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Une '''encyclopédie'''
{{prononciation|LL-Q150 (fra)-Fabricio Cardenas (Culex)-encyclopédie.wav}} est un
[[ouvrage de référence]] ([[Livre (document)|
En principe, une encyclopédie est différente d'un [[dictionnaire]], car ce dernier a pour objet le sens et l'emploi des mots d'une [[langue]], et est donc intraduisible en tant que tel, alors que l'encyclopédie traite des choses ou réalités du monde et de la culture. Cette distinction n'est toutefois pas rigide, car un dictionnaire doit nécessairement aussi {{Citation|traiter des choses dans la mesure où cela est nécessaire pour déterminer la signification et l'usage des mots}}<ref>Murray, cité par {{Harvsp|Matoré|p=22}}.</ref>, et bien des dictionnaires modernes accentuent leur caractère encyclopédique, tel ''[[Le Petit Larousse]]'', afin d'offrir le maximum de renseignements en un seul volume. Quand ils sont suivis de la préposition (''de'', ''du'' ou ''des''), dictionnaire et encyclopédie peuvent l'un et l'autre désigner un livre de proportions modestes portant sur un domaine restreint (par exemple : ''[[La Grande Encyclopédie des fées]]'', ''[[Dictionnaire de géographie]]'').
Les finalités ont varié au fil du temps : {{Citation|Au Moyen Âge comme dans l'[[Antiquité]], en [[Chine ancienne|Chine]] comme dans l'Islam classique, l'encyclopédie moralise, instruit, éduque, intègre socialement ; après le {{s-|XVII}}, elle ne veut plus qu'informer{{sfn|Rey Miroirs|p=52}}}}. Souvent inféodées à des impératifs religieux ou étatiques, les encyclopédies n'ont réussi que tardivement à s'astreindre à {{Citation|un exposé critique et [[impartialité|impartial]] des faits et des idées}}{{sfn|Grande Encyclopédie|p=I-V}}, même si des biais [[idéologie|idéologiques]] ou [[Biais culturel|culturels]] parviennent encore à s'imposer de façon plus ou moins consciente.
La question de l'organisation interne a soulevé des passions et est liée à la conception que l'auteur se fait du savoir et de la façon dont son ouvrage devrait être utilisé. L'organisation dominante a d'abord été purement thématique, en fonction des disciplines. Le [[classement alphabétique]], qui apparaît dans un dictionnaire au {{s-|X}}, ne s'imposera définitivement dans une encyclopédie qu'au {{s-|XVIII}}. Organisation thématique et classement alphabétique peuvent être utilisés de façon croisée en intégrant un ou plusieurs volumes d'index à un ouvrage thématique donné.
== Développement du sens moderne ==
=== Diversité des formes ===
Quoique le terme « encyclopédie » soit apparu assez tardivement, et que son sens se soit modifié par rapport au sens initial, l'idée de constituer un abrégé des connaissances existe depuis longtemps et a pris diverses formes. Celles-ci ont évolué en fonction des besoins du public, de la quantité de savoir disponible et de la complexité de l'organisation sociale. Cela a donné, à travers les siècles, divers genres d'ouvrages à visée encyclopédique, qui ont fusionné au début du {{s-|XVIII
* Le '''dictionnaire''' repose sur l'idée que la langue est le premier moyen de connaissance du réel et que la découverte du monde est étroitement liée à la maîtrise du vocabulaire. Cette idée est à la base des ouvrages de [[Varron (écrivain)|Varron]] et des ''[[Étymologies]]'' d'[[Isidore de Séville]].
* La '''compilation''' vise à satisfaire la curiosité et l'appétit de connaissances d'un public cultivé. L'''Histoire naturelle'' de [[Pline l'Ancien|Pline]] en est le modèle le plus ancien qu'on ait conservé.
* Le '''manuel''' s'adresse à des étudiants et propose un tour complet des savoirs caractérisant une formation complète. Le prototype en est le curieux ouvrage de [[Martianus Capella]] (vers [[420]]), qui a inspiré une nombreuse descendance.
* Le '''florilège''' rassemble des citations organisées de façon thématique. Il visait à répondre aux besoins de personnes appelées à une fonction publique importante : juges, avocats, hauts fonctionnaires, prédicateurs, etc. Le florilège a été beaucoup pratiqué en Chine, sous la forme du ''leishu''<ref name= Blair/>. En Europe, la [[Polyanthea]] ([[1503]]) en est le modèle le plus accompli<ref name= Blair>{{Harvsp|Blair|2007}}.</ref>.
Des ouvrages qui, à leur époque, ne pouvaient pas se présenter comme des « encyclopédies » sont donc maintenant considérés comme tels, de façon rétrospective<ref name="brett9">{{Harvsp|Bretelle-Establet|2007|p=9}}.</ref>.
=== Étymologie ===
[[Fichier:Septem-artes-liberales Herrad-von-Landsberg Hortus-deliciarum 1180.jpg|
Le mot «
À la [[
La première occurrence du mot en français apparaît en [[1532]] chez [[François Rabelais|Rabelais]], qui fait dire à un de ses personnages que [[Panurge]] lui a {{Citation|ouvert le vrai puits et abîme d'encyclopédie<ref>[[s:Pantagruel/
Le sens moderne du mot ne sera toutefois fixé qu'avec la parution de l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]]'' ([[1751]]), qui répond aux exigences de rigueur attendues d'un ouvrage de référence scientifiquement à jour, couvrant tous les domaines du savoir et organisé en vue d'une consultation aussi facile que possible
{{sfn|Blair 2010|p=12}}.
Cependant, l'idéal d'unité du savoir incarné dans la métaphore du « cercle » restera actif jusqu'au milieu du {{s-|XX
=== Dictionnaire et encyclopédie ===
Alors que le [[dictionnaire]] désigne un mode d'organisation du langage en [[ordre alphabétique]], l'encyclopédie se propose {{Citation|un but plus élevé
}}<ref>Préface, {{p.|V}}, {{lire en ligne|lien=
Avec ces deux termes, si proches et si différents dans leurs [[connotation]]s, nous avons affaire à {{Citation|deux modèles et deux conceptions de la représentation sémantique, qui renvoient à une représentation générale du savoir et/ou du monde
=== Évolution des titres ===
Au début, les ouvrages de type encyclopédique portaient le plus souvent un titre [[Métaphore|métaphorique]]. Celui-ci pouvait être une variation sur le mot « florilège », comme dans ''[[Liber
À partir de la seconde moitié du {{s-|XVI
== Histoire ==
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L'histoire de l'encyclopédie est celle du rapport des sociétés au savoir. La volonté de rassembler les connaissances, qui s'exprimait dans les sociétés orales par des [[mythe]]s transmis de génération en génération, a pu prendre une forme stable et visible avec [[Débuts de l'écriture en Mésopotamie|l'invention de l'écriture]].
Dès la fin du {{IVe millénaire av. J.-C.}}, on trouve à [[Sumer]] {{Citation|une sorte d'encyclopédie du matériel culturel dont les données [sont] disposées thématiquement}}. Elles comportent des listes d'animaux, de pierres, de plantes, d'oiseaux
En [[Égypte antique]], on trouve également des listes thématiques que l'on peut considérer comme des proto-encyclopédies. L{{'}}''Onomastique du Ramesseum'', rédigé vers {{nobr|1750 av. J.-C.}}, est une liste de mots groupés par catégories. Un autre ouvrage du même genre, mais plus développé, est l{{'}}''Onomastique d'Aménopé'', rédigé {{nobr|vers 1100}}, qui compte {{
==== Grèce antique ====
[[Fichier:
En [[Grèce antique|Grèce]], une intense activité de réflexion et de recherche scientifique était en cours dès le {{-s|VII
[[Aristote]] (384-322) a produit une quantité de traités sur un large éventail de sujets ([[poétique (discipline)|poétique]], [[rhétorique]], [[logique]], [[science politique]], [[physique]], [[psychologie]], [[biologie]], [[éthique]]…), manifestant un esprit encyclopédique sans équivalent. Toutefois, ces brouillons ne seront diffusés que {{
[[Héraclide du Pont]] (388-310), qui a été un disciple de [[Platon]], de [[Speusippe]] et d'[[Aristote]], aurait été un des premiers auteurs à composer, en plus de ses travaux philosophiques, des ouvrages sur les principaux [[arts libéraux]] : grammaire, rhétorique, dialectique, musique et géométrie
Parmi bien d'autres savants polyvalents, il faut citer le nom de [[Callimaque de Cyrène]] (vers 310-240) qui, en plus d'être poète et grammairien, a touché à une grande variété de sujets. [[Ératosthène]], également de Cyrène (276-194), a laissé des travaux de mathématiques, d'astronomie et de géographie de grande valeur, notamment une mesure de la circonférence terrestre étonnamment précise. On a aussi retenu le nom de [[Posidonios]] (135-51), qui était à la fois géographe, historien et mathématicien, mais son œuvre est complètement perdue.
La volonté de savoir s'est aussi traduite par la construction de bibliothèques. La [[Bibliothèque d'Assurbanipal]] érigée à [[Ninive]] au {{-s|VII
De l'énorme quantité de savoir alors accumulée, seule une infime partie a été traduite en latin. Les Romains, en effet, ne s'intéressaient guère aux questions théoriques et se contentaient des applications pratiques sans chercher à en approfondir les fondements mathématiques, géométriques ou astronomiques. C'est seulement à la faveur de l'épanouissement de la civilisation arabe au {{s-|XII
==== Rome antique ====
[[Fichier:Danimarca XIII secolo, plinio historia naturalis.JPG|
Dans la [[Rome antique]], le comportement encyclopédique s'est d'abord développé en tant que volonté d'appropriation du patrimoine intellectuel de la Grèce, qui avait été définitivement vaincue par les armées romaines en [[146 av. J.-C.]]{{sfn|Eco|p=41}}. La première tentative encyclopédique est celle de [[Varron (écrivain)|Varron]] (116-27 av. J.-C.), dont les ''Antiquitatum rerum humanarum et divinarum libri XLI ''n'ont subsisté qu'à l'état de fragments. Pour cet auteur, l'[[étymologie]] est la clé du savoir et l'origine d'un mot nous renseigne sur la vérité cachée qu'il contient, donnant comme preuve que le terme ''verbum'' (« mot ») vient de ''veritas'' (« vérité »). Sur les 41 livres, 25 sont consacrés aux affaires humaines et le reste aux dieux. Cet ouvrage a disparu, mais il nous est en partie connu par les nombreuses citations qui en ont été tirées.
Vers le début du {{s-|I
[[Pline l'Ancien]] ([[23]]-[[79]] ap. J.-C.), écrivain et naturaliste [[Rome antique|romain]]
mort dans l'éruption du [[Vésuve]]<ref>Pline, [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/index.htm ''Histoire naturelle''], Introduction.</ref>, est l'auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire naturelle]]''. Cet ouvrage de {{
Dans les ''[[Nuits attiques]]'' ({{s-|II
Le ''[[Polyhistor (livre)|Polyhistor]]'' (aussi appelé ''Les merveilles du monde'') est un ouvrage de l'écrivain romain [[
[[Nonius Marcellus]] rédige au début du {{s-|IV
Vers la fin du {{s-|IV
[[Martianus Capella]], avocat vivant en Algérie, est l’auteur du ''De nuptiis Philologiae et Mercurii'' (''Noces de Philologie et de Mercure''), rédigé entre [[410]] et [[429]]. Ce manuel sous forme de récit [[allégorie|allégorique]] synthétise en 9 livres les connaissances de l’époque : [[philologie]], [[grammaire]], [[dialectique]], [[rhétorique]], [[géométrie]], [[arithmétique]], [[astronomie]] et [[harmonie]]. Cet ouvrage sera surtout populaire à [[Carolingiens|l’époque carolingienne]], où il servira de référence pour l’organisation des études dans le domaine littéraire (le ''[[Trivium (éducation)|trivium]]'') et en mathématique (le ''[[quadrivium]]''). Il est encore lu à la Renaissance et inspirera notamment [[
Nicolas Copernic|Copernic]].
=== Moyen Âge ===
==== Haut Moyen Âge ====
[[Fichier:Isidoro di siviglia, etimologie, fine VIII secolo MSII 4856 Bruxelles, Bibliotheque Royale Albert I, 20x31,50, pagina in scrittura onciale carolina.jpg|
Le projet encyclopédique connaît une réorientation radicale avec [[Augustin d'Hippone]] qui propose de le centrer sur le relevé systématique des données contenues dans la Bible
[[Cassiodore]] ([[485]]-[[580]]) rédige les ''Institutiones divinarum et saecularium litterarum'', comportant deux livres, afin d'instruire les moines de son monastère dans les diverses disciplines des [[arts libéraux]], soit (le ''[[Trivium (éducation)|trivium]]'') et (le ''[[quadrivium]]'').
[[Isidore de Séville]] est considéré comme l'auteur de la première encyclopédie du [[Moyen Âge]] : ''[[
[[Raban Maur]] rédige vers [[842]] le ''De rerum naturis'', appelé aussi ''[[De
La [[Souda]] est une encyclopédie grecque rédigée à [[Byzance]] au {{s-|X
====
[[Fichier:Meddragon Liber Floridus Lambert of sint Omaars 1460.jpg|
[[Fichier:Vincent of Beauvais's Speculum Maius 1473.jpg|
Les encyclopédies se multiplient au {{s-|XII}} en raison de l’accroissement de la curiosité scientifique. Elles empruntent aux compilations latines antérieures mais aussi aux ouvrages arabes, alors beaucoup plus avancés (voir ci-dessous). Un souci de l'expérience se fait jour et des notions inconnues dans la [[Rome antique]], comme celle de l'[[Aimant permanent|aiguille aimantée]], font leur apparition{{sfn|Daumas|p=339}}. On note aussi un grand intérêt pour le [[merveilleux]], selon une veine déjà très présente dans le ''[[Polyhistor (livre)|Polyhistor]]'' quelques siècles plus tôt{{sfn|Lefèvre|p=4}}.
[[Honoré d'Autun]] publie vers 1110 l'ouvrage le plus important de cette époque, ''Imago mundi'', traité de [[géographie]], [[astrologie]], [[astronomie]] et [[histoire]], qui sera traduit en français, italien et espagnol. Dans le ''[[Liber floridus]]'' (1120), Lambert compile, dans un désordre total, des données empruntées à quelque 192 œuvres, en accordant une attention spéciale aux questions de [[géographie]], d'[[histoire]] et d'[[astrologie]], accompagnées d'illustrations qui témoignent d'une grande recherche iconique. Vers la même époque, Theophilus produit ''[[Schedula diversarum artium|Schedula diversum artium]]'', premier ouvrage décrivant en détail les techniques employées dans divers métiers : [[verre]], [[Vitrail|vitraux]], [[Industrie papetière|papeterie]], [[métallurgie]], [[pierres précieuses]]). [[Hugues de Saint-Victor]] ([[1096]]-[[1141]]) propose dans le [[Hugues de Saint-Victor#Le Didascalicon|''Didascalicon'']] un nouveau classement des sciences et une méthode de lecture de la Bible. Entre [[1159]] et [[1175]], la première femme encyclopédiste, l'[[abbesse]] [[Herrade de Landsberg]], réalise pour ses moniales le ''[[Hortus deliciarum]]'' (''Jardin des délices''), ouvrage remarquable par ses nombreuses illustrations de type [[allégorique]].
Le {{s-|XIII}} est considéré comme l’âge d’or de l’[[encyclopédisme médiéval]]<ref>[[Jacques Le Goff]], cité par {{Harvsp|Ribémont|p=17}}.</ref>. C'est en effet à cette époque que se diffusent largement les ouvrages de l'antiquité [[Traductions latines du XIIe siècle|traduits du grec ou de l'arabe]] en latin. On voit aussi apparaître les [[université médiévale|universités]] et se développer la [[scolastique]].
[[Arnold de Saxe (philosophe)|Arnold de Saxe]] écrit le ''De floribus rerum naturalium'', compilation des connaissances formée de cinq parties, composée probablement entre 1220 et 1230, qui inspirera [[Albert le Grand]]<ref>Isabelle Draelants, [http://medievistique.univ-lorraine.fr/contentId%3D8428 Arnold de Saxe].</ref>. [[Guillaume d'Auvergne]] publie le ''De universo creaturarum'' (1231). [[Gautier de Metz]] compose un poème en dialecte [[lorrain]] intitulé ''L’Image du monde'' ([[1246]]) dans lequel il reprend l'ouvrage d'Honoré d'Autun, en y ajoutant des éléments fantaisistes. [[Thomas de Cantimpré]] publie le ''Liber de natura rerum'' (1256), qui sera traduit en néerlandais et en allemand (''[[Das Buch der Natur]]'')<ref name="WDL">{{lien web |url = http://www.wdl.org/fr/item/3158/ |titre = ''Le livre de la nature'' |site = [[World Digital Library]] |date = 1481-08-20 |consulté le = 2013-08-30 }}.</ref>, un siècle plus tard. [[Brunetto Latini]] rédige en français ''Li Livres dou Trésor'' (''Livre du trésor''), première encyclopédie médiévale à rompre avec le latin ; son auteur a été le maître de [[Dante Alighieri|Dante]], qui l'a placé dans son Enfer{{sfn|Rey Miroirs|p=127}}. [[Barthélemy l'Anglais]] est l'auteur du ''Liber de proprietatibus rerum'', rédigé entre [[1230]] et [[1240]].
[[Vincent de Beauvais]] produit le ''[[Vincent de Beauvais#Speculum maius|Speculum Majus]]''. Cet ouvrage, achevé en [[1258]], est la plus importante compilation de connaissances du [[Moyen Âge]]. Il se compose de trois parties bien équilibrées : le ''Speculum Naturale'' (ou ''Miroir de la [[nature]]''), qui résume les connaissances d’[[histoire naturelle]] de l'époque et situe la place de l'homme dans la nature, offrant une mosaïque de citations d’auteurs latins, grecs, arabes et même hébraïques dont Vincent donne les sources ; le ''Speculum Doctrinale'' (ou ''Miroir de la Doctrine''), sorte de manuel pour étudiants, qui couvre les [[arts mécaniques]], la [[scolastique]], la [[tactique militaire]], la [[chasse]], la [[logique]], la [[rhétorique]], la [[poésie]], la [[géométrie]], l'[[astronomie]], l'[[anatomie]], la [[chirurgie]], la [[médecine]] et le [[droit]] ; le ''Speculum Historiale'' (ou ''Miroir de l’Histoire''), qui présente le récit des évènements historiques depuis la [[Création (Bible)|Création]] jusqu’aux années 1250. Cet ouvrage sera souvent réédité jusqu’au début du {{s-|XVII}} et traduit en français, en espagnol, en allemand et en néerlandais. Avec ses {{unité|4500000|mots}}{{sfn|Blair 2010|p=36}}, il restera la plus considérable encyclopédie du [[Civilisation occidentale|monde occidental]] jusqu'au milieu du {{s-|XVIII}}.
En 1295, le philosophe [[Catalogne|catalan]] [[Raymond Lulle]] rédige ''L'Arbre de la science'' (''Arbor scientiae''), dans lequel il propose une classification des savoirs basée sur la [[métaphore]] organique de l'arbre. Les connaissances y sont hiérarchisées depuis le monde physique élémentaire jusqu'au monde divin.
