Publicité

Des combattants russes pour défendre Milosevic

La découverte au Kosovo du corps d'un ancien officier russe abattu par l'UÇK a été accueillie avec calme par Moscou.

Quand l'OTAN a commencé à bombarder la Yougoslavie, des politiciens nationalistes russes comme le député communiste Alexandre Podberiozkine, leader du mouvement «Héritage spirituel», et le patron du parti d'extrême droite LDPR, Vladimir Jirinovski, se sont empressés d'ouvrir des bureaux de recrutement. Ils ont appelé les citoyens russes, désireux de manifester leur solidarité avec le peuple serbe les armes à la main, à venir s'y inscrire.

Depuis, les passions se sont quelque peu apaisées. Les bureaux de recrutement ont fermé et la plupart des «volontaires» suivent les événements du Kosovo devant leur poste de télévision. Mais cela ne veut pas dire, qu'il n'y a pas de combattants russes en Yougoslavie. Déjà lors de la guerre en Bosnie, un grand nombre a combattu du côté des Serbes. Selon les estimations, leur nombre total a varié entre 1500 à 5000 hommes. Ils ont même eu leur propre unité: la «Brigade des volontaires russes» (RDO).

Le premier indice d'une participation active de volontaires russes dans le nouveau conflit qui déchire les Balkans a été fourni vendredi dernier par les combattants de l'Armée de libération du Kosovo (UÇK). Ils ont présenté le corps d'un homme abattu lors d'une escarmouche avec l'armée serbe. Sur le cadavre, les guérilleros de l'UÇK ont découvert des papiers d'identité militaires russes appartenant à un certain Vitali Boulakh, vétéran de la guerre d'Afghanistan et officier du Ministère des situations d'urgence (défense civile) de Russie.

Personne à Moscou ne met véritablement en doute que des ressortissants russes participent activement à la guerre en Yougoslavie. Un porte-parole du Ministère des situations d'urgence s'est contenté de souligner que Boulakh n'est qu'officier de réserve. Il a été contraint de quitter le service actif pour des raisons de santé.

L'UÇK a évidemment toutes les raisons de faire du bruit autour de sa découverte: elle voit en effet d'un mauvais œil le rôle accru de Moscou dans la recherche d'une solution au conflit entre Belgrade et l'OTAN. Taraudée par ses propres tensions ethniques, la Russie veut en effet éviter à tout prix que le Kosovo gagne son indépendance. Les séparatistes albanais ont donc intérêt à jeter le discrédit sur ce médiateur suspect. Binak Gachi, un officier supérieur de l'UÇK, a déclaré dans une interview au quotidien moscovite Vremya parue mardi qu'il avait connaissance de quatre Russes ayant perdu la vie au Kosovo, alors qu'ils se battaient dans les rangs de l'armée serbe.

«Tant que la guerre aérienne se poursuivra, ces volontaires ne peuvent pas faire la différence, estime le vice-président de la commission parlementaire de défense Alexeï Arbatov. Mais si l'OTAN devait finalement se décider à passer à une attaque au sol, le nombre de Russes qui iront se battre en Yougoslavie se multipliera certainement.» Or, rappelle le député, il existe en Russie près de 700 000 militaires professionnels au chômage qui ne demandent qu'une cause pour retrouver un peu de leur dignité.