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Les Amis de La Vérendrye

Juillet 2022

Infolettre pour rester à l’affût de l’évolution de la situation du voyage en arrière-pays par canot dans la Réserve faunique La Vérendrye.

Bonjour,

Ceci est la première infolettre sur la situation du voyage par canot dans la Réserve faunique La Vérendrye. Vous recevez cette infolettre parce que vous vous êtes inscrits à une base de données afin de rester à l’affût suite à la reprise de la gestion de l’offre de canot-camping par la SEPAQ.

Je ne sais pas à quelle fréquence vous recevrez cette infolettre, mais à la lumière de quelques expériences vécues par des membres de notre communauté, il serait opportun de vous en faire part.

Mais tout d’abord un bref rappel des événements depuis le début de l’année:

Après avoir appris la nouvelle de la reprise de la gestion par la SEPAQ, la communauté s’est inquiétée.

Une lettre a été rédigée, signée par plus de 550 personnes et envoyées au Directeur général des réserves fauniques du Québec (SEPAQ), à la Directrice de la Réserve faunique La Vérendrye - secteur Abitibi-Témiscamingue et au Directeur général Canot Kayak Québec.

La directrice de la Réserve, madame Vienneau a répondu:

«Nous tenons à vous assurer que nous sommes sensibles à vos inquiétudes et souhaitons vous rassurer quant à nos intentions de développement et de mise en valeur de cette importante activité de plein air.»

Un article a été publié dans La Presse+ sur cet enjeu. Monsieur Simon Boivin, un porte-parole de la SEPAQ mentionnait dans cet article que :

« Le système reste le même. Tu choisis un circuit de x jours, mais à l’intérieur de ce circuit, tu as la liberté de dormir sur le site que tu veux. Il y a plein d’endroits où tu peux t’arrêter. »

Dans une publication sur le groupe Canot-Québec sur Facebook, dont voici le lien, je faisais part de quelques observations après avoir appelé le système de réservation de la SEPAQ, dont ces trois points importants:

  • Les circuits qui étaient classés en terme approximatif (ex: # 16 6 à 7 jours) sur l’ancien site sont devenus des «forfaits» formatés (#16 : 7 jours/6 nuits) immuables.

  • CONSÉQUENCE IMPORTANTE du point précédent : On m’a informé qu’il était IMPOSSIBLEd’inclure des journées supplémentaires à ma planification comme élément de sécurité inhérent aux voyages de longues durées en arrière-pays.

  • Malgré que le territoire soit interconnecté d’une multitude de parcours et portages, on m’a répondu qu’il était IMPOSSIBLE de concevoir mon voyage à même plusieurs portions de circuits. Je dois prendre un «forfait» préformaté.

Madame Stépanie Lavergne, coordonatrice des opérations à Canot-camping La Vérendrye s’était voulue rassurante en mentionnant dans les commentaires que:

«Ne vous en faites pas vous pourrez faire vos circuits comme vous le faisiez dans le passé. Le tout pourra être réglé à l'accueil lorsque nous serons ouverts le 20 mai. Pour le moment avec le système de réservation SEPAQ ce n'était pas possible de faire plusieurs circuits. De toute façon la majorité de nos clients aiment faire les circuits déjà aménagés. Pour le 2 % de notre clientèle qui désire faire autre chose que du circuit nous allons pouvoir vous aider à partir du 20 mai à notre accueil.»

La situation au début juillet:

Trois personnes m’ont fait par de leur expérience à vouloir configurer leur voyage en dehors du formatage prévu par la SEPAQ. Je vous présente leur expérience:

CAS #1:

Voulant organiser un séjour avec un groupe de scouts comme il l’a fait souvent par le passé, S.L. communique avec la réserve pour confirmer un itinéraire en dehors des forfaits formatés.

«Ça leur a pris un mois pour confirmer l'itinéraire que l’on voulait faire, car justement on ne prend pas les circuits tout faits. Et avec 11 jeunes plus les adultes (6-7 tentes) on ne peut pas prendre n'importe quel site.»

Donc après un mois de discussion, il aurait réussi à se faire confirmer un itinéraire sur mesure.

