« Charles Dickens » : différence entre les versions

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<!--{{ redirect Voir homonymes|Dickens}} -->
{{Infobox Écrivain
| nom = Charles Dickens
| image = Dickens Gurney -dickens head.jpg
| légende = Charles Dickens en à 1867 [[New ou York]] en 1868 .
| date nom de naissance = {{date|7|février|1812}} Charles John Huffam Dickens
| surnom =
| lieu de naissance = [[Portsmouth]]
| activités = [[Romancier]], [[dramaturge]], [[journaliste]]
| date de décès = {{date de décès et âge|9|juin|1870|7|février|1812}}
| date de naissance = {{date de naissance|7|février|1812|en littérature}}
| lieu de décès = Gad's Hill Place, Higham ([[Kent]])
| lieu de naissance = [[Landport]], près de [[Portsmouth]], [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande|Royaume-Uni]]
| activité = Romancier, dramaturge, journaliste
| date de décès = {{date de décès|9|juin|1870|7|février|1812|en littérature}}
| langue = Anglais
| lieu de décès = [[Gads Hill Place|Gad's Hill Place]] à [[Higham (Kent)|Higham]] ([[Kent]]) au [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande|Royaume-Uni]]
| genre = [[Roman (littérature)|Roman]], théâtre, articles
| nationalité = {{Drapeau|Royaume-Uni}} [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande|Britannique]]
| signature = Dickens's signature.jpg
| langue = [[anglais]]
| mouvement =
| genre = [[Roman (littérature)|Roman]], théâtre, articles, contes
| distinctions =
| adjectifs dérivés =
| œuvres principales = * ''[[Oliver Twist]]'' (1837-1839)
* ''[[Un chant de Noël]]'' (1843)
* ''[[David Copperfield]]'' (1849-1850)
*''[[Le Conte de deux cités]]'' (1859)
* ''[[Les Grandes Espérances]]'' (1860-1861)
| complément =
| signature = Charles_Dickens_Signature.svg
}}
 
'''Charles John Huffam Dickens''' , '''Charles (prononcé Dickens''' [ˈtʃɑrlz {{MSAPI|/ˈtʃɑːlz ˈdɪkɪn] ˈdɪ.kɪnz/}}), né à [[Landport ]], près de [[Portsmouth]], dans le [[Hampshire (comté)|Hampshire]] , comté de la côte sud de l'Angleterre, le {{date de naissance|7|février|1812 |en littérature}} , et mort à [[Gads Hill Place|Gad's Hill Place , ]] à [[Higham , (Kent)|Higham]] dans le [[Kent]], le {{date de décès|9|juin|1870 |7|février|1812|en littérature}}, est considéré comme le plus grand [[romancier ]] de l'[[époque victorienne]] , . et, dès Dès ses premiers écrits, il est devenu immensément célèbre, sa popularité ne cessant de croître au fil de ses publications.
 
L'expérience marquante de son enfance, que certains considèrent comme la clef de son génie, a été, peu avant l'incarcération de [[John Dickens|son père ]] pour dettes à la [[Marshalsea]], son embauche à douze ans chez Warren , une manufacture de cirage, où il a collé des étiquettes sur des bouteilles pots de cirage pendant plus d'une année. Bien qu'il soit retourné ensuite presque trois ans à l'école, son éducation est restée sommaire et sa grande culture est essentiellement due à ses efforts personnels.
 
Il a fondé et publié plusieurs hebdomadaires, composé quinze [[roman (littérature)|romans]] majeurs, cinq livres de moindre envergure (''{{lang|en| novella novellas}}'' en anglais), des centaines de [[nouvelle]]s et d'[[article de presse|articles]] portant sur des sujets littéraires ou de société. Sa passion pour le théâtre l'a poussé à écrire et mettre en scène des pièces, jouer la comédie et faire des lectures publiques de ses œuvres qui, lors de tournées souvent harassantes, sont vite devenues extrêmement populaires en [[Grande-Bretagne]] et aux [[États-Unis]].
 
Charles Dickens a été un infatigable défenseur du droit des enfants, de l'éducation pour tous, de la condition féminine et de nombreuses autres causes, dont celle des [[Prostitution|prostituées]].
 
Il est apprécié pour son [[humour]], sa [[satire]] des mœurs et des caractères. Ses œuvres ont presque toutes été publiées en [[Roman-feuilleton|feuilletons]] hebdomadaires ou mensuels, genre inauguré par lui-même en [[1836 en littérature|1836]] , : ce format est contraignant mais permettant il permet de réagir rapidement, quitte à modifier l'action et les personnages en cours de route. Ses Les intrigues sont soignées et s'enrichissent souvent d'événements contemporains, même si l'histoire se déroule antérieurement.
 
Publié en [[1843 en littérature|1843]],''[[Un chant de Noël]]'' ([[1843 en littérature|1843]]) a connu le plus un vaste retentissement international, et l'ensemble de son œuvre a été loué par des écrivains de renom, comme [[William Makepeace Thackeray]], [[Léon Tolstoï]], [[G. K. Chesterton|Gilbert Keith Chesterton]] ou [[George Orwell]], pour son [[Réalisme (littérature)|réalisme]], son esprit [[Comédie|comique]], son art de la caractérisation et l'acuité de sa [[satire]]. Certains, cependant, comme [[Charlotte Brontë]], [[Virginia Woolf]], [[Oscar Wilde]] ou [[Henry James]], lui ont reproché de manquer de régularité dans le [[style (écriture)|style]], de privilégier la veine sentimentale et de se contenter d'analyses [[Psychologie|psychologiques]] superficielles.
 
Dickens a été traduit en de nombreuses langues, avec son aval pour les premières versions françaises. Son œuvre, constamment rééditée, connaît toujours de nombreuses adaptations au théâtre, au cinéma, au music-hall, à la radio et à la télévision.
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== Biographie ==
La biographie de Dickens, publiée après sa mort et qui a longtemps fait autorité , est celle de [[John Forster]] , ''Life of Charles Dickens'' : ami proche, confident et conseiller, son témoignage, écrit Graham Smith, {{citation|possède une intimité que seul un [[Époque victorienne|Victorien]] cultivé et auteur lui-même, pouvait apporter}}<ref name="David4">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=4}}.</ref>. Pourtant, mais cela a été connu bien plus tard, Forster a modifié ou gommé tout ce qui aurait pu paraître gênant à son époque. Dickens, un dieu pour l'Angleterre et au-delà<ref name="PS167">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=167}}.</ref>, a donc été présenté en homme irréprochable, d'autant qu'en sous-main, c'est lui-même qui a orchestré la partition de sa vie : il souhaitait que Forster fût son biographe et leur copieux échange de lettres a servi à sculpter la statue d'un commandeur<ref name="Jordan-5">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=5}} .</ref> , ; tout comme ses ''Fragments autobiographiques'', consacrés à son enfance en 1824 et eux aussi confiés à Forster peu après mars ou avril 1847<ref>{{lien web|url=http://www.blackwellreference.com/public/tocnode?id=g9781405130974_chunk_g97814051309745|titre=''Les Fragments autobiographiques''|consulté le=4 mars 2013}}.</ref>, qui le peignent en victime dans des vignettes maximisant la menace et le danger, d'où l'angoisse et la souffrance<ref name="Jordan-3"/>.
 
=== Enfance et jeune adolescence ===
==== Une petite enfance heureuse ====
[[Fichier:The birthplace of Charles Dickens - geograph.org.uk - 161217.jpg| thumb vignette|upright=1.2|Lieu de naissance de Charles Dickens.]]
Issu d'une famille peu fortunée, Charles Dickens<ref group="N">Charles, d'après son grand-père paternel, John, d'après son père et Huffam, d'après son parrain.</ref> est né au 13, Mile End Terrace à Landport, petit faubourg de [[Portsmouth]], Portsea<ref group="N">Aujourd'hui 396 Old Commercial Road, Portsmouth, et le Musée de la naissance de Dickens.</ref>, le vendredi {{date|7|février|1812}}. Il est le second des huit enfants, mais le premier fils, des huit enfants de [[John Dickens ]] (1785-1851) et d'Elizabeth Dickens, née Barrow (1789-1863)<ref>{{harvsp|Jane Smiley|2003|p=19}} .</ref>. Il est baptisé le 4 mars en l'église St Mary, Kingston, Portsea<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=162}}.</ref>. Son père est chargé de faire la paye des équipages au ''Navy Pay Office '' de la ''[[Royal Navy]] '', mais , après [[Bataille de Waterloo|Waterloo]] et la fin de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre en Amérique ]] et la [[Bataille de Waterloo]], les effectifs de la base navale où il travaille sont réduits , et il est alors muté à Londres. En janvier [[1815]] , il s'installe dans Norfolk Street, près d'[[Oxford Street]]. De Charles, de son bref séjour à Portsmouth, Charles retient quelques souvenirs, dont une [[prise d'armes ]]<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=3}}.</ref>{{,}}<ref>Pour de plus amples informations sur les souvenirs de Dickens, voir le récit qu'en fait [[John Forster]] dans {{lien web|url=http://classiclit.about.com/library/bl-etexts/jforster/bl-jforster-cdickens-1.htm|titre=Charles Dickens par John Forster|consulté le=30 janvier 2011}}.</ref>. De Londres, que l'enfant fréquente de trois à quatre ans, lui il laisse gardera l'image d'une visite à [[Soho Square]] , et le l'achat souvenir d' un achat :une baguette d'Arlequin<ref name="David4"/>. En avril [[1817]], une nouvelle mutation envoie la famille à l'arsenal de la [[Medway ( fleuve rivière d'Angleterre)|Medway]] à [[Chatham (Kent)|Chatham]] dans le ''[[Kent]] ''<ref group="N">[[Chatham (Kent)|Chatham]] et [[Rochester (Kent)|Rochester]] sont des voisines immédiates, si proches, écrit Michael Allen, qu'il est difficile de savoir où finit l'une et commence l'autre.</ref>{{,}}<ref name="David4"/>. La famille y emménage au 2 , Ordnance Street , dans une demeure confortable, avec deux domestiques, la jeune Mary Weller, nurse de l'enfant, et Jane Bonny, d'un âge déjà avancé.
 
Bientôt, après avoir fréquenté l'école du dimanche avec sa sœur Fanny , dont il est très proche<ref>Voir « ''A Child's Dream of a Star'', ''[[Household Words]]'', 6 avril 1850.</ref>, il est inscrit à l'institution de William Giles, fils d'un pasteur [[Baptisme|d'obédience baptiste]] , qui le trouve brillant<ref name="PS-163">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=163}}.</ref> ; Charles lit les romans de [[Henry Fielding]], [[Daniel Defoe]] et [[Oliver Goldsmith]] , qui resteront ses maîtres. La fratrie est heureuse malgré les des décès prématurés , : outre « Charley », la sœur aînée Frances (Fanny) (1810-1848), et les plus jeunes, Alfred Allen, mort à quelques mois, Letitia Mary (1816-1893), Harriet, elle aussi décédée enfant, Frederick William (Fred) (1820-1868), Alfred Lamert (1822-1860) et Augustus (1827-1866), à qui s'ajoutent James Lamert, un parent, et Augustus Newnham, orphelin de Chatham. Les plus grands s'adonnent à des jeux de mime, des récitals de poésie, des concerts de chants populaires et aussi des représentations théâtrales. L'enfant est libre de parcourir la campagne, seul ou lors de longues promenades avec son père ou Mary Weller, alors âgée de treize ans, plus rarement en compagnie de Jane Bonny<ref name="David4"/>, ou d'observer l'activité de la ville portuaire. Plus tard, dans ses descriptions de paysages ruraux, ce sont les images du Kent qu'il prend pour modèle. {{citation|Cette période, a-t-il écrit, a été la plus heureuse de mon enfance}} : c'est d'ailleurs à Chatham que Charles fait ses débuts littéraires en écrivant des [[ Saynète|saynètes saynète]] s qu'il joue dans la cuisine ou debout sur une table de l'auberge voisine<ref name="David4"/>.
 
Cette vie insouciante et ce début d'instruction s'interrompent brutalement lorsque la famille doit gagner Londres avec une réduction de salaire<ref name="PS-163"/>, prélude à la déchéance financière. Charles, âgé de dix ans, reste à Chatham quelques mois chez William Giles, puis rejoint la capitale, laissant du voyage ce souvenir désabusé : {{citation|Tout au long de ces années depuis écoulées, ai-je jamais perdu l'odeur humide de la paille où l'on m'a jeté, tel un gibier, et acheminé, franco de port, jusqu'à Cross Keys, Wood Street, Cheapside, Londres ? Il n'y avait pas d'autre passager à l'intérieur et j'ai englouti mes sandwichs dans la solitude et la grisaille, et la pluie n'a cessé de tomber, et j'ai trouvé la vie bien plus moche que je ne m'y attendais }}<ref>Charles Dickens, ''Journalism'', 4, {{p.|140}}.</ref>. }}
 
==== La chute de la maison Dickens ====
Cette chute doit être nuancée au regard du contexte familial, représentatif de la petite bourgeoise bourgeoisie [[Époque victorienne|victorienne]]. Les grands-parents paternels ont été des domestiques au sommet de la hiérarchie, gouvernante de maison et maître d'hôtel, ce qui leur vaut le respect de leurs maîtres. Dans ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'', Sir Lester Dedlock n'a de cesse de louer Mrs Rouncewell, sa gouvernante à Chesney Wold<ref name="Jordan-3">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=3}}.</ref>.
 
===== Une discrète ascension sociale =====
[[Fichier:John Dickens.gif| thumb vignette| left gauche|John Dickens, le père de Charles Dickens.]]
Cette petite prospérité et l'influence dont ils jouissent ont servi de tremplin à l'ascension sociale de leur fils John. Son travail représente une situation enviable dans la bureaucratie [[Époque victorienne|victorienne]], avec plusieurs promotions et un salaire annuel passant de {{unité|200|£}} en 1816 à {{unité|441|£}} en 1822<ref name="David4"/>. C'est un bon métier, un emploi permanent, avec la faveur des supérieurs, acquise par l'assiduité et la compétence<ref name="Jordan-3"/>. Bien résolu à gravir l'échelle sociale mais {{citation|inconsidérément imprévoyant}} selon Peter Ackroyd<ref name="Pa76">{{harvsp|Peter Ackroyd|1993|p=76}}.</ref>, il s'avère incapable de gérer son argent. En 1819, il a déjà contracté une dette de {{unité|200|£}}, représentant presque la moitié de ses émoluments annuels<ref name="Jordan-3"/>, et cause d'une brouille avec son beau-frère qui s'est porté garant<ref name="David4"/> ; d'autres dettes sont en suspens à Chatham, d'où une descente aux enfers qu'aggravent des déménagements, une mutation mal payée à Londres, ville onéreuse, d'où entraînant de nouvelles dettes et un train de vie peu à peu réduit à néant<ref name="Jordan-3"/>. En 1822, les Dickens se sont installés à [[Camden Town]], la limite de la capitale, et John Dickens place ses espoirs dans le projet qu'a son épouse d'ouvrir un établissement scolaire. Aussi , la famille déménage-t-elle de nouveau à Noël [[1823]] au 4 , Gower Street, demeure cossue susceptible d'accueillir des élèves en résidence. L'école, cependant, n'attire personne et, au bout de quelques semaines, les revenus sombrent jusqu'à la misère<ref>
{{harvsp|John Forster|2006|p=13}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://dickens.stanford.edu/great/print_great_issue9gloss.html|titre=Charles Dickens cité par John Forster|consulté le=30 janvier 2013}}.</ref>.
 
