Devant le quartier d'affaires de Singapour, le 6 mai 2019.

Devant le quartier d'affaires de Singapour, le 6 mai 2019.

afp.com/Roslan RAHMAN

La smart city est morte, vive la climate-smart city ! Cette tentative de réconcilier la ville, les technologies numériques et le climat n'émane pas de quelque Gafam ou autre multinationale tentée de se refaire une virginité environnementale à grands coups de slogans oxymoriques, mais... des Nations unies. Le raisonnement est simple : le changement climatique est massivement dû aux activités humaines ; les villes concentrent de plus en plus d'êtres humains et 70 % des émissions ; par conséquent, elles doivent revisiter leur développement en fonction de l'impératif climatique - là réside la véritable intelligence de la ville du futur.

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Est-ce à dire que la hiérarchie des smart cities - ces villes qui parient sur les nouvelles technologies pour révolutionner les services urbains - va s'en trouver bouleversée ? Immédiatement les regards se tournent vers Singapour, qui occupe la première place de nombre de classements en la matière depuis des années. La "ville du lion" est-elle en passe d'être détrônée de son statut de pionnière ?

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La création, à l'automne dernier, d'un nouveau méga-laboratoire d'innovation urbaine rassemblant plus de 30 entreprises (et non des moindres : Amazon Web Services, Cisco ou Schneider Electric, par exemple) dans les 55 hectares du Science Park est une première réponse à cette question. L'objectif de ce nouveau laboratoire, qui fonctionnera entièrement à la 5G, est de montrer comment concilier nouvelles technologies et climat. Cette alliance entre le smart et le green vise à développer l'innovation dans des domaines aussi divers que le bien-être, la mobilité ou l'agriculture urbaine, avec un fort accent sur l'immobilier. Et, une fois encore, le territoire singapourien va servir de gigantesque terrain d'essai.

Alors que la rivalité avec Hongkong n'est plus un sujet après la reprise en main politique chinoise sur l'ancienne colonie britannique, la démarche de Singapour va bien au-delà d'un très efficace marketing territorial. Notamment, les travaux sur la consommation d'énergie ou la qualité de l'air intérieur méritent d'être suivis avec intérêt. D'abord, parce que la question énergétique est un défi pour la cité-Etat, condamnée à l'efficacité faute de pouvoir développer rapidement des sources d'énergie propre à cause de l'exiguïté et des conditions climatiques de son territoire. Ensuite, parce que la pandémie est passée par là ; Singapour a su la gérer de façon à la fois stricte et pragmatique. A cet égard, les innovations annoncées en matière de contrôle du débit d'air dans les bâtiments par un système susceptible d'être utilisé en cas de pandémie pourraient avoir des implications plus larges sur un sujet largement sous-traité, bien que majeur : la qualité de l'air intérieur. Plus fondamentalement, l'épidémie de Covid a montré que Singapour avait désormais compris que l'open data faisait pleinement partie de la ville intelligente.

Reste à voir comment les différentes pièces de ce puzzle de l'innovation - technologique, civique et climatique - vont s'assembler. Rendez-vous dans un an : le temps va toujours plus vite à Singapour.

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