=== Monde arabo-persan et ottoman ===
[[Fichier:Al-RaziInGerardusCremonensis1250.JPG|
Le mouvement encyclopédique dans le monde islamique a connu deux périodes privilégiées. La première se situe entre les {{s2-|IX
On peut distinguer trois genres d'ouvrages encyclopédiques : (a) des inventaires des sciences, dans la tradition d'Aristote, qui jouissait d'un prestige sans égal chez les lettrés musulmans ; (b) des manuels à l'usage des princes, tel le ''Sirr al-asrar'' ou ''[[Secretum
[[Job d'Édesse]] (en [[syriaque]] Ayyub Urhāyā) est un chrétien philosophe, savant et traducteur du [[syriaque]] en arabe qui a vécu à Bagdad. Son ''Livre des trésors'' (''ktabā d-simātā'') est une sorte d'encyclopédie en six livres couvrant la métaphysique, la médecine, les sciences naturelles, les mathématiques et l'astronomie, dont la rédaction se situe vers [[817]]. C'est une synthèse des domaines de recherche alors enseignés à Bagdad et qui reposait sur les méthodes de sciences naturelles mises en place par Aristote et la philosophie grecque{{sfn|Huff|p= 154}}.
[[Al-Jahiz]] est un savant qui a vécu au {{s-|IX}} à [[Bassorah]] en [[Irak]]. Dans le ''[[Kitāb al-hayawān|Livre des animaux]]'', il présente {{nobr|350 espèces}} en s'inspirant d'Aristote. Son ouvrage ''Du rond et du carré'' serait un embryon d'encyclopédie{{sfn|Rey Miroirs|p=131}}.
Également établi en Irak, [[Ibn Qoutayba]] (828-889) rédige des manuels et des ouvrages à caractère encyclopédique, notamment ''Les Sources des informations'' (''Kitab ʿUyūn al-aḫbār'') et ''Les Célébrités'' (''Kitab al-maʿārif''), qui présentent des notices sur les personnages célèbres de l’histoire arabo-musulmane.
Le philosophe et savant [[Al-Kindi]] (801-873), qui a étudié à [[Bagdad]], a laissé {{
Le [[califat]] de [[Cordoue]] entreprend de marquer sa puissance par une intense activité culturelle. Le poète [[Ibn Abd Rabbih]] y rédige {{nobr|vers 900}} le ''Collier unique'' (''al iqd al-farid''), qui aborde en 25 chapitres des questions variées, allant de l'art de gouverner aux
[[Al-Fârâbî]], qui était nourri des écrits de Platon et d'Aristote, rédige {{nobr|vers 950}} une ''Énumération des sciences'' (''Ihsa al-'Ulum'') dans laquelle il subordonne les disciplines religieuses (grammaire, théologie et jurisprudence) aux sciences théoriques (logique, métaphysique, éthique)
La plus importante encyclopédie de l'époque est le ''Rasâ’il al-Ikhwân al-Safâ’'', une œuvre anonyme collective rédigée probablement dans la seconde moitié du {{s-|X
[[Rhazès|Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi]] (865-925) est un lettré persan auteur du ''Kitab al-Hawi fi al-Tibb'', remarquable somme médicale en {{
Le Persan [[Muhammad ibn Ahmad al-Khwarizmi]], mort en 976, est l'auteur de l'encyclopédie ''
[[Mafâtih al-'Olum|Mafātīḥ al-ʿulūm
]]''. Cet ouvrage en langue arabe couvre un large éventail de savoirs, qui vont de la [[théologie]] à la [[linguistique]] de l'[[arabe]], en passant par le [[droit]], l'[[histoire]] et ce qu'on nommera plus tard les « [[sciences humaines]] »<ref name="Reley">{{Harvsp|Rey Universalis
Le lettré [[
En Égypte, [[Al-Nowaïri]] (1272-1332) est l'auteur de ''Nihayal al-arab fi fonoun al-adab'' (''Tout ce qu'on peut désirer savoir sur les belles-lettres''), un ouvrage comptant environ {{nombre|9000|pages}} réparties en cinq livres : (a) géographie, (b) l'homme, (c) la [[zoologie]], (d) la [[botanique]] et (e) l'histoire. Au siècle suivant, son compatriote [[Ahmad al-Qalqashandi]] publiera le ''Subh al-A’sha'', qui constitue une mine de renseignements sur l'époque.
[[Ibn Khaldoun]] rédige en [[1377]] au [[Caire]] les ''[[Muqaddima]]'', ou ''Al-Muqaddima'' (''Introduction à l’histoire universelle''), œuvre à caractère encyclopédique englobant l’ensemble des connaissances du {{s-|XIV
En [[Iran]], Dawani ([[1427]]-[[1502]]) rédige le ''Unmudhaj al-ulum'' (''Programme des sciences'') sous forme de questions et réponses.
Vers le milieu du {{s-|XV
La dernière grande encyclopédie du monde islamique est celle de [[Al-Suyūtī]] ([[1445]]-[[1505]]), auteur de 561 traités<ref name="Reley"/>. Depuis un certain temps déjà, les travaux scientifiques étaient de plus en plus mal perçus par un [[clergé]] musulman attaché à la pureté du [[dogme]] et prompt à brûler des livres, ce qui amène les [[Médersa|écoles coraniques]] à se concentrer exclusivement sur la [[théologie]]
La toute-puissance de ces écoles sera renforcée par l'interdiction de l'imprimerie promulguée dès 1485 par le sultan [[
Bajazet II|Bajazed II]]
=== Diaspora juive ===
Entre le {{sp-|IX|e|et le|XIII|e}}, une culture juive très active s'épanouit en [[Espagne]], alors [[Islam|musulmane]]. Les principaux foyers en sont à [[Grenade (Espagne)|Grenade]], [[Cordoue]], [[Tolède]] et [[Barcelone]]. Cette situation change à partir du {{s-|XIV
[[Abraham bar Hiyya Hanassi]], mort en [[1136]], rédige à [[Barcelone]] son ouvrage ''Fondements de la raison et donjon de la foi''. Cet ouvrage comporte des chapitres de [[mathématiques]], [[géométrie]], [[astronomie]], etc.<ref name=REY>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=140}}
.</ref>
.
À [[Tolède]],
[[Shem Tov
Dans la [[Provence]], voisine de l'Espagne, vers la fin du {{s-|XIII}}, [[Gershom ben Salomon]] compile une encyclopédie inspirée de Falaquera, intitulée ''Porte des cieux''<ref name="Robinson">{{Chapitre |langue=en |prénom1=James T.|nom1=Robinson |auteurs ouvrage=Steven Harvey |titre ouvrage=The medieval Hebrew encyclopedias of science and philosophy|passage=248-274|éditeur=Kluwer Academic Publishers|date=2000|isbn=0-7923-6242-X|titre chapitre=Gershom ben Solomon of Arles' ''Sha'ar ha-Shamayim'': Its Sources and Use of Sources}}.</ref>.
A partir de 1276, [[Lévi ben Abraham de Villefranche]], né à [[Villefranche-de-Conflent]] et vivant en Provence, écrit deux encyclopédies pour un large public: une, assez brève, en [[Saj'|prose rimée]], intitulée ''Broches et porte-bonheur'', et ensuite une plus détaillée et en prose, intitulée ''Chapelet de la grâce''. Pour des raisons peu claires, ce travail lui vaut d'être persécuté par les autorités juives dans les années 1303-1305<ref>{{Chapitre |langue=en |auteur1=Warren Zev Harvey |titre chapitre=Levi ben Abraham's controversial encyclopedia |auteurs ouvrage=Steven Harvey |titre ouvrage=The Medieval Hebrew Encyclopedias of Science and Philosophy |éditeur=Kluwer Academic Publishers |année=2000 |isbn=0-7923-6242-X |passage=171-188 }}.</ref>.
Vers 1330, [[Levi ben Gershom]] (qui selon certains est peut-être le fils du Gershom ben Salomon mentionné ci-dessus<ref name="Robinson"/>) rédige ''Les Portes du ciel'', qui présente de façon détaillée les [[sciences naturelles]], l'[[astronomie]] et la [[théologie]]{{sfn|Shatzmiller|p=51}}.
=== Inde ===
L'Inde ne semble pas avoir produit d'encyclopédie généraliste à une époque ancienne, mais plutôt des ouvrages encyclopédiques portant sur des domaines particuliers
<ref group=n>Les documents de l'Inde ancienne sont extrêmement rares et seuls ont survécu les textes fondamentaux qui ont été constamment recopiés au fil des siècles. En effet, le tabou religieux interdisant l'usage du parchemin, les copistes se servaient de feuilles de palmier, très vulnérables à la chaleur et aux insectes (Wendy Doniger, ''The Hindus. An alternative history'', Penguin, 2009, {{p.|32}}).</ref>. Ainsi, le ''[[Caraka Saṃhitā]]'' est une somme médicale ancienne qui faisait partie de l'''[[Ayurveda]]''. Elle est attribuée à [[Charaka]], mais a vraisemblablement été produite par divers auteurs entre {{nobr|175 av. J.-C.}} et {{nobr|120 apr. J.-C.}}
Le grand [[astronome]] et mathématicien [[Varahamihira]] ([[505]]-[[587]]) a produit un ouvrage encyclopédique intitulé ''
[[Brihat-Samhita
]]'', qui couvre un large éventail de sujets : astrologie, mouvement des planètes, éclipses, pluie, nuages, architecture, récoltes, parfums, mariage, pierres précieuses, perles et rituels. Cet ouvrage qui compte {{
Lorsque [[Bagdad]] est devenu la métropole intellectuelle du monde arabe, de nombreux ouvrages indiens y ont été traduits du [[sanskrit]] en [[arabe]] et y ont influencé la tradition scientifique
=== Extrême-Orient ===
==== Chine ====
[[Fichier:Yongle Dadian Encyclopedia 1403.jpg|
[[Fichier:Sancai Tuhui World Map.jpg|
La plupart des encyclopédies chinoises doivent leur existence au patronage de l'empereur et étaient destinées à l'empereur lui-même ou à ses fonctionnaires{{sfn|Burke|p=120}}.
Le concept d'encyclopédie prend une forme particulière en Chine en raison de la nature même de l'écriture chinoise. Comme celle-ci est de type [[idéogramme|idéographique]], l'apprentissage d'un mot représenté par un [[idéogramme]] est inséparable de la réalité qu'il sert à désigner
Certains de ces ouvrages ne couvraient que
Rien ne nous est parvenu des ouvrages de la haute
Parfois considéré comme une encyclopédie, le ''[[Er ya]]'' est le plus ancien dictionnaire qu'on ait conservé ; rédigé au {{-s|II}}, il est attribué par la légende à [[Confucius]] lui-même.
Le ''Huang lan'' (''Ce qu'a examiné l'empereur'') est aujourd'hui considéré comme le premier ouvrage du genre encyclopédique en Chine. Composé vers [[220]]
La première encyclopédie chinoise conservée est le ''[[Yiwen Leiju]]'' (''Florilège arrangé par catégories''), réalisé durant la [[dynastie Tang]]. Divisée en 47 sections (« catégories »), elle couvre une grande variété de sujets, avec de nombreuses citations d'œuvres anciennes. Sa transcription par le calligraphe [[Ouyang Xun]] s'est terminée en [[624]] ; elle a connu plusieurs éditions imprimées à partir de [[1515]]. On a conservé, de la même époque, le ''[[Fayuan Zhulin]]'' (''Forêt de pierres précieuses dans le jardin de [[Dharma]]''), en 100 volumes, compilé en [[668]] par Dao Shi, et qui contient des textes bouddhistes anciens.
[[
Les ''[[Quatre grands livres des Song]]'' est une importante compilation réalisée entre le {{sp-|X|e|et le|XI|e}}. Son premier livre s'appelle le ''[[Taiping Yulan]]'', volumineuse anthologie de poèmes, de citations et de proverbes compilée entre 977 et 983. Il compte plus de {{nombre|1000|chapitres}} classés en 55 catégories. En [[1013]], le ''Cefu Yuangui'', comptant {{nombre|1000|volumes}}, s'ajoutera aux trois collections existantes.
Même s'il n'a pas laissé une encyclopédie en tant que telle, [[Shen Kuo]] ([[1031]]-[[1095]]) se distingue par les avancées qu'il a réalisées dans de nombreux domaines et par les écrits qu'il a laissés en [[astronomie]], [[mathématiques]], [[cartographie]], [[géologie]], [[météorologie]], [[agronomie]], [[zoologie]], [[botanique]], [[pharmacologie]] et [[hydraulique]] ; esprit universel, il était également versé en [[musique]]. Son contemporain [[Su Song]] ([[1020]]-[[1101]]) était un autre grand esprit encyclopédique.
Le ''Yü-hai'' (''Océan de jade'') a été compilé en [[1267]] par Wang Yonglin, qui est aussi l'auteur de livres savants et de manuels. Cet ouvrage a été imprimé en [[1738]] en 240 volumes
L’''[[Encyclopédie de Yongle]]'' est un ouvrage colossal rédigé sous la [[dynastie Ming]] entre [[1402]] et [[1408]]. Elle a mobilisé {{nombre|2100|savants}} sous la direction de l'empereur Yongle (qui régna de [[1402]] à [[1424]]) et contient
Le ''[[Bencao gangmu]]'' est un recueil de médecine terminé en [[1578]] par [[Li Shizhen]]. Il répertorie les plantes, animaux et minéraux à usage thérapeutique. L'auteur aurait consacré 30 ans à la rédaction de cet ouvrage, qui synthétise 800 travaux antérieurs.
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Le ''[[Sancai Tuhui]]'', publié en [[1609]], est dû à Wang Qi et Wang Siyi, tous deux natifs de [[Shanghai]]. Il couvre les trois « mondes » que sont le ciel, la terre et l'humanité. Cet ouvrage compte 106 chapitres et 14 catégories : astronomie, géographie, biographies, histoire, biologie, etc. Il contient de nombreuses illustrations. Des reproductions en sont encore disponibles aujourd'hui en Chine. Il a fait l'objet d'une adaptation japonaise, le ''[[Wakan Sansai Zue]]'' (''Encyclopédie illustrée sino-japonaise'') en [[1712]].
Le ''[[Song Yingxing#L'encyclopédie Tiangong Kaiwu|Tiangong Kaiwu]]'' ou ''Exploitation des œuvres de la nature'', publié en 1637, est dû à [[Song Yingxing]] ([[1587]]
Au {{s-|XVII
La ''[[
Gujin tushu jicheng|Qinding Gujin tushu jicheng]]'' ou ''Grande Encyclopédie impériale illustrée des temps passé et présent'' a été publiée en [[1726]]. Elle compte {{nombre|10040|chapitres}}, soit {{nombre|5020|fascicules}}
en {{formatnum:750000}} pages. Elle comporte des illustrations. Contrairement aux précédentes encyclopédies, qui étaient soit manuscrites soit tirées à peu d’exemplaires, celle-ci a été imprimée à l'aide de jeux de caractères de cuivre mobiles
, peut-être sous l'influence des [[jésuites]]{{sfn|Blair 2010|p=30}}{{,}}<ref group="n">{{Citation|[Cette technique] fut employée surtout pour quelques grandes entreprises impériales. Ainsi au {{s-|XVIII
Le ''[[Siku Quanshu]]'' est un vaste recueil commandé par l’empereur [[Qianlong]], désireux de surpasser la grande ''[[Encyclopédie de Yongle]]'' et d'éradiquer de son empire les textes anti-mandchous. Un comité de 361 érudits travailla entre [[1773]] et [[1782]] à recueillir pour cette somme quelque {{nombre|3461|textes}} couvrant tous les domaines du savoir académique : littérature classique, histoire et géographie, philosophie, arts et sciences
. Au total, l'ouvrage compte {{formatnum:79000}} chapitres en {{formatnum:36000}} volumes, pour un total de huit cents millions de mots. Sept copies manuscrites en furent effectuées, dont
==== Japon ====
Alors que les encyclopédies chinoises étaient importées au [[Japon]] depuis des temps anciens, une proto-encyclopédie est compilée au Japon en 831 sous les ordres de l'empereur Shigeno no Sadanushi, le ''Hifuryaku'', comptant {{nombre|1000|rouleaux}}, dont il ne reste que des fragments. La première encyclopédie proprement japonaise est l'œuvre du poète [[Minamoto no Shitagō]] (
En 1712, s'inspirant du ''[[Sancai Tuhui]]'', encyclopédie illustrée chinoise, Terajima Ryōan publie le ''[[Wakan Sansai Zue]]'' ou ''Livre illustré des trois royaumes au Japon et en Chine''. Rédigé en chinois, qui était alors la langue du savoir, cet ouvrage contient des articles qui sacrifient au goût du public pour le [[merveilleux]], tels ceux sur {{Citation|le pays des immortels}} et sur {{Citation|le pays des peuples à longue jambe}}. Toutefois, son organisation et la présence d'explications alternatives pour rendre compte de certains phénomènes annoncent les encyclopédies modernes.
==== Viêt Nam ====
[[
==== Corée ====
Le ''Tongguk Munhon pigo'' (« Compilation de documents de référence sur la Corée ») a été rédigé en 1770 par un groupe de savants sous la direction de Kim Ch'in, à la demande du roi Yongjo. Imprimée à une centaine d'exemplaires, cette encyclopédie compte 13 sections : astronomie, géographie, cérémonies, musique, affaires militaires, justice, revenu de la terre, autres revenus et dépenses, administration, commerce, sélection des fonctionnaires, écoles et organisation du gouvernement. Une deuxième édition, réalisée entre 1782 et 1807, est restée à l'état de manuscrit. Une troisième édition sera publiée et imprimée entre 1903 et 1907 sous le titre ''Chungbo munhon pigo''
=== Renaissance ===
[[Fichier:
[[Fichier:Petrus Ramus.jpg|
[[Fichier:Theatrum Vitae Humanae 1565.jpg|
La découverte du savoir antique augmente considérablement le bassin de connaissances disponibles, sans toutefois changer fondamentalement la nature des encyclopédies de l'époque, qui ne sont pas vues comme des ouvrages où le savoir est actualisé en fonction des connaissances du temps, mais où il est préservé ou redécouvert<ref name="nest">{{Harvsp|Nest|p=22}}
.</ref>
; le savoir, en effet, est toujours considéré à cette époque comme une réalité intemporelle, immuable et provenant de sources ou d'autorités extérieures. Toutefois, avec l'introduction du terme « encyclopédie », certains travaux mettent l'accent sur l'aspect pédagogique plutôt que sur l'importance de la compilation. On explore aussi diverses techniques d'organisation des informations afin de faciliter la consultation.
