SARAVEJO de notre correspondant
Contre toute attente, Radovan Karadzic a décidé d'accomplir un geste en direction de l'ONU, quarante-huit heures après le camouflet infligé au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali. Encore reste-t-il à vérifier que les promesses du leader serbe bosniaque seront appliquées dans les jours à venir. M. Karadzic s'est engagé à rendre aux 400 " casques bleus " retenus en otage, dont plus de 150 Français, leur liberté de mouvement, et à autoriser le passage des convois humanitaires vers l'enclave musulmane de Bihac.
En revanche, aucun accord n'a été conclu sur la signature d'un cessez-le-feu et sur la délicate question des missiles anti-aériens disposés par les Serbes à portée de l'aéroport de Sarajevo. Le premier geste, la " libération " des " casques bleus ", est accompli par un chef qui n'a plus à craindre de frappes aériennes de l'OTAN. M. Karadzic a assisté, depuis une semaine, aux reculades, de jour en jour plus évidentes, de l'Alliance atlantique, pressée par une FORPORNU inquiète pour sa sécurité, et des gouvernements qui décidaient publiquement que les Serbes avaient remporté la bataille de Bihac. La menace de représailles aériennes, la seule qui inquiétait un peu les Serbes, étant écartée, les soldats de la FORPRONU, utilisés comme boucliers, pourraient effectivement retrouver leur liberté. Radovan Karadzic n'a plus besoin d'eux, pour l'instant.
Le second engagement du dirigeant de Pale est le cadeau du vainqueur au vaincu. Les Serbes ont clairement démontré les limites de la volonté de la FORPRONU, qui s'est affaiblie au fur et à mesure que les combattants de Pale avançaient. Le fort récompense donc le faible et lui accorde, grand seigneur, le droit de ravitailler le bataillon bangladais de la " poche " de Bihac, ainsi que le passage de quelques autres convois.
Toutefois, les problèmes les plus graves sont loin d'être résolus. Les promesses arrachées par la FORPRONU permettront peut-être aux troupes de l'ONU d'améliorer leur propre situation. Par contre, le Japonais Yasushi Akashi, le représentant spécial de l'ONU en ex-Yougoslavie, n'a pas obtenu un seul engagement concernant l'attitude serbe vis-à-vis des Bosniaques. Pale refuse toujours de signer le cessez-le-feu, préconisé par les Nations unies et accepté par l'armée gouvernementale bosniaque, et décline l'offre de désactiver les batteries de missiles qui font si peur à l'état-major de l'OTAN.
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