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[[Fichier:Suppléments annuels à l'Encyclopaedia Universalis.jpg|thumb|Dès sa parution en 1968, l'''[[Encyclopædia Universalis]]'' est devenue une référence de choix pour le monde francophone. Ci-dessus, une série de suppléments annuels.]]
[[Fichier:Gesta Theodorici - Flavius Magnus Aurelius Cassiodorus (c 485 - c 580).jpg| thumb vignette|[[Cassiodore]], encyclopédiste médiéval vers 560.]]
[[Fichier:Etymologiae Guntherus Ziner 1472.jpg| thumb vignette|Première édition imprimée des ''Étymologies'' d'[[Isidore de Séville]] (1472).]]
[[ Image Fichier: Ringelbergius, 'Lucubrationes...KYKLOPEDEIA...' ed. Basel 1541 original.JPG| thumb vignette|La ''Cyclopédie'' de [[Joachim Sterck van Ringelbergh]] ([[1541]]) .]]
[[Fichier:Denis Diderot 111.PNG| thumb vignette|Avec son '' [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', [[Denis Diderot]] établit un nouveau standard, vers 1750.]]
 
Une '''encyclopédie''' {{prononciation|LL-Q150 (fra)-Fabricio Cardenas (Culex)-encyclopédie.wav}} est un [[ouvrage de référence]] ([[Livre (document)| ouvrage livre]] , ou ensemble un de ensemble livres d'ouvrages ou de [[document référence numérique]]) visant à synthétiser toutes les [[connaissance]]s pour édifier le [[savoir]] et à en montrer l'organisation de façon à les rendre [[Médiation scientifique|accessibles au public ]], dans un but d' [[éducation ]], d' [[information ]] ou de soutien à la [[mémoire culturelle]] <ref>{{ Harvsp sfn|von Hees|p=174-183}} </ref>. Basé sur des autorités ou des sources valides et souvent complété par des exemples et des illustrations, ce genre d'ouvrage privilégie un style concis et favorise la consultation par des [[sommaire|tables]] et des [[Index terminologique|index]]. Le terme a pris son sens moderne avec l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]]'' (1751-1772).
 
En principe, une encyclopédie est différente d'un [[dictionnaire]], car ce dernier a pour objet le sens et l'emploi des mots d'une [[langue]], et est donc intraduisible en tant que tel, alors que l'encyclopédie traite des choses ou réalités du monde et de la culture. Cette distinction n'est toutefois pas rigide, car un dictionnaire doit nécessairement aussi {{Citation|traiter des choses dans la mesure où cela est nécessaire pour déterminer la signification et l'usage des mots}}<ref>Murray, cité par {{Harvsp|Matoré|p=22}}.</ref>, et bien des dictionnaires modernes accentuent leur caractère encyclopédique, tel ''[[Le Petit Larousse]]'', afin d'offrir le maximum de renseignements en un seul volume. Quand ils sont suivis de la préposition (''de'', ''du'' ou ''des''), dictionnaire et encyclopédie peuvent l'un et l'autre désigner un livre de proportions modestes portant sur un domaine restreint (par exemple : ''[[La Grande Encyclopédie des fées]]'', ''[[Dictionnaire de géographie]]'').
Les finalités ont varié au fil du temps : {{Citation|Au Moyen Âge comme dans l'[[Antiquité]], en [[Chine ancienne|Chine]] comme dans l'Islam classique, l'encyclopédie moralise, instruit, éduque, intègre socialement ; après le {{s-|XVII|e}}, elle ne veut plus qu'informer<ref>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=52}}</ref>}}. Souvent inféodées à des impératifs religieux ou étatiques, les encyclopédies n'ont réussi que tardivement à s'astreindre à {{Citation|un exposé critique et [[impartialité|impartial]] des faits et des idées<ref>{{Harvsp|Grande Encyclopédie|p=I-V}}</ref>}}, même si des biais [[idéologie|idéologiques]] ou [[Biais culturel|culturels]] parviennent encore à s'imposer de façon plus ou moins consciente.
 
Les finalités ont varié au fil du temps : {{Citation|Au Moyen Âge comme dans l'[[Antiquité]], en [[Chine ancienne|Chine]] comme dans l'Islam classique, l'encyclopédie moralise, instruit, éduque, intègre socialement ; après le {{s-|XVII}}, elle ne veut plus qu'informer{{sfn|Rey Miroirs|p=52}}}}. Souvent inféodées à des impératifs religieux ou étatiques, les encyclopédies n'ont réussi que tardivement à s'astreindre à {{Citation|un exposé critique et [[impartialité|impartial]] des faits et des idées}}{{sfn|Grande Encyclopédie|p=I-V}}, même si des biais [[idéologie|idéologiques]] ou [[Biais culturel|culturels]] parviennent encore à s'imposer de façon plus ou moins consciente.
La question de l'organisation interne a soulevé des passions et est liée à la conception que l'auteur se fait du savoir et de la façon dont son ouvrage devrait être utilisé. L'organisation dominante a d'abord été purement thématique, en fonction des disciplines. Le [[classement alphabétique]], qui apparaît dans un dictionnaire au {{s-|X|e}}, ne s'imposera définitivement dans une encyclopédie qu'au {{s-|XVIII|e}}. Organisation thématique et classement alphabétique peuvent être utilisés de façon croisée en intégrant un ou plusieurs volumes d'index à un ouvrage thématique.
 
La question de l'organisation interne a soulevé des passions et est liée à la conception que l'auteur se fait du savoir et de la façon dont son ouvrage devrait être utilisé. L'organisation dominante a d'abord été purement thématique, en fonction des disciplines. Le [[classement alphabétique]], qui apparaît dans un dictionnaire au {{s-|X}}, ne s'imposera définitivement dans une encyclopédie qu'au {{s-|XVIII}}. Organisation thématique et classement alphabétique peuvent être utilisés de façon croisée en intégrant un ou plusieurs volumes d'index à un ouvrage thématique donné.
Les encyclopédies se sont multipliées pour suivre le rythme d'accroissement des connaissances. La [[révolution numérique]] a facilité la mise à jour, la consultation et la dissémination des encyclopédies, mais s'est révélée fatale pour la plupart des encyclopédies classiques, alors que [[Wikipédia]] devenait la plus grande encyclopédie en ligne. Au {{s-|XXI|e}}, en raison de l'accélération des découvertes scientifiques et technologiques, une encyclopédie est plus que jamais un projet ouvert, en évolution permanente.
 
En principe, une encyclopédie est différente d'un [[dictionnaire]], car ce dernier ayant pour objet le sens et l'emploi des mots d'une [[langue]], est donc intraduisible en tant que tel, alors que l'encyclopédie traite des choses ou réalités du monde et de la culture. Cette distinction n'est toutefois pas rigide, car un dictionnaire doit nécessairement aussi {{Citation|traiter des choses dans la mesure où cela est nécessaire pour déterminer la signification et l'usage des mots<ref>Murray, cité par {{Harvsp|Matoré|p=22}}</ref>}}, et bien des dictionnaires modernes accentuent leur caractère encyclopédique, tel le ''[[Petit Larousse illustré]]'', afin d'offrir le maximum de renseignements en un seul volume. Quand ils sont suivis de la préposition de/du/des, dictionnaire et encyclopédie peuvent l'un et l'autre désigner un livre de proportions modestes portant sur un domaine restreint (par exemple, ''[[La Grande Encyclopédie des fées]]'', ''[[Dictionnaire de géographie]]'').
 
== Développement du sens moderne ==
=== Diversité des formes ===
Quoique le terme « encyclopédie » soit apparu assez tardivement, et que son sens se soit modifié par rapport au sens initial, l'idée de constituer un abrégé des connaissances existe depuis longtemps et a pris diverses formes. Celles-ci ont évolué en fonction des besoins du public, de la quantité de savoir disponible et de la complexité de l'organisation sociale. Cela a donné, à travers les siècles, divers genres d'ouvrages à visée encyclopédique, qui ont fusionné au début du {{s-|XVIII |e}} pour créer le concept moderne d'encyclopédie.
 
* Le '''dictionnaire''' repose sur l'idée que la langue est le premier moyen de connaissance du réel et que la découverte du monde est étroitement liée à la maîtrise du vocabulaire. Cette idée est à la base des ouvrages de [[Varron (écrivain)|Varron]] et des ''[[Étymologies]]'' d'[[Isidore de Séville]].
 
* La '''compilation''' vise à satisfaire la curiosité et l'appétit de connaissances d'un public cultivé. L'''Histoire naturelle'' de [[Pline l'Ancien|Pline]] en est le modèle le plus ancien qu'on ait conservé.
 
* Le '''manuel''' s'adresse à des étudiants et propose un tour complet des savoirs caractérisant une formation complète. Le prototype en est le curieux ouvrage de [[Martianus Capella]] (vers [[420]]), qui a inspiré une nombreuse descendance.
* Le '''florilège''' rassemble des citations organisées de façon thématique. Il visait à répondre aux besoins de personnes appelées à une fonction publique importante : juges, avocats, hauts fonctionnaires, prédicateurs, etc. Le florilège a été beaucoup pratiqué en Chine, sous la forme du ''leishu''<ref name= Blair/>. En Europe, la [[Polyanthea]] ([[1503]]) en est le modèle le plus accompli<ref name= Blair>{{Harvsp|Blair|2007}}.</ref>.
 
Des ouvrages qui, à leur époque, ne pouvaient pas se présenter comme des « encyclopédies » sont donc maintenant considérés comme tels, de façon rétrospective<ref name="brett9">{{Harvsp|Bretelle-Establet|2007|p=9}}.</ref>.
* Le '''florilège''' rassemble des citations organisées de façon thématique. Il visait à répondre aux besoins de personnes appelées à une fonction publique importante : juges, avocats, hauts fonctionnaires, prédicateurs, etc. Le florilège a été beaucoup pratiqué en Chine, sous la forme du ''leishu''<ref name= Blair/>. En Europe, la [[Polyanthea]] ([[1503]]) en est le modèle le plus accompli<ref name= Blair>{{Harvsp|Blair|2007}}</ref>.
 
Des ouvrages qui, à leur époque, ne pouvaient pas se présenter comme des « encyclopédies » sont donc maintenant considérés comme tels, de façon rétrospective<ref name="brett9">{{Harvsp|Bretelle-Establet|2007|p=9}}</ref>.
 
=== Étymologie ===
[[Fichier:Septem-artes-liberales Herrad-von-Landsberg Hortus-deliciarum 1180.jpg| thumb vignette|Représentation des sept [[arts libéraux]] dans l’''[[Hortus deliciarum]]'' (vers 1170).]]
 
Le mot « [[wikt:encyclopédie |encyclopédie]] » vient de {{ lang langue|la|''encyclopædia''}}, forme latinisée à la [[ Renaissance (période historique)|Renaissance]] de l’expression [[ grec Grec ancien|grecque]] de [[Plutarque]], {{ Lang Langue|grc|texte=ἐγκύκλιος παιδεία}}. Le terme ''{{ Lang Langue|grc -Latn|enkyklios}}'' signifie {{Citation|circulaire, qui embrasse un cercle entier}}, et par extension {{Citation|périodique, quotidien, général, ordinaire }}<ref> VoirLiddle-Scott, 1910 [http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A1999.04.0057%3Aentry%3De)gku%2Fklios en ligne] .</ref> }}, tandis que ''{{ Lang Langue|grc -Latn|[[paideía]]}}'' signifie « éducation ». Une ''enkyklios paideia'' signifiait donc {{Citation|l'ensemble des savoirs qui constituent une éducation complète}}, selon le sens que lui donnait [[Quintilien]]<ref group="n">Quintilien : {{Citation|Je vais maintenant ajouter un mot sur les autres arts dont je crois la connaissance utile aux enfants avant qu'ils ne passent entre les mains du rhéteur, afin de parcourir le cercle de science que les grecs appellent encyclopédie}}, ''Les Institutions oratoires'', I, 10,I. [http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/quintilienI/lecture/12.htm Texte en ligne].</ref>. Ainsi, l'architecte [[Vitruve]] se félicite que ses parents l'aient instruit dans {{Citation|un art qui ne peut avoir d'importance qu'autant qu'il renferme, comme dans un cercle, et la connaissance de la littérature, et celle des autres sciences }}<ref group="n">Vitruve, ''De l'architecture'', [http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/vitruve_de_architect_06/lecture/1.htm Livre VI, Introduction], {{la}} ''{{Citation|quae non potest esse probata sine litteraturae encyclioque doctrinarum omnium disciplina}}. </ref>}}. Citant'' Les Vies des philosophes'' de Porphyre, [[Jean Tzétzès]] précise que les savoirs encyclopédiques ({{Lang|grc|ἐγκύκλια μαθήματα}}) étaient constitués par la grammaire, la rhétorique, la philosophie, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie<ref>Tzétzès, ''Chiliades'', XI, 527</ref>. L'image du cercle était utilisée en grec ancien pour signifier la couverture d'un domaine dans sa totalité ou un processus récurrent durant un temps déterminé<ref group="n">Un poème épique était dit ''cyclique'' quand il couvrait l'ensemble de la mythologie. Dans le domaine médical, {{ Lang Langue|grc|κύκλω θεραπεύειν}} désignait une cure basée sur la prise de remèdes et l'observation d'un régime durant une certaine période ([[Végèce]], ''Digesta artis mulomedicæ'', II, 5, 6. Cité par ''Encyclopædia Britannica'', {{9e |édition }}, 1879, vol. 8, s.v. ''encyclopædia'') .<br>Citant [[Porphyre de Tyr|Porphyre]], [[Jean Tzétzès]] précise que les savoirs encyclopédiques ({{Langue|grc|ἐγκύκλια μαθήματα}}) étaient constitués par des « disciplines encycliques », telle la poésie lyrique qui se déclame par un chœur disposé en cercle. En un sens dérivé, le cercle est la figure de l'accomplissement, la plénitude de tout savoir. Ces disciplines étaient formés de la grammaire, la rhétorique, la philosophie, et des quatre arts qui sont placés au-dessous de celle-ci, c'est-à-dire l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie (Tzétzès, ''Chiliades'', XI, 527).</ref>.
 
À la [[ Renaissance (période historique)|Renaissance]], les humanistes ont repris cette expression en l'appliquant à un ouvrage imprimé et en lui donnant le sens littéral de {{Citation|cercle des connaissances}}, l'image du cercle étant symboliquement associée à l'unité fondamentale des parties constituantes. L'expression a été d'abord abrégée en {{ Lang Langue|grc|texte=κυκλωπαιδεία}} (''cyclopédie''), terme qui apparaît pour la première fois dans le sous-titre de la ''Margarita philosophica'' ([[1508]]), un manuel universitaire, et qui est repris par [[Johann Turmair]] dans le titre d'un ouvrage publié en [[1517]]. Il sera dès lors souvent employé jusqu'à la parution de la ''Cyclopaedia'' de [[Ephraïm Chambers|Chambers]] ([[1728]]).
 
La première occurrence du mot en français apparaît en [[1532]] chez [[François Rabelais|Rabelais]], qui fait dire à un de ses personnages que [[Panurge]] lui a {{Citation|ouvert le vrai puits et abîme d'encyclopédie<ref>[[s:Pantagruel/ Chapitre_20 Chapitre 20|Pantagruel]] .</ref>}}. [[Joachim du Bellay]] le reprend dans son manifeste de [[1549]] : {{Citation|Ce rond de sciences que les Grecs ont nommé ''Encyclopédie''<ref>''[[s:Défense et illustration de la langue française|Défense et illustration de la langue française]]'', chap. X</ref>}}.
 
Le sens moderne du mot ne sera toutefois fixé qu'avec la parution de l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]]'' ([[1751]]), qui répond aux exigences de rigueur attendues d'un ouvrage de référence scientifiquement à jour, couvrant tous les domaines du savoir et organisé en vue d'une consultation aussi facile que possible {{sfn|Blair 2010|p=12}}.
 
Cependant, l'idéal d'unité du savoir incarné dans la métaphore du « cercle » restera actif jusqu'au milieu du {{s-|XX |e}}, comme en l'attestent les multiples tentatives éditoriales d'éviction de l'[[ordre alphabétique]] en faveur d'une organisation thématique (voir ci-dessous).
 
=== Dictionnaire et encyclopédie ===
Alors que le [[dictionnaire]] désigne un mode d'organisation du langage en [[ordre alphabétique]], l'encyclopédie se propose {{Citation|un but plus élevé }}<ref>Préface, {{p.|V}}, {{lire en ligne|lien= http https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f11.image.r=.langFR|texte=''La Grande Encyclopédie'' sur Gallica}}.</ref> }} et a {{Citation|l'ambition intellectuelle d'embrasser tous les savoirs <ref> }}{{ Harvsp sfn|Blair|2007|p=187 }}</ref>}}.
 
Avec ces deux termes, si proches et si différents dans leurs [[connotation]]s, nous avons affaire à {{Citation|deux modèles et deux conceptions de la représentation sémantique, qui renvoient à une représentation générale du savoir et/ou du monde <ref> }}{{ Harvsp sfn|Eco|p=17 }}</ref>}}. Le modèle en forme de [[dictionnaire]] renvoie à un savoir sur une langue, au moyen duquel les termes se différencient les uns des autres par des [[trait sémantique (linguistique)|traits sémantiques]] qu'il serait possible, en principe, de hiérarchiser dans un [[arbre binaire]], du type ''chien - canidé - mammifère - animal''. Le savoir encyclopédique, pour sa part, renvoie à notre connaissance du monde et est susceptible de s'accroître indéfiniment, tout en respectant toutefois les limites du genre, qui ne vise pas simplement à accumuler, mais à synthétiser et à articuler entre eux elles les diverses connaissances, de façon à réaliser, selon l'expression d'un encyclopédiste, {{Citation|le ''[[compendium ]]'' de l'intelligence humaine }}<ref>Introduction, {{p.|XIII}}, dans {{Harvsp|Guérin}}.</ref> }}.
 
=== Évolution des titres ===
Au début, les ouvrages de type encyclopédique portaient le plus souvent un titre [[Métaphore|métaphorique]]. Celui-ci pouvait être une variation sur le mot « florilège », comme dans ''[[Liber Floridus floridus]]'' (« livre fleuri ») ou ''[[Hortus deliciarum]]'' (« jardin des délices »), ou insistait sur la richesse que représentait le savoir, décrit comme un « trésor » chez [[Brunetto Latini]] ou une « perle » dans la ''[[Gregor Reisch#Margarita philosophica|Margarita philosophica]]'' de [[Gregor Reisch]]. Le titre peut également mettre en valeur la structure des connaissances, comme dans l'image de « l'[[Raymond Lulle|arbre de la science]] ». Une autre image joue sur l'abondance des informations et présente l'ouvrage comme la « [[Fons memorabilium universi|source des merveilles de l'univers]] ». Le titre peut aussi insister sur l'adéquation du livre à la réalité et le présenter comme une « [[Honoré d'Autun|image du monde]] » ou un « [[Vincent de Beauvais|miroir majeur]] ». La dimension spectaculaire est mise en valeur chez [[Theodor Zwinger (l' ancien Ancien)|Theodore Zwinger]], qui a compilé un important « [[Theodor Zwinger (l' ancien Ancien)|théâtre de la vie humaine]] ».
 
À partir de la seconde moitié du {{s-|XVI |e}}, les titres se font moins imagés et se limitent à des termes techniques, à mesure que le [[classement alphabétique]] se généralise dans les ouvrages de référence. On voit alors s'imposer les termes « dictionnaire », ''lexicon'' (anglais) et ''lexikon'' (allemand), en concurrence avec « cyclopédie » et « encyclopédie », qui contiennent une idée de totalité et de formation de l'esprit. La langue allemande a longtemps privilégié le titre ''Konversationslexikon'', car ce genre d'ouvrage aide à la conversation des personnes cultivées<ref name=Ess>{{Harvsp|van Ess|p=15}} .</ref> ; voir par exemple le ''[[Bonniers konversationslexikon]]''.
 
== Histoire ==
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L'histoire de l'encyclopédie est celle du rapport des sociétés au savoir. La volonté de rassembler les connaissances, qui s'exprimait dans les sociétés orales par des [[mythe]]s transmis de génération en génération, a pu prendre une forme stable et visible avec [[Débuts de l'écriture en Mésopotamie|l'invention de l'écriture]].
 
Dès la fin du {{IVe millénaire av. J.-C.}}, on trouve à [[Sumer]] {{Citation|une sorte d'encyclopédie du matériel culturel dont les données [sont] disposées thématiquement}}. Elles comportent des listes d'animaux, de pierres, de plantes, d'oiseaux <ref>{{ Harvsp sfn|Boulanger|p=71}} </ref>. Quelque 600 ans plus tard, des tablettes proto-encyclopédiques existaient aussi à [[Ebla]], proposant des listes étendues, classées en fonction de la première lettre des mots <ref>{{ Harvsp sfn|Boulanger|p=90}} </ref>. Il existe de nombreuses copies de ces ouvrages, appelés « [[listes lexicales]] » par les historiens.
 
En [[Égypte antique]], on trouve également des listes thématiques que l'on peut considérer comme des proto-encyclopédies. L{{'}}''Onomastique du Ramesseum'', rédigé vers {{nobr|1750 av. J.-C.}}, est une liste de mots groupés par catégories. Un autre ouvrage du même genre, mais plus développé, est l{{'}}''Onomastique d'Aménopé'', rédigé {{nobr|vers 1100}}, qui compte {{ nombre nobr|610 | éléments}} organisés de façon thématique et qui, selon l'anthropologue [[Jack Goody]], contiendrait plus de {{nombre|2000|informations}} distinctes visant à fournir {{Citation|un catalogue systématique de l'univers <ref> }}{{ Harvsp sfn|Boulanger|p=114 }}</ref>}}. Ce lointain ancêtre du [[dictionnaire]] encyclopédique avait pour vocation {{Citation|non pas d'apprendre à écrire aux enfants, mais de proposer un programme d'instruction de l'humanité fondé sur l'organisation du monde <ref> }}{{ Harvsp sfn|Boulanger|p=116 }}</ref>}}.
 
==== Grèce antique ====
[[Fichier: Naboth_Capella Naboth Capella.JPG| thumb vignette|Modèle [[Héliocentrisme|géo-héliocentrique]] élaboré par [[Héraclide du Pont]] ([[340 av. J.-C.]]), dont [[ Nicolas Copernic|Copernic]] a pris connaissance grâce à l'encyclopédie de [[Martianus Capella]] (420).]]
 
En [[Grèce antique|Grèce]], une intense activité de réflexion et de recherche scientifique était en cours dès le {{-s|VII |e}} avec les philosophes [[présocratiques]]. Elle a pris de l'ampleur avec [[Platon]] (428-348), dont le [[Timée (Platon)|Timée]] fournit un exposé sous forme dialoguée des sciences de l'époque : astronomie, cosmogonie, physique et médecine. Cet ouvrage peut être considéré comme {{Citation|une encyclopédie méthodique <ref> }}{{ Harvsp sfn|Boulanger|p=159 }}</ref>}}.
 
[[Aristote]] (384-322) a produit une quantité de traités sur un large éventail de sujets ([[poétique (discipline)|poétique]], [[rhétorique]], [[logique]], [[science politique]], [[physique]], [[psychologie]], [[biologie]], [[éthique]]…), manifestant un esprit encyclopédique sans équivalent. Toutefois, ces brouillons ne seront diffusés que {{ unité nobr|275 | ans}} après sa mort, soit vers [[50 av. J.-C.]] : {{Citation|La perte ou l'altération partielle de cet énorme corpus, encyclopédique au sens le plus pur du terme, puis sa récupération progressive, largement due à l'Islam, a influé sur l'histoire des encyclopédies en Occident pendant deux millénaires <ref>{{ Harvsp sfn|Rey Miroirs|p=94}} </ref>.}}
 
[[Héraclide du Pont]] (388-310), qui a été un disciple de [[Platon]], de [[Speusippe]] et d'[[Aristote]], aurait été un des premiers auteurs à composer, en plus de ses travaux philosophiques, des ouvrages sur les principaux [[arts libéraux]] : grammaire, rhétorique, dialectique, musique et géométrie <ref>{{ Harvsp sfn|Stahl|1971|p=91}} </ref>.
 
Parmi bien d'autres savants polyvalents, il faut citer le nom de [[Callimaque de Cyrène]] (vers 310-240) qui, en plus d'être poète et grammairien, a touché à une grande variété de sujets. [[Ératosthène]], également de Cyrène (276-194), a laissé des travaux de mathématiques, d'astronomie et de géographie de grande valeur, notamment une mesure de la circonférence terrestre étonnamment précise. On a aussi retenu le nom de [[Posidonios]] (135-51), qui était à la fois géographe, historien et mathématicien, mais son œuvre est complètement perdue.
 
La volonté de savoir s'est aussi traduite par la construction de bibliothèques. La [[Bibliothèque d'Assurbanipal]] érigée à [[Ninive]] au {{-s|VII |e}} contenait {{Unité|30000|[[tablettes d'argile]]}} <ref>{{ Harvsp sfn|Guesdon|p=29-30}} </ref>. [[Bibliothèque d'Alexandrie|Celle d'Alexandrie]], fondée en [[288 av. J.-C.]], fut la plus importante bibliothèque de l'Antiquité ; elle comptait déjà {{Unité|490000|rouleaux}} à l'époque de [[Ptolémée II|Ptolémée II ''Philadelphe '']] et attira pendant des siècles les savants du monde méditerranéen <ref>{{ Harvsp sfn|Guesdon|p=47}} </ref>.
 
De l'énorme quantité de savoir alors accumulée, seule une infime partie a été traduite en latin. Les Romains, en effet, ne s'intéressaient guère aux questions théoriques et se contentaient des applications pratiques sans chercher à en approfondir les fondements mathématiques, géométriques ou astronomiques. C'est seulement à la faveur de l'épanouissement de la civilisation arabe au {{s-|XII |e}} que l'on a traduit en latin les ouvrages scientifiques majeurs de [[Hippocrate]], [[Euclide]], [[Aristote]], [[Archimède]], [[Apollonios de Perga]], [[Claude Ptolémée |Ptolémée]] et [[ Claude Galien|Galien]] <ref>{{ Harvsp sfn|Stahl|1971|p=4-8}} .</ref>. Les encyclopédies ont constitué un maillon essentiel dans la transmission de ce savoir.
 
==== Rome antique ====
[[Fichier:Danimarca XIII secolo, plinio historia naturalis.JPG| thumb vignette|[[Pline l'Ancien|Pline]], ''Historia naturalis'', manuscrit enluminé du {{s-|XIII |e}} .]]
 
Dans la [[Rome antique]], le comportement encyclopédique s'est d'abord développé en tant que volonté d'appropriation du patrimoine intellectuel de la Grèce, qui avait été définitivement vaincue par les armées romaines en [[146 av. J.-C.]]<ref>{{Harvsp|Eco|p=41}}</ref> La première tentative encyclopédique est celle de [[Varron (écrivain)|Varron]] (116 - 27 av. J.-C.), dont les ''Antiquitatum rerum humanarum et divinarum libri XLI '' n'ont subsisté qu'à l'état de fragments. Pour cet auteur, l'[[étymologie]] est la clé du savoir et l'origine d'un mot nous renseigne sur la vérité cachée qu'il contient, donnant comme preuve que le terme ''verbum'' (« mot ») vient de ''veritas'' (« vérité »). Sur les 41 livres, 25 sont consacrés aux affaires humaines et le reste aux dieux. Cet ouvrage a disparu, mais il nous est en partie connu par les nombreuses citations qui en ont été tirées.
Dans la [[Rome antique]], le comportement encyclopédique s'est d'abord développé en tant que volonté d'appropriation du patrimoine intellectuel de la Grèce, qui avait été définitivement vaincue par les armées romaines en [[146 av. J.-C.]]{{sfn|Eco|p=41}}. La première tentative encyclopédique est celle de [[Varron (écrivain)|Varron]] (116-27 av. J.-C.), dont les ''Antiquitatum rerum humanarum et divinarum libri XLI ''n'ont subsisté qu'à l'état de fragments. Pour cet auteur, l'[[étymologie]] est la clé du savoir et l'origine d'un mot nous renseigne sur la vérité cachée qu'il contient, donnant comme preuve que le terme ''verbum'' (« mot ») vient de ''veritas'' (« vérité »). Sur les 41 livres, 25 sont consacrés aux affaires humaines et le reste aux dieux. Cet ouvrage a disparu, mais il nous est en partie connu par les nombreuses citations qui en ont été tirées.
 
Vers le début du {{s-|I |er}} de notre ère, [[Aulus Cornelius Celsus]] a rédigé une encyclopédie en 26 livres, ''De Artibus'', couvrant l'agriculture, l'art militaire, la [[rhétorique]], la [[philosophie]], la [[jurisprudence]] et la médecine. Ce dernier domaine est particulièrement développé et est la seule section de cet ouvrage à avoir été conservée, du moins en partie.
 
[[Pline l'Ancien]] ([[23]]-[[79]] ap. J.-C.), écrivain et naturaliste [[Rome antique|romain]] mort dans l'éruption du [[Vésuve]]<ref>Pline, [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/index.htm ''Histoire naturelle''], Introduction.</ref>, est l'auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire naturelle]]''. Cet ouvrage de {{ nombre nobr|37 | volumes}} répertorie environ {{nombre|20000|faits}} et cite {{ nombre nobr|500 | auteurs}} consultés <ref>{{ Harvsp sfn|Eco|p=42}} <ref name ="pls554">{{Article|langue = français|auteur = Stéphane Schmitt|titre = Pline l'ancien|sous-titre = 2000 ans et toujours d'actualité|numéro = 554|mois = décembre|année = 2023|consulté le = 11 mai 2024|périodique = [[Pour la Science]]}}.</ref>. Pline a compilé le savoir de son époque sur des sujets aussi variés que la [[cosmologie]], l'[[astronomie]], la [[géographie]], l'[[histoire naturelle]], la [[botanique]], la [[pharmacopée]], la [[médecine]], la [[minéralogie]], l'[[architecture]], la [[ peinture (art)|peinture]] et la [[sculpture]] <ref name ="pls554"/>. C'est le seul ouvrage de cet auteur qui nous soit parvenu , et un des rares ouvrages de langue latine à être parvenus jusqu'au XXI{{e}} siècle dans leur intégralité<ref name ="pls554"/>. Extrêmement populaire durant tout le Moyen - Âge, il a longtemps été jusqu'au {{XVIIIe siècle}} la référence en matière de connaissances scientifiques et techniques et a alimenté de nombreux travaux encyclopédiques <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=25 }}{{,}}< ref name ="pls554"/ >. L'objectif de Pline n'était cependant pas de viser la diffusion du savoir mais plutôt de faire une œuvre moralisatrice valorisant les savoirs anciens face à ceux introduits de Grèce et d'Orient, ce qui s'éloigne de l'acception moderne de l'encyclopédie<ref name ="pls554"/>.
 
Dans les ''[[Nuits attiques]]'' ({{s-|II |e}}), [[Aulu-Gelle]] discute au fil de la plume d'un vaste éventail de sujets : [[littérature]], [[art]]s, [[philosophie]], [[histoire]], [[droit]], [[géométrie]], [[médecine]], [[sciences naturelles]], [[météorologie]] et [[géographie]].
 
Le ''[[Polyhistor (livre)|Polyhistor]]'' (aussi appelé ''Les merveilles du monde'') est un ouvrage de l'écrivain romain [[ Caius Solin Julius Solinus (écrivain)|Solin]], du {{IIIe s}} ou {{IVe siècle}}, qui présente les curiosités du monde par pays. L'ouvrage est perdu, mais de nombreux éléments en ont été maintes fois recopiés dans les encyclopédies médiévales.
 
[[Nonius Marcellus]] rédige au début du {{s-|IV |e}} le ''De compendiosa doctrina'', compilation de traités sur la langue et diverses techniques, arrangée en ordre alphabétique.
 
Vers la fin du {{s-|IV |e}}, [[Maurus Servius Honoratus|Servius]] rédige un très abondant commentaire sur l'œuvre de [[Virgile]], couvrant un vaste éventail de sujets, et que l'on peut considérer comme une encyclopédie organisée selon l'ordre du texte du poète.
 
[[Martianus Capella]], avocat vivant en Algérie, est l’auteur du ''De nuptiis Philologiae et Mercurii'' (''Noces de Philologie et de Mercure''), rédigé entre [[410]] et [[429]]. Ce manuel sous forme de récit [[allégorie|allégorique]] synthétise en 9 livres les connaissances de l’époque : [[philologie]], [[grammaire]], [[dialectique]], [[rhétorique]], [[géométrie]], [[arithmétique]], [[astronomie]] et [[harmonie]]. Cet ouvrage sera surtout populaire à [[Carolingiens|l’époque carolingienne]], où il servira de référence pour l’organisation des études dans le domaine littéraire (le ''[[Trivium (éducation)|trivium]]'') et en mathématique (le ''[[quadrivium]]''). Il est encore lu à la Renaissance et inspirera notamment [[ Nicolas Copernic|Copernic]].
 
=== Moyen Âge ===
==== Haut Moyen Âge ====
[[Fichier:Isidoro di siviglia, etimologie, fine VIII secolo MSII 4856 Bruxelles, Bibliotheque Royale Albert I, 20x31,50, pagina in scrittura onciale carolina.jpg| thumb vignette|Manuscrit MS4856 des ''[[Etymologiae|Étymologies]]'' d'[[Isidore de Séville]], en écriture [[onciale]] de la fin du {{s-|VIII |e}} (Bibl. Royale Albert {{Ier}}, Bruxelles) .]]
Le projet encyclopédique connaît une réorientation radicale avec [[Augustin d'Hippone]] qui propose de le centrer sur le relevé systématique des données contenues dans la Bible <ref>{{ Harvsp sfn|Augustin|loc=II, 29}} </ref>. Ce qui reste du savoir antique doit donc être intégré aux enseignements de la religion, sous peine de disparaître . Les écrits de la Bible renouvellent ainsi la structure des encyclopédies, dans lesquelles il fallait dorénavant représenter objectivement la Nature en respectant « l'ordre de la Création, l'ordre voulu par Dieu et sur lequel l'homme ne doit pas intervenir »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Valérie Gontero-Lauze|titre=Sagesses minérales. Médecine et magie des pierres précieuses au Moyen Âge|lieu=Paris|éditeur=Classiques Garnier|année=2010|pages totales=316|passage=24|isbn=}}.</ref>.
 
[[Cassiodore]] ([[485]]-[[580]]) rédige les ''Institutiones divinarum et saecularium litterarum'', comportant deux livres, afin d'instruire les moines de son monastère dans les diverses disciplines des [[arts libéraux]], soit (le ''[[Trivium (éducation)|trivium]]'') et (le ''[[quadrivium]]'').
 
[[Isidore de Séville]] est considéré comme l'auteur de la première encyclopédie du [[Moyen Âge]] : ''[[ Etymologiæ Etymologiae|Étymologies]]''. Cet ouvrage rédigé vers [[630]] est constitué de vingt livres et {{ nombre nobr|448 | chapitres}}. Suivant la tradition implantée par [[Varron (écrivain)|Varron]], il propose une analyse [[étymologie|étymologique]] des mots. Par cette œuvre, Isidore essaie de rendre compte de l'ensemble du savoir antique et de transmettre à ses lecteurs une culture classique en voie de disparition. Son livre aura une immense renommée et connaîtra plus de dix éditions entre [[1470]] et [[1530]], signe d'une popularité continue jusqu'à la [[ Renaissance (période historique)|Renaissance]]. Grâce à ses nombreuses citations, cet ouvrage contribuera à la survie durant le [[Moyen Âge]] de nombreuses œuvres latines et grecques disparues, parce que considérées comme païennes. Il contenait aussi un certain nombre d'illustrations. L'organisation particulière de ce livre vaudra à Isidore de Séville d'être considéré comme le saint patron des informaticiens.
 
[[Raban Maur]] rédige vers [[842]] le ''De rerum naturis'', appelé aussi ''[[De Universo universo]]''. Cet ouvrage, qui comporte {{ nombre nobr|22 | livres}}, reprend pour l'essentiel celui d'[[Isidore de Séville]], mais en l'amputant considérablement et en le réorganisant pour conformer l'exposé à une vision religieuse du monde. À cette fin, l'ouvrage suit un ordre hiérarchique strict allant du Créateur à ses créatures et aux choses créées. Il sera extrêmement populaire durant toute l'[[Carolingiens|époque carolingienne]].
 
La [[Souda]] est une encyclopédie grecque rédigée à [[Byzance]] au {{s-|X |e}} et attribuée à Suidas. Elle contient {{nombre|30000|entrées}} classées dans l'ordre alphabétique. Cet ouvrage contribuera à diffuser le [[classement alphabétique]] dans les pays occidentaux, ce qui entraînera au {{s-|XIII |e}} l’apparition des [[Index terminologique|index]].
 
==== Bas Moyen Âge classique ====
[[Fichier:Meddragon Liber Floridus Lambert of sint Omaars 1460.jpg| thumb vignette|Page du ''[[Liber Floridus floridus]]'' (1120).]]
[[Fichier:Vincent of Beauvais's Speculum Maius 1473.jpg| thumb vignette|[[Vincent de Beauvais]] : ''Speculum majus''.]]
Les encyclopédies se multiplient au {{s-|XII|e}} en raison de l’accroissement de la curiosité scientifique. Elles empruntent aux compilations latines antérieures mais aussi aux ouvrages arabes, alors beaucoup plus avancés (voir ci-dessous). Un souci de l'expérience se fait jour et des notions inconnues dans la [[Rome antique]], comme celle de l'[[Aimant permanent|aiguille aimantée]], font leur apparition<Ref>{{Harvsp|Daumas|p=339}}</Ref>. On note aussi un grand intérêt pour le [[merveilleux]], selon une veine déjà très présente dans le ''[[Polyhistor (livre)|Polyhistor]]'' quelques siècles plus tôt<ref>{{Harvsp|Lefèvre|p=4}}</ref>.
 
Les encyclopédies se multiplient au {{s-|XII}} en raison de l’accroissement de la curiosité scientifique. Elles empruntent aux compilations latines antérieures mais aussi aux ouvrages arabes, alors beaucoup plus avancés (voir ci-dessous). Un souci de l'expérience se fait jour et des notions inconnues dans la [[Rome antique]], comme celle de l'[[Aimant permanent|aiguille aimantée]], font leur apparition{{sfn|Daumas|p=339}}. On note aussi un grand intérêt pour le [[merveilleux]], selon une veine déjà très présente dans le ''[[Polyhistor (livre)|Polyhistor]]'' quelques siècles plus tôt{{sfn|Lefèvre|p=4}}.
[[Honoré d'Autun]] publie vers 1110 l'ouvrage le plus important de cette époque, ''Imago mundi'', traité de [[géographie]], [[astrologie]], [[astronomie]] et [[histoire]], qui sera traduit en français, italien et espagnol. Dans le ''[[Liber Floridus]]'' (1120), Lambert compile, dans un désordre total, des données empruntées à quelque 192 œuvres, en accordant une attention spéciale aux questions de [[géographie]], d'[[histoire]] et d'[[astrologie]], accompagnées d'illustrations qui témoignent d'une grande recherche iconique. Vers la même époque, Theophilus produit ''[[Schedula diversum artium]]'', premier ouvrage décrivant en détail les techniques employées dans divers métiers : [[verre]], [[Vitrail|vitraux]], [[Industrie papetière|papeterie]], [[métallurgie]], [[pierres précieuses]]). [[Hugues de Saint-Victor]] ([[1096]]-[[1141]]) propose dans le [[Hugues de Saint-Victor#Le Didascalicon|''Didascalicon'']] un nouveau classement des sciences et une méthode de lecture de la Bible. Entre [[1159]] et [[1175]], la première femme encyclopédiste, l'[[abbesse]] [[Herrade de Landsberg]], réalise pour ses moniales le ''[[Hortus deliciarum]]'' (''Jardin des délices''), ouvrage remarquable par ses nombreuses illustrations de type [[allégorique]].
 
