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Emmanuel Bonnet

Ce chapitre questionne la mutation pédagogique induite par l’Anthropocène sur les contenus et les modalités de l’enseignement dans une école de gestion. Nous montrons que l’irruption de l’Anthropocène dans ce type d’établissement ne se... more
Ce chapitre questionne la mutation pédagogique induite par l’Anthropocène sur les contenus et les modalités de l’enseignement dans une école de gestion. Nous montrons que l’irruption de l’Anthropocène dans ce type d’établissement ne se résume par simplement à la transmission de nouveaux contenus, ni même à la facilitation de leur acquisition par le truchement d’innovations pédagogiques. L’Anthropocène provoque une transformation profonde de l’apprentissage, en rupture avec les implicites épistémiques et cosmologiques du monde organisé et des écoles de gestion. L’enjeu n’est plus de maintenir en existence des organisations selon les critères de performance établis mais de confronter les programmes des écoles de gestion à l’enjeu de l’in-habitabilité et de l’inconsistance du monde organisé : un monde en ruine. Nous soulignons le rôle critique que joue le design dans cette transformation, en revenant sur des programmes d’enseignement conduits au sein d’une école de gestion, en collaboration avec des designers et une école de design.
Nous proposons dans ce texte d’interroger les presupposes cosmologiques du design contemporain. Dans un premier temps, il s’agit pour nous de partir de certaines definitions du design qui mettent en avant la volonte d’ameliorer... more
Nous proposons dans ce texte d’interroger les presupposes cosmologiques du design contemporain. Dans un premier temps, il s’agit pour nous de partir de certaines definitions du design qui mettent en avant la volonte d’ameliorer l’habitabilite du monde et de souligner les accointances contemporaines du design avec certaines approches manageriales de l’innovation. Ceci, avant tout pour interroger les notions de projet, de construction / innovation, de production de possibles, d’inscription temporelle et spatiale du design, de desirabilite, d’amelioration de l’habitabilite ou encore de reprise du monde. Nous contrastons ensuite deux manieres d’envisager le design, en amont et en aval des mondes, qu’il soit projecteur ou correcteur. Une fois abandonne le paradigme de la crise, reencastrer le design au cœur du nouveau regime climatique qui prevaut desormais conduit a radicalement interroger cette double pretention. Cela nous amene a redefinir les enjeux du design en termes cosmologiques pour mieux le « de-projeter » et ainsi de substituer au monde humain (qui n’est precisement pas un monde mais une acosmie) d’autres relations de consistances entre les etres.
L’objet de cet article est d’étudier un projet d’exploration en mobilisant une théorie sociale de l’apprentissage initialement associée à la communauté de pratique (Wenger, 1998). D’une part, les projets d’exploration sont abordés sous... more
L’objet de cet article est d’étudier un projet d’exploration en mobilisant une théorie sociale de l’apprentissage initialement associée à la communauté de pratique (Wenger, 1998). D’une part, les projets d’exploration sont abordés sous l’angle de l’apprentissage collectif plutôt que de la coordination. D’autre part, l’apprentissage situé ne se réduit pas aux communautés de pratique (Amin et Roberts, 2008). Nous proposons d’articuler projet d’exploration et théorie sociale de l’apprentissage et posons la question suivante : quels enseignements théoriques et empiriques pouvons-nous dégager de l’étude d’une équipe projet d’exploration à travers le prisme d’une théorie sociale de l’apprentissage ? A partir du cas d’une simulation d’exploration martienne, nous montrons que le projet peut être abordé comme une dynamique de structuration qui articule sens, participation et réification. Nos résultats nous permettent de mieux comprendre l’apprentissage collectif en situation dans des projets...
Pour la redirection écologique des organisations, à partir de l'exemple de Air France
Nous proposons dans ce texte d’interroger les présupposés cosmologiques du design contemporain. Dans un premier temps, il s’agit pour nous de partir de certaines définitions du design qui mettent en avant la volonté d’améliorer... more
Nous proposons dans ce texte d’interroger les présupposés cosmologiques du design contemporain. Dans un premier temps, il s’agit pour nous de partir de certaines définitions du design qui mettent en avant la volonté d’améliorer l’habitabilité du monde et de souligner les accointances contemporaines du design avec certaines approches managériales de l’innovation. Ceci, avant tout pour interroger les notions de projet, de construction / innovation,de production de possibles, d’inscription temporelle et spatiale du design, de désirabilité, d’amélioration de l’habitabilité ou encore de reprise du monde. Nous contrastons ensuite deux manières d’envisager le design, en  amont  et  en  aval  des  mondes,  qu’il  soit  projecteur  ou  correcteur.  une fois abandonné le paradigme de la crise, réencastrer le design au cœur du nouveau  régime  climatique  qui  prévaut  désormais  conduit  à  radicalement  interroger cette double prétention. Cela nous amène à redéfinir les enjeux du design en termes cosmologiques pour mieux le « dé-projeter » et ainsi de substituer au monde humain (qui n’est précisément pas un monde mais une acosmie) d’autres relations de consistances entre les êtres.
While historians of the Anthropocene have put a deliberate emphasis on the paramount role played by industry, none have been too keen to examine the role of organizations. The way we understand organizations has been continually reframed... more
While historians of the Anthropocene have put a deliberate emphasis on the paramount role played by industry, none have been too keen to examine the role of organizations. The way we understand organizations has been continually reframed over the past few years, throughout a never-ending succession of "turns": the practical turn, the socio-material turn, the processual turn, the social turn, etc. However, none of these turns relies on a renewed understanding of the environment, let alone on a precise grasp of the consequences brought by the Anthropocene with regards to organizations, as this paper purports to critically examine.
