Beaumont-sur-Oise : Assa Traoré raconte son combat pour son frère dans un livre

La demi-sœur d’Adama Traoré, tué en juillet dernier lors de son interpellation, sort en librairie ce vendredi un livre intitulé « Lettre à Adama ».

Beaumont-sur-Oise, le 15 avril dernier. Le comité Verité pour Adama organisait un barbecue au parc Boyenval de Beaumont.
Beaumont-sur-Oise, le 15 avril dernier. Le comité Verité pour Adama organisait un barbecue au parc Boyenval de Beaumont. LP/M.G.

    L'affaire Adama Traoré poursuit sa trajectoire dans les médias. La demi-sœur du jeune homme de Beaumont-sur-Oise, Assa Traoré, sort en librairie ce vendredi un livre intitulé « Lettre à Adama ». Dans ce récit, écrit avec la journaliste de l'Obs, Elsa Vigoureux, elle raconte les événements qui entourent la mort de son demi-frère, le 19 juillet, après son interpellation par des gendarmes. Une affaire reprise par trois juges d'instruction désignés en décembre, après le dépaysement du dossier à Paris.

    A la manière d'un journal intime, elle retrace les événements qui ont conduit à ce décès, tout en l'adressant au défunt pour tenter d'en faire le deuil. Au fil des pages, Assa Traoré exprime sa souffrance d'avoir vu ce frère mourir trop tôt, le jour même de ses 24 ans. Elle évoque son contexte familial. La fratrie de dix-sept enfants issus de quatre femmes successives, une « Famille formidable » comme elle la décrit elle-même. La vie d'Adama Traoré apparaît beaucoup moins paisible. Il est confronté au racisme très tôt, puis viennent les premiers problèmes à l'école.

    Les rapports avec les forces de l'ordre se tendent avec les années. Un premier séjour en prison pour un coup de poing, un caillassage de voiture de police, une plainte pour « une histoire d'argent ». Puis d'autres histoires d'argent, et d'autres coups. Le jour de son interpellation, c'est son frère Bagui qui est recherché, soupçonné d'extorsion sur personne vulnérable. Mais c'est Adama qui prend la fuite, les gendarmes lancés à sa poursuite.

    Soirée de lancement du livre à Ivry-sur-Seine (94)


    Dans ce livre, Assa Traoré livre sa conviction : celle de la responsabilité des gendarmes dans la mort du jeune homme. « Tata (NDLR : la mère d'Adama Traoré) a dit que le drame que nous venons de vivre trouve ses racines très loin. Que très tôt, à vous mes frères, on vous a fait comprendre que votre place dans cette société n'avait rien de naturelle. Que vous avez vécu une pression exercée par toutes les représentations de l'Etat. Que les forces de l'ordre ont été sur tes reins toute ta vie. Ils te voulaient. Ils t'ont eu », écrit-elle.

    Au côté du comité Vérité et justice pour Adama, Assa élargit son combat. Au fil des mois, elle intervient auprès la famille de Théo à Aulnay (93), de celle de Shaoyo Liu, un Chinois abattu par la police en mars dernier. Elle assiste au procès en appel du policier qui a tiré sur Amine Bentounsi.

    Du début à la fin, le livre met en évidence une défiance à l'égard de la justice. Elle se nourrit des déclarations d'Yves Jannier, procureur de la République depuis muté à Paris, qui avait déclaré que la mort d'Adama Traoré était due à une « infection très grave », qui avait provoqué un « malaise cardiaque », alors que cela n'apparaît pas dans les autopsies. La justice est mise en cause à plusieurs reprises, tout comme la police, la gendarmerie, la préfecture du Val-d'Oise, la mairie de Beaumont-sur-Oise, l'Education nationale, et même François Hollande.