Au début du {{s-|XV
Domenico Nani Mirabelli publie la ''[[Polyanthea]]'' ([[1503]]), gros [[in-folio]] comportant un [[florilège]] de citations, de [[symbole]]s, de traités spécialisés, d'anecdotes et de [[fable]]s tirées de sources grecques et latines, le tout regroupé sous des entrées classées en ordre alphabétique. Chaque mot est accompagné de son équivalent en grec et d'une définition. Cet ouvrage, retravaillé et augmenté par divers continuateurs, connaîtra plus de quarante éditions entre 1503 et [[1681]], avec une dernière édition en [[1735]]
[[Giorgio Valla]], humaniste et mathématicien, rédige le ''De expetendis et fugiendis rebus'', ouvrage couvrant un large éventail de sujets et dont une part importante porte sur les sciences [[mathématiques]], la [[physiologie]] et la [[médecine]]<ref>Volume 2 sur [
En Allemagne, [[Gregor Reisch]] publie la ''[[Gregor Reisch#Margarita philosophica|Margarita philosophica]]'', première encyclopédie imprimée ([[1504]]), qui synthétise le « cercle des connaissances » en arts et en sciences, tels qu'ils étaient couverts par l'enseignement universitaire de son époque. Ce livre contient de nombreuses illustrations et un [[Index terminologique|index]] détaillé. La structure reprend le modèle questions-réponses du [[catéchisme]], popularisé par la ''[[Somme théologique]]'' : un élève (''Discipulus'') pose des questions et le maître (''Magister'') répond. Selon l'auteur, une lecture attentive de cet ouvrage devrait permettre à un étudiant de se dispenser de fréquenter l'Université<ref name="nest"/>.
[[Johann Turmair]], dit Johannes Aventinus, publie en [[1517]] une ''Encyclopedia orbisque doctrinarum, hoc est omnium artium, scientiarum, ipsius philosophiae index ac divisio''. Il est le premier à utiliser le terme ''encyclopedia'' dans le titre d’un livre
En France, [[Guillaume Budé]] traduit le terme latin ''encyclopædia'' par ''encyclopédie'', mais la première occurrence imprimée de ce terme apparaît dans le [[Pantagruel]] de [[François Rabelais]] en [[1532]]. L'encyclopédie est le savoir complet que possède [[Panurge]], à l’exemple de son compagnon [[Pantagruel]]. Au chapitre VIII, [[Gargantua]] avait tracé le programme pédagogique que devait suivre Pantagruel afin que son père puisse admirer en lui {{Citation|un abîme de science}}. La volonté d'accumuler un savoir universel est typique du bouillonnement intellectuel qui marque cette époque.
Le grand imprimeur et [[Humanisme de la Renaissance|humaniste]] [[Charles Estienne]] réalise le ''Dictionarium historicum, geographicum et poeticum'' ([[1553]]), [[dictionnaire]] en [[Classement alphabétique|ordre alphabétique]] couvrant le vocabulaire latin courant ainsi que les noms de lieux et de personnes. Cet ouvrage sera constamment réimprimé jusqu'en [[1686]]<ref group="n">Ouvrage disponible {{lire en ligne|lien=
[[Pierre de La Ramée]] propose dans sa ''Dialectique''<ref group="n">En ligne sur [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k681639 Gallica].</ref> ([[1555]]) une méthode pour organiser les diverses composantes du savoir en les organisant visuellement et en évitant les répétitions, méthode fortement influencée par sa lecture de [[Raymond Lulle]].
En Belgique, le savant et mathématicien [[Joachim Sterck van Ringelbergh]], aussi appelé Joachimus Fortius Ringelbergius ([[1499]]-[[1531]]) est l'auteur de divers traités ainsi que de ''Lucubrationes vel potius absolutissima kyklopaideia'' ([[Bâle]], [[1541]]), première réflexion moderne sur le concept d'encyclopédie<ref name=COLL78>{{Harvsp|Collison|p=78}}.</ref>.
L'Espagnol [[Jean Louis Vivès]] ([[1492]]-[[1540]]) rédige à [[Bruges]] son ''De Disciplinis''<ref group="n">Édition de 1551 en ligne sur [https://books.google.ca/books?id=Rxg8AAAAcAAJ Google Livres].</ref>, dans lequel il fait une critique serrée du système d'enseignement hérité de la [[scolastique]], et qui avait servi de modèle aux encyclopédies médiévales. Il enchaîne avec une proposition de réforme, en insistant sur l'importance de l'étude du grec et du latin dans la formation. Au lieu de s'en remettre à l'autorité de la religion, il insiste sur la légitimité d'un questionnement basé sur la raison<ref name=COLL78/>. Avec son ami [[Érasme]], il est une des grandes figures de la [[Renaissance]].
En [[1559]], l'aventurier [[Paul Scalich]] publie à Bâle une assez médiocre ''Encyclopædia, seu Orbis disciplinarum, tam sacrarum quam prophanarum Epistemon''<ref group="n">Édition originale disponible sur {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=om9NAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PP5#v=onepage&q&f=false|texte=Google Livres|langue=la}}.</ref>. Il s'agit d'un dialogue d'une centaine de pages entre un maître et un étudiant, touchant à une variété de sujets.
L'érudit et médecin suisse [[Theodor Zwinger (l'Ancien)|Theodor Zwinger]] publie à [[Bâle]] le ''Theatrum vitæ humanæ'', [[1565]]-[[1587]], vaste compilation totalisant quelque {{nombre|4376|pages}} grand format. Au lieu d'un [[Classement alphabétique|ordre alphabétique]], l'auteur donne une grande place aux tableaux systématiques, suivant l'exemple de [[Pierre de La Ramée]], afin de montrer les relations entre les sujets. En outre, l'ouvrage contient un [[Index terminologique|index]] détaillé des sujets et un autre pour les ''[[exemplum|exempla]]'' ou anecdotes moralisantes<ref group="n">{{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=NM5MAAAAcAAJ&pg|langue=la}}.</ref>. Par son étendue, cet ouvrage est représentatif de l'ambition encyclopédique de la Renaissance, qui cherchait à accumuler le plus d'information possible et à éviter que se répète la catastrophe qu'avait été, au cours du [[Moyen Âge]] et des [[invasions barbares]], la disparition de la majeure partie du savoir de l'[[Antiquité gréco-romaine]]{{sfn|Blair 2010|p=11-13}}.
=== Époque moderne ===
==== {{s-|XVII}} ====
[[Fichier:Novum Organum 1650 crop.jpg|vignette|Page de titre du ''[[Novum organum|Novum Organum]]'' de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]. Cet ouvrage aura un impact majeur sur la réflexion encyclopédique.]]
Une attitude nouvelle se fait jour vis-à-vis du savoir. Celle-ci se manifeste à la fois dans la création d'[[académie]]s (Paris, Londres, Florence, etc.) et dans un esprit plus critique et une part plus grande accordée à la raison et à l'expérience. Cette [[révolution scientifique]] donne lieu à des découvertes importantes en optique ([[Christian Huygens|Huygens]]), en astronomie ([[Galilée (savant)|Galilée]], [[Isaac Newton|Newton]]), en anatomie ([[Robert Hooke|Hooke]]), en électricité ([[Francis Hauksbee|Hauksbee]]) et en physique de l'atmosphère ([[Blaise Pascal|Pascal]]){{sfn|Huff}}.
Ce nouvel état d'esprit est manifeste chez [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]], qui entreprend avec le ''[[
Novum organum|Novum Organum]]'' (1620) une encyclopédie devant compter six volumes, mais dont les deux premiers seulement ont été achevés. Critiquant le manque de rigueur des travaux qui l'ont précédé, Bacon plaide pour que l'étude des sciences repose sur une [[méthode expérimentale|démarche expérimentale]]. Il insiste sur le fait qu'une encyclopédie doit être impartiale et fondée sur des données [[Vérité|avérées]]. Il réfléchit aussi sur la façon d'organiser les sujets et propose, dans ''Instauratio magna'' ([[1620]]), une division de la matière encyclopédique en 130 sections regroupées en trois parties : la nature extérieure (astronomie, géographie, espèces minérales, végétales et animales) ; l'homme (anatomie, physiologie, actions volontaires et involontaires, pouvoirs) ; l'action de l'homme sur la nature (médecine, chimie, les cinq sens et les arts qui s'y rattachent, les émotions, les facultés intellectuelles, le transport, l'arithmétique, etc.). Dans le
En Allemagne, le philosophe et pédagogue [[Johann Heinrich Alsted]] publie une importante ''Encyclopædia, septem tomis distincta'' (2 volumes, [[1630]]), qui répertorie les connaissances en sept grandes classes. Comportant 48 tableaux synoptiques et un index, c'est la dernière des grandes encyclopédies systématiques rédigées en latin
[[Daniel Georg Morhof
]] ([[1639]]-[[1690]]) rédige le ''Polyhistor literarius, philosophicus, et practicus'' dont le premier volume paraît à Lübeck, en
[[1688]] et les deux autres en [[1708]]. Cet ouvrage, qui connaîtra plusieurs éditions, étonne par les disproportions de son organisation, qui consacre environ {{nombre|1000|pages}} à la dimension littéraire, la moitié à la section philosophie, et seulement 124 pages aux domaines pratiques
Le [[jésuite]] allemand [[Athanase Kircher]] ([[1601]]-[[1680]]), célèbre pour son esprit encyclopédique, publie ''Ars magna sciendi sive combinatorica'' ([[1669]]).
En [[Hongrie]], [[János Apáczai Csere]] publie une encyclopédie en 12 volumes, la ''Magyar encyclopædia'' (Utrecht, [[1653]]-[[1655]]), qui repose essentiellement sur des sources étrangères, notamment les travaux de [[Descartes]] et de [[Pierre de La Ramée]]
En Suisse, [[Jean-Jacques Hofmann]] ([[1635]]-[[1706]]) rédige le ''Lexicon universale'' (2 volumes, Bâle, 1677), traitant principalement d'histoire ancienne, de géographie et de biographies. Il s'y ajoutera deux volumes en [[1683]], couvrant les autres branches du savoir de l'époque.
En France, [[Charles Sorel]] publie entre [[1634]] et [[1644]] un ouvrage intitulé ''La Science universelle'', en quatre volumes. Conformément au désir de rationalité qui se répand à son époque, et dans la ligne des prescriptions de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]], Sorel veut séparer {{Citation|la véritable science}} de toutes les impostures et {{Citation|donner une doctrine qui soit appuyée sur la raison et l'expérience
Ce livre inspirera peut-être celui d'un certain Sieur Saunier, qui a compilé une ''Encyclopédie des beaux esprits, contenant les moyens de parvenir à la connaissance des belles sciences'' (Paris, [[1657]]) ; l'ouvrage, qui fait moins de 400 pages, se manipule aisément et n'est pas de nature à rebuter les courtisans<ref name=Coll88>{{Harvsp|Collison|p=88}}
.</ref>. Les gens du monde
[[Fichier:Pierre Bayle by Louis Ferdinand Elle.jpg|
[[Fichier:Antoine Furetière.png|
Certains ne font que rééditer des ouvrages antérieurs ou les plagier sans vergogne. C'est ainsi que paraît ainsi à Amsterdam, en [[1663]], un livre en espagnol intitulé ''Vision deleytable y sumario de todas las sciencias'' (« Vision délectable et résumé de toutes les sciences »), qui est la traduction d'un livre italien de Domenico Delfino paru en [[1556]], lequel avait plagié l'ouvrage original en espagnol d'[[Alfonso de la Torre]], ''Vision delectable'', publié à Burgos en [[1435]]{{sfn|Collison|p=72-73}}. Ce dernier, enfin, était basé, tant dans sa structure que dans son approche allégorique, sur l'ouvrage de [[Martianus Capella]] rédigé vers 420{{sfn|Stahl|1971|p=71}}. Preuve de l'intérêt du public pour des ouvrages encyclopédiques, même s'ils n'en ont que l'apparence.
Les [[dictionnaire]]s historiques deviennent aussi très populaires, comme l'atteste la traduction-appropriation du ''Dictionarium historicum'' de [[Charles Estienne]] par [[Daniel de Juigné-Broissinière|D. de Juigné-Broissinière]] sous le titre ''Dictionnaire théologique, historique, poétique, cosmographique et chronologique'' (Paris, [[1643]]), ou son adaptation à Londres par [[Nicolas Lloyd]] ([[1670]]). Mais ces ouvrages pâlissent en comparaison du ''Grand Dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane'' (Lyon, [[1674]]) de [[Louis Moréri]]<ref group="n">Le dictionnaire de Moréri est disponible sur {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=JwQ_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=mor%C3%A9ri&cd=1#v=onepage&q=&f=false|texte=Google Livres}}.</ref>. Contenant principalement des articles historiques et biographiques, cet ouvrage est le premier à présenter dans un [[ordre alphabétique]] rigoureux un éventail de sujets{{sfn|Yeo|p=17}}. Surtout, il répond aux attentes d'un public de plus en plus désireux de lire des livres savants en [[langue vernaculaire]]. Constamment réédité et augmenté, il atteindra dix volumes [[in-folio]] dans sa vingtième et dernière édition en [[1759]]. Son influence dans les pays voisins sera considérable{{sfn|Collison|p=89}}. Il sera traduit en Espagne, en Allemagne et en Angleterre, où il servira aussi de base à l'ouvrage de [[Jeremy Collier]] intitulé ''The great historical, geographical, genealogical and poetical dictionary'' (2 volumes, 1701-05).
En réponse à l'ouvrage de [[Louis Moréri|Moréri]] dont il veut corriger les erreurs, [[Pierre Bayle]] publie en [[1697]] le ''[[Dictionnaire historique et critique]]'', autre œuvre majeure qui connaîtra plusieurs éditions et préfigure ''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|l'Encyclopédie]]''. Doté d'un esprit rigoureusement scientifique, Bayle s'attache à dénoncer les mensonges de la tradition historique et à traquer les superstitions sous toutes leurs formes{{sfn|Moureau|p=32}}. Pour éviter les poursuites, il devra s'installer à [[Rotterdam]]. Son livre sera constamment augmenté par divers contributeurs et réédité, jusqu'à comprendre 16 volumes dans la onzième édition (1820-24). Il s'en fera diverses traduction en anglais et en allemand.
Les exigences se font plus grandes aussi en matière de dictionnaire de langue, comme en témoigne la parution du ''Dictionnaire universel'' ([[1690]]) d'[[Antoine Furetière]] ([[1619]]-[[1688]]). Cet ouvrage de {{nombre|40000|articles}} en deux volumes marque un jalon dans l’histoire des dictionnaires et des encyclopédies : pour la première fois, les termes populaires et de métiers sont inclus dans un dictionnaire et les articles sur les sciences, les arts et le lexique sont organisés selon un [[ordre alphabétique]] uniforme{{sfn|Yeo|p=18}}. La publication de cet ouvrage vaudra à son auteur d'être exclu de l'[[Académie française]], qu'il avait devancée.
==== {{s-|XVIII}} ====
[[Fichier:Essai d'une distribution généalogique des sciences et des arts principaux, 1780.jpg|droite|vignette|Système figuratif représentant l'embranchement des connaissances humaines — {{s|XVIII}}.]]
Le projet encyclopédique gagne en force au [[siècle des Lumières]], en même temps que se développent les sciences.
En Italie, [[Vincenzo Coronelli]] ([[1650]]-[[1718]]) a consacré 30 années de sa vie à la rédaction d'une innovatrice ''Biblioteca universale sacro-profano''<ref group="n">{{lire en ligne
En Angleterre, [[John Harris]] ([[1666]]-[[1719]]), publie en [[1704]], à Londres, le ''Lexicon Technicum'', première encyclopédie conçue et rédigée en langue anglaise. Elle est également organisée en [[ordre alphabétique]] et servira de modèle à la ''[[Cyclopaedia]]''. Elle est accompagnée de planches et de nombreux diagrammes. Des notes bibliographiques accompagnent les principaux articles. Premier auteur d’encyclopédie à faire appel à des experts, Harris recrute notamment le naturaliste [[John Ray]] et [[Isaac Newton]]
[[Fichier:Trevoux1.jpg|
[[Fichier:Versailles Nuovo Dizionario X-283.png|
En France, le ''[[Dictionnaire de Trévoux]]'' reprend celui de Furetière et l'augmente considérablement au cours de ses six éditions successives entre [[1704]] et [[1771]]. À celles-ci, il faut ajouter une version abrégée en trois volumes publiée en 1762. Le Trévoux compte jusqu'à huit volumes dans sa dernière édition, auxquels s'ajoute un volume de glossaire latin-français spécifiquement pour cette édition. Il intègre un nombre considérable de sources historiques, philosophiques et littéraires<ref group="n">{{lire en ligne|lien= https://books.google.ca/books?id=vf3-CWjSeo0C |texte=''Dictionnaire de Trévoux'' sur Google Livres}}.</ref>.
En Allemagne, la ''Reales staats- und Zeitungs-Lexikon''<ref group="n">{{lire en ligne|lien= https://books.google.ca/books?id=ucZFAAAAcAAJ |texte=''Reales staats- und Zeitungs-Lexikon'' (1704) sur Google Livres}}.</ref>, plus connue sous le nom de son préfacier Johann Hübner, s'adressait au public cultivé plutôt qu'aux scientifiques, ainsi que l'indique l'ajout apporté au titre de la {{4e|édition}} : ''Reales-, Staats-, Zeitungs-und Conversations-Lexikon'' ([[1709]]), et la notion d'ouvrage utile à la conversation se maintiendra jusqu'à nos jours. Cette encyclopédie, qui couvre la géographie, la théologie et la politique, a connu 31 éditions jusqu'en 1828. Elle a été traduite en hongrois. Il s'y est ajouté en [[1712]] un supplément couvrant les sciences, les arts et le commerce, lequel a été réédité à plusieurs reprises{{sfn|Collison|p=100}}.
Johann Theodor Jablonski ([[1654]]-[[1731]]) rédige un ''Allgemeines Lexicon des Künste und Wissenschaften'' (Königsberg, [[1721]]) en 2 volumes. L'ouvrage aura beaucoup de succès et sera augmenté dans des éditions subséquentes, en [[1748]] et [[1767]].
La ''[[Cyclopaedia]]'' d'[[Ephraïm Chambers]] est publiée à Londres en [[1728]]. Également en ordre alphabétique, cet important ouvrage sera souvent réédité et inspirera le projet de traduction, puis d'encyclopédie nouvelle, qu'un éditeur parisien proposera à [[Denis Diderot|Diderot]] en [[1746]]. Il sera traduit à Venise en [[1748]] sous le titre ''Dizionario universale delle arti e delle scienze''. L'ouvrage de Chambers perfectionne le système des renvois croisés et a eu une influence majeure sur l'histoire des encyclopédies
Le ''Nuovo dizionario, scientifico e curioso, sacro e profano'' de Gianfrancisco Pivati, publié à [[Venise]] (12 vol., [[1746]]-[[1751]]) est la première encyclopédie d'importance en italien. Les illustrations en sont très soignées (voir ci-contre).
Ligne 310 ⟶ 319 :
En Russie, l'historien et géographe [[Vassili Tatichtchev]] rédige le premier dictionnaire encyclopédique de la langue russe, le ''Leksikon rossiiskoi istoricheskoi, geographicheskoi, politicheskoi i grazhdanskoi'', publié à [[Saint-Pétersbourg]]. L'ouvrage, qui devait compter 6 volumes, s'arrête avec le troisième, à l'article ''Klyuchnik''.
