. La France dispose d’une base militaire à Abou Dhabi, utilisée, entre autres, pour rapatrier ses ressortissants d’Afghanistan lors du retrait précipité des troupes américaines, voilà bientôt un an. Ou pour frapper l’Etat islamique en Syrie.
Pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron, les échanges entre les deux pays se sont intensifiés, en particulier dans le secteur de la défense, au grand dam des défenseurs des droits humains. A l’avant-veille de l’arrivée de « MBZ » à Paris, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a publié une lettre ouverte afin d’attirer l’attention sur le sort des opposants émiratis emprisonnés, dont le dissident Ahmed Mansour, placé à l’isolement depuis 2017.
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