===== Charles privé de scolarité et la manufacture de cirage =====
[[Fichier:Dickens-at-the-Blacking-Warehouse.jpg| thumb vignette|upright=0.7|Le jeune Charles à son poste de travail (''{{lang|en|The Leisure Hour}}'', 1904).]]
Tandis que sa sœur aînée entre au [[Royal Academy of Music (école de musique)|Conservatoire de musique]] où elle va étudier jusqu'en [[1827]], Charles, âgé de douze ans et regrettant l'école, passe son temps à {{citation|nettoyer des bottines}}<ref name="David4"/>. James Lamert construit un théâtre miniature, de quoi enflammer l'imagination, comme les visites au parrain Huffam qui approvisionne les bateaux, ou à l'oncle Barrow au-dessus d'une librairie dont le barbier est le père de [[Joseph Mallord William Turner|Turner]], ou encore à la grand-mère Dickens qui offre une montre en argent et dit des contes de fées et des pans d'histoire, sans doute utilisés dans ''[[Barnaby Rudge]]'' (les [[Gordon Riots|émeutes de Gordon]]) et ''[[Le Conte de deux cités]]'' (la [[Révolution française]]). Quinze mois plus tard, la vie de Charles bascule d'un coup et se trouve à jamais bouleversée<ref name="David4"/>.
 
Au début de [[1824]], James Lamert propose un emploi pour le jeune garçon, emploi offre que ses parents saisissent avidement, et Charles entre à la manufacture ''{{Lang|en|texte=Warren's Blacking Factory}}'' à ''Hungerford Stairs '', dans le [[The Strand|Strand]]. C'est un entrepôt de cirage et teinture où il doit, dix heures par jour, coller des étiquettes sur des flacons<ref>{{harvsp|Jane Smiley|2003|p=109}}.</ref> pour {{unité| six 6|shillings}} par semaine, de quoi aider sa famille et payer son loyer chez Mrs Ellen Roylance, une amie ensuite immortalisée, avec {{citation|quelques changements et embellissements}}<ref name="Hennessy-11"/>, en la Mrs Pipchin de ''[[Dombey et Fils]]''<ref name="Hennessy-11">{{harvsp|Una Pope Hennessy|1947|p=11}}.</ref>. Il loue ensuite une sombre mansarde chez Archibald Russell dans Lant Street à [[ District Southwark londonien de Southwark (quartier)|Southwark]]<ref group="N">{{citation|On me trouva une mansarde de derrière. On m'y installa un lit et de la literie sur le sol, et quand je pris possession de mon nouveau logis, je me crus au paradis .}} .</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.london-walking-tours.co.uk/dickens_shakespeare_highlights.htm|titre=Promenades dans Londres|consulté le=30 janvier 2013}}.</ref>. Archibald Russell, {{citation|vieux monsieur corpulent, raconte [[John Forster]], d'un naturel heureux, pétri de bonté, avec une épouse déjà âgée et calme, et un fils adulte particulièrement naïf}}, travaille comme clerc au tribunal de l'insolvabilité : cette famille a sans doute inspiré les [[Le Magasin d'antiquités|Garland]] du ''[[Le Magasin d'antiquités|Magasin d' Antiquités antiquités]]''<ref name="Pa76"/>, tandis que le tribunal a été copié dans les scènes du procès des ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Papiers posthumes du Pickwick Club]]''<ref name="Paroissien-5">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=5}}.</ref>.
 
===== L'incarcération du père à la Marshalsea =====
[[Fichier:Marshalsea prison 1773.JPG| thumb vignette|upright=1.3| left gauche|La prison de Marshalsea à la fin du {{s-|XVIII |e}}.]]
Le {{date|20|février|1824}}, John Dickens est arrêté pour une dette de {{unité|40|£}} envers un boulanger et incarcéré à la prison de [[Marshalsea]] à [[ District Southwark londonien de Southwark (quartier)|Southwark]]<ref>{{harvsp|Peter Ackroyd|1993|p=46}}.</ref>. Tous ses biens, livres inclus, ont été saisis, et bientôt le rejoignent son épouse et les plus jeunes enfants<ref name="Paroissien-5"/>. Le dimanche, Charles et sa sœur Frances passent la journée à la prison<ref>{{harvsp|Angus Wilson|1972|p=53}}.</ref>. Cette expérience servira de toile de fond à la première moitié de ''[[La Petite Dorrit]]'', qui présente {{lang|en|Mr}} William Dorrit enfermé pour dettes en cette prison où grandit sa fille Amit, l'héroïne du roman. Au bout de trois mois au cours desquels meurt sa mère<ref name="Paroissien-5"/>, John Dickens hérite de {{unité|450|£}}, auquel à quoi s'ajoutent quelques piges pour ''British Press'' et une pension d'invalidité de {{unité|146|£}} versée par l'Amirauté<ref name="Paroissien-5"/>. Sur promesse de paiement au terme de la succession, il est libéré le 28 mai<ref name="PS-163"/>, et la famille se réfugie chez Mrs Roylance pendant quelques mois, puis retrouve à se loger à [[Hampstead ( Angleterre Londres)|Hampstead]] et enfin à Johnson Street dans Somers Town<ref name="Paroissien-5"/>. Charles reste à la manufacture qui, nouvelle humiliation, le transfère à l'étalage d'une boutique dans Chandos Street , et . ce Ce n'est qu'en mars 1825 que John Dickens, parce qu'il se dispute avec le propriétaire et malgré l'intercession de Mrs Dickens qui essaie d'apaiser les choses, que John Dickens en retire son fils, puis le remet sur les bancs de l'école<ref name="PS-163"/>.
 
==== Un traumatisme ''princeps'', puis une nouvelle blessure ====
[[Fichier:Elizabeth Dickens , née Barrow. gif jpg| thumb vignette|Elizabeth Dickens, née Barrow, la mère de Charles Dickens.]]
Cet épisode de sa vie a représenté pour Dickens un traumatisme dont Dickens il ne s'est jamais remis. Bien qu'il l'ait transposé dans ''[[David Copperfield]]'' en au travers de l'entrepôt ''Murdstone and Grinby's '' et y ait fait une allusion dans ''[[Les Grandes Espérances]]'' (la « ''Blacking Ware'us'' » [''wharehouse''])<ref>Charles Dickens, ''[[Les Grandes Espérances]]'', chapitre 27.</ref>, il ne s'en est ouvert à personne, sinon à [[Catherine Dickens|son épouse]] et à Fors Forster<ref name="PS-163"/>. Sa vie durant, {{citation|[il s'est] toujours étonné qu'on ait pu si facilement se débarrasser de [lui] à cet âge}}<ref>Charles Dickens, ''Extraits autobiographiques'', {{lien web|url=http://dickens.stanford.edu/great/print_great_issue9gloss.html|titre=Charles Dickens et la manufacture Warren|consulté le=30 janvier 2013}}.</ref>, et sa besogne, écrit Forster, lui a paru particulièrement rebutante<ref>{{harvsp|John Forster|2006|p=23}}.</ref> : {{citation|C'était une vieille maison délabrée tombant en ruines, qui aboutissait naturellement à la Tamise, et était littéralement au pouvoir des rats […] Mon travail consistait à couvrir les pots de cirage, d'abord avec un morceau de papier huilé, puis avec un morceau de papier bleu ; à les attacher en rond avec une ficelle, et ensuite à couper le papier bien proprement tout autour, jusqu'à ce que le tout eût l'apparence coquette d'un pot d'onguent acheté chez le pharmacien. Quand un certain nombre de grosses de pots avaient atteint ce point de perfection, je devais coller sur chacun une étiquette imprimée, et passer à d'autres pots .}}<ref>Traduction de [[Louis Cazamian]], ''Le roman social en Angleterre, 1830-1850 : Dickens, Disraeli, Mrs Gaskell, Kingsley'', Paris, H. Didier, 1934, (pagination absente).</ref> .
 
[[Louis Cazamian]] rappelle que {{citation|la grossièreté du milieu, des camarades, la tristesse de ces heures au fond d'un atelier sordide meurtrissent l'ambition instinctive de l'enfant}}<ref>[[Louis Cazamian]], ''Le roman social en Angleterre, 1830-1850 : Dickens, Disraeli, Mrs Gaskell, Kingsley'', Paris, H. Didier, 1934.</ref>. {{citation|Nulle parole ne peut exprimer l'agonie secrète de mon âme en tombant dans une telle société, écrit Dickens, [ ... ] et en sentant les espérances que j'avais eues de bonne heure, de grandir pour être un homme instruit et distingué, anéanties dans mon cœur .}}<ref>{{harvsp|John Forster|2006|p=24}}.</ref> . Aussi, ajoute Cazamian, {{citation|le souvenir de cette épreuve le hantera à jamais. Il y associera le regret de son enfance abandonnée, de son éducation manquée. De là, son effort constant pour effacer le passé, la recherche vestimentaire, l'attention aux raffinements de la politesse personnelle. De là aussi, les pages mélancoliques chaque fois qu'il retracera le chagrin d'un enfant. Le travail manuel lui a laissé l'impression d'une souillure}}<ref>[[Louis Cazamian]], ''Le roman social en Angleterre, 1830-1850 : Dickens, Disraeli, Mrs Gaskell, Kingsley'', Paris, H. Didier, 1934, {{lien web |titre=Ouvrage de Louis Cazamian|url= http https:// www.archive.org/stream/leromansocialen01cazagoog/leromansocialen01cazagoog_djvu.txt |titre=Ouvrage de Louis Cazamian|consulté le=26 janvier 2013}}, chapitre IV (pagination absente).</ref>.
 
Dickens ajoute dans les ''Extraits autobiographiques''<ref>{{lien web|url=http://dickens.stanford.edu/great/print_great_issue9gloss.html|titre=Charles Dickens et la manufacture Warren|consulté le=30 janvier 2013}}.</ref> : {{citation|J'écris sans rancune, sans colère, car je sais que tout ce qui s'est passé a façonné l'homme que je suis. Mais je n'ai rien oublié, je n'oublierai jamais, il m'est impossible d'oublier, par exemple, que ma mère était très désireuse que je retourne chez Warren}}<ref>Cité par [[John Forster]], d'après Charles Dickens, « ''Additional Note - December 1833'' », ''A Charles Dickens Journal'', {{lien web |titre=Journal de Charles Dickens|url=http://www.dickenslive.com |titre= Journal de Charles Dickens|consulté le=27 janvier 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Angus Wilson|1972|p=58}}.</ref>, nouvelle blessure expliquant les jeunes enfants abandonnés ou livrés à eux-mêmes dont il a peuplé son œuvre, [[Oliver Twist|Oliver]], [[Le Magasin d'antiquités|Nell]], [[Nicholas Nickleby|Smike]], [[La Maison d'Âpre-Vent|Jo]], [[David Copperfield|David]], [[La Petite Dorrit|Amit]], [[Les Grandes Espérances|Pip]]{{etc .}}<ref name="DP-6"/> .
 
Souvent décriée d'après le commentaire de son fils, Elizabeth Dickens se retrouve dans certains personnages de femmes écervelées, telle la [[Nicholas Nickleby|mère de Nicholas Nickleby]]. Graham Smith écrit que la rancœur de Dickens reste [[Objectivité|objectivement]] injuste<ref name="Jordan-5"/>. Sa mère lui a inculqué les bases de l'instruction, la lecture, l'écriture, l'histoire, le latin ; les témoins vantent son sens de l'humour, du grotesque, ses talents d'actrice et d'imitatrice, tous dons transmis à son fils<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Michael Allen|titre=Charles Dickens' Childhood|lieu=Londres|éditeur=Palgrave Macmillan|pages totales=148|isbn=0312012756 / 13: |isbn2=978-0312012755}}.</ref>. De tout cela, conclut-il, Dickens a profité, mais n'a jamais reconnu sa dette<ref name="Jordan-5"/>.
 
==== Le recul de l'objectivité ====
Graham Smith discute aussi le ressenti de Dickens : adulé et chéri en famille, explique-t-il, il a été mieux traité que les petits miséreux travaillant à ses côtés, plutôt gentils envers lui, en particulier un certain Bob Fagin<ref name="Jordan-4">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=4}}.</ref>. Être objectif, cependant, revient à mettre entre parenthèses les attentes de ce super-doué de douze ans. Sans les ennuis de son père, il aurait été promis à [[Université d'Oxford|Oxford]] ou [[Université de Cambridge|Cambridge]]<ref name="Jordan-4"/>. Or, il n'a plus jamais quitté l'uniforme du petit ouvrier et il a peuplé son œuvre de parents incompétents, à l'exception des parents adoptifs, [[La Maison d'Âpre-Vent|{{lang|en|Mr}} Jarndyce]] ou [[Les Grandes Espérances|Joe Gargery]]. ''[[David Copperfield]]'' a pour héros un gamin, livré à un beau-père cruel et qui s'écrie : {{citation|Je n'avais ni guide ni conseil, aucun encouragement et aucune consolation, pas le moindre soutien de quiconque, rien que je puisse me rappeler .}}<ref>{{harvsp|Lynn Cain|2008|p=91}}.</ref> . Ainsi, par [[John Forster]], par certains de ses confrères, [[Wilkie Collins]] en particulier, [[Edward Bulwer-Lytton|Bulwer-Lytton]], [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]], par lui-même aussi<ref name="Jordan-4"/>, la vie de Dickens s'est peu à peu transformée en une [[légende]], voire un [[mythe]], celui du grand [[Époque victorienne|Victorien]] typique, énergique, créateur, entreprenant, autodidacte. Dickens n'a d'ailleurs eu de cesse d'apporter de l'eau à ce moulin : même chez Warren, écrit-il, il a fait l'effort de travailler aussi bien et même mieux que ses compagnons de misère<ref name="Jordan-4"/>.
 
