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Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine "ne veut rien négocier, il veut exterminer l'Ukraine", affirme un spécialiste de l'Europe

Selon Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po, le président russe n'acceptera jamais de discuter d'un véritable cessez-le-feu comme l'espèrent la France et l'Allemagne. Il veut "la capitulation" des Ukrainiens.

Article rédigé par franceinfo
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Vladimir Poutine, le président russe, vendredi 11 mars, à Moscou. (MIKHAIL KLIMENTYEV / SPUTNIK)

"Il faut maintenir le canal diplomatique", défend sur franceinfo, samedi 12 mars, Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et spécialiste de l'Europe alors qu'Emmanuel Macron s'est à nouveau entretenu avec son homologue russe au sujet de la guerre menée en Ukraine. Mais selon l'analyste,"Vladimir Poutine ne veut rien négocier, il veut exterminer l'Ukraine".  

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franceinfo : Depuis 17 jours, ces conversations téléphoniques ont-elles permis d'obtenir quoi que ce soit ?

Patrick Martin-Genier : Non, je ne pense pas. D'ailleurs, le président de la République est extrêmement déçu. Il faut bien sûr maintenir ce canal diplomatique, mais Vladimir Poutine veut obtenir la capitulation de l'Ukraine, il veut exterminer l'Ukraine, la balayer de la surface de la terre que ce soit par la négociation ou par la guerre. On voit bien qu'il ne veut rien négocier. En réalité, le terme négociation n'a pas la même acception d'un côté ou de l'autre. Pour Vladimir Poutine, ça signifie des pourparlers en vue de la capitulation de l'Ukraine, tandis que du côté occidental, notamment du président Macron et du chancelier Olaf Scholz, c'est négocier un cessez-le-feu, ce que refuse catégoriquement Vladimir Poutine.

La stratégie de siège mise en place à Marioupol et maintenant à Kiev, ça peut durer longtemps ?

Ça peut durer très longtemps, d'autant plus que l'armée russe rencontre d'énormes difficultés, sur le plan matériel, sur le plan logistique, sur le plan du moral des troupes. Face à la résistance acharnée, très importante et héroïque à la fois de l'armée ukrainienne et des citoyens ukrainiens, il en est aujourd'hui à réclamer le renfort de mercenaires syriens. On voit bien aujourd'hui qu'il est en grande difficulté, d'autant plus qu'on sait d'ores et déjà que trois généraux sont morts au front en Ukraine.

Pourquoi n'évoque-t-on jamais de coup de fil entre Emmanuel Macron et le dirigeant chinois Xi Jinping ?

Il est vrai que la Chine pourrait être une sorte d'intermédiaire pour négocier avec la Russie. Dans un premier temps, cette agression contre l'Ukraine a servi le régime chinois, qui voulait tester la capacité de résistance à la fois de l'Otan, des États-Unis et de l'Europe. Mais on voit bien aujourd'hui que le soutien de Xi Jinping à Vladimir Poutine va trouver très vite ses limites. L'intérêt de la Chine, ce n'est pas de mettre une pagaille en Europe. On voit que sur le plan économique, cela suscite d'énormes désordres et la Chine veut investir en Europe, on l'a bien vu avec la route de la soie. Donc son intérêt n'est pas du tout que le commerce mondial soit complètement perturbé par cette guerre.

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