CAS #2:

K.G. voulait faire le circuit Poulter avec sa conjointe et leurs deux enfants. Il voulait réserver un deuxième canot et faire le circuit en 8 jours pour permettre aux enfants de vivre une expérience de découverte.

Le préposé à la réservation «ne semblait pas connaître ce circuit, et après avoir regardé ses notes, il m'a mentionné que c'était un circuit de 45 km, donc 3 jours, et que ce n'était pas possible de le faire en 8 jours.»

Monsieur Karl Caeli Goulet est intervenu dans la conversation sur Facebook pour expliquer que les circuits doivent se faire avec un minimum de 10 km par jour et prolonger les circuits avec des sites fixes qui peuvent être réservés.

«Cette structure est nécessaire pour le bien être des opérations et aide, par le fait même, à rendre ce magnifique territoire accessible à un plus grand nombre de gens et intrinsèquement à la relève également» d’ajouter monsieur Caeli Goulet.

K. G. a répondu:

«Le circuit Poulter fait 45 km. Si c'était 10 km/jour, vous devriez accepter 5 jours. Or, on m'a dit très clairement que nous devions le faire en 3 jours, pas plus. Ça fait 15 km/jour. De plus, c'est très souvent la température qui dicte la distance parcourue, surtout avec des enfants. La température est difficile à prévoir, et les campings "à réservation" se réservent d'avance. Ils ne sont donc pas la solution à une journée venteuse. Notez que c'est une bonne idée d'avoir de tels sites, je ne suis pas contre. Là où ça ne passe pas, c'est d'imposer un rythme.»

Se voyant dans l’obligation de respecter un rythme établi par la SEPAQ, K.G. s’est résigné à aller ailleurs.

CAS #3:

R.P. a vécu une expérience de réservation laborieuse. Étant dans la cinquantaine et en solo, il voulait faire le circuit #30 en 5 jours/4 nuits plutôt que dans les délais du «forfait» SEPAQ (3 jours/2 nuits). Résultat:

«Impossible de réserver ce forfait… il a fallu que je réserve deux parcours…

Ces cas sont des exemples types de ce que nous avons soulevé dans la lettre à la SEPAQ. Nous notions que la Réserve La Vérendrye permettait auparavant:

  • La possibilité de changer de site de campement en fonction des aléas de la vie en forêt, surtout pour les voyages de moyennes et longues durées. Un tel voyage représente un niveau d’engagement qui n’est pas du même ordre qu’une activité de plaisance de deux, trois jours. La possibilité d’adapter les parcours et les sites de campements en fonction des imprévus que représentent de tels voyages est importante pour la sécurité des canots-campeurs.

Mais nous craignions, entre autres :

  • L’obligation de s’inscrire à même une organisation complexe qui n’a rien à voir avec le rythme de la nature. Le système de réservation est un concept mercantile et urbain.

Dans la lettre à la SEPAQ, le paragraphe suivant est l’exemple parfait qui décrit les expériences ci-haut mentionnées.

Peut-on garder un endroit dans notre réseau de parcs hyper récréatifs qui permette de vivre cette expérience avec un minimum, voire aucune infrastructure? Un endroit dont les permis d’accès reposent davantage sur le savoir-faire et l’esprit d’aventure que sur une planification par enregistrement des mois à l’avance, un statut social et un compte de banque? Un endroit qui permet de vivre au rythme de la nature, avec pour seules contraintes celles imposées par l’environnement, une date de sortie et la quantité de nourriture contenue dans notre canot, sans être astreint de suivre un horaire et un itinéraire rigides et artificiellement contraignants?

Ceux parmi vous qui voudriez consulter la lettre envoyé à la SEPAQ, en février dernier, vous la retrouverez dans cet article de mon blogue.

Je continuerai de rester à l’affût des expériences vécues dans la réserve, par la communauté des voyageurs par canot. Si de votre côté, vous avez des expériences à rapporter, vous pouvez m’écrire en répondant à cette infolettre.

À la fin de la saison, quelques «amis» et moi, nous réfléchirons aux prochaines étapes à faire pour conserver l’accès au territoire de la Réserve et promouvoir la culture du voyage en arrière-pays par canot.

D’ici là, bon été et bon voyage de canot.

Marc-André Pauzé