À [[Leipzig]], l'éditeur [[Johann Heinrich Zedler]] publie le très volumineux ''[[Universal Lexicon]]'' ([[1731]]-[[1754]]). D'abord prévu en 32 volumes in-folio, cet ouvrage finit par en compter 68 sur deux colonnes, ce qui en fait l'une des plus grandes encyclopédies jamais publiées en Europe
==== L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert ====
[[Fichier:Encyclopedie de D'Alembert et Diderot - Premiere Page - ENC 1-NA5.jpg|
{{Article détaillé|Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers}}
[[Denis Diderot]] et [[Jean Le Rond d'Alembert|Jean le Rond d'Alembert]] réalisent entre 1751 et 1772 l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]]'', comprenant 17 volumes de texte et 11 d'illustrations, avec un total de {{nombre|71818|articles}}. La double vocation de cet ouvrage est de répertorier les connaissances et les savoirs de son siècle et aussi d'ouvrir une réflexion critique, de {{Citation|changer la façon commune de penser}}. [[Denis Diderot|Diderot]] décrit ainsi les objectifs de son entreprise en [[1751]] : {{citation bloc|Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été inutiles pour les siècles qui succéderont ; que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux ; et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain<ref name=WS>[[s:L’Encyclopédie/1re édition/Volume 5|article encyclopédie|Texte sur Wikisource]].</ref>.}}
La page suivant la page de titre comporte une table dépliable en double [[in-folio]], présentant ''le système figuré'' traduit de [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], soit ce que l'on nommerait aujourd'hui une ontologie des matières ou des domaines. C'est un système hiérarchique, allant du général au spécifique. L'objectif initial était de pouvoir indiquer en début de chaque entrée de l'encyclopédie à quel domaine cette entrée se rattachait, mais cet objectif n'a pas toujours été suivi dans les faits.
Ensuite, vient le ''Discours préliminaire'' de d'Alembert, qui situe son entreprise dans la lignée des grands savants de l'époque : [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], [[René Descartes|Descartes]], [[Isaac Newton|Newton]], [[Blaise Pascal|Pascal]], [[William Harvey|Harvey]], [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]]. Il rejette l'idée selon laquelle {{Citation|en multipliant les secours & la facilité de s’instruire, [les ouvrages encyclopédiques] contribueront à éteindre le goût du travail & de l’étude}} et estime, au contraire, {{Citation|qu’on ne sauroit trop faciliter les moyens de s’instruire}}. De plus, afin de rompre avec une tradition savante qui ignorait encore largement la description des métiers et des objets de la vie courante, [[Jean Le Rond d'Alembert|d'Alembert]] explique que des dessinateurs ont été envoyés dans les ateliers et que [[Denis Diderot|Diderot]] a rédigé ses articles techniques en se basant {{Citation|sur les connaissances qu’il a été puiser lui-même chez les ouvriers, ou enfin sur des métiers qu’il s’est donné la peine de voir, et dont quelquefois il a fait construire des modèles pour les étudier plus à son aise.}}
Rassemblant une masse de données jusqu'alors sans égale, cet ouvrage sera reçu avec enthousiasme par le public et jusque dans l'entourage même du roi [[Louis XV]], qui en avait pourtant interdit la publication, comme le relate une [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers#Enthousiasme du public|anecdote de Voltaire]] reprise dans la préface de ''[[La Grande Encyclopédie]]''<ref group="n">{{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f11.image.r=.langFR|texte=''La Grande Encyclopédie'' sur Gallica}}.</ref>.
Dans l'article « encyclopédie », Diderot insiste sur la dimension collective de son projet et l'esprit de générosité qui l'anime : {{Citation|Ouvrage qui ne s'exécutera que par une société de gens de lettres & d'artistes, épars, occupés chacun de sa partie, & liés seulement par l'intérêt général du genre humain, & par un sentiment de bienveillance réciproque<ref name=WS/>}}. De fait, plus de 160 [[Collaborateurs de l'Encyclopédie|encyclopédistes]] ont contribué à ce projet. Rompant avec les encyclopédies antiques et médiévales, qui étaient l'œuvre d'un seul homme, l’''Encyclopédie'' marque l'entrée dans l'ère des travaux collectifs.
Rédigée à un [[siècle des Lumières|moment charnière]] dans l'histoire des idées en Occident, cette encyclopédie prend naturellement parti dans les combats politiques, religieux et scientifiques de son temps. En particulier, dans les articles sur l'[[astronomie]], d'Alembert fournit des preuves de l'[[héliocentrisme]], [[représentation du monde]] encore mal acceptée à cette époque ; il critique sévèrement l'[[Inquisition]] dans le [[Discours préliminaire de l'Encyclopédie|Discours préliminaire]] en raison de la condamnation de [[Galilée (savant)|Galilée]] en [[1633]] et milite pour la séparation de l'Église et de la science<ref>Colette Le Lay, ''Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert'', 1997, [http://astro-history.hautetfort.com/list/downloads_-_memoires_et_theses_en_telechargement/dea-colette.pdf lire en ligne, {{p.|19}} à 22].</ref>. L’''Encyclopédie'' fournit un savoir et une [[esprit critique|critique]] du savoir, du langage et des [[préjugé]]s véhiculés par les habitudes, les interdits, les [[dogme]]s et les autorités. Elle témoigne de la [[Libre-pensée|liberté de penser]], du goût d'inventer et de la nécessité de douter<ref>Marie Leca-Tsiomis, ''Célébrations Nationales 2001'', Ministère de la Culture 2001. {{lire en ligne|lien=http://www.univ-paris-diderot.fr/diderot/presentation/encyclo.html}}.</ref>. Ces prises de position audacieuses lui occasionneront d'innombrables ennuis et une réputation sulfureuse. Encore en 1800, dans une adresse au roi d'Angleterre, l'éditeur de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' rappelle que l'ouvrage français {{Citation|a été accusé à juste titre de propager l'anarchie et l'athéisme}}, et présente sa propre encyclopédie comme un contrepoison<ref group="n">{{en}}{{Citation|''The French Encyclopedic had been accused, and justly accused, of having disseminated far and wide the seeds of anarchy and atheism. If the Encyclopædia Britannica shall in any degree counteract the tendency of that pestiferous work, even these two volumes will not be wholly unworthy of your Majesty's attention''.}} ({{lire en ligne|lien=http://www.1911encyclopedia.org/Encyclopaedia|titre=Article Encyclopædia|année=1911}}).</ref>.
==== Après l'Encyclopédie ====
[[Fichier:EB1 titlepage.gif|
Entre [[1768]] et [[1771]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' paraît à [[Édimbourg]] en 100 fascicules hebdomadaires sous le titre ''Encyclopædia Britannica, or a Dictionary of Arts and Sciences compiled upon a new plan'' (''Encyclopædia Britannica, ou Un Dictionnaire des Arts et des Sciences compilé selon un nouveau plan''). Une deuxième édition paraît dès 1778. Cet ouvrage aura une carrière ininterrompue durant les deux siècles suivants.
Ligne 337 ⟶ 351 :
La ''[[Deutsche Encyclopädie]]'' est la première encyclopédie allemande à prendre l’''Encyclopédie'' de Diderot comme modèle. Publiée à Francfort à partir de [[1788]], cette encyclopédie ne sera pas terminée et la publication s'arrêtera avec le volume 23 (lettre K) en [[1804]].
===
Époque contemporaine ({{s2-|XIX
À partir de [[1800]] et durant tout le siècle suivant,
==== Encyclopédies générales ====
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[[Allemagne]]
[[Fichier:Brockhaus Lexikon.jpg|
* La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'' publie sa {{1re|édition}} en 1808 et connaîtra un énorme succès. Devenue l'encyclopédie de référence en langue allemande, elle sera régulièrement rééditée jusqu'à sa dernière édition en 2005 (30 vol.).
* ''Der grosse Conversation-Lexikon für die gebildeten Stände'' (« Le grand dictionnaire de conversation pour les gens éduqués ») publié par Josef Meyer (46 vol. in-8°, 1840-55) deviendra le ''[[Meyers Konversations-Lexikon]]'' ; très populaire, cette encyclopédie de bon niveau scientifique et technique connaîtra une septième édition (12 vol., 1924-30), mais la maison sera liquidée en 1945 pour collusion avec le nazisme{{sfn|Collison|p=186}}.
* Le très ambitieux projet ''Allgemeine Enzyklopädie der Wissenschaften und Künste'', de Ersch et Gruber, restera inachevé, avec 167 volumes parus entre [[1818]] et [[1879]].
* Herder publie à [[Fribourg-en-Brisgau]] le ''Konversations-Lexikon'' (5 vol., 1853-57), qui connaîtra plusieurs éditions.
[[Angleterre]]
[[Fichier:EB-mat-Joerbicher w.jpg|
* L{{'}}''[[Encyclopædia Britannica]]'' publie sa {{4e|édition}} en 1801 et consolide sa position comme ouvrage de référence majeur. Ce titre deviendra incontesté à partir de sa onzième édition (29 vol., [[1911]]), maintenant disponible en ligne<ref group="n">L'édition de 1911 de la ''Britannica'' est disponible sur Wikisource {{lire en ligne|lien=https://en.wikisource.org/wiki/1911_Encyclop%C3%A6dia_Britannica|texte=Britannica 1911}}.</ref>.
* ''The Edinburgh encyclopædia'' (18 vol., 1808-30) a été reconnue pour ses qualités scientifiques.
* L'''[[Encyclopædia Metropolitana]]'' (28 vol., 1817-45), qui incluait dans son comité de rédaction d'éminents savants, n'a cependant pas réussi à s’imposer, notamment parce que, sur le conseil de [[Samuel Taylor Coleridge|Coleridge]], elle avait renoncé au classement des articles en ordre alphabétique
* La ''
[[Chambers's Encyclopædia
]]'' (10 vol., 1860-68),
publiée à [[Édimbourg]] par les frères William et Robert Chambers (sans rapport avec [[Ephraïm Chambers]]
), a été régulièrement rééditée durant plus d'un siècle.
* D’autres ouvrages visent moins à servir de référence pour la recherche qu’à élever le niveau d’éducation du public, telles la ''London encyclopædia'' (22 vol. in-8°, 1829) ou la ''[[Penny Cyclopædia|Penny cyclopaedia of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge]]'' (27 vol. in-8°, 1833-43).
[[Brésil]]
*
''[[Grande Enciclopédia Portuguesa e Brasileira]]'' (40 vol., [[1936]]-[[1960]]).
[[Chine]]
* Wei Song publie en [[1834]] le ''Yishi jishi'', compilation encyclopédique assez concise divisée en 22 chapitres et couvrant quelque {{nombre|2000|sujets}} ; cet ouvrage sera réimprimé en 1888 et en 1891<ref group="n">{{lire en ligne|lien=http://www.chinaknowledge.de/Literature/Science/yishijishi.html
* La ''Zhongguo da baike quanshu'' (''Grande encyclopédie chinoise'') (74 vol., [[1980]]-[[1993]]) est la première grande encyclopédie chinoise moderne. Elle compte plus de {{nombre|80000|entrées}}, réparties de façon thématique en 66 sections.
[[Espagne]]
* ''Diccionario enciclopedico hispano-americano de literatura, ciencias y artes'' (25 vol., 1887-1899).
* L{{'}}''[[
[[Égypte]]
*
Mohammed Farid Wajdi publie une nouvelle édition de la ''Da'irat al-Maarif-al-Qarn al-Rabi 'ashar-al-'ishrin''
[[États-Unis]]
* [[Noah Webster]] publie le ''American dictionary of the English language'' (2 vol., 1828), un dictionnaire encyclopédique qui sera régulièrement augmenté par divers éditeurs et deviendra le ''Webster's New International Dictionary of the English language'' (1909).
* L'importante ''[[Encyclopedia Americana]]'' (13 vol., 1829-33), dont la première édition était basée sur la {{7e
|édition}}
* [[Charles Anderson Dana]] dirige avec George Ripley ''The new American cyclopædia'' (16 vol., 1853-63), dont le comité de rédaction comptait plus de 300 personnalités.
[[
* La première encyclopédie en [[finnois]] est la ''[[Tietosanakirja]]'' (11 vol., [[1909]]-[[1922]]).
[[France]]
[[Fichier:Duckett Dictionnaire Vol 9, 1841.png|vignette|Page du ''Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes'', Volume 9.]]
[[Fichier:Logotype de Larousse par E. Grasset.jpg|vignette|[[Logotype]] de la Semeuse soufflant sur une fleur de pissenlit, dessiné par [[Eugène Grasset]] en 1890 pour les [[Éditions Larousse|dictionnaires Larousse]].]]
[[Fichier:Larousse lettre A.jpg|vignette|''Grand Dictionnaire universel du {{s-|XIX}}'' de [[Pierre Larousse]]. Cette illustration en tête de la lettre A sollicite le lecteur à la façon d'un [[acrostiche]] visuel.]]
[[Fichier:Larousse secXIX.jpg|vignette|''Le Nouveau Larousse illustré'', Paris, Larousse, 1897-1904, 7 vol.]]
[[Fichier:Exemplaires de que sais-je.jpg|vignette|Une petite portion des {{nombre|3000|volumes}} de l'encyclopédie « Que sais-je ? ».]]
[[Fichier:Découvertes Gallimard (les dos) XVI.jpg|vignette|« Découvertes Gallimard », une collection encyclopédique avec une « décoration visuelle » spécifique.]]
* En 1823, l'avocat [[Eustache-Marie Courtin]] lance la publication de l’''[[Encyclopédie moderne]]'', en 24 volumes in-octavo (1823-32). Une {{2e|édition}} a lieu simultanément à Bruxelles, augmentée d'articles biographiques, dont l'édition parisienne était totalement dépourvue. L'ouvrage est réédité avec un supplément en 1841-42. [[Léon Renier]] dirige une nouvelle édition de cette encyclopédie entre 1861 et 1865<ref>''[[s:Encyclopédie moderne/Nouvelle éd., 1847|Encyclopédie moderne, nouvelle édition]]'', Paris, 1847-1861</ref>.
* En 1832, l'éditeur [[Ambroise Firmin Didot]] lance un ''[[s:Dictionnaire de la conversation et de la lecture|Dictionnaire de la conversation et de la lecture: répertoire des connaissances usuelles]]'', dont le titre, le format et l'ordonnancement des matières sont empruntés au ''[[Brockhaus Enzyklopädie|Conversations-Lexikon]]'' publié par l'éditeur [[Friedrich Arnold Brockhaus|Brockhaus]] et très populaire en Allemagne. Rédigé sous la direction de [[William Duckett (journaliste)|William Duckett]], cet ouvrage compte 52 volumes in-octavo (Paris, Belin-Mandar, 1832-1839)<ref group="n">[https://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&q=Dictionnaire+de+la+conversation+et+de+la+lecture Texte en ligne sur Gallica].</ref>. L'auteur ne fait pas mystère de ses sources : dans la liste des collaborateurs, on trouve notamment les noms de Diderot, Jaucourt et Montesquieu. Cet ouvrage sera ensuite augmenté de 16 volumes (1853-1860), auxquels s'ajoutera un supplément de 5 volumes consacré aux événements récents (1864-1882). Une édition abrégée du ''Dictionnaire'' est également rédigée {{Citation|à l'usage des dames et des jeunes personnes}}, en 10 volumes (1841)<ref group="n">''Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes, ou Complément nécessaire de toute bonne éducation'', disponible sur [https://books.google.ca/books?id=CdM_AAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_book_other_versions Google Livres].</ref>.
* [[Nicolas Roret]] lance en 1821 une collection de manuels techniques très complets, connue comme l'''[[Nicolas Roret|Encyclopédie Roret]]''. La publication se poursuivra jusqu'en 1939 avec plus de 300 titres, mais certains ne sont que des reprises de titres publiés ailleurs{{sfn|Blasselle|p=67}}.
* [[Pierre Leroux]] et [[Jean Reynaud]] publient une ''[[Encyclopédie nouvelle]]'' ([[1833]]-[[1847]]) qui véhicule une idéologie progressiste et [[Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon|saint-simonienne]]{{sfn|Rey Miroirs|p=209}}, mais qui restera inachevée.
* [[Pierre Larousse]] lance en 1863, sous forme de fascicules, le ''Grand Dictionnaire géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique du {{s-|XIX}}'', qui se transformera en ''[[Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle|Grand dictionnaire universel du {{s-|XIX}}]]'' (1866-1877). Cet ouvrage, qui compte 17 volumes et plus de {{nombre|20000|pages}}, mobilise 89 collaborateurs — mais les articles ne sont pas signés — et {{Citation|demeure une incontournable référence sur son époque}}{{sfn|Blasselle|p=67}}. Il aura un énorme impact social. Ses positions anticléricales avouées lui vaudront d'être mis à l'[[Index librorum prohibitorum|Index]] par l'[[Église (institution)|Église]]. Le ''Grand Dictionnaire'' de [[Pierre Larousse]], révisé par [[Claude Augé]], est publié sous le titre ''[[Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique|Nouveau Larousse illustré]]'' (7 vol., 1897-1904 + un supplément en 1907). En [[1906]] paraît le ''[[Le Petit Larousse|Petit Larousse illustré]]'', dictionnaire encyclopédique en un volume comportant une section sur les [[Nom (grammaire)#Noms propres et noms communs|noms communs]], une autre sur les [[Nom propre|noms propres]] et une section centrale de [[pages roses]] consacrées aux [[Expression latine|locutions latines]] et étrangères. Ce dictionnaire fréquemment réédité se répandra dans tout le monde francophone et fera du terme « Larousse » un nom commun pour désigner un dictionnaire<ref name="Febvre Encyclo 18.24">{{Harvsp|id=Febvre Encyclo|Febvre|p=18.24}}.</ref>. Son [[Tirage (imprimerie)|tirage]] oscille entre {{formatnum:400000}} et {{nombre|600000|exemplaires par an}} et peut même atteindre le million dans les {{Citation|années fastes}}{{sfn|Bonicel|p=39-49}}. Le ''[[Larousse du XXe siècle|Larousse du {{s-|XX}}]]'' en 6 volumes, publié entre [[1928]] et [[1933]], est suivi par le ''[[Grand Larousse encyclopédique]]'' (10 vol., [[1960]]-[[1964]]), auquel fait bientôt suite la ''[[Grande Encyclopédie Larousse|Grande Encyclopédie]] Larousse en 21 volumes'' ([[1971]]-[[1976]]). En 1982 paraitra le GDEL (Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse) en 10 volumes (variantes en 15 volumes aussi) puis son équivalent réactualisé en 1986 sous un nouveau nom à savoir, le GLU (''[[Grand Larousse universel]]'') avec un découpage exclusivement fait en 15 volumes. Ce GLU demeure à ce jour la dernière édition d'un ouvrage de cet envergure par les éditions Larousse (la publication papier s'arrêta vers 1997 environ).
* [[Ferdinand-Camille Dreyfus]] et [[Marcellin Berthelot]] visent un public de chercheurs et d'érudits avec ''[[La Grande Encyclopédie]]'' (31 vol., [[1886]]-[[1902]]). Les articles sont signés par des experts et accompagnés de bibliographies fouillées, avec une attention particulière aux sujets scientifiques et techniques{{sfn|Collison|p=194}}. Cet ouvrage sera qualifié de {{Citation|mise au point didactique générale de haute tenue, comparable à la ''Britannica'' du temps}}{{sfn|Rey Miroirs|p=219}}.