[[Honoré d'Autun]] publie vers 1110 l'ouvrage le plus important de cette époque, ''Imago mundi'', traité de [[géographie]], [[astrologie]], [[astronomie]] et [[histoire]], qui sera traduit en français, italien et espagnol. Dans le ''[[Liber floridus]]'' (1120), Lambert compile, dans un désordre total, des données empruntées à quelque 192 œuvres, en accordant une attention spéciale aux questions de [[géographie]], d'[[histoire]] et d'[[astrologie]], accompagnées d'illustrations qui témoignent d'une grande recherche iconique. Vers la même époque, Theophilus produit ''[[Schedula diversarum artium|Schedula diversum artium]]'', premier ouvrage décrivant en détail les techniques employées dans divers métiers : [[verre]], [[Vitrail|vitraux]], [[Industrie papetière|papeterie]], [[métallurgie]], [[pierres précieuses]]). [[Hugues de Saint-Victor]] ([[1096]]-[[1141]]) propose dans le [[Hugues de Saint-Victor#Le Didascalicon|''Didascalicon'']] un nouveau classement des sciences et une méthode de lecture de la Bible. Entre [[1159]] et [[1175]], la première femme encyclopédiste, l'[[abbesse]] [[Herrade de Landsberg]], réalise pour ses moniales le ''[[Hortus deliciarum]]'' (''Jardin des délices''), ouvrage remarquable par ses nombreuses illustrations de type [[allégorique]].
Le {{s-|XIII|e}} est considéré comme l’âge d’or de l’encyclopédisme médiéval<REF>[[Jacques Le Goff]], cité par {{Harvsp|Ribémont|p=17}}</Ref>. C'est en effet à cette époque que se diffusent largement les ouvrages de l'antiquité [[Traductions latines du XIIe siècle|traduits du grec ou de l'arabe]] en latin. On voit aussi apparaître les [[université médiévale|universités]] et se développer la [[scolastique]].
 
Le {{s-|XIII}} est considéré comme l’âge d’or de l’[[encyclopédisme médiéval]]<ref>[[Jacques Le Goff]], cité par {{Harvsp|Ribémont|p=17}}.</ref>. C'est en effet à cette époque que se diffusent largement les ouvrages de l'antiquité [[Traductions latines du XIIe siècle|traduits du grec ou de l'arabe]] en latin. On voit aussi apparaître les [[université médiévale|universités]] et se développer la [[scolastique]].
[[Arnold de Saxe (philosophe)|Arnold de Saxe]] écrit le ''De floribus rerum naturalium'', compilation des connaissances formée de cinq parties, composée probablement entre 1220 et 1230, qui inspirera [[Albert le Grand]]<ref>Isabelle Draelants, [http://medievistique.univ-lorraine.fr/contentId%3D8428 Arnold de Saxe]</ref>. [[Guillaume d'Auvergne]] publie le ''De universo creaturarum'' (1231). [[Gautier de Metz]] compose un poème en dialecte lorrain intitulé ''L’Image du monde'' ([[1246]]) dans lequel il reprend l'ouvrage d'Honoré d'Autun, en y ajoutant des éléments fantaisistes. [[Thomas de Cantimpré]] publie le ''Liber de natura rerum'' (1256), qui sera traduit en néerlandais et en allemand (''[[Das Buch der Natur]]'')<ref name="WDL">{{lien web |url = http://www.wdl.org/fr/item/3158/ |titre = ''Le livre de la nature'' |website = [[World Digital Library]] |date = 1481-08-20 |consulté le = 2013-08-30 }}</ref>, un siècle plus tard. [[Brunetto Latini]] rédige en français ''Li Livres dou Trésor'' (''Livre du trésor''), première encyclopédie médiévale à rompre avec le latin ; son auteur a été le maître de [[Dante]], qui l'a placé dans son Enfer<ref>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=127}}</ref>. [[Barthélemy l'Anglais]] est l'auteur du ''Liber de proprietatibus rerum'', rédigé entre [[1230]] et [[1240]].
 
[[Arnold de Saxe (philosophe)|Arnold de Saxe]] écrit le ''De floribus rerum naturalium'', compilation des connaissances formée de cinq parties, composée probablement entre 1220 et 1230, qui inspirera [[Albert le Grand]]<ref>Isabelle Draelants, [http://medievistique.univ-lorraine.fr/contentId%3D8428 Arnold de Saxe].</ref>. [[Guillaume d'Auvergne]] publie le ''De universo creaturarum'' (1231). [[Gautier de Metz]] compose un poème en dialecte [[lorrain]] intitulé ''L’Image du monde'' ([[1246]]) dans lequel il reprend l'ouvrage d'Honoré d'Autun, en y ajoutant des éléments fantaisistes. [[Thomas de Cantimpré]] publie le ''Liber de natura rerum'' (1256), qui sera traduit en néerlandais et en allemand (''[[Das Buch der Natur]]'')<ref name="WDL">{{lien web |url = http://www.wdl.org/fr/item/3158/ |titre = ''Le livre de la nature'' |site = [[World Digital Library]] |date = 1481-08-20 |consulté le = 2013-08-30 }}.</ref>, un siècle plus tard. [[Brunetto Latini]] rédige en français ''Li Livres dou Trésor'' (''Livre du trésor''), première encyclopédie médiévale à rompre avec le latin ; son auteur a été le maître de [[Dante Alighieri|Dante]], qui l'a placé dans son Enfer{{sfn|Rey Miroirs|p=127}}. [[Barthélemy l'Anglais]] est l'auteur du ''Liber de proprietatibus rerum'', rédigé entre [[1230]] et [[1240]].
[[Vincent de Beauvais]] produit le ''[[Vincent de Beauvais#Speculum maius|Speculum Majus]]''. Cet ouvrage, achevé en [[1258]], est la plus importante compilation de connaissances du [[Moyen Âge]]. Il se compose de trois parties bien équilibrées : le ''Speculum Naturale'' (ou ''Miroir de la [[nature]]''), qui résume les connaissances d’[[histoire naturelle]] de l'époque et situe la place de l'homme dans la nature, offrant une mosaïque de citations d’auteurs latins, grecs, arabes et même hébraïques dont Vincent donne les sources ; le ''Speculum Doctrinale'' (ou ''Miroir de la Doctrine''), sorte de manuel pour étudiants, qui couvre les [[arts mécaniques]], la [[scolastique]], la [[tactique militaire]], la [[chasse]], la [[logique]], la [[rhétorique]], la [[poésie]], la [[géométrie]], l'[[astronomie]], l'[[anatomie]], la [[chirurgie]], la [[médecine]] et le [[droit]] ; le ''Speculum Historiale'' (ou ''Miroir de l’Histoire''), qui présente le récit des évènements historiques depuis la [[Création (théologie)|Création]] jusqu’aux années 1250. Cet ouvrage sera souvent réédité jusqu’au début du {{s-|XVII|e}} et traduit en français, en espagnol, en allemand et en néerlandais. Il restera la plus considérable encyclopédie du [[Civilisation occidentale|monde occidental]] jusqu'au milieu du {{s-|XVIII|e}}.
 
[[Vincent de Beauvais]] produit le ''[[Vincent de Beauvais#Speculum maius|Speculum Majus]]''. Cet ouvrage, achevé en [[1258]], est la plus importante compilation de connaissances du [[Moyen Âge]]. Il se compose de trois parties bien équilibrées : le ''Speculum Naturale'' (ou ''Miroir de la [[nature]]''), qui résume les connaissances d’[[histoire naturelle]] de l'époque et situe la place de l'homme dans la nature, offrant une mosaïque de citations d’auteurs latins, grecs, arabes et même hébraïques dont Vincent donne les sources ; le ''Speculum Doctrinale'' (ou ''Miroir de la Doctrine''), sorte de manuel pour étudiants, qui couvre les [[arts mécaniques]], la [[scolastique]], la [[tactique militaire]], la [[chasse]], la [[logique]], la [[rhétorique]], la [[poésie]], la [[géométrie]], l'[[astronomie]], l'[[anatomie]], la [[chirurgie]], la [[médecine]] et le [[droit]] ; le ''Speculum Historiale'' (ou ''Miroir de l’Histoire''), qui présente le récit des évènements historiques depuis la [[Création (Bible)|Création]] jusqu’aux années 1250. Cet ouvrage sera souvent réédité jusqu’au début du {{s-|XVII}} et traduit en français, en espagnol, en allemand et en néerlandais. Avec ses {{unité|4500000|mots}}{{sfn|Blair 2010|p=36}}, il restera la plus considérable encyclopédie du [[Civilisation occidentale|monde occidental]] jusqu'au milieu du {{s-|XVIII}}.
 
En 1295, le philosophe [[Catalogne|catalan]] [[Raymond Lulle]] rédige ''L'Arbre de la science'' (''Arbor scientiae''), dans lequel il propose une classification des savoirs basée sur la [[métaphore]] organique de l'arbre. Les connaissances y sont hiérarchisées depuis le monde physique élémentaire jusqu'au monde divin.
 
=== Monde arabo-persan et ottoman ===
[[Fichier:Al-RaziInGerardusCremonensis1250.JPG| thumb vignette|[[Rhazès|Al-Razi]], dans le « Recueil des traités de médecine » de [[Gérard de Crémone]], 1250-1260 .]]
 
Le mouvement encyclopédique dans le monde islamique a connu deux périodes privilégiées. La première se situe entre les {{s2-|IX |e|XI |e}}, autour de [[Bagdad]], et prend appui sur le riche héritage de la science grecque. En effet, les ouvrages d'Aristote, d'[[Euclide]], de [[Claude Ptolémée|Ptolémée]], d'[[Hippocrate]], de [[ Claude Galien|Galien]], d'[[Archimède]] et bien d'autres avaient été introduits dans le monde musulman par des chrétiens hérétiques de Syrie ([[monophysites]], [[nestorianisme|nestoriens]]), et des Juifs persécutés par [[Empire byzantin|Byzance]], qui s'étaient réfugiés dans les territoires voisins, emportant avec eux leur bibliothèque <ref>{{ Harvsp sfn|Le Goff|p=19}} </ref>. Des textes grecs qui avaient été traduits en syriaque par [[Serge de Reshaina]] et [[Sévère Sebôkht]] ont ainsi par la suite été traduits en arabe, notamment par [[Hunayn ibn Ishaq]] <ref>{{ Harvsp sfn|Guesdon|p=118}} </ref>. La deuxième époque se situe entre les {{s2-|XIII |e|XV |e}}, en Égypte et en Syrie, où sont réalisées d'importantes compilations dans les domaines littéraire, géographique et historique <ref>{{ Harvsp sfn|Cheddadi|p=187-188}} </ref>.
 
On peut distinguer trois genres d'ouvrages encyclopédiques : (a) des inventaires des sciences, dans la tradition d'Aristote, qui jouissait d'un prestige sans égal chez les lettrés musulmans ; (b) des manuels à l'usage des princes, tel le ''Sirr al-asrar'' ou ''[[Secretum Secretorum secretorum|Secret des secrets]]'', qui traite d'une quantité de sujets et aura une immense influence ; (c) des recueils de sagesse et de connaissances variées à l'usage de l'administration (''adab'') et pouvant aussi servir à la conversation des élites <ref>{{ Harvsp sfn|Gutas|p=91-101}} </ref>. Les métiers et techniques sont généralement ignorés <ref>{{ Harvsp sfn|van Ess|p=10}} </ref>.
 
[[Job d'Édesse]] (en [[syriaque]] Ayyub Urhāyā) est un chrétien philosophe, savant et traducteur du [[syriaque]] en arabe qui a vécu à Bagdad. Son ''Livre des trésors'' (''ktabā d-simātā'') est une sorte d'encyclopédie en six livres couvrant la métaphysique, la médecine, les sciences naturelles, les mathématiques et l'astronomie, dont la rédaction se situe vers [[817]]. C'est une synthèse des domaines de recherche alors enseignés à Bagdad et qui reposait sur les méthodes de sciences naturelles mises en place par Aristote et la philosophie grecque{{sfn|Huff|p= 154}}.
[[Al-Jahiz]] est un savant qui a vécu au {{s-|IX|e}} à [[Bassorah]] en [[Irak]]. Dans le ''[[Kitāb al-hayawān|Livre des animaux]]'', il présente {{nombre|350|espèces}} en s'inspirant d'Aristote. Son ouvrage ''Du rond et du carré'' serait un embryon d'encyclopédie<ref>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=131}}</ref>.
 
[[Al-Jahiz]] est un savant qui a vécu au {{s-|IX}} à [[Bassorah]] en [[Irak]]. Dans le ''[[Kitāb al-hayawān|Livre des animaux]]'', il présente {{nobr|350 espèces}} en s'inspirant d'Aristote. Son ouvrage ''Du rond et du carré'' serait un embryon d'encyclopédie{{sfn|Rey Miroirs|p=131}}.
 
Également établi en Irak, [[Ibn Qoutayba]] (828-889) rédige des manuels et des ouvrages à caractère encyclopédique, notamment ''Les Sources des informations'' (''Kitab ʿUyūn al-aḫbār'') et ''Les Célébrités'' (''Kitab al-maʿārif''), qui présentent des notices sur les personnages célèbres de l’histoire arabo-musulmane.
 
Le philosophe et savant [[Al-Kindi]] (801-873), qui a étudié à [[Bagdad]], a laissé {{ nombre nobr|290 | volumes}} couvrant divers domaines, incluant les mathématiques et la psychologie. Dans ces traités, il propose une tentative de classification systématique des sciences, en s'inspirant à la fois de la source grecque et des apports arabes <ref>{{ Harvsp sfn|Endress|p=110}} </ref>.
 
Le [[califat]] de [[Cordoue]] entreprend de marquer sa puissance par une intense activité culturelle. Le poète [[Ibn Abd Rabbih]] y rédige {{nobr|vers 900}} le ''Collier unique'' (''al iqd al-farid''), qui aborde en 25 chapitres des questions variées, allant de l'art de gouverner aux connaissance connaissances religieuses, en passant par les généalogies, l'histoire des califes et l'art épistolaire <ref>{{ Harvsp sfn|Guesdon|p=123}} </ref> .
 
[[Al-Fârâbî]], qui était nourri des écrits de Platon et d'Aristote, rédige {{nobr|vers 950}} une ''Énumération des sciences'' (''Ihsa al-'Ulum'') dans laquelle il subordonne les disciplines religieuses (grammaire, théologie et jurisprudence) aux sciences théoriques (logique, métaphysique, éthique) <ref>{{ Harvsp sfn|Endress|p=117}} </ref>. Cet ouvrage sera traduit en latin et se répandra dans le monde occidental <ref>{{ Harvsp sfn|Rey Miroirs|p=133}} </ref>.
 
La plus importante encyclopédie de l'époque est le ''Rasâ’il al-Ikhwân al-Safâ’'', une œuvre anonyme collective rédigée probablement dans la seconde moitié du {{s-|X |e}} par Abu Sulayman al-Maqdisi et les [[Ikhwan al-Safa]] (Frères de la pureté), établis à [[Bassorah]] en Irak. Cette société secrète réformiste [[Chiisme|shi'ite]], qui cherchait à réconcilier le [[Coran]] avec la philosophie grecque et le [[néo-platonisme]], présente le savoir comme le chemin de l'illumination de la raison. Leur encyclopédie se compose de {{ nombre nobr|52 | traités}} scientifiques. C'est le premier exemple connu d'encyclopédie réalisée par un collectif d'auteurs <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=XIII}} </ref>.
 
[[Rhazès|Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi]] (865-925) est un lettré persan auteur du ''Kitab al-Hawi fi al-Tibb'', remarquable somme médicale en {{ nombre nobr|22 | volumes}}, qui sera traduite en latin au {{s-|XIII |e}}, sous le titre ''Liber Continens''.
 
Le Persan [[Muhammad ibn Ahmad al-Khwarizmi]], mort en 976, est l'auteur de l'encyclopédie '' [[Mafâtih al-'Olum|Mafātīḥ al-ʿulūm ]]''. Cet ouvrage en langue arabe couvre un large éventail de savoirs, qui vont de la [[théologie]] à la [[linguistique]] de l'[[arabe]], en passant par le [[droit]], l'[[histoire]] et ce qu'on nommera plus tard les « [[sciences humaines]] »<ref name="Reley">{{Harvsp|Rey Universalis |}} .</ref>.
 
Le lettré [[ Perse empire perse|persan]] le plus remarquable est [[Avicenne]] (Ibn Sīnā) ([[980]]-[[1037]]), dont les nombreux traités couvrent tout le savoir de l'époque <ref>{{ Harvsp sfn|Vesel|p=69}} </ref>.
 
En Égypte, [[Al-Nowaïri]] (1272-1332) est l'auteur de ''Nihayal al-arab fi fonoun al-adab'' (''Tout ce qu'on peut désirer savoir sur les belles-lettres''), un ouvrage comptant environ {{nombre|9000|pages}} réparties en cinq livres : (a) géographie, (b) l'homme, (c) la [[zoologie]], (d) la [[botanique]] et (e) l'histoire. Au siècle suivant, son compatriote [[Ahmad al-Qalqashandi]] publiera le ''Subh al-A’sha'', qui constitue une mine de renseignements sur l'époque.
 
[[Ibn Khaldoun]] rédige en [[1377]] au [[Caire]] les ''[[Muqaddima]]'', ou ''Al-Muqaddima'' (''Introduction à l’histoire universelle''), œuvre à caractère encyclopédique englobant l’ensemble des connaissances du {{s-|XIV |e}} à partir de sources grecques, byzantines et musulmanes. Les sujets traités sont la [[géographie]], la [[philosophie]], l’[[histoire]], l’[[ économie (discipline)|économie]], la [[sociologie]], la [[politique]], l’[[urbanisme]], et la [[médecine]].
 
En [[Iran]], Dawani ([[1427]]-[[1502]]) rédige le ''Unmudhaj al-ulum'' (''Programme des sciences'') sous forme de questions et réponses.
 
Vers le milieu du {{s-|XV |e}}, Ahmed Bican rédige à [[Istamboul]] le ''[[Dürr-i meknûn]]'' (« Les perles cachées »), ouvrage écrit en [[Turc ottoman|turc]], qui couvre une variété de sujets et fait une large place au [[merveilleux]] ([[Métamorphose (fantaisie)|métamorphoses]], [[apocalypse]], [[sciences occultes]], etc.).
 
La dernière grande encyclopédie du monde islamique est celle de [[Al-Suyūtī]] ([[1445]]-[[1505]]), auteur de 561 traités<ref name="Reley"/>. Depuis un certain temps déjà, les travaux scientifiques étaient de plus en plus mal perçus par un [[clergé]] musulman attaché à la pureté du [[dogme]] et prompt à brûler des livres, ce qui amène les [[Médersa|écoles coraniques]] à se concentrer exclusivement sur la [[théologie]] . {{sfn|Huff|p= 152-157}}.
 
La toute-puissance de ces écoles sera renforcée par l'interdiction de l'imprimerie promulguée dès 1485 par le sultan [[ Bajazet II|Bajazed II]] <ref>{{ Harvsp sfn|Huff|p=306}} </ref>. En [[1515]], un second décret du sultan [[ Selim Sélim Ier|Selim {{1er}}]] punit de mort toute personne convaincue d'utiliser une [[Presse typographique|presse]] pour imprimer des livres <ref>{{ Harvsp sfn|Ferguson|p=68}} </ref>, étouffant ainsi toute possibilité de diffusion massive du savoir dans l'immense [[empire ottoman]]. Des ouvrages encyclopédiques seront certes encore rédigés sous forme manuscrite, telle la grande encyclopédie [[Bibliographie|bibliographique]] ''Kashf al-zunun'', par [[Katip Çelebi|Hadjdji Khalifa]] (mort en 1657), mais sans jouir d'une diffusion importante. L'imprimerie sera finalement introduite au [[Moyen-Orient]] au début du {{s-|XIX |e}} <ref>{{ Harvsp sfn|Huff|p=16}} </ref> et le premier journal n'y sera publié qu'en 1824 <ref>{{ Harvsp sfn|Huff|p=307}} </ref>.
 
=== Diaspora juive ===
Entre le {{sp-|IX|e|et le|XIII|e}}, une culture juive très active s'épanouit en [[Espagne]], alors [[Islam|musulmane]]. Les principaux foyers en sont à [[Grenade (Espagne)|Grenade]], [[Cordoue]], [[Tolède]] et [[Barcelone]]. Cette situation change à partir du {{s-|XIV |e}}, quand les Juifs sont progressivement chassés du pays, à mesure que progresse la [[Reconquista|reconquête]] du pays par les chrétiens<ref group="n">On peut lire une histoire romancée de cet épisode dans ''Le livre d'Hannah'' de [[Geraldine Brooks (écrivain) |Geraldine Brooks]].</ref>.
 
[[Abraham bar Hiyya Hanassi]], mort en [[1136]], rédige à [[Barcelone]] son ouvrage ''Fondements de la raison et donjon de la foi''. Cet ouvrage comporte des chapitres de [[mathématiques]], [[géométrie]], [[astronomie]], etc.<ref name=REY>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=140}} .</ref> .
 
À [[Tolède]], Judah [[Juda ben Salomon ha-Cohen ]] ibn Matka ({{s-|XIII |e}}) rédige un ''Exposé de l'intelligence'', qui traite de [[logique]], de [[physique]] et de [[métaphysique]]<ref name= REY/>.
 
[[Shem Tov #Shem Tov Ben Joseph Falaquera|Shem Tov ben Joseph Falaquera]] (c. [[1225]]   - c. [[1295]]) rédige en hébreu un ouvrage encyclopédique intitulé ''De'ot haFilosofim'' (''Opinions des philosophes'').
 
Dans la [[Provence]], voisine de l'Espagne, vers la fin du {{s-|XIII}}, [[Gershom ben Salomon]] compile une encyclopédie inspirée de Falaquera, intitulée ''Porte des cieux''<ref name="Robinson">{{Chapitre |langue=en |prénom1=James T.|nom1=Robinson |auteurs ouvrage=Steven Harvey |titre ouvrage=The medieval Hebrew encyclopedias of science and philosophy|passage=248-274|éditeur=Kluwer Academic Publishers|date=2000|isbn=0-7923-6242-X|titre chapitre=Gershom ben Solomon of Arles' ''Sha'ar ha-Shamayim'': Its Sources and Use of Sources}}.</ref>.
Dans la [[Provence]], voisine de l'Espagne, [[Philosophie juive#Levi ben Gershom.2C 1288-1345|Levi ben Gershom]] rédige vers 1330 ''Les Portes du ciel'', qui présente de façon détaillée les [[sciences naturelles]], l'[[astronomie]] et la [[théologie]]<ref>{{Harvsp|Shatzmiller|p=51}}</ref>.
 
A partir de 1276, [[Lévi ben Abraham de Villefranche]], né à [[Villefranche-de-Conflent]] et vivant en Provence, écrit deux encyclopédies pour un large public: une, assez brève, en [[Saj'|prose rimée]], intitulée ''Broches et porte-bonheur'', et ensuite une plus détaillée et en prose, intitulée ''Chapelet de la grâce''. Pour des raisons peu claires, ce travail lui vaut d'être persécuté par les autorités juives dans les années 1303-1305<ref>{{Chapitre |langue=en |auteur1=Warren Zev Harvey |titre chapitre=Levi ben Abraham's controversial encyclopedia |auteurs ouvrage=Steven Harvey |titre ouvrage=The Medieval Hebrew Encyclopedias of Science and Philosophy |éditeur=Kluwer Academic Publishers |année=2000 |isbn=0-7923-6242-X |passage=171-188 }}.</ref>.
 
Vers 1330, [[Levi ben Gershom]] (qui selon certains est peut-être le fils du Gershom ben Salomon mentionné ci-dessus<ref name="Robinson"/>) rédige ''Les Portes du ciel'', qui présente de façon détaillée les [[sciences naturelles]], l'[[astronomie]] et la [[théologie]]{{sfn|Shatzmiller|p=51}}.
 
=== Inde ===
L'Inde ne semble pas avoir produit d'encyclopédie généraliste à une époque ancienne, mais plutôt des ouvrages encyclopédiques portant sur des domaines particuliers <ref group=n>Les documents de l'Inde ancienne sont extrêmement rares et seuls ont survécu les textes fondamentaux qui ont été constamment recopiés au fil des siècles. En effet, le tabou religieux interdisant l'usage du parchemin, les copistes se servaient de feuilles de palmier, très vulnérables à la chaleur et aux insectes (Wendy Doniger, ''The Hindus. An alternative history'', Penguin, 2009, {{p.|32}}).</ref>. Ainsi, le ''[[Caraka Saṃhitā]]'' est une somme médicale ancienne qui faisait partie de l'''[[Ayurveda]]''. Elle est attribuée à [[Charaka]], mais a vraisemblablement été produite par divers auteurs entre {{nobr|175 av. J.-C.}} et {{nobr|120 apr. J.-C.}}
 
Le grand [[astronome]] et mathématicien [[Varahamihira]] ([[505]]-[[587]]) a produit un ouvrage encyclopédique intitulé '' [[Brihat-Samhita ]]'', qui couvre un large éventail de sujets : astrologie, mouvement des planètes, éclipses, pluie, nuages, architecture, récoltes, parfums, mariage, pierres précieuses, perles et rituels. Cet ouvrage qui compte {{ nombre nobr|106 | chapitres}} est connu comme « la grande compilation ».
 
Lorsque [[Bagdad]] est devenu la métropole intellectuelle du monde arabe, de nombreux ouvrages indiens y ont été traduits du [[sanskrit]] en [[arabe]] et y ont influencé la tradition scientifique <ref>{{ Harvsp sfn|Rahman|p=10-11}} </ref>.
 
=== Extrême-Orient ===
==== Chine ====
[[Fichier:Yongle Dadian Encyclopedia 1403.jpg| thumb vignette|Page manuscrite de la colossale [[Encyclopédie de Yongle]] (vers [[1403]]).]]
[[Fichier:Sancai Tuhui World Map.jpg| thumb vignette|Carte du monde dans le ''[[Sancai Tuhui]]'' (1607).]]
 
La plupart des encyclopédies chinoises doivent leur existence au patronage de l'empereur et étaient destinées à l'empereur lui-même ou à ses fonctionnaires<ref>{{Harvsp|Burke|p=120}}</ref>.
La plupart des encyclopédies chinoises doivent leur existence au patronage de l'empereur et étaient destinées à l'empereur lui-même ou à ses fonctionnaires{{sfn|Burke|p=120}}.
 
Le concept d'encyclopédie prend une forme particulière en Chine en raison de la nature même de l'écriture chinoise. Comme celle-ci est de type [[idéogramme|idéographique]], l'apprentissage d'un mot représenté par un [[idéogramme]] est inséparable de la réalité qu'il sert à désigner <ref>{{ Harvsp sfn|Rey Miroirs|p=30}} </ref>. Une encyclopédie est appelée un ''leishu'', littéralement livre (''shu'') de catégories (''lei'') et englobe tout ouvrage classant du matériel écrit<ref group="n">Pour un panorama exposé détaillé de la question, voir Jean-Pierre Drège, dans {{Harvsp|Bretelle-Establet|2007|p=19-38}} .</ref>. Ce sont d'abord essentiellement des [[anthologie]]s des grands textes classiques [[Confucius|confucéens]], [[Bouddhisme|bouddhistes]] et [[taoïsme|taoïstes]]. L'organisation interne en est de type thématique : le ciel ([[astronomie]], [[présage]]s célestes) ; la Terre (géographie, antiquité) ; l'Homme (empereur, fonctionnaires, personnages importants) ; les arts et les sciences (animaux, plantes, techniques, agriculture et médecine) <ref>{{ Harvsp sfn|Wilkinson|2000|p=601-609}} </ref>. Bien évidemment, le genre du ''leishu'' a profondément évolué au fil des siècles, tout autant que l'idée d'« encyclopédie » dans la tradition occidentale<ref name="brett9"/>.
 
Certains de ces ouvrages ne couvraient que certains quelques domaines, comme l'histoire ou la littérature. D'autres englobaient la totalité du savoir que devait maîtriser un candidat aux [[Mandarin (fonctionnaire)|examens de l'administration]] <ref>{{ Harvsp sfn|Wilkinson|2000|p=601}} </ref>. Pour faire face à la croissance considérable du nombre de candidats, qui atteint les {{formatnum:400000}} au {{s-|XIII |e}}, de nombreux professeurs compilent et publient leur propre encyclopédie <ref>{{ Harvsp sfn|Bretelle-Establet|2007|p=12}} </ref>. Avec le temps, ces ouvrages ont cherché à inclure la totalité du savoir existant et à recopier dans les « catégories » des ouvrages entiers, plutôt que de simples extraits <ref>{{ Harvsp sfn|Wilkinson|2000|p=602}} </ref>. Sur les quelque 600 ouvrages de ce genre, 200 ont été conservés.
 
Rien ne nous est parvenu des ouvrages de la haute antiquité Antiquité chinoise en raison du fait que, au {{-s|III}}, l'empereur [[Qin Shi Huang#L'influence du légisme|Qin Shi Huang]] fit brûler les ouvrages des savants anciens, ainsi que les savants vivants qui auraient pu les avoir appris par cœur.
 
Parfois considéré comme une encyclopédie, le ''[[Er ya]]'' est le plus ancien dictionnaire qu'on ait conservé ; rédigé au {{-s|II}}, il est attribué par la légende à [[Confucius]] lui-même.
 
Le ''Huang lan'' (''Ce qu'a examiné l'empereur'') est aujourd'hui considéré comme le premier ouvrage du genre encyclopédique en Chine. Composé vers [[220]] ) à la demande de l'empereur [[Cao Pei Pi]], il comptait {{nombre|1000|chapitres}}. Il est aujourd'hui disparu.
 
La première encyclopédie chinoise conservée est le ''[[Yiwen Leiju]]'' (''Florilège arrangé par catégories''), réalisé durant la [[dynastie Tang]]. Divisée en 47 sections (« catégories »), elle couvre une grande variété de sujets, avec de nombreuses citations d'œuvres anciennes. Sa transcription par le calligraphe [[Ouyang Xun]] s'est terminée en [[624]] ; elle a connu plusieurs éditions imprimées à partir de [[1515]]. On a conservé, de la même époque, le ''[[Fayuan Zhulin]]'' (''Forêt de pierres précieuses dans le jardin de [[Dharma]]''), en 100 volumes, compilé en [[668]] par Dao Shi, et qui contient des textes bouddhistes anciens.
 
[[ Image Fichier:Tiangong Kaiwu Chain Pumps.jpg| thumb vignette|left|Deux types de pompes hydrauliques, illustrées dans le ''Tiangong Kaiwu'', dû à [[Song Yingxing]] (1587–1666).]]
 
Les ''[[Quatre grands livres des Song]]'' est une importante compilation réalisée {{sp-|X|e|et le|XI|e}}. Son premier livre s'appelle le ''[[Taiping Yulan]]'', volumineuse anthologie de poèmes, de citations et de proverbes compilée entre 977 et 983. Il compte plus de {{nombre|1000|chapitres}} classés en 55 catégories. En [[1013]], le ''Cefu Yuangui'', comptant {{nombre|1000|volumes}}, s'ajoutera aux trois collections existantes.
Les ''[[Quatre grands livres des Song]]'' est une importante compilation réalisée entre le {{sp-|X|e|et le|XI|e}}. Son premier livre s'appelle le ''[[Taiping Yulan]]'', volumineuse anthologie de poèmes, de citations et de proverbes compilée entre 977 et 983. Il compte plus de {{nombre|1000|chapitres}} classés en 55 catégories. En [[1013]], le ''Cefu Yuangui'', comptant {{nombre|1000|volumes}}, s'ajoutera aux trois collections existantes.
 
Même s'il n'a pas laissé une encyclopédie en tant que telle, [[Shen Kuo]] ([[1031]]-[[1095]]) se distingue par les avancées qu'il a réalisées dans de nombreux domaines et par les écrits qu'il a laissés en [[astronomie]], [[mathématiques]], [[cartographie]], [[géologie]], [[météorologie]], [[agronomie]], [[zoologie]], [[botanique]], [[pharmacologie]] et [[hydraulique]] ; esprit universel, il était également versé en [[musique]]. Son contemporain [[Su Song]] ([[1020]]-[[1101]]) était un autre grand esprit encyclopédique.
 
Le ''Yü-hai'' (''Océan de jade'') a été compilé en [[1267]] par Wang Yonglin, qui est aussi l'auteur de livres savants et de manuels. Cet ouvrage a été imprimé en [[1738]] en 240 volumes <ref>{{ Harvsp sfn|Collison et Preece|loc=Encyclopædia}} </ref> et réimprimé en 6 volumes en 1987. Il contient un index et une table des matières <ref>{{ Harvsp sfn|Wilkinson|2000|p=604}} </ref>.
 
L’''[[Encyclopédie de Yongle]]'' est un ouvrage colossal rédigé sous la [[dynastie Ming]] entre [[1402]] et [[1408]]. Elle a mobilisé {{nombre|2100|savants}} sous la direction de l'empereur Yongle (qui régna de [[1402]] à [[1424]]) et contient environ {{nombre|22877|chapitres}} pour un total de 370 millions de mots ; sur {{nombre|11000|volumes}} , 400 ont été conservés. Cet ouvrage a mobilisé 100 calligraphes, qui en firent deux copies. Le classement des matières n'y est pas organisé par thèmes, mais par rimes<ref>Jean-Pierre Drège, dans {{Harvsp|Bretelle-Establet|2007|p=31}} .</ref> . Trop coûteux à imprimer, il est resté sous forme manuscrite et deux copies en ont été faites au {{s-|XVI}} à des fins de conservation. Il n'en reste que 865 chapitres{{sfn|Blair 2010|p=29}}.
 
Le ''[[Bencao gangmu]]'' est un recueil de médecine terminé en [[1578]] par [[Li Shizhen]]. Il répertorie les plantes, animaux et minéraux à usage thérapeutique. L'auteur aurait consacré 30 ans à la rédaction de cet ouvrage, qui synthétise 800 travaux antérieurs.
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Le ''[[Sancai Tuhui]]'', publié en [[1609]], est dû à Wang Qi et Wang Siyi, tous deux natifs de [[Shanghai]]. Il couvre les trois « mondes » que sont le ciel, la terre et l'humanité. Cet ouvrage compte 106 chapitres et 14 catégories : astronomie, géographie, biographies, histoire, biologie, etc. Il contient de nombreuses illustrations. Des reproductions en sont encore disponibles aujourd'hui en Chine. Il a fait l'objet d'une adaptation japonaise, le ''[[Wakan Sansai Zue]]'' (''Encyclopédie illustrée sino-japonaise'') en [[1712]].
 
Le ''[[Song Yingxing#L'encyclopédie Tiangong Kaiwu|Tiangong Kaiwu]]'' ou ''Exploitation des œuvres de la nature'', publié en 1637, est dû à [[Song Yingxing]] ([[1587]] -[[1666]]). Il ne s'agit pas d'un ''lei shu'' à proprement parler, mais d'un ouvrage scientifique original couvrant un large éventail de sujets : agriculture, [[ sériculture sériciculture]], sel, sucre, céramique, métallurgie, transports, papier, [[poudre à canon]], art militaire, [[mercure (chimie)|mercure]], etc. Cet ouvrage était accompagné de nombreuses illustrations de type technique. Le grand sinologue et historien britannique [[Joseph Needham]] considère Song Yingxing comme le {{Citation|[[Denis Diderot|Diderot]] de la Chine <ref> }}{{ Harvsp sfn|Needham|p=102 }}</ref>}}.
 
Au {{s-|XVII |e}}, la Chine découvre les connaissances venant d'Occident à travers une collection d'ouvrages scientifiques que [[Nicolas Trigault]] a recueillis à travers l'Europe et envoyés à la [[mission jésuite en Chine|mission jésuite]] de [[Pékin]]. Avec l'aide du lettré chinois Paul Siu Koang-ki, le jésuite allemand [[Johann Adam Schall von Bell|Johann Schall]] en entreprend la traduction vers le chinois. Ensemble, ils font publier vers 1650 une ''Encyclopédie des choses mathématiques et scientifiques'' en 100 volumes <ref>{{ Harvsp sfn|Febvre et Martin|p=329-330}} .</ref>. Le travail se poursuit avec [[Ferdinand Verbiest]], qui compte sur la supériorité de la science occidentale, notamment en astronomie et en mathématiques, pour convertir le public, mais il échouera dans ses efforts pour réformer le système d'enseignement <ref>{{ Harvsp sfn|Huff|p=103}} </ref>.
 
La ''[[ Gujin tushu jicheng|Qinding Gujin tushu jicheng]]'' ou ''Grande Encyclopédie impériale illustrée des temps passé et présent'' a été publiée en [[1726]]. Elle compte {{nombre|10040|chapitres}}, soit {{nombre|5020|fascicules}} en {{formatnum:750000}} pages. Elle comporte des illustrations. Contrairement aux précédentes encyclopédies, qui étaient soit manuscrites soit tirées à peu d’exemplaires, celle-ci a été imprimée à l'aide de jeux de caractères de cuivre mobiles , peut-être sous l'influence des [[jésuites]]{{sfn|Blair 2010|p=30}}{{,}}<ref group="n">{{Citation|[Cette technique] fut employée surtout pour quelques grandes entreprises impériales. Ainsi au {{s-|XVIII |e}}, celle de l'encyclopédie « Kou kin t'ou chou tsi tch'eng » en {{nombre|10000|chapitres}}, pour laquelle les caractères de cuivre furent gravés et non fondus.}}, {{Harvsp|Febvre et Martin|p=136}} .</ref> et tirée à 64 exemplaires.
 
Le ''[[Siku Quanshu]]'' est un vaste recueil commandé par l’empereur [[Qianlong]], désireux de surpasser la grande ''[[Encyclopédie de Yongle]]'' et d'éradiquer de son empire les textes anti-mandchous. Un comité de 361 érudits travailla entre [[1773]] et [[1782]] à recueillir pour cette somme quelque {{nombre|3461|textes}} couvrant tous les domaines du savoir académique : littérature classique, histoire et géographie, philosophie, arts et sciences . Au total, l'ouvrage compte {{formatnum:79000}} chapitres en {{formatnum:36000}} volumes, pour un total de huit cents millions de mots. Sept copies manuscrites en furent effectuées, dont quatre une ont seule, celle de la [[Cité interdite]], nous est parvenue intacte. Celle-ci a été reproduite par [[photolithographie]] dans les années 1980 et est maintenant disponible en partiellement ligne{{sfn|Blair survécu 2010|p=29-30}}.
 
