La défaite aurait été plus cuisante encore que l’invasion éclair de 1939 par l’Allemagne, si le déploiement militaire n’avait pas été un simple exercice, destiné à tester la capacité de l’armée polonaise à résister à une agression extérieure de la Russie.

L’opération, simulée le long de la frontière orientale de la Pologne, consistait à tenir les lignes de défense pendant une durée d’au moins 22 jours.

Brisés en quatre jours

Mais ces grandes manœuvres, intitulées « Zima 20 » (Hiver 2020), se sont visiblement soldées par un fiasco. Au terme de cette guerre virtuelle, les Russes avaient atteint les rives de la Vistule, et assiégé Varsovie en seulement quatre jours, révèlent plusieurs sites d’information, comme Interia, alors que ce genre d’entraînement est en principe ultra-confidentiel.

Les ports stratégiques auraient été bloqués ou occupés. « Nous vous confirmons que l’exercice d’hiver lui-même, son déroulement et ses conclusions sont des informations classifiées. Toute réponse à des questions, positive ou négative, est donc impossible », a indiqué le ministère de la défense.

Le président Andrzej Duda a néanmoins voulu éviter toute dramatisation excessive. « Je pense que cet exercice est la première grande leçon pour nous, qui nous permet de nous corriger et de développer de nouveaux éléments », a-t-il déclaré aux côtés du ministre de la défense Mariusz Błaszczak. « Il faut s’entraîner pour atteindre la perfection », a souligné ce dernier.

Remise en question

Ce mauvais résultat, s’il est avéré, remet en question le commandement, la stratégie d’équipement militaire, et interroge indirectement le jeu des alliances, alors que l’armée polonaise et ses 140 000 soldats sont intégrés dans l’Otan. En principe, la stratégie adoptée est d’infliger un maximum de perte aux forces russes, et de retarder leur avancée, pour les rendre vulnérables à une contre-attaque ultérieure menée avec les alliés. Pourtant, les bataillons en première ligne auraient été très vite brisés, entraînant de 60 à 80 % de pertes humaines selon les unités.

Le but de la manœuvre était aussi de tester l’efficacité d’un nouveau système d’armement, pour l’essentiel acheté aux États-Unis, et ce avant même d’avoir été livré : des systèmes anti-aérien Patriot, des missiles HIMARS, et des avions de chasse polyvalents F-35. Un équipement qui doit en principe devenir pleinement opérationnel dans dix ans.

De son côté, la Russie aussi se livre à ce genre d’exercice de simulation. Dans une grande manœuvre baptisée « Caucase 2020 », réalisée en septembre dernier, Moscou avait fait une démonstration de force à destination de l’Otan.