* [[Alfred Mézières]] publie une ''Encyclopédie universelle du {{s-|XX}}'' (12 vol., 1908-10), qui met l'accent sur des sujets d'actualité et des personnalités{{sfn|Collison|p=202}}.
* [[Paul Guérin (religieux)|Paul Guérin]] publie le ''Dictionnaire des dictionnaires. Lettres, sciences, arts, encyclopédie universelle'' (1884-1890) en 6 volumes, qui est particulièrement soigné au plan [[Lexicographie|lexicographique]].
* Le ''[[Dictionnaire encyclopédique Quillet]]'' (1934)
* L’''[[Encyclopédie française]]'' de [[Lucien Febvre]] et [[Anatole de Monzie]] (20 vol., [[1935]]-[[1966]]) adopte un ordre thématique plutôt qu'alphabétique et se donne pour mission de {{Citation|rendre sensible à tous la liaison réciproque de toutes les disciplines<ref name="Febvre Encyclo 18.24"/>}}
; afin de pouvoir accueillir de nouveaux développements, cette encyclopédie est livrée en feuillets reliés à l'intérieur d'un classeur.
* La maison [[
Éditions Gallimard|Gallimard]] crée l’''[[Encyclopédie de la Pléiade]]'', prestigieuse collection dirigée par [[Raymond Queneau]], où seront publiés 49 volumes organisés selon de grandes classes thématiques et présentant de solides exposés. Tout comme l’''[[Encyclopédie française]]'', cette entreprise refuse d'{{Citation|entasser des faits}} et veut plutôt offrir {{Citation|une synthèse véritable}}
* Optant pour de courtes [[
* ''[[
Quid (ouvrage)|Quid]]'', dont la première édition paraît en [[1963]], est un ouvrage encyclopédique condensé du genre [[annuaire]], offrant un maximum d'informations en un seul volume, s'attachant surtout à des données chiffrées et de caractère pratique
(dernière édition imprimée en 2007).
* En réponse à la place prépondérante qu'occupe la maison Larousse, le [[Club français du livre]] s'allie avec l'éditeur américain de la ''Britannica'' pour publier l’''[[Encyclopædia Universalis]]'', en 20 volumes (1968-1975). Les articles sont signés par des experts. Cet ouvrage acquiert vite une position majeure dans le domaine francophone
.
* L'[[Encyclopédie Bordas]] en 23 volumes est éditée par les [[éditions Bordas]] (encyclopédie très majoritairement rédigée par [[Roger Caratini]] à partir de 1968 ; achevée en 1975). La seule encyclopédie thématique de cette époque (non alphabétique) qui était en vente ; elle résultait d'un travail journalier effectué par Roger Caratini durant quinze heures par jour pendant sept ans avec l'aide de sa femme et d'un secrétaire. Selon le journal ''[[Le Monde]]'', les éditions Bordas en vendront plus de 3 millions d'exemplaires. En 1988, Roger Caratini gagna un procès contre les éditions Bordas pour avoir, dans les années 1980, changé en totalité le contenu de "son" encyclopédie en n'en modifiant que légèrement son titre.
* Un consortium d'éditeurs franco-belgo-suisse publie l’''[[Encyclopédie Alpha]]'' sous forme de fascicules qui peuvent être reliés en volumes (15 volumes sont publiés dans les années 1970).
* « [[Découvertes Gallimard]] », dont la première édition paraît en [[1986]], est une collection encyclopédique illustrée au format poche, avec une « décoration visuelle » spécifique. Sans plan systématique, elle rassemble plusieurs centaines de monographies dues à des spécialistes reconnus dans leur discipline, qui sont associés étroitement à la mise en scène graphique de leur texte.
* L'[[Université de tous les savoirs]], 6 volumes, Éditions Odile Jacob, Paris, 2000-2001.
[[Grèce]]
*
''Enkuklopaideia de Politis'' (6 vol., 1890-1902).
[[Iran]]
*
''[[Encyclopédie persane]]'', basée en partie sur l'américaine ''Columbia Viking Desk Encyclopedia'' (2 vol., [[1955]]-[[1996]]).
[[Israël]]
*
''[[Encyclopédie hébraïque]]'' (32 vol., [[1944]]-[[1980]]).
[[Italie]]
* Antonio Bazzarini publie le ''Diccionario emciclopedico delle scienze, lettre ed arti'' (16 vol., Venise, 1824-1837).
* L{{'}}''[[Encyclopédie Treccani|Enciclopedia
* L{{'}}''Enciclopedia del Novecento'' (7 vol., [[1975]]-[[1984]]) est reconnue pour ses articles thématiques très fouillés, signés par des sommités internationales.
[[Japon]]
* Le philosophe [[Nishi Amane]] ([[1829]]–[[1897]]) compile la première encyclopédie japonaise moderne, la ''Hyakugaku renwa'', qui fait une large place à l'histoire et à la philosophie, et dont l'esprit s'inspire des théories d'[[Auguste Comte]] et [[John Stuart Mill]].
* L'éditeur [[Sanseido]] publie la ''Nihon Hyakka Daijiten'' (''Grande encyclopédie japonaise'') en 10 volumes ([[1908]]-[[1919]]).
* La maison Heibonsha publie le ''Dai-Hyakka Jiten'' (''Grande encyclopédie'') (28 vol., [[1931]]-[[1934]]), qui deviendra la ''Sekai Dai-Hyakka Jiten'' ou ''Grande encyclopédie mondiale'' (32 vol., [[1955]]-[[1959]].
[[Liban]]
*
[[Boutros al-Boustani]] publie la première encyclopédie moderne en arabe, ''Al-Muhit al Muhit'' (« l'océan des océans »), qui paraît d'abord à [[Beyrouth]] (1876-87) puis au [[Caire]] (1898-1900), et qui sera rééditée en 1956 à Beyrouth
[[Pays-Bas]]
*
La ''Geïllustreerde encyclopaedie'' (16 vol., Amsterdam
* La ''Eerste Nederlandse Systematisch Ingerichte Encyclopaedie'' (''Première encyclopédie néerlandaise organisée systématiquement'') (10 vol., Amsterdam: 1946-1952)
* ''De Katholieke Encyclopaedie'' (25 vol., Amsterdam: 1933-1939 et 1949-1955).
* ''Grote Nederlandse Larousse Encyclopedie'' (25 vol., ’s-Gravenhage: 1972-1979).
[[Pologne]]
*
La maison Orgelbrand fait paraître la ''Encyklopedja powszechna'' (28 vol., 1858-1868), qui sera rééditée en 18 volumes en 1898-1912.
[[Russie]]
Ligne 434 ⟶ 458 :
* La ''Nastol'nyo slovar' dlya spravok po vem otraslyam znaniya'' (3 vol., 1863-66), également publiée à [[Saint-Pétersbourg]], soigne particulièrement les biographies.
* Un consortium d'éditeurs germano-russe publie l'imposante ''[[Encyclopédie Brockhaus et Efron|Brockhaus et Efron]]'' (86 vol., 1890-1906).
* L'initialement modeste ''Entsiklopedicheskii slovar'' (8 vol., 1895) se révèle tellement populaire qu'elle sera considérablement développée au cours de ses rééditions successives (59 vol., 1910-1948)
* La ''Bol'shaia sovetskaia entsiklopedia'' (''[[Grande Encyclopédie soviétique]]'') (65 vol., [[1926]]-[[1947]]), décrite comme {{Citation|ouvertement marxiste-léniniste et fondamentalement nationaliste
[[Turquie]]
*
La grande bibliographie encyclopédique ''Kashf al-zunun'', rédigée par [[Katip Çelebi|Hadjdji Khalifa]] (mort en 1657) est éditée et imprimée dans le texte arabe original (1835-1858).
==== Encyclopédies nationales ====
Certaines encyclopédies portent sur les réalités propres à
* un pays : ''Australian Encyclopedia'' (2 vol., [[1925]]) ; ''Encyclopédie belge'' ([[1934]]) ; ''Encyclopædia Iranica'' (1985-) ; ''[[
L'Encyclopédie canadienne#Historique#Réalisations antérieures|Canada. An encyclopaedia of the country]]'' (5 vol., [[1898]]-[[1899]]) et ''[[
L'Encyclopédie canadienne
* un [[empire colonial]] : ''Encyclopaedie van Nederlandsch-Indië'' (4 vol., [[1917]]-[[1940]]) ; ''Grande encyclopédie de la Belgique et du Congo'' ([[1938]]) ; ''Encyclopédie coloniale et maritime'' (1941-) ;
* une entité culturelle disséminée dans plusieurs pays : ''[[Jewish Encyclopedia]]'' (12 vol., New York, [[1901]]-[[1906]]) ; ''The universal Jewish encyclopedia'' (11 vol., New York, [[1939]]-[[1944]]) ; ''[[Encyclopaedia Judaica]]'' (26 vol., Jérusalem, [[1971]]-[[1994]]) ; ''[[Encyclopédie berbère]]'' (24 vol., 1984-).
==== Encyclopédies spécialisées ====
[[Fichier:Pauly & HAW comparison.jpg|
Alors que les éditeurs d'encyclopédies générales se trouvent confrontés au double défi du numérique et de l'apparition d'encyclopédies en accès libre (voir ci-dessous), les encyclopédies spécialisées constituent un secteur toujours très dynamique. Celles-ci se multiplient dans tous les domaines :
* ''Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaften'' (''[[Encyclopédie des sciences philosophiques]]''), publiée en 1817 à [[Heidelberg]] par le philosophe allemand [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] ;
* ''[[Encyclopédie Catholique]]'' (18 vol., 1839) ;
* ''Encyclopédie théologique'' (171 vol., 1844-1866), par l'abbé [[Migne]], considérée comme {{Citation|un des grands monuments du siècle
* ''Encyclopédie du jeune âge'' (1853), par [[Pierre Larousse]], qui préfigure les nombreuses encyclopédies destinées à la jeunesse ;
* ''Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels'' (8 vol., 1881-1891), sous la direction de O.E. Lami ;
* ''[[Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft]]'', encyclopédie allemande consacrée à l'Antiquité classique et dont la {{3e
|édition}}
* ''[[Encyclopédie anarchiste]]'' (4 vol., 1925-1934) ; ''[[Géographie universelle]]'' (10 vol., 1990-1996) ; ''[[Encyclopédie Cousteau]]'' (20 vol., 1976) ; ''[[Encyclopédie des ouvertures d'échecs]]'', ''[[Encyclopédie des planètes extrasolaires]]'', etc.
=== Ère numérique ===
L’ordinateur se révèle très vite extrêmement utile pour le travail sur les textes. Dès 1946, [[Roberto Busa]] en perçoit l’intérêt pour l’établissement d’un index des œuvres de [[
Thomas d'Aquin|Thomas d’Aquin]]<ref group="n">Article de l' {{lire en ligne|lien=http://www.osservatoreromano.va/portal/dt?JSPTabContainer.setSelected=JSPTabContainer%2FDetail&last=false%3D&path=%2Fnews%2Fcultura%2F2011%2F184q11-Lettore-fermati----morto-padre-Busa.html&title=Lettore+fermati!+%C3%83%C2%88+morto+padre+Busa&locale=en|texte=''Osservatore Romano''|langue=en}}.</ref>, frayant ainsi la voie aux [[humanités numériques]]. Grâce à ses possibilités de calcul, l'ordinateur est en effet un outil incomparable pour le projet encyclopédique: il permet de trouver en une fraction de seconde toutes les occurrences d'un mot parmi des millions d'autres ; l'efficacité de l'accès alphabétique est maximisée par le jeu des [[hyperlien]]s, qui permettent au lecteur de sauter rapidement d'un élément à un autre, ce qui facilite beaucoup l'accès aux données ; les capacités [[multimédia]] inhérentes au numérique permettent d'ajouter à tout article des documents sonores, des images, des vidéos et des animations, ce qui augmente l'attrait de ces ouvrages et facilite la compréhension de données complexes. Enfin, la facilité des opérations de mise à jour est un atout considérable par rapport à la version imprimée.
Les encyclopédies se sont multipliées pour suivre le rythme d'accroissement des connaissances. La [[révolution numérique]] a facilité la mise à jour, la consultation et la dissémination des encyclopédies mais, s'est révélée fatale pour la plupart des encyclopédies classiques (imprimées), alors que [[Wikipédia]] devenait la plus grande encyclopédie en ligne.
==== Encyclopédies sur CD-ROM et DVD ====
Le [[CD-ROM]] est commercialisé à partir de [[1984]]. Très vite, les encyclopédies commencent à adopter ce support. Le succès sera tel que, dès 1993, les ventes d'encyclopédies sur CD-ROM dépassent celles des encyclopédies sur papier<ref>{{en}} [http://www.nngroup.com/articles/hypertext-history/ Histoire de l'hypertexte].</ref>. Principales encyclopédies sur ce support :
* l’''Academic American Encyclopedia'' publiée par [[Grolier (maison d'édition)|Grolier]] en [[1985]] est la première encyclopédie sur CD-ROM, mais elle ne comprend pas de multimédia ;
* la ''[[Encyclopédie Compton|Compton's Encyclopedia]]'' ([[1989]]) est la première encyclopédie multimédia sur ce support; il s'agit en fait d'une version allégée de la prestigieuse ''Britannica''<ref group="n">Selon un article de Shane Greenstein et Michelle Devereux, l'éditeur de la ''Britannica'' a choisi de publier son CD-ROM sous le nom de marque Compton, qui lui appartenait, car cela lui permettait de vendre à moindre prix sans nuire au prestige de sa marque : {{en}} {{Citation|''To avoid taking risks with ''Encyclopædia Britannica'', the management chose to issue the CD-ROM under the Compton name. This brand was owned by the Britannica organization, but was less expensive and less prestigious''.}}, Kellog School of management, [http://de.slideshare.net/renerojas/case-study-encyclopedia-britannica ''The crisis at Encyclopædia Britannica''].</ref>
* en [[1993]], [[Microsoft]] entre dans la course en livrant une version de son encyclopédie ''[[Encarta]]'' avec le système d'exploitation [[
Microsoft Windows|Windows]]. Cette encyclopédie multilingue est basée sur la populaire ''Funk & Wagnalls'', ''Collier's'' et ''New Merit Scholar''; elle cesse d'être publiée en [[2009]] ;
* en [[1994]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' est vendue sur CD-ROM, mais la consultation exige l'installation de [[Netscape Navigator|Netscape]] sous [[Windows 95]], ce qui rend ce produit obsolète sur les machines ultérieures ;
* à partir de [[1995]], l’''[[Encyclopædia Universalis]]'' sur CD-ROM est fournie en complément de l'édition imprimée ; le découplage des deux versions se fait à partir de 2004 ; une nouvelle version paraît chaque année jusqu'en [[2012]] (version 17
sur CD-ROM) et jusqu'en 2016 en DVD (version 21) ;
* l'''[[Encyclopédie Hachette Multimédia]]'' tentera également
==== Encyclopédies en ligne ====
{{Article détaillé|Encyclopédie en ligne}}
[[Image:200605101543 SeaMonkey1.0.1-pl.png|vignette|redresse=1.3|À l'aube du {{S-|XXI}}, le projet [[Wikipédia]] (ici [[Wikipédia en polonais]] en 2006) domine rapidement le marché des encyclopédies en ligne.]]
Le [[World Wide Web|Web]], qui commence à se répandre en [[1993]], se révèle un support bien supérieur au CD-ROM grâce à son ubiquité d'accès : cette caractéristique est d'autant plus valorisée que va se répandre le [[smartphone|téléphone mobile intelligent]] à la fin des [[années 2000]] qui sera suivi, dès 2010, par la [[tablette tactile]]. Si l'on ajoute à l'instantanéité de l'accès l'extrême facilité des opérations de mise à jour et de copier-coller que permet le Web, on comprend l'intérêt de ce support pour un éditeur d'encyclopédie et son attrait pour les usagers.
L'''Academic American Encyclopedia'', qui était accessible par Internet depuis [[1983]] via [[CompuServe]], rejoint la plateforme Web en [[1995]] en même temps que la ''Britannica''. Ces deux encyclopédies sont disponibles moyennant un abonnement annuel. Au Japon, l'éditeur Heibonsha rend accessible via Internet sa grande encyclopédie sous le titre ''Netto de Hyakka'' dès 1999. En France, l'éditeur de l{{'}}''[[Encyclopædia Universalis]]'' commence à explorer ce nouveau support dès 1999, pour les abonnés institutionnels.
En janvier 2001, [[Jimmy Wales]] et [[Larry Sanger]] lancent [[Wikipédia]]. Mettant en pratique les idées du théoricien du [[logiciel libre]] [[Richard Stallman]], cette encyclopédie se définit comme libre d'accès, multilingue, universelle et librement réutilisable. Elle est fondée sur la technologie du [[wiki]] inventée en [[1995]], qui permet de créer de nouvelles « pages » très facilement et de conserver en archives tous les états d'un texte. La réussite de Wikipédia est due à la fois à son fonctionnement collaboratif déterritorialisé, ainsi qu'à quelques principes fondamentaux : la neutralité de point de vue exige que le rédacteur se situe dans le domaine du savoir et non de la croyance ; les articles sont rédigés de façon collaborative et peuvent être modifiés en tout temps ; les interactions entre les collaborateurs sont régies par des règles de savoir-vivre et de convivialité ; le contenu en est librement réutilisable, selon le principe de la [[licence libre]] ; le projet étant par définition encyclopédique, il exclut toute information non référencée par des sources crédibles et vérifiables. Un autre atout important est la barre multilingue, qui permet à un usager de passer instantanément, pour un même article, à son traitement dans une aire linguistique et culturelle différente. Wikipédia compte {{NUMBEROF|ARTICLES|en|N}} articles dans sa version anglaise et {{NUMBEROFARTICLES}} articles en français, offrant ainsi une couverture encyclopédique bien plus vaste que n'importe quel autre projet, ce qui attire en moyenne plus de 20 millions de visiteurs par jour sur la seule version française<ref>[https://tools.wmflabs.org/siteviews/?platform=all-access&source=pageviews&agent=user&range=latest-10&sites=fr.wikipedia.org Statistiques de consultation].</ref>. {{Passage à actualiser|À titre de comparaison, ''[[Encarta]]'' avait {{nombre|62000|articles}} en 2008, tandis que ''[[Encyclopædia Universalis|Universalis]]'' en propose {{formatnum:34400}} en ligne. Quant à l'''[[Encyclopædia Britannica]]'', elle en offre {{formatnum:120000}} en ligne, accompagnés d'un riche appareil multimédia.}}
Comme Wikipédia se décline en {{#expr:{{formatnum:{{NUMBEROF|active|Wikipedia}}|R}}-1}} langues et dialectes, elle permet à des communautés, même réduites, d'inventorier les ressources de leur culture et de les faire connaître, aidant à sauvegarder et à développer la [[mémoire culturelle]] qui leur est propre, qu'il s'agisse du [[haoussa]], du [[Kikuyu (langue)|kikuyu]], du [[lingala]] ou du [[papiamento]].