==== Japon ====
Alors que les encyclopédies chinoises étaient importées au [[Japon]] depuis des temps anciens, une proto-encyclopédie est compilée au Japon en 831 sous les ordres de l'empereur Shigeno no Sadanushi, le ''Hifuryaku'', comptant {{nombre|1000|rouleaux}}, dont il ne reste que des fragments. La première encyclopédie proprement japonaise est l'œuvre du poète [[Minamoto no Shitagō]] ( 911–983 911-983), auteur du ''[[Wamyō ruijushō]]'', dictionnaire organisé en catégories [[sémantique]]s.
 
En 1712, s'inspirant du ''[[Sancai Tuhui]]'', encyclopédie illustrée chinoise, Terajima Ryōan publie le ''[[Wakan Sansai Zue]]'' ou ''Livre illustré des trois royaumes au Japon et en Chine''. Rédigé en chinois, qui était alors la langue du savoir, cet ouvrage contient des articles qui sacrifient au goût du public pour le [[merveilleux]], tels ceux sur {{Citation|le pays des immortels}} et sur {{Citation|le pays des peuples à longue jambe}}. Toutefois, son organisation et la présence d'explications alternatives pour rendre compte de certains phénomènes annoncent les encyclopédies modernes.
 
==== Viêt Nam ====
[[ Le Quy Don|Lê Quý Đôn]] publie en 1773 la première encyclopédie vietnamienne. Intitulée ''Vân Đài Loại Ngữ'', celle-ci comptait neuf grandes sections : philosophie, physique, géographie, traditions, culture et société, langage et rhétorique, littérature, règles de conduite, techniques et outils. Lors d'une ambassade à Pékin en 1760, Lê Quý Đôn avait lu en traduction chinoise divers ouvrages scientifiques européens. Il s'y était aussi lié d'amitié avec un savant coréen qui participa par la suite à la rédaction de l'importante encyclopédie coréenne ''Tongguk Munhon pigo'' (1770) <ref>{{ Harvsp sfn|Woodside|p=Préface}} </ref>.
 
==== Corée ====
Le ''Tongguk Munhon pigo'' (« Compilation de documents de référence sur la Corée ») a été rédigé en 1770 par un groupe de savants sous la direction de Kim Ch'in, à la demande du roi Yongjo. Imprimée à une centaine d'exemplaires, cette encyclopédie compte 13 sections : astronomie, géographie, cérémonies, musique, affaires militaires, justice, revenu de la terre, autres revenus et dépenses, administration, commerce, sélection des fonctionnaires, écoles et organisation du gouvernement. Une deuxième édition, réalisée entre 1782 et 1807, est restée à l'état de manuscrit. Une troisième édition sera publiée et imprimée entre 1903 et 1907 sous le titre ''Chungbo munhon pigo'' <ref>{{ Harvsp sfn|Asami|p=95-97}} </ref>.
 
=== Renaissance ===
[[Fichier: Gregor Houghton Reisch, Typ Margarita 520.03.736 Philosophica, - 1508 Margarita (1230x1615) philosophica. png jpg| thumb vignette|Illustration tirée de la ''[[Gregor Reisch|Margarita Philosophica]]'' ( 1508 1503) .]]
[[Fichier:Petrus Ramus.jpg| thumb vignette|[[Pierre de La Ramée]] (1515-1572) .]]
[[Fichier:Theatrum Vitae Humanae 1565.jpg| thumb vignette|Couverture du livre de Theodor Zwinger (1565) .]]
 
La découverte du savoir antique augmente considérablement le bassin de connaissances disponibles, sans toutefois changer fondamentalement la nature des encyclopédies de l'époque, qui ne sont pas vues comme des ouvrages où le savoir est actualisé en fonction des connaissances du temps, mais où il est préservé ou redécouvert<ref name="nest">{{Harvsp|Nest|p=22}} .</ref> ; le savoir, en effet, est toujours considéré à cette époque comme une réalité intemporelle, immuable et provenant de sources ou d'autorités extérieures. Toutefois, avec l'introduction du terme « encyclopédie », certains travaux mettent l'accent sur l'aspect pédagogique plutôt que sur l'importance de la compilation. On explore aussi diverses techniques d'organisation des informations afin de faciliter la consultation.
 
Au début du {{s-|XV |e}}, l'[[Humanisme de la Renaissance|humaniste]] italien Domenico Bandini rédige une ''[[Fons memorabilium universi]]'' (« Source des merveilles de l'univers »), premier ouvrage utilisant un système de références croisées<ref name="Collison 1964 pXIV">{{Harvsp|Collison|p=XIV}} .</ref>.
 
Domenico Nani Mirabelli publie la ''[[Polyanthea]]'' ([[1503]]), gros [[in-folio]] comportant un [[florilège]] de citations, de [[symbole]]s, de traités spécialisés, d'anecdotes et de [[fable]]s tirées de sources grecques et latines, le tout regroupé sous des entrées classées en ordre alphabétique. Chaque mot est accompagné de son équivalent en grec et d'une définition. Cet ouvrage, retravaillé et augmenté par divers continuateurs, connaîtra plus de quarante éditions entre 1503 et [[1681]], avec une dernière édition en [[1735]] <ref>{{ Harvsp sfn|Blair|2007|p=186}} </ref>.
 
[[Giorgio Valla]], humaniste et mathématicien, rédige le ''De expetendis et fugiendis rebus'', ouvrage couvrant un large éventail de sujets et dont une part importante porte sur les sciences [[mathématiques]], la [[physiologie]] et la [[médecine]]<ref>Volume 2 sur [ http https://books.google.ca/books?id=XixLAAAAcAAJ&dq Google Livres] .</ref>. Il est publié à titre posthume en [[1501]]. Dans son ''Commentariorum urbanorum libri XXXVIII'' (Rome, [[1506]]), Raffaele Maffei ([[1451]]-[[1522]]) accorde, lui aussi, une place prépondérante aux domaines scientifiques, notamment la [[géographie]] et les [[biographies]]. Cet ouvrage marque une étape supplémentaire dans la [[sécularisation]] du savoir encyclopédique <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=77}} </ref>.
 
En Allemagne, [[Gregor Reisch]] publie la ''[[Gregor Reisch#Margarita philosophica|Margarita philosophica]]'', première encyclopédie imprimée ([[1504]]), qui synthétise le « cercle des connaissances » en arts et en sciences, tels qu'ils étaient couverts par l'enseignement universitaire de son époque. Ce livre contient de nombreuses illustrations et un [[Index terminologique|index]] détaillé. La structure reprend le modèle questions-réponses du [[catéchisme]], popularisé par la ''[[Somme théologique]]'' : un élève (''Discipulus'') pose des questions et le maître (''Magister'') répond. Selon l'auteur, une lecture attentive de cet ouvrage devrait permettre à un étudiant de se dispenser de fréquenter l'Université<ref name="nest"/>.
 
[[Johann Turmair]], dit Johannes Aventinus, publie en [[1517]] une ''Encyclopedia orbisque doctrinarum, hoc est omnium artium, scientiarum, ipsius philosophiae index ac divisio''. Il est le premier à utiliser le terme ''encyclopedia'' dans le titre d’un livre <ref>{{ Harvsp sfn|EUD|p=16}} </ref>.
 
En France, [[Guillaume Budé]] traduit le terme latin ''encyclopædia'' par ''encyclopédie'', mais la première occurrence imprimée de ce terme apparaît dans le [[Pantagruel]] de [[François Rabelais]] en [[1532]]. L'encyclopédie est le savoir complet que possède [[Panurge]], à l’exemple de son compagnon [[Pantagruel]]. Au chapitre VIII, [[Gargantua]] avait tracé le programme pédagogique que devait suivre Pantagruel afin que son père puisse admirer en lui {{Citation|un abîme de science}}. La volonté d'accumuler un savoir universel est typique du bouillonnement intellectuel qui marque cette époque.
 
Le grand imprimeur et [[Humanisme de la Renaissance|humaniste]] [[Charles Estienne]] réalise le ''Dictionarium historicum, geographicum et poeticum'' ([[1553]]), [[dictionnaire]] en [[Classement alphabétique|ordre alphabétique]] couvrant le vocabulaire latin courant ainsi que les noms de lieux et de personnes. Cet ouvrage sera constamment réimprimé jusqu'en [[1686]]<ref group="n">Ouvrage disponible {{lire en ligne|lien= http https://books.google.fr/books?id=_mU8AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false|langue=la}}.</ref>.
 
[[Pierre de La Ramée]] propose dans sa ''Dialectique''<ref group="n">En ligne sur [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k681639 Gallica].</ref> ([[1555]]) une méthode pour organiser les diverses composantes du savoir en les organisant visuellement et en évitant les répétitions, méthode fortement influencée par sa lecture de [[Raymond Lulle]].
 
En Belgique, le savant et mathématicien [[Joachim Sterck van Ringelbergh]], aussi appelé Joachimus Fortius Ringelbergius ([[1499]]-[[1531]]) est l'auteur de divers traités ainsi que de ''Lucubrationes vel potius absolutissima kyklopaideia'' ([[Bâle]], [[1541]]), première réflexion moderne sur le concept d'encyclopédie<ref name=COLL78>{{Harvsp|Collison|p=78}}.</ref>.
[[Pierre de La Ramée]] propose dans sa ''Dialectique''<ref group="n">En ligne sur [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k681639 Gallica]</ref> ([[1555]]) une méthode pour organiser les diverses composantes du savoir en les organisant visuellement et en évitant les répétitions, méthode fortement influencée par sa lecture de [[Raymond Lulle]].
 
L'Espagnol [[Jean Louis Vivès]] ([[1492]]-[[1540]]) rédige à [[Bruges]] son ''De Disciplinis''<ref group="n">Édition de 1551 en ligne sur [https://books.google.ca/books?id=Rxg8AAAAcAAJ Google Livres].</ref>, dans lequel il fait une critique serrée du système d'enseignement hérité de la [[scolastique]], et qui avait servi de modèle aux encyclopédies médiévales. Il enchaîne avec une proposition de réforme, en insistant sur l'importance de l'étude du grec et du latin dans la formation. Au lieu de s'en remettre à l'autorité de la religion, il insiste sur la légitimité d'un questionnement basé sur la raison<ref name=COLL78/>. Avec son ami [[Érasme]], il est une des grandes figures de la [[Renaissance]].
En Belgique, le savant et mathématicien [[Joachim Sterck van Ringelbergh]], aussi appelé Joachimus Fortius Ringelbergius ([[1499]] – [[1531]]) est l'auteur de divers traités ainsi que de ''Lucubrationes vel potius absolutissima kyklopaideia'' ([[Bâle]], [[1541]]), première réflexion moderne sur le concept d'encyclopédie<ref name=COLL78>{{Harvsp|Collison|p=78}}</ref>.
 
En [[1559]], l'aventurier [[Paul Scalich]] publie à Bâle une assez médiocre ''Encyclopædia, seu Orbis disciplinarum, tam sacrarum quam prophanarum Epistemon''<ref group="n">Édition originale disponible sur {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=om9NAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PP5#v=onepage&q&f=false|texte=Google Livres|langue=la}}.</ref>. Il s'agit d'un dialogue d'une centaine de pages entre un maître et un étudiant, touchant à une variété de sujets.
L'Espagnol [[Juan Luis Vives]] ([[1492]]-[[1540]]) rédige à [[Bruges]] son ''De Disciplinis''<ref group="n">Édition de 1551 en ligne sur [http://books.google.ca/books?id=Rxg8AAAAcAAJ Google Livres]</ref>, dans lequel il fait une critique serrée du système d'enseignement hérité de la [[scolastique]], et qui avait servi de modèle aux encyclopédies médiévales. Il enchaîne avec une proposition de réforme, en insistant sur l'importance de l'étude du grec et du latin dans la formation. Au lieu de s'en remettre à l'autorité de la religion, il insiste sur la légitimité d'un questionnement basé sur la raison<ref name=COLL78/>. Avec son ami [[Érasme]], il est une des grandes figures de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]].
 
L'érudit et médecin suisse [[Theodor Zwinger (l'Ancien)|Theodor Zwinger]] publie à [[Bâle]] le ''Theatrum vitæ humanæ'', [[1565]]-[[1587]], vaste compilation totalisant quelque {{nombre|4376|pages}} grand format. Au lieu d'un [[Classement alphabétique|ordre alphabétique]], l'auteur donne une grande place aux tableaux systématiques, suivant l'exemple de [[Pierre de La Ramée]], afin de montrer les relations entre les sujets. En outre, l'ouvrage contient un [[Index terminologique|index]] détaillé des sujets et un autre pour les ''[[exemplum|exempla]]'' ou anecdotes moralisantes<ref group="n">{{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=NM5MAAAAcAAJ&pg|langue=la}}.</ref>. Par son étendue, cet ouvrage est représentatif de l'ambition encyclopédique de la Renaissance, qui cherchait à accumuler le plus d'information possible et à éviter que se répète la catastrophe qu'avait été, au cours du [[Moyen Âge]] et des [[invasions barbares]], la disparition de la majeure partie du savoir de l'[[Antiquité gréco-romaine]]{{sfn|Blair 2010|p=11-13}}.
En [[1559]], l'aventurier [[Paul Scalich]] publie à Bâle une assez médiocre ''Encyclopædia, seu Orbis disciplinarum, tam sacrarum quam prophanarum Epistemon''<ref group="n">Édition originale disponible sur {{lire en ligne|lien=http://books.google.fr/books?id=om9NAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PP5#v=onepage&q&f=false|texte=Google Livres|langue=la}}.</ref>. Il s'agit d'un dialogue d'une centaine de pages entre un maître et un étudiant, touchant à une variété de sujets.
 
=== Époque moderne ===
L'érudit et médecin suisse [[Theodor Zwinger (l'ancien)|Theodor Zwinger]] publie à [[Bâle]] le ''Theatrum vitæ humanæ'', [[1565]]-[[1587]], vaste compilation totalisant quelque {{nombre|4376|pages}} grand format. Au lieu d'un [[Classement alphabétique|ordre alphabétique]], l'auteur donne une grande place aux tableaux systématiques, suivant l'exemple de [[Pierre de La Ramée]], afin de montrer les relations entre les sujets. En outre, l'ouvrage contient un [[Index terminologique|index]] détaillé des sujets et un autre pour les ''[[exemplum|exempla]]'' ou anecdotes moralisantes<ref group="n">{{lire en ligne|lien=http://books.google.fr/books?id=NM5MAAAAcAAJ&pg|langue=la}}.</ref>.
==== {{s-|XVII}} ====
[[Fichier:Novum Organum 1650 crop.jpg|vignette|Page de titre du ''[[Novum organum|Novum Organum]]'' de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]. Cet ouvrage aura un impact majeur sur la réflexion encyclopédique.]]
 
Une attitude nouvelle se fait jour vis-à-vis du savoir. Celle-ci se manifeste à la fois dans la création d'[[académie]]s (Paris, Londres, Florence, etc.) et dans un esprit plus critique et une part plus grande accordée à la raison et à l'expérience. Cette [[révolution scientifique]] donne lieu à des découvertes importantes en optique ([[Christian Huygens|Huygens]]), en astronomie ([[Galilée (savant)|Galilée]], [[Isaac Newton|Newton]]), en anatomie ([[Robert Hooke|Hooke]]), en électricité ([[Francis Hauksbee|Hauksbee]]) et en physique de l'atmosphère ([[Blaise Pascal|Pascal]]){{sfn|Huff}}.
=== {{s-|XVII|e}} ===
[[Fichier:Novum Organum 1650 crop.jpg|thumb|Page de titre du ''[[Novum Organum]]'' de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]. Cet ouvrage aura un impact majeur sur la réflexion encyclopédique]]
Une attitude nouvelle se fait jour vis-à-vis du savoir. Celle-ci se se manifeste à la fois dans la création d'académies (Paris, Londres, Florence, etc.) et dans un esprit plus critique et une part plus grande accordée à la raison et à l'expérience. Cette révolution scientifique donne lieu à des découvertes importantes en optique ([[Christian Huygens|Huygens]]), en astronomie ([[Galilée (savant)|Galilée]], [[Isaac Newton|Newton]]), en anatomie ([[Robert Hooke|Hooke]]), en électricité ([[Francis Hauksbee|Hauksbee]]) et en physique de l'atmosphère ([[Blaise Pascal|Pascal]])<ref>{{Harvsp|Huff}}</ref>.
 
Ce nouvel état d'esprit est manifeste chez [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]], qui entreprend avec le ''[[ Novum organum|Novum Organum]]'' (1620) une encyclopédie devant compter six volumes, mais dont les deux premiers seulement ont été achevés. Critiquant le manque de rigueur des travaux qui l'ont précédé, Bacon plaide pour que l'étude des sciences repose sur une [[méthode expérimentale|démarche expérimentale]]. Il insiste sur le fait qu'une encyclopédie doit être impartiale et fondée sur des données [[Vérité|avérées]]. Il réfléchit aussi sur la façon d'organiser les sujets et propose, dans ''Instauratio magna'' ([[1620]]), une division de la matière encyclopédique en 130 sections regroupées en trois parties : la nature extérieure (astronomie, géographie, espèces minérales, végétales et animales) ; l'homme (anatomie, physiologie, actions volontaires et involontaires, pouvoirs) ; l'action de l'homme sur la nature (médecine, chimie, les cinq sens et les arts qui s'y rattachent, les émotions, les facultés intellectuelles, le transport, l'arithmétique, etc.). Dans le [[s:L’Encyclopédie/1re édition/Discours préliminaire|discours préliminaire ]] de l’''Encyclopédie'', [[Jean le Le Rond D d'Alembert|d'Alembert]] reconnaîtra sa dette envers cet ouvrage <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=84}} </ref>.
 
En Allemagne, le philosophe et pédagogue [[Johann Heinrich Alsted]] publie une importante ''Encyclopædia, septem tomis distincta'' (2 volumes, [[1630]]), qui répertorie les connaissances en sept grandes classes. Comportant 48 tableaux synoptiques et un index, c'est la dernière des grandes encyclopédies systématiques rédigées en latin <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=86}} </ref>. Elle sera développée dans une deuxième édition pour devenir la ''Scientiarum omnium encyclopædiæ'' (Lyon, [[1649]], 4 vol.)<ref group="n">Plusieurs volumes de l'édition de 1649 sont disponibles sur {{lire en ligne|lien= http https://books.google.fr/books?id=02hEAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false|texte=Google Livres|langue=la}}.</ref>. Son influence sera considérable.
 
[[Daniel Georg Morhof ]] ([[1639]]-[[1690]]) rédige le ''Polyhistor literarius, philosophicus, et practicus'' dont le premier volume paraît à Lübeck, en [[1688]] et les deux autres en [[1708]]. Cet ouvrage, qui connaîtra plusieurs éditions, étonne par les disproportions de son organisation, qui consacre environ {{nombre|1000|pages}} à la dimension littéraire, la moitié à la section philosophie, et seulement 124 pages aux domaines pratiques <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=90}} </ref>. Morhof accorde cependant une attention spéciale aux bibliothèques et au catalogage des livres.
 
Le [[jésuite]] allemand [[Athanase Kircher]] ([[1601]]-[[1680]]), célèbre pour son esprit encyclopédique, publie ''Ars magna sciendi sive combinatorica'' ([[1669]]).
 
En [[Hongrie]], [[János Apáczai Csere]] publie une encyclopédie en 12 volumes, la ''Magyar encyclopædia'' (Utrecht, [[1653]]-[[1655]]), qui repose essentiellement sur des sources étrangères, notamment les travaux de [[Descartes]] et de [[Pierre de La Ramée]] <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=87}} </ref>.
 
En Suisse, [[Jean-Jacques Hofmann]] ([[1635]]-[[1706]]) rédige le ''Lexicon universale'' (2 volumes, Bâle, 1677), traitant principalement d'histoire ancienne, de géographie et de biographies. Il s'y ajoutera deux volumes en [[1683]], couvrant les autres branches du savoir de l'époque.
 
En France, [[Charles Sorel]] publie entre [[1634]] et [[1644]] un ouvrage intitulé ''La Science universelle'', en quatre volumes. Conformément au désir de rationalité qui se répand à son époque, et dans la ligne des prescriptions de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]], Sorel veut séparer {{Citation|la véritable science}} de toutes les impostures et {{Citation|donner une doctrine qui soit appuyée sur la raison et l'expérience <ref> }}{{ Harvsp sfn|Sorel-I|p=31 }}</ref>}}. Prenant au sens littéral la définition donnée par les humanistes au terme « encyclopédie » par les humanistes, il cherche à ordonner les connaissances de façon parfaitement logique, persuadé que tout s'enchaîne à partir d'un principe premier, dans l'espoir d'aboutir à {{Citation|un cercle et enchaînement de toutes les sciences et de tous les arts <ref> }}{{ Harvsp sfn|Sorel-I|p=32 }}</ref>}}. En accord avec ce postulat, son « encyclopédie » est rédigée en texte suivi, sans même un index.
 
Ce livre inspirera peut-être celui d'un certain Sieur Saunier, qui a compilé une ''Encyclopédie des beaux esprits, contenant les moyens de parvenir à la connaissance des belles sciences'' (Paris, [[1657]]) ; l'ouvrage, qui fait moins de 400 pages, se manipule aisément et n'est pas de nature à rebuter les courtisans<ref name=Coll88>{{Harvsp|Collison|p=88}} .</ref>. Les gens du monde recherchent recherchaient en effet des livres qui leur permettent permettant de briller dans les [[Salon littéraire|salons littéraires]]. C'est dans le même esprit que Jean de Magnon, historiographe du roi [[ Louis XIV de France|Louis XIV]], se lance dans la rédaction d'une encyclopédie en vers, ''La Science universelle en vers héroïques''. En raison de la mort prématurée de l'auteur, seul a été rédigé le premier volume ([[1663]]), comptant {{nombre|11000|vers}} et consacré à la théologie et au [[péché originel ]]<ref name=Coll88/>.
 
[[Fichier:Pierre Bayle by Louis Ferdinand Elle.jpg| thumb vignette|Portrait de P. Bayle par Louis Elle le Jeune .]]
[[Fichier:Antoine Furetière.png| thumb vignette|Antoine Furetière rédige le ''Dictionnaire universel''. ]]
Certains ne font que rééditer des ouvrages antérieurs ou les plagier sans vergogne. C'est ainsi que paraît ainsi à Amsterdam, en [[1663]], un livre en espagnol intitulé ''Vision deleytable y sumario de todas las sciencias'' (« Vision délectable et résumé de toutes les sciences »), qui est la traduction d'un livre italien de Domenico Delfino paru en [[1556]], lequel avait plagié l'ouvrage original en espagnol d'Alfonso de la Torre, ''Vision delectable'', publié à Burgos en [[1435]]<ref>{{Harvsp|Collison|p=72-73}}</ref>. Ce dernier, enfin, était basé, tant dans sa structure que dans son approche allégorique, sur l'ouvrage de [[Martianus Capella]] rédigé vers 420<ref>{{Harvsp|Stahl|1971|p=71}}</ref>. Preuve de l'intérêt du public pour des ouvrages encyclopédiques, même s'ils n'en ont que l'apparence.
 
Certains ne font que rééditer des ouvrages antérieurs ou les plagier sans vergogne. C'est ainsi que paraît ainsi à Amsterdam, en [[1663]], un livre en espagnol intitulé ''Vision deleytable y sumario de todas las sciencias'' (« Vision délectable et résumé de toutes les sciences »), qui est la traduction d'un livre italien de Domenico Delfino paru en [[1556]], lequel avait plagié l'ouvrage original en espagnol d'[[Alfonso de la Torre]], ''Vision delectable'', publié à Burgos en [[1435]]{{sfn|Collison|p=72-73}}. Ce dernier, enfin, était basé, tant dans sa structure que dans son approche allégorique, sur l'ouvrage de [[Martianus Capella]] rédigé vers 420{{sfn|Stahl|1971|p=71}}. Preuve de l'intérêt du public pour des ouvrages encyclopédiques, même s'ils n'en ont que l'apparence.
Les [[dictionnaire]]s historiques deviennent aussi très populaires, comme en atteste la traduction-appropriation du ''Dictionarium historicum'' de [[Charles Estienne]] par [[D. de Juigné-Broissinière]] sous le titre ''Dictionnaire théologique, historique, poétique, cosmographique et chronologique'' (Paris, [[1643]]), ou son adaptation à Londres par [[Nicolas Lloyd]] ([[1670]]). Mais ces ouvrages pâlissent en comparaison du ''Grand Dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane'' (Lyon, [[1674]]) de [[Louis Moréri]]<ref group="n">Le dictionnaire de Moréri est disponible sur {{lire en ligne|lien=http://books.google.fr/books?id=JwQ_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=mor%C3%A9ri&cd=1#v=onepage&q=&f=false|texte=Google Livres}}.</ref>. Contenant principalement des articles historiques et biographiques, cet ouvrage est le premier à présenter dans un [[ordre alphabétique]] rigoureux un éventail de sujets<ref>{{Harvsp|Yeo|p=17}}</ref>. Surtout, il répond aux attentes d'un public de plus en plus désireux de lire des livres savants en [[langue vernaculaire]]. Constamment réédité et augmenté, il atteindra dix volumes [[in-folio]] dans sa vingtième et dernière édition en [[1759]]. Son influence dans les pays voisins sera considérable<ref>{{Harvsp|Collison|p=89}}</ref>. Il sera traduit en Espagne, en Allemagne et en Angleterre, où il servira aussi de base à l'ouvrage de [[Jeremy Collier]] intitulé ''The great historical, geographical, genealogical and poetical dictionary'' (2 volumes, 1701-05).
 
Les [[dictionnaire]]s historiques deviennent aussi très populaires, comme l'atteste la traduction-appropriation du ''Dictionarium historicum'' de [[Charles Estienne]] par [[Daniel de Juigné-Broissinière|D. de Juigné-Broissinière]] sous le titre ''Dictionnaire théologique, historique, poétique, cosmographique et chronologique'' (Paris, [[1643]]), ou son adaptation à Londres par [[Nicolas Lloyd]] ([[1670]]). Mais ces ouvrages pâlissent en comparaison du ''Grand Dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane'' (Lyon, [[1674]]) de [[Louis Moréri]]<ref group="n">Le dictionnaire de Moréri est disponible sur {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=JwQ_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=mor%C3%A9ri&cd=1#v=onepage&q=&f=false|texte=Google Livres}}.</ref>. Contenant principalement des articles historiques et biographiques, cet ouvrage est le premier à présenter dans un [[ordre alphabétique]] rigoureux un éventail de sujets{{sfn|Yeo|p=17}}. Surtout, il répond aux attentes d'un public de plus en plus désireux de lire des livres savants en [[langue vernaculaire]]. Constamment réédité et augmenté, il atteindra dix volumes [[in-folio]] dans sa vingtième et dernière édition en [[1759]]. Son influence dans les pays voisins sera considérable{{sfn|Collison|p=89}}. Il sera traduit en Espagne, en Allemagne et en Angleterre, où il servira aussi de base à l'ouvrage de [[Jeremy Collier]] intitulé ''The great historical, geographical, genealogical and poetical dictionary'' (2 volumes, 1701-05).
En réponse à l'ouvrage de [[Moréri]] dont il veut corriger les erreurs, [[Pierre Bayle]] publie en [[1697]] le ''[[Dictionnaire historique et critique]]'', autre œuvre majeure qui connaîtra plusieurs éditions et préfigure ''[[l'Encyclopédie]]''. Doté d'un esprit rigoureusement scientifique, Bayle s'attache à dénoncer les mensonges de la tradition historique et à traquer les superstitions sous toutes leurs formes<ref>{{Harvsp|Moureau|p=32}}</ref>. Pour éviter les poursuites, il devra s'installer à [[Rotterdam]]. Son livre sera constamment augmenté par divers contributeurs et réédité, jusqu'à comprendre 16 volumes dans la onzième édition (1820-24). Il s'en fera diverses traduction en anglais et en allemand.
 
En réponse à l'ouvrage de [[Louis Moréri|Moréri]] dont il veut corriger les erreurs, [[Pierre Bayle]] publie en [[1697]] le ''[[Dictionnaire historique et critique]]'', autre œuvre majeure qui connaîtra plusieurs éditions et préfigure ''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|l'Encyclopédie]]''. Doté d'un esprit rigoureusement scientifique, Bayle s'attache à dénoncer les mensonges de la tradition historique et à traquer les superstitions sous toutes leurs formes{{sfn|Moureau|p=32}}. Pour éviter les poursuites, il devra s'installer à [[Rotterdam]]. Son livre sera constamment augmenté par divers contributeurs et réédité, jusqu'à comprendre 16 volumes dans la onzième édition (1820-24). Il s'en fera diverses traduction en anglais et en allemand.
Les exigences se font plus grandes aussi en matière de dictionnaire de langue, comme en témoigne la parution du ''Dictionnaire universel'' ([[1690]]) d'[[Antoine Furetière]] ([[1619]]-[[1688]]). Cet ouvrage de {{nombre|40000|articles}} en deux volumes marque un jalon dans l’histoire des dictionnaires et des encyclopédies : pour la première fois, les termes populaires et de métiers sont inclus dans un dictionnaire et les articles sur les sciences, les arts et le lexique sont organisés selon un [[ordre alphabétique]] uniforme<ref>{{Harvsp|Yeo|p=18}}</ref>. La publication de cet ouvrage vaudra à son auteur d'être exclu de l'[[Académie française]], qu'il avait devancée.
 
Les exigences se font plus grandes aussi en matière de dictionnaire de langue, comme en témoigne la parution du ''Dictionnaire universel'' ([[1690]]) d'[[Antoine Furetière]] ([[1619]]-[[1688]]). Cet ouvrage de {{nombre|40000|articles}} en deux volumes marque un jalon dans l’histoire des dictionnaires et des encyclopédies : pour la première fois, les termes populaires et de métiers sont inclus dans un dictionnaire et les articles sur les sciences, les arts et le lexique sont organisés selon un [[ordre alphabétique]] uniforme{{sfn|Yeo|p=18}}. La publication de cet ouvrage vaudra à son auteur d'être exclu de l'[[Académie française]], qu'il avait devancée.
 
==== {{s-|XVIII}} ====
[[Fichier:Essai d'une distribution généalogique des sciences et des arts principaux, 1780.jpg|droite|vignette|Système figuratif représentant l'embranchement des connaissances humaines — {{s|XVIII}}.]]
 
=== {{s-|XVIII|e}} ===
[[Image:Encyclopédie Figurative System of Human Knowledge.jpg|right|thumb|Système figuratif représentant l'embranchement des connaissances humaines — {{s|XVIII|e}}]]
Le projet encyclopédique gagne en force au [[siècle des Lumières]], en même temps que se développent les sciences.
 
En Italie, [[Vincenzo Coronelli]] ([[1650]]-[[1718]]) a consacré 30 années de sa vie à la rédaction d'une innovatrice ''Biblioteca universale sacro-profano''<ref group="n">{{lire en ligne |lien= http https://books.google.ca/books?id=aubGsn5q2IYC|texte=Google Livres}}.</ref>. Première grande encyclopédie organisée en ordre alphabétique, cet ouvrage devait compter {{nombre|300000|articles}} répartis en {{ nombre nobr|45 |volumess volumes}}, mais seuls les sept premiers ont été réalisés, couvrant les entrées A-Caque (1701- 106 1706). Dans son plan, l'auteur avait réservé les volumes 41 et 42 pour les ajouts et corrections, tandis que les volumes 43-45 étaient réservés aux index. En outre, chaque volume devait avoir son propre index, dont la consultation était facilitée par la numérotation de tous les articles. Coronelli innove aussi en mettant en italique les titres de livres, une pratique qui deviendra universelle <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=98}} </ref>.
 
En Angleterre, [[John Harris]] ([[1666]]-[[1719]]), publie en [[1704]], à Londres, le ''Lexicon Technicum'', première encyclopédie conçue et rédigée en langue anglaise. Elle est également organisée en [[ordre alphabétique]] et servira de modèle à la ''[[Cyclopaedia]]''. Elle est accompagnée de planches et de nombreux diagrammes. Des notes bibliographiques accompagnent les principaux articles. Premier auteur d’encyclopédie à faire appel à des experts, Harris recrute notamment le naturaliste [[John Ray]] et [[Isaac Newton]] <ref>{{ Harvsp sfn|Yeo|p=13}} </ref>.
 
[[Fichier:Trevoux1.jpg| thumb vignette| left gauche|Le ''[[Dictionnaire de Trévoux]]'' (1763) .]]
[[Fichier:Versailles Nuovo Dizionario X-283.png| thumb vignette| left gauche|Planche du ''Nuovo Dizionario'' (1751). L'article sur le château de [[Versailles]] compte 20 vingt pages de texte serré sur deux colonnes.]]
En France, le ''[[Dictionnaire de Trévoux]]'' reprend celui de Furetière et l'augmente considérablement au cours de ses six éditions successives entre [[1704]] et [[1771]], jusqu'à compter 8 volumes. Il intègre un nombre considérable de sources historiques, philosophiques et littéraires<ref group="n">{{lire en ligne|lien= http://books.google.ca/books?id=vf3-CWjSeo0C |texte=''Dictionnaire de Trévoux'' sur Google Livres}}.</ref>.
 
En France, le ''[[Dictionnaire de Trévoux]]'' reprend celui de Furetière et l'augmente considérablement au cours de ses six éditions successives entre [[1704]] et [[1771]]. À celles-ci, il faut ajouter une version abrégée en trois volumes publiée en 1762. Le Trévoux compte jusqu'à huit volumes dans sa dernière édition, auxquels s'ajoute un volume de glossaire latin-français spécifiquement pour cette édition. Il intègre un nombre considérable de sources historiques, philosophiques et littéraires<ref group="n">{{lire en ligne|lien= https://books.google.ca/books?id=vf3-CWjSeo0C |texte=''Dictionnaire de Trévoux'' sur Google Livres}}.</ref>.
En Allemagne, la ''Reales staats- und Zeitungs-Lexikon''<ref group="n">{{lire en ligne|lien= http://books.google.ca/books?id=ucZFAAAAcAAJ |texte=''Reales staats- und Zeitungs-Lexikon'' (1704) sur Google Livres}}.</ref>, plus connue sous le nom de son préfacier Johann Hübner, s'adressait au public cultivé plutôt qu'aux scientifiques, ainsi que l'indique l'ajout apporté au titre de la {{4e}} édition : ''Reales-, Staats-, Zeitungs-und Conversations-Lexikon'' ([[1709]]), et la notion d'ouvrage utile à la conversation se maintiendra jusqu'à nos jours. Cette encyclopédie, qui couvre la géographie, la théologie et la politique, a connu 31 éditions jusqu'en 1828. Elle a été traduite en hongrois. Il s'y est ajouté en [[1712]] un supplément couvrant les sciences, les arts et le commerce, qui a également été réédité à plusieurs reprises<ref>{{Harvsp|Collison|p=100}}</ref>.
 
En Allemagne, la ''Reales staats- und Zeitungs-Lexikon''<ref group="n">{{lire en ligne|lien= https://books.google.ca/books?id=ucZFAAAAcAAJ |texte=''Reales staats- und Zeitungs-Lexikon'' (1704) sur Google Livres}}.</ref>, plus connue sous le nom de son préfacier Johann Hübner, s'adressait au public cultivé plutôt qu'aux scientifiques, ainsi que l'indique l'ajout apporté au titre de la {{4e|édition}} : ''Reales-, Staats-, Zeitungs-und Conversations-Lexikon'' ([[1709]]), et la notion d'ouvrage utile à la conversation se maintiendra jusqu'à nos jours. Cette encyclopédie, qui couvre la géographie, la théologie et la politique, a connu 31 éditions jusqu'en 1828. Elle a été traduite en hongrois. Il s'y est ajouté en [[1712]] un supplément couvrant les sciences, les arts et le commerce, lequel a été réédité à plusieurs reprises{{sfn|Collison|p=100}}.
 
Johann Theodor Jablonski ([[1654]]-[[1731]]) rédige un ''Allgemeines Lexicon des Künste und Wissenschaften'' (Königsberg, [[1721]]) en 2 volumes. L'ouvrage aura beaucoup de succès et sera augmenté dans des éditions subséquentes, en [[1748]] et [[1767]].
 
La ''[[Cyclopaedia]]'' d'[[Ephraïm Chambers]] est publiée à Londres en [[1728]]. Également en ordre alphabétique, cet important ouvrage sera souvent réédité et inspirera le projet de traduction, puis d'encyclopédie nouvelle, qu'un éditeur parisien proposera à [[Denis Diderot|Diderot]] en [[1746]]. Il sera traduit à Venise en [[1748]] sous le titre ''Dizionario universale delle arti e delle scienze''. L'ouvrage de Chambers perfectionne le système des renvois croisés et a eu une influence majeure sur l'histoire des encyclopédies <ref>{{ Harvsp sfn|Yeo|p=114}} </ref> . L'auteur a reconnu avoir fait des emprunts à ses prédécesseurs, notamment au ''[[Dictionnaire de Trévoux]]''{{sfn|Loveland 2013|p=1299}}.
 
Le ''Nuovo dizionario, scientifico e curioso, sacro e profano'' de Gianfrancisco Pivati, publié à [[Venise]] (12 vol., [[1746]]-[[1751]]) est la première encyclopédie d'importance en italien. Les illustrations en sont très soignées (voir ci-contre).
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En Russie, l'historien et géographe [[Vassili Tatichtchev]] rédige le premier dictionnaire encyclopédique de la langue russe, le ''Leksikon rossiiskoi istoricheskoi, geographicheskoi, politicheskoi i grazhdanskoi'', publié à [[Saint-Pétersbourg]]. L'ouvrage, qui devait compter 6 volumes, s'arrête avec le troisième, à l'article ''Klyuchnik''.
 
À [[Leipzig]], l'éditeur [[Johann Heinrich Zedler]] publie le très volumineux ''[[Universal Lexicon]]'' ([[1731]]-[[1754]]). D'abord prévu en 32 volumes in-folio, cet ouvrage finit par en compter 68 sur deux colonnes, ce qui en fait l'une des plus grandes encyclopédies jamais publiées en Europe <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=104}} </ref>. D'une très grande précision dans les détails, elle est aussi la première encyclopédie à inclure des notices biographiques de personnes vivantes.
 
==== L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert ====
[[Fichier:Encyclopedie de D'Alembert et Diderot - Premiere Page - ENC 1-NA5.jpg| thumb vignette|Couverture du {{1er |volume}} volume de l {{' }}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', 1751.]]
 