==== Le retour à l'école et l'entrée dans la vie active ====
[[Fichier:Doctors Commons edited.jpg| thumb vignette|upright=1.2|''Doctors' Commons'' au début du {{s-|XIX |e}}.]]
En 1825, Charles retrouve l'école à la ''Wellington School Academy'' de Hampstead Road, où il étudie quelque deux ans et obtient le prix de latin<ref name="PS-163"/>. L'institution n'a pas été de son goût : {{citation|Bien des aspects, écrit-il, de cet enseignement à vau-l'eau, tout décousu, et du relâchement de la discipline ponctués par la brutalité sadique du directeur, les appariteurs en guenilles et l'atmosphère générale de délabrement sont représentés dans l'établissement de [[David Copperfield|{{lang|en|Mr}} Creakle]] .}}<ref>{{harvsp|Angus Wilson|1972|p=61}}.</ref> .
[[Fichier:Dickens to macready cipher ma 107-43 l.jpeg| thumb vignette| left gauche|upright=0.8|Page sténographiée de la main de Charles Dickens (1856).]]
Là s'arrête son instruction officielle, car , en 1827, il entre dans la vie active , . ses Il a alors 15 ans. Ses parents lui ayant ont obtenu un emploi de clerc au cabinet d'avocats Ellis and Blackmore, de Holborn Court, [[Gray's Inn]], où il travaille de mai 1827 à novembre 1828 à des tâches fastidieuses mais, écrit . Michael Allen , écrit {{citation|qu'il saura mettre à profit dans son œuvre}}<ref name="DP-6">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=6}}.</ref>. Il rejoint ensuite le cabinet de Charles Molloy dans [[Lincoln's Inn]]. Trois mois après, à tout juste dix-sept ans, il fait preuve, selon Michael Allen, d'une grande confiance en soi puisqu'il se lance, vraisemblablement sans l'aval de ses parents, dans la carrière de reporter [[Sténographie|sténographe]] indépendant à Doctors' Commons<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=6}}.</ref>{{,}}<ref group="N">Doctors' Commons, ou ''College of Civilians'' : association d'avoués-avocats spécialistes de loi civile en résidence.</ref>, où il partage un cabinet avec un cousin éloigné, Thomas Carlton<ref name="UPH-18">{{harvsp|Una Pope Hennessy|1947|p=18}}.</ref>. Avec l'aide de son oncle J. H. Barrow, il a appris la [[sténographie]] selon la méthode Gurney, décrite dans ''[[David Copperfield]]'' comme {{citation|ce sauvage mystère sténographique}}, et dans une lettre à [[Wilkie Collins]] du 6 juin 1856, il rappelle qu'il s'y est appliqué dès l'âge de quinze ans avec une {{citation|énergie céleste ou diabolique}} et qu'il a été le {{citation|meilleur sténographe du monde}}<ref>{{lien web|url=http://blog.themorgan.org/a-wild-beast-in-a-caravan.aspx|titre=Lettre de Charles Dickens à Wilkie Collins|consulté le=30 janvier 2013}}.</ref>. Dès 1830, outre les dossiers de Doctors' Commons, il ajoute « à son répertoire »<ref name="DP-6"/> des chroniques des débats tenus à la [[ Chambre des communes du Royaume-Uni|Chambre des communes]] pour le ''Mirror of Parliament'' et le ''True Sun''. Au cours des quatre années qui suivent, il se forge une solide réputation, passant bientôt pour l'un des meilleurs reporters, ce qui lui vaut d'être embauché à temps plein par le ''[[Morning Chronicle]]''<ref name="UPH-18"/>. Cette expérience légale juridique et journalistique a été mise à profit dans ''[[Nicholas Nickleby]]'', ''[[Dombey et Fils]]'', et surtout ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'', dont la féroce [[satire]] des lenteurs judiciaires a attiré l'attention publique sur le fardeau que représente pour les humbles le fait d'aller devant les tribunaux<ref name="DP-6"/>.
 
=== La jeune maturité ===
Ces années ont apporté à Dickens, explique Michael Allen, outre une bonne connaissance de la province , ([[Birmingham]], [[Bristol ( Angleterre Royaume-Uni)|Bristol]], [[Édimbourg]], [[Exeter]], Hemlsford et Kettering ), avec diligences, relais, auberges et chevaux, une intimité avec Londres qui est devenue {{citation|le centre tourbillonnant de sa vie}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=6-7}}.</ref>. S'y est aussi approfondi son amour du théâtre , ([[William Shakespeare|Shakespeare]], [[music-hall]], [[farce (théâtre)|farce]] ou [[drame (théâtre)|drame]] ), qu'il fréquente, selon Forster, presque chaque jour et dont il connaît acteurs et musiciens, souvent présentés par sa sœur Fanny. Même si, non sans hésitation, il a choisi les lettres, ajoute Michael Allen, il se donne en représentation, soignant sa tenue vestimentaire jusqu'à l'extravagance, très ''flashy'' (« voyante »), et il observe les gens, imitant les accents, mimant les maniérismes, tous retrouvés dans ses livres<ref name="DP-7">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=7}}.</ref>.
 
==== Le premier amour : Maria Beadnell ====
[[Fichier:Maria Beadnell jeune.jpeg| thumb vignette|Portrait de Maria Beadnell dans sa jeunesse.]]
1830 En : 1830, Charles Dickens a dix-huit 18 ans . et il Il s'éprend de Maria Beadnell, d'un an son aînée d'une année. Son père, commis principal d'une banque à [[Mansion House (Londres)|Mansion House]], petit -bourgeois de Lombard Street, quartier prestigieux de la [[Cité de Londres]], n'apprécie guère cette amitié, voire un futur mariage, avec un obscur journaliste, fils d'un ancien détenu de la prison pour dettes, avec qui il a déménagé sept fois devant les créanciers, pour enfin se loger seul en 1834 dans Furnival's Inn<ref name="DP-7"/>. Aussi les Beadnell envoient-ils leur fille dans une institution scolaire à Paris, et Charles ne peut qu'adresser des lettres enflammées<ref>{{harvsp|Paul Davis|1999|p=23}}.</ref>. {{citation|Je n'ai aimé et ne peux aimer d'autre personne vivante que vous}}, lui écrit-il, mais Maria, peu sensible à son {{citation|flot de médiocre poésie}}, ne prend pas d'engagement<ref>Andrew Sanders, ''Authors in Context, Charles Dickens, 2003''.</ref>. Le couple s'est revu lors du retour de la jeune fille dont le manque d'ardeur a cependant fini par lasser Dickens<ref name="DP-7"/> : peu après son vingt-et-unième anniversaire, Dickens il renvoie lettres et cadeau cadeaux avec ces mots : {{citation| nos Nos rencontres n'ont récemment été guère plus que des manifestations de cruelle indifférence d'un côté et de l'autre, elles n'ont conduit qu'à nourrir le chagrin d'une relation qui depuis longtemps est devenue plus que désespérée .}}<ref name="Maria Beadnell">{{lien web|url=http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/PRbeadnellM.htm|titre=Spartacus Educational sur la relation entre Charles Dickens et Maria Beadnell|consulté le=2 février 2013}}.</ref> . Longtemps après, il confie à John Forster que son amour l'a occupé {{citation|tout entier pendant quatre ans, et qu'il en est encore tout étourdi}}. Cet échec l'a {{citation|déterminé à vaincre tous les obstacles et l'a poussé à sa vocation d'écrivain}}<ref name="Maria Beadnell"/>. Maria a servi de modèle pour le personnage de [[David Copperfield|Dora Spenlow]] dans ''[[David Copperfield]]'' (1850), charmante mais écervelée, et incapable de gérer sa maisonnée<ref name="DP-7"/>.
 
Pourtant, {{citation|Ce qui intéresse surtout le lecteur, écrit Graham Smith, c'est que Maria, devenue Mrs Winter, mère de deux filles, réapparaît dans la vie de Dickens en 1855}}<ref name="Jordan-7">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=7}}.</ref> : le 9 février, avec deux jours de retard, elle lui écrit à l'occasion de son quarante-troisième anniversaire, et Dickens, marié et père de neuf enfants vivants, se prenant au jeu, {{citation|conduit à distance, avec force sentiment et un peu de dérision, un flirt presque enfantin}}<ref name="Jordan-7"/>. L'aventure aura un épilogue grotesque (voir [[#1858 : la séparation d'avec Catherine Dickens|Un mariage de plus en plus chancelant]]), mais surgit le thème, déjà esquissé dans ''[[David Copperfield]]'', {{citation|de la frustration amoureuse, d'une misère sexuelle}} : Maria, l'ancienne Dora, se mue alors en [[La Petite Dorrit|Flora Finching]] (1855)<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=8}}.</ref>.
 
==== Premières publications : activité frénétique et succès foudroyant ====
[[Fichier:John-forster.jpg| thumb vignette| left gauche|upright=0.8|John Forster, l'ami, le confident, le biographe.]]
Les premières pages de Dickens paraissent dans le ''[[Monthly Magazine]]'' de décembre 1833, à quoi s'ajoutent six numéros, cinq non signés et le dernier, d'août 1834, portant signé le du nom de pseudonyme '' [[Boz ]]''. Leur originalité attire l'attention du ''[[Morning Chronicle]]'', dont le critique musical et artistique est George Hogarth, père de la jeune Catherine dont Charles vient de faire la connaissance , et ; le nouvel écrivain y est embauché pour {{unité|273|£}} par an<ref group="N">La grand-mère de Dickens gagnait {{unité|8|£}} comme gouvernante et un maître d'école peut espérer environ {{unité|35|£}}, un vicaire de l'église {{unité|30|£}}.</ref>. Le ''Morning Chronicle'' publie bientôt cinq « esquisses de rue » sous le même pseudonyme, et leur originalité paraît telle que la revue-sœur, l {{' }}''Evening Chronicle'', que George Hogarth a rejointe, accepte l'offre de vingt autres avec une augmentation de salaire qui passe de {{unité|5| guinées}}à {{unité| =7| guinées}} par semaine<ref name="DP-7"/>. Le succès est immédiat, et lorsque la série prend fin en septembre 1835, Dickens se tourne vers le ''Bell's Life in London'', qui le paie encore mieux<ref name="DP-7"/>. Peu après, l'éditeur John Macrone propose de publier les esquisses en volume avec des illustrations de [[George Cruikshank]], offre assortie d'une avance de {{unité|100|£}} et aussitôt acceptée<ref name="DP-8">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=8}}.</ref>.
 
1835 est une année faste : en février paraît la première série de ''[[Esquisses de Boz]]'' et immédiatement, [[Chapman & Hall|Chapman and Hall]] propose à Dickens ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'' en vingt épisodes, le premier démarrant le 31 mars. En mai, il accepte d'écrire un roman en trois volumes pour Macrone et, trois mois plus tard, il s'engage pour deux autres auprès de [[Bentley's Miscellany|Richard Bentley]]<ref name="DP-8"/>. Onze nouvelles esquisses sont publiées, surtout dans le ''Morning Chronicle'', auxquelles s'ajoutent un pamphlet politique, ''Sunday under Three Heads'', et deux pièces de théâtre, ''The Strange Gentheman Gentleman'' en septembre et ''The Village Coquette'' en décembre. En novembre, il prend la charge du mensuel ''[[Bentley's Miscellany]]'' , et, le mois suivant, paraît une deuxième série des ''Esquisses''. Pendant ce temps, l'histoire de {{lang|en|Mr}} Pickwick devient si populaire que la réputation de Dickens atteint le zénith, ses finances prospèrent et son autorité grandit. Le revers de la médaille est que les engagements ne peuvent tous être honorés et que s'ensuivent d'interminables négociations avec les éditeurs, souvent assorties de brouilles. Dickens décide alors de se consacrer entièrement à la littérature et démissionne du ''Morning Chronicle''<ref name="DP-8"/>. Le couronnement de ce tourbillon est la rencontre, en décembre 1836, de [[John Forster]], auteur, critique, conseiller littéraire, bientôt l'ami intime, le confident et futur premier biographe<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=164}}.</ref>.
 
==== Le mariage avec Catherine Hogarth ====
{{ loupe article détaillé|Catherine Dickens}}
===== 1835 : fiançailles, puis mariage =====
[[Fichier:Catherine and Charles Dickens's marriage certificate.jpeg| thumb vignette|upright=1.2|Acte de mariage de Charles et Catherine, exposé dans l'église St Luke's (ouest), [[Chelsea (Londres)|Chelsea]].]]
Charles Dickens s'est épris de Catherine, la fille aînée de George Hogarth auprès duquel il travaille et dont il fréquente souvent la famille. Selon les critiques, Catherine est décrite comme « Jeune jeune, agréable, gaie, soigneuse, active, tranquille »<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Dinah Birch|titre=Young, Pleasant, Cheerful, Tidy, Bustling, Quiet, The Other Dickens: A Life of Catherine Hogarth by Lillian Nayder|lieu=Londres|éditeur=London Review of Books|volume=33, {{numéro|3}}}}, {{p.|25-28}}.</ref>, ou {{citation|petite femme à peine jolie, aux yeux bleus endormis, nez retroussé, menton fuyant ''des êtres sans volonté''}}<ref>{{harvsp|André Maurois|1934|p=239-301}}.</ref>. Les lettres de que Dickens lui destine ne sont pas aussi passionnées que celles qu'il adressait à Maria Beadnell<ref name="Ps159">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=159}}.</ref>. Il ­ voit en Catherine, écrit-il, {{citation|une source de réconfort et de repos, une personne vers qui [il pourra] se tourner au coin du feu, une fois [son] travail achevé, pour puiser dans [sa] douce tournure et [ses] charmantes manières la récréation et le bonheur que la triste solitude d'une garçonnière ne procure jamais}}<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Dinah Birch|titre=Young, Pleasant, Cheerful, Tidy, Bustling, Quiet, The Other Dickens: A Life of Catherine Hogarth by Lillian Nayder|lieu=Londres|éditeur=London Review of Books|volume=33, {{numéro|3}}}}, {{p.|27}}.</ref>. Fiancés en 1835, les jeunes gens se marient le {{date|2|avril|1836}} en l'église St. Luke's de [[Chelsea (Londres)|Chelsea]]<ref name="DP-9">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=9}}.</ref>. La lune de miel, une semaine, est passée à Chalk près de [[Gravesend (Kent)|Gravesend]], [[Kent]], puis les époux rejoignent Furnival's Inn avant de s'installer à [[Bloomsbury (Londres)|Bloomsbury]]<ref name="PS-160">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=160}}.</ref>. C'est à Chalk que Dickens a trouvé la forge où travaille [[Les Grandes Espérances|Joe Gargery]], l'oncle de [[Les Grandes Espérances|Pip]], et c'est là qu'il a écrit les premières livraisons de ses ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Pickwick Papers]]''<ref>{{ouvrage| lang langue=en|prénom1=James|nom1=Benson|prénom2=Robert H.|nom2=Hiscock|titre=A history of Gravesend: or, A historical perambulation of Gravesend and Northfleet|passage=112|éditeur=Phillimore|année=1976|pages totales=159|isbn=0850332427}}.</ref>.
 
===== 1836-1842 : les premières années =====
<gallery mode="packed" heights="150">
Fichier:Charles Dickens Museum.jpg|Façade du 48 Doughty Street.
dickens Fichier:Dickens-living-room.jpg|Le salon des Dickens.
dickens Fichier:Dickens-chair.jpg|Le fauteuil de Dickens.
Fichier:Dickens Plaque 1338.jpg|Plaque apposée au 48 Doughty Street.
</gallery>
{{message galerie}}
 
Le mariage est d'abord raisonnablement heureux et les enfants ne tardent pas à arriver : [[Catherine Dickens#Enfants|Charles]] au bout de neuf mois, [[Catherine Dickens#Enfants|Mary]] l'année suivante et [[Catherine Dickens#Enfants|Kate]] en 1839<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=280}}.</ref>. La famille change de résidence au fil des années et selon les saisons, le plus souvent près du [[The Strand|Strand]] et sur le côté nord d'[[Oxford Street]], avec deux escapades vers [[Hampstead ( Angleterre Londres)|Hampstead]]<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=281}}.</ref>. L'une de ces demeures est le [[Musée Charles Dickens|48 Doughty Street]], aujourd'hui le [[ Musée musée Charles Dickens]], où , de 1837 à 1839, Dickens a écrit ses premiers grands ouvrages et reçu reçoit nombre d'amis écrivains. Les vacances se passent souvent à [[Broadstairs]], dans la grande maison aujourd'hui appelée ''Bleak House''<ref group="N">Nom donné par de nouveaux propriétaires après la publication du roman.</ref>{{,}}<ref>{{ lien Lien web archive|horodatage archive=20080509120816|url= http://web.archive.org/web/20080509120816/http://www.dickenshouse.co.uk/trotwood.htm|titre=Charles Dickens and Miss Betsey Trotwood|site=Dickens House Museum|consulté le=19 octobre 2011}}.</ref>, sur l'[[île de Thanet]], à l'extrême pointe du [[Kent]]. En [[1838 en littérature|1838]], Dickens publie ''[[Nicholas Nickleby]]'' avec, en conclusion, une vision de bonheur conjugal, les deux héros s'aimant dans une campagne idyllique avec plusieurs enfants<ref>{{lien web|url=http://www.cummingsstudyguides.net/Guides6/Nickleby.html|titre=Guide pour ''Nicholas Nickleby'' par Michael J. Cummings|consulté le=15 novembre 2011}}.</ref>, miroir, selon Jane Smiley, de la vie rêvée de l'auteur<ref>{{harvsp|Jane Smiley|2003|p=224}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url= http https://www.amazon.com/gp/reader/0670030775/ref=sib_dp_pt#reader-link|titre=Charles Dickens|consulté le=18 octobre 2011}}.</ref>.
 