En [[Chine]], où Wikipédia a d'abord été bannie de façon sélective<ref name=Chinabloc>{{en}} Digital Trends, 4 juin 2013, [http://www.digitaltrends.com/web/china-censors-wikipedia-ahead-of-tiananmen-square-anniversary/ China censors Wikipedia ahead of Tiananmen Square anniversary].</ref> avant d'être totalement bloquée en 2019<ref>{{Lien web|titre=Why China Blocked Wikipedia in All Languages|auteur=Stephen Harrison |langue=en|périodique=Slate|date=21-05-2019|lire en ligne=https://slate.com/technology/2019/05/wikipedia-china-block-censorship-tiananmen-square.html}}.</ref>, deux grandes encyclopédies construites sur le même modèle, [[Hudong]] ([[2005]]) et [[Baidu Baike]] ([[2006]]), ont dépassé les cinq millions d'articles. Dans le monde arabe, ''[[Marefa]]'' ([[2007]]) offre un accès gratuit à des ressources encyclopédiques en ligne ainsi qu'à une vaste collection de livres et de manuscrits.
Les encyclopédies imprimées classiques ont beaucoup de mal à soutenir la concurrence du numérique. En 2007, ''[[Quid (ouvrage)|Quid]]'' publie sa dernière édition. La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'', encyclopédie allemande de référence, abandonne l'édition papier en 2009. La ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'', dont la dernière édition imprimée date de 2010, annonce le {{date|15 mars 2012}} qu'elle ne publiera plus de version sur papier<ref>{{lire en ligne|lien=https://www.huffingtonpost.fr/2012/03/14/britannica-encyclopedie-fin-edition-papier-internet_n_1344001.html|texte=Huffington Post}}.</ref>. L'abonnement à sa version en ligne, qui compte {{formatnum:120000}} articles, coûte {{unité|70|$}} par an<ref>{{en}} Tom Simonite, « [http://www.technologyreview.com/featuredstory/520446/the-decline-of-wikipedia/ The Decline of Wikipedia] », ''MIT Technology Review'', 22 octobre 2013</ref>. L'''[[Encyclopædia Universalis]]'', qui avait publié une {{6e|édition}} entièrement refondue en 30 volumes en 2008<ref>Yves Alix, ''Bulletin des bibliothèques de France'', 2009, {{numéro|3}} {{lire en ligne|lien=http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2009-03-0103-003}}. Consulté le 13 janvier 2013.</ref> et une {{7e}} en 2012, annonce fin 2012 qu'elle abandonne à son tour la version imprimée<ref>{{lire en ligne|lien=https://www.huffingtonpost.fr/2012/11/09/encyclopedie-universalis-papier-imprimerie-numerique_n_2098760.html|titre=L'encyclopédie Universalis ne sera plus imprimée |éditeur=Huffington Post|date=9 novembre 2012|consulté le=2 janvier 2013}}.</ref>. En revanche, avec son projet [[Print Wikipedia]], l'artiste américain Michael Mandiberg a imprimé 106 des 7 473 volumes de la Wikipédia en anglais telle qu'elle existait le 7 avril 2015. De même, en France, le [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] a lancé en 2020 une nouvelle encyclopédie, ''Sciences'', qui devrait avoisiner quelque 800 ouvrages imprimés couvrant un large panel de connaissances humaines<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=« Sciences », une encyclopédie contemporaine |url=https://lejournal.cnrs.fr/articles/sciences-une-encyclopedie-contemporaine |site=CNRS Le journal |consulté le=2022-11-27}}.</ref>.
De nombreuses bases de données et encyclopédies spécialisées font leur apparition et la [[liste d'encyclopédies sur Internet]] s'allonge constamment.
=== Développements connexes ===
[[Fichier:Hindu calendar 1871-72.jpg|vignette|[[Almanach]] hindou pour les années 1871-1872.]]
La volonté de totalisation du savoir, qui est à la base du projet encyclopédique, peut prendre d’autres formes, en fonction de l’objet à représenter et des objectifs poursuivis.
Les premières tentatives encyclopédiques apparaissent sous la forme d'une liste, tel le « [[Catalogue des vaisseaux]] » dans l'''Iliade'' ({{-s|IX}}), qui répertorie les forces en présence lors de la [[guerre de Troie]]. Une autre forme de liste, les [[annales]], enregistre les événements historiques de façon chronologique. Il se produit encore aujourd'hui de nombreux ouvrages de ce genre, tels ''Chronologie universelle d'histoire''<ref>Jacques Boudet, ''Chronologie universelle d'histoire'', Larousse, 1997.</ref>, ''Famous first facts''<ref>Joseph Nathan Kane, ''Famous first facts'', New York, The T.H. Wilson Company, 1981.</ref> ou le populaire ''[[Livre Guinness des records]]''.
L'[[almanach]] répertorie sous forme de calendrier des informations diverses relatives à la vie quotidienne : [[phases de la lune]], lever et coucher du soleil, alternance des saisons, etc. Il a longtemps été pour des couches importantes de la population le répertoire des connaissances de base et il s'en est même publié sous forme de [[
La représentation de type plan que fournit la [[carte géographique|carte]] est parfaitement adéquate pour représenter les positions respectives de divers objets dans un ensemble fini. Dès l’Antiquité, la carte géographique était essentielle aux commerçants et aux navigateurs ainsi qu’aux souverains désireux de baliser leur empire. La métaphore de la carte s’est maintenant étendue à la [[cartographie génétique]] qui détermine les positions relatives d’une séquence d’[[ADN]] sur un [[chromosome]].
La [[métaphore]] de l’arbre, qui a inspiré les premiers procédés de classement avec l'[[Arbre de Porphyre]]
L'avènement des [[base de données|bases de données]] a ouvert de nouvelles possibilités à la volonté de savoir. Certains considèrent le monde comme un {{Citation|énorme problème de données
}}<ref>{{en}} « ''Just the facts'' ». {{lire en ligne|lien=
== Caractéristiques ==
=== Organisation ===
==== Ordre thématique ====
Jusqu’au {{s|XVII
[[Fichier:ENC SYSTEME FIGURE.jpeg|
Dans le ''Consilium de Encyclopædia nova conscribenda methodo inventoria'' (1679), [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]], qui s’est intéressé aux règles combinatoires de [[Raymond Lulle]], renonce à la possibilité d’appliquer celles-ci à la rédaction d’une encyclopédie. Au lieu d’une organisation thématique rigoureuse qui enchaînerait l’ensemble des connaissances en affectant à chaque élément de contenu une place unique, Leibniz {{Citation|compare une encyclopédie à une Bibliothèque comme inventaire général de toutes les connaissances […] Il rappelle que l’encyclopédie devrait avoir beaucoup de renvois d’un lieu à un autre, étant donné que la plupart des choses peuvent être vues sous différentes perspectives […] Et ceux qui rangent une Bibliothèque ne savent pas bien souvent où placer quelques livres, étant suspendus entre deux ou trois endroits également convenables}}{{sfn|Eco|p=66}}.
La pensée de Leibniz était connue du philosophe et mathématicien d’Alembert qui a conçu avec Diderot l’organisation de l’''Encyclopédie''. Dans le ''Prospectus de l’Encyclopédie'', Diderot annonce vouloir {{Citation|former un arbre généalogique de toutes les sciences et de tous les arts, qui marquât l’origine de chaque branche de nos connaissances, les liaisons qu’elles ont entre elles et avec la tige commune, et qui nous servît à rappeler les différents articles à leurs chefs}}<ref name="Prospectus (Diderot) - Wikisource">[[s:Prospectus (Diderot)]] sur Wikisource</ref>. On considérait encore comme nécessaire de proposer une vue synthétique du savoir et il était certes utile que le maître d’œuvre d’un projet aussi colossal dispose de repères pour distribuer le travail de rédaction entre les divers collaborateurs en fonction de leur expertise respective. Toutefois, l’''Encyclopédie'' se contente de présenter un tel tableau (voir image ci-contre) sans l'adopter dans l'exposé des articles, qui suivent un ordre alphabétique. Par la suite, le projet ancien de hiérarchisation des connaissances est abandonné, sauf à des fins de [[Classification (science de l'information)|classification]]. Il n'est déjà plus présent dans la première édition de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' en 1771 :
:Quand la première édition de la ''Britannica'' omit d'inclure une carte des sciences, cela passa pour de la paresse ; mais dès le début du {{s-|XIX}}, elle produisit dans une édition subséquente une justification philosophique de cette omission, liquidant par le fait même un aspect non négligeable de la vision encyclopédique qui guidait la ''Cyclopaedia'' et l’''Encyclopédie''<ref group="n">{{Harvsp|Yeo|p=278}} : {{langue|en|''When the first edition of the ''Britannica'' failed to include a map of the sciences, it looked like laziness; but by the early nineteenth century its editions came with a philosophical justification for this absence, thereby jettisoning a significant part of the encyclopaedic vision that guided the ''Cyclopaedia'' and the ''Encyclopédie''.''}}.</ref>.
Même si l’ordre alphabétique est largement plébiscité par les lecteurs de l’''Encyclopédie'', des encyclopédies thématiques continueront à paraître au {{s-|XX}}, notamment l’''[[Encyclopédie de la Pléiade]]'' et l’''[[Encyclopédie française]]''.
==== Ordre alphabétique ====
L'ordre alphabétique, dont l'adoption commence à se répandre vers la fin du {{s|XVII
Soucieux de faciliter le travail du lecteur, Diderot précise
: {{Citation|on a traité des sciences et des arts de manière qu’on n’en suppose aucune connaissance préliminaire ; qu’on y expose ce qu’il importe de savoir sur chaque matière ; que les articles s’expliquent les uns par les autres.}} C’est cette même préoccupation qui lui fait adopter un ordre alphabétique. En outre, celui-ci donne aux éditeurs une flexibilité nouvelle, leur permettant d’ajouter de nouvelles rubriques en fonction des avancées scientifiques sans avoir à en vérifier la cohérence avec une organisation préalable de l’ensemble. L’idée que le classement alphabétique offre une plus grande facilité d’accès à un large groupe de lecteurs est essentiellement une idée propre au {{s-|XVIII
==== Critique de l'ordre alphabétique ====
Dans ''[[
Les Papiers posthumes du Pickwick Club|The Pickwick Papers]]'' ([[1866]]), [[Charles Dickens]] évoque une personne qui aurait tout appris sur la métaphysique chinoise à partir de l'''Encyclopædia Britannica''. Comme Mr Pickwick s'en étonne, son interlocuteur précise : {{Citation|Il a lu sur la métaphysique sous la lettre M, et sur la Chine sous la lettre C, puis il a combiné ces informations<ref group="n">{{en}} {{Citation|''He read for metaphysics under the letter M, and for China under the letter C, and combined his information, sir!''}} Cité par {{Harvsp|Yeo|p=27}}
.</ref>
!}}
L'adoption de l'[[ordre alphabétique]] est ainsi souvent dénigrée comme étant à la source d'un savoir hétéroclite, vain et superficiel. Nombreux sont les critiques qui répugnent à ce que le savoir soit débité en milliers d’articles classés en ordre alphabétique et qui s’inquiètent des effets que pourrait avoir cette fragmentation du savoir sur la formation des esprits. Comme le souligne un historien, {{Citation|le passage d'un système thématique à un système alphabétique peut refléter un changement dans la vision du monde, une perte de la foi dans la correspondance entre le monde et le mot. Cela correspond évidemment aussi à un changement dans le mode de lecture
}}<ref group="n">{{en}}{{Citation|''The change from the thematic system to the alphabetical system is no simple shift from less to more efficiency. It may reflect a change in world-views (above, 115), a loss of faith in the correspondence between the world and the word. It also corresponds to a change in modes of reading
Dès [[1771]], la préface de l'''Encyclopædia Britannica'' critique Diderot et d'Alembert pour avoir adopté un [[classement alphabétique]] et considère que c'était une « folie »<ref group="n">{{en}} {{Citation|''the folly of attempts to communicate science under the various technical terms arranged in an alphabetical order''}}, {{Harvsp|Burke|p=186}}
.</ref>. Mais cet ouvrage finira par l'adopter lui aussi dans une édition ultérieure, ce qui déclenchera une charge féroce de la part du poète et critique [[Samuel Taylor Coleridge]], qui faisait partie de l’équipe de rédaction de l’''[[Encyclopædia Metropolitana]]''. Celle-ci s'en tient à l'ancien ordre thématique, ce qui causera son échec commercial vers [[1840]], car ce type d'organisation était déjà alors considéré comme un anachronisme vu qu'il était impossible à un individu d'embrasser l'ensemble du savoir
La critique de l’ordre alphabétique n'est pas seulement motivée par des considérations d'ordre théorique, mais vient aussi du fait que, par sa facilité d’accès, ce genre d'organisation met le savoir à la portée des masses, court-circuitant de ce fait les institutions traditionnelles de transmission du savoir. Aux yeux de certains, les connaissances ainsi obtenues seraient en quelque sorte frappées d’illégitimité. [[
Gustave Flaubert|Flaubert]] s’est fait l’écho de ces critiques dans son ''[[Dictionnaire des idées reçues]]'', publié après sa mort, où l'on trouve ces entrées : {{Citation|DICTIONNAIRE : En dire : N'est fait que pour les ignorants.}} {{Citation|ENCYCLOPÉDIE : En rire de pitié, comme étant un ouvrage rococo, et même tonner contre.}} Cette critique sera explicitée sous forme romanesque dans [[Bouvard et Pécuchet]]<ref name="Reley"/> (voir ci-dessous « Encyclopédie et fiction »).
Peu après la publication de ces critiques, des voix contraires s'élèvent pour souligner les avantages du {{Citation|désordre alphabétique}} non plus comme simple commodité mais comme facteur d'enrichissement intellectuel et de découvertes inattendues :
==== Organisation mixte ====
[[Fichier:Portail Culture.png|vignette|redresse=1.3|Portail de la Culture dans [[Wikipédia en français]] en 2012 (détail).]]
Cherchant un moyen terme entre les approches alphabétique et thématique, l{{'}}''[[Encyclopædia Britannica]]'' adopte pour sa {{15e|édition}} ([[1974]]) un modèle hybride comportant trois ensembles : la ''Macropædia'' (17 volumes) qui développe en profondeur quelques centaines d’articles fondamentaux, la ''Micropædia'' (une encyclopédie ordinaire en 12 volumes contenant {{nombre|65000|articles}} classés en ordre alphabétique) et la ''Propædia'' (un vol.) qui organise et relie de façon thématique les contenus des deux autres.
L'arbitraire de l'ordre alphabétique est compensé dans l'''Encyclopédie'' de Diderot par quatre types de [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers#Les renvois|renvois internes]], qui peuvent être comparés à des [[hyperlien]]s avant la lettre, grâce auxquels {{Citation|chaque lecteur [...] peut, de connaissance en connaissance, de point en point, élaborer son propre chemin à travers l’infinité des parcours et des points de vue possibles{{sfn|Bianco|p=22}}.}} Dans l'article ''Encyclopédie'', Diderot présente une conception du savoir très éloignée du modèle rationnel et unifié de Bacon{{sfn|Bianco|p=19}}. Après avoir mentionné en début d'article que {{Citation|le mot encyclopédie signifie ''enchaînement de connaissances''}}, il expose une conception du savoir étonnamment moderne : {{Citation|L’univers soit réel soit intelligible a une infinité de points de vue sous lesquels il peut être représenté, et le nombre des systèmes possibles de la connaissance humaine est aussi grand que celui de ces points de vue<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/Volume_5#ENCYCLOP.C3.89DIE Article Encyclopédie dans Wikisource].</ref>.}} Une telle conception entraînera une réduction notable de la taille des articles au profit de leur multiplication ({{formatnum:71818}}), et de l'établissement de relations entre eux. Répondant manifestement aux attentes du public, ce découpage du savoir en petites unités prendra de la force au {{s-|XX}} avec les propositions de [[H. G. Wells|Wells]] et [[Otto Neurath|Neurath]] (voir-ci-dessous){{sfn|Collison|p=18-20}}. Elle débouchera sur les hypothèses prémonitoires de [[Vannevar Bush]], la mise au point de l'[[hypertexte]] et la création du ''[[World Wide Web]]'' par [[Tim Berners-Lee]].
Dans les encyclopédies en ligne, la question de l'ordre alphabétique est devenue non pertinente car le visiteur navigue le plus souvent à l'aide d'hyperliens qui lui permettent de suivre ses propres réseaux associatifs et de se construire un savoir répondant à ses intérêts et à ses capacités, selon les vœux de Diderot. Encore faut-il mettre en place divers moyens pour compenser la fragmentation inhérente à ce modèle et permettre à qui le souhaite de se donner une vue d'ensemble d'un domaine. La solution la plus simple est celle de l'encyclopédie ''[[Encyclopædia Universalis|Universalis]]'', qui offre des cascades de menus déroulants dans lesquels les sujets sont regroupés de façon thématique, ce qui permet, par exemple, de faire défiler la liste de tous les écrivains d'un pays donné. La ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' propose pour sa part un très sophistiqué « [[Interface graphique|curseur temporel]] » (en anglais : ''timeline'') qui permet d'explorer de grandes classes de sujets ([[architecture]], [[art]], [[écologie]], [[vie quotidienne]], [[littérature]], etc.) à travers le temps en faisant défiler le curseur. À chaque sujet correspondent des dates importantes auxquelles sont attachées des fiches synthétiques sur lesquelles il est possible de cliquer pour se rendre à l'article détaillé.
Dans [[Wikipédia]], chaque article est associé à une ou plusieurs catégories de sorte que le lecteur peut facilement trouver tous les articles de la même catégorie ainsi que ceux de la catégorie hiérarchiquement supérieure. Un certain nombre d'articles sont également associés à la modalité de regroupement plus lâche que sont les portails. Ceux-ci, qui sont au nombre de {{formatnum:1566}} dans [[Wikipédia en français]], sont des classes thématiques, regroupées à leur tour en onze grandes sections : Arts — Géographie – Histoire — Loisirs — Médecine — Politique — Religion — Sciences — Société — Sport — Technologies. Le lecteur intéressé peut ainsi explorer un domaine du savoir et en percevoir d'emblée toutes les ramifications.
=== Types de contenu ===
Le contenu des encyclopédies est soumis à l'esprit du temps et aux limites du savoir en vigueur dans les sociétés où elles apparaissent
Rédigées par les intellectuels de leur temps, les encyclopédies ont longtemps privilégié le savoir abstrait au détriment des métiers et des techniques. La situation change radicalement en 1751 avec l’''Encyclopédie'' de Diderot. De même, les encyclopédies ont longtemps banni les biographies de personnes vivantes. Celles-ci ne furent introduites qu'avec le ''
[[Universal Lexicon
]]'' publié en Allemagne à partir de 1731<ref name="CollXV
=== Rédaction et mise en forme ===
La rédaction d'un article encyclopédique exige de respecter un style adapté à un discours scientifique de vulgarisation. Dès 1666, la [[Royal Society]] de Londres avait reconnu l'importance d'un style neutre pour les textes destinés à sa revue ''[[Philosophical Transactions of the Royal Society|Philosophical Transactions]]'' et bannissait les figures de style afin d'éviter que des textes visant à susciter la réflexion soient envahis par l’émotivité de leur auteur, si facilement enclenchée par le jeu de la comparaison, de la métaphore, de l’ironie ou de l’hyperbole
Le principe d'un discours neutre ne s'est toutefois imposé que progressivement dans la rédaction d'une encyclopédie et n'était pas encore une règle pour les collaborateurs de l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' ni même pour [[Pierre Larousse]]<ref group="n">
[[Pierre Lepape
]] : {{Citation|Le style littéraire de Larousse est celui des romantiques : profus, grandiloquent, fervent, irrégulier}}, ''Le
Le discours encyclopédique se caractérise aujourd'hui par l'effacement de l'énonciateur au profit du référent ou de tournures impersonnelles, l'absence de modalités appréciatives et un style simple, sobre, clair, précis et compréhensible du grand public<ref group="n">Wikipédia donne des instructions très détaillées sur les [[Aide:Comment rédiger un bon article|caractéristiques d'un bon article]].</ref>. Dans les grandes maisons d'édition, ce travail d'homogénéisation stylistique est assuré par une équipe de réviseurs.