{{Article détaillé|Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers}}
[[Denis Diderot|Diderot]] et [[Jean le Rond d'Alembert]] réalisent entre 1751 et 1772 l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]]'', comprenant 17 volumes de texte et 11 d'illustrations, avec un total de {{nombre|71818|articles}}. La double vocation de cet ouvrage est de répertorier les connaissances et les savoirs de son siècle et aussi d'ouvrir une réflexion critique, de {{Citation|changer la façon commune de penser}}. [[Denis Diderot|Diderot]] décrit ainsi les objectifs de son entreprise en [[1751]] : {{citation bloc|Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été inutiles pour les siècles qui succéderont ; que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux ; et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain<ref name=WS>[[s:L’Encyclopédie/1re édition/Volume 5|article encyclopédie|Texte sur Wikisource]]</ref>.}}
 
[[Denis Diderot]] et [[Jean Le Rond d'Alembert|Jean le Rond d'Alembert]] réalisent entre 1751 et 1772 l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]]'', comprenant 17 volumes de texte et 11 d'illustrations, avec un total de {{nombre|71818|articles}}. La double vocation de cet ouvrage est de répertorier les connaissances et les savoirs de son siècle et aussi d'ouvrir une réflexion critique, de {{Citation|changer la façon commune de penser}}. [[Denis Diderot|Diderot]] décrit ainsi les objectifs de son entreprise en [[1751]] : {{citation bloc|Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été inutiles pour les siècles qui succéderont ; que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux ; et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain<ref name=WS>[[s:L’Encyclopédie/1re édition/Volume 5|article encyclopédie|Texte sur Wikisource]].</ref>.}}
Dans le ''[[s:L’Encyclopédie/1re édition/Discours préliminaire|Discours préliminaire]]'', d'Alembert situe son entreprise dans la lignée des grands savants de l'époque : [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], [[Descartes]], [[Isaac Newton|Newton]], [[Blaise Pascal|Pascal]], [[William Harvey|Harvey]], [[Leibnitz]]. Il rejette l'idée selon laquelle {{Citation|en multipliant les secours & la facilité de s’instruire, [les ouvrages encyclopédiques] contribueront à éteindre le goût du travail & de l’étude}} et estime, au contraire, {{Citation|qu’on ne sauroit trop faciliter les moyens de s’instruire}}. De plus, afin de rompre avec une tradition savante qui ignorait encore largement la description des métiers et des objets de la vie courante, [[D'alembert|d'Alembert]] explique que des dessinateurs ont été envoyés dans les ateliers et que [[Diderot]] a rédigé ses articles techniques en se basant {{Citation|sur les connoissances qu’il a été puiser lui-même chez les ouvriers, ou enfin sur des métiers qu’il s’est donné la peine de voir, & dont quelquefois il a fait construire des modeles pour les étudier plus à son aise.}}
 
La page suivant la page de titre comporte une table dépliable en double [[in-folio]], présentant ''le système figuré'' traduit de [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], soit ce que l'on nommerait aujourd'hui une ontologie des matières ou des domaines. C'est un système hiérarchique, allant du général au spécifique. L'objectif initial était de pouvoir indiquer en début de chaque entrée de l'encyclopédie à quel domaine cette entrée se rattachait, mais cet objectif n'a pas toujours été suivi dans les faits.
Rassemblant une masse de données jusqu'alors sans égale, cet ouvrage sera reçu avec enthousiasme par le public et jusque dans l'entourage même du roi [[Louis XV de France|Louis XV]], qui en avait pourtant interdit la publication, comme le relate une délicieuse [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers#Réception de l’Encyclopédie|anecdote de Voltaire]] reprise dans la préface de ''[[La Grande Encyclopédie]]''<ref group="n">{{lire en ligne|lien=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f11.image.r=.langFR|texte=''La Grande Encyclopédie'' sur Gallica}}.</ref>.
 
Ensuite, vient le ''Discours préliminaire'' de d'Alembert, qui situe son entreprise dans la lignée des grands savants de l'époque : [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], [[René Descartes|Descartes]], [[Isaac Newton|Newton]], [[Blaise Pascal|Pascal]], [[William Harvey|Harvey]], [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]]. Il rejette l'idée selon laquelle {{Citation|en multipliant les secours & la facilité de s’instruire, [les ouvrages encyclopédiques] contribueront à éteindre le goût du travail & de l’étude}} et estime, au contraire, {{Citation|qu’on ne sauroit trop faciliter les moyens de s’instruire}}. De plus, afin de rompre avec une tradition savante qui ignorait encore largement la description des métiers et des objets de la vie courante, [[Jean Le Rond d'Alembert|d'Alembert]] explique que des dessinateurs ont été envoyés dans les ateliers et que [[Denis Diderot|Diderot]] a rédigé ses articles techniques en se basant {{Citation|sur les connaissances qu’il a été puiser lui-même chez les ouvriers, ou enfin sur des métiers qu’il s’est donné la peine de voir, et dont quelquefois il a fait construire des modèles pour les étudier plus à son aise.}}
Dans l'article « encyclopédie », Diderot insiste sur la dimension collective de son projet et l'esprit de générosité qui l'anime : {{Citation|Ouvrage qui ne s'exécutera que par une société de gens de lettres & d'artistes, épars, occupés chacun de sa partie, & liés seulement par l'intérêt général du genre humain, & par un sentiment de bienveillance réciproque<ref name=WS/>}}. De fait, plus de 160 [[Collaborateurs de l'Encyclopédie (1751-1772)|encyclopédistes]] ont contribué à ce projet. Rompant avec les encyclopédies antiques et médiévales, qui étaient l'œuvre d'un seul homme, l’''Encyclopédie'' marque l'entrée dans l'ère des travaux collectifs.
 
Rassemblant une masse de données jusqu'alors sans égale, cet ouvrage sera reçu avec enthousiasme par le public et jusque dans l'entourage même du roi [[Louis XV]], qui en avait pourtant interdit la publication, comme le relate une [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers#Enthousiasme du public|anecdote de Voltaire]] reprise dans la préface de ''[[La Grande Encyclopédie]]''<ref group="n">{{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f11.image.r=.langFR|texte=''La Grande Encyclopédie'' sur Gallica}}.</ref>.
Rédigée à un [[siècle des Lumières|moment charnière]] dans l'histoire des idées en Occident, cette encyclopédie prend naturellement parti dans les combats politiques, religieux et scientifiques de son temps. En particulier, dans les articles sur l'[[astronomie]], d'Alembert fournit des preuves de l'[[héliocentrisme]], [[représentation du monde]] encore mal acceptée à cette époque ; il critique sévèrement l'[[Inquisition]] dans le [[Discours préliminaire de l'Encyclopédie|Discours préliminaire]] en raison de la condamnation de [[Galilée (savant)|Galilée]] en [[1633]] et milite pour la séparation de l'Église et de la science<ref>Colette Le Lay, ''Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert'', 1997, [http://astro-history.hautetfort.com/list/downloads_-_memoires_et_theses_en_telechargement/dea-colette.pdf lire en ligne, {{p.|19}} à 22]</ref>. L’''Encyclopédie'' fournit un savoir et une [[esprit critique|critique]] du savoir, du langage et des [[préjugés]] véhiculés par les habitudes, les interdits, les [[dogme]]s et les autorités. Elle témoigne de la [[Libre-pensée|liberté de penser]], du goût d'inventer et de la nécessité de douter<ref>Marie Leca-Tsiomis, ''Célébrations Nationales 2001'', Ministère de la Culture 2001. {{lire en ligne|lien=http://www.univ-paris-diderot.fr/diderot/presentation/encyclo.html}}.</ref>. Ces prises de position audacieuses lui occasionneront d'innombrables ennuis et une réputation sulfureuse. Encore en 1800, dans une adresse au roi d'Angleterre, l'éditeur de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' rappelle que l'ouvrage français {{Citation|a été accusé à juste titre de propager l'anarchie et l'athéisme}}, et présente sa propre encyclopédie comme un contrepoison<ref group="n">{{en}}{{Citation|''The French Encyclopedic had been accused, and justly accused, of having disseminated far and wide the seeds of anarchy and atheism. If the Encyclopædia Britannica shall in any degree counteract the tendency of that pestiferous work, even these two volumes will not be wholly unworthy of your Majesty's attention.''}} ({{lire en ligne|lien=http://www.1911encyclopedia.org/Encyclopaedia|titre=Article Encyclopædia|année=1911}}).</ref>.
 
Dans l'article « encyclopédie », Diderot insiste sur la dimension collective de son projet et l'esprit de générosité qui l'anime : {{Citation|Ouvrage qui ne s'exécutera que par une société de gens de lettres & d'artistes, épars, occupés chacun de sa partie, & liés seulement par l'intérêt général du genre humain, & par un sentiment de bienveillance réciproque<ref name=WS/>}}. De fait, plus de 160 [[Collaborateurs de l'Encyclopédie|encyclopédistes]] ont contribué à ce projet. Rompant avec les encyclopédies antiques et médiévales, qui étaient l'œuvre d'un seul homme, l’''Encyclopédie'' marque l'entrée dans l'ère des travaux collectifs.
 
Rédigée à un [[siècle des Lumières|moment charnière]] dans l'histoire des idées en Occident, cette encyclopédie prend naturellement parti dans les combats politiques, religieux et scientifiques de son temps. En particulier, dans les articles sur l'[[astronomie]], d'Alembert fournit des preuves de l'[[héliocentrisme]], [[représentation du monde]] encore mal acceptée à cette époque ; il critique sévèrement l'[[Inquisition]] dans le [[Discours préliminaire de l'Encyclopédie|Discours préliminaire]] en raison de la condamnation de [[Galilée (savant)|Galilée]] en [[1633]] et milite pour la séparation de l'Église et de la science<ref>Colette Le Lay, ''Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert'', 1997, [http://astro-history.hautetfort.com/list/downloads_-_memoires_et_theses_en_telechargement/dea-colette.pdf lire en ligne, {{p.|19}} à 22].</ref>. L’''Encyclopédie'' fournit un savoir et une [[esprit critique|critique]] du savoir, du langage et des [[préjugé]]s véhiculés par les habitudes, les interdits, les [[dogme]]s et les autorités. Elle témoigne de la [[Libre-pensée|liberté de penser]], du goût d'inventer et de la nécessité de douter<ref>Marie Leca-Tsiomis, ''Célébrations Nationales 2001'', Ministère de la Culture 2001. {{lire en ligne|lien=http://www.univ-paris-diderot.fr/diderot/presentation/encyclo.html}}.</ref>. Ces prises de position audacieuses lui occasionneront d'innombrables ennuis et une réputation sulfureuse. Encore en 1800, dans une adresse au roi d'Angleterre, l'éditeur de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' rappelle que l'ouvrage français {{Citation|a été accusé à juste titre de propager l'anarchie et l'athéisme}}, et présente sa propre encyclopédie comme un contrepoison<ref group="n">{{en}}{{Citation|''The French Encyclopedic had been accused, and justly accused, of having disseminated far and wide the seeds of anarchy and atheism. If the Encyclopædia Britannica shall in any degree counteract the tendency of that pestiferous work, even these two volumes will not be wholly unworthy of your Majesty's attention''.}} ({{lire en ligne|lien=http://www.1911encyclopedia.org/Encyclopaedia|titre=Article Encyclopædia|année=1911}}).</ref>.
 
==== Après l'Encyclopédie ====
[[Fichier:EB1 titlepage.gif| thumb vignette|Couverture de la première édition de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' (1771) .]]
 
Entre [[1768]] et [[1771]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' paraît à [[Édimbourg]] en 100 fascicules hebdomadaires sous le titre ''Encyclopædia Britannica, or a Dictionary of Arts and Sciences compiled upon a new plan'' (''Encyclopædia Britannica, ou Un Dictionnaire des Arts et des Sciences compilé selon un nouveau plan''). Une deuxième édition paraît dès 1778. Cet ouvrage aura une carrière ininterrompue durant les deux siècles suivants.
 
Ligne 337 ⟶ 351 :
La ''[[Deutsche Encyclopädie]]'' est la première encyclopédie allemande à prendre l’''Encyclopédie'' de Diderot comme modèle. Publiée à Francfort à partir de [[1788]], cette encyclopédie ne sera pas terminée et la publication s'arrêtera avec le volume 23 (lettre K) en [[1804]].
 
=== Époque contemporaine ({{s2-|XIX |e|XX |e}} ) ===
À partir de [[1800]] et durant tout le siècle suivant, le la mouvement production encyclopédique d'encyclopédies devient un phénomène d'imprimerie dans le monde, avec plus d'une nouvelle encyclopédie publiée par an, sans compter les rééditions d'ouvrages existants<ref name="coll10">{{Harvsp|Collison|p=10}} .</ref>. Dès [[1809]], un périodique anglais faisait remarquer qu'on était entré dans {{Citation|l'âge des encyclopédies <ref> }}{{ Harvsp sfn|Yeo|p=277 }}</ref>}}. Toutes les grandes nations veulent alors disposer d'une encyclopédie dans leur propre langue. Ce n'est pas seulement une question de fierté mais aussi d'intérêt national, car la vulgarisation des connaissances et leur mise à la disposition du public sont essentielles au développement économique et intellectuel d'un pays. Ce mouvement est appuyé par des changements significatifs quant au niveau d'alphabétisation du public et par les progrès réalisés dans la mécanisation des techniques d'[[imprimerie]], qui rendent les gros tirages commercialement rentables <ref>{{ Harvsp sfn|Yeo|p=276}} </ref>. Cela a pour effet de créer une tension entre la vulgarisation à bas prix visant un public populaire et la spécialisation destinée à un public savant, les éditeurs étant contraints de favoriser une option au détriment de l'autre.
 
==== Encyclopédies générales ====
Ligne 344 ⟶ 358 :
 
[[Allemagne]]
[[Fichier:Brockhaus Lexikon.jpg| thumb vignette|La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'', {{14e |édition}} édition, vers 1910.]]
 
* La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'' publie sa {{1re}} édition en 1808 et connaîtra un énorme succès. Devenue l'encyclopédie de référence en langue allemande, elle sera régulièrement rééditée jusqu'à sa dernière édition en 2005 (30 vol.).
* La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'' publie sa {{1re|édition}} en 1808 et connaîtra un énorme succès. Devenue l'encyclopédie de référence en langue allemande, elle sera régulièrement rééditée jusqu'à sa dernière édition en 2005 (30 vol.).
* ''Der grosse Conversation-Lexikon für die gebildeten Stände'' (« Le grand dictionnaire de conversation pour les gens éduqués ») publié par Josef Meyer (46 vol. in-8°, 1840-55) deviendra le ''[[Meyers Konversations-Lexikon]]'' ; très populaire, cette encyclopédie de bon niveau scientifique et technique connaîtra une septième édition (12 vol., 1924-30), mais la maison sera liquidée en 1945 pour collusion avec le nazisme<ref>{{Harvsp|Collison|p=186}}</ref>.
* ''Der grosse Conversation-Lexikon für die gebildeten Stände'' (« Le grand dictionnaire de conversation pour les gens éduqués ») publié par Josef Meyer (46 vol. in-8°, 1840-55) deviendra le ''[[Meyers Konversations-Lexikon]]'' ; très populaire, cette encyclopédie de bon niveau scientifique et technique connaîtra une septième édition (12 vol., 1924-30), mais la maison sera liquidée en 1945 pour collusion avec le nazisme{{sfn|Collison|p=186}}.
* Le très ambitieux projet ''Allgemeine Enzyklopädie der Wissenschaften und Künste'', de Ersch et Gruber, restera inachevé, avec 167 volumes parus entre [[1818]] et [[1879]].
* Le très ambitieux projet ''Allgemeine Enzyklopädie der Wissenschaften und Künste'', de Ersch et Gruber, restera inachevé, avec 167 volumes parus entre [[1818]] et [[1879]].
* Herder publie à [[Fribourg-en-Brisgau]] le ''Konversations-Lexikon'' (5 vol., 1853-57), qui connaîtra plusieurs éditions.
 
[[Angleterre]]
[[Fichier:EB-mat-Joerbicher w.jpg| thumb vignette|L{{'}}''[[Encyclopædia Britannica]]'' (2001) .]]
 
* L{{'}}''[[Encyclopædia Britannica]]'' publie sa {{4e}} édition en 1801 et consolide sa position comme ouvrage de référence majeur. Ce titre deviendra incontesté à partir de sa onzième édition (29 vol., [[1911]]), maintenant disponible en ligne<ref group="n">L'édition de 1911 de la ''Britannica'' est disponible sur Wikisource {{lire en ligne|lien=https://en.wikisource.org/wiki/1911_Encyclop%C3%A6dia_Britannica|texte=Britannica 1911}}.</ref>.
* L{{'}}''[[Encyclopædia Britannica]]'' publie sa {{4e|édition}} en 1801 et consolide sa position comme ouvrage de référence majeur. Ce titre deviendra incontesté à partir de sa onzième édition (29 vol., [[1911]]), maintenant disponible en ligne<ref group="n">L'édition de 1911 de la ''Britannica'' est disponible sur Wikisource {{lire en ligne|lien=https://en.wikisource.org/wiki/1911_Encyclop%C3%A6dia_Britannica|texte=Britannica 1911}}.</ref>.
* ''The Edinburgh encyclopædia'' (18 vol., 1808-30) a été reconnue pour ses qualités scientifiques.
* L'''[[Encyclopædia Metropolitana]]'' (28 vol., 1817-45), qui incluait dans son comité de rédaction d'éminents savants, n'a cependant pas réussi à s’imposer, notamment parce que, sur le conseil de [[Samuel Taylor Coleridge|Coleridge]], elle avait renoncé au classement des articles en ordre alphabétique <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=178-79}} </ref>.
* La '' [[Chambers's Encyclopædia ]]'' (10 vol., 1860-68), publiée à [[Édimbourg]] par les frères William et Robert Chambers (sans rapport avec [[Ephraïm Chambers]] ), a été régulièrement rééditée durant plus d'un siècle.
* D’autres ouvrages visent moins à servir de référence pour la recherche qu’à élever le niveau d’éducation du public, telles la ''London encyclopædia'' (22 vol. in-8°, 1829) ou la ''[[Penny Cyclopædia|Penny cyclopaedia of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge]]'' (27 vol. in-8°, 1833-43).
 
[[Brésil]]
* ''[[Grande Enciclopédia Portuguesa e Brasileira]]'' (40 vol., [[1936]]-[[1960]]).
 
[[Chine]]
* Wei Song publie en [[1834]] le ''Yishi jishi'', compilation encyclopédique assez concise divisée en 22 chapitres et couvrant quelque {{nombre|2000|sujets}} ; cet ouvrage sera réimprimé en 1888 et en 1891<ref group="n">{{lire en ligne|lien=http://www.chinaknowledge.de/Literature/Science/yishijishi.html |Chinese Literature|langue=en}}. Consulté le 4 janvier 2013.</ref>.
* La ''Zhongguo da baike quanshu'' (''Grande encyclopédie chinoise'') (74 vol., [[1980]]-[[1993]]) est la première grande encyclopédie chinoise moderne. Elle compte plus de {{nombre|80000|entrées}}, réparties de façon thématique en 66 sections.
 
[[Espagne]]
* ''Diccionario enciclopedico hispano-americano de literatura, ciencias y artes'' (25 vol., 1887-1899).
* L{{'}}''[[ Espasa|Enciclopedia Espasa]]'' aussi appelée ''Enciclopedia universal ilustrada europeo-americana'' (70 vol., [[1908]]-[[1930]]) est une des encyclopédies majeures de ce siècle.
 
[[Égypte]]
* Mohammed Farid Wajdi publie une nouvelle édition de la ''Da'irat al-Maarif-al-Qarn al-Rabi 'ashar-al-'ishrin'' sous la direction de(Le Caire, 10 vol., 1923-25)<ref name="Collison"/>.
 
[[États-Unis]]
* [[Noah Webster]] publie le ''American dictionary of the English language'' (2 vol., 1828), un dictionnaire encyclopédique qui sera régulièrement augmenté par divers éditeurs et deviendra le ''Webster's New International Dictionary of the English language'' (1909).
* L'importante ''[[Encyclopedia Americana]]'' (13 vol., 1829-33), dont la première édition était basée sur la {{7e |édition}} édition de la [[Brockhaus Enzyklopädie|Brockhaus]], connaît un succès immédiat. Une entente de collaboration avec les éditeurs du ''[[Scientific American]]'' débouche sur un ouvrage de haut niveau scientifique et technique (20 vol., 1911). Elle sera encore augmentée dans des éditions subséquentes et intégrera des articles sur des œuvres littéraires et musicales, comme le fait le ''[[Encyclopédie Larousse|Larousse]]''.
* [[Charles Anderson Dana]] dirige avec George Ripley ''The new American cyclopædia'' (16 vol., 1853-63), dont le comité de rédaction comptait plus de 300 personnalités.
[[Finlande]]
*La première encyclopédie en [[finnois]] est la ''[[Tietosanakirja]]'' (11 vol., [[1909]]-[[1922]]).
 
[[ France Finlande]]
* La première encyclopédie en [[finnois]] est la ''[[Tietosanakirja]]'' (11 vol., [[1909]]-[[1922]]).
[[Fichier:Duckett Dictionnaire Vol 9, 1841.png|thumb|Page du ''Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes'', Volume 9. Google Books]]
 
[[Fichier:Logotype de Larousse par E. Grasset.jpg|thumb|[[Logotype]] de la Semeuse soufflant sur une fleur de pissenlit, dessiné par [[Eugène Grasset]] en 1890 pour les [[Éditions Larousse|dictionnaires Larousse]].]]
[[France]]
[[Fichier:Larousse lettre A.jpg|thumb|''Grand Dictionnaire universel du {{s-|XIX|e}}'' de [[Pierre Larousse]]. Cette illustration en tête de la lettre A sollicite le lecteur à la façon d'un [[acrostiche]] visuel.]]
[[Fichier:Duckett Dictionnaire Vol 9, 1841.png|vignette|Page du ''Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes'', Volume 9.]]
[[Fichier:Larousse secXIX.jpg|thumb|''Le Nouveau Larousse illustré'', Paris, Larousse, 1897-1904, 7 vol.]]
[[Fichier:Logotype de Larousse par E. Grasset.jpg|vignette|[[Logotype]] de la Semeuse soufflant sur une fleur de pissenlit, dessiné par [[Eugène Grasset]] en 1890 pour les [[Éditions Larousse|dictionnaires Larousse]].]]
[[Fichier:Exemplaires de que sais-je.jpg|thumb|Une petite portion des {{nombre|3000|volumes}} de l'encyclopédie « Que sais-je ? ».]]
[[Fichier:Larousse lettre A.jpg|vignette|''Grand Dictionnaire universel du {{s-|XIX}}'' de [[Pierre Larousse]]. Cette illustration en tête de la lettre A sollicite le lecteur à la façon d'un [[acrostiche]] visuel.]]
* En 1823, l'avocat [[Eustache-Marie Courtin]] lance la publication de l’''[[s:Encyclopédie moderne|Encyclopédie moderne]]'', en 24 volumes in-octavo(1823-32). Une {{2e}} édition a lieu simultanément à Bruxelles, augmentée d'articles biographiques, dont l'édition parisienne était totalement dépourvue. L'ouvrage est réédité avec un supplément en 1841-42. [[Léon Renier]] dirige une nouvelle édition de cette encyclopédie entre 1861 et 1865<ref>''[[s:Encyclopédie moderne/Nouvelle éd., 1847|Encyclopédie moderne, nouvelle édition]]'', Paris, 1847-1861</ref>.
[[Fichier:Larousse secXIX.jpg|vignette|''Le Nouveau Larousse illustré'', Paris, Larousse, 1897-1904, 7 vol.]]
* En 1832, l'éditeur [[Ambroise Firmin Didot]] lance un ''[[s:Dictionnaire de la conversation et de la lecture|Dictionnaire de la conversation et de la lecture: répertoire des connaissances usuelles]]'', dont le titre, le format et l'ordonnancement des matières sont empruntés au ''[[Brockhaus Enzyklopädie|Conversations-Lexikon]]'' publié par l'éditeur [[Friedrich Arnold Brockhaus|Brockhaus]] et très populaire en Allemagne. Rédigé sous la direction de [[William Duckett (1805-1873)|William Duckett]]), cet ouvrage compte 52 volumes in-octavo (Paris, Belin-Mandar, 1832-1839)<ref group="n">[http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&q=Dictionnaire+de+la+conversation+et+de+la+lecture Texte en ligne sur Gallica]</ref>. L'auteur ne fait pas mystère de ses sources : dans la liste des collaborateurs, on trouve notamment les noms de Diderot, Jaucourt et Montesquieu. Cet ouvrage sera ensuite augmenté de 16 volumes (1853-1860), auxquels s'ajoutera un supplément de 5 volumes consacré aux événements récents (1864-1882). Une édition abrégée du ''Dictionnaire'' est également rédigée {{Citation|à l'usage des dames et des jeunes personnes}}, en 10 volumes (1841)<ref group="n">''Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes, ou Complément nécessaire de toute bonne éducation'', disponible sur [http://books.google.ca/books?id=CdM_AAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_book_other_versions Google Livres]</ref>.
[[Fichier:Exemplaires de que sais-je.jpg|vignette|Une petite portion des {{nombre|3000|volumes}} de l'encyclopédie « Que sais-je ? ».]]
* [[Nicolas Roret]] lance en 1821 une collection de manuels techniques très complets, connue comme l'''[[Nicolas Roret|Encyclopédie Roret]]''. La publication se poursuivra jusqu'en 1939 avec plus de 300 titres, mais certains ne sont que des reprises de titres publiés ailleurs<ref name=BLASSELLE/>.
[[Fichier:Découvertes Gallimard (les dos) XVI.jpg|vignette|« Découvertes Gallimard », une collection encyclopédique avec une « décoration visuelle » spécifique.]]
* [[Pierre Leroux]] et [[Jean Reynaud]] publient une ''[[Encyclopédie nouvelle]]'' ([[1833]]-[[1847]]) qui véhicule une idéologie progressiste et [[Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint Simon|saint-simonienne]]<ref>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=209}}</ref>, mais qui restera inachevée.
 
* [[Pierre Larousse]] lance en 1863, sous forme de fascicules, le ''Grand Dictionnaire géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique du {{s-|XIX|e}}'', qui se transformera en ''[[Grand dictionnaire universel du XIXe siècle]]'' (1866-1877). Cet ouvrage, qui compte 17 volumes et plus de {{nombre|20000|pages}}, mobilise 89 collaborateurs — mais les articles ne sont pas signés — et {{Citation|demeure une incontournable référence sur son époque<ref name=BLASSELLE>{{Harvsp|Blasselle|p=67}}</ref>}}. Il aura un énorme impact social. Ses positions anticléricales avouées lui vaudront d'être mis à l'[[Index Librorum Prohibitorum|Index]] par l'[[Église (institution)|Église]]. Le ''Grand Dictionnaire'' de [[Pierre Larousse]], révisé par [[Claude Augé]], est publié sous le titre ''Nouveau Larousse illustré'' (7 vol., 1897-1904). En [[1906]] paraît le ''Petit Larousse illustré'', dictionnaire encyclopédique en un volume comportant une section sur les [[Nom#Noms propres et noms communs|noms communs]], une autre sur les noms propres et une section centrale de pages roses consacrées aux [[Expression latine|locutions latines]] et étrangères. Ce dictionnaire fréquemment réédité se répandra dans tout le monde francophone et fera du terme « Larousse » un nom commun pour désigner un dictionnaire<ref name="Febvre Encyclo 18.24">{{Harvsp|id=Febvre Encyclo|Febvre|p=18.24}}</ref>. Son [[Tirage (imprimerie)|tirage]] oscille entre {{formatnum:400000}} et {{nombre|600000|exemplaires par an}} et peut même atteindre le million dans les {{Citation|années fastes}}<ref>{{Harvsp|Bonicel|p=39-49}}</ref>. Le ''Larousse du {{XXe}} siècle'' en 6 volumes, publié entre [[1927]] et [[1933]], est suivi par le ''[[Grand Larousse encyclopédique]]'' (10 vol., [[1960]]-[[1964]]), auquel fait bientôt suite la ''Grande Encyclopédie Larousse en 21 volumes'' ([[1971]]-[[1978]]).
* En 1823, l'avocat [[Eustache-Marie Courtin]] lance la publication de l’''[[Encyclopédie moderne]]'', en 24 volumes in-octavo (1823-32). Une {{2e|édition}} a lieu simultanément à Bruxelles, augmentée d'articles biographiques, dont l'édition parisienne était totalement dépourvue. L'ouvrage est réédité avec un supplément en 1841-42. [[Léon Renier]] dirige une nouvelle édition de cette encyclopédie entre 1861 et 1865<ref>''[[s:Encyclopédie moderne/Nouvelle éd., 1847|Encyclopédie moderne, nouvelle édition]]'', Paris, 1847-1861</ref>.
* [[Ferdinand-Camille Dreyfus]] et [[Marcellin Berthelot]] visent un public de chercheurs et d'érudits avec ''[[La Grande Encyclopédie]]'' (31 vol., [[1886]]-[[1902]]). Les articles sont signés par des experts et accompagnés de bibliographies fouillées, avec une attention particulière aux sujets scientifiques et techniques<ref>{{Harvsp|Collison|p=194}}</ref>. Cet ouvrage sera qualifié de {{Citation|mise au point didactique générale de haute tenue, comparable à la ''Britannica'' du temps<ref>{{Harvsp|Rey Miroirs|p=219}}</ref>}}.
* En 1832, l'éditeur [[Ambroise Firmin Didot]] lance un ''[[s:Dictionnaire de la conversation et de la lecture|Dictionnaire de la conversation et de la lecture: répertoire des connaissances usuelles]]'', dont le titre, le format et l'ordonnancement des matières sont empruntés au ''[[Brockhaus Enzyklopädie|Conversations-Lexikon]]'' publié par l'éditeur [[Friedrich Arnold Brockhaus|Brockhaus]] et très populaire en Allemagne. Rédigé sous la direction de [[William Duckett (journaliste)|William Duckett]], cet ouvrage compte 52 volumes in-octavo (Paris, Belin-Mandar, 1832-1839)<ref group="n">[https://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&q=Dictionnaire+de+la+conversation+et+de+la+lecture Texte en ligne sur Gallica].</ref>. L'auteur ne fait pas mystère de ses sources : dans la liste des collaborateurs, on trouve notamment les noms de Diderot, Jaucourt et Montesquieu. Cet ouvrage sera ensuite augmenté de 16 volumes (1853-1860), auxquels s'ajoutera un supplément de 5 volumes consacré aux événements récents (1864-1882). Une édition abrégée du ''Dictionnaire'' est également rédigée {{Citation|à l'usage des dames et des jeunes personnes}}, en 10 volumes (1841)<ref group="n">''Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes, ou Complément nécessaire de toute bonne éducation'', disponible sur [https://books.google.ca/books?id=CdM_AAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_book_other_versions Google Livres].</ref>.
* [[Alfred Mézières]] publie une ''Encyclopédie universelle du {{XXe}} siècle'' (12 vol., 1908-10), qui met l'accent sur des sujets d'actualité et des personnalités<ref>{{Harvsp|Collison|p=202}}</ref>.
* [[Nicolas Roret]] lance en 1821 une collection de manuels techniques très complets, connue comme l'''[[Nicolas Roret|Encyclopédie Roret]]''. La publication se poursuivra jusqu'en 1939 avec plus de 300 titres, mais certains ne sont que des reprises de titres publiés ailleurs{{sfn|Blasselle|p=67}}.
* [[Pierre Leroux]] et [[Jean Reynaud]] publient une ''[[Encyclopédie nouvelle]]'' ([[1833]]-[[1847]]) qui véhicule une idéologie progressiste et [[Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon|saint-simonienne]]{{sfn|Rey Miroirs|p=209}}, mais qui restera inachevée.
* [[Pierre Larousse]] lance en 1863, sous forme de fascicules, le ''Grand Dictionnaire géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique du {{s-|XIX}}'', qui se transformera en ''[[Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle|Grand dictionnaire universel du {{s-|XIX}}]]'' (1866-1877). Cet ouvrage, qui compte 17 volumes et plus de {{nombre|20000|pages}}, mobilise 89 collaborateurs — mais les articles ne sont pas signés — et {{Citation|demeure une incontournable référence sur son époque}}{{sfn|Blasselle|p=67}}. Il aura un énorme impact social. Ses positions anticléricales avouées lui vaudront d'être mis à l'[[Index librorum prohibitorum|Index]] par l'[[Église (institution)|Église]]. Le ''Grand Dictionnaire'' de [[Pierre Larousse]], révisé par [[Claude Augé]], est publié sous le titre ''[[Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique|Nouveau Larousse illustré]]'' (7 vol., 1897-1904 + un supplément en 1907). En [[1906]] paraît le ''[[Le Petit Larousse|Petit Larousse illustré]]'', dictionnaire encyclopédique en un volume comportant une section sur les [[Nom (grammaire)#Noms propres et noms communs|noms communs]], une autre sur les [[Nom propre|noms propres]] et une section centrale de [[pages roses]] consacrées aux [[Expression latine|locutions latines]] et étrangères. Ce dictionnaire fréquemment réédité se répandra dans tout le monde francophone et fera du terme « Larousse » un nom commun pour désigner un dictionnaire<ref name="Febvre Encyclo 18.24">{{Harvsp|id=Febvre Encyclo|Febvre|p=18.24}}.</ref>. Son [[Tirage (imprimerie)|tirage]] oscille entre {{formatnum:400000}} et {{nombre|600000|exemplaires par an}} et peut même atteindre le million dans les {{Citation|années fastes}}{{sfn|Bonicel|p=39-49}}. Le ''[[Larousse du XXe siècle|Larousse du {{s-|XX}}]]'' en 6 volumes, publié entre [[1928]] et [[1933]], est suivi par le ''[[Grand Larousse encyclopédique]]'' (10 vol., [[1960]]-[[1964]]), auquel fait bientôt suite la ''[[Grande Encyclopédie Larousse|Grande Encyclopédie]] Larousse en 21 volumes'' ([[1971]]-[[1976]]). En 1982 paraitra le GDEL (Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse) en 10 volumes (variantes en 15 volumes aussi) puis son équivalent réactualisé en 1986 sous un nouveau nom à savoir, le GLU (''[[Grand Larousse universel]]'') avec un découpage exclusivement fait en 15 volumes. Ce GLU demeure à ce jour la dernière édition d'un ouvrage de cet envergure par les éditions Larousse (la publication papier s'arrêta vers 1997 environ).
* [[Ferdinand-Camille Dreyfus]] et [[Marcellin Berthelot]] visent un public de chercheurs et d'érudits avec ''[[La Grande Encyclopédie]]'' (31 vol., [[1886]]-[[1902]]). Les articles sont signés par des experts et accompagnés de bibliographies fouillées, avec une attention particulière aux sujets scientifiques et techniques{{sfn|Collison|p=194}}. Cet ouvrage sera qualifié de {{Citation|mise au point didactique générale de haute tenue, comparable à la ''Britannica'' du temps}}{{sfn|Rey Miroirs|p=219}}.
* [[Alfred Mézières]] publie une ''Encyclopédie universelle du {{s-|XX}}'' (12 vol., 1908-10), qui met l'accent sur des sujets d'actualité et des personnalités{{sfn|Collison|p=202}}.
* [[Paul Guérin (religieux)|Paul Guérin]] publie le ''Dictionnaire des dictionnaires. Lettres, sciences, arts, encyclopédie universelle'' (1884-1890) en 6 volumes, qui est particulièrement soigné au plan [[Lexicographie|lexicographique]].
* Le ''[[Dictionnaire encyclopédique Quillet]]'' (1934) servira sert de base à l'''[[Grolier (maison d'édition)|Encyclopédie Grolier]]'' en 15 volumes, qui sera est vendue au [[Canada]] à partir des années 1960.
* L’''[[Encyclopédie française]]'' de [[Lucien Febvre]] et [[Anatole de Monzie]] (20 vol., [[1935]]-[[1966]]) adopte un ordre thématique plutôt qu'alphabétique et se donne pour mission de {{Citation|rendre sensible à tous la liaison réciproque de toutes les disciplines<ref name="Febvre Encyclo 18.24"/>}} ; afin de pouvoir accueillir de nouveaux développements, cette encyclopédie est livrée en feuillets reliés à l'intérieur d'un classeur.
* La maison [[ Éditions Gallimard|Gallimard]] crée l’''[[Encyclopédie de la Pléiade]]'', prestigieuse collection dirigée par [[Raymond Queneau]], où seront publiés 49 volumes organisés selon de grandes classes thématiques et présentant de solides exposés. Tout comme l’''[[Encyclopédie française]]'', cette entreprise refuse d'{{Citation|entasser des faits}} et veut plutôt offrir {{Citation|une synthèse véritable}} <ref>{{ Harvsp sfn|Matoré|p=159}} </ref>. Imprimés sur [[papier bible]], ces volumes paraîtront de [[1956]] à [[1991]]. Ce sera un échec commercial<ref name="Reley"/>.
* Optant pour de courtes [[ Monographie|monographies monographie]] s, les [[Presses universitaires de France]] (PUF) lancent en [[1941]] la collection « [[Que sais-je ?]] », dont tous les ouvrages sont au format unique de 128 pages. Cette collection compte en [[ 2012 2022]] plus de {{nombre| 3000 1568|titres}} disponibles dans le commerce.
* ''[[ Quid (ouvrage)|Quid]]'', dont la première édition paraît en [[1963]], est un ouvrage encyclopédique condensé du genre [[annuaire]], offrant un maximum d'informations en un seul volume, s'attachant surtout à des données chiffrées et de caractère pratique (dernière édition imprimée en 2007).
* En réponse à la place prépondérante qu'occupe la maison Larousse, le [[Club français du livre]] s'allie avec l'éditeur américain de la ''Britannica'' pour publier l’''[[Encyclopædia Universalis]]'', en 20 volumes (1968-1975). Les articles sont signés par des experts. Cet ouvrage acquiert vite une position majeure dans le domaine francophone . et Sont publie publiés 7 éditions jusqu'en tout, la dernière imprimée datant de 2012 (30 vol. volumes au total).
* L'[[Encyclopédie Bordas]] en 23 volumes est éditée par les [[éditions Bordas]] (encyclopédie très majoritairement rédigée par [[Roger Caratini]] à partir de 1968 ; achevée en 1975). La seule encyclopédie thématique de cette époque (non alphabétique) qui était en vente ; elle résultait d'un travail journalier effectué par Roger Caratini durant quinze heures par jour pendant sept ans avec l'aide de sa femme et d'un secrétaire. Selon le journal ''[[Le Monde]]'', les éditions Bordas en vendront plus de 3 millions d'exemplaires. En 1988, Roger Caratini gagna un procès contre les éditions Bordas pour avoir, dans les années 1980, changé en totalité le contenu de "son" encyclopédie en n'en modifiant que légèrement son titre.
* Un consortium d'éditeurs franco-belgo-suisse publie l’''[[Encyclopédie Alpha]]'' sous forme de fascicules qui peuvent être reliés en volumes (15 volumes sont publiés dans les années 1970).
* « [[Découvertes Gallimard]] », dont la première édition paraît en [[1986]], est une collection encyclopédique illustrée au format poche, avec une « décoration visuelle » spécifique. Sans plan systématique, elle rassemble plusieurs centaines de monographies dues à des spécialistes reconnus dans leur discipline, qui sont associés étroitement à la mise en scène graphique de leur texte.
* L'[[Université de tous les savoirs]], 6 volumes, Éditions Odile Jacob, Paris, 2000-2001.
 
[[Grèce]]
* ''Enkuklopaideia de Politis'' (6 vol., 1890-1902).
 
[[Iran]]
* ''[[Encyclopédie persane]]'', basée en partie sur l'américaine ''Columbia Viking Desk Encyclopedia'' (2 vol., [[1955]]-[[1996]]).
 
[[Israël]]
* ''[[Encyclopédie hébraïque]]'' (32 vol., [[1944]]-[[1980]]).
 