C'est pourtant au terme de ces années d'activité fébrile que commencent à poindre les difficultés conjugales. L'une d'elles naît d'un drame familial.
 
===== La mort de Mary Scott Hogarth =====
{{ loupe article détaillé|Mary Scott Hogarth}}
[[Mary Scott Hogarth]] ( 1820 1819-1837) est venue en février 1837 s'installer chez les Dickens<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Paul Schlicke|titre=Oxford Reader’s Companion to Dickens|lieu=Oxford|éditeur=Oxford University Press|année=1999|titre chapitre=Michael Slater, "Hogarth, Mary Scott"|passage=272|isbn= 019866253X /0-19-866253-X}} .</ref> pour aider sa sœur de nouveau enceinte. Charles se prend d'une véritable idolâtrie pour cette enfant adolescente qui, d'après Fred Kaplan, devient {{citation|[une] amie intime, une sœur d'exception, une compagne au foyer}}<ref>{{harvsp|Fred Kaplan|1988|p=92}}.</ref>. Le {{date|6|mai|1837}}, au retour d'une sortie, {{citation|[Mary] monte dans sa chambre en parfaite santé et, comme d'habitude, d'excellente humeur. Avant qu'elle ne puisse se déshabiller, elle est prise d'un violent malaise et meurt, après une nuit d'agonie, dans mes bras durant l'après-midi à 3 heures. Tout ce qui pouvait être fait pour la sauver l'a été. Les hommes de l'art pensent qu'elle avait une maladie du cœur}}<ref name="Dickens 31/05/1837">Charles Dickens, ''Lettre à Richard Jones'', 31 mai 1837.</ref>. Dickens lui ôte une bague qu'il portera jusqu'à la fin de sa vie et garde tous ses vêtements. C'est la seule fois où il n'a pu écrire et a manqué la livraison de deux publications, celles d {{' }}''[[Oliver Twist]]'' et de ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Pickwick Papers]]''<ref name="Gottlieb">{{lien web|auteur=Robert Gottlieb|url=http://www.nybooks.com/articles/archives/2010/jun/10/who-was-charles-dickens|titre=''Who Was Charles Dickens?''|année=Juin 2010|site=The New York Review of Books|consulté le=12 novembre 2011}}.</ref>. Il rédige l'épitaphe, prénomme sa première fille « Mary »<ref name="Gottlieb"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Peter Ackroyd|1993|p=346|id=Ackroyd1992}}.</ref>{{,}}<ref name="MSH">{{lien web|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/maryhogarth.html|auteur=Philip V. Allingham|site=Victorian Web|titre=''Mary Scott Hogarth, 1820-1837: Dickens's Beloved Sister-in-Law and Inspiration''|consulté le=13 novembre 2011}}.</ref> : {{citation|Je ne pense pas qu'ait jamais existé un amour tel que celui que je lui ai porté}}, a-t-il confié à son ami Richard Jones<ref name="Dickens 31/05/1837"/>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://nzr.mvnu.edu/faculty/trearick/english/rearick/introlit/RealEducation/dickens_in_love.htm|titre=Dickens in love|consulté le=7 novembre 2011}}.</ref>. Catherine elle aussi pleure la mort de sa sœur<ref>{{harvsp|Michael Slater|1983|p=111}}.</ref>, mais ressent de l'amertume à voir son mari toujours endeuillé, rêvant de Mary chaque nuit mois après mois<ref name="MSH"/>. Le 29 février 1842, il écrit à [[John Forster]] qu'elle reste pour lui {{citation|l'esprit qui guide sa vie, […] pointant inflexiblement le doigt vers le haut depuis plus de quatre années}}<ref>{{harvsp|Peter Ackroyd|1993|p=346|id=Ackroyd1992}} et {{harvsp|Michael Slater|1983|p=101}}.</ref>.
 
Mary apparaît comme un [[palimpseste]] sur lequel Dickens a inscrit son image de la féminité, ensuite projetée dans ses personnages, d'abord plutôt creux comme chez [[Oliver Twist|Rose Maylie]], un peu moins avec [[La Maison d'Âpre-Vent|Esther Summerson]] et l'héroïne [[éponymie|éponyme]] [[La Petite Dorrit| Amit Amy Dorrit]], auxquelles s'ajoutent [[Le Magasin d'antiquités|la Petite Nell]] et [[David Copperfield|Agnes Wickfield]]. Ainsi, le parchemin s'est rempli, le personnage complexifié, toujours « ange du foyer » mais avec de l'initiative, du bon sens et, peut-être, quelques désirs<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=9}}.</ref>.
 
===== 1842-1858 : l'avènement des difficultés =====
[[Fichier:Catherine Hogarth-oil.jpg| thumb vignette|upright=0.8|Catherine Hogarth Dickens vers [[1847 en littérature|1847]], par [[Daniel Maclise]].]]
Catherine a la responsabilité d'organiser des réceptions et des dîners, parfois fort importants, avec des célébrités littéraires comme , par exemple, [[Thomas Carlyle|Thomas et Jane Carlyle]], [[Elizabeth Gaskell]] et [[ Samuel Rogers (poète)|Samuel Rogers]]. Mrs Carlyle et Mrs Gaskell ont raconté leurs souvenirs d'une réception et n'ont que louanges sur les qualités d'hôtesse et la cuisine de Mrs Dickens<ref>{{harvsp|Susan M. Rossi-Wilcox|2005|p=376}}.</ref>.
 
Elle En 1841, elle accompagne son mari en [[Écosse ]] en [[1841]] où le couple est reçu avec égard, et en février de l'année suivante , Dickens prépare un voyage outre-Atlantique<ref>W. C. Desmond Pacey, ''American Literature'', vol. 16, {{numéro|4}}, Duke University Press, janvier 1945, {{p.|332-339}}.</ref>. Catherine, d'abord réticente<ref>{{harvsp|Gladys Storey|1939|p=67}}.</ref>, se décide enfin à l'accompagner<ref name="Ps276">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=276}}.</ref>. À [[Boston]], les Dickens se voient aussitôt acclamés<ref>George Washington Putnam (1812-1896), « ''Account of the 1842 American visit: Four Months with Charles Dickens'' », ''Atlantic Monthly'', octobre 1870.</ref>, et à [[New York]], la pression s'accentue encore<ref>{{lien web|url=http://www.biblisem.net/etudes/lerocdic.htm|titre=Charles Dickens par Camille Le Rocher|consulté le=12 novembre 2011}}.</ref>. Au [[Canada]], ils sont reçus par {{citation|l'élite de la société}} et admirent les [[ Chutes Niagara|chutes du Niagara]] dont le fracas apporte à Dickens des échos de la voix de Mary , et ; ils participent à des productions théâtrales<ref>''Le Canadien'', 30 mai 1842, {{p.|2}}.</ref>. Tout au long, Catherine {{citation|s'acquitte de ses tâches d'épouse d'homme célèbre avec beaucoup de grâce et de charme}}<ref name="Ps159"/>. À leur retour en juin, Dickens tourne les Américains en ridicule dans ses ''Notes américaines''<ref>{{harvsp|John Forster|1872-1874|p=non répertorié}}.</ref>, puis dans la deuxième partie de ''[[Martin Chuzzlewit]]''<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Charles Dickens|titre=Martin Chuzzlewit|lieu=Ware|éditeur=Wordsworth Edition Limited|année=1997| p passage= {{XVII }} et 814|isbn=1-85326-205-6}}, introduction et notes de John Bowen, {{p.| {{I }}- {{XVII }}}}.</ref>. Peu après, la famille gagne l'[[Italie]] pour une année, mais Dickens fait des escapades en solitaire à [[Paris]] ou [[Boulogne- Billancourt|Boulogne sur-Mer]] qu'il affectionne particulièrement<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.romeartlover.it/Dickens.html|titre=Dickens à Rome|consulté le=16 décembre 2011}}.</ref>.
 
===== Le désenchantement =====
Peu sensible à ses difficultés, Dickens rudoie son épouse<ref>Frederick Mullet Evans, ''Letters'', [[Bradbury and Evans|Bradbury & Evans]], {{p.|236}}.</ref>, se plaignant de son manque d'entrain et de ses grossesses à répétition<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/dickens_catherine_separation.html|titre=Lettre de Dickens à John Forster|consulté le=2 novembre 2011}}.</ref>. En 1851, peu après la naissance de son neuvième enfant, Catherine tombe malade<ref name="PS-160"/> et , l'année suivante , arrive Edward, le dernier. Dickens {{citation|devient de plus en plus instable et imprévisible}}<ref name="PS-160"/> et s'ouvre de son désarroi à [[Wilkie Collins]] : {{citation|Les bons vieux jours, les bons vieux jours ! Retrouverai-je jamais l'état d'esprit d'alors, je me le demande… J'ai l'impression que le squelette qui habite mon placard domestique devient bigrement gros .}}<ref>Charles Dickens, Lettre à Wilkie Collins, 13 avril 1856 .</ref> Dickens essaie par ailleurs d’obtenir l’internement de sa femme dans un asile, sans succès<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Jack|nom1=Malvern|titre=Dickens’s dastardly plan for his wife|périodique=The Times|date=2019-02-21|issn=0140-0460|lire en ligne=https://www.thetimes.co.uk/article/dickenss-dastardly-plan-for-his-wife-r9tzllz9j|consulté le=2019-03-03.|pages=}}.</ref>.
 
=== La maturité d'un artiste ===
[[Fichier:Dickensdream.jpg| thumb vignette|upright=0.8|« [[Le rêve Rêve de Dickens ]] », par Robert W. Buss (1804-1875) (inachevé)<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.charlesdickenspage.com/buss.html|titre=Dickens' Dream par Robert W. Buss|consulté le=16 décembre 2011}}.</ref>.]]
Dickens est au faîte de sa popularité qui ne faiblira plu plus<ref name="DP-8"/>. Tout à la fois, il a écrit ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Pickwick Papers]]'' et ''[[Oliver Twist]]'', puis s'est attelé à ''[[Nicholas Nickleby]]'', qu'ont suivis en cascade ''[[Le Magasin d'antiquités]]'' et ''[[Barnaby Rudge]]'', présentés dans ce que Graham Smith appelle {{citation|ce vecteur de publication artificiel et sans grand succès}} qu'a été ''[[L'Horloge de Maître Humphrey]]''<ref name="DP-8"/>. Ce rendement est en partie dû aux exigences de la [[Roman-feuilleton|publication en feuilleton]] mensuel, mais le dynamisme est exceptionnel : Dickens fait paraître dans le même temps une petite '' [[:wikt:burletta |burletta]]'', ''Is She his Wife?'', de courts recueils, ''Sketches of Young Gentlemen'' et ''Sketches of Young Couples'', sans compter la les révision révisions de ''Memoirs of Joseph Grimaldi'' et du parodique ''Pic-nic papers'', entreprises pour afin d'aider la veuve de John Macrone, l'éditeur des ''[[Esquisses de Boz]]'', disparu à vingt-huit ans<ref name="DP-9"/>.
 
==== « Cinquante êtres vivants » (John Forster) ====
[[Fichier:Charles Dickens by Daniel Maclise.jpg| thumb vignette|upright=0.8|Charles Dickens par [[Daniel Maclise]].]]
 
John Forster a capté cette énergie de tous les instants : {{citation|[…] la rapidité, l'ardeur et la puissance pratique, la démarche curieuse, fébrile, énergique sur chaque aspect […] comme d'un homme d'action et d'affaires jeté dans le monde. La lumière et le mouvement jaillissaient de toutes parts en lui […] c'était la vie et l'âme de cinquante êtres vivants.}}<ref>John Forster, ''The Life of Charles Dickens'', Londres, Chapman and Hall, 3 volumes, 1872-1874, nouvelle édition avec notes et index par A. J. Hoppé, Londres, Dent, 1966, livre II, chapitre 1.</ref>. Le Les public ventes parle témoignent avec de son l'engouement argent du public, les ventes elles ne faisant cessent que de grimper croître (seul ''[[Barnaby Rudge]]'' connaît un fléchissement à {{formatnum:30000}}) , : {{formatnum:7500}} pour ''[[Oliver Twist]]'', {{formatnum:50000}} pour le premier numéro de ''[[Nicholas Nickleby]]'', {{formatnum:60000}} pour ''[[L'Horloge de Maître Humphrey]]'', {{formatnum:100000}} pour la fin de du ''[[Le Magasin d'antiquités|Magasin d'antiquités]]''<ref name="DP-9"/> , ; et le monde littéraire, à quelques exceptions près dont [[Charlotte Brontë]] , qui lui préfère [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]], le porte aux nues. Michael Allen écrit que les comparaisons font florès : l'âme de [[William Hogarth|Hogarth]], le [[George Cruikshank|Cruikshank]] des écrivains, le [[John Constable|Constable]] du roman, l'égal de [[Tobias Smollett|Smollett]], de [[Laurence Sterne|Sterne]], de [[Henry Fielding|Fielding]], un nouveau [[Daniel Defoe|Defoe]], l'héritier de [[William Goldsmith|Goldsmith]], le [[Miguel de Cervantes|Cervantes]] anglais, un [[Washington Irving]], [[Victor Hugo]], [[William Wordsworth|Wordsworth]], [[Thomas Carlyle|Carlyle]] et même [[William Shakespeare|Shakespeare]]. Son ancien maître de Chatham s'adresse à lui avec l'[[Syntaxe de l'adjectif en français|épithète]] « ''inimitable '' » associée à [[Boz ]] : Dickens se l'approprie et s'en qualifie sa vie durant<ref name="DP-9"/>.
 
