Où s’arrêtera le ministre de l’économie Emmanuel Macron ? La question se pose avec plus d’acuité que jamais, alors que doit se tenir le premier meeting de son mouvement En marche !, mardi 12 juillet, à la Mutualité à Paris.
Une marche de plus dans une trajectoire ascensionnelle engagée au cours de l’hiver ? Ou le pas de trop qui scellera une rupture définitive avec le président de la République, François Hollande, et son départ fracassant du gouvernement ?
Six mois après le lancement de l’entreprise politique Macron, les premières lézardes apparaissent sur la façade. Sondagières, d’abord, avec le début d’érosion de sa cote dans les baromètres d’opinion. Politiques, surtout, depuis que le ministre s’est affranchi sans vergogne, quoique avec habileté, de la tutelle du premier ministre, Manuel Valls, et de l’affection du président. Très vite. Trop fort ?
Dans ce triangle si peu amoureux qu’il forme avec le chef de l’Etat et celui du gouvernement, le ministre de l’économie a depuis des mois évolué sur le fil du rasoir. Toujours à la limite de la déchirure. Mais aux yeux d’Emmanuel Macron, le moment de l’envol semble venu. « Il ne s’agit pas de créer un énième parti, ni de nier la force des imaginaires politiques de droite et de gauche, explique-t-il au Monde. Ma position, c’est qu’une recomposition politique s’impose. Et j’ai acquis la conviction que c’est maintenant qu’il faut la faire. »
Alors que ces derniers jours, les rumeurs d’un départ du ministre redoublaient d’intensité, jusqu’au sein de son cabinet, le point de rupture n’a jamais semblé aussi proche.
Acte I du « macronisme » théorique
Novembre 2015. Un peu plus d’un an après son entrée au gouvernement, le ministre de l’économie, déjà le plus populaire de l’équipe Valls, rêve de nouveaux horizons. Il voit loin, très au-delà du troisième étage de l’hôtel des ministres de Bercy. Il n’a pas obtenu de François Hollande, après le départ de François Rebsamen, d’ajouter le travail à son portefeuille ministériel. Et il commence à se sentir à l’étroit.
Quelques jours après les attentats du 13 novembre, le ministre s’exprime d’ailleurs devant les Gracques, ce groupe de hauts fonctionnaires d’inspiration sociale libérale. Un « discours fondateur », selon un proche, dans lequel « il sort de son champ direct pour avoir une prise de parole assez forte dans le contexte post-attentat ».
Tout y est, déjà : les professionnels de la politique, les discriminations, le « terreau » du djihadisme, qui relève de « notre responsabilité », estime Emmanuel Macron. C’est sa première incursion au-delà de son champ de compétences ministériel. Son premier désaccord public avec Manuel Valls, aussi, qui refusera deux jours plus tard, devant les députés, toute « excuse sociale, sociologique et culturelle ».
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