[[Italie]]
* Antonio Bazzarini publie le ''Diccionario emciclopedico delle scienze, lettre ed arti'' (16 vol., Venise, 1824-1837).
* L{{'}}''[[Encyclopédie Treccani|Enciclopedia italiana Italiana di scienze, lettere ed arti]]'' appelée couramment "la Treccani" (36 vol., [[1925]]-[[1936]]) est un ouvrage majeur, dirigé par [[Giovanni Gentile]], et superbement illustré grâce à un important appui financier de l'État italien.
* L{{'}}''Enciclopedia del Novecento'' (7 vol., [[1975]]-[[1984]]) est reconnue pour ses articles thématiques très fouillés, signés par des sommités internationales.
 
[[Japon]]
* Le philosophe [[Nishi Amane]] ([[1829]]–[[1897]]) compile la première encyclopédie japonaise moderne, la ''Hyakugaku renwa'', qui fait une large place à l'histoire et à la philosophie, et dont l'esprit s'inspire des théories d'[[Auguste Comte]] et [[John Stuart Mill]].
* L'éditeur [[Sanseido]] publie la ''Nihon Hyakka Daijiten'' (''Grande encyclopédie japonaise'') en 10 volumes ([[1908]]-[[1919]]).
* La maison Heibonsha publie le ''Dai-Hyakka Jiten'' (''Grande encyclopédie'') (28 vol., [[1931]]-[[1934]]), qui deviendra la ''Sekai Dai-Hyakka Jiten'' ou ''Grande encyclopédie mondiale'' (32 vol., [[1955]]-[[1959]].
 
[[Liban]]
* [[Boutros al-Boustani]] publie la première encyclopédie moderne en arabe, ''Al-Muhit al Muhit'' (« l'océan des océans »), qui paraît d'abord à [[Beyrouth]] (1876-87) puis au [[Caire]] (1898-1900), et qui sera rééditée en 1956 à Beyrouth <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=193}} </ref>.
 
[[Pays-Bas]]
* La ''Geïllustreerde encyclopaedie'' (16 vol., Amsterdam , 1868- 1882 1881 et 1884-1888) deviendra la ''Winkler Prins' Geïllustreerde encyclopaedie'' ( 16 vol., Amsterdam 1905-1913 et1914 -1924), puis la '' AlgemeneWinkler Prins Algemeene encyclopaedie'' ( 11 16 vol., 1956 Amsterdam: 1932- 1935), la ''Winkler Prins Encyclopaedie'' (18 vol., Amsterdam: 1947-1954), la ''Grote Winkler Prins encyclopedie'' (26 vol., Elsevier: Amsterdam 1990-1999). Suppléments en 1888, 1955,1960 , 1969, 1976, 1984, 1994 et 2002; annuaires (jaarboeken) 1951-2013.
* La ''Eerste Nederlandse Systematisch Ingerichte Encyclopaedie'' (''Première encyclopédie néerlandaise organisée systématiquement'') (10 vol., Amsterdam: 1946-1952)
* ''De Katholieke Encyclopaedie'' (25 vol., Amsterdam: 1933-1939 et 1949-1955).
* ''Grote Nederlandse Larousse Encyclopedie'' (25 vol., ’s-Gravenhage: 1972-1979).
 
[[Pologne]]
* La maison Orgelbrand fait paraître la ''Encyklopedja powszechna'' (28 vol., 1858-1868), qui sera rééditée en 18 volumes en 1898-1912.
 
[[Russie]]
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* La ''Nastol'nyo slovar' dlya spravok po vem otraslyam znaniya'' (3 vol., 1863-66), également publiée à [[Saint-Pétersbourg]], soigne particulièrement les biographies.
* Un consortium d'éditeurs germano-russe publie l'imposante ''[[Encyclopédie Brockhaus et Efron|Brockhaus et Efron]]'' (86 vol., 1890-1906).
* L'initialement modeste ''Entsiklopedicheskii slovar'' (8 vol., 1895) se révèle tellement populaire qu'elle sera considérablement développée au cours de ses rééditions successives (59 vol., 1910-1948) <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=195}} </ref>.
* La ''Bol'shaia sovetskaia entsiklopedia'' (''[[Grande Encyclopédie soviétique]]'') (65 vol., [[1926]]-[[1947]]), décrite comme {{Citation|ouvertement marxiste-léniniste et fondamentalement nationaliste <ref> }}{{ Harvsp sfn|Rey Universalis }}</ref>}}, publie une seconde édition considérée comme moins biaisée politiquement (53 vol., [[1950]]-[[1958]])<ref name="Collison">{{Harvsp|Collison|p=206}} .</ref> .
 
[[Turquie]]
* La grande bibliographie encyclopédique ''Kashf al-zunun'', rédigée par [[Katip Çelebi|Hadjdji Khalifa]] (mort en 1657) est éditée et imprimée dans le texte arabe original (1835-1858).
 
==== Encyclopédies nationales ====
Certaines encyclopédies portent sur les réalités propres à un une entité politico-culturelle spécifique insuffisamment couverte par les encyclopédies générales. Ce peut être :
* un pays : ''Australian Encyclopedia'' (2 vol., [[1925]]) ; ''Encyclopédie belge'' ([[1934]]) ; ''Encyclopædia Iranica'' (1985-) ; ''[[ L'Encyclopédie canadienne#Historique#Réalisations antérieures|Canada. An encyclopaedia of the country]]'' (5 vol., [[1898]]-[[1899]]) et ''[[ L'Encyclopédie canadienne |Encyclopédie du Canada]]'' (3 vol., [[1985]]) ; ''Nihon Dai-Hyakka Zensho'' aussi appelée ''Encyclopedia Nipponica'' (25 vol., [[1984]]-[[1989]]) ; ''Kullana Kulturali'' (« Collier culturel »), encyclopédie en [[maltais]] sur [[Malte]] (1999-2005) comptant 72 fascicules<ref>[http://www.independent.com.mt/articles/2005-08-22/news/22nd-set-of-three-volumes-of-kullana-kulturali-80300/ ''22nd Set of three volumes of Kullana Kulturali - The Malta Independent''] .</ref> ;
* un [[empire colonial]] : ''Encyclopaedie van Nederlandsch-Indië'' (4 vol., [[1917]]-[[1940]]) ; ''Grande encyclopédie de la Belgique et du Congo'' ([[1938]]) ; ''Encyclopédie coloniale et maritime'' (1941-) ;
* une entité culturelle disséminée dans plusieurs pays : ''[[Jewish Encyclopedia]]'' (12 vol., New York, [[1901]]-[[1906]]) ; ''The universal Jewish encyclopedia'' (11 vol., New York, [[1939]]-[[1944]]) ; ''[[Encyclopaedia Judaica]]'' (26 vol., Jérusalem, [[1971]]-[[1994]]) ; ''[[Encyclopédie berbère]]'' (24 vol., 1984-).
 
==== Encyclopédies spécialisées ====
[[Fichier:Pauly & HAW comparison.jpg| thumb vignette|''Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft'' : une colossale encyclopédie spécialisée sur le monde gréco-romain.]]
 
Des encyclopédies spécialisées se multiplient dans tous les domaines :
Alors que les éditeurs d'encyclopédies générales se trouvent confrontés au double défi du numérique et de l'apparition d'encyclopédies en accès libre (voir ci-dessous), les encyclopédies spécialisées constituent un secteur toujours très dynamique. Celles-ci se multiplient dans tous les domaines :
* ''Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaften'' (''[[Encyclopédie des sciences philosophiques]]''), publiée en 1817 à [[Heidelberg]] par le philosophe allemand [[Hegel]] ;
* ''Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaften'' (''[[Encyclopédie des sciences philosophiques]]''), publiée en 1817 à [[Heidelberg]] par le philosophe allemand [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] ;
* ''[[Encyclopédie Catholique]]'' (18 vol., 1839) ;
* ''Encyclopédie théologique'' (171 vol., 1844-1866), par l'abbé [[Migne]], considérée comme {{Citation|un des grands monuments du siècle <ref name {{sfn|Blasselle|p= BLASSELLE/> 67}}}} ;
* ''Encyclopédie du jeune âge'' (1853), par [[Pierre Larousse]], qui préfigure les nombreuses encyclopédies destinées à la jeunesse ;
* ''Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels'' (8 vol., 1881-1891), sous la direction de O.E. Lami ;
* ''[[Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft]]'', encyclopédie allemande consacrée à l'Antiquité classique et dont la {{3e |édition}} édition ([[1890]]-[[1978]]) compte 83 volumes (plus un volume d’index).
* ''[[Encyclopédie anarchiste]]'' (4 vol., 1925-1934) ; ''[[Géographie universelle]]'' (10 vol., 1990-1996) ; ''[[Encyclopédie Cousteau]]'' (20 vol., 1976) ; ''[[Encyclopédie des ouvertures d'échecs]]'', ''[[Encyclopédie des planètes extrasolaires]]'', etc.
 
Le En décembre 2013, le catalogue de la [[Bibliothèque nationale de France]] répertoriait plus de quelque {{nombre| 4370000 25808| articles titres}} de type encyclopédique en janvier 2013 <ref>[http://catalogue. bnf.fr/servlet/RechercheEquation?host=catalogue Alors que les éditeurs d'encyclopédies générales se trouvent confrontés au double défi du numérique et Catalogue de l'apparition la d'encyclopédies en accès libre (voir ci-dessous), les encyclopédies spécialisées constituent un secteur toujours très dynamique BNF].</ref>.
 
=== Ère numérique ===
L’ordinateur se révèle très vite extrêmement utile pour le travail sur les textes. Dès 1946, [[Roberto Busa]] en perçoit l’intérêt pour l’établissement d’un index des œuvres de [[ Thomas d'Aquin|Thomas d’Aquin]]<ref group="n">Article de l' {{lire en ligne|lien=http://www.osservatoreromano.va/portal/dt?JSPTabContainer.setSelected=JSPTabContainer%2FDetail&last=false%3D&path=%2Fnews%2Fcultura%2F2011%2F184q11-Lettore-fermati----morto-padre-Busa.html&title=Lettore+fermati!+%C3%83%C2%88+morto+padre+Busa&locale=en|texte=''Osservatore Romano''|langue=en}}.</ref>, frayant ainsi la voie aux [[humanités numériques]]. Grâce à ses possibilités de calcul, l'ordinateur est en effet un outil incomparable pour le projet encyclopédique: il permet de trouver en une fraction de seconde toutes les occurrences d'un mot parmi des millions d'autres ; l'efficacité de l'accès alphabétique est maximisée par le jeu des [[hyperlien]]s, qui permettent au lecteur de sauter rapidement d'un élément à un autre, ce qui facilite beaucoup l'accès aux données ; les capacités [[multimédia]] inhérentes au numérique permettent d'ajouter à tout article des documents sonores, des images, des vidéos et des animations, ce qui augmente l'attrait de ces ouvrages et facilite la compréhension de données complexes. Enfin, la facilité des opérations de mise à jour est un atout considérable par rapport à la version imprimée.
 
Les encyclopédies se sont multipliées pour suivre le rythme d'accroissement des connaissances. La [[révolution numérique]] a facilité la mise à jour, la consultation et la dissémination des encyclopédies mais, s'est révélée fatale pour la plupart des encyclopédies classiques (imprimées), alors que [[Wikipédia]] devenait la plus grande encyclopédie en ligne.
 
==== Encyclopédies sur CD-ROM et DVD ====
 
Le [[CD-ROM]] est commercialisé à partir de [[1984]]. Très vite, les encyclopédies commencent à adopter ce support. Le succès sera tel que, dès 1993, les ventes d'encyclopédies sur CD-ROM dépassent celles des encyclopédies sur papier<ref>{{en}} [http://www.nngroup.com/articles/hypertext-history/ Histoire de l'hypertexte].</ref>. Principales encyclopédies sur ce support :
==== Encyclopédies sur CD-ROM ====
[[Fichier:CD Britannica 1997.png|thumb|CD-ROM de l’''[[Encyclopædia Britannica]]'' de 1997, fonctionnant sous [[Netscape Navigator|Netscape]]]]
Le [[CD-ROM]] est commercialisé à partir de [[1984]]. Très vite, les encyclopédies commencent à adopter ce support :
* l’''Academic American Encyclopedia'' publiée par [[Grolier (maison d'édition)|Grolier]] en [[1985]] est la première encyclopédie sur CD-ROM, mais elle ne comprend pas de multimédia ;
* la ''[[Encyclopédie Compton|Compton's Encyclopedia]]'' ([[1989]]) est la première encyclopédie multimédia sur ce support; il s'agit en fait d'une version allégée de la prestigieuse ''Britannica''<ref group="n">Selon un article de Shane Greenstein et Michelle Devereux, l'éditeur de la ''Britannica'' a choisi de publier son CD-ROM sous le nom de marque Compton, qui lui appartenait, car cela lui permettait de vendre à moindre prix sans nuire au prestige de sa marque : {{en}} {{Citation|''To avoid taking risks with ''Encyclopædia Britannica'', the management chose to issue the CD-ROM under the Compton name. This brand was owned by the Britannica organization, but was less expensive and less prestigious''.}}, Kellog School of management, [http://de.slideshare.net/renerojas/case-study-encyclopedia-britannica ''The crisis at Encyclopædia Britannica''].</ref> ; ;
* en [[1993]], [[Microsoft]] entre dans la course en livrant une version de son encyclopédie ''[[Encarta]]'' avec le système d'exploitation [[ Microsoft Windows|Windows]]. Cette encyclopédie multilingue est basée sur la populaire ''Funk & Wagnalls'', ''Collier's'' et ''New Merit Scholar''; elle cesse d'être publiée en [[2009]] ;
* en [[1994]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' est vendue sur CD-ROM, mais la consultation exige l'installation de [[Netscape Navigator|Netscape]] sous [[Windows 95]], ce qui rend ce produit obsolète sur les machines ultérieures ;
* à partir de [[1995]], l’''[[Encyclopædia Universalis]]'' sur CD-ROM est fournie en complément de l'édition imprimée ; le découplage des deux versions se fait à partir de 2004 ; une nouvelle version paraît chaque année jusqu'en [[2012]] (version 17 sur CD-ROM) et jusqu'en 2016 en DVD (version 21) ;
* l'''[[Encyclopédie Hachette Multimédia]]'' tentera également , mais un peu tard (retard d'adaptation vis-à-vis de la concurrence et du public), une édition en support numérique ([[1999]]-[[2007]]).
 
==== Encyclopédies en ligne ====
Le [[World Wide Web|Web]], qui commence à se répandre en [[1993]], se révèle un support bien supérieur au CD-ROM grâce à son ubiquité d’accès : cette caractéristique est d'autant plus valorisée que va se répandre le [[smartphone|téléphone mobile intelligent]] qui sera suivi, quelques années plus tard, par la [[tablette tactile]]. Si l'on ajoute à l’instantanéité de l'accès l'extrême facilité des opérations de mise à jour et de copier-coller que permet le Web, on comprend l’intérêt de ce support pour un éditeur d'encyclopédie et son attrait pour les usagers.
 
{{Article détaillé|Encyclopédie en ligne}}
L'''Academic American Encyclopedia'', qui était accessible par Internet depuis [[1983]] via [[CompuServe]], rejoint la plateforme Web en [[1995]] en même temps que la ''Britannica''. Ces deux encyclopédies sont disponibles moyennant un abonnement annuel. Au Japon, l'éditeur Heibonsha rend accessible via Internet sa grande encyclopédie sous le titre ''Netto de Hyakka'' dès 1999. En France, l'éditeur de l’''[[Encyclopædia Universalis]]'' commence à explorer ce nouveau support dès 1999, pour les abonnés institutionnels.
 
[[Image:200605101543 SeaMonkey1.0.1-pl.png|vignette|redresse=1.3|À l'aube du {{S-|XXI}}, le projet [[Wikipédia]] (ici [[Wikipédia en polonais]] en 2006) domine rapidement le marché des encyclopédies en ligne.]]
En janvier 2001, [[Jimmy Wales]] et [[Larry Sanger]] lancent [[Wikipédia]]. Mettant en pratique les idées du théoricien du [[logiciel libre]] [[Richard Stallman]], cette encyclopédie se définit comme libre d'accès, multilingue, universelle et librement réutilisable. Elle est fondée sur la technologie du [[wiki]] inventée en [[1995]], qui permet de créer de nouvelles « pages » très facilement et de conserver en archives tous les états d’un texte. La réussite de Wikipédia est due à la fois à son fonctionnement collaboratif déterritorialisé, ainsi qu’à quelques principes fondamentaux : la neutralité de point de vue exige que le rédacteur se situe dans le domaine du savoir et non de la croyance ; les articles sont rédigés de façon collaborative et peuvent être modifiés en tout temps ; les interactions entre les collaborateurs sont régies par des règles de savoir-vivre et de convivialité ; le contenu en est librement réutilisable, selon le principe de la [[licence libre]] ; le projet étant par définition encyclopédique, il exclut toute information non référencée par des sources crédibles et vérifiables. Un autre atout important est la barre multilingue, qui permet à un usager de passer instantanément, pour un même article, à son traitement dans une aire linguistique et culturelle différente. En novembre 2013, selon les [[Wikipédia:Statistiques|statistiques]], Wikipédia compte plus de {{nombre|1000|chapitres}} dans sa version anglaise et [[Special:Statistics|{{NUMBEROFARTICLES}}]] en français, offrant ainsi une couverture encyclopédique bien plus vaste que n’importe quel autre projet et qui lui attire 20 millions de visiteurs par mois. À titre de comparaison, ''[[Encarta]]'' avait {{nombre|62000|articles}} en 2008, tandis que ''[[Encyclopædia Universalis|Universalis]]'' en propose {{formatnum:34400}} en ligne. Quant à l'''[[Encyclopædia Britannica]]'', elle en offre {{formatnum:120000}} en ligne, accompagnés d'un riche appareil multimédia.
 
Le [[World Wide Web|Web]], qui commence à se répandre en [[1993]], se révèle un support bien supérieur au CD-ROM grâce à son ubiquité d'accès : cette caractéristique est d'autant plus valorisée que va se répandre le [[smartphone|téléphone mobile intelligent]] à la fin des [[années 2000]] qui sera suivi, dès 2010, par la [[tablette tactile]]. Si l'on ajoute à l'instantanéité de l'accès l'extrême facilité des opérations de mise à jour et de copier-coller que permet le Web, on comprend l'intérêt de ce support pour un éditeur d'encyclopédie et son attrait pour les usagers.
Comme Wikipédia se décline en 287 langues, elle permet à des communautés, même réduites, d'inventorier les ressources de leur culture et de les faire connaître, aidant à sauvegarder et développer la [[mémoire culturelle]] qui leur est propre, qu'il s'agisse du [[haoussa]], du [[Kikuyu (langue)|kikuyu]], du [[lingala]] ou du [[papiamento]]. Avec un nombre de locuteurs relativement faible, la [[wikipédia en néerlandais]] est devenue en juin 2013 la deuxième encyclopédie au monde quant au nombre d'articles.
 
L'''Academic American Encyclopedia'', qui était accessible par Internet depuis [[1983]] via [[CompuServe]], rejoint la plateforme Web en [[1995]] en même temps que la ''Britannica''. Ces deux encyclopédies sont disponibles moyennant un abonnement annuel. Au Japon, l'éditeur Heibonsha rend accessible via Internet sa grande encyclopédie sous le titre ''Netto de Hyakka'' dès 1999. En France, l'éditeur de l{{'}}''[[Encyclopædia Universalis]]'' commence à explorer ce nouveau support dès 1999, pour les abonnés institutionnels.
En [[Chine]], où Wikipédia est banni, deux grandes encyclopédies construites sur le même modèle, [[Hudong]] ([[2005]]) et [[Baidu Baike]] ([[2006]]), ont dépassé les cinq millions d'articles. Dans le monde arabe, ''[[Marefa]]'' ([[2007]]) offre un accès gratuit à des ressources encyclopédiques en ligne ainsi qu'à une vaste collection de livres et de manuscrits.
 
En janvier 2001, [[Jimmy Wales]] et [[Larry Sanger]] lancent [[Wikipédia]]. Mettant en pratique les idées du théoricien du [[logiciel libre]] [[Richard Stallman]], cette encyclopédie se définit comme libre d'accès, multilingue, universelle et librement réutilisable. Elle est fondée sur la technologie du [[wiki]] inventée en [[1995]], qui permet de créer de nouvelles « pages » très facilement et de conserver en archives tous les états d'un texte. La réussite de Wikipédia est due à la fois à son fonctionnement collaboratif déterritorialisé, ainsi qu'à quelques principes fondamentaux : la neutralité de point de vue exige que le rédacteur se situe dans le domaine du savoir et non de la croyance ; les articles sont rédigés de façon collaborative et peuvent être modifiés en tout temps ; les interactions entre les collaborateurs sont régies par des règles de savoir-vivre et de convivialité ; le contenu en est librement réutilisable, selon le principe de la [[licence libre]] ; le projet étant par définition encyclopédique, il exclut toute information non référencée par des sources crédibles et vérifiables. Un autre atout important est la barre multilingue, qui permet à un usager de passer instantanément, pour un même article, à son traitement dans une aire linguistique et culturelle différente. Wikipédia compte {{NUMBEROF|ARTICLES|en|N}} articles dans sa version anglaise et {{NUMBEROFARTICLES}} articles en français, offrant ainsi une couverture encyclopédique bien plus vaste que n'importe quel autre projet, ce qui attire en moyenne plus de 20 millions de visiteurs par jour sur la seule version française<ref>[https://tools.wmflabs.org/siteviews/?platform=all-access&source=pageviews&agent=user&range=latest-10&sites=fr.wikipedia.org Statistiques de consultation].</ref>. {{Passage à actualiser|À titre de comparaison, ''[[Encarta]]'' avait {{nombre|62000|articles}} en 2008, tandis que ''[[Encyclopædia Universalis|Universalis]]'' en propose {{formatnum:34400}} en ligne. Quant à l'''[[Encyclopædia Britannica]]'', elle en offre {{formatnum:120000}} en ligne, accompagnés d'un riche appareil multimédia.}}
Les encyclopédies imprimées classiques ont beaucoup de mal à soutenir la concurrence du numérique. En 2007, ''[[Quid]]'' publie sa dernière édition. La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'', encyclopédie allemande de référence, abandonne l'édition papier en 2009. La ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'', dont la dernière édition imprimée date de 2010, annonce le {{date|15|mars|2012}} qu’elle ne publiera plus de version sur papier<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.huffingtonpost.fr/2012/03/14/britannica-encyclopedie-fin-edition-papier-internet_n_1344001.html|texte=Huffington Post}}.</ref>. L'''[[Encyclopædia Universalis]]'', qui avait publié une {{6e}} édition entièrement refondue en 30 volumes en 2008<ref>Yves Alix, ''Bulletin des bibliothèques de France'', 2009, {{numéro|3}} {{lire en ligne|lien=http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2009-03-0103-003}}. Consulté le 13 janvier 2013.</ref> et une {{7e}} en 2012, annonce fin 2012 qu'elle abandonne à son tour la version imprimée<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/09/encyclopedie-universalis-papier-imprimerie-numerique_n_2098760.html|titre=L'encyclopédie Universalis ne sera plus imprimée |éditeur=Huffington Post|date=9 novembre 2012|consulté le=2 janvier 2013}}.</ref>.
 
Comme Wikipédia se décline en {{#expr:{{formatnum:{{NUMBEROF|active|Wikipedia}}|R}}-1}} langues et dialectes, elle permet à des communautés, même réduites, d'inventorier les ressources de leur culture et de les faire connaître, aidant à sauvegarder et à développer la [[mémoire culturelle]] qui leur est propre, qu'il s'agisse du [[haoussa]], du [[Kikuyu (langue)|kikuyu]], du [[lingala]] ou du [[papiamento]].
 
En [[Chine]], où Wikipédia a d'abord été bannie de façon sélective<ref name=Chinabloc>{{en}} Digital Trends, 4 juin 2013, [http://www.digitaltrends.com/web/china-censors-wikipedia-ahead-of-tiananmen-square-anniversary/ China censors Wikipedia ahead of Tiananmen Square anniversary].</ref> avant d'être totalement bloquée en 2019<ref>{{Lien web|titre=Why China Blocked Wikipedia in All Languages|auteur=Stephen Harrison |langue=en|périodique=Slate|date=21-05-2019|lire en ligne=https://slate.com/technology/2019/05/wikipedia-china-block-censorship-tiananmen-square.html}}.</ref>, deux grandes encyclopédies construites sur le même modèle, [[Hudong]] ([[2005]]) et [[Baidu Baike]] ([[2006]]), ont dépassé les cinq millions d'articles. Dans le monde arabe, ''[[Marefa]]'' ([[2007]]) offre un accès gratuit à des ressources encyclopédiques en ligne ainsi qu'à une vaste collection de livres et de manuscrits.
 
Les encyclopédies imprimées classiques ont beaucoup de mal à soutenir la concurrence du numérique. En 2007, ''[[Quid (ouvrage)|Quid]]'' publie sa dernière édition. La ''[[Brockhaus Enzyklopädie]]'', encyclopédie allemande de référence, abandonne l'édition papier en 2009. La ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'', dont la dernière édition imprimée date de 2010, annonce le {{date|15 mars 2012}} qu'elle ne publiera plus de version sur papier<ref>{{lire en ligne|lien=https://www.huffingtonpost.fr/2012/03/14/britannica-encyclopedie-fin-edition-papier-internet_n_1344001.html|texte=Huffington Post}}.</ref>. L'abonnement à sa version en ligne, qui compte {{formatnum:120000}} articles, coûte {{unité|70|$}} par an<ref>{{en}} Tom Simonite, « [http://www.technologyreview.com/featuredstory/520446/the-decline-of-wikipedia/ The Decline of Wikipedia] », ''MIT Technology Review'', 22 octobre 2013</ref>. L'''[[Encyclopædia Universalis]]'', qui avait publié une {{6e|édition}} entièrement refondue en 30 volumes en 2008<ref>Yves Alix, ''Bulletin des bibliothèques de France'', 2009, {{numéro|3}} {{lire en ligne|lien=http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2009-03-0103-003}}. Consulté le 13 janvier 2013.</ref> et une {{7e}} en 2012, annonce fin 2012 qu'elle abandonne à son tour la version imprimée<ref>{{lire en ligne|lien=https://www.huffingtonpost.fr/2012/11/09/encyclopedie-universalis-papier-imprimerie-numerique_n_2098760.html|titre=L'encyclopédie Universalis ne sera plus imprimée |éditeur=Huffington Post|date=9 novembre 2012|consulté le=2 janvier 2013}}.</ref>. En revanche, avec son projet [[Print Wikipedia]], l'artiste américain Michael Mandiberg a imprimé 106 des 7 473 volumes de la Wikipédia en anglais telle qu'elle existait le 7 avril 2015. De même, en France, le [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] a lancé en 2020 une nouvelle encyclopédie, ''Sciences'', qui devrait avoisiner quelque 800 ouvrages imprimés couvrant un large panel de connaissances humaines<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=« Sciences », une encyclopédie contemporaine |url=https://lejournal.cnrs.fr/articles/sciences-une-encyclopedie-contemporaine |site=CNRS Le journal |consulté le=2022-11-27}}.</ref>.
 
De nombreuses bases de données et encyclopédies spécialisées font leur apparition et la [[liste d'encyclopédies sur Internet]] s'allonge constamment.
 
=== Développements connexes ===
[[Fichier:Hindu calendar 1871-72.jpg|vignette|[[Almanach]] hindou pour les années 1871-1872.]]
La volonté de totalisation du savoir, qui est à la base du projet encyclopédique, peut prendre d’autres formes, en fonction de l’objet à représenter et des objectifs poursuivis.
 
Les premières tentatives encyclopédiques apparaissent sous la forme d'une liste, tel le « [[Catalogue des vaisseaux]] » dans l'''Iliade'' ({{-s|IX}}), qui répertorie les forces en présence lors de la [[guerre de Troie]]. Une autre forme de liste, les [[annales]], enregistre les événements historiques de façon chronologique. Il se produit encore aujourd'hui de nombreux ouvrages de ce genre, tels ''Chronologie universelle d'histoire''<ref>Jacques Boudet, ''Chronologie universelle d'histoire'', Larousse, 1997.</ref>, ''Famous first facts''<ref>Joseph Nathan Kane, ''Famous first facts'', New York, The T.H. Wilson Company, 1981.</ref> ou le populaire ''[[Livre Guinness des records]]''.
 
L'[[almanach]] répertorie sous forme de calendrier des informations diverses relatives à la vie quotidienne : [[phases de la lune]], lever et coucher du soleil, alternance des saisons, etc. Il a longtemps été pour des couches importantes de la population le répertoire des connaissances de base et il s'en est même publié sous forme de [[ Pictogramme|pictogrammes pictogramme]] s à l'usage des [[ Analphabète|analphabètes analphabète]] s.
 
La représentation de type plan que fournit la [[carte géographique|carte]] est parfaitement adéquate pour représenter les positions respectives de divers objets dans un ensemble fini. Dès l’Antiquité, la carte géographique était essentielle aux commerçants et aux navigateurs ainsi qu’aux souverains désireux de baliser leur empire. La métaphore de la carte s’est maintenant étendue à la [[cartographie génétique]] qui détermine les positions relatives d’une séquence d’[[ADN]] sur un [[chromosome]].
 
La [[métaphore]] de l’arbre, qui a inspiré les premiers procédés de classement avec l'[[Arbre de Porphyre]] <ref>{{ Harvsp sfn|Eco|p=18-25}} </ref>, est particulièrement adéquate pour représenter l’évolution du vivant. Elle sert de structure au [http://www.tolweb.org/tree/ Tree of life web project], qui a pour but de rassembler une collection d’informations au sujet de la [[biodiversité]] et de recenser tous les organismes, qu’ils soient encore vivants ou qu’ils aient disparu.
 
L'avènement des [[base de données|bases de données]] a ouvert de nouvelles possibilités à la volonté de savoir. Certains considèrent le monde comme un {{Citation|énorme problème de données }}<ref>{{en}} « ''Just the facts'' ». {{lire en ligne|lien= http https://www.nytimes.com/2012/03/25/business/factuals-gil-elbaz-wants-to-gather-the-data-universe.html?scp=8&sq=helping+the+world+by+collecting+all+the+facts&st=cse|texte=''The New York Times''}}, 24-03-2012.</ref> }} qu'il importe de rassembler, catégoriser et offrir à des clients éventuels. Les méthodes d'[[exploration de données]] (''data mining'') permettent d'extraire des configurations inattendues et sémiotiquement valides à partir d'énormes amas de données factuelles considérées jusque-là comme étant sans valeur. Grâce à leur présentation sous forme visuelle, les résultats ainsi obtenus peuvent être globalement appréhendés d'un coup d'œil ou explorés à loisir en fonction des besoins de l'usager<ref group="n">Une collection de 50 grands exemples de visualisation {{lire en ligne|lien=http://www.webdesignerdepot.com/2009/06/50-great-examples-of-data-visualization|langue=en}}.</ref>. Le développement du [[web sémantique]] permet aussi d'envisager un modèle d'organisation de certains champs du savoir qui soit véritablement transnational et translinguistique, comme dans [[Wikidata]], qui assure la mise à jour immédiate des données factuelles dans toutes les versions de Wikipédia<ref>Sarah Perez, ''techcrunch'', 30 mars 2012 {{lire en ligne|lien= http https://techcrunch.com/2012/03/30/wikipedias-next-big-thing-wikidata-a-machine-readable-user-editable-database-funded-by-google-paul-allen-and-others}}. Consulté le 2-01-2013.</ref>.
 
== Caractéristiques ==
=== Organisation ===
==== Ordre thématique ====
Jusqu’au {{s|XVII |e}}, le projet encyclopédique avait vocation à présenter une synthèse globale du savoir dans un ouvrage que le lecteur était censé lire du début à la fin afin de se l’assimiler en profondeur <REF>{{ Harvsp sfn|Yeo|p=7}} </ref>. L'organisation en était donc nécessairement thématique, afin de faciliter dans l'esprit du lecteur l'établissement de liens entre les divers éléments. Comme cette ambition devient irréaliste avec l'expansion du champ des connaissances, le projet encyclopédique cèdera finalement à la commodité offerte par un [[classement alphabétique]], mais non sans que cela suscite de nombreuses critiques et controverses.
 
[[Fichier:ENC SYSTEME FIGURE.jpeg| thumb vignette| [[Système figuré des connaissances humaines ]] dans l’Encyclopédie.]]
Dans le ''Consilium de Encyclopædia nova conscribenda methodo inventoria'' (1679), [[Leibniz]], qui s’est intéressé aux règles combinatoires de [[Raymond Lulle]], renonce à la possibilité d’appliquer celles-ci à la rédaction d’une encyclopédie. Au lieu d’une organisation thématique rigoureuse qui enchaînerait l’ensemble des connaissances en affectant à chaque élément de contenu une place unique, Leibniz {{Citation|compare une encyclopédie à une Bibliothèque comme inventaire général de toutes les connaissances […] Il rappelle que l’encyclopédie devrait avoir beaucoup de renvois d’un lieu à un autre, étant donné que la plupart des choses peuvent être vues sous différentes perspectives […] Et ceux qui rangent une Bibliothèque ne savent pas bien souvent où placer quelques livres, étant suspendus entre deux ou trois endroits également convenables<ref>{{Harvsp|Eco|p=66}}</ref>.}}
 
Dans le ''Consilium de Encyclopædia nova conscribenda methodo inventoria'' (1679), [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]], qui s’est intéressé aux règles combinatoires de [[Raymond Lulle]], renonce à la possibilité d’appliquer celles-ci à la rédaction d’une encyclopédie. Au lieu d’une organisation thématique rigoureuse qui enchaînerait l’ensemble des connaissances en affectant à chaque élément de contenu une place unique, Leibniz {{Citation|compare une encyclopédie à une Bibliothèque comme inventaire général de toutes les connaissances […] Il rappelle que l’encyclopédie devrait avoir beaucoup de renvois d’un lieu à un autre, étant donné que la plupart des choses peuvent être vues sous différentes perspectives […] Et ceux qui rangent une Bibliothèque ne savent pas bien souvent où placer quelques livres, étant suspendus entre deux ou trois endroits également convenables}}{{sfn|Eco|p=66}}.
La pensée de Leibniz était connue du philosophe et mathématicien d’Alembert qui a conçu avec Diderot l’organisation de l’''Encyclopédie''. Dans le ''Prospectus de l’Encyclopédie'', Diderot annonce vouloir {{Citation|former un arbre généalogique de toutes les sciences et de tous les arts, qui marquât l’origine de chaque branche de nos connaissances, les liaisons qu’elles ont entre elles et avec la tige commune, et qui nous servît à rappeler les différents articles à leurs chefs<ref name="Prospectus (Diderot) - Wikisource">[[s:Prospectus_(Diderot)]] sur Wikisource</ref>}}. On considérait encore comme nécessaire de proposer une vue synthétique du savoir et il était certes utile que le maître d’œuvre d’un projet aussi colossal dispose de repères pour distribuer le travail de rédaction entre les divers collaborateurs en fonction de leur expertise respective. Toutefois, l’''Encyclopédie'' se contente de présenter un tel tableau (voir image ci-contre) sans l'adopter dans l'exposé des articles, qui suivent un ordre alphabétique. Par la suite, le projet ancien de hiérarchisation des connaissances est abandonné, sauf à des fins de [[Classification (science de l'information)|classification]]. Il n'est déjà plus présent dans la première édition de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' en 1771 :
:Quand la première édition de la ''Britannica'' omit d'inclure une carte des sciences, cela passa pour de la paresse ; mais dès le début du {{s-|XIX|e}}, elle produisit dans une édition subséquente une justification philosophique de cette omission, liquidant par le fait même un aspect non négligeable de la vision encyclopédique qui guidait la ''Cyclopaedia'' et l’''Encyclopédie''<ref group="n">{{Harvsp|Yeo|p=278}} : {{lang|en|''When the first edition of the ''Britannica'' failed to include a map of the sciences, it looked like laziness; but by the early nineteenth century its editions came with a philosophical justification for this absence, thereby jettisoning a significant part of the encyclopaedic vision that guided the ''Cyclopaedia'' and the ''Encyclopédie''.''}}</ref>.
 
La pensée de Leibniz était connue du philosophe et mathématicien d’Alembert qui a conçu avec Diderot l’organisation de l’''Encyclopédie''. Dans le ''Prospectus de l’Encyclopédie'', Diderot annonce vouloir {{Citation|former un arbre généalogique de toutes les sciences et de tous les arts, qui marquât l’origine de chaque branche de nos connaissances, les liaisons qu’elles ont entre elles et avec la tige commune, et qui nous servît à rappeler les différents articles à leurs chefs}}<ref name="Prospectus (Diderot) - Wikisource">[[s:Prospectus (Diderot)]] sur Wikisource</ref>. On considérait encore comme nécessaire de proposer une vue synthétique du savoir et il était certes utile que le maître d’œuvre d’un projet aussi colossal dispose de repères pour distribuer le travail de rédaction entre les divers collaborateurs en fonction de leur expertise respective. Toutefois, l’''Encyclopédie'' se contente de présenter un tel tableau (voir image ci-contre) sans l'adopter dans l'exposé des articles, qui suivent un ordre alphabétique. Par la suite, le projet ancien de hiérarchisation des connaissances est abandonné, sauf à des fins de [[Classification (science de l'information)|classification]]. Il n'est déjà plus présent dans la première édition de la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' en 1771 :
Même si l’ordre alphabétique est largement plébiscité par les lecteurs de l’''Encyclopédie'', des encyclopédies thématiques continueront à paraître au {{s-|XX|e}}, notamment l’''[[Encyclopédie de la Pléiade]]'' et l’''[[Encyclopédie française]]''.
:Quand la première édition de la ''Britannica'' omit d'inclure une carte des sciences, cela passa pour de la paresse ; mais dès le début du {{s-|XIX}}, elle produisit dans une édition subséquente une justification philosophique de cette omission, liquidant par le fait même un aspect non négligeable de la vision encyclopédique qui guidait la ''Cyclopaedia'' et l’''Encyclopédie''<ref group="n">{{Harvsp|Yeo|p=278}} : {{langue|en|''When the first edition of the ''Britannica'' failed to include a map of the sciences, it looked like laziness; but by the early nineteenth century its editions came with a philosophical justification for this absence, thereby jettisoning a significant part of the encyclopaedic vision that guided the ''Cyclopaedia'' and the ''Encyclopédie''.''}}.</ref>.
 
Même si l’ordre alphabétique est largement plébiscité par les lecteurs de l’''Encyclopédie'', des encyclopédies thématiques continueront à paraître au {{s-|XX}}, notamment l’''[[Encyclopédie de la Pléiade]]'' et l’''[[Encyclopédie française]]''.
 
==== Ordre alphabétique ====
L'ordre alphabétique, dont l'adoption commence à se répandre vers la fin du {{s|XVII |e}}, est mieux adapté aux attitudes de lecture qui se développent et s'épanouissent au [[siècle des Lumières]]. Alors que l'accent était traditionnellement mis sur un modèle intensif de lecture, impliquant la nécessité pour le lecteur de s'assimiler en profondeur le contenu de ses lectures, on voit alors se répandre un modèle « extensif » où le lecteur préfère étendre l'éventail de ses lectures plutôt que de relire toujours les mêmes textes<ref group="n">Théorie développée par Rolf Engelsing (''Der Burger als Leser'') et discutée notamment dans {{Harvsp|Yeo|p=76}}.</ref>.
 