Les invitations pleuvent : cooptation par les [[Garrick Club]] et [[ Club Athenaeum|Athenæum]], circonscription électorale refusée car Dickens exige un siège sur mesure , franchise d'[[Édimbourg]] (juin 1841), dîners de gala, conférences où il brille d'intelligence et de virtuosité, réunies en recueils (''Speeches'')<ref name="DP-9"/>. À Édimbourg où le reçoit Lord Jeffrey, il est acclamé au théâtre par la foule debout, tandis que l'orchestre joue ''impromptu '' « ''Charley is my Darling''<ref>John Forster, ''The Life of Charles Dickens'', Londres, Chapman and Hall, 3 volumes, 1872-1874, nouvelle édition avec notes et index par A. J. Hoppé, Londres, Dent, 1966, livre II, chapitre 10.</ref>. Les villes se couvrent de portraits de Pickwick ou de Nickleby, sur les faïences, les vêtements, des affiches et des placards, et le visage même de Dickens, désormais popularisé par [[Daniel Maclise|Maclise]] et Francis Alexander, est connu de toute la nation et outre-Atlantique<ref name="schilcke166">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=166}}.</ref>. Nombre d'observateurs prévoient une issue parabolique : {{citation|Il s'est envolé comme une fusée ; il retombera comme un bout de bois}}, augure Abraham Hayward dès octobre 1837. Pourtant, Dickens ne faiblit pas et devient le collaborateur ou l'ami de la plupart des grands journalistes ou auteurs, tels [[Leigh Hunt]], [[William Harrison Ainsworth]], [[Edward Bulwer-Lytton]], Albany Fontblanque, Douglas Jerrold, Walter Savage Landor{{etc .}}<ref >{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p name= 166}}< "schilcke166"/ ref> Comme l'écrit Michael Allen, son énergie créatrice ne fait que décupler et les commentateurs saluent désormais cette voix dont l'originalité sait parler à tous<ref name="DP-8"/>.
 
==== Des relations tumultueuses avec sa famille ====
Les enfants se sont suivis pratiquement d'année en année et leur père s'intéresse beaucoup à eux petits, les négligeant ensuite tant ils peinent à se hisser au niveau espéré et requièrent souvent son aide financière<ref name="DP-9"/>. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls , : parents, frères et sœurs, tous se tournent vers ce nouveau fortuné<ref name="DP-9"/>. Dickens a eu avec son père des relations teintées d'affection et de méfiance : jusqu'en 1839 environ, il l'invite souvent au théâtre, à des dîners, en vacances, à des réunions entre amis ; puis, John Dickens, dont les activités journalistiques se tarissent, est comme emporté par le tourbillon de son fils et reprend ses mauvaises habitudes. Charles en prend conscience en mars et fait déménager ses parents à [[Exeter]], [[Devon (comté)|Devonshire]], loin des tentations londoniennes et des créanciers. Pour environ {{unité|400|£}}, il éponge les dettes et règle les dépenses du nouveau logis. Le séjour dure trois ans, jusqu'au jour où son fils, au comble de l'exaspération, il se rende rend compte que John a accumulé d'autres dettes, vend en cachette des échantillons de ses manuscrits ou de sa signature, quête auprès de l'éditeur du journal local, sollicite sa propre banque et son ami [[William Charles Macready|Macready]]<ref name="DP-10">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=10}}.</ref>. Il publie alors une mise en garde , comme quoi il prévient que les créances circulant en son nom ne seront pas honorées<ref> Charles Dickens, ''{{ lang ouvrage| langue=en| texte auteur=Charles Dickens|titre=The Pilgrim Edition of the Letters of Charles Dickens }}, '' |passage=livre II, {{p.|225 }}}}.</ref>. Exiler son père à l'étranger, il y songe, mais, à son retour d'Amérique en 1842, il finit par rapatrier l'impécunieuse famille non loin de lui<ref name="DP-10"/>. Les imprudences reprennent et Charles, bien que s'efforçant de donner le change, laisse parfois éclater sa colère : en septembre 1843, il écrit à John Forster qu'il est {{citation|confondu par l'audace de son ingratitude}}, que c'est {{citation|une insupportable croix à porter}} qui le {{citation|démoralise complètement et dont le fardeau devient intolérable}}<ref>{{harvsp|Charles Dickens (Lettres)|1965-2002|p=III, 576}}.</ref>. Désormais, il assure le rôle de chef de famille, s'occupe de l'éducation de la fratrie, lui trouve du travail, la guide et la réprimande, l'emmène en vacances, l'installe et , si l'un d'eux disparaît, assure le bien-être des siens<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=10-11}}.</ref>. Selon Michael Allen, Dickens a trouvé pour tous , le temps et l'argent qu'il fallait, {{citation|mais a payé un lourd tribut d'anxiété devant leurs frasques}} : Fred épouse une jeune fille de dix-huit ans, s'en sépare, est convaincu d'adultère et poursuivi, refuse de payer, quitte son travail et s'enfuit à l'étranger ; arrêté à son retour, il est emprisonné, sombre dans l'alcoolisme et meurt à {{nombre|48 |ans }} ; Augustus quitte son épouse devenue aveugle au bout de deux ans, émigre en Amérique avec une autre femme, meurt à Chicago {{nombre|39|ans}} à 39 ans Chicago, où sa concubine se suicide l'année suivante<ref name="DP-11"/>.
 
==== L'indispensable présence de Georgina Hogarth ====
{{ loupe article détaillé|Georgina Hogarth}}
Dès le retour d'Amérique, la place de sa belle-sœur, [[Georgina Hogarth|Georgina]] , va grandissant<ref name="Ps159"/>. Devenue ''Aunt Georgy'', elle s'occupe beaucoup des garçons<ref name="Pd98">{{harvsp|Paul Davis|1999|p=98}}.</ref>, leur apprenant à lire avant qu'ils n'entrent à l'école<ref name="Schlicke p277">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=277}}.</ref>, et prend souvent la place d'honneur lors des réceptions. Elle est aidée par une bonne, Anne Cornelius, dont la fille fréquente plus tard une école du nord de Londres où sont aussi scolarisées deux, puis trois nièces de Dickens qui acquitte tous les frais<ref name="Nayder p204">{{harvsp|Lillian Nayder|2010|p=204}}.</ref>. Georgina est à la fois servante, préceptrice et maîtresse de maison<ref>{{harvsp|Lillian Nayder|2010|p=198}}.</ref>, statut bien supérieur à celui d'Anne Cornelius qui voyage en deuxième classe alors que la famille est en première<ref name="Nayder p199">{{harvsp|Lillian Nayder|2010|p=199}}.</ref>. Elle accompagne parfois Dickens en ses longues promenades et elle partage de plus en plus ses activités théâtrales<ref name="Schlicke p277"/>, voire littéraires, lui servant de secrétaire lorsque, de 1851 à 1853, il écrit sa célèbre ''Histoire de l'Angleterre destinée aux enfants''<ref>Charles Dickens, ''A Child's History of England'', éd. David Starkey, Icon Books, Harper Collins Publishers, 2006 {{ISBN|0-06-135195-4}}.</ref>. Dickens cherche à la marier, lui proposant de beaux partis, par exemple [[Augustus Egg|Augustus Leopold Egg]] (1816-1863), étudiant aux [[Royal Academy|Beaux-Arts de Londres]] et futur peintre de renom. Lui aussi partage la scène avec Dickens lors de ses mises en scène dont il conçoit souvent les costumes<ref>Edgar Johnson, ''Charles Dickens: His Tragedy and Triumph'', 1952, {{p.|785-786}}.</ref> : Georgina les refuse tous, et son beau-frère, blasé, écrit à un ami , alors qu'elle a atteint l'âge de {{nombre|33 |ans }} : {{citation|Je doute fort qu'elle se marie un jour .}}<ref>{{harvsp|Charles Dickens (Lettres)|1965-2002|p=3 mai 1860}}.</ref> .
 
Le moment le plus crucial de la vie de Georgina coïncide avec le moment le plus crucial de la vie de Dickens, lorsque, excédé par sa femme, il décide de s'en séparer.
 
=== 1858 : la séparation d'avec Catherine Dickens ===
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Fichier:Mary Scott Hogarth, aged 16.jpg|[[Mary Scott Hogarth]], dont le souvenir hante Dickens.
Fichier:Mrs Charles Dickens by J E Mayall.jpg|Catherine Hogarth Dickens vers 1858, par J. E. Mayall (carte de visite).
Ligne 156 ⟶ 167 :
Fichier:Ellen Ternan.jpeg|[[Ellen Ternan]] en 1858.
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[[Fichier:Maria Beadnell.jpeg| thumb vignette|upright=0.6| left gauche|Maria Beadnell, en son âge mûr.]]
[[Fichier:Portrait of Charles Dickens (4671094).jpg|upright=0.6|vignette|Charles Dickens.|alt=]]
Dickens, ne voyant plus sa femme avec ses yeux de jeune homme, parlant d'elle avec mépris à ses amis<ref>[[George Bernard Shaw]] ''Sur Dickens'', introduction, {{p.|XVI}}.</ref>, trouvant aussi qu'elle ne s'occupe pas assez des enfants<ref>{{lien web|url=http://ellenandjim.wordpress.com/2011/04/08/lilian-nayders-life-of-catherine-hogarth-aka-the-other-dickens|titre=Compte-rendu du livre de Lilian Nayder sur Catherine Dickens|consulté le=10 novembre 2011}}.</ref>, cherche ailleurs une consolation. Lorsque Maria Beadnell, maintenant Mrs Henry Winter, épouse d'un marchand et mère de deux filles, se rappelle à lui, il se prend à rêver qu'il l'aime encore, la rencontre secrètement, puis l'invite à dîner avec son mari<ref>{{lien web|lang=en|url=http://www.thevoid.plus.com/dickensassociates.htm|titre=Les relations de Dickens|consulté le=16 décembre 2011}}.</ref>. La rencontre tourne au désastre<ref>{{lien web|lang=en|url=http://www.perryweb.com/Dickens/life_maria.shtml|titre=Maria Beadneel et Charles Dickens|consulté le=16 décembre 2011}}.</ref>, et jugeant sa tentative « absurde », il jure qu'{{citation|on ne l'y reprendra plus}}<ref>{{lien web|url=http://www.charlesdickensonline.com/Favorites/f332.htm|titre=Maria Beadnell et Dickens|consulté le=24 novembre 2011}}.</ref>. Mrs Dickens, quant à elle, ne se voit pas sans amertume supplantée au foyer par Georgina<ref name="Ps276"/> et, à partir de 1850, souffre de [[Dépression (psychiatrie)|mélancolie]] et de confusion mentale, aggravée en [[1851 en littérature|1851]] après la naissance de Dora qui mourra à huit mois<ref>{{harvsp|Lillian Nayder|2010|p=236}}.</ref>. En 1857, les époux font chambre à part<ref name="Pd98"/>, quoique Dickens insiste pour que les apparences soient sauves<ref>{{lien web|url=http://www.charlesdickensonline.com/Favorites/f009.htm|titre=Catherine Hogarth Dickens|consulté le=2 novembre 2011}}.</ref>. La famille passe quelques moments heureux à Gads Hill's Place<ref name="PS-281&2">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=281-282}}.</ref>, mais les répits sont de courte durée et bientôt il leur semble impossible de poursuivre la vie commune<ref name="PS-281&2"/>.
Dickens, ne voyant plus sa femme avec ses yeux de jeune homme, parlant d'elle avec mépris à ses amis<ref>[[George Bernard Shaw]] ''Sur Dickens'', introduction, {{p.|XVI}}.</ref>, trouvant aussi qu'elle ne s'occupe pas assez des enfants<ref>{{lien web|url=http://ellenandjim.wordpress.com/2011/04/08/lilian-nayders-life-of-catherine-hogarth-aka-the-other-dickens|titre=Compte-rendu du livre de Lilian Nayder sur Catherine Dickens|consulté le=10 novembre 2011}}.</ref>, cherche ailleurs une consolation. Lorsque Maria Beadnell, maintenant Mrs Henry Winter, épouse d'un marchand et mère de deux filles, se rappelle à lui, il se prend à rêver qu'il l'aime encore, la rencontre secrètement, puis l'invite à dîner avec son mari<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.thevoid.plus.com/dickensassociates.htm|titre=Les relations de Dickens|consulté le=16 décembre 2011}}.</ref>. La rencontre tourne au désastre<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.perryweb.com/Dickens/life_maria.shtml|titre=Maria Beadneel et Charles Dickens|consulté le=16 décembre 2011}}.</ref>, et Dickens, jugeant sa tentative « absurde », jure qu'{{citation|on ne l'y reprendra plus}}<ref>{{lien web|url=http://www.charlesdickensonline.com/Favorites/f332.htm|titre=Maria Beadnell et Dickens|consulté le=24 novembre 2011}}.</ref>. Mrs Dickens, quant à elle, ne se voit pas sans amertume supplantée au foyer par Georgina<ref name="Ps276"/> et, à partir de 1850, souffre de [[Dépression (psychiatrie)|mélancolie]] et de confusion mentale, aggravée en [[1851 en littérature|1851]] après la naissance de Dora qui mourra à huit mois<ref>{{harvsp|Lillian Nayder|2010|p=236}}.</ref>. En 1857, les époux font chambre à part<ref name="Pd98"/>, quoique Dickens insiste pour que les apparences soient sauves<ref>{{lien web|url=http://www.charlesdickensonline.com/Favorites/f009.htm|titre=Catherine Hogarth Dickens|consulté le=2 novembre 2011}}.</ref>. La famille passe quelques moments heureux à Gads Hill's Place<ref name="PS-281&2">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=281-282}}.</ref>, mais les répits sont de courte durée et bientôt il leur semble impossible de poursuivre la vie commune<ref name="PS-281&2"/>.
 
Au printemps de [[1858 en littérature|1858]]<ref name="PS-160"/>, un bracelet en or, mal dirigé par le joaillier, revient accidentellement à ''Tavistock House''<ref>{{lien web|url=http://www.british-history.ac.uk/report.aspx?compid=65184|titre=Tavistock House|site=British History on Line|consulté le=22 octobre 2011}}.</ref>. Catherine accuse son mari d'entretenir une relation amoureuse avec la jeune actrice [[Ellen Ternan]], ce que nie Dickens, prétextant qu'il a l'habitude de récompenser ainsi ses meilleures interprètes<ref name="PS-160"/>. Afin que soit mise en œuvre une procédure de divorce en vertu de la loi récemment adoptée (''[[Condition féminine dans la société victorienne#Réforme des lois sur le divorce|Matrimonial Causes Act]]'' de 1857), la mère et la tante maternelle de Catherine, Helen Thompson, insistent pour que soient recherchées des preuves d'adultère à l'encontre d'Ellen Ternan et aussi de Georgina Hogarth, qui, après avoir œuvré pour sauver le mariage, a pris le parti de Dickens<ref name="Ps276"/>. Pour couper court aux rumeurs, Dickens lui fait établir un certificat qui la déclare ''{{lang|la|virgo intacta}}''<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=276-277}}.</ref>. Le 29 mai 1858, un document faisant état de l'impossibilité d'une vie commune est signé par le couple et paraphé par Mrs Hogarth et Helen Thompson. Dickens demande par écrit à son épouse si elle s'oppose à ce qu'une déclaration commune soit rendue publique ; la première paraît le 12 juin<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=161}}.</ref> dans ''[[Household Words]]'', reproduite par de nombreux quotidiens ou hebdomadaires dont ''The Times'', puis une autre dans le ''[[New York Tribune]]''<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/family_friends.html|titre=La page de David Perdue : ''Dickens's Page''|consulté le=11 novembre 2011}}.</ref>.
 
