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Visiteurs, osez percer le mystère du Réservoir... |
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Avec ses hautes colonnes, le Réservoir de l'Enclos du port a des allures de nef de cathédrale. Il a été construit en 1875. © Archives Thierry Creux.
Dans l'Enclos du port, cette salle souterraine pouvait abriter l'équivalent de trois piscines. Abandonné à la Seconde Guerre mondiale, le réservoir reste un lieu intriguant. À découvrir mercredi.
Reportage
Nos pas claquent sur l'escalier métallique. Avant de fouler un sol humide. Entouré de hautes colonnes qui déploient des voûtes d'arêtes au plafond, on se croirait dans la nef d'une cathédrale.
Mais nous sommes au coeur du Réservoir de l'Enclos du port. Au pied de la Tour de guet, on ne le devine que par une terrasse surélevée, que l'herbe a colonisée. Un grillage empêche de l'approcher. Le lieu intrigant n'est que rarement ouvert au public. Alors profitez de la visite proposée mercredi pour le découvrir. Visite que nous avons effectuée la semaine passée avec Mélanie Martin, chargée de médiation au service de l'animation de l'architecture et du patrimoine.
Acoustique surprenante
Aucun éclairage artificiel ne chasse ici la pénombre. Tout juste la lumière naturelle se glisse-t-elle par quatre petits soupiraux pour se refléter sur les colonnes marbrées de concrétions calcaires.
Mais ce qui surprend le plus dans cet espace mystérieux, c'est l'acoustique. Un tintement devient tintamarre. Une parole vire à la clameur. Le moindre son semble raisonner contre chacun des murs de moellons et pierres de taille.
Destiné à alimenter en eau potable la caserne du régiment d'artillerie de la Marine, ce réservoir est terminé en 1875. Il pouvait abriter 3 105 m3 d'eau, soit plus de trois millions de litres. Le bassin sportif de la piscine du Moustoir contient 1 012 m3, à titre de comparaison.
Ses seize colonnes sont « en béton avec du ciment de Portland, un matériau récent à l'époque », explique Mélanie. Elles sont restées en bon état et portent encore les traces des moules dans lesquelles elles ont été confectionnées.
Flotteur géant
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'alimentation du Réservoir des travaux hydrauliques (son nom officiel) est stoppée. Sa couverture est crevée par les bombardements. Pourtant, en le visitant, vous pourrez encore apercevoir des indices de son rôle passé.
Dans le coin opposé à l'entrée, en hauteur, on remarque un flotteur géant : « Il permettait d'arrêter l'eau quand le réservoir était plein », précise notre guide. Eau qui coulait via un bac, aux allures de bénitier, aujourd'hui bouché mais toujours apparent près du flotteur.
En continuant votre marche le long du mur, vous apercevrez une ouverture d'environ 50 cm, protégée par une grille, « pour alimenter la cale du port ». Au pied d'une autre paroi dépasse un tuyau plus petit, le début de la canalisation qui menait jusqu'à la caserne.
Si l'eau potable a déserté l'endroit, il reste humide. Les flaques ne doivent rien aux sources de Lanveur et Kerfichant qui le remplissaient autrefois : seule la pluie, qui s'infiltre à travers la voûte, mouille désormais la dalle et trouble la quiétude de ce lieu quasi religieux.