Les procédés typographiques se sont également raffinés au fil des siècles afin de permettre au lecteur de distinguer rapidement entre les types d'information donnés dans un article. Ainsi, la pratique de mettre en italique les titres de livre se développe à partir de 1701<ref
=== Signature ===
[[Fichier:Extrait article Britannica 1928.jpg|
Pour contribuer à l'''Encyclopédie'', Diderot a fait appel à des personnages célèbres de son époque, dont les plus connus sont [[Voltaire]], [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], [[Montesquieu]], etc. Ces auteurs se contentent toutefois le plus souvent de signer leurs articles par des initiales. Par la suite, la pratique de la signature varie. Les articles d'encyclopédies thématiques sont généralement signés. [[Charles Babbage]] signe ses contributions à la ''[[Encyclopædia Metropolitana|Metropolitana]]''. Dans son édition de 1926, la ''Britannica'' fait appel à des personnalités de réputation internationale, tels [[Albert Einstein]] pour l'article « ''Space-time'' », [[Sigmund Freud|Freud]] (« ''Psychoanalysis'' »), [[Marie Curie]], [[Léon Trotski]] (« ''Lenin'' ») ou [[Henri Pirenne]] (« ''Belgium'' »). De même, l{{'}}''[[Encyclopædia Universalis]]'' fait appel à des sommités, notamment [[Roland Barthes]] (« Texte »). L{{'}}''[[Encyclopédie Treccani|Enciclopedia italiana]]'' a elle aussi fait appel à des centaines d'experts dont les initiales données en début de volume permettent d'identifier l'auteur de chacun des articles.
La signature ajoute incontestablement au prestige d'un ouvrage et garantit que les informations proviennent de personnes considérées comme des experts dans le domaine. Comme le signale Collison au terme de son étude historique, une encyclopédie qui veut être respectée doit faire appel à des spécialistes pour ses articles et ceux-ci doivent être révisés par des spécialistes à temps complet ou partiel{{sfn|Collison|p=199}}. En [[1960]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' employait ainsi 170 chefs de section choisis pour leur expertise dans leurs domaines respectifs et chargés de superviser chacun environ {{nombre|250000|mots}} dans leur section{{sfn|Einbinder|p=264}}. Toutefois, la contribution de spécialistes a d'abord pour fonction d'associer à un ouvrage le capital culturel de personnalités célèbres —ce qui n'est pas nécessairement une garantie de qualité, car le spécialiste de haut niveau risque d'aborder un article de vulgarisation sans enthousiasme ou de s'en servir comme d'une plateforme pour régler des débats dans le domaine{{sfn|Loveland 2013|p=1302-1303}}.
Le fait que Wikipédia accepte des contributions de n'importe quel usager a suscité de nombreuses critiques<ref>Voir notamment {{Harvsp|Gourdain|}}. Pour un point de vue opposé : {{Harvsp|Giles|}}, {{Harvsp|Rosenzweig|}} et {{Harvsp|Vandendorpe}}.</ref>. En réponse à celles-ci, on a fait valoir qu'il est toujours possible de retracer dans l'historique d'un article les différentes strates de sa rédaction et d'identifier les points litigieux, ce qui permet aussi de prendre conscience du fait que le savoir n'est pas seulement d'ordre politique, mais aussi toujours provisoire{{sfn|O'Sullivan|p=125}}. Surtout, l'exigence de référencer les affirmations par des sources vérifiables, comme cela se fait dans les publications scientifiques, aide à éliminer les informations subjectives, fantaisistes ou erronées{{sfn|Vandendorpe}}. Malgré cela, devant le scandale provoqué par des articles biaisés ou défigurés par des actes de vandalisme adolescent —lesquels sont d'ailleurs parfois encouragés par des personnes ayant des liens avec des projets éditoriaux concurrents<ref>[http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2007/07/09/controverse-sauce-wikipedia Controverse à la sauce wikipédia], 9 juillet 2007.</ref>— divers projets concurrents ont choisi pour leur part de mettre en valeur soit des articles individuels signés par leur auteur, comme [[Knol]] (créé en 2008, fermé en 2012), soit un système de validation des articles par des experts, tel [[Citizendium]]<ref>[[Olivier Ertzscheid]], 14 décembre 2007, [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/12/googlepedia-sap.html Googlepedia s'appellera "Knol", ou comment monétiser l'autorité].</ref> : créé en 2006, ce dernier projet comptait 159 articles validés en 2015<ref>[http://en.citizendium.org/ Citizendium] consulté le 12 janvier 2015.</ref>.
=== Sources ===
[[Fichier:Extrait article Bayle 1697.png|
La fonction du genre encyclopédique n'étant pas de créer des connaissances nouvelles, son contenu s'appuie nécessairement sur des sources. Celles-ci étaient déjà mentionnées chez Pline l'Ancien qui, dans son ''Histoire naturelle'', mentionne 500 auteurs. Les références y sont toutefois imprécises, en raison du manque de repères standardisés dans la plupart des éditions de l'époque. Il en ira encore de même au Moyen Âge, où un auteur comme Vincent de Beauvais mentionne simplement l'auteur d'une information sans donner d'autre précision. La situation se modifie à mesure que l'on avance dans le temps. Pierre Bayle, dans son ''[[Dictionnaire historique et critique]]'' (1697) signale les notes par un astérisque qui renvoie à des références précisesdans la marge (auteur, titre, chapitre ou page)
<ref>Voir [https://books.
google.fr/books?id=-TsSbLqcLmcC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false Bayle 1697].</ref> Vers la même époque, l'identification des sources acquiert un statut typographique spécial avec [[Vincenzo Coronelli|Coronelli]], qui généralise l'emploi de l'italique dans les titres de livres. Les encyclopédies modernes accompagnent généralement leurs articles d'une [[bibliographie]] en fin d'article, comme on peut le voir dans l'extrait de la ''Britannica'' ci-dessus
=== Format ===
Le format d'un ouvrage a longtemps été en corrélation directe avec son statut dans l'ordre du savoir. Jusqu'à la fin du {{s-|XVIII
Relevant de la catégorie des livres sérieux, les encyclopédies étaient naturellement éditées en format [[in-folio]] ou [[in-quarto]]. Cette règle devient flexible avec l'expansion du public lecteur, certains éditeurs optant pour un plus petit format afin d'attirer un public plus large. L’''Encyclopédie'' de Diderot et d'Alembert a ainsi été publiée en divers formats : [[in-folio]] pour les éditions faites à Paris, [[Lucques]], [[Livourne]] et [[Genève]] ; [[in-quarto]] pour celle de [[Neuchâtel]] (1778) ; [[in-octavo]] pour celles de [[Berne]] et [[Lausanne]] (1781)
== Écueils ==
=== Biais idéologiques et culturels ===
{{Article détaillé|Biais géographique sur Wikipédia|Biais de genre sur Wikipédia}}
Alors qu’elle aspire à dire le vrai sur toute chose, une encyclopédie n’est jamais à l’abri des biais culturels ou idéologiques de ses rédacteurs<ref group="n">« {{langue|en|texte=''All great encyclopædia makers have tried to be truthful and to present a balanced picture of civilization as they knew it, although it is probable that no encyclopædia is totally unbiased''.}} » Article « Encyclopædia » dans ''Encyclopædia Britannica'', Academic edition online.</ref>. Parfois, ces biais sont clairement affichés, comme dans l'''Encyclopédie'', mais cela faisait partie de ce projet que [[Denis Diderot|Diderot]] avait conçu comme une machine de guerre contre l'obscurantisme — avec pour résultat que cet ouvrage sera condamné par l'Église et que le pape [[Clément XIII]] enjoindra aux catholiques de brûler les exemplaires en leur possession{{sfn|Moureau|p=134}}. Dans cet ouvrage, l'article « Humaine espèce » offre un condensé des stéréotypes de l'époque sur les peuples des divers continents, tout en attribuant les différences ethniques à des caractéristiques géographiques et culturelles et en affirmant l'origine unique de la race humaine<ref>[[s:L’Encyclopédie/1re édition/HUMAIN|Espèce humaine]].</ref>. À partir du siècle suivant, une plus grande neutralité de ton commence à s'imposer. En dépit de la notable exception de [[Pierre Larousse]], il est désormais admis qu'une encyclopédie {{Citation|doit être une œuvre d'exposition}} et non de combat, comme l'écrivent dans leur préface les auteurs de ''[[La Grande Encyclopédie]]''{{sfn|Grande Encyclopédie|p=IX}}. Au {{s-|XIX}}, {{Citation|le temps n'est plus aux réflexions critiques de [[Pierre Bayle|Bayle]] ou de [[Denis Diderot|Diderot]] : l'encyclopédisme s'inscrit dans les besoins [[didactique]]s de la [[révolution industrielle]]<ref name="Reley"/>}}.
Même dans des ouvrages qui font l'objet d'un processus éditorial rigoureux, telle la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'', des biais prononcés peuvent cependant apparaître dans la rédaction des articles. On a ainsi dénoncé comme lacunaires ou superficiels les articles de l'édition de 1958 consacrés à [[Sigmund Freud|Freud]], [[Émile Durkheim|Durkheim]] et [[John Maynard Keynes|Keynes]]. Cette même édition reprenait dans l'article sur la [[Malaisie]] les pires préjugés de l'[[Colonialisme|époque coloniale]], au point de susciter des réactions indignées de la part d'un journal de [[Singapour]] ; l'article sur les [[Maasaï]] présentait les hommes de cette peuplade africaine comme s'extrayant les [[incisives]] inférieures et se nourrissant principalement de lait, de viande et de sang — affirmations qui avaient suscité un article extrêmement critique de la part du ''New Yorker''{{sfn|Einbinder|p=215}}. Cette même édition n'avait pas d'entrée sur le [[marxisme]] — cela, en pleine [[guerre froide]] ! Il n'y en avait pas non plus sur [[Charles de Gaulle]], alors que celui-ci revenait au pouvoir en France cette même année. Quant à l'article sur la [[mer des Caraïbes]], il présentait le [[canal de Panama]] comme {{Citation|une extension de la frontière méridionale des États-Unis}}{{sfn|Einbinder|p=213-214}}. Ces biais culturels plus ou moins inconscients ne sont pas uniques. De même, l’''[[Encyclopædia Universalis]]'' (1990) ne consacrait pas d’entrée à [[Maurice Duplessis]], qui fut pourtant Premier ministre du [[Québec]] de 1944 à 1959, alors qu'elle consacrait de longs articles à des parlementaires français de second ordre<ref name=VAN>{{Harvsp|Vandendorpe|p=17-30}}.</ref>. Dans cette même encyclopédie, le mot [[Mapuches]] renvoie à [[Araucans]], article qui commence par {{Citation|Araucan est un mot forgé au {{s-|XVI}} par Ercilla, poète espagnol, à partir d'un nom de lieu indigène}} — comme si les Mapuches n'avaient pas le privilège de pouvoir se nommer eux-mêmes.
De tels biais sont attribuables à une équipe éditoriale centralisée dans une métropole, où le regard porté sur la périphérie est facilement entaché de préjugés. Ceux-ci sont devenus plus faciles à détecter dans une organisation décentralisée et collaborative où des communautés de lecteurs venant de divers horizons intellectuels et géographiques peuvent intervenir dans la mise au point des articles<ref name=VAN/>.
Ligne 584 ⟶ 624 :
Les connaissances évoluant constamment, une encyclopédie doit impérativement être mise à jour régulièrement. Comme cette opération est coûteuse en recherche, en typographie et en impression, bien des maisons d’édition se contentaient, lors d'une nouvelle édition, de ne faire que des changements limités.
Cette critique a été notamment adressée à l’encyclopédie espagnole ''[[Espasa]]'' qui a continué à rééditer tels quels des articles souvent rédigés plusieurs dizaines d’années auparavant. La prestigieuse ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' n’est pas non plus à l’abri de cette critique. En 1958, les notices sur [[Gustav Mahler]], [[Béla
Par ailleurs, afin de faire de la place aux données nouvelles, les encyclopédies imprimées étaient souvent contraintes de réduire les articles consacrés à des personnages historiques. À titre d'exemple, l'article consacré au pape [[Alexandre VI]] s'étendait sur deux pages et demie dans l'édition de 1910, une page en 1958 et un quart de page en 1963
=== Idéologie d’État ===
Dans la ''[[Grande
L’encyclopédie polonaise ''[[Wielka Encyklopedia PWN|''Wielka PWN'']]'' a dû être entièrement refondue et réimprimée ([[2001]]-[[2005]]) afin d’éliminer les distorsions contenues dans l’édition en vigueur avant la chute du [[mur de Berlin]] en [[1989]].
Ces manipulations de l'information ne sont pas une exclusivité des [[régimes communistes]]. Durant la [[
=== Dogmatisme religieux ===
Le projet encyclopédique peut facilement entrer en conflit avec une religion établie, l'un et l'autre aspirant à dire le [[Vérité|vrai]] sur l'ensemble du réel. Dans le [[monde islamique]], qui avait, tout comme le [[monde chrétien]], hérité du savoir disponible dans la [[Époque hellénistique|culture hellénistique]] et donné naissance à des travaux scientifiques de grande qualité entre le {{sp|VII|e|et le|XIV|e|}}, les disciplines [[
L'Église se dota toutefois d'un puissant moyen de contrôle avec l'[[Index
Encore aujourd'hui, la simple présentation objective de données scientifiques est insupportable pour les [[Intégrisme|intégristes]] religieux. Aux [[États-Unis]], un groupe a ainsi lancé Conservapedia<ref>[http://www.conservapedia.com Conservapedia]
.</ref>, une pseudo-encyclopédie sur le modèle de Wikipédia dans la forme, mais médiévale dans son esprit, qui
s'oppose au contrôle des armes à feu<ref>[https://www.conservapedia.com/Gun_control Gun control].</ref> et se fait la championne du [[créationnisme]]
=== Plagiat ===
En tant que compilation de connaissances établies, une encyclopédie s'appuie nécessairement sur des travaux antérieurs. Cette démarche est parfaitement légitime à condition que les sources soient signalées. Or, ce n'est pas toujours le cas et il arrive qu'une encyclopédie se laisse aller à reprendre des compilations antérieures en les maquillant. Selon [[Charles Nodier]], {{Citation|les dictionnaires sont en général des plagiats en ordre alphabétique
Une telle pratique, qui était répandue dans le passé,
== Impacts sociopolitiques ==
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Avec la généralisation de l'accès en ligne, l'encyclopédie a changé de nature, reflétant un nouveau rapport au savoir. Certains ne cachent pas leur inquiétude à l'égard de ces bouleversements : {{citation bloc|Dans l'approximation et la confusion, ce type de néo-encyclopédie [Wikipédia], par sa gratuité et la fascination qu'exercent l'écran et le clavier, peut éloigner des encyclopédies professionnelles et contrôlées […] l'informatique et l'Internet sont destructeurs de l'esprit encyclopédique incarné par [[Aristote]], [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]], [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], [[John Locke|Locke]], [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] […], ce qui est au moins préoccupant. Dans encyclopédie, le « cycle », le cercle est devenu sans limite, son centre étant partout et sa circonférence nulle part, et la « pédagogie » que suscite ''paideia'' relève du self-service le plus hâtif<ref name="Reley"/>.}}
Il est vrai que, depuis [[
Denis Diderot|Diderot]], une encyclopédie ne vise plus à offrir une vision ordonnée du monde, arrimée à des certitudes philosophiques ou religieuses comme au [[Moyen Âge]]. Cette conception animait certes [[Raymond Lulle]] qui proposait dans ''L'Arbre de la science'' une {{Citation|Grande Chaîne de l'Être à travers une représentation de la chaîne des savoirs
Les domaines « nobles » des sept [[arts libéraux]] qui étaient traditionnellement couverts par l'encyclopédie ont dû s'élargir à des nouveaux venus. Au {{s-|XVIII
=== Une éthique du partage ===
Ligne 622 ⟶ 662 :
On retrouve la même motivation essentiellement altruiste chez [[Pierre Larousse]], dont l’ambition était de faire un livre {{Citation|où l'on trouvera, chacune à son ordre alphabétique, toutes les connaissances qui enrichissent aujourd'hui l'esprit humain}}, et qui s'adressera non pas à une élite, mais à tous, de façon à {{Citation|instruire tout le monde sur toutes choses<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Larousse/128889|texte=Pierre Larousse}}, sur le site Larousse.fr</ref>}}. La devise de sa collection est {{Citation|Je sème à tout vent}}.
