The Wayback Machine - https://web.archive.org/web/20110425112349/http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jvmxWfyZ2tFVA3qcmC7DkX6SMi5g
La France du beurre et celle de l'huile d'olive maintiennent leurs positions

PARIS — Charcuterie en Auvergne, beurre en Normandie, pommes de terre en Picardie, huile d'olive dans le sud : la France conserve ses particularismes régionaux en matière de préférences alimentaires, montrent les tout premiers résultats de la vaste étude Nutrinet-Santé.

A l'heure de la mondialisation, on aurait pu s'attendre à ce que le régime pizza-hamburger, ou au contraire la mode du manger sain, effacent les variations régionales en matière d'alimentation.

A l'inverse, les "nutrinautes" qui se sont engagés dans l'étude Nutrinet-Santé, lancée il y a six mois sur internet, affirment des particularismes culturels bien ancrés, avec des écarts importants entre le nord et le sud.

"On a vraiment une France du beurre et une France de l'huile d'olive qui persiste", a constaté lundi Serge Hercberg (Unité de recherche en Epidémiologie Nutritionnelle - Inserm/Inra/Cnam/Université Paris 13) qui coordonne ce programme de recherche.

Moins de fruits et légumes, moins de poisson : "les régions du nord et de l'est se caractérisent par des apports moins favorables à un bon équilibre nutritionnel", a-t-il indiqué au cours d'une conférence de presse.

Mais ces différences s'expliquent aussi par "des disparités socio-économiques", a souligné le spécialiste.

La consommation de fruits et légumes augmente ainsi de façon linéaire avec le niveau de revenus, montre l'étude Nutrinet. Le même phénomène se retrouve avec le poisson, deux fois plus consommé chez les nutrinautes aux revenus les plus élevés.

A l'inverse, la consommation de charcuterie diminue au fur et à mesure que le niveau de revenu s'élève.

En ce qui concerne le surpoids et l'obésité, les données montrent "une grande hétérogénéité" géographique, comme l'enquête trisannuelle ObEpi, publiée début novembre.

Selon Nutrinet, les régions les plus touchées par l'obésité sont le Nord-Pas-de-Calais (18% contre une moyenne nationale de 11%), la Lorraine (17%) et la Picardie (17%).

Mais l'obésité est aussi nettement plus fréquente chez les sujets à bas revenus (2 fois plus élevée par rapport aux plus hauts revenus) et chez les personnes les moins diplômées.

"Les comportements alimentaires et l'état nutritionnel sont fortement influencés par le niveau d'éducation générale et de connaissance nutritionnelle, les facteurs culturels, l'offre alimentaire, et surtout le niveau socio-économique", a conclu le Pr Hercberg.

Il a par ailleurs attiré l'attention sur l'image idéale de minceur véhiculée par les médias et la mode, "inatteignable".

Les résultats de l'étude Nutrinet montrent ainsi que la moitié des femmes (42% des hommes) se considèrent comme trop grosses. Y compris 30% des femmes de poids normal.

Un homme sur deux et près de trois femmes sur quatre (70%) souhaiteraient peser moins. 63% des femmes de poids normal, mais aussi 9% des femmes maigres, voudraient maigrir.

Les résultats présentés lundi sont tirés de l'analyse de 91.000 questionnaires renseignés par 31.000 internautes.

L'équipe de Serge Hercberg souhaite publier des résultats régulièrement, même si l'analyse des liens entre alimentation et santé prendra davantage de temps.

Au 25 novembre, plus de 100.000 internautes s'étaient inscrits pour participer à l'étude Nutrinet (www.etude-nutrinet-sante.fr), les trois-quarts étant des femmes.

L'objectif des chercheurs est d'inclure 500.000 personnes sur 5 ans et de les suivre pendant 5 années. Le "kit d'inclusion" requiert au total deux heures de temps, avec ensuite un questionnaire d'une vingtaine de minutes par mois.