[[Fichier: FileHogarth-dickens.jpg| thumb vignette|upright=0.6|Gad's Hill Place : H. F. Chorley, [[#Enfants|Kate Perugini, Mary Dickens]], Charles Dickens, C. A. Collins et Georgina.]]
Bientôt, Catherine s'en va vivre avec son fils Charley au 70 Gloucester Crescent, dotée d'une rente de {{unité|600|£}}<ref>Robert Giddings, ''Dickens and the Great Unmentionable'', Birkbeck College, University of London, 20 march 2004, colloque ''Dickens and Sex'', University of London Institute of English Studies.</ref>. Elle n'a jamais été autorisée à remettre les pieds au domicile familial, ni à paraître devant son mari, retiré avec les autres enfants et Georgina à Gad's Hill Place, où il écrit ses œuvres dans un chalet suisse reconstitué au milieu du jardin<ref>{{lien web|url=http://www.perryweb.com/Dickens/life_ghill.shtml|titre=Gad's Hill Place|consulté le=8 novembre 2011}}.</ref>. Elle n'a pas manqué de défenseurs, entre autres [[William Makepeace Thackeray]]<ref name="Gottlieb"/>, [[Elizabeth Barrett Browning]]<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Dinah Birch|titre=The Other Dickens, A life of Catherine Hogarth by Lilian Nayder|traduction=Barnabé d'Albès|lieu=Londres|éditeur=London Review of Books|jour=3|mois=février|année=2011|volume=33 No. 3| p passage=25-28}}.</ref> ou Angela Burdett-Coutts, amie de toujours qui se sépare de Dickens<ref name="DP-15"/>.
 
La « trahison » de Georgina incite Graham Smith à sonder ses motivations : écartant l'idée qu'elle ait secrètement aimé son beau-frère autrement que d'affection, elle a dû, pense-t-il, se préoccuper des enfants, désormais « sans mère », et apprécier de vivre auprès d'un écrivain de tel renom et de profiter de la compagnie qu'il fréquente. Quant à Dickens, Graham Smith voit dans le sobriquet qu'il lui donne, « la vierge », la clef de son attitude : faisant fi des conventions, il a trouvé en elle son idéal de femme au foyer, tel qu'il le la décrit en [[David Copperfield|Agnes Wickfield]], {{citation|angélique, mais compétente à la maison}}<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=10}}.</ref>.
 
=== Un travail acharné et fécond ===
Calme ou agitée, chaque année apporte son lot de labeur et de réussite. Les Dickens changent souvent de domicile, et en 1842, à son retour d'Amérique, Charles déracine sa famille et s'en va vivre à [[Gênes]] d'où il revient au bout d'un an avec son ''Pictures from Italy''. L'année suivante, c'est en [[Suisse]], puis à [[Paris]] , qu'il passe plusieurs mois, ces absences n'allant pas sans répercussions, malentendu malentendus et brouille brouilles avec les éditeurs<ref name="DP-12">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=12}}.</ref>.
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Fichier:Charles Dickens-A Christmas Carol-Title page-First edition 1843.jpg|Page de titre de ''[[Un chant de Noël]]'', première édition.
Fichier:Angela Georgina Burdett-Coutts.jpg|[[Angela Burdett-Coutts]] déjà âgée.
Fichier:Urania Cottage.jpg|Urania Cottage, [[Shepherd's Bush]].
Fichier:Dickensjunior-1874.jpg|Charley, fils aîné de Dickens.
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[[Fichier:Charles Dickens by Antoine Claudet, 1852.png| thumb vignette| left gauche|upright=0.8|[[Daguerréotype]] d'[[Antoine Claudet]].]]
En 1850, Dickens se fait prendre en photographie pour la première fois sur un [[daguerréotype]] d'[[Antoine Claudet]] : image d'un homme respectable, solide, rasé de près, sévère de visage et élégant dans sa tenue, un portrait d'homme d'affaires ; il y paraît grand, bien qu'il ne fît mesure que 5 cinq pieds et huit pouces, soit {{unité|1.72|m}}<ref name="DP-12"/> ; une certaine solennité imprègne ses traits, qui se durciront en un vieillissement prématuré. Les deuils, indépendamment des tracas, se succèdent dans sa vie : perte de sa sœur Fanny à trente-huit ans en 1848, bientôt suivie par celles de sa petite Dora en 1850, puis de son père en 1851<ref name="DP-13">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=13}}.</ref>. C'est une époque d'introspection où il commence à écrire une [[autobiographie]], puis se confie à la première personne dans ''[[David Copperfield]]'', {{citation|de tous mes livres, celui que j'aime le plus}}, dont le décryptage ne s'est fait qu'après la parution de la biographie de [[John Forster]]<ref name="DP-13"/>.
 
Auparavant, en [[1843 en littérature|1843]], il s'est s'inscrit dans le cœur des foules avec ''[[Un chant de Noël]]'', sujet déjà abordé dans ses ''[[Esquisses de Boz]]'' et ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'', mais qui, avec Tiny Tin Tim, Ebenezer Scrooge, les Fantômes de Noël Passé, Présent et Futur, promeut sa renommée à l'universalité<ref name="DP-11">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=11}}. </ref>. 6000 exemplaires de sa première édition sont vendus en quelques jours<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Edouard Caunille|titre=Pourquoi Noël ? Anecdotes et traditions|passage=29|date=8 avril 2023|pages totales=190|isbn=9798390382295|lire en ligne=https://www.amazon.fr/Pourquoi-Noël-traditions-Edouard-CAUNILLE/dp/B0C1JB523J/ref=sr_1_1?crid=3V0VL1OFZK9SN&keywords=pourquoi+noel&qid=1688391446&sprefix=%2Caps%2C85&sr=8-1|consulté le=3 juillet 2023}}</ref>. Petit livre d'emblée proposé à la scène, restant à ce jour le plus adapté de tous<ref>John Glavin, ''Dickens on Screen'', Londres, Cambridge University Press, 2003.</ref>, il associe Noël et Dickens dans la [[conscience collective]], d'autant que, de [[1850 en littérature|1850]] à [[1867 en littérature|1867]], chaque fin d'année apporte sa nouvelle offrande<ref name="DP-11"/>.
 
De 1846 à 1858, en collaboration avec [[Angela Burdett-Coutts]] (1814-1906), il crée ''Urania Cottage'', établissement destiné à recueillir les femmes dites « perdues »<ref name="DP-12"/>, réalisation qui, au cours des douze années de sa gestion, permet à une centaine de pensionnaires de se réinsérer dans la société. Contrairement aux autres institutions de ce type fondées sur la répression, il choisit d'éduquer par la lecture, l'écriture, la gestion du foyer et surtout un métier<ref>Michael Slater, ''Charles Dickens'', Yale University Press, 2009, {{p.|169, 269}}.</ref>. Tout en les coupant de leur milieu, il entend métamorphoser {{citation|comme magiquement}} les exclues par des habitudes et des principes nouveaux<ref>Nina Auerbach, ''Woman and the Demon: the Life of a Victorian Myth'', Harvard University Press, 1982, {{p.|181}}.</ref>, expérience, écrit Jenny Hartley, qui {{citation|aura été comme écrire un roman, mais avec de vraies personnes}}<ref>Jenny Hartley, ''Charles Dickens and the House of Fallen Women'', The University of Michigan, 2010.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://samanthabvance.wordpress.com/blog-page-one/|titre=''Urania Cottage''|consulté le=6 février 2013}}.</ref>.
 
[[Fichier:Charles Dickens as Captain Bobadill.jpg| thumb vignette|upright=0.8|Dickens en capitaine Bobadill dans Ben Jonson.]]
De tous tout temps, Dickens a pris plaisir à la scène. Chez ses parents à Bentinck House, il crée une petite compagnie familiale, et au ''{{lang|en|texte=Queen's Theatre}}'' de [[Montréal]] en 1842, il aide les officiers de la garnison, ''The Goldstream Guards'', à monter un spectacle<ref name="PS167"/>. En 1845, puis dans les années 1850, rassemblant acteurs professionnels et amis, il se lance dans la mise en scène et la production, prenant même part, en capitaine Bobadill, au ''Every Man in his Humour'' de [[Ben Jonson]] au ''Royalty Theatre'', 73 [[Dean Street ]], [[Soho (Londres)|Soho]]. Décor, jeu des acteurs, accessoires, maquillage, costumes, il se plaît devant le public<ref name="DP-12"/>, sa troupe attire l'attention et est souvent demandée à Londres et en province ([[Birmingham]], [[Manchester]], [[Liverpool]]), en [[Écosse]] ([[Édimbourg]], [[Glasgow]]). En 1851, ''[[Les Joyeuses Commères de Windsor]]'' de [[William Shakespeare|Shakespeare]] s'ajoute au répertoire et une nouvelle pièce de d'[[Edward Bulwer-Lytton]], ''Not so Bad as We Seem'', est donnée devant plus de {{ formatnum: nombre|1200 |spectateurs}} spectateurs à [[Sunderland]] où, le nouveau théâtre étant réputé peu sûr, Dickens place [[Catherine Dickens|Catherine]] et [[Georgina Hogarth|Georgina]] loin de la scène<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/theater_in_sunderland.html|titre=La Page de David Perdue|consulté le=6 février 2013}}.</ref>. Chaque fois, quelques courtes [[Farce (théâtre)|farces]] sont données en ''bis '', où Dickens, changeant rapidement de costume, incarne plusieurs personnages, tout cela dans la joie et sans but lucratif, les entrées allant à des œuvres de charité, surtout la ''Guild of Literature and Art'', fondée avec Lytton pour les acteurs nécessiteux<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/theater_in_sunderland.html|titre=La page de David Perdue|consulté le=6 février 2013}}.</ref>{{,}}<ref name="DP-13"/>. Même la [[Victoria du Royaume-Uni (reine)| Reine reine Victoria]] est conquise et fait savoir au printemps de 1857 qu'elle aurait plaisir à assister à une représentation de ''[[Wilkie Collins|The Frozen Deep]]''<ref name="PS167"/>.
 
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Fichier:Bentley'smisc cover.jpg|''[[Bentley's Miscellany]]''.
Fichier:Masterclock serial cover.jpg|''[[L'Horloge de Maître Humphrey]]''.
Fichier:Householdwordsvol2.jpg|''[[Household Words]]''.
Fichier:Alltheyearround 1891.jpg|''[[All the Year Round]]''.
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1851 est l'année où Dickens acquiert Gad's Hill Place près de [[Rochester (Kent)|Rochester]], au portail de laquelle Charles et son père s'étaient arrêtés avec envie quelque trente ans auparavant. La région, {{citation|lieu de naissance de son imagination}}<ref name="DP-14">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=14}}.</ref>, devient une nouvelle source d'inspiration : [[Chatham (Kent)|Chatham]], [[Rochester (Kent)|Rochester]], les marais environnants servent de décor pour ''[[Les Grandes Espérances]]'' (1860-1861) ; Rochester est le Cloisterham du ''[[Le Mystère d'Edwin Drood|Mystère d'Edwin Drood]]'', et plusieurs essais du ''The Uncommercial Traveller'', dont « ''Dullborough Town'' » et » ''Chatham Dockyard'' », y sont également situés<ref name="DP-14"/>.
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1851 est l'année où Dickens acquiert Gad's Hill Place près de [[Rochester (Kent)|Rochester]], au portail de laquelle Charles et son père s'étaient arrêtés avec envie quelque trente ans auparavant. La région, {{citation|lieu de naissance de son imagination}}<ref name="DP-14">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=14}}.</ref>, devient une nouvelle source d'inspiration : [[Chatham (Kent)|Chatham]], [[Rochester (Kent)|Rochester]], les marais environnants servent de décor pour ''[[Les Grandes Espérances]]'' (1860-1861) ; Rochester est le Cloisterham de ''[[Le Mystère d'Edwin Drood]]'', et plusieurs essais du ''The Uncommercial Traveller'', dont « ''Dullborough Town'' » et » ''Chatham Dockyard'' », y sont également situés<ref name="DP-14"/>.
 
[[Fichier:Dailynews-cover.jpg| thumb vignette|upright=0.8|'' Daily News (Angleterre)|Daily News'' (1858).]]
Le [[journalisme]] a été l'une des activités fondatrices de Dickens : en 1845, il participe au lancement du ''[[Daily News (Angleterre)|Daily News]]'' , à vocation libérale , publié par [[Bradbury and Evans]] et dirigé par d'anciens collaborateurs, entre autres [[John Forster]] et George Hogarth, W. H. Wills, Mark Lemon et Douglas Jerrold. Bientôt, Dickens en devient brièvement le rédacteur - en - chef avec l'énorme somme rémunération annuelle de {{unité|2000|£}} annuelle, et, bonus ajouté, son propre père est placé à la tête des reporters<ref name="DP-13"/>. Alors qu'il travaille à ''[[David Copperfield]]'', il conçoit et met en œuvre ''[[Household Words]]'' et, contrairement à ses passages au ''[[Bentley's Miscellany]]'', ''[[L'Horloge de Maître Humphrey]]'' ou au ''[[Daily News (Angleterre)|Daily News]]'', il s'occupe jusqu'à sa mort de ses propres revues, ''Household Words'' changeant de titre en 1859 pour devenir ''[[All the Year Round]]''. Avec l'aide du rédacteur adjoint W. H. Wills , de [[Wilkie Collins]] qu'il rencontre en 1851 et d'autres jeunes écrivains, les années décennies 1850 et 1860 sont fertiles en événements journalistiques que Dickens relaie auprès d'un public friand de qualité, les ventes grimpant au moment de Noël à {{formatnum:100000}} pour ''Household Words'', {{formatnum:300000}} pour ''All the Year Round''. Sa passion journalistique s'est transmise à son fils aîné Charley qui, après le décès de son père, a poursuivi la rédaction et la gestion de [[All the Year Round|la revue]] jusqu'en 1888<ref name="DP-14"/>.
 
[[Fichier:Gadshillplace.jpg| thumb vignette| left gauche|upright=0.8 ||Gad's Hill Place aujourd'hui.]]
Vers la fin de sa vie, Dickens proclame la haute idée qu'il se fait de sa vocation : {{citation|Lorsque je me suis d'abord engagé en littérature en Angleterre, j'ai calmement résolu en mon for intérieur que, réussite ou échec, la littérature serait ma seule profession […] J'ai passé un contrat avec moi-même, selon quoi , à travers ma personne, la littérature se dresserait, en soi, pour soi et par soi .}}<ref>Charles Dickens, ''Speeches'', {{p.|389}}.</ref> . Si Dickens a toujours tenu, et le plus souvent avec brio, à donner cette image d'un homme dévoué au service des lettres et des lecteurs, parfois, note John Drew, lors de ses démêlés avec les éditeurs, le caractère impérieux de son tempérament a pris le pas sur sa « calme résolution » : ainsi en témoigne le dernier numéro de ''Household Words'' fondant ''All the Year Round''<ref>''[[Household Words]]'', 28 mai 1859, Pilgrim, 9, {{p.|965-966}}.</ref>, ''a contrario'' aussi éloquent que les solennelles déclarations publiques<ref name="PS167"/>.
 