Soucieux de faciliter le travail du lecteur, Diderot précise : {{Citation|on a traité des sciences et des arts de manière qu’on n’en suppose aucune connaissance préliminaire ; qu’on y expose ce qu’il importe de savoir sur chaque matière ; que les articles s’expliquent les uns par les autres.}} C’est cette même préoccupation qui lui fait adopter un ordre alphabétique. En outre, celui-ci donne aux éditeurs une flexibilité nouvelle, leur permettant d’ajouter de nouvelles rubriques en fonction des avancées scientifiques sans avoir à en vérifier la cohérence avec une organisation préalable de l’ensemble. L’idée que le classement alphabétique offre une plus grande facilité d’accès à un large groupe de lecteurs est essentiellement une idée propre au {{s-|XVIII |e}} <REF>{{ Harvsp sfn|Yeo|p=26}} </ref>.
 
==== Critique de l'ordre alphabétique ====
Dans ''[[ Les Papiers posthumes du Pickwick Club|The Pickwick Papers]]'' ([[1866]]), [[Charles Dickens]] évoque une personne qui aurait tout appris sur la métaphysique chinoise à partir de l'''Encyclopædia Britannica''. Comme Mr Pickwick s'en étonne, son interlocuteur précise : {{Citation|Il a lu sur la métaphysique sous la lettre M, et sur la Chine sous la lettre C, puis il a combiné ces informations<ref group="n">{{en}} {{Citation|''He read for metaphysics under the letter M, and for China under the letter C, and combined his information, sir!''}} Cité par {{Harvsp|Yeo|p=27}} .</ref> !}}
 
L'adoption de l'[[ordre alphabétique]] est ainsi souvent dénigrée comme étant à la source d'un savoir hétéroclite, vain et superficiel. Nombreux sont les critiques qui répugnent à ce que le savoir soit débité en milliers d’articles classés en ordre alphabétique et qui s’inquiètent des effets que pourrait avoir cette fragmentation du savoir sur la formation des esprits. Comme le souligne un historien, {{Citation|le passage d'un système thématique à un système alphabétique peut refléter un changement dans la vision du monde, une perte de la foi dans la correspondance entre le monde et le mot. Cela correspond évidemment aussi à un changement dans le mode de lecture }}<ref group="n">{{en}}{{Citation|''The change from the thematic system to the alphabetical system is no simple shift from less to more efficiency. It may reflect a change in world-views (above, 115), a loss of faith in the correspondence between the world and the word. It also corresponds to a change in modes of reading .'' .}} {{Harvsp|Burke|p=186}} .</ref>. }}
 
Dès [[1771]], la préface de l'''Encyclopædia Britannica'' critique Diderot et d'Alembert pour avoir adopté un [[classement alphabétique]] et considère que c'était une « folie »<ref group="n">{{en}} {{Citation|''the folly of attempts to communicate science under the various technical terms arranged in an alphabetical order''}}, {{Harvsp|Burke|p=186}} .</ref>. Mais cet ouvrage finira par l'adopter lui aussi dans une édition ultérieure, ce qui déclenchera une charge féroce de la part du poète et critique [[Samuel Taylor Coleridge]], qui faisait partie de l’équipe de rédaction de l’''[[Encyclopædia Metropolitana]]''. Celle-ci s'en tient à l'ancien ordre thématique, ce qui causera son échec commercial vers [[1840]], car ce type d'organisation était déjà alors considéré comme un anachronisme vu qu'il était impossible à un individu d'embrasser l'ensemble du savoir <ref>{{ Harvsp sfn|Yeo|p=282}} </ref>.
 
La critique de l’ordre alphabétique n'est pas seulement motivée par des considérations d'ordre théorique, mais vient aussi du fait que, par sa facilité d’accès, ce genre d'organisation met le savoir à la portée des masses, court-circuitant de ce fait les institutions traditionnelles de transmission du savoir. Aux yeux de certains, les connaissances ainsi obtenues seraient en quelque sorte frappées d’illégitimité. [[ Gustave Flaubert|Flaubert]] s’est fait l’écho de ces critiques dans son ''[[Dictionnaire des idées reçues]]'', publié après sa mort, où l'on trouve ces entrées : {{Citation|DICTIONNAIRE : En dire : N'est fait que pour les ignorants.}} {{Citation|ENCYCLOPÉDIE : En rire de pitié, comme étant un ouvrage rococo, et même tonner contre.}} Cette critique sera explicitée sous forme romanesque dans [[Bouvard et Pécuchet]]<ref name="Reley"/> (voir ci-dessous « Encyclopédie et fiction »).
 
Peu après la publication de ces critiques, des voix contraires s'élèvent pour souligner les avantages du {{Citation|désordre alphabétique}} non plus comme simple commodité mais comme facteur d'enrichissement intellectuel et de découvertes inattendues :
:{{Citation bloc|Vous cherchez le sens d'un terme appartenant à la langue courante, vos regards tombent sur un article de philosophie ou s'égarent, au passage, sur une démonstration mathématique. Une question d'histoire vous préoccupe, et vous pensez à la résoudre ; mais une explication technique, soudain, vous barre la route, sollicitant votre attention. Résultante forcée d'une nomenclature sans bornes. L'esprit y trouve sa double satisfaction, puisqu'il pourra d'une fois contenter le premier objet de sa curiosité et recueillir des notions supplémentaires qu'il n'avait pas prévues<ref>{{Harvsp|Guérin}}, Introduction par Frédéric Loliée, vol. 1, p. XIII</ref>.}}
 
==== Organisation mixte ====
[[Fichier:Portail Culture.png|thumb|Portail de la Culture dans Wikipédia (détail)]]
Cherchant un moyen terme entre les approches alphabétique et thématique, l'''[[Encyclopædia Britannica]]'' adopte pour sa {{15e}} édition ([[1974]]) un modèle hybride comportant trois ensembles : la ''Macropædia'' (17 volumes) qui développe en profondeur quelques centaines d’articles fondamentaux, la ''Micropædia'' (une encyclopédie ordinaire en 12 volumes contenant {{nombre|65000|articles}} classés en ordre alphabétique) et la ''Propædia'' (un vol.) qui organise et relie de façon thématique les contenus des deux autres.
 
[[Fichier:Portail Culture.png|vignette|redresse=1.3|Portail de la Culture dans [[Wikipédia en français]] en 2012 (détail).]]
L'arbitraire de l'ordre alphabétique est compensé dans l’''Encyclopédie'' de Diderot par quatre types de [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers#Structuration|renvois internes]], qui peuvent être comparés à des [[hyperlien]]s avant la lettre, grâce auxquels {{Citation|chaque lecteur [...] peut, de connaissance en connaissance, de point en point, élaborer son propre chemin à travers l’infinité des parcours et des points de vue possibles<ref>{{Harvsp|Bianco|p=22}}</ref>.}} Dans l'article ''Encyclopédie'', Diderot présente une conception du savoir très éloignée du modèle rationnel et unifié de Bacon<ref>{{Harvsp|Bianco|p=19}}</ref>. Après avoir mentionné en début d'article que {{Citation|le mot encyclopédie signifie ''enchaînement de connaissances''}}, il expose une conception du savoir étonnamment moderne : {{Citation|L’univers soit réel soit intelligible a une infinité de points de vue sous lesquels il peut être représenté, et le nombre des systèmes possibles de la connaissance humaine est aussi grand que celui de ces points de vue<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/Volume_5#ENCYCLOP.C3.89DIE Article Encyclopédie dans Wikisource]</ref>.}} Une telle conception entraînera une réduction notable de la taille des articles au profit de leur multiplication ({{formatnum:71818}}), et de l'établissement de relations entre eux. Répondant manifestement aux attentes du public, ce découpage du savoir en petites unités prendra de la force au {{s-|XX|e}} avec les propositions de [[H. G. Wells|Wells]] et [[Otto Neurath|Neurath]] (voir-ci-dessous)<ref>{{Harvsp|Collison|p=18-20}}</ref>. Elle débouchera sur les hypothèses prémonitoires de [[Vannevar Bush]], la mise au point de l'[[hypertexte]] et la création du ''[[World Wide Web]]'' par [[Tim Berners-Lee]].
 
Cherchant un moyen terme entre les approches alphabétique et thématique, l{{'}}''[[Encyclopædia Britannica]]'' adopte pour sa {{15e|édition}} ([[1974]]) un modèle hybride comportant trois ensembles : la ''Macropædia'' (17 volumes) qui développe en profondeur quelques centaines d’articles fondamentaux, la ''Micropædia'' (une encyclopédie ordinaire en 12 volumes contenant {{nombre|65000|articles}} classés en ordre alphabétique) et la ''Propædia'' (un vol.) qui organise et relie de façon thématique les contenus des deux autres.
Dans les encyclopédies en ligne, la question de l'ordre alphabétique est devenue non pertinente car le visiteur navigue le plus souvent à l'aide d'hyperliens qui lui permettent de suivre ses propres réseaux associatifs et de se construire un savoir répondant à ses intérêts et à ses capacités, selon les vœux de Diderot. Encore faut-il mettre en place divers moyens pour compenser la fragmentation inhérente à ce modèle et permettre à qui le souhaite de se donner une vue d'ensemble d'un domaine. La solution la plus simple est celle de l'encyclopédie ''[[Universalis]]'', qui offre des cascades de menus déroulants dans lesquels les sujets sont regroupés de façon thématique, ce qui permet, par exemple, de faire défiler la liste de tous les écrivains d'un pays donné. La ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' propose pour sa part un très sophistiqué « [[Interface graphique|curseur temporel]] » (en anglais : ''timeline'') qui permet d'explorer de grandes classes de sujets ([[architecture]], [[art]], [[écologie]], [[vie quotidienne]], [[littérature]], etc.) à travers le temps en faisant défiler le curseur. À chaque sujet correspondent des dates importantes auxquelles sont attachées des fiches synthétiques sur lesquelles il est possible de cliquer pour se rendre à l'article détaillé.
 
L'arbitraire de l'ordre alphabétique est compensé dans l'''Encyclopédie'' de Diderot par quatre types de [[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers#Les renvois|renvois internes]], qui peuvent être comparés à des [[hyperlien]]s avant la lettre, grâce auxquels {{Citation|chaque lecteur [...] peut, de connaissance en connaissance, de point en point, élaborer son propre chemin à travers l’infinité des parcours et des points de vue possibles{{sfn|Bianco|p=22}}.}} Dans l'article ''Encyclopédie'', Diderot présente une conception du savoir très éloignée du modèle rationnel et unifié de Bacon{{sfn|Bianco|p=19}}. Après avoir mentionné en début d'article que {{Citation|le mot encyclopédie signifie ''enchaînement de connaissances''}}, il expose une conception du savoir étonnamment moderne : {{Citation|L’univers soit réel soit intelligible a une infinité de points de vue sous lesquels il peut être représenté, et le nombre des systèmes possibles de la connaissance humaine est aussi grand que celui de ces points de vue<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/Volume_5#ENCYCLOP.C3.89DIE Article Encyclopédie dans Wikisource].</ref>.}} Une telle conception entraînera une réduction notable de la taille des articles au profit de leur multiplication ({{formatnum:71818}}), et de l'établissement de relations entre eux. Répondant manifestement aux attentes du public, ce découpage du savoir en petites unités prendra de la force au {{s-|XX}} avec les propositions de [[H. G. Wells|Wells]] et [[Otto Neurath|Neurath]] (voir-ci-dessous){{sfn|Collison|p=18-20}}. Elle débouchera sur les hypothèses prémonitoires de [[Vannevar Bush]], la mise au point de l'[[hypertexte]] et la création du ''[[World Wide Web]]'' par [[Tim Berners-Lee]].
Dans [[Wikipédia]], chaque article est associé à une ou plusieurs [[Aide:Catégorie|catégories]] de sorte que le lecteur peut facilement trouver tous les articles de la même catégorie ainsi que ceux de la catégorie hiérarchiquement supérieure. Un certain nombre d'articles sont également associés à la modalité de regroupement plus lâche que son—t les [[Portail:Accueil|portails]]. Ceux-ci, qui sont au nombre de {{formatnum:1438}} dans la Wikipédia française, sont des classes thématiques, regroupées à leur tour en 11 grandes sections : [[Portail:Arts|Arts]] — [[Portail:Géographie|Géographie]] – [[Portail:Histoire|Histoire]] — [[Portail:Loisirs|Loisirs]] — [[Portail:Médecine|Médecine]] — [[Portail:Politique|Politique]] — [[Portail:Religion|Religion]] — [[Portail:Sciences|Sciences]] — [[Portail:Société|Société]] — [[Portail:Sport|Sport]] — [[Portail:Technologies|Technologies]]. Le lecteur intéressé peut ainsi explorer un domaine du savoir et en percevoir d'emblée toutes les ramifications.
 
Dans les encyclopédies en ligne, la question de l'ordre alphabétique est devenue non pertinente car le visiteur navigue le plus souvent à l'aide d'hyperliens qui lui permettent de suivre ses propres réseaux associatifs et de se construire un savoir répondant à ses intérêts et à ses capacités, selon les vœux de Diderot. Encore faut-il mettre en place divers moyens pour compenser la fragmentation inhérente à ce modèle et permettre à qui le souhaite de se donner une vue d'ensemble d'un domaine. La solution la plus simple est celle de l'encyclopédie ''[[Encyclopædia Universalis|Universalis]]'', qui offre des cascades de menus déroulants dans lesquels les sujets sont regroupés de façon thématique, ce qui permet, par exemple, de faire défiler la liste de tous les écrivains d'un pays donné. La ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' propose pour sa part un très sophistiqué « [[Interface graphique|curseur temporel]] » (en anglais : ''timeline'') qui permet d'explorer de grandes classes de sujets ([[architecture]], [[art]], [[écologie]], [[vie quotidienne]], [[littérature]], etc.) à travers le temps en faisant défiler le curseur. À chaque sujet correspondent des dates importantes auxquelles sont attachées des fiches synthétiques sur lesquelles il est possible de cliquer pour se rendre à l'article détaillé.
 
Dans [[Wikipédia]], chaque article est associé à une ou plusieurs catégories de sorte que le lecteur peut facilement trouver tous les articles de la même catégorie ainsi que ceux de la catégorie hiérarchiquement supérieure. Un certain nombre d'articles sont également associés à la modalité de regroupement plus lâche que sont les portails. Ceux-ci, qui sont au nombre de {{formatnum:1566}} dans [[Wikipédia en français]], sont des classes thématiques, regroupées à leur tour en onze grandes sections : Arts — Géographie – Histoire — Loisirs — Médecine — Politique — Religion — Sciences — Société — Sport — Technologies. Le lecteur intéressé peut ainsi explorer un domaine du savoir et en percevoir d'emblée toutes les ramifications.
 
=== Types de contenu ===
Le contenu des encyclopédies est soumis à l'esprit du temps et aux limites du savoir en vigueur dans les sociétés où elles apparaissent <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=6}} </ref>. Ainsi les encyclopédies médiévales avaient le souci de localiser le [[Paradis]] sur une carte du monde, comme le fait [[Isidore de Séville]]. Le même auteur présente comme avérée l'existence de multiples variétés de monstres : [[ cyclopes cyclope]] s, [[cynocéphales]], [[satyre]]s, [[Antipode (créature imaginaire)|antipodes]], lemnies (hommes sans tête, avec des yeux sur la poitrine ou les épaules), etc .<ref>Livre XI des [[Etymologiae|''Étymologies'']].</ref> . Ces données seront reprises inlassablement durant des siècles. Encore en [[1771]], la première édition de la ''Britannica'' affirme que l'usage du tabac a pour effet de dessécher le cerveau et de le réduire à une petite masse noirâtre ; le même ouvrage contient aussi un article détaillé sur la nature et le contenu de l'[[Arche de Noé]], sans doute copié/collé à partir d'un ouvrage ancien <ref>{{ Harvsp sfn|McArthur|p=107}} </ref>.
 
Rédigées par les intellectuels de leur temps, les encyclopédies ont longtemps privilégié le savoir abstrait au détriment des métiers et des techniques. La situation change radicalement en 1751 avec l’''Encyclopédie'' de Diderot. De même, les encyclopédies ont longtemps banni les biographies de personnes vivantes. Celles-ci ne furent introduites qu'avec le '' [[Universal Lexicon ]]'' publié en Allemagne à partir de 1731<ref name="CollXV '' ">{{Harvsp|Collison|p=XV}} .</ref>.
 
=== Rédaction et mise en forme ===
La rédaction d'un article encyclopédique exige de respecter un style adapté à un discours scientifique de vulgarisation. Dès 1666, la [[Royal Society]] de Londres avait reconnu l'importance d'un style neutre pour les textes destinés à sa revue ''[[Philosophical Transactions of the Royal Society|Philosophical Transactions]]'' et bannissait les figures de style afin d'éviter que des textes visant à susciter la réflexion soient envahis par l’émotivité de leur auteur, si facilement enclenchée par le jeu de la comparaison, de la métaphore, de l’ironie ou de l’hyperbole <ref>{{ Harvsp sfn|Olson|p=257-281}} .</ref>.
 
Le principe d'un discours neutre ne s'est toutefois imposé que progressivement dans la rédaction d'une encyclopédie et n'était pas encore une règle pour les collaborateurs de l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' ni même pour [[Pierre Larousse]]<ref group="n"> [[Pierre Lepape ]] : {{Citation|Le style littéraire de Larousse est celui des romantiques : profus, grandiloquent, fervent, irrégulier}}, ''Le pays Pays de la littérature'', Seuil, 2003, {{p.|517}}.</ref>. Mais à cette exception près, il était admis à la fin du {{s-|XIX |e}} que le texte encyclopédique devait être aussi rigoureux que possible, comme le note l'introduction du ''Dictionnaire des dictionnaires'' :
:{{Citation bloc|On sait combien l’affectation du bel-esprit, à tout propos et hors de propos, nuisit au caractère de la première ''Encyclopédie''. Encore est-il que chaque subdivision des travaux de l’esprit a ses formes propres et que le choix judicieux des mots, la condensation soutenue, la brièveté sans sécheresse, le sens technique de la valeur des termes, sont des qualités de rigueur dans ces matières. L’élégance mesurée de l’expression n’est pas incompatible avec les données de l’érudition pure. La clarté, la parfaite adaptation au sujet, le complet oubli de soi-même, vont excellemment à l’exposition scientifique<ref>Frédéric Loliée, {{Harvsp|Guérin|p=XIX}} .</ref>.}}
 
Le discours encyclopédique se caractérise aujourd'hui par l'effacement de l'énonciateur au profit du référent ou de tournures impersonnelles, l'absence de modalités appréciatives et un style simple, sobre, clair, précis et compréhensible du grand public<ref group="n">Wikipédia donne des instructions très détaillées sur les [[Aide:Comment rédiger un bon article|caractéristiques d'un bon article]].</ref>. Dans les grandes maisons d'édition, ce travail d'homogénéisation stylistique est assuré par une équipe de réviseurs.
 
Les procédés typographiques se sont également raffinés au fil des siècles afin de permettre au lecteur de distinguer rapidement entre les types d'information donnés dans un article. Ainsi, la pratique de mettre en italique les titres de livre se développe à partir de 1701<ref >{{Harvsp|Collison|p name= XV}}< "CollXV"/ ref>. Par la suite, dictionnaires et encyclopédies mettront au point des signes typographiques servant à distinguer les citations, les sections d'un article, les renvois, etc.
 
=== Signature ===
[[Fichier:Extrait article Britannica 1928.jpg| thumb vignette|Signature de Freud et bibliographie en fin de l'article « Psychoanalysis », dans la ''Britannica'', {{14e |édition }}, 1929.]]
Pour contribuer à l'''Encyclopédie'', Diderot a fait appel à des personnages célèbres de son époque, dont les plus connus sont Voltaire, Rousseau, Condorcet, Montesquieu, etc. Ces auteurs se contentent toutefois le plus souvent de signer leurs articles par des initiales. Par la suite, la pratique de la signature varie. Les articles d'encyclopédies thématiques sont généralement signés. [[Charles Babbage]] signe ses contributions à la ''[[Encyclopædia Metropolitana|Metropolitana]]''. Dans son édition de 1926, la ''Britannica'' fait appel à des personnalités de réputation internationale, tels [[Albert Einstein]] pour l'article « ''Space-time'' », [[Freud]] (« ''Psychoanalysis'' »), [[Marie Curie]], [[Léon Trotski]] (« ''Lenin'' ») ou [[Henri Pirenne]] (« ''Belgium'' »). De même, l{{'}}''[[Encyclopædia Universalis]]'' fait appel à des sommités, notamment [[Roland Barthes]] (« Texte »). L{{'}}''[[Encyclopédie Treccani|Enciclopedia italiana]]'' a elle aussi fait appel à des centaines d'experts dont les initiales données en début de volume permettent d'identifier l'auteur de chacun des articles.
 
Pour contribuer à l'''Encyclopédie'', Diderot a fait appel à des personnages célèbres de son époque, dont les plus connus sont [[Voltaire]], [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], [[Montesquieu]], etc. Ces auteurs se contentent toutefois le plus souvent de signer leurs articles par des initiales. Par la suite, la pratique de la signature varie. Les articles d'encyclopédies thématiques sont généralement signés. [[Charles Babbage]] signe ses contributions à la ''[[Encyclopædia Metropolitana|Metropolitana]]''. Dans son édition de 1926, la ''Britannica'' fait appel à des personnalités de réputation internationale, tels [[Albert Einstein]] pour l'article « ''Space-time'' », [[Sigmund Freud|Freud]] (« ''Psychoanalysis'' »), [[Marie Curie]], [[Léon Trotski]] (« ''Lenin'' ») ou [[Henri Pirenne]] (« ''Belgium'' »). De même, l{{'}}''[[Encyclopædia Universalis]]'' fait appel à des sommités, notamment [[Roland Barthes]] (« Texte »). L{{'}}''[[Encyclopédie Treccani|Enciclopedia italiana]]'' a elle aussi fait appel à des centaines d'experts dont les initiales données en début de volume permettent d'identifier l'auteur de chacun des articles.
La signature ajoute incontestablement au prestige d'un ouvrage et garantit que les informations proviennent de personnes considérées comme des experts dans le domaine. Comme le signale Collison au terme de son étude historique, une encyclopédie qui veut être respectée doit faire appel à des spécialistes pour ses articles et ceux-ci doivent être révisés par des spécialistes à temps complet ou partiel<ref>{{Harvsp|Collison|p=199}}</ref>. En [[1960]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' employait ainsi 170 chefs de section choisis pour leur expertise dans leurs domaines respectifs et chargés de superviser chacun environ {{nombre|250000|mots}} dans leur section<ref>{{Harvsp|Einbinder|p=264}}</ref>.
 
La signature ajoute incontestablement au prestige d'un ouvrage et garantit que les informations proviennent de personnes considérées comme des experts dans le domaine. Comme le signale Collison au terme de son étude historique, une encyclopédie qui veut être respectée doit faire appel à des spécialistes pour ses articles et ceux-ci doivent être révisés par des spécialistes à temps complet ou partiel{{sfn|Collison|p=199}}. En [[1960]], la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' employait ainsi 170 chefs de section choisis pour leur expertise dans leurs domaines respectifs et chargés de superviser chacun environ {{nombre|250000|mots}} dans leur section{{sfn|Einbinder|p=264}}. Toutefois, la contribution de spécialistes a d'abord pour fonction d'associer à un ouvrage le capital culturel de personnalités célèbres —ce qui n'est pas nécessairement une garantie de qualité, car le spécialiste de haut niveau risque d'aborder un article de vulgarisation sans enthousiasme ou de s'en servir comme d'une plateforme pour régler des débats dans le domaine{{sfn|Loveland 2013|p=1302-1303}}.
Le fait que Wikipédia accepte des contributions de n'importe quel usager a suscité de nombreuses critiques<ref>Voir notamment {{Harvsp|Gourdain|}}. Pour un point de vue opposé : {{Harvsp|Giles|}}, {{Harvsp|Rosenzweig|}} et {{Harvsp|Vandendorpe}}</ref>. En réponse à celles-ci, on a fait valoir qu'il est toujours possible de retracer dans l'historique d'un article les différentes strates de sa rédaction et d'identifier les points litigieux, ce qui permet aussi de prendre conscience du fait que le savoir n'est pas seulement d'ordre politique, mais aussi toujours provisoire<ref>{{Harvsp|O'Sullivan|p=125}}</ref>. Surtout, l'exigence de référencer les affirmations par des sources vérifiables, comme cela se fait dans les publications scientifiques, aide à éliminer les informations subjectives, fantaisistes ou erronées<ref>{{Harvsp|Vandendorpe}}</ref>. Malgré cela, devant le scandale provoqué par des articles biaisés ou défigurés par des actes de vandalisme adolescent —lesquels sont d'ailleurs parfois encouragés par des personnes ayant des liens avec des projets éditoriaux concurrents<ref>[http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2007/07/09/controverse-sauce-wikipedia Controverse à la sauce wikipédia], 9 juillet 2007</ref>— divers projets ont choisi pour leur part de mettre en valeur soit des articles individuels signés par leur auteur, comme [[Knol]], soit un système de validation des articles par des collaborateurs dûment identifiés et mandatés à cet effet, tel [[Citizendium]]<ref>Olivier Ertzscheid, 14 décembre 2007, [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/12/googlepedia-sap.html Googlepedia s'appellera "Knol", ou comment monétiser l'autorité]</ref>.
 
Le fait que Wikipédia accepte des contributions de n'importe quel usager a suscité de nombreuses critiques<ref>Voir notamment {{Harvsp|Gourdain|}}. Pour un point de vue opposé : {{Harvsp|Giles|}}, {{Harvsp|Rosenzweig|}} et {{Harvsp|Vandendorpe}}.</ref>. En réponse à celles-ci, on a fait valoir qu'il est toujours possible de retracer dans l'historique d'un article les différentes strates de sa rédaction et d'identifier les points litigieux, ce qui permet aussi de prendre conscience du fait que le savoir n'est pas seulement d'ordre politique, mais aussi toujours provisoire{{sfn|O'Sullivan|p=125}}. Surtout, l'exigence de référencer les affirmations par des sources vérifiables, comme cela se fait dans les publications scientifiques, aide à éliminer les informations subjectives, fantaisistes ou erronées{{sfn|Vandendorpe}}. Malgré cela, devant le scandale provoqué par des articles biaisés ou défigurés par des actes de vandalisme adolescent —lesquels sont d'ailleurs parfois encouragés par des personnes ayant des liens avec des projets éditoriaux concurrents<ref>[http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2007/07/09/controverse-sauce-wikipedia Controverse à la sauce wikipédia], 9 juillet 2007.</ref>— divers projets concurrents ont choisi pour leur part de mettre en valeur soit des articles individuels signés par leur auteur, comme [[Knol]] (créé en 2008, fermé en 2012), soit un système de validation des articles par des experts, tel [[Citizendium]]<ref>[[Olivier Ertzscheid]], 14 décembre 2007, [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/12/googlepedia-sap.html Googlepedia s'appellera "Knol", ou comment monétiser l'autorité].</ref> : créé en 2006, ce dernier projet comptait 159 articles validés en 2015<ref>[http://en.citizendium.org/ Citizendium] consulté le 12 janvier 2015.</ref>.
 
=== Sources ===
[[Fichier:Extrait article Bayle 1697.png| thumb vignette|Mention des sources de l'article « Abdère », ''[[Dictionnaire historique et critique]]'', 1697. Source : Gallica .]]
 
La fonction du genre encyclopédique n'étant pas de créer des connaissances nouvelles, son contenu s'appuie nécessairement sur des sources. Celles-ci étaient déjà mentionnées chez Pline l'Ancien qui, dans son ''Histoire naturelle'', mentionne 500 auteurs. Les références y sont toutefois imprécises, en raison du manque de repères standardisés dans la plupart des éditions de l'époque. Il en ira encore de même au Moyen-Âge, où un auteur comme Vincent de Beauvais mentionne simplement l'auteur d'une information sans donner d'autre précision. La situation se modifie à mesure que l'on avance dans le temps. Pierre Bayle, dans son ''[[Dictionnaire historique et critique]]'' (1690) signale les notes par un astérisque qui renvoie à des références précises
La fonction du genre encyclopédique n'étant pas de créer des connaissances nouvelles, son contenu s'appuie nécessairement sur des sources. Celles-ci étaient déjà mentionnées chez Pline l'Ancien qui, dans son ''Histoire naturelle'', mentionne 500 auteurs. Les références y sont toutefois imprécises, en raison du manque de repères standardisés dans la plupart des éditions de l'époque. Il en ira encore de même au Moyen Âge, où un auteur comme Vincent de Beauvais mentionne simplement l'auteur d'une information sans donner d'autre précision. La situation se modifie à mesure que l'on avance dans le temps. Pierre Bayle, dans son ''[[Dictionnaire historique et critique]]'' (1697) signale les notes par un astérisque qui renvoie à des références précisesdans la marge (auteur, titre, chapitre ou page) <ref>Voir [https://books. google.fr/books?id=-TsSbLqcLmcC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false Bayle 1697].</ref> Vers la même époque, l'identification des sources acquiert un statut typographique spécial avec [[Vincenzo Coronelli|Coronelli]], qui généralise l'emploi de l'italique dans les titres de livres. Les encyclopédies modernes accompagnent généralement leurs articles d'une [[bibliographie]] en fin d'article, comme on peut le voir dans l'extrait de la ''Britannica'' ci-dessus <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=16}} </ref>.
 
=== Format ===
Le format d'un ouvrage a longtemps été en corrélation directe avec son statut dans l'ordre du savoir. Jusqu'à la fin du {{s-|XVIII |e}}, les livres importants, comme ceux de philosophie et de théologie, étaient publiés en format [[in-folio]] ou [[in-quarto]] tandis que les ouvrages plus « légers », dont relevaient les œuvres littéraires, étaient en [[in-octavo]], [[in-12]], ou in-18 <ref>{{ Harvsp sfn|Genette|p=22-23}} </ref>.
 
Relevant de la catégorie des livres sérieux, les encyclopédies étaient naturellement éditées en format [[in-folio]] ou [[in-quarto]]. Cette règle devient flexible avec l'expansion du public lecteur, certains éditeurs optant pour un plus petit format afin d'attirer un public plus large. L’''Encyclopédie'' de Diderot et d'Alembert a ainsi été publiée en divers formats : [[in-folio]] pour les éditions faites à Paris, [[Lucques]], [[Livourne]] et [[Genève]] ; [[in-quarto]] pour celle de [[Neuchâtel]] (1778) ; [[in-octavo]] pour celles de [[Berne]] et [[Lausanne]] (1781) <ref>{{ Harvsp sfn|Pinault|p=103-123}} </ref>. Ce dernier format étant plus économique à produire et à distribuer, il sera retenu par [[ Friedrich Arnold Brockhaus|Brockhaus]] pour le ''''Conversations-Lexikon'', dont la première édition paraît en 1812. Ce format très maniable sera par la suite repris par d'autres éditeurs, notamment l'encyclopédie ''[[Espasa]]'' (1908). Il y a aussi eu quelques encyclopédies en format [[in-12]] au {{s-|XIX |e}}. Toutefois, le format in-quarto restera de loin le plus courant, parce qu'il facilite le travail de mise en page et permet d'insérer des illustrations de bonne qualité <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=11}} </ref>.
 
== Écueils ==
=== Biais idéologiques et culturels ===
Alors qu’elle aspire à dire le vrai sur toute chose, une encyclopédie n’est jamais à l’abri des biais culturels ou idéologiques de ses rédacteurs<ref group="n">« {{lang|en|texte=''All great encyclopædia makers have tried to be truthful and to present a balanced picture of civilization as they knew it, although it is probable that no encyclopædia is totally unbiased.''}} » Article « Encyclopædia » dans ''Encyclopædia Britannica'', Academic edition online.</ref>. Parfois, ces biais sont clairement affichés, comme dans l'''Encyclopédie'', mais cela faisait partie de ce projet que [[Diderot]] avait conçu comme une machine de guerre contre l'obscurantisme — avec pour résultat que cet ouvrage sera condamné par l'Église et que le pape [[Clément XIII]] enjoindra aux catholiques de brûler les exemplaires en leur possession<ref>{{Harvsp|Moureau|p=134}}</ref>. À partir du siècle suivant, cependant, la neutralité de ton commence à s'imposer. En dépit de la notable exception de [[Pierre Larousse]], il est désormais admis qu'une encyclopédie {{Citation|doit être une œuvre d'exposition}} et non de combat, comme l'écrivent dans leur préface les auteurs de ''[[La Grande Encyclopédie]]''<ref>{{Harvsp|Grande Encyclopédie|p=IX}}</ref>. Au {{s-|XIX|e}}, {{Citation|le temps n'est plus aux réflexions critiques de [[Pierre Bayle|Bayle]] ou de [[Diderot]] : l'encyclopédisme s'inscrit dans les besoins [[Didactique|didactiques]] de la [[révolution industrielle]]<ref name="Reley"/>}}.
 
{{Article détaillé|Biais géographique sur Wikipédia|Biais de genre sur Wikipédia}}
Même dans des ouvrages qui font l'objet d'un processus éditorial rigoureux, telle la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'', des biais prononcés peuvent cependant apparaître dans la rédaction des articles. On a ainsi dénoncé comme lacunaires ou superficiels les articles de l'édition de 1958 consacrés à [[Freud]], [[Émile Durkheim|Durkheim]] et [[Keynes]]. Cette même édition reprenait dans l'article sur la [[Malaisie]] les pires préjugés de l'[[Colonialisme|époque coloniale]], au point de susciter des réactions indignées de la part d'un journal de [[Singapour]] ; l'article sur les [[Maasaï]] présentait les hommes de cette peuplade africaine comme s'extrayant les [[incisives]] inférieures et se nourrissant principalement de lait, de viande et de sang — affirmations qui avaient suscité un article extrêmement critique de la part du ''New Yorker''<ref>{{Harvsp|Einbinder|p=215}}</ref>. Cette même édition n'avait pas d'entrée sur le [[marxisme]] — cela, en pleine [[Guerre froide]] ! Il n'y en avait pas non plus sur [[Charles de Gaulle]], alors que celui-ci revenait au pouvoir en France cette même année. Quant à l'article sur la [[mer des Caraïbes]], il présentait le [[canal de Panama]] comme {{Citation|une extension de la frontière méridionale des États-Unis<ref>{{Harvsp|Einbinder|p=213-214}}</ref>}}. Ces biais culturels plus ou moins inconscients ne sont pas uniques. De même, l’''[[Encyclopædia Universalis]]'' (1990) ne consacrait pas d’entrée à [[Maurice Duplessis]], qui fut pourtant Premier ministre du [[Québec]] de 1944 à 1959, alors qu'elle consacrait de longs articles à des parlementaires français de second ordre<ref name=VAN>{{Harvsp|Vandendorpe|p=17-30}}</ref>. Dans cette même encyclopédie, le mot [[Mapuches]] renvoie à [[Araucans]], article qui commence par {{Citation|Araucan est un mot forgé au {{XVIe}} siècle par Ercilla, poète espagnol, à partir d'un nom de lieu indigène}} — comme si les Mapuches n'avaient pas le privilège de se nommer eux-mêmes.
 
Alors qu’elle aspire à dire le vrai sur toute chose, une encyclopédie n’est jamais à l’abri des biais culturels ou idéologiques de ses rédacteurs<ref group="n">« {{langue|en|texte=''All great encyclopædia makers have tried to be truthful and to present a balanced picture of civilization as they knew it, although it is probable that no encyclopædia is totally unbiased''.}} » Article « Encyclopædia » dans ''Encyclopædia Britannica'', Academic edition online.</ref>. Parfois, ces biais sont clairement affichés, comme dans l'''Encyclopédie'', mais cela faisait partie de ce projet que [[Denis Diderot|Diderot]] avait conçu comme une machine de guerre contre l'obscurantisme — avec pour résultat que cet ouvrage sera condamné par l'Église et que le pape [[Clément XIII]] enjoindra aux catholiques de brûler les exemplaires en leur possession{{sfn|Moureau|p=134}}. Dans cet ouvrage, l'article « Humaine espèce » offre un condensé des stéréotypes de l'époque sur les peuples des divers continents, tout en attribuant les différences ethniques à des caractéristiques géographiques et culturelles et en affirmant l'origine unique de la race humaine<ref>[[s:L’Encyclopédie/1re édition/HUMAIN|Espèce humaine]].</ref>. À partir du siècle suivant, une plus grande neutralité de ton commence à s'imposer. En dépit de la notable exception de [[Pierre Larousse]], il est désormais admis qu'une encyclopédie {{Citation|doit être une œuvre d'exposition}} et non de combat, comme l'écrivent dans leur préface les auteurs de ''[[La Grande Encyclopédie]]''{{sfn|Grande Encyclopédie|p=IX}}. Au {{s-|XIX}}, {{Citation|le temps n'est plus aux réflexions critiques de [[Pierre Bayle|Bayle]] ou de [[Denis Diderot|Diderot]] : l'encyclopédisme s'inscrit dans les besoins [[didactique]]s de la [[révolution industrielle]]<ref name="Reley"/>}}.
 
Même dans des ouvrages qui font l'objet d'un processus éditorial rigoureux, telle la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'', des biais prononcés peuvent cependant apparaître dans la rédaction des articles. On a ainsi dénoncé comme lacunaires ou superficiels les articles de l'édition de 1958 consacrés à [[Sigmund Freud|Freud]], [[Émile Durkheim|Durkheim]] et [[John Maynard Keynes|Keynes]]. Cette même édition reprenait dans l'article sur la [[Malaisie]] les pires préjugés de l'[[Colonialisme|époque coloniale]], au point de susciter des réactions indignées de la part d'un journal de [[Singapour]] ; l'article sur les [[Maasaï]] présentait les hommes de cette peuplade africaine comme s'extrayant les [[incisives]] inférieures et se nourrissant principalement de lait, de viande et de sang — affirmations qui avaient suscité un article extrêmement critique de la part du ''New Yorker''{{sfn|Einbinder|p=215}}. Cette même édition n'avait pas d'entrée sur le [[marxisme]] — cela, en pleine [[guerre froide]] ! Il n'y en avait pas non plus sur [[Charles de Gaulle]], alors que celui-ci revenait au pouvoir en France cette même année. Quant à l'article sur la [[mer des Caraïbes]], il présentait le [[canal de Panama]] comme {{Citation|une extension de la frontière méridionale des États-Unis}}{{sfn|Einbinder|p=213-214}}. Ces biais culturels plus ou moins inconscients ne sont pas uniques. De même, l’''[[Encyclopædia Universalis]]'' (1990) ne consacrait pas d’entrée à [[Maurice Duplessis]], qui fut pourtant Premier ministre du [[Québec]] de 1944 à 1959, alors qu'elle consacrait de longs articles à des parlementaires français de second ordre<ref name=VAN>{{Harvsp|Vandendorpe|p=17-30}}.</ref>. Dans cette même encyclopédie, le mot [[Mapuches]] renvoie à [[Araucans]], article qui commence par {{Citation|Araucan est un mot forgé au {{s-|XVI}} par Ercilla, poète espagnol, à partir d'un nom de lieu indigène}} — comme si les Mapuches n'avaient pas le privilège de pouvoir se nommer eux-mêmes.
 