« Il est temps de changer en profondeur la manière de penser le périmètre d'action des entreprises » Six chercheurs en économie, gestion, philosophie, anthropologie, contestent, dans une tribune au « Monde », les concepts « d'externalité... more
« Il est temps de changer en profondeur la manière de penser le périmètre d'action des entreprises » Six chercheurs en économie, gestion, philosophie, anthropologie, contestent, dans une tribune au « Monde », les concepts « d'externalité négative » ou de « compensation », pourtant à la base des interrogations actuelles sur la « responsabilité sociale des entreprises » Le Monde | 05.03.2018 à 16h00 | Par Collectif Tribune. Ces dernières semaines, différentes positions ont été exprimées sur l'avenir du statut des entreprises en France, et plus particulièrement sur leur « objet social ». Des voix se sont élevées pour réclamer une refonte de la définition de la mission de l'entreprise dans le sens notamment de la création d'un « objet social étendu » et/ou d'un « comité de parties prenantes », l'objectif étant de faire prendre en charge, au niveau de la gouvernance des entreprises, la poursuite de l'intérêt général (protection de l'environnement, responsabilité sociale et territoriale,…). Face à l'urgence écologique, et ce que certains scientifiques désignent comme l'avènement de l'Anthropocène, cette orientation pourrait apparaître comme cohérente à différents égards. Néanmoins, il nous semble que ce type de propositions n'évite pas un certain nombre de tensions qu'il faut savoir déjouer afin de bâtir une réforme du périmètre d'action des organisations (que nous appelons aussi de nos voeux) à la hauteur des enjeux écologiques. Bien qu'un grand nombre d'organisations défende aujourd'hui (souvent en toute légitimité) une vision générale et altruiste de leur mission, elles ne peuvent à elles seules intégrer toute la densité du problème écologique. La complexité de ce dernier vient de ce qu'il est impossible de le résumer à un simple problème d'externalités qu'il suffirait d'internaliser, voire de compenser. Le paradigme de l'internalisation et de la compensation est aujourd'hui insuffisant. D'abord, il ne faut pas oublier que la « responsabilité sociale des entreprises » (RSE) n'est pas un concept nouveau et qu'elle s'est diffusée amplement dans différentes organisations, avec plus ou moins de succès au niveau « micro-économique » bien que les effets « macro-environnementaux » soient loin d'être attestés (y compris dans les pays où les statuts de l'entreprise sont plus « ouverts »). Les contours d'une « Entreprise providence » L'internalisation d'effets externes par des mécanismes marchands ou par une refonte de la gouvernance des organisations aboutit bien trop souvent à des postures en demi-teinte, qui ne permettent ni de répondre avec clarté aux défis écologiques, ni de transformer de manière ambitieuse les trajectoires écologiques et énergétiques des organisations. Quant à la compensation, il s'agit d'une erreur logique que l'économie néo-classique reproduit continuellement en ignorant les travaux des sciences environnementales (entre autres) : entre externalités négatives et positives, il existe en effet une différence de nature et non pas de degrés, rendant les politiques de « verdissement » caduques (par exemple, du point de vue de l'équilibre écologique, il ne suffit pas de replanter des sapins pour compenser une déforestation ou des émissions de CO 2). Par ailleurs, ce mouvement dans le sens d'une plus grande responsabilisation des organisations semble dessiner les contours d'une « Entreprise providence ». Tout semble laisser à penser que face à un Etat providence émietté, l'Entreprise providence devrait reprendre le rôle qui lui était échu, l'entreprise devenant le lieu où se cimente l'identité des individus, mais aussi le lieu d'éclosion d'une culture sociale, d'accomplissement individuel et collectif, d'épanouissement et de bien-être, voire, à une autre échelle, de sauvegarde des écosystèmes ou de la biodiversité. Nous partageons certes le diagnostic qui consiste à contester à l'Etat le monopole de la bonne conduite de l'intérêt général (notamment écologique). Il est plus que jamais nécessaire de relocaliser celui-ci au niveau de l'ensemble de la société. Néanmoins, les propositions envisagées ne permettent en rien de le garantir. Celles-ci tablent sur le fait qu'en intégrant différentes parties prenantes (nommées par des actionnaires) ou différentes missions à la gouvernance des entreprises, il en ressortirait une synthèse optimale entre rentabilité financière, stratégie de développement et protection de
La communication « verte » des grandes écoles masque
mal le maintien de leur enseignement dans le cadre
du « business as usual », dénoncent les chercheurs
Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin.
Nous dépendons pour notre subsistance d’un « monde organisé», tramé par l’industrie et le management. Ce monde menace aujourd’hui de s’effondrer. Alors que les mouvements progressistes rêvent de monde commun, nous héritons contre notre... more
Nous dépendons pour notre subsistance d’un « monde organisé», tramé par l’industrie et le management. Ce monde menace aujourd’hui de s’effondrer. Alors que les mouvements progressistes rêvent de monde commun, nous héritons contre notre gré de communs moins bucoliques, «négatifs», à l’image des fleuves et sols contaminés, des industries polluantes, des chaînes logistiques ou encore des technologies numériques. Que faire de ce lourd héritage dont dépendent à court terme des milliards de personnes, alors qu’il les condamne à moyen terme? Nous n’avons pas d’autre choix que d’apprendre, en urgence, à destaurer, fermer et réaffecter ce patrimoine. Et ce, sans liquider les enjeux de justice et de démocratie. Contre le front de modernisation et son anthropologie du projet, de l’ouverture et de l’innovation, il reste à inventer un art de la fermeture et du démantèlement: une (anti)écologie qui met «les mains dans le cambouis».