=== Les douze dernières années ===
{{ loupe article détaillé|Ellen Ternan}}
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Fichier:Charles Dickens au milieu des siens.jpg|De gauche à droite : Charles Dickens Jr (Charley), Kate Dickens, Charles Dickens, [[Georgina Hogarth]], Mary Dickens, [[Wilkie Collins]].
Frozendeep cover.jpg|Couverture de ''The Frozen Deep'', la pièce de [[Wilkie Collins]].
Fichier:Frozendeep cover.jpg|Couverture de ''The Frozen Deep'', la pièce de [[Wilkie Collins]].
Charlescatherinelaterinlife.jpeg|[[Catherine Dickens|Catherine]] et Charles Dickens en 1858.
Fichier:Charlescatherinelaterinlife.jpeg|[[CatherineDickens |Catherine]] by et Watkins Charles detail.jpg|Dickens en 1858.
Fichier:Dickens by Watkins detail.jpg|Dickens en 1858.
Château d'Hardelot.JPG|Le château d'Hardelot, près duquel résident souvent Ellen et Dickens.
Fichier:Chateau d'Hardelot 01.jpg|Le château d'Hardelot, près duquel résident souvent Ellen et Dickens.
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==== Ellen Ternan ====
Le {{date|13|avril|1857}}, alors qu'elle vient d'avoir dix-huit ans, [[Ellen Ternan|Ellen (Nelly) Ternan]] est remarquée par Dickens au théâtre du [[Haymarket]]<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=599}}.</ref>. L'impression est forte au point qu'en décembre, il s'ouvre de son trouble à son amie Mrs Watson de son trouble<ref>Charles Dickens, lettre à The Hon. Mrs Watson, 7 décembre 1857, {{ lien Lien web archive| lang langue=en| url=http://web. horodatagearchive .org/web/ =20070506230629 / |url=http://koti.mbnet.fi/dickens/ellen.html|titre=Ellen Lawless Ternan|consulté le=30 novembre 2011}}.</ref>.
[[Fichier:Staplehurst rail crash.jpg| thumb vignette|upright=1.1|Déraillement de Staplehurst (''Illustrated London News''). Le La wagon voiture où voyagent Ellen, sa mère et Dickens est à droite, en suspens sur un débris du pont.]]
L'année suivante, il la recrute avec sa mère et une de ses sœurs pour interpréter au nouveau ''[[Free Trade Hall]]'' de [[Manchester]], une pièce de [[Wilkie Collins]], ''The Frozen Deep'' (« ''Les Abîmes gelés'' »), confiant les rôles les plus importants personnages à Mrs Ternan et à Maria, tandis qu'Ellen incarne le rôle personnage secondaire de Lucy Crayford<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://dickens.stanford.edu/tale/bio_context.html|titre=Discovering Dickens, '' [[Le Conte de deux cités|A Tale of Two Cities ]]''|consulté le=9 décembre 2011}}.</ref>. Ces représentations, attisant le sentiment né en 1857, vont avoir bien des répercussions chez Dickens<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://dickens.stanford.edu/archive/tale/bio_context.html|titre=''The Frozen Deep'' et ''A Tale of Two Cities''|consulté le=30 novembre 2011}}.</ref>. Subjugué par Ellen, de l'âge de [[Catherine Dickens#Enfants|sa fille Katey]]<ref>{{lien web|url=http://www.perryweb.com/Dickens/life_marry.shtml|titre=Le mariage de Charles et Catherine Dickens|consulté le=21 novembre 2011}}.</ref>, il ne l'oublie plus, lui confie certaines de ses œuvres et dirige sa carrière<ref> Lettre deCharles Dickens , Lettre à Buckstone , du 13 octobre 1857.</ref>, la logeant avec sa famille en Angleterre comme en France, où il la rejoint souvent à [[Condette]] près de [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]]<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=566}}.</ref>. À partir de 1860, a-t-il été observé, il traverse régulièrement la Manche , et , entre 1861 et 1863, n'est occupé à aucun roman d'envergure ni ne donne de nombreuses lectures<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson">{{lien web|url=http://www.billgreenwell.com/lost_lives/index.php?key_id=576|titre=Ellen Lawless Ternan|consulté le=11 novembre 2011}}.</ref>. La présence du couple en France est confirmée en juin 1865 lors de [[#L'accident de chemin de fer|l'accident de chemin de fer ]] de Staplehurst, puisque le train les ramenant de France dans un une wagon [[Voiture de chemin de fer|voiture]] de première classe en tête de convoi déraille entre Headcorn et [[Staplehurst ]] le {{date|9|juin|1865}}<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson"/>.
 
Les Des ouvriers ont enlevé seize mètres de rails, mais le convoi est parti plus tôt qu'ils ne s'y attendaient , sans qu'aucune fusée d'avertissement ait été prévue<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=O.S. Nock|titre=Historic Railway Disasters|lieu=Londres|éditeur=Ian Allan Ltd.|année=1983| p passage=15-19|isbn=0 7110 0109 X}}.</ref>. Les huit premiers premières wagons voitures basculent dans la petite rivière Beult, en contrebas d'un viaduc peu élevé et dépourvu de rambardes, et de nombreux passagers restent coincés dans les décombres. Grâce à sa taille menue, Dickens réussit à s'extirper par la fenêtre, dégage ses accompagnatrices, s'assure qu'Ellen et sa mère soient immédiatement conduites à Londres, puis se porte au secours des blessés<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson"/>.
 
Nelly a été touchée au bras gauche , qui en restera fragilisé<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson"/>. Dickens, craignant que leurs relations ne soient découvertes, insiste pour que le nom des Ternan soit supprimé des comptes-rendus de presse, et il s'abstient de témoigner lors de l'enquête officielle à laquelle il a été convoquée convoqué<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Peter R. Lewis|titre chapitre=Dickens and the Staplehurst Rail Crash|titre=The Dickensian, 104 (476)|année=2009| p passage=197}}.</ref>. L'accident se solde par dix morts et quarante blessés, dont quatorze grièvement<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=205}}, chapitre rédigé par Trey Philpotts.</ref>{{,}}<ref> ompte Compte-rendu de la réaction de Dickens : {{lien web | lang langue=en |titre=Dickens à Staplehurst|url=http://www.mytimemachine.co.uk/dickens.htm |titre=Dickens à Staplehurst|consulté le=26 novembre 2011}} et {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Peter R. Lewis |titre chapitre=Dickens and the Staplehurst Rail Crash|titre=The Dickensian, {{numéro|104}} (476) |passage=197|lieu=Londres|année=2009| p titre chapitre= 197 Dickens and the Staplehurst Rail Crash}}.</ref>. Lors de la publication de ''[[L'Ami commun]]'' en [[1865 en littérature|1865]], Dickens ajoute une postface ironique revenant sur l'accident : en effet, le manuscrit du dernier épisode est resté dans son manteau , et , au bout de trois heures, il se le rappelle soudain les feuillets, se hisse dans le la wagon voiture suspendu suspendue à l'oblique et réussit à récupérer les récupérer feuillets<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.perryweb.com/Dickens/life_stap.shtml|titre=L'accident de chemin de fer de Staplehurst|consulté le=5 décembre 2011}}.</ref>.
 
Nelly se fait quasi clandestine<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/Dickens_and_Sex_Lecture.html|titre=La page de David Perdue : Dickens et Ellen Ternan|consulté le=7 février 2013}}.</ref>, devenue une femme invisible<ref>{{lien web|url=http://www.vuu.org/sermons/gg110327.pdf|titre=Ellen Ternan Robinson|consulté le=7 février 2013}}.</ref>. Pourtant ambitieuse, vive, intelligente, très agréable en société, intellectuellement active et cultivée, sa vie s'est comme arrêtée. Pour Dickens, elle est devenue source permanente de réconfort et bonne conseillère, son art scénique et ses lectures publiques, par exemple, progressant beaucoup<ref>{{harvsp|Michael Slater|1983|p=423}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1991|p=135-141 et 147-148}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.billgreenwell.com/lost_lives/index.php?key_id=576|titre=Ellen Lawless Ternan|consulté le=7 février 2013}}.</ref>.
 
==== Qu'a été cette jeune femme pour Dickens ? ====
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Fichier:Breakhisheart.jpg|Estella, avec Miss Havisham et Pip, par H. M. Brock, dans ''[[Les Grandes Espérances]]''.
Ellen Ternan.gif|Ellen Ternan à 36 ans.
Breakhisheart Fichier:Harmon boffins wilfer-stone. jpg gif| Estella Bella Wilfer, avec Miss Havisham Harmon et Pip, les par H. M. Brock, Boffin dans ''[[ Les Grandes L'Ami Espérances commun]]''.
Fichier:At the Piano by Sir Luke Fildes. Facing page 55 for The Mystery of Edwin Drood.D55-1.jpg|Helena Landless, debout près du piano, par Sir Luke Fildes dans ''[[Le Mystère d'Edwin Drood]]''.
Harmon boffins wilfer-stone.gif|Bella Wilfer, avec Harmon et les Boffin dans ''[[L'Ami commun]]''.
At the Piano by Sir Luke Fildes. Facing page 55 for The Mystery of Edwin Drood.D55-1.jpg|Helena Landless, debout près du piano, par Sir Luke Fildes dans ''[[Le Mystère d'Edwin Drood]]''
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[[Peter Ackroyd]] écrit d'Ellen Ternan qu'{{citation|elle était volontaire et à l'occasion dominatrice […] très intelligente et, pour une femme ayant reçu pour toute éducation une enfance passée sur les planches du théâtre itinérant, remarquablement cultivée}}<ref>{{harvsp|Peter Ackroyd|1993|p=833}}.</ref>. E. D. H. Johnson note le changement qui s'opère dans l'œuvre de Dickens à partir de [[1858 en littérature|1858]], précisant par exemple que {{citation|le nom de la jeune femme a certainement influencé le choix de celui des héroïnes des trois derniers romans, [[Les Grandes Espérances|Estella]], [[L'Ami commun|Bella Wilfer]] et [[Le Mystère d'Edwin Drood|Helena Landless]]}}, au nom évocateur de Lawless, second prénom d'Ellen<ref name="Johnson p26-27">E. D. H. Johnson, ''Charles Dickens: An Introduction to His Novels'', chapitre I : « ''Dickens's Professional Career'' », Londres, Random House, 1969, {{p.|26-27}}.</ref >{{,}}<ref name="Johnson p26-27"/>{{,}}<ref name="dickens_in_love">{{lien web|url=http://nzr.mvnu.edu/faculty/trearick/english/rearick/introlit/RealEducation/dickens_in_love.htm#mary|titre=Dickens in love|consulté le=7 novembre 2011}}.</ref>, tous prénoms évoquant l'éclat (''hèlè'') de l'astre, l'étoile (''stella''), la beauté, la lumière. Leur tempérament volontaire représente, ajoute-t-il, une rupture par rapport à l'{{citation|idéal de douce sainteté}} qu'incarnent [[Dombey et Fils|Florence Dombey]], [[David Copperfield|Agnes Wickfield]], [[La Maison d'Âpre-Vent|Esther Summerson]] et [[la Petite Dorrit|Amit]]. De plus, {{citation|ses dernières œuvres explorent sans le moindre doute la passion sexuelle avec une intensité et une acuité sans précédents précédent dans son œuvre}}<ref name="Johnson p26-27"/>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/edh/1.html|titre=La carrière professionnelle de Dickens|consulté le=15 novembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref name="dickens_in_love"/>. Enfin, ''[[Le Mystère d'Edwin Drood]]'' a été inspiré par un fait-divers lié à la famille Ternan lorsqu'un des nombreux frères du père de Nelly, parti un jour en promenade, n' enest jamais revenu<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson"/>.
 
[[Fichier:Southwark areas.png| thumb vignette|upright=0.8|[[Peckham]] (en orange), district de [[District londonien de Southwark| district deSouthwark]], où Dickens a logé Ellen Ternan.]]
Que Dickens ait passionnément aimé Ellen est établi<ref>Charles Dickens, ''Letter to the Hon. Mrs. Watson'', 7 décembre 1857, ''The Letters of Charles Dickens, Edited by His Sister-in-law and His Eldest Daughter'' (Mamie Dickens and Georgina Hogarth) ''In Two Volumes'', volume I, 1833 to 1856, Londres, Chapman and Hall, 1880.</ref>, mais ce n'est qu'après la publication de ''Dickens et sa fille'' par Gladys Storey en 1939 qu'ont été connus les détails : Kate lui a confié que son père et l'actrice ont eu un fils , mort à quatre jours<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1991|p=135-141}}.</ref>, naissance attestée par l'entrée sibylline d'avril 1857 relative à Slough dans le journal de Dickens : {{citation|Arrivée et Perte}}. Il se peut qu'il y ait eu plusieurs grossesses, et Nelly aurait fait allusion à {{citation|la perte d'un enfant}}<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson"/>. Gladys Storey ne corrobore pas ces dires, mais , à son décès en 1978, divers documents ont été déposés au [[musée Charles Dickens]]<ref>{{harvsp|Michael Slater|1983|p=378}}.</ref>, où , répertoriés et analysés, ils confirment, selon Claire Tomalin, les faits révélés. Le couple a vécu à [[Slough]], Dickens se s'y faisant passer pour « {{lang|en|texte=Mr}} John Tringham of Slough » ou encore « {{lang|en|texte=Mr}} Turnan »<ref>Andrew Gasson, {{lien web|url=http://www.wilkie-collins.info/wilkie_collins_dickens.htm|titre=Wilkie Collins and Charles Dickens|consulté le=15 novembre 2011}}.</ref>, à ''Windsor Lodge'', [[Peckham]] , avec , là aussi , des noms d'emprunt<ref name="CT271">{{harvsp|Claire Tomalin|1991|p=271-273}}.</ref>, et en France près du [[ Château château d'Hardelot]]<ref>{{lien web|url=http://www.chateau-hardelot.fr/Le-Lieu/Autour-de-Charles-Dickens|titre=Dickens en France|consulté le=30 novembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|auteur=Robert Gottlieb|url=http://www.nybooks.com/articles/archives/2010/jun/10/who-was-charles-dickens|titre=''Who Was Charles Dickens?''|année=Juin 2010|site=The New York Review of Books|consulté le=21 novembre 2011}}.</ref>. Michael Slater note que le romancier a acheté pour Nelly une vaste demeure à Ampthill Square, St. Pancras, où elle a vécu de 1859 à 1862<ref>{{harvsp|Michael Slater|1983|p=423 | ,note = 27}}.</ref>, ce que corrobore aussi Claire Tomalin<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1991|p=135-41 et 147-8}}.</ref>{{,}}<ref name="Lost Lives: Ellen Lawless Robinson"/>. Pendant toutes ces années, Ellen s'emploie à {{citation|se servir de ses cellules grises pour se cultiver}}, comme l'a confié Kate Perugini à Gladys Storey<ref>{{harvsp|Gladys Storey|1939|p=94}}.</ref>. Lors de leurs séparations, leur correspondance transite par W. H. Wills, ami proche de Dickens, journaliste de ''[[Household Words]]'' et ''[[All the Year Round]]'', par exemple pendant la tournée américaine de 1867-1868<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=567}}.</ref>.
 