De tels biais sont attribuables à une équipe éditoriale centralisée dans une métropole, où le regard porté sur la périphérie est facilement entaché de préjugés. Ceux-ci sont devenus plus faciles à détecter dans une organisation décentralisée et collaborative où des communautés de lecteurs venant de divers horizons intellectuels et géographiques peuvent intervenir dans la mise au point des articles<ref name=VAN/>.
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Les connaissances évoluant constamment, une encyclopédie doit impérativement être mise à jour régulièrement. Comme cette opération est coûteuse en recherche, en typographie et en impression, bien des maisons d’édition se contentaient, lors d'une nouvelle édition, de ne faire que des changements limités.
 
Cette critique a été notamment adressée à l’encyclopédie espagnole ''[[Espasa]]'' qui a continué à rééditer tels quels des articles souvent rédigés plusieurs dizaines d’années auparavant. La prestigieuse ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' n’est pas non plus à l’abri de cette critique. En 1958, les notices sur [[Gustav Mahler]], [[Béla Bartok Bartók]] et [[Alban Berg]] étaient en retard d'une ou deux générations au plan critique. L'article sur [[ Charles Baudelaire|Baudelaire]] reflétait encore les préjugés de l'[[ère victorienne]] ({{Citation|une sélection perverse de sujets morbides }}<ref group="n">{{en}} « ''A perverse selection of morbid subjects'' ». Cité par {{Harvsp|Einbinder|p=75}} .</ref> }}), de même que ceux consacrés à [[Oscar Wilde]] et [[Paul Verlaine]], qui faisaient silence sur leur [[homosexualité]] <ref>{{ Harvsp sfn|Einbinder|p=109}} </ref>.
 
Par ailleurs, afin de faire de la place aux données nouvelles, les encyclopédies imprimées étaient souvent contraintes de réduire les articles consacrés à des personnages historiques. À titre d'exemple, l'article consacré au pape [[Alexandre VI]] s'étendait sur deux pages et demie dans l'édition de 1910, une page en 1958 et un quart de page en 1963 <ref>{{ Harvsp sfn|Einbinder|p=271}} </ref>.
 
=== Idéologie d’État ===
Dans la ''[[Grande encyclopédie Encyclopédie soviétique]]'', les personnalités tombées en disgrâce étaient expurgées de l’édition subséquente de l’ouvrage. Afin que d'assurer l’expurgation une soit expurgation immédiate et complète, les souscripteurs responsables recevaient par la poste envoyaient un article de remplacement aux [[souscription|souscripteurs]], qu’ils en étaient les priés priant de le coller à la place de l’article original <ref>{{ Harvsp sfn|Gunter|texte=Gunter}} </ref>.
 
L’encyclopédie polonaise ''[[Wielka Encyklopedia PWN|''Wielka PWN'']]'' a dû être entièrement refondue et réimprimée ([[2001]]-[[2005]]) afin d’éliminer les distorsions contenues dans l’édition en vigueur avant la chute du [[mur de Berlin]] en [[1989]].
 
Ces manipulations de l'information ne sont pas une exclusivité des [[régimes communistes]]. Durant la [[ Guerre guerre froide]], la [[CIA]] a réussi à « placer » des articles dans l'''[[Encyclopædia Britannica]]'' <ref>{{ Harvsp sfn|Fontana|p=127}} </ref>.
 
=== Dogmatisme religieux ===
Le projet encyclopédique peut facilement entrer en conflit avec une religion établie, l'un et l'autre aspirant à dire le [[Vérité|vrai]] sur l'ensemble du réel. Dans le [[monde islamique]], qui avait, tout comme le [[monde chrétien]], hérité du savoir disponible dans la [[Époque hellénistique|culture hellénistique]] et donné naissance à des travaux scientifiques de grande qualité entre le {{sp|VII|e|et le|XIV|e|}}, les disciplines [[ Profane|profanes profane]] s n'ont jamais été admises dans les [[Médersa|écoles coraniques]], tant les gardiens de l'orthodoxie se méfiaient de tout ce qui n'émanait pas du [[Coran]] ou ne s'harmonisait pas précisément avec son enseignement<ref>{{Harvsp|McArthur|p=49-51}}. Voir aussi {{Harvsp|Ferguson|p=60}} .</ref>. Dans la [[chrétienté]], la situation fut différente, car c'est l'institution religieuse elle-même qui s'est chargée de faire la synthèse entre le dogme et le savoir légué par le monde païen, en se basant pour cela sur l'autorité d'[[Augustin d'Hippone|Augustin]], qui incita les chrétiens à tirer parti des sciences que leur avait transmises l'antiquité profane pour les mettre au service d'une culture chrétienne et mieux interpréter l'[[Écriture sainte]]<ref>{{Harvsp|Lefèvre|p=2}} ; {{Harvsp|Augustin|loc=II, 29}} ''De doctrina christiana'', liv. II, chap. XXIX : {{Citation|Utilité de la connaissance des animaux, des plantes, des arbres, pour l'intelligence de l'Écriture}}.</ref>. Ce [[Pères de l'Église|Père de l'Église]] acceptait la division des savoirs établie par [[Varron (écrivain)|Varron]], mais en les plaçant, dans la hiérarchie, après les matières divines et théologiques <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=44-45}} </ref>, un plan que suivra fidèlement [[Raban Maur]].
 
L'Église se dota toutefois d'un puissant moyen de contrôle avec l'[[Index Librorum librorum Prohibitorum prohibitorum|Index]]. Elle s'en est servie d'abord pour empêcher la diffusion d'encyclopédies réalisées dans le monde protestant, notamment celle de [[Theodor Zwinger (l' ancien Ancien)|Zwinger]] <ref>{{ Harvsp sfn|Burke|p=142}} </ref>, ainsi que des [[florilèges]], telle la ''[[Polyanthea]]''. Elle a aussi sanctionné l'''Encyclopédie'' de Diderot et le ''Grand Dictionnaire'' de [[Pierre Larousse]].
 
Encore aujourd'hui, la simple présentation objective de données scientifiques est insupportable pour les [[Intégrisme|intégristes]] religieux. Aux [[États-Unis]], un groupe a ainsi lancé Conservapedia<ref>[http://www.conservapedia.com Conservapedia] .</ref>, une pseudo-encyclopédie sur le modèle de Wikipédia dans la forme, mais médiévale dans son esprit, qui s'oppose au contrôle des armes à feu<ref>[https://www.conservapedia.com/Gun_control Gun control].</ref> et se fait la championne du [[créationnisme]] , en maintenant la nécessité d’une lecture littérale de la [[Bible]]<ref name=VAN/>. En 1932, le prospectus de la ''Katholieke Encyclopedie'' aux [[Pays-Bas]] rejetait explicitement la tradition d'impartialité en vigueur depuis le [[siècle des Lumières]], en excluant la possibilité d'un traitement neutre des questions spirituelles et religieuses<ref>« ''De Katholieke Encyclopedie. Proeve van bewerking tevens prospectus'' », Joost van den Vondel, Amsterdam, 1932.</ref>.
 
=== Plagiat ===
En tant que compilation de connaissances établies, une encyclopédie s'appuie nécessairement sur des travaux antérieurs. Cette démarche est parfaitement légitime à condition que les sources soient signalées. Or, ce n'est pas toujours le cas et il arrive qu'une encyclopédie se laisse aller à reprendre des compilations antérieures en les maquillant. Selon [[Charles Nodier]], {{Citation|les dictionnaires sont en général des plagiats en ordre alphabétique <Ref> }}{{ Harvsp sfn|Nodier|p=36 }}</ref>}}.
 
Une telle pratique, qui était répandue dans le passé, est toujours pratiquée active aujourd'hui. Ainsi, l'encyclopédie chinoise en ligne ''[[Baidu Baike]]'' a été accusée en 2007 d'emprunts massifs à Wikipédia sans aucune attribution, comme l'exige la licence, alors même que les articles publiés dans l'encyclopédie chinoise sont sous copyright<ref>{{en}} Dan Nystedt, ''Baidu May Be Worst Wikipedia Copyright Violator'' {{lire en ligne|lien=http://www.pcworld.com/article/135550/baidu_may_be_worst_wikipedia_copyright_violator.html|langue=en}}, ''[[PC World (magazine)]]'', 6 août 2007, consulté le 3 janvier 2012.</ref>.
 
== Impacts sociopolitiques ==
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Avec la généralisation de l'accès en ligne, l'encyclopédie a changé de nature, reflétant un nouveau rapport au savoir. Certains ne cachent pas leur inquiétude à l'égard de ces bouleversements : {{citation bloc|Dans l'approximation et la confusion, ce type de néo-encyclopédie [Wikipédia], par sa gratuité et la fascination qu'exercent l'écran et le clavier, peut éloigner des encyclopédies professionnelles et contrôlées […] l'informatique et l'Internet sont destructeurs de l'esprit encyclopédique incarné par [[Aristote]], [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]], [[Francis Bacon (philosophe)|Bacon]], [[John Locke|Locke]], [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] […], ce qui est au moins préoccupant. Dans encyclopédie, le « cycle », le cercle est devenu sans limite, son centre étant partout et sa circonférence nulle part, et la « pédagogie » que suscite ''paideia'' relève du self-service le plus hâtif<ref name="Reley"/>.}}
 
Il est vrai que, depuis [[ Denis Diderot|Diderot]], une encyclopédie ne vise plus à offrir une vision ordonnée du monde, arrimée à des certitudes philosophiques ou religieuses comme au [[Moyen Âge]]. Cette conception animait certes [[Raymond Lulle]] qui proposait dans ''L'Arbre de la science'' une {{Citation|Grande Chaîne de l'Être à travers une représentation de la chaîne des savoirs <ref> }}{{ Harvsp sfn|Eco|p=51 }}</ref>}}. Une telle vision du savoir relève d'une époque révolue. Depuis déjà plusieurs siècles, la croissance exponentielle des connaissances exclut la possibilité qu'un individu puisse en faire le tour et se les assimiler.
 
Les domaines « nobles » des sept [[arts libéraux]] qui étaient traditionnellement couverts par l'encyclopédie ont dû s'élargir à des nouveaux venus. Au {{s-|XVIII |e}}, Diderot avait révolutionné la pensée encyclopédique en faisant une large place aux métiers et aux techniques, avec de nombreux volumes de planches. Avec l'arrivée du numérique, la métaphore organique de l'arbre jadis utilisée pour représenter l'unicité du savoir a fait place à celle du labyrinthe <ref>{{ Harvsp sfn|Eco|p=17-120}} </ref>. Dans tous les domaines, les savoirs se sont multipliés, élargissant le champ de l'encyclopédie non seulement aux disciplines scientifiques, mais aussi aux productions culturelles, aux savoirs nécessaires à la vie sociale, ainsi qu'à une multitude d'informations d'ordre technique et procédural. Chaque jour apparaissent de nouvelles normes qu'il faut pouvoir appliquer, des sigles qu'il faut savoir décoder, des événements qu'il faut comprendre et dont on veut pouvoir revivre retrouver la chronologie exacte. Pour Comme tout l'affirmait cela déjà, au milieu des années 1970, une publicité pour l'''[[Encyclopædia Universalis]]'', {{citation|l'encyclopédie, c'est le mode d'emploi de la vie}}<ref>[https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-mercredi-13-avril-2016_1393223.html Journal de France 2], 13 avril 2016.</ref>{{,}}<ref>[http://telescoop.tv/browse/744814/11/le-journal-de-20h.html Tél Scoop].</ref>. Plus que jamais, le public a un besoin d'informations dont actualisées, la appuyées fiabilité sur des sources faisant autorité, facilement accessibles, et dont l'impartialité soit établie confirmée par renvoi l'arbitrage à d'une des diversité sources de faisant contributeurs autorité ainsi ou que, le cas échéant, par comparaison la possibilité de comparer une version nationale avec des versions en d'autres langues.
 
En Par outre ailleurs, la possibilité de retrouver instantanément des informations sur toute sorte de questions et à tout moment modifie notre rapport à la mémoire. Les [[ Art de mémoire Mnémotechnique|arts de la mémoire]], qui jouaient un rôle majeur avant l'invention de l'imprimerie<ref>Voir notamment Frances Yates, [[L'Art de la mémoire]].</ref>, se sont érodés davantage au profit des connaissances procédurales. Google et Wikipédia sont devenus des substituts de la mémoire.
 
=== Une éthique du partage ===
Ligne 622 ⟶ 662 :
On retrouve la même motivation essentiellement altruiste chez [[Pierre Larousse]], dont l’ambition était de faire un livre {{Citation|où l'on trouvera, chacune à son ordre alphabétique, toutes les connaissances qui enrichissent aujourd'hui l'esprit humain}}, et qui s'adressera non pas à une élite, mais à tous, de façon à {{Citation|instruire tout le monde sur toutes choses<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Larousse/128889|texte=Pierre Larousse}}, sur le site Larousse.fr</ref>}}. La devise de sa collection est {{Citation|Je sème à tout vent}}.
 
La même dynamique est évidemment aussi au cœur du projet collaboratif de Wikipédia et de Wikisource, qui suscite l'admiration d'un observateur attentif : {{Citation bloc|Également saisi de la tâche de ces copistes anonymes. Qui n'attendent rien. Qui ne sont pas encyclopédistes mais wikipédiens. Qui n'augmentent pas '' es ès qualité qualités'' la somme des connaissances disponibles. Qui ne cessent pourtant de l'augmenter, de la stratifier, de l'hyperlier, de la dé-livrer. Nul ne leur a donné mandat. Il Ils se sont auto-saisis de ce qui n'était hier même pas un besoin et qui devient aujourd'hui, par leur ouvrage, une évidence<ref> [[Olivier Ertzscheid ]], 28 novembre 2013, [http://affordance.typepad.com//mon_weblog/wikipedia/ Dideropédia et Dalemberpédie] .</ref>.}}
 
Tous ces projets sont fondamentalement {{citation|des utopies, au sens positif du terme. […] Elles visent un idéal : rassembler le plus grand nombre possible de savoirs, les mettre en relation, les transmettre, les partager, les soumettre à la discussion<ref>Benoît Melançon, [http://www.sens-public.org/article1323.html « Les vertus utopiques de l’encylopédisme »], ''Sens public'', mai 2018.</ref>.}}
 
=== Universalisme ===
[[Fichier:H G Wells pre 1922.jpg| thumb vignette|L'écrivain [[H. G. Wells]].]]
Selon [[Lucien Febvre]], le mouvement encyclopédique est passé du {{Citation|temps des certitudes divines}} représenté par le ''Speculum maius'' au {{Citation|temps des certitudes laïques}} avec l’''Encyclopédie'' de Diderot ; aujourd'hui, nous serions au temps de {{Citation|l'encyclopédie qui sait ne pas tout savoir<ref name="Febvre Encyclo 18">{{Harvsp|id=Febvre Encyclo|Febvre|loc=18}}</ref>}}. Toutefois, si le projet encyclopédique ne peut plus envisager de fournir une synthèse des savoirs en même temps qu'une réponse au sens de la vie, il a pris une autre dimension avec la montée rapide d'une conscience mondiale. Selon ce même auteur {{Citation|Une encyclopédie, c'est, ce doit être, le manifeste d'une civilisation<ref name="Febvre Encyclo 18"/>.}}
 
Selon [[Lucien Febvre]], le mouvement encyclopédique est passé du {{Citation|temps des certitudes divines}} représenté par le ''Speculum maius'' au {{Citation|temps des certitudes laïques}} avec l’''Encyclopédie'' de Diderot ; aujourd'hui, nous serions au temps de {{Citation|l'encyclopédie qui sait ne pas tout savoir<ref name="Febvre Encyclo 18">{{Harvsp|id=Febvre Encyclo|Febvre|loc=18}}.</ref>}}. Toutefois, si le projet encyclopédique ne peut plus envisager de fournir une synthèse des savoirs en même temps qu'une réponse au sens de la vie, il a pris une autre dimension avec la montée rapide d'une conscience mondiale. Selon ce même auteur {{Citation|Une encyclopédie, c'est, ce doit être, le manifeste d'une civilisation<ref name="Febvre Encyclo 18"/>.}}

Vers la fin de sa vie, l’écrivain britannique [[H. G. Wells]] , à travers une série d’essais et de conférences regroupées dans un opuscule intitulé ''[[World Brain]]'', se fit le promoteur d'un projet d’encyclopédie d'encyclopédie universelle qui sous certains aspects préfigure les encyclopédies en ligne : {{Citation|J'imaginais une organisation encyclopédique internationale qui emmagasinerait et mettrait à jour de façon continue tout élément de savoir vérifiable en le plaçant sur microfilm et en le rendant accessible de façon universelle<ref group="n">{{en}} David Lodge, ''A man of parts'' : {{Citation|''I imagined an international Encyclopædia Organisation that would store and continuously update every item of verifiable human knowledge on microfilm and make it universally accessible''}} (Viking, 2011).</ref>.}} Revenant sur ce sujet en [[1938]] dans une contribution à l'article « Encyclopédie » de l'''[[Encyclopédie française]]'', intitulée {{Citation|Rêverie sur un thème encyclopédique}}, Wells argumente en faveur d'une « encyclopédie permanente mondiale » dont le noyau {{Citation|serait une synthèse mondiale de bibliographie, de documentation et des archives classées du monde}}, grâce à laquelle il ne devrait plus rester un seul illettré dans le monde<ref name="Febvre Encyclo 18.24"/>. Mieux encore, la facilité d'accès de cette encyclopédie en ferait une sorte de {{Citation|cerveau de l'humanité<ref>{{Harvsp|Wells|p=57}}. Commenté par {{Harvsp|Collison|p=17}} .</ref>}}. Une masse énorme d'information se transforme ainsi en un organisme vivant {{Citation|qui peut avoir à la fois la concentration d'un animal intelligent et la vitalité diffuse d'un amibe<ref name="Febvre Encyclo 18"/>}}. Pour l'écrivain d'anticipation, une telle réalisation n'est pas une utopie mais serait essentielle à la survie de l'humanité car elle {{Citation|n'aura pas tellement pour effet d'aplanir des discordes archaïques, que de les vider, à fond mais imperceptiblement, de leur substance<ref name="Febvre Encyclo 18"/>.}} Ces idées rejoignent en tout point <ref>{{ Harvsp sfn|Collison|p=18-19}} </ref> une position défendue par le philosophe et sociologue [[Otto Neurath]], qui plaidait pour l'unité de la science et pour qui l'encyclopédie, par son caractère nécessairement inachevé, est le véritable modèle du savoir, par opposition à l'idée de système <ref>{{ Harvsp sfn|Neurath|p=190}} </ref>.
 
=== Démocratisation du savoir ===
[[Fichier:Cardinal Richelieu de (Champaigne) Richelieu.jpg| thumb vignette|Le [[Cardinal de Richelieu]] n’était pas favorable à la diffusion du savoir.]]
 
Dans son énoncé de mission, la [[Wikimedia Foundation|fondation Wikimédia]] déclare travailler en vue d'{{Citation|un monde dans lequel chaque être humain peut librement obtenir et partager des connaissances<ref>{{lire en ligne|lien=http://wikimediafoundation.org/wiki/Terms_of_Use_(2012)/fr|texte=Énoncé de mission}}.</ref>}}. Une telle volonté de mettre le savoir à portée de tous est loin d’avoir toujours été la norme. En accord avec le récit biblique de la [[Chute (Bible)|Chute]], l'Église considérait la curiosité intellectuelle comme dangereuse et susceptible de [[péché mortel]]. Selon certains historiens, la [[Réforme protestante|Réforme]] a beaucoup contribué à faire accepter l’idée que toutes les couches de la société devraient avoir accès au savoir<ref>{{Harvsp|Burke|p=83-84}}</ref>. En revanche, dans les pays qui n’ont pas été touchés par la Réforme, la méfiance envers la diffusion du savoir est restée très forte jusqu'à la [[Révolution française]]. Ainsi, [[Richelieu]] ([[1585]]-[[1642]]) écrit dans son ''Testament politique'' : {{Citation|Comme la Connoissance des Lettres, est tout à fait nécessaire en une République, que, il est certain qu'elles ne doivent pas être indifféremment enseignées à tout le Monde. Ainsi qu'un Corps qui auroit des Yeux en toutes ses Parties, seroit Monstrueux ; de même un État le seroit-il, si tous ses Sujets étoient Sçavans ; On y verroit aussï peu d'Obéïssance, que l'Orgueil et la Présomption y seroient ordinaires<ref>Texte dans Google Livres, Ch. II, Section 10 {{lire en ligne|lien=http://books.google.fr/books?id=bP8_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=testament+politique+richelieu&hl=fr&sa=X&ei=xveET42AO8ehgweTtsytBw&ved=0CFAQ6AEwBA#v=onepage&q=testament%20politique%20richelieu&f=false}}. Cité par {{Harvsp|Burke|p=13}}</ref>.}}
Dans son énoncé de mission, la [[Wikimedia Foundation|fondation Wikimédia]] déclare travailler en vue d' {{Citation|un monde dans lequel chaque être humain peut librement obtenir et partager des connaissances<ref>{{lire en ligne|lien=https://wikimediafoundation.org/wiki/Terms_of_Use_(2012)/fr|texte=Énoncé de mission}}.</ref>}}. Une telle volonté de mettre le savoir à portée de tous est loin d’avoir toujours été la norme. Selon une certaine interprétation du récit biblique de la [[Chute (Bible)|Chute]], l'Église a longtemps considéré la curiosité intellectuelle comme dangereuse et susceptible de [[péché mortel]]. La [[Réforme protestante|Réforme]] a beaucoup contribué à faire accepter l’idée que toutes les couches de la société devraient avoir accès au savoir{{sfn|Burke|p=83-84}}. En revanche, dans les pays qui n’ont pas été touchés par la Réforme, la méfiance envers la diffusion du savoir est restée très forte jusqu'à la [[Révolution française]]. Ainsi, [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] ([[1585]]-[[1642]]) écrit dans son ''Testament politique'' : {{Citation bloc|Comme la Connoissance des Lettres, est tout à fait nécessaire en une République, il est certain qu'elles ne doivent pas être indifféremment enseignées à tout le Monde. <br>Ainsi qu'un Corps qui auroit des Yeux en toutes ses Parties, seroit Monstrueux ; de même un État le seroit-il, si tous ses Sujets étoient Sçavans ; On y verroit aussï peu d'Obéïssance, que l'Orgueil et la Présomption y seroient ordinaires<ref>Texte dans Google Livres, Ch. II, Section 10 {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=bP8_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=testament+politique+richelieu&hl=fr&sa=X&ei=xveET42AO8ehgweTtsytBw&ved=0CFAQ6AEwBA#v=onepage&q=testament%20politique%20richelieu&f=false}}. Cité par {{Harvsp|Burke|p=13}}.</ref>.}} Cette méfiance à l'égard du savoir était partagée par les [[jésuites]], dont l'important réseau d'enseignement ne couvrait que les études secondaires. La constitution de cette congrégation est très explicite sur la question : {{citation|Nul d’entre ceux qui sont employés à des services domestiques pour le compte de la société ne devra savoir lire et écrire, ou, s’il le sait, en apprendre davantage ; on ne l’instruira pas sans l’assentiment du général, car il lui suffit de servir en toute simplicité et humilité Jésus-Christ, notre maître<ref>L. Carrau « [[s:L’Éducation en France depuis le XVIe siècle|L’Éducation en France depuis le {{s-|XVI}} (en ligne)]] », ''[[Revue des Deux Mondes]]'', tome 37, 1880.</ref>.}}
 
En [[Chine]], le pouvoir a toujours été extrêmement attentif conscient de la nécessité de à contrôler la diffusion du savoir et cette méfiance persiste aujourd’hui comme le prouve le blocage de [[Wikipédia]] : d'abord occasionnel et sélectif, ce blocage est devenu complet depuis 2007, que de la toutes plateforme les a versions adopté de le protocole [[ Wikipédia https]] , qui rend la censure plus difficile<ref>{{en}} Uri {{lire Friedman, en ligne|lien=http «[https:// en www. wikipedia theatlantic. org com/ wiki international/archive/2016/06/geography-wikipedia-jimmy-wales/487388/ List_of_websites_blocked_in_the_People%27s_Republic_of_China|Liste des The sites Lopsided bloqués Geography en of Chine}} Wikipedia]», ''[[The Atlantic]]'', 21 juin 2016.</ref>. Wikipédia a également été [[Censure de Wikipédia|censurée en tout ou en partie ]] dans divers pays [[Islam|musulmans]] : [[Arabie saoudite]], [[Iran]], [[Pakistan]], [[Syrie]], [[Ouzbékistan]] . En avril 2017, la [[Turquie]] bloque l'accès à toutes les versions de Wikipédia<ref>{{en}} {{lire en ligne|lien=http [https:// en www. wikipedia theguardian. org com/ wiki world/ Censorship_of_Wikipedia|texte=Censure 2017/apr/29/turkey-blocks-wikipedia-under-law-designed-to-protect-national-security de Turkey blocks Wikipédia}} Wikipedia under law designed to protect national security].</ref>.
 
== Aspects économiques ==
=== Moyen Âge ===
Au Moyen Âge, les livres n'existaient que sous forme de [[manuscrit]]s que l'on copiait dans des [[scriptoria]], ateliers spécialisés qui se trouvaient le plus souvent dans des [[monastères]]. En raison de leur ampleur, les ouvrages de nature encyclopédique étaient particulièrement coûteux à réaliser, surtout s'ils étaient [[Enluminure gothique|enluminés]]. Ces ouvrages ne pouvaient donc pas devenir des biens de consommation courante, une [[bible]] de grand format coûtant le revenu annuel d'une [[seigneurie]] moyenne <ref>{{ Harvsp sfn|Möller|p=26}} </ref>. Malgré cela, certains ouvrages majeurs ont été recopiés à maintes reprises: il y eut ainsi plus de {{nombre|1000|manuscrits}} des ''[[Etymologiae]]'' d'Isidore de Séville <ref>{{ Harvsp sfn|Möller|p=16}} </ref>, mais c'est un cas exceptionnel et nombre de manuscrits originaux n'ont fait l'objet que de quelques copies. Ainsi, il n'y eut que neuf copies du ''[[Liber Floridus floridus]]'' (1120).
 
=== De Gutenberg à 1800 ===
L'apparition de l'[[imprimerie]] modifie radicalement la situation, en permettant la reproduction d'un livre à l'identique en autant d'exemplaires qu'on le veut. Toutefois, le commerce du livre encyclopédique reste aléatoire car il faut des capitaux considérables pour assurer la [[Typographie|composition]], l'impression et la distribution d'un gros [[in-quarto]], format normal de ce genre d'ouvrage, et qui fait souvent intervenir des caractères grecs et [[hébreu]]x. La moyenne des tirages oscille entre {{formatnum:1000}} et {{nombre|1500|exemplaires}} et souvent beaucoup moins <ref>{{ Harvsp sfn|Febvre et Martin|p=346}} </ref>. Pour assurer l'écoulement des ouvrages, l'éditeur fait appel à des « facteurs », qui parcourent les villes, cherchant à repérer les clients.
 
Répondant à un besoin de savoir de plus en plus répandu, certains ouvrages encyclopédiques connaissent toutefois de nombreuses éditions, signe d'une rentabilité très forte. Ainsi, la ''[[Polyanthea]]'', imposant florilège où abondent les citations en grec et en hébreu, connaît au moins 26 éditions entre [[1503]] et [[1686]]<ref>Ann Blair, « Dictionaries and Encyclopedias », ''Gale Encyclopedia of the Early Modern World'' {{lire en ligne|lien=http://www.answers.com/topic/dictionaries-and-encyclopedias|langue=en}}.</ref> et se retrouvait dans les bibliothèques des princes et des prélats. Avec la multiplication des découvertes scientifiques au {{s-|XVIII |e}}, la demande s'accroît pour des livres d'information, ce qui fera de la ''[[Cyclopaedia]]'' de Chambers ([[1728]]) un véritable succès financier<ref>Cet ouvrage est classé {{Citation|among the most valuable literary properties of the day}}, {{Harvsp|Yeo|p=280}} .</ref>, qui inspirera rapidement un projet de traduction française.
 
Pour les très grosses entreprises, telle l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' de Diderot et d'Alembert, l'éditeur lance un appel à [[souscription]], ce qui procure un capital de départ et garantit l'écoulement des volumes. Cet ouvrage sera tiré à {{ formatnum: nombre|4250 |exemplaires}}, chiffre considérable pour l'époque <ref>{{ Harvsp sfn|Febvre et Martin|p=338}} </ref>. L'édition originale [[in-folio]] coûtait l'équivalent de {{nombre|2450|pains}} de sept kilos, tandis que l'édition ultérieure [[in-quarto]] en valait 960 et l'[[in-octavo]] 563 — soit le budget nourriture d'une famille durant un an ou le salaire de 17 semaines de travail pour un artisan, ce qui met l'édition la plus économique encore hors de portée de la classe ouvrière <ref>{{ Harvsp sfn|Darnton|1982|p=208-209}} </ref>.
 
À l'époque moderne, la réalisation d'une encyclopédie exige d'une part une équipe éditoriale de très haut niveau et d'autre part une maison d'édition possédant des capitaux élevés ainsi qu'un réseau international de distribution<ref name="coll10" />.
 
=== {{ s mini s2-|XIX |e}} et {{s mini-|XX |e}} siècles ===
[[Fichier:Suppléments annuels à l'Encyclopaedia Universalis.jpg|vignette|Une série de suppléments annuels de l{{'}}''Encyclopaedia Universalis''.]]
La mécanisation des techniques d'[[Presse typographique|impression]], qui entraînera {{Citation|une extraordinaire hégémonie de l'imprimé<ref>{{Harvsp|Livre monde|p=120}}</ref>}}, permet d'abaisser notablement le coût d'une encyclopédie, ouvrant de nouvelles perspectives à sa diffusion. En Angleterre, une société philanthropique dont le programme est de diffuser le savoir aux classes populaires lance la ''[[Penny Cyclopædia]]'', qui paraît entre [[1833]] et [[1843]] sous forme de fascicules. S'adressant pour sa part à l'élite de la société, l'''[[Encyclopædia Britannica]]'', dont la septième édition (1828) est tirée à {{nombre|30000|exemplaires}}<ref>{{Harvsp|Yeo|p=108}}</ref>, est devenue une entreprise financière extrêmement rentable.
 
La mécanisation des techniques d'[[Presse typographique|impression]], qui entraînera {{Citation|une extraordinaire hégémonie de l'imprimé{{sfn|Livre monde|p=120}}}}, permet d'abaisser notablement le coût d'une encyclopédie, ouvrant de nouvelles perspectives à sa diffusion. En Angleterre, une société philanthropique dont le programme est de diffuser le savoir aux classes populaires lance la ''[[Penny Cyclopædia]]'', qui paraît entre [[1833]] et [[1843]] sous forme de fascicules. S'adressant pour sa part à l'élite de la société, l'''[[Encyclopædia Britannica]]'', dont la septième édition (1828) est tirée à {{nombre|30000|exemplaires}}{{sfn|Yeo|p=108}}, est devenue une entreprise financière extrêmement rentable.
Ce succès commercial du livre de référence s'accentue encore au siècle suivant. En [[1960]], les revenus provenant de la vente d'ouvrages de référence aux États-Unis représentaient le triple des ventes de livres pour adultes en librairie<ref>{{Harvsp|Einbinder|p=317}}</ref>. À elle seule, la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' vendait chaque année dans ce pays {{nombre|150000|séries}} complètes au prix de {{unité|398|$}}<ref>{{Harvsp|Einbinder|p=326}}</ref>. Le succès des encyclopédies n'est pas moindre dans un pays comme la [[Norvège]] où, pour une population de quatre millions d'habitants, il s'est vendu, entre 1977 et 2009, {{nombre|250000|exemplaires}} de la ''[[Store norske leksikon]]'' en 15 volumes<ref>{{Lien web|langue = de| url= http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/buecher/2.1719/kein-geld-fuer-lexika-wer-rettet-das-grosse-norwegische-1639090.html|titre = Qui sauvera le norvégien ?| auteur = Sebastian Balzter|année= 2010|éditeur = FAZ|consulté le = 13 octobre 2012}}.</ref>.
 
Ce succès commercial du livre de référence s'accentue encore au siècle suivant. En [[1960]], les revenus provenant de la vente d'ouvrages de référence aux États-Unis représentaient le triple des ventes de livres pour adultes en librairie{{sfn|Einbinder|p=317}}. À elle seule, la ''[[Encyclopædia Britannica|Britannica]]'' vendait chaque année dans ce pays {{nombre|150000|séries}} complètes au prix de {{unité|398|$}}{{sfn|Einbinder|p=326}}. Au cours de ses 46 années d'existence, l'''[[Encyclopædia Universalis]]'' a vendu plus de {{formatnum:700000}} collections<ref>''Le Parisien'', 22 novembre 2014, [http://www.leparisien.fr/livres/la-societe-de-l-encyclopedie-universalis-en-redressement-judiciaire-22-11-2014-4314155.php La société de l'encyclopédie Universalis en redressement judiciaire].</ref>. Le succès commercial des encyclopédies n'est pas moindre dans un pays comme la [[Norvège]] où, pour une population de quatre millions d'habitants, il s'est vendu, entre 1977 et 2009, {{nombre|250000|exemplaires}} de la ''[[Store norske leksikon]]'' en 15 volumes<ref>{{Lien web|langue = de| url= http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/buecher/2.1719/kein-geld-fuer-lexika-wer-rettet-das-grosse-norwegische-1639090.html|titre = Qui sauvera le norvégien ?| auteur = Sebastian Balzter|année= 2010|éditeur = FAZ|consulté le = 13 octobre 2012}}.</ref>.
Pour éviter les coûteuses mises à jour, les grandes encyclopédies ont tenté la distribution en fascicules (''[[Encyclopédie Alpha]]'') ou sous forme de feuillets à insérer dans une reliure (''[[Encyclopédie française]]''), mais ce système a eu peu de succès. La méthode utilisée par ''Universalis'' est de publier un supplément annuel, mais cela ne permet pas de corriger les articles, qui peuvent être rendus plus ou moins obsolètes. Pour éviter ces écueils, la ''Britannica'' a eu recours à un système de « révision continue », qui consiste à réimprimer l'ensemble de l'encyclopédie chaque année en révisant environ 10 % des articles, ce qui permet de maintenir une équipe de rédaction stable et d'étaler les ventes<ref>{{Harvsp|Collison|p=8}}</ref>.
 
Pour éviter les coûteuses mises à jour, les grandes encyclopédies ont tenté la distribution en fascicules (''[[Encyclopédie Alpha]]'') ou sous forme de feuillets à insérer dans une reliure (''[[Encyclopédie française]]''), mais ce système a eu peu de succès. La méthode utilisée par ''Universalis'' est de publier un supplément annuel, mais cela ne permet pas de corriger les articles, qui peuvent être rendus plus ou moins obsolètes. Pour éviter ces écueils, la ''Britannica'' a eu recours à un système de « révision continue », qui consiste à réimprimer l'ensemble de l'encyclopédie chaque année en révisant environ 10 % des articles, ce qui permet de maintenir une équipe de rédaction stable et d'étaler les ventes{{sfn|Collison|p=8}}.
L'accès au marché, toutefois, est difficile, l'[[image de marque]] et le réseau de distribution étant des facteurs clés. Les entreprises éditoriales peuvent encore parfois recourir à la [[souscription]] ou à la vente de fascicules par correspondance comme l'a fait l'''[[Encyclopédie Alpha]]''. Mais le modèle principal est la vente directe, par [[démarchage]] au porte à porte<ref group="n">« ''The marketing of encyclopædias is one of the last strongholds of direct selling.'' » {{Harvsp|Einbinder|p=322}}</ref>. Pour cela, les éditeurs engagent le plus souvent une armée de jeunes diplômés sans emploi qu'ils entraînent aux techniques de vente répondant à {{Citation|un besoin implicite<ref>« Techniques de vente pour un besoin implicite », ''Institut des techniques de vente et management'', {{lire en ligne|lien=http://www.itev.fr/communiques/techniques-de-vente-pour-un-besoin-implicite}}.</ref>}}. Le phénomène est tellement répandu que le vendeur d'encyclopédie est devenu un topique qui alimente encore des émissions de radio<ref group="n">{{Citation|Kad Merad était vendeur en porte-à-porte, avec sous son bras, le pire du pire à vendre à l'époque : l'encyclopédie Universalis}} {{lire en ligne|lien=http://www.rtl.fr/actualites/culture-loisirs/people/article/le-jour-ou-tout-a-commence-kad-merad-vendeur-d-encyclopedies-7751070445}}.</ref> ou des films<ref>''Les portes de la gloire'' {{lire en ligne|lien=http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29251.html}} ; ''Torremolinos 73'' {{lire en ligne|lien=http://www.epicentrefilms.com/dvd-Torremolinos-73-Pablo}}.</ref>. Nombre d'écrivains ont ainsi commencé par être vendeurs itinérants d'encyclopédies, tels [[Jean Rouaud]]<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-rouaud/Jean Rouaud|texte=Jean Rouaud}}, ''Encyclopédia Universalis''</ref> ou [[David Liss]]<ref>« Entretien avec David Liss » {{lire en ligne|lien=http://www.un-polar.com/article-entretien-avec-david-liss-99032632.html}}.</ref>. La vente sous pression entraînant facilement des abus, la plupart des pays ont introduit des mesures permettant au consommateur de résilier une vente forcée, mesures que les journaux rappellent régulièrement à leurs lecteurs<ref>« Vente à domicile: les précautions à prendre », Huffington Post, 29 novembre 2010 {{lire en ligne|lien=http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/10/29/2285716_vente-a-domicile-les-precautions-a-prendre.html}}.</ref>.
 
L'accès au marché, toutefois, est difficile, l'[[image de marque]] et le réseau de distribution étant des facteurs clés. Les entreprises éditoriales peuvent encore parfois recourir à la [[souscription]] ou à la vente de fascicules par correspondance comme l'a fait l'''[[Encyclopédie Alpha]]''. Mais le modèle principal est la vente directe, par [[démarchage]] au porte à porte<ref group="n">« ''The marketing of encyclopædias is one of the last strongholds of direct selling''. » {{Harvsp|Einbinder|p=322}}.</ref>. Pour cela, les éditeurs engagent le plus souvent une armée de jeunes diplômés sans emploi qu'ils entraînent aux techniques de vente répondant à {{Citation|un besoin implicite<ref>« Techniques de vente pour un besoin implicite », ''Institut des techniques de vente et management'', {{lire en ligne|lien=http://www.itev.fr/communiques/techniques-de-vente-pour-un-besoin-implicite}}.</ref>}}. Le phénomène est tellement répandu que le vendeur d'encyclopédie est devenu un topique qui alimente encore des émissions de radio<ref group="n">{{Citation|Kad Merad était vendeur en porte-à-porte, avec sous son bras, le pire du pire à vendre à l'époque : l'encyclopédie Universalis}} {{lire en ligne|lien=http://www.rtl.fr/actualites/culture-loisirs/people/article/le-jour-ou-tout-a-commence-kad-merad-vendeur-d-encyclopedies-7751070445}}.</ref> ou des films<ref>''Les portes de la gloire'' {{lire en ligne|lien=http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29251.html}} ; ''Torremolinos 73'' {{lire en ligne|lien=http://www.epicentrefilms.com/dvd-Torremolinos-73-Pablo}}.</ref>. Nombre d'écrivains ont ainsi commencé par être vendeurs itinérants d'encyclopédies, tels [[Jean Rouaud]]<ref>{{lire en ligne|lien=http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-rouaud/Jean Rouaud|texte=Jean Rouaud}}, ''Encyclopédia Universalis''</ref> ou [[David Liss]]<ref>« Entretien avec David Liss » {{lire en ligne|lien=http://www.un-polar.com/article-entretien-avec-david-liss-99032632.html}}.</ref>. La vente sous pression entraînant facilement des abus, la plupart des pays ont introduit des mesures permettant au consommateur de résilier une vente forcée, mesures que les journaux rappellent régulièrement à leurs lecteurs<ref>« Vente à domicile: les précautions à prendre », Huffington Post, 29 novembre 2010 {{lire en ligne|lien=http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/10/29/2285716_vente-a-domicile-les-precautions-a-prendre.html}}.</ref>.
 