La même dynamique est évidemment aussi au cœur du projet collaboratif de Wikipédia et de Wikisource, qui suscite l'admiration d'un observateur attentif : {{Citation
bloc|Également saisi de la tâche de ces copistes anonymes. Qui n'attendent rien. Qui ne sont pas encyclopédistes mais wikipédiens. Qui n'augmentent pas ''
Tous ces projets sont fondamentalement {{citation|des utopies, au sens positif du terme. […] Elles visent un idéal : rassembler le plus grand nombre possible de savoirs, les mettre en relation, les transmettre, les partager, les soumettre à la discussion<ref>Benoît Melançon, [http://www.sens-public.org/article1323.html « Les vertus utopiques de l’encylopédisme »], ''Sens public'', mai 2018.</ref>.}}
=== Universalisme ===
[[Fichier:H G Wells pre 1922.jpg|
Selon [[Lucien Febvre]], le mouvement encyclopédique est passé du {{Citation|temps des certitudes divines}} représenté par le ''Speculum maius'' au {{Citation|temps des certitudes laïques}} avec l’''Encyclopédie'' de Diderot ; aujourd'hui, nous serions au temps de {{Citation|l'encyclopédie qui sait ne pas tout savoir<ref name="Febvre Encyclo 18">{{Harvsp|id=Febvre Encyclo|Febvre|loc=18}}.</ref>}}. Toutefois, si le projet encyclopédique ne peut plus envisager de fournir une synthèse des savoirs en même temps qu'une réponse au sens de la vie, il a pris une autre dimension avec la montée rapide d'une conscience mondiale. Selon ce même auteur {{Citation|Une encyclopédie, c'est, ce doit être, le manifeste d'une civilisation<ref name="Febvre Encyclo 18"/>.}}
Vers la fin de sa vie, l’écrivain britannique [[H. G. Wells]] , à travers une série d’essais et de conférences regroupées dans un opuscule intitulé ''[[World Brain]]'', se fit le promoteur d'un projet
=== Démocratisation du savoir ===
[[Fichier:Cardinal
Dans son énoncé de mission, la [[Wikimedia Foundation|fondation Wikimédia]] déclare travailler en vue d' {{Citation|un monde dans lequel chaque être humain peut librement obtenir et partager des connaissances<ref>{{lire en ligne|lien=https://wikimediafoundation.org/wiki/Terms_of_Use_(2012)/fr|texte=Énoncé de mission}}.</ref>}}. Une telle volonté de mettre le savoir à portée de tous est loin d’avoir toujours été la norme. Selon une certaine interprétation du récit biblique de la [[Chute (Bible)|Chute]], l'Église a longtemps considéré la curiosité intellectuelle comme dangereuse et susceptible de [[péché mortel]]. La [[Réforme protestante|Réforme]] a beaucoup contribué à faire accepter l’idée que toutes les couches de la société devraient avoir accès au savoir{{sfn|Burke|p=83-84}}. En revanche, dans les pays qui n’ont pas été touchés par la Réforme, la méfiance envers la diffusion du savoir est restée très forte jusqu'à la [[Révolution française]]. Ainsi, [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] ([[1585]]-[[1642]]) écrit dans son ''Testament politique'' : {{Citation bloc|Comme la Connoissance des Lettres, est tout à fait nécessaire en une République, il est certain qu'elles ne doivent pas être indifféremment enseignées à tout le Monde. <br>Ainsi qu'un Corps qui auroit des Yeux en toutes ses Parties, seroit Monstrueux ; de même un État le seroit-il, si tous ses Sujets étoient Sçavans ; On y verroit aussï peu d'Obéïssance, que l'Orgueil et la Présomption y seroient ordinaires<ref>Texte dans Google Livres, Ch. II, Section 10 {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=bP8_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=testament+politique+richelieu&hl=fr&sa=X&ei=xveET42AO8ehgweTtsytBw&ved=0CFAQ6AEwBA#v=onepage&q=testament%20politique%20richelieu&f=false}}. Cité par {{Harvsp|Burke|p=13}}.</ref>.}} Cette méfiance à l'égard du savoir était partagée par les [[jésuites]], dont l'important réseau d'enseignement ne couvrait que les études secondaires. La constitution de cette congrégation est très explicite sur la question : {{citation|Nul d’entre ceux qui sont employés à des services domestiques pour le compte de la société ne devra savoir lire et écrire, ou, s’il le sait, en apprendre davantage ; on ne l’instruira pas sans l’assentiment du général, car il lui suffit de servir en toute simplicité et humilité Jésus-Christ, notre maître<ref>L. Carrau « [[s:L’Éducation en France depuis le XVIe siècle|L’Éducation en France depuis le {{s-|XVI}} (en ligne)]] », ''[[Revue des Deux Mondes]]'', tome 37, 1880.</ref>.}}
En [[Chine]], le pouvoir a toujours été
== Aspects économiques ==
=== Moyen Âge ===
Au Moyen Âge, les livres n'existaient que sous forme de [[manuscrit]]s que l'on copiait dans des [[scriptoria]], ateliers spécialisés qui se trouvaient le plus souvent dans des [[monastères]]. En raison de leur ampleur, les ouvrages de nature encyclopédique étaient particulièrement coûteux à réaliser, surtout s'ils étaient [[Enluminure gothique|enluminés]]. Ces ouvrages ne pouvaient donc pas devenir des biens de consommation courante, une [[bible]] de grand format coûtant le revenu annuel d'une [[seigneurie]] moyenne
=== De Gutenberg à 1800 ===
L'apparition de l'[[imprimerie]] modifie radicalement la situation, en permettant la reproduction d'un livre à l'identique en autant d'exemplaires qu'on le veut. Toutefois, le commerce du livre encyclopédique reste aléatoire car il faut des capitaux considérables pour assurer la [[Typographie|composition]], l'impression et la distribution d'un gros [[in-quarto]], format normal de ce genre d'ouvrage, et qui fait souvent intervenir des caractères grecs et [[hébreu]]x. La moyenne des tirages oscille entre {{formatnum:1000}} et {{nombre|1500|exemplaires}} et souvent beaucoup moins
Répondant à un besoin de savoir de plus en plus répandu, certains ouvrages encyclopédiques connaissent toutefois de nombreuses éditions, signe d'une rentabilité très forte. Ainsi, la ''[[Polyanthea]]'', imposant florilège où abondent les citations en grec et en hébreu, connaît au moins 26 éditions entre [[1503]] et [[1686]]<ref>Ann Blair, « Dictionaries and Encyclopedias », ''Gale Encyclopedia of the Early Modern World'' {{lire en ligne|lien=http://www.answers.com/topic/dictionaries-and-encyclopedias|langue=en}}.</ref> et se retrouvait dans les bibliothèques des princes et des prélats. Avec la multiplication des découvertes scientifiques au {{s-|XVIII
Pour les très grosses entreprises, telle l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' de Diderot et d'Alembert, l'éditeur lance un appel à [[souscription]], ce qui procure un capital de départ et garantit l'écoulement des volumes. Cet ouvrage sera tiré à {{
À l'époque moderne, la réalisation d'une encyclopédie exige d'une part une équipe éditoriale de très haut niveau et d'autre part une maison d'édition possédant des capitaux élevés ainsi qu'un réseau international de distribution<ref name="coll10" />.
=== {{
[[Fichier:Suppléments annuels à l'Encyclopaedia Universalis.jpg|vignette|Une série de suppléments annuels de l{{'}}''Encyclopaedia Universalis''.]]
La mécanisation des techniques d'[[Presse typographique|impression]], qui entraînera {{Citation|une extraordinaire hégémonie de l'imprimé{{sfn|Livre monde|p=120}}}}, permet d'abaisser notablement le coût d'une encyclopédie, ouvrant de nouvelles perspectives à sa diffusion. En Angleterre, une société philanthropique dont le programme est de diffuser le savoir aux classes populaires lance la ''[[Penny Cyclopædia]]'', qui paraît entre [[1833]] et [[1843]] sous forme de fascicules. S'adressant pour sa part à l'élite de la société, l'''[[Encyclopædia Britannica]]'', dont la septième édition (1828) est tirée à {{nombre|30000|exemplaires}}{{sfn|Yeo|p=108}}, est devenue une entreprise financière extrêmement rentable.
Ce succès commercial du livre de référence s'accentue encore au siècle suivant. En [[1960]], les revenus provenant de la vente d'ouvrages de référence aux États-Unis représentaient le triple des ventes de livres pour adultes en librairie{{sfn|Einbinder|p=317}}. À elle seule, la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' vendait chaque année dans ce pays {{nombre|150000|séries}} complètes au prix de {{unité|398|$}}{{sfn|Einbinder|p=326}}. Au cours de ses 46 années d'existence, l'''[[Encyclopædia Universalis]]'' a vendu plus de {{formatnum:700000}} collections<ref>''Le Parisien'', 22 novembre 2014, [http://www.leparisien.fr/livres/la-societe-de-l-encyclopedie-universalis-en-redressement-judiciaire-22-11-2014-4314155.php La société de l'encyclopédie Universalis en redressement judiciaire].</ref>. Le succès commercial des encyclopédies n'est pas moindre dans un pays comme la [[Norvège]] où, pour une population de quatre millions d'habitants, il s'est vendu, entre 1977 et 2009, {{nombre|250000|exemplaires}} de la ''[[Store norske leksikon]]'' en 15 volumes<ref>{{Lien web|langue = de| url= http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/buecher/2.1719/kein-geld-fuer-lexika-wer-rettet-das-grosse-norwegische-1639090.html|titre = Qui sauvera le norvégien ?| auteur = Sebastian Balzter|année= 2010|éditeur = FAZ|consulté le = 13 octobre 2012}}.</ref>.
Pour éviter les coûteuses mises à jour, les grandes encyclopédies ont tenté la distribution en fascicules (''[[Encyclopédie Alpha]]'') ou sous forme de feuillets à insérer dans une reliure (''[[Encyclopédie française]]''), mais ce système a eu peu de succès. La méthode utilisée par ''Universalis'' est de publier un supplément annuel, mais cela ne permet pas de corriger les articles, qui peuvent être rendus plus ou moins obsolètes. Pour éviter ces écueils, la ''Britannica'' a eu recours à un système de « révision continue », qui consiste à réimprimer l'ensemble de l'encyclopédie chaque année en révisant environ 10 % des articles, ce qui permet de maintenir une équipe de rédaction stable et d'étaler les ventes{{sfn|Collison|p=8}}.
L'accès au marché, toutefois, est difficile, l'[[image de marque]] et le réseau de distribution étant des facteurs clés. Les entreprises éditoriales peuvent encore parfois recourir à la [[souscription]] ou à la vente de fascicules par correspondance comme l'a fait l'''[[Encyclopédie Alpha]]''. Mais le modèle principal est la vente directe, par [[démarchage]] au porte à porte<ref group="n">« ''The marketing of encyclopædias is one of the last strongholds of direct selling''. » {{Harvsp|Einbinder|p=322}}.</ref>. Pour cela, les éditeurs engagent le plus souvent une armée de jeunes diplômés sans emploi qu'ils entraînent aux techniques de vente répondant à {{Citation|un besoin implicite<ref>« Techniques de vente pour un besoin implicite », ''Institut des techniques de vente et management'', {{lire en ligne|lien=http://www.itev.fr/communiques/techniques-de-vente-pour-un-besoin-implicite}}.</ref>}}. Le phénomène est tellement répandu que le vendeur d'encyclopédie est devenu un topique qui alimente encore des émissions de radio<ref group="n">{{Citation|Kad Merad était vendeur en porte-à-porte, avec sous son bras, le pire du pire à vendre à l'époque : l'encyclopédie Universalis}} {{lire en ligne|lien=http://www.rtl.fr/actualites/culture-loisirs/people/article/le-jour-ou-tout-a-commence-kad-merad-vendeur-d-encyclopedies-7751070445}}.</ref> ou des films<ref>''Les portes de la gloire'' {{lire en ligne|lien=http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29251.html}} ; ''Torremolinos 73'' {{lire en ligne|lien=http://www.epicentrefilms.com/dvd-Torremolinos-73-Pablo}}.</ref>. Nombre d'écrivains ont ainsi commencé par être vendeurs itinérants d'encyclopédies, tels [[Jean Rouaud]]<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-rouaud/Jean Rouaud|texte=Jean Rouaud}}, ''Encyclopédia Universalis''</ref> ou [[David Liss]]<ref>« Entretien avec David Liss » {{lire en ligne|lien=http://www.un-polar.com/article-entretien-avec-david-liss-99032632.html}}.</ref>. La vente sous pression entraînant facilement des abus, la plupart des pays ont introduit des mesures permettant au consommateur de résilier une vente forcée, mesures que les journaux rappellent régulièrement à leurs lecteurs<ref>« Vente à domicile: les précautions à prendre », Huffington Post, 29 novembre 2010 {{lire en ligne|lien=http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/10/29/2285716_vente-a-domicile-les-precautions-a-prendre.html}}.</ref>.
== Encyclopédie et fiction ==
[[Fichier:Gustave flaubert.jpg|
Le concept d’encyclopédie a inspiré plusieurs écrivains, qui en ont parfois fait un élément central de leur récit. Dans ''[[Bouvard et Pécuchet]]'' ([[1881]]), Flaubert met en scène deux rentiers qui, ayant quitté Paris pour se retirer à la campagne, se lancent dans diverses entreprises (agriculture, chimie, médecine, histoire, philosophie, musique, etc.). Ne connaissant rien à ces domaines, ils ont recours à des livres de référence et notamment à l’''Encyclopédie [[Nicolas Roret|Roret]]'' ainsi qu’au ''Dictionnaire de sciences médicales''. Ils échouent lamentablement dans toutes leurs entreprises, ce qui montre la vanité d’un savoir mal assimilé. Flaubert a lui-même donné comme sous-titre à cet ouvrage : {{Citation|encyclopédie de la bêtise humaine}} après lui avoir d'abord donné comme titre {{Citation|espèce d'encyclopédie critique en farce<ref name="Reley"/>}}.
Dans « [[La Bibliothèque de Babel]] », l'écrivain argentin [[Jorge Luis Borges]] imagine un univers constitué par une gigantesque bibliothèque dont les rayonnages de livres s’étendent à l’infini. L’humanité qui la peuple cherche fébrilement à déchiffrer les millions de livres, mais en vain. Certains gardent cependant l’espoir que, au gré des variations aléatoires de caractères, il se trouve quelque part {{citation|un livre qui est la clé et le résumé parfait de tous les autres : il y a un bibliothécaire qui a pris connaissance de ce livre et qui est semblable à un dieu
La classification du savoir a longtemps été un défi majeur pour le projet encyclopédique, et des efforts considérables ont été consacrés à la recherche de principes organisateurs, ainsi que le montre la section historique de cet article. Dans une nouvelle intitulée « La langue analytique de John Wilkins » ([[1942]]), Borges offre une divertissante réflexion sur le caractère parfois arbitraire des classifications : {{citation|Ces catégories ambiguës, superfétatoires, déficientes rappellent celles que le docteur Franz Kuhn attribue à certaine encyclopédie chinoise intitulée ''Le marché céleste des connaissances bénévoles''. Dans les pages lointaines de ce livre, il est écrit que les animaux se divisent en (a) appartenant à l'empereur, (b) embaumés, (c) apprivoisés, (d) cochons de lait, (e) sirènes, (f) fabuleux, (g) chiens en liberté, (h) inclus dans la présente classification, (i) qui s'agitent comme des fous, (j) innombrables, (k) dessinés avec un très fin pinceau de poils de chameau, (l) et cætera, (m) qui viennent de casser la cruche, (n) qui de loin semblent des mouches
Dans « [[Tlön, Uqbar, Orbis Tertius]] », autre nouvelle de [[Jorge Luis Borges|Borges]] publiée en [[1940]], le narrateur dit avoir découvert un pays inconnu nommé Uqbar grâce à une notice du volume XLVI de l’''Anglo-American Cyclopaedia'' publiée à New
La veine borgésienne d’une encyclopédie fictive a connu diverses réalisations :
* l’''[[Encyclopedia Galactica]]'' dans le ''[[Cycle de Fondation]]'', d'[[Isaac Asimov]] (1951-1953) ;
* le ''[[
Dune (franchise)|Cycle de Dune]]'' de [[Frank Herbert]], qui comporte de nombreuses citations pseudo-encyclopédiques qui inspireront des travaux subséquents ;
* ''[[
Le Guide du voyageur galactique (fictif)|Le Guide du voyageur galactique]]'' de [[Douglas Adams]] ([[
* ''[[Le Dictionnaire
* ''[[L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu]]'' de [[Bernard Werber]] ([[1993]]), qui mêle passages encyclopédiques réels et fictifs ;
* ''[[Encyclopédie capricieuse du tout et du rien]]'' de [[Charles Dantzig]] ([[2009]]), qui est composé de listes ;
* ''
[[Ward Ier-IIe siècle|Ward. {{Ier}}-
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|
=== Références ===
{{Références
nombreuses|colonnes=
==
{{Autres projets
| wiktionary = encyclopédie
| wikiquote = Encyclopédie
| wikisource = Wikisource:Dictionnaires/Sources
| commons = Category:Encyclopedias
}}
{{catégorie principale}}
=== Bibliographie ===<!-- Classement par ordre chronologique d'édition. -->
* {{chapitre|langue=en|nom1=Anonyme|titre chapitre=Encyclopædia |titre ouvrage=Encyclopædia Britannica |lien titre ouvrage= Encyclopædia Britannica|lieu=Londres|année=1911|lire en ligne=https://en.wikisource.org/wiki/1911_Encyclop%C3%A6dia_Britannica|id=BRIT1911}}
* {{chapitre|nom1=Anonyme|titre chapitre=Préface |id=Grande Encyclopédie|titre ouvrage=La Grande Encyclopédie |lien titre ouvrage= La Grande Encyclopédie|lieu=Paris|année=1885|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f9.image.langFR}}
*Collectif, ''Questions sur l'encyclopédisme. Le cercle des savoirs de l 'Antiquité jusqu'aux Lumières (actes du colloque international de Nantes, 5-6 juin 2014)'', édition N. Correard et A. Teulade, ''Epistémocritique'', 2018. <small>[http://rnx9686.webmo.fr/wp-content/uploads/2018/04/test.compressed.pdf Lire en ligne].</small>
* {{Ouvrage |nom1=
* {{Ouvrage |prénom1=Catherine |nom1=Bertho-Lavenir |directeur1=Bertho-Lavenir |titre=Le livre monde |lieu=Paris |éditeur=Flammarion-Bibliothèque nationale |année=1992 |isbn= |id=Livre monde}}
* {{article |nom1=
Bianco
* {{article |nom1= Blair|prénom1= Ann|lien auteur=Ann Blair|périodique=Extrême-Orient, Extrême-Occident |titre=Le florilège latin comme point de comparaison| numéro=1 |année= 2007 |pages=185-204 |url texte= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_2007_hos_1_1_1076|id=Blair2007}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ann M.|nom1=Blair|lien auteur1=Ann Blair|titre=Too much to know|sous-titre=Managing Scholarly Information before the Modern Age|lieu=New Haven|éditeur=[[Yale University Press]]|année=2010|pages totales=397|isbn=978-0-300-16539-5|id=Blair 2010}}
* {{Ouvrage |prénom1=Bruno |nom1=Blasselle |titre=Histoire du livre |sous-titre=Volume II. Le triomphe de l'édition |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |collection=[[Découvertes Gallimard]] |série=Histoire |numéro dans collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|363]] |année=1998 |pages totales=158 |isbn=978-2-07-053364-0 |id=Blasselle}}
* {{article |nom1= Bonicel |prénom1= Laetitia |périodique=Études de linguistique appliquée |titre=Le Grand Larousse de la langue française (1971-1978) : de l’innovation lexicographique à l’échec dictionnairique |numéro=137 |année= 2005 |pages=39-49 |url texte=http://www.cairn.info/revue-ela-2005-1-page-39.htm |id=Bonicel}}
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{article |nom1= Bretelle-Establet |prénom1= Florence |nom2= Chemla|prénom2=Karine| périodique=Extrême-Orient, Extrême-Occident |titre=Qu'était-ce qu'écrire une encyclopédie en Chine ? / What dit it mean to write an encyclopedia in China ? |numéro=1 |année= 2007 |pages=7-18 |url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/oroc_0754-5010_2007_hos_1_1 |id=Bretelle-Establet2007}}
* {{Ouvrage |langue=en |
* {{Ouvrage |
* {{Ouvrage |
* {{chapitre |nom1=Cheddadi |prénom1=Abdesselam
* {{Ouvrage |langue=en |
* {{chapitre |langue=en |nom1=Collison |prénom1=Robert Lewis|nom2=Preece |prénom2=Warren E. |titre chapitre=Encyclopædias and Dictionaries |titre ouvrage=The new Encyclopædia Britannica |lieu=Chicago |éditeur=Encyclopædia Britannica |année=1998 |tome={{XVIII}}|isbn=9780852296639|id=Collison et Preece}}
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=== Articles connexes ===
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