== Encyclopédie et fiction ==
[[Fichier:Gustave flaubert.jpg| thumb vignette|[[Gustave Flaubert]] a fait dans ''[[ Bouvard et Pécuchet|s:Bouvard et Pécuchet]]'' une satire du savoir glané dans une encyclopédie.]]
 
Le concept d’encyclopédie a inspiré plusieurs écrivains, qui en ont parfois fait un élément central de leur récit. Dans ''[[Bouvard et Pécuchet]]'' ([[1881]]), Flaubert met en scène deux rentiers qui, ayant quitté Paris pour se retirer à la campagne, se lancent dans diverses entreprises (agriculture, chimie, médecine, histoire, philosophie, musique, etc.). Ne connaissant rien à ces domaines, ils ont recours à des livres de référence et notamment à l’''Encyclopédie [[Nicolas Roret|Roret]]'' ainsi qu’au ''Dictionnaire de sciences médicales''. Ils échouent lamentablement dans toutes leurs entreprises, ce qui montre la vanité d’un savoir mal assimilé. Flaubert a lui-même donné comme sous-titre à cet ouvrage : {{Citation|encyclopédie de la bêtise humaine}} après lui avoir d'abord donné comme titre {{Citation|espèce d'encyclopédie critique en farce<ref name="Reley"/>}}.
 
Dans « [[La Bibliothèque de Babel]] », l'écrivain argentin [[Jorge Luis Borges]] imagine un univers constitué par une gigantesque bibliothèque dont les rayonnages de livres s’étendent à l’infini. L’humanité qui la peuple cherche fébrilement à déchiffrer les millions de livres, mais en vain. Certains gardent cependant l’espoir que, au gré des variations aléatoires de caractères, il se trouve quelque part {{citation|un livre qui est la clé et le résumé parfait de tous les autres : il y a un bibliothécaire qui a pris connaissance de ce livre et qui est semblable à un dieu <REF>{{ Harvsp sfn|Borges|p=496}} </ref>}}.
 
La classification du savoir a longtemps été un défi majeur pour le projet encyclopédique, et des efforts considérables ont été consacrés à la recherche de principes organisateurs, ainsi que le montre la section historique de cet article. Dans une nouvelle intitulée « La langue analytique de John Wilkins » ([[1942]]), Borges offre une divertissante réflexion sur le caractère parfois arbitraire des classifications : {{citation|Ces catégories ambiguës, superfétatoires, déficientes rappellent celles que le docteur Franz Kuhn attribue à certaine encyclopédie chinoise intitulée ''Le marché céleste des connaissances bénévoles''. Dans les pages lointaines de ce livre, il est écrit que les animaux se divisent en (a) appartenant à l'empereur, (b) embaumés, (c) apprivoisés, (d) cochons de lait, (e) sirènes, (f) fabuleux, (g) chiens en liberté, (h) inclus dans la présente classification, (i) qui s'agitent comme des fous, (j) innombrables, (k) dessinés avec un très fin pinceau de poils de chameau, (l) et cætera, (m) qui viennent de casser la cruche, (n) qui de loin semblent des mouches <ref>{{ Harvsp sfn|Borges|p=749}} </ref>}}. Cette description, que [[Michel Foucault]] reprend à l'ouverture de son livre ''[[Les mots Mots et les choses Choses]]'', n’est pas très éloignée de celle que l’on trouve dans la propre ''Encyclopédie'' de Diderot, à l’article « Livre », dont la rédaction est due au [[Louis de Jaucourt|chevalier de Jaucourt]] : {{Citation|Par rapport à leurs qualités, les livres peuvent être distingués en (a) livres clairs et détaillés, qui sont ceux du genre dogmatique […], (b) livres obscurs, c'est-à-dire dont tous les mots sont trop génériques et qui ne sont point définis […], (c) livres prolixes […], (d) livres utiles […], (e) livres complets, qui contiennent tout ce qui regarde le sujet traité. Relativement complets […]<ref>Texte sur [[s:L’Encyclopédie/1re édition/Volume 9|Wikisource]] {{s.v.}} Livre .</ref>}}. Nul encyclopédiste n'est à l'abri du piège des [[catégorisation]]s arbitraires <ref>{{ Harvsp sfn|Burke|p=82}} </ref>.
 
Dans « [[Tlön, Uqbar, Orbis Tertius]] », autre nouvelle de [[Jorge Luis Borges|Borges]] publiée en [[1940]], le narrateur dit avoir découvert un pays inconnu nommé Uqbar grâce à une notice du volume XLVI de l’''Anglo-American Cyclopaedia'' publiée à New - York en [[1917]] et que cet ouvrage serait un fac-similé de l’''[[Encyclopædia Britannica]]'' de [[1902]]. Or, on cherchera en vain cet ouvrage, car même s’il y eut de nombreuses éditions pirates de la célèbre ''Britannica'' aux États-Unis à cette époque, aucune ne porte ce titre. Au surplus, la ''Britannica'' ne comptait alors que 35 volumes<ref>Evelyn Fishburn & Psiche Hughes, '' {{lire en ligne|lien=http://amota.files.wordpress.com/2008/11/a-dictionary-of-borges.pdf|texte=A Dictionary of Borges|langue=en}}''</ref>. La nouvelle enchaîne sur la mystérieuse ''Encyclopédie de Tlön'', qui serait rédigée par une société secrète s'attachant à décrire méthodiquement et minutieusement {{Citation|une planète illusoire}}. Le narrateur ajoute : {{Citation|les quarante volumes qu’elle comporte (l’œuvre la plus vaste que les hommes aient jamais entreprise) seraient la base d’une autre plus minutieuse, rédigée non plus en anglais, mais dans l’une des langues de Tlön. Cette compilation d'un monde illusoire s'appelle provisoirement ''Orbis Tertius''}} et pourrait compter, d'ici un siècle, une centaine de volumes <ref>{{ Harvsp sfn|Borges|p=464}} </ref>.
 
La veine borgésienne d’une encyclopédie fictive a connu diverses réalisations :
* l’''[[Encyclopedia Galactica]]'' dans le ''[[Cycle de Fondation]]'', d'[[Isaac Asimov]] (1951-1953) ;
* le ''[[ Dune (franchise)|Cycle de Dune]]'' de [[Frank Herbert]], qui comporte de nombreuses citations pseudo-encyclopédiques qui inspireront des travaux subséquents ;
* ''[[ Le Guide du voyageur galactique (fictif)|Le Guide du voyageur galactique]]'' de [[Douglas Adams]] ([[ 1979 1978]]), dont le fonctionnement présage celui de Wikipédia, les contributeurs étant à même de mettre à jour en quelques clics et de façon instantanée l'article consacré à la planète Terre<ref>[[Jaron Lanier]], ''You are not a Gadget'', New York, Knopf, 2010, {{p.|142}}.</ref> ;
* ''[[Le Dictionnaire Khazar khazar]]'' ([[1988]]) de [[Milorad Pavić]], qui retrace la naissance et la disparition des [[Khazars]] à travers une série d’articles agencés en ordre alphabétique et regroupés en trois « livres » (rouge, vert et jaune) présentant respectivement le point de vue chrétien, musulman, et juif ;
* ''[[L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu]]'' de [[Bernard Werber]] ([[1993]]), qui mêle passages encyclopédiques réels et fictifs ;
* ''[[Encyclopédie capricieuse du tout et du rien]]'' de [[Charles Dantzig]] ([[2009]]), qui est composé de listes ;
* '' [[Ward Ier-IIe siècle|Ward. {{Ier}}- {{s-|II}} ]]'' ([[2011]]) de Frédéric Werst<ref>Notice sur l'auteur dans {{lire en ligne|lien=http://www.lexpress.fr/culture/livre/ward-ier-iie-siecle_958420.html|texte=''L'Express''}}, 6 février 2011.</ref> et sa suite ''Ward. {{s-|III}}'' ([[2014]]), qui présente présentent une civilisation disparue à travers une anthologie de textes que celle-ci aurait laissés et qui sont regroupés en chapitres couvrant divers domaines : mythologie, science, histoire, littérature. Ces textes sont écrits en « wardwesan », [[langue construite]] fictive qui possède une syntaxe et un lexique propres. Une traduction française sur la page de en droite regard facilite la lecture.
 
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références| group groupe=n|colonnes= 2 3}}
 
=== Références ===
{{Références nombreuses|colonnes= 3 4}}
 
== Bibliographie Voir aussi ==
{{Autres projets
* {{chapitre|nom1=Anonyme|prénom1=|titre chapitre=Préface |id=Grande Encyclopédie|titre ouvrage=La Grande Encyclopédie |lien titre ouvrage= La Grande Encyclopédie|lieu=Paris|année=1885|lire en ligne=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f9.image.langFR}}
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| commons = Category:Encyclopedias
}}
{{catégorie principale}}
=== Bibliographie ===<!-- Classement par ordre chronologique d'édition. -->
* {{chapitre|langue=en|nom1=Anonyme|titre chapitre=Encyclopædia |titre ouvrage=Encyclopædia Britannica |lien titre ouvrage= Encyclopædia Britannica|lieu=Londres|année=1911|lire en ligne=https://en.wikisource.org/wiki/1911_Encyclop%C3%A6dia_Britannica|id=BRIT1911}}
* {{chapitre|nom1=Anonyme|titre chapitre=Préface |id=Grande Encyclopédie|titre ouvrage=La Grande Encyclopédie |lien titre ouvrage= La Grande Encyclopédie|lieu=Paris|année=1885|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246360/f9.image.langFR}}
* {{Ouvrage |nom1=Association Pierre Larousse |prénom1= |titre=Pierre Larousse et la pédagogie |éditeur=Éditions universitaires de Dijon |collection=Écritures |année=2007 |id=EUD}}
*Collectif, ''Questions sur l'encyclopédisme. Le cercle des savoirs de l 'Antiquité jusqu'aux Lumières (actes du colloque international de Nantes, 5-6 juin 2014)'', édition N. Correard et A. Teulade, ''Epistémocritique'', 2018. <small>[http://rnx9686.webmo.fr/wp-content/uploads/2018/04/test.compressed.pdf Lire en ligne].</small>
* {{Ouvrage |langue=la |nom1=Augustin |lien auteur1=Augustin d'Hippone|titre=De doctrina christiana |sous-titre=|lire en ligne=http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/augustin_doct_chris_02/lecture/29.htm |id=Augustin}}
* {{Ouvrage |nom1= Bertho-Lavenir|prénom1=Catherine| Association directeur1=Bertho-Lavenir Pierre Larousse |titre= Le Pierre livre Larousse monde et |lieu=Paris la pédagogie |éditeur= Flammarion-Bibliothèque Éditions nationale universitaires de Dijon |collection=Écritures |année= 1992 2007 | id isbn= Livre monde |id=EUD}}
* {{Ouvrage |prénom1=Catherine |nom1=Bertho-Lavenir |directeur1=Bertho-Lavenir |titre=Le livre monde |lieu=Paris |éditeur=Flammarion-Bibliothèque nationale |année=1992 |isbn= |id=Livre monde}}
* {{article |langue=|nom1=Bianco |prénom1=Jean-François |lien auteur1=|périodique=Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie |titre=Diderot a-t-il inventé le Web ? |volume= |numéro=31-32 |mois=4 ||année=2002 |pages=17-25 |lire en ligne=http://rde.revues.org/13||id=Bianco}}
* {{article |nom1= Bianco Blair|prénom1= Jean-François Ann|périodique= Extrême-Orient, Recherches Extrême-Occident sur Diderot et sur l'Encyclopédie |titre= Le Diderot florilège a-t-il latin inventé comme le point Web de ? comparaison| numéro= 1 31-32 |mois=4|année= 2007 2002 |pages= 185 17- 204 25 | url lire texte= en ligne=http:// www rde. persee revues. fr/web org/ revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_2007_hos_1_1_1076 13|id= Blair2007 Bianco}}
* {{article |nom1= Blair|prénom1= Ann|lien auteur=Ann Blair|périodique=Extrême-Orient, Extrême-Occident |titre=Le florilège latin comme point de comparaison| numéro=1 |année= 2007 |pages=185-204 |url texte= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_2007_hos_1_1_1076|id=Blair2007}}
* {{Ouvrage |nom1=Blasselle |prénom1=Bruno |titre=Histoire du livre |sous-titre=Volume II. Le triomphe de l'édition |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |collection=Découvertes |année=1998 |isbn=9782070533640 |id=Blasselle}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ann M.|nom1=Blair|lien auteur1=Ann Blair|titre=Too much to know|sous-titre=Managing Scholarly Information before the Modern Age|lieu=New Haven|éditeur=[[Yale University Press]]|année=2010|pages totales=397|isbn=978-0-300-16539-5|id=Blair 2010}}
* {{Ouvrage |prénom1=Bruno |nom1=Blasselle |titre=Histoire du livre |sous-titre=Volume II. Le triomphe de l'édition |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |collection=[[Découvertes Gallimard]] |série=Histoire |numéro dans collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|363]] |année=1998 |pages totales=158 |isbn=978-2-07-053364-0 |id=Blasselle}}
* {{article |nom1= Bonicel |prénom1= Laetitia |périodique=Études de linguistique appliquée |titre=Le Grand Larousse de la langue française (1971-1978) : de l’innovation lexicographique à l’échec dictionnairique |numéro=137 |année= 2005 |pages=39-49 |url texte=http://www.cairn.info/revue-ela-2005-1-page-39.htm |id=Bonicel}}
* {{Ouvrage |nom1=Borges |prénom1=Jorge Luis |nom1=Borges |lien auteur1= Jorge Luis Borges |titre=Œuvres complètes |sous-titre=tome I, édition établie par Jean-Pierre Bernès |lieu=Paris |éditeur= [[Éditions Gallimard|Gallimard ]] |collection=Bibliothèque de la Pléiade |année=1993 |pages totales=1752 |isbn= 9782070112616 978-2-07-011261-6 |id=Borges}}
* {{Ouvrage |nom1=Boulanger |prénom1=Jean-Claude |nom1=Boulanger |lien auteur1=Jean-Claude Boulanger (linguiste) |titre=Les inventeurs de dictionnaires |sous-titre=De l'eduba des scribes mésopotamiens au scriptorium des moines médiévaux |lieu=Ottawa |éditeur=Presses de l'Université d'Ottawa |année=2003 |pages totales=545 |isbn= 9782760305489 978-2-7603-0548-9 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3a9goKPG6jgC&printsec=frontcover |id=Boulanger}}
* {{article |nom1= Bretelle-Establet |prénom1= Florence |nom2= Chemla|prénom2=Karine| périodique=Extrême-Orient, Extrême-Occident |titre=Qu'était-ce qu'écrire une encyclopédie en Chine ? / What dit it mean to write an encyclopedia in China ? |numéro=1 |année= 2007 |pages=7-18 |url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/oroc_0754-5010_2007_hos_1_1 |id=Bretelle-Establet2007}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Burke Peter | prénom1 nom1= Peter Burke |titre=A social history of knowledge |sous-titre=From Gutenberg to Diderot |lieu= Cambridge (U.K.) |éditeur = Polity |année= 2000 |pages totales=268 |isbn= 978074562484 978-0-7456-2484-6 |id=Burke}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= fr |prénom1=Godefroid |nom1=de Callataÿ | prénom1 prénom2= Godefroid Baudouin |nom2=van den Abeele |prénom2=Baudouin |titre=Une lumière venue d'ailleurs |sous-titre=Héritages et ouvertures dans les encyclopédies d'Orient et d'Occident au Moyen Âge |lieu=Louvain-la-Neuve |éditeur = [[Brepols ]] |année=2008 |pages totales=296 |isbn= 9782503530734 978-2-503-53073-4 |id=Callataÿ}}
* {{Ouvrage | nom1 prénom1= Sophie |nom1=Cassagnes-Brouquet |prénom1=Sophie |titre=La passion du livre au Moyen Âge |lieu=Rennes |éditeur = [[Édilarge|Éditions Ouest-France ]] |année=2003 |pages totales=126 |isbn= 9782737330186 978-2-7373-3018-6 |id=Cassagnes}}
* {{chapitre |nom1=Cheddadi |prénom1=Abdesselam |langue=|titre chapitre=L'encyclopédisme dans l'historiographie. Réflexions sur le cas d'Ibn Khaldun |titre ouvrage=Organizing knowledge|sous-titre=Encyclopaedic activities in the pre-eighteenth century islamic world|lieu=Leiden |éditeur=Brill |année=2006|id=Cheddadi}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Robert Collison Lewis | prénom1 nom1= Collison Robert Lewis|titre=Encyclopædias : their history throughout the ages |sous-titre=a bibliographical guide with extensive historical notes to the general encyclopædias issued throughout the world from 350 B.C. to the present day |lieu= New York |éditeur = Hafner |année= 1964 |id=Collison}}
* {{chapitre |langue=en |nom1=Collison |prénom1=Robert Lewis|nom2=Preece |prénom2=Warren E. |titre chapitre=Encyclopædias and Dictionaries |titre ouvrage=The new Encyclopædia Britannica |lieu=Chicago |éditeur=Encyclopædia Britannica |année=1998 |tome={{XVIII}}|isbn=9780852296639|id=Collison et Preece}}
* {{ ouvrage Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Robert |nom1=Darnton |lien auteur1=Robert Darnton |traducteur=Marie-Alyx Revellat |titre=L’aventure de l’Encyclopédie |sous-titre=Un best-seller au siècle des Lumières |titre original={{ lang langue|en|texte=The Business of Enlightenment}} |lieu=Paris |éditeur= [[Éditions Perrin|Librairie Académique Perrin ]] |année=1982 |pages totales=445 |isbn=2-262-00242-8}}
* {{Ouvrage |nom1=Daumas |prénom1=Maurice | directeur1 nom1=Daumas |lien auteur1=Maurice Daumas (chimiste) |directeur1=Daumas |titre=Histoire de la science |lieu=Paris |éditeur = [[Éditions Gallimard |Gallimard]] |collection=Encyclopédie de la Pléiade |année=1957 |id=Daumas}}
* {{chapitre |nom1=Diderot|prénom1=Denis|lien auteur1=Denis Diderot|titre chapitre= Encyclopédie |titre ouvrage=L’Encyclopédie |lien titre ouvrage= Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers |lire en ligne=http://fr.wikisource.org/wiki/Encyclop%C3%A9die,_ou_Dictionnaire_raisonn%C3%A9_des_sciences,_des_arts_et_des_m%C3%A9tiers|lieu=Paris|année=1751-1772}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Eco fr |langue originale=it |prénom1=Umberto |nom1=Eco |lien auteur1=Umberto Eco |traducteur=Hélène Sauvage |titre=De l'arbre au labyrinthe | traducteur sous-titre= [études Hélène historiques Sauvage sur le signe et l'interprétation] |lieu=Paris | éditeur = [[Éditions Grasset |Grasset]] |année=2010 |pages totales=712 |isbn= 9782246748519 978-2-246-74851-9 |id=Eco}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Einbinder Harvey | prénom1 nom1= Harvey Einbinder |titre=The Myth of the Britannica |lieu= New York |éditeur= [[Grove Press ]] |année= 1964 |pages totales=268 |isbn= 9780745624846 978-0-7456-2484-6 |id=Einbinder}}
* {{chapitre |nom1=Endress |prénom1=Gerhard|langue=en |titre chapitre=The cycle of knowledge. Intellectual traditions and encyclopædias of the rational sciences in arabic islamic hellenism |titre ouvrage=Organizing knowledge|sous-titre=Encyclopaedic activities in the pre-eighteenth century islamic world|lieu=Leiden |éditeur=Brill |année=2006|id=Endress}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Fang |prénom1= Zhaoying |nom2=Asami|prénom2=Rintaro|titre=The Asami Library|sous-titre=A Descriptive Catalogue |lieu= Berkeley |année= 1969 |id=Asami}}
* {{chapitre |nom1=Febvre |prénom1=Lucien |lien auteur1=Lucien Febvre|titre chapitre=Encyclopédie et encyclopédies |titre ouvrage=Encyclopédie française |lien titre ouvrage=Encyclopédie française|lieu=Paris |éditeur=Société de gestion de l'encyclopédie française |année=1939 |tome={{XVIII}} |id=Febvre Encyclo}}
* {{Ouvrage |prénom1=Lucien |nom1=Febvre | prénom1 lien auteur1=Lucien |nom2=Martin Febvre |prénom2=Henri-Jean | lien auteur1 nom2= Lucien Martin Febvre|lien auteur2= Henri-Jean Martin |titre=L’apparition du livre |lieu=Paris |éditeur = [[Éditions Albin Michel |Albin Michel]] |année=1958 |id=Febvre et Martin}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Zhaoying |nom1= Ferguson Fang | prénom1 prénom2= Niall Rintaro | lien auteur1 nom2= Niall Asami Ferguson|titre= Civilization The Asami Library |sous-titre= The West A and Descriptive the Catalogue Rest|lieu= New York Berkeley |éditeur= Penguin Books |année= 2011 |isbn=9780143122067 1969 |id= Ferguson Asami}}
* {{Ouvrage |langue= es en |prénom1=Niall |nom1= Fontana Ferguson | prénom1 lien auteur1= Josep Niall Ferguson |titre= Por el bien del imperio Civilization |sous-titre= Una The historia West del and mundo the desde 1945 Rest |lieu= New Barcelona York |éditeur= Pasado [[Penguin & Presente Books]] |année=2011 |pages totales=402 |isbn= 9788493914349 978-0-14-312206-7 |id= Fontana Ferguson}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Genette es |prénom1= Gérard Josep |nom1=Fontana |lien auteur1= Gérard Josep Fontana Genette|titre= Seuils Por el bien del imperio | lieu sous-titre= Una Paris historia del mundo desde 1945 |lieu=Barcelone |éditeur= Éditions Pasado du & Seuil Presente | collection année= 2011 Essais| année pages totales=1230 |isbn= 1987 978-84-939143-4-9 |id= Genette Fontana}}
* {{Ouvrage |prénom1=Gérard |nom1=Genette |lien auteur1=Gérard Genette |titre=Seuils |lieu=Paris |éditeur=Éditions du Seuil |collection=Essais |année=1987 |isbn= |id=Genette}}
* {{article |langue=en |nom1=Giles |prénom1=Jim |périodique=Nature |lien périodique=Nature (revue) |issn=1476-4687 |titre=Internet Encyclopædias Go Head to Head |numéro=408 |jour=15 |mois=12 |année=2005 |pages=900-901 |url texte=http://www.nature.com/nature/journal/v438/n7070/full/438900a.html |consulté le=17 janvier 2013 |id=Giles}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Gourdain fr |prénom1=Pierre |nom1=Gourdain |prénom2=Florence |nom2=O'Kelly | prénom2 prénom3= Florence Béatrice |nom3=Roman-Amat |prénom3=Béatrice |titre=La révolution Wikipédia : |sous-titre=les encyclopédies vont-elles mourir ? |lieu=Paris |éditeur = Mille et une nuits |année=2007 |pages totales=141 |isbn= 9782755500516 978-2-7555-0051-6 |id=Gourdain}}
* {{ ouvrage Ouvrage |prénom1=Paul |nom1=Guérin |lien auteur1=Paul Guérin (religieux) |titre=Dictionnaire des dictionnaires. Lettres, sciences, arts, encyclopédie universelle |lieu=Paris |éditeur=Librairie des imprimeries réunies, Motteroz |année=1886-1895 |lieu=Paris |format= 7 volumes |isbn=|lire en ligne= http https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201375w/f12.image.r=.langFR |id=Guérin}}
* {{chapitre |nom1=Guesdon |prénom1=Marie-Geneviève|langue=fr|titre chapitre=Encyclopédies en langue arabe|titre ouvrage=Tous les savoirs du monde|sous-titre=Encyclopédies et bibliothèques, de Sumer au {{s-|XXI}}|lieu=Paris |éditeur=Bibliothèque nationale de France/Flammarion |année=1996|id=Guesdon}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Gunter |prénom1=John |titre=Inside Russia Today |éditeur=Penguin Books |année=1964 |id=Gunter}}
* {{chapitre |nom1=Guesdon |prénom1=Marie-Geneviève|langue= |titre chapitre=Encyclopédies en langue arabe|titre ouvrage=Tous les savoirs du monde|sous-titre=Encyclopédies et bibliothèques, de Sumer au XXIe siècle|lieu=Paris |éditeur=Bibliothèque nationale de France/Flammarion |année=1996|id=Guesdon}}
* {{chapitre |nom1=Gutas |prénom1=Dimitri|langue=en |titre chapitre=The Greek and Persian background of early Arabic encyclopedism |titre ouvrage=Organizing knowledge|sous-titre=Encyclopaedic activities in the pre-eighteenth century islamic world|lieu=Leiden |éditeur=Brill |année=2006|id=Gutas}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Huff Toby | prénom1 nom1= Toby Huff |titre=Intellectual Curiosity and the Scientific Revolution |sous-titre= A Global Perspective |lieu=Cambridge |éditeur= [[Cambridge University Press ]] |année=2011 | isbn pages totales= 368 |isbn=978- 0521170529 0-521-17052-9 |id=Huff}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=John |nom1=Gunter |titre=Inside Russia Today |éditeur=[[Penguin Books]] |année=1964 |id=Gunter}}
* {{chapitre |nom1=Lefèvre |prénom1=Yves |titre chapitre=Le ''Liber Floridus'' et la littérature encyclopédique au Moyen Âge |titre ouvrage=Liber Floridus Colloquium |lieu=Gand |éditeur=Story-Scientia |id=Lefèvre}}
* {{Ouvrage |prénom1=Jacques |nom1=Le Goff |prénom1=Jacques |lien auteur1=Jacques Le Goff |titre=Les intellectuels au Moyen Âge |lieu=Paris |éditeur= [[Éditions du Seuil|Le Seuil ]] |année=1957 |id=Le Goff}}
* {{Chapitre |auteur1= Yves Lefèvre| titre chapitre = Le ''Liber Floridus'' et la littérature encyclopédique au Moyen Âge |titre ouvrage = Liber Floridus Colloquium |lieu = Gand| éditeur = Story-Scientia |année = 1967| id = Lefèvre}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Lih |prénom1=Andrew |titre=The Wikipedia Revolution |lieu=New York |éditeur=Hyperion |année=2009 |isbn= 9781401303716 |id=Lih}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Matoré en |prénom1= Georges Andrew | lien nom1=Lih auteur1 |titre= Georges The Wikipedia Revolution Matoré| sous-titre= Histoire How des a dictionnaires Bunch français of Nobodies Created the World's Greatest Encyclopedia |lieu= Paris New York |éditeur= Larousse [[Hyperion (maison d'édition)|Hyperion]] |année= 1968 2009 |pages totales=272 |isbn=978-1-4013-0371-6 |id= Matoré Lih}}
* {{ Ouvrage article|langue=en |nom1= McArthur Loveland |prénom1= Tom Jeff | titre nom2=Reagle|prénom2=Joseph|périodique= Worlds new of media reference and society | sous-titre= Lexicography, learning Wikipedia and language encyclopedic from the clay tablet to the computer production | lieu volume= Cambridge 15 (U.K.)| éditeur numéro= Cambridge University Press 8 |année= 1986 2013 | isbn pages= 9780521306379 1294-1311 |id= McArthur Loveland 2013}}
* {{Ouvrage | langue prénom1= de Georges |nom1= Möller Matoré | prénom1 lien auteur1= Lenelotte Georges Matoré |titre= Die Enzyklopädie Histoire des Isidor dictionnaires von Sevilla français |lieu= Wiesbaden Paris |éditeur= MatrixVerlag Larousse |année= 2008 |isbn= 9783865391773 1968 |id= Möller Matoré}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Moureau en |prénom1= François Tom | lien nom1=McArthur auteur1 |titre= François Worlds of reference Moureau| sous-titre= Lexicography, Le learning roman and vrai language de from l'Encyclopédie the clay tablet to the computer |lieu= Paris Cambridge (U.K.) |éditeur= Gallimard [[Cambridge University Press]] | collection année= Découvertes 1986 | année pages totales= 1990 230 |isbn= 9782070531134 978-0-521-30637-9 |id= Moureau McArthur}}
* {{Ouvrage |langue= en |nom1=Needham de |prénom1= Joseph Lenelotte | lien auteur1 nom1= Möller Joseph Needham||titre= Science Die and Enzyklopädie Civilization des in Isidor China von |sous-titre=Volume 5, Chemistry and Chemical Sevilla Technology|lieu= Taipei Wiesbaden |éditeur= Caves Books MatrixVerlag |année= 1986 2008 |isbn=978-3-86539-177-3 |id= Needham Möller}}
* {{Ouvrage |prénom1=François |nom1=Moureau |lien auteur1=François Moureau |titre=[[Le Roman vrai de l'Encyclopédie|Le roman vrai de l'Encyclopédie]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |collection=[[Découvertes Gallimard]] |série=Littérature |numéro dans collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (1re partie)|100]] |année=1990 |pages totales=224 |isbn=978-2-07-053113-4 |id=Moureau}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Nest |prénom1=William |titre=Theatres and Encyclopedias in Early Modern Europe |lieu=Cambridge (U.K.)|éditeur=Cambridge University Press |année=2002 |isbn=9780521809146 |id=Nest}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Needham |lien auteur1=Joseph Needham |titre=Science and Civilization in China |sous-titre=Volume 5, Chemistry and Chemical Technology |lieu=Taipei |éditeur=Caves Books |année=1986 |isbn= |id=Needham}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=William |nom1=Nest |titre=Theatres and Encyclopedias in Early Modern Europe |lieu=Cambridge (U.K.) |éditeur=[[Cambridge University Press]] |année=2002 |pages totales=312 |isbn=978-0-521-80914-6 |id=Nest}}
* {{article |nom1=Neurath |prénom1=Otto |lien auteur1=Otto Neurath|périodique=Revue de Synthèse |lien périodique= Revue de synthèse|titre=L'Encyclopédie comme modèle |volume=XII |numéro=2 |année=1936 |pages=187-201 |id=Neurath}}
* {{Ouvrage | nom1 prénom1= Nodier Charles | prénom1 nom1= Charles Nodier |lien auteur1=Charles Nodier |titre=Questions de littérature légale |sous-titre=édition présentée et annotée par Jean-François Jeandillou |lieu= Genève |éditeur= [[LibrairieDroz |Droz]] |année=2003 |isbn= |id=Nodier}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=O'Sullivan |prénom1=Dan |titre=Wikipedia: A New Community of Practice? |lieu=Burlington|éditeur=Ashgate |année=2009 |isbn=9780754674337 |id=O'Sullivan}}
* {{article |langue=en |nom1=Olson |prénom1=David |périodique=Harvard Educational Review |titre=From utterance to text : The bias of language in speech and writing |volume=47|année=1977 |pages=257-281 |id=Olson}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Pinault en |prénom1= Madeleine Dan | titre nom1= L O' Encyclopédie Sullivan | lieu titre= Paris Wikipedia | éditeur sous-titre= Presses A Universitaires New de Community France of Practice? | collection lieu= Burlington Que |éditeur=Ashgate sais-je?|année= 1993 2009 |pages totales=191 |isbn=978-0-7546-7433-7 |id= Pinault O'Sullivan}}
* {{Ouvrage | langue prénom1= en Madeleine |nom1= Rahman |prénom1=Abdur |nom2=Gupta |prénom2=S.P. Pinault |titre= Science and technology in India L'Encyclopédie |lieu= New Delhi Paris |éditeur= National Presses Institute universitaires of de Science, France Technology, and Development |collection=Que Studies sais-je? |année= 1984 1993 |isbn= 9780754674337 |id= Rahman Pinault}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Abdur |nom1=Rahman |prénom2=S.P. |nom2=Gupta |titre=Science and technology in India |lieu=New Delhi |éditeur=National Institute of Science, Technology, and Development Studies |année=1984 |pages totales=191 |isbn=978-0-7546-7433-7 |id=Rahman}}
* {{chapitre |nom1=Rey |prénom1=Alain |lien auteur1= Alain Rey|titre chapitre=Encyclopédie |titre ouvrage=Encyclopædia Universalis |lien titre ouvrage=Encyclopædia Universalis |lieu=Paris |id=Rey Universalis |lire en ligne=http://www.universalis.fr/}}{{commentaire biblio SRL|site officiel}}
* {{Ouvrage | nom1 langue= Rey fr |prénom1=Alain |nom1=Rey |lien auteur1= Alain Rey |titre=Miroirs du monde. Une histoire de l'encyclopédisme |lieu=Paris |éditeur= [[Librairie ArthèmeFayard |Fayard]] |année=2007 |pages totales=262 |isbn= 9782213631066 978-2-213-63106-6 |id=Rey Miroirs}}
* {{Ouvrage | nom1 prénom1= Ribémont Bernard | prénom1 nom1= Bernard Ribémont |titre= Le livre des propriétés des choses |sous-titre=une encyclopédie au {{s-|XIV}} |lieu=Paris |éditeur= [[Éditions Stock|Stock ]] |année=1999 |pages totales=308 |isbn= 9782234051898 978-2-234-05189-8 |id=Ribémont}}
* {{article |langue=en |nom1=Rosenzweig |prénom1=Roy |lien auteur1=Roy Rosenzweig|périodique=The Journal of American History |titre=Can History be Open Source? Wikipedia and the Future of the Past |volume=93 |numéro=1 |mois=6 ||année=2006 |pages=117-146 |lire en ligne=http://chnm.gmu.edu/essays-on-history-new-media/essays/?essayid=42 ||id=Rosenzweig}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Shatzmiller Joseph | prénom1 nom1= Joseph Shatzmiller |titre=Jews, Medicine, and Medieval Society |sous-titre=Joseph Shatzmiller |lieu=Berkeley |éditeur= [[University of California Press ]] |année=1994 |pages totales=241 |isbn= 9780520080591 978-0-520-08059-1 |id= Shatzmiller}}
* {{Ouvrage | nom1 prénom1= Sorel Charles | prénom1 nom1= Charles Sorel |titre=La science universelle |sous-titre=Tome premier. Contenant les avant-discours touchant les Erreurs des Sciences & leurs Remèdes. Avec le livre I. Livre de l'Etre et des Propriétés des Corps Principaux, qui sont la Terre, l'Eau, l'Air, le Ciel, & les Astres |lieu=Paris |éditeur=Jean Guignard |année=1668 |isbn= |id=Sorel-I|lire en ligne= http https://books.google.fr/books?id=ge4OAAAAQAAJ |id=Sorel-I}}
* {{Ouvrage |langue=de | nom1 prénom1= Spree Ulrike | prénom1 nom1= Ulrike Spree |titre=Das Streben nach Wissen. Eine vergleichende Gattungsgeschichte der populären Enzyklopädie in Deutschland und Großbritannien im 19. Jahrhundert |lieu=Tübingen |éditeur=Niemeyer |année=2000 |pages totales=372 |isbn= 9783484630246 978-3-484-63024-6 |id= Spree}}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Stahl |prénom1=William Harris |nom1=Stahl |titre=Martianus Capella and the Seven Liberal Arts |sous-titre= volume I. The quadrivium of Martianus Capella. Latin traditions in the mathematical sciences |lieu=New York |éditeur= [[Columbia University Press ]] |année=1971 |isbn= |id=Stahl1971}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Françoise |nom1=Tilkin |directeur1=Tilkin |prénom1=Françoise |titre=L’encyclopédisme au xviiie siècle {{s-|xviii}} : actes du colloque organisé par le Groupe d’étude du xviiie siècle {{s-|xviii}} de l’Université de Liège |lieu=Liège |éditeur=Faculté de philosophie et lettres de l’Université |lieu=Liège |année=2008 |pages totales=15 |isbn= 9782870192962 978-2-87019-296-2 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Vz7MYIQgNPgC&printsec=frontcover |id=Tilkin}}
* {{ article Article | nom1=Vandendorpe |prénom1=Christian auteur1 |lien auteur1= [[Christian Vandendorpe |périodique=Le Débat ]] | lien périodique titre= Le Débat |titre=Le phénomène Wikipédia : une utopie en marche | numéro périodique= 148 [[Le Débat]]| mois numéro= 1 148 | année date= janvier2008 | pages = 17-30 | issn = 0246-2346 | url texte e-issn= http 2111-4587 | lire en ligne = https://www. ruor.uottawa cairn. ca info/ fr/bitstream/handle/10393/12823/wikipedia revue-le-debat-2008-1-page-17. html?sequence htm | consulté le= 2 7 avril 2019 | id = Vandendorpe}}
* {{chapitre |nom1=van Ess |prénom1=Josef|langue=en |titre chapitre=Encyclopædic activities in the islamic world |titre ouvrage=Organizing knowledge|sous-titre=Encyclopædic activities in the pre-eighteenth century islamic world|lieu=Leiden |éditeur=Brill |année=2006|id=van Ess}}
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* {{ chapitre Ouvrage | nom1 langue= Vesel en |prénom1= Ziva |auteurs ouvrage= H. G. de |nom1=Wells Callataÿ et B. van den Abeele| titre lien chapitre auteur1= H. Les G. encyclopédies persanes Wells |titre ouvrage= Une World lumière venue d'ailleurs Brain |lieu= Louvain-la-Neuve Londres |éditeur= Brepols [[Methuen (maison d'édition)| passage=49-89 Methuen]] |année= 2008 1938 | isbn lire en ligne= 9782503530734 https://ebooks.adelaide.edu.au/w/wells/hg/world_brain/ |id= Vesel Wells}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Wells Endymion | prénom1 nom1= H. G. Wilkinson | lien auteur1 titre= Chinese H. History G. Wells| sous-titre= World A Brain Manual |lieu= Londres Cambridge (Mass.) |éditeur= Methuen [[Harvard University Press]] |année= 1938 2000 | id pages totales= 1181 Wells |isbn=978-0-674-00249-4 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ERnrQq0bsPYC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage |langue=en | nom1 prénom1= Wilkinson Alexander | prénom1 nom1= Endymion Woodside |titre= Vietnam and theChinese History Model|sous-titre=A Manual Comparative Study of Vietnamese and Chinese Civil Government in the First Half of the Nineteenth Century |lieu=Cambridge (Mass.) |éditeur= [[Harvard University Press ]] |année= 2000 1971 |isbn= 9780674002494 | lire en ligne=http://books.google.fr/books?id= ERnrQq0bsPYC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false Woodside}}
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* {{Ouvrage |langue=en |nom1=Yeo |prénom1=Richard |titre=Encyclopædic Visions |lieu=Cambridge (U.K.) |éditeur=Cambridge University Press |année=2001 |isbn=9780521651912 |id=Yeo}}
 
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