Il n'est pas certain qu'Ellen Ternan ait volontiers accepté l'intimité d'un homme au-delà de l'âge d'être son père. Sa fille Gladys rapporte qu'elle parlait de Dickens en termes élogieux<ref>{{harvsp|Peter Ackroyd|1993|p=480}} ).</ref>, mais le biographe Thomas Wright la décrit comme regrettant amèrement sa liaison, {{citation|commencée alors qu'elle était jeune et sans le sou […] s'accablant de reproches et s'éloignant de plus en plus de lui}}<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=56}}.</ref>. D'après E. D. H. Johnson, elle se serait longtemps refusée<ref>{{harvsp|E. D. H. Johnson|1969|p=251}}.</ref>. {{citation|Ellen, ajoute Thomas Wright, si elle a cédé […], semble l'avoir fait sans chaleur et avec un sentiment chagriné de culpabilité}}<ref>{{harvsp|Thomas Wright|1935|p=67}}.</ref>. Il s'en remet au chanoine William Benham de Margate<ref>Lloyd Shearer, ''The Secret Love of Charles Dickens'', ''The Palm Beach Post'', 22 mai 1970, {{p.|6-8}}, {{lien web| lang langue=en|url= http https://news.google.com/newspapers?nid=1964&dat=19700522&id=jH0yAAAAIBAJ&sjid=-bUFAAAAIBAJ&pg=5254,3322834|titre=Les amours secrètes de Charles Dickens|consulté le=8 décembre 2011}}.</ref> à qui elle se confiait<ref>Mrs Wright, ''Notes and Queries'', CLXXX, 111, 14 août 1943.</ref> : {{citation|Je le tiens […] de sa propre bouche, écrit-il, elle répugnait à la seule pensée de cette intimité}}<ref group="N">Canon William Benham (1831-1910), « ''Rector of St. Edmund the King, Lombard Street, and Honorary Canon of Canterbury'' ».</ref>{{,}}<ref>Robert Gotlieb, « ''Who was Charles Dickens'' », ''The New York Review of Books'', 10 juin 2010, {{lien web | lang langue=en |titre=Compte-rendu de lecture de Robert Gotlieb|url=http://www.nybooks.com/articles/archives/2010/jun/10/who-was-charles-dickens/ |titre=Compte-rendu de lecture de Robert Gotlieb|consulté le=3 janvier 2012}}.</ref>. Au temps de cette confidence, Ellen, devenue Mrs Robinson de [[Southsea]], [[Hampshire (comté)|Hampshire]], était retirée dans une petite ville de province, veuve des plus respectables<ref>Stefan Dickers, ''Ternan Family Papers'', (MS 915), ©Senate House Library, University of London, avril 2005, {{p.|2-4}}.</ref>. Lorsque Georgina a appris que Thomas Wright rassemblait des documents, elle s'est montrée très soucieuse que certains détails « de nature privée » ne fussent pas publiés à l'encontre de son beau-frère, à quoi il lui a été répondu qu'{{citation|il eût été cruel, en effet, de les révéler si prématurément}} ; de fait, la biographie n'a paru qu'en [[1935 en littérature|1935]]<ref>{{harvsp|Thomas Wright|1935|p=383}}.</ref>.
 
=== Les lectures publiques ===
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Fichier:Charles Dickens, public reading, 1867.jpg|Dickens interprétant ses œuvres en 1857, par Charles A. Barry (1830-1892).
Reading tour 1858 large.jpg|La tournée en Grande-Bretagne et en Irlande de 1858.
Fichier:1867-68 american reading tour map.jpg|La tournée américaine de 1867-1868.
Charles Dickens, public reading, 1867.jpg|Dickens interprétant ses œuvres en 1857, par Charles A. Barry (1830-1892).
Fichier:Buying tickets for a Charles Dickens reading at Steinway Hall, New York, New York, 1867.jpg|[[Boston]], achat des billets pour écouter Dickens.
1867-68 american reading tour map.jpg|La tournée américaine de 1867-1868.
Charles Dickens Readings at Steinway Hall, Boston, Mass., 1867.jpg|[[Boston]], achat des billets pour écouter Dickens.
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La passion de Dickens pour la scène, la popularité dont il jouit, l'incitent à entreprendre des lectures publiques de ses œuvres. Il commence, lors de manifestations caritatives, par se produire devant de petits groupes d'amis, puis s'essaie à des auditoires plus vastes. À partir de 1858, le succès est tel qu'il entreprend d'en tirer profit et, jusqu'à la fin de sa vie, ces récitals constituent une part majeure de ses activités<ref name="DP-15">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=15}}.</ref>. D'après un témoin de l'époque, {{citation|sa lecture n'est pas seulement aussi bonne qu'une pièce, elle est meilleure que la plupart d'entre elles, car sa performance d'acteur atteint les sommets}}<ref>Philip Collins, éd., ''Dickens, The Critical Heritage'', Londres, Routledge and Kegan Paul, 1971, {{p.|XVII}}.</ref>. Entre avril 1858 et février 1859, il donne cent-huit représentations, ce qui lui rapporte {{unité|1025|£}}, c'est-à-dire presque la moitié de ses gains littéraires qui ne dépassent pas {{unité|3000|£}} par an<ref name="DP-15"/>. Au-delà de l'aspect financier, cependant, la passion qui l'habite lorsqu'il est devant un auditoire est telle qu'elle devient quasi obsessionnelle, qu'il entre comme en transe et que la salle est transportée d'enthousiasme, Dickens, selon les témoins, la tenant sous son charme, exerçant une puissante fascination. Il sillonne l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande, et plus ses tournées se prolongent, plus grandit le nombre des auditeurs<ref name="DP-15"/>. Ses lettres sont gonflées de fierté, et George Dolby, devenu son agent, écrit qu'{{citation|en dehors des bénéfices financiers, le plaisir qu'il ressent dépasse l'ordre des mots}}<ref>George Dolby, ''Charles Dickens as I Knew Him: The Story of the Reading Tours in Great-Britain and America, 1866-1870'', Londres, Everett, 1912, {{p.|451}}.</ref>. Les témoins sont unanimes pour rendre hommage à cette maîtrise, au talent de lecteur, au génie de la déclamation : hypnotisme, charme, sens aigu de la mise en scène, tels sont les mots relevés, et le geste accompagne la parole, le suspense se voit savamment ménagé, les effets de voix restent saisissants<ref name="Matt Shinn on Charles Dickens's stage performances | Stage | The Guardian">{{lien web|url=http://www.guardian.co.uk/stage/2004/jan/31/theatre.classics|titre=Les lectures publiques de Dickens|consulté le=7 février 2013}}.</ref>. Même [[Mark Twain]], au départ sceptique et irrité de {{citation|l'emphase ''très anglaise'' du personnage}}, cède à ce qu'il appelle {{citation|la splendide mécanique. J'avais presque l'impression que je voyais les roues et les poulies à l'œuvre}}<ref>Matt Shinn, ''The Guardian'', samedi 31 janvier 2004.</ref>. [[Birmingham]], [[Sunderland]], [[Édimbourg]], ses élans de bonheur à tant de gloire se succèdent : {{citation|J'ai vraiment beaucoup de succès}} ; {{citation|Je n'ai jamais contemplé d'auditoire sous un tel charme}} ; {{citation|Le triomphe que j'y ai reçu dépasse tout ce que j'ai connu. La cité a été prise d'assaut et emportée}}{{etc.}}<ref>{{harvsp|Charles Dickens (Lettres)|1965-2002|p=VIII, 640-660}}.</ref>. À Belfast, on l'arrête dans la rue, le couvre de fleurs, ramasse les pétales qu'il a touchés ; les hommes pleurent, autant et même plus que les femmes<ref>{{harvsp|Charles Dickens (Lettres)|1965-2002|p=VIII, 643}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=15-16}}.</ref>.
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La passion de Dickens pour la scène, la popularité dont il jouit, l'incitent à entreprendre des lectures publiques de ses œuvres. Il commence, lors de manifestations caritatives, par se produire devant de petits groupes d'amis, puis s'essaie à des auditoires plus vastes. À partir de 1858, le succès est tel qu'il entreprend d'en tirer profit et, jusqu'à la fin de sa vie, ces récitals constituent une part majeure de ses activités<ref name="DP-15">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=15}}.</ref>. D'après un témoin de l'époque, {{citation|sa lecture n'est pas seulement aussi bonne qu'une pièce, elle est meilleure que la plupart d'entre elles, car sa performance d'acteur atteint les sommets}}<ref>Philip Collins, éd., ''Dickens, The Critical Heritage'', Londres, Routledge and Kegan Paul, 1971, {{p.|xvii}}.</ref>. Entre avril 1858 et février 1859, il donne cent-huit représentations, ce qui lui rapporte {{unité|1025|£}}, c'est-à-dire presque la moitié de ses gains littéraires qui ne dépassent pas {{unité|3000|£}} par an<ref name="DP-15"/>. Au-delà de l'aspect financier, cependant, la passion qui l'habite lorsqu'il est devant un auditoire est telle qu'elle devient quasi obsessionnelle, qu'il entre comme en transe et que la salle est transportée d'enthousiasme, Dickens, selon les témoins, la tenant sous son charme, exerçant une puissante fascination. Il sillonne l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande, et plus ses tournées se prolongent, plus grandit le nombre des auditeurs<ref name="DP-15"/>. Ses lettres sont gonflées de fierté, et George Dolby, devenu son agent, écrit qu'{{citation|en dehors des bénéfices financiers, le plaisir qu'il ressent dépasse l'ordre des mots}}<ref>George Dolby, ''Charles Dickens as I Knew Him: The Story of the Reading Tours in Great-Britain and America, 1866-1870'', Londres, Everett, 1912, {{p.|451}}.</ref>. Les témoins sont unanimes pour rendre hommage à cette maîtrise, au talent de lecteur, au génie de la déclamation : hypnotisme, charme, sens aigu de la mise en scène, tels sont les mots relevés, et le geste accompagne la parole, le suspens se voit savamment ménagé, les effets de voix restent saisissants<ref name="Matt Shinn on Charles Dickens's stage performances | Stage | The Guardian">{{lien web|url=http://www.guardian.co.uk/stage/2004/jan/31/theatre.classics|titre=Les lectures publiques de Dickens|consulté le=7 février 2013}}.</ref>. Même [[Mark Twain]], au départ sceptique et irrité de {{citation|l'emphase ''très anglaise'' du personnage}}, cède à ce qu'il appelle {{citation|la splendide mécanique. J'avais presque l'impression que je voyais les roues et les poulies à l'œuvre}}<ref>Matt Shinn, ''The Guardian'', samedi 31 janvier 2004.</ref>. [[Birmingham]], [[Sunderland]], [[Édimbourg]], ses élans de bonheur à tant de gloire se succèdent : {{citation|J'ai vraiment beaucoup de succès}} ; {{citation|Je n'ai jamais contemplé d'auditoire sous un tel charme}} ; {{citation|Le triomphe que j'y ai reçu dépasse tout ce que j'ai connu. La cité a été prise d'assaut et emportée}}{{etc}}<ref>{{harvsp|Charles Dickens (Lettres)|1965-2002|p=VIII, 640-660}}.</ref>. À Belfast, on l'arrête dans la rue, le couvre de fleurs, ramasse les pétales qu'il a touchés ; les hommes pleurent, autant et même plus que les femmes<ref>{{harvsp|Charles Dickens (Lettres)|1965-2002|p=VIII, 643}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=15-16}}.</ref>.
 
[[Fichier:Farewellreadings program.jpg| thumb vignette|La tournée d'adieu (programme de 1869).]]
À la fin des années 1860, parents et amis s'inquiètent de la fatigue qui s'abat sur Dickens lors de ses tournées qui, comme tout ce qu'il entreprend, se passent dans un comble d'excitation. Son rendu du meurtre de Nancy par Sikes dans ''[[Oliver Twist]]'', en particulier, qui mesmérise le public, le laisse pantelant d'épuisement, et son fils Charley le met en garde : {{citation|Je n'ai jamais rien entendu de plus beau, mais ne le faites plus .}}<ref name="Matt Shinn on Charles Dickens's stage performances | Stage | The Guardian"/> . À cela s'ajoute le traumatisme de devoir prendre le train, ce qui, depuis l'accident de Staplehurst, lui est de plus en plus pénible. Son médecin personnel, le docteur Francis Carr Beard, dont les notes signalent des emballements cardiaques alarmants, surtout pendant la scène d{{'}}''Oliver Twist'', finit par lui interdire ces récitals. Dickens passe outre, part pour une nouvelle tournée américaine en 1867, et une autre en octobre 1868 sur les routes anglaises. Il en revient à bout de forces après soixante-quatorze représentations sur les cent prévues. Désormais, dans la quiétude de Gad's Hill Place, souvent avec [[Ellen Ternan]], il se consacre à son [[Le Mystère d'Edwin Drood|dernier roman]] et trouve quelque repos. En bonne vedette qu'il est, cependant, et contre l'avis de tous, il insère dans son emploi du temps douze récitals d'adieu à Londres fin 1869 et les derniers de janvier à mars 1870<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=16}}.</ref>. Trois mois plus tard, le {{date|9|juin|1870}}, il était meurt mort et, étrange coïncidence, cinq ans jour pour jour, après la {{Lien|langue=en|trad=Staplehurst rail crash|fr=catastrophe ferroviaire de Staplehurst}}, qui l'a tant marqué<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.charlesdickenstarot.com/the-tower-xvi-staplehurst|titre=The Tower XVI Staplehurst|sous-titre=Roman à clef: Charles Dickens; Ellen Ternan; Frances Ternan|site=charlesdickenstarot.com|consulté le=2 décembre 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="Matt Shinn on Charles Dickens's stage performances | Stage | The Guardian"/>.
 
=== L'ultime Dickens ===
==== Les deux derniers romans ====
[[Fichier:Charles Dickens with his two daughters by Mason & Co (Robert Hindry Mason).jpg| thumb vignette| left gauche|upright=0.8|Dickens et ses deux filles.]]
Le quatorzième roman de Dickens, et le dernier à avoir été achevé, ''[[L'Ami commun]]'', paraît de mai 1864 à novembre 1865. Il présente une vue panoramique de la société anglaise vouée à la superficialité urbaine et l'avidité destructrice, dont la [[Tamise]], décor, actrice et surtout symbole, charrie les corps-rebuts que se disputent des vautours humains<ref>{{harvsp|Paul Davis|1999|p=291}}.</ref>. Quant au ''[[Le Mystère d'Edwin Drood|Mystère d'Edwin Drood]]'', resté incomplet, il serait la culmination des thèmes et des motifs explorés tout au long de l'œuvre<ref>{{harvsp|Paul Davis|1999|p=251}}.</ref>. Certains critiques, Edmund Wilson par exemple, voient dans son héros, Jasper, un auto-portait autoportrait, homme divisé, à la fois du monde et de l'imaginaire, socialement familier mais étranger menaçant<ref>{{harvsp|Edmund Wilson|1941|p= xxx XXX}}.</ref>. Si tel est le cas, le personnage disparu, Edwin, serait vraisemblablement revenu, ce retour symbolisant « la résurrection et la vie », comme [[Le Conte de deux cités|le sacrifice de Carton]]<ref>{{harvsp|Paul Davis|1999|p=254}}.</ref>.
 
====La mort de Dickens====
==== La mort de Dickens ====
Il existe un doute sur les circonstances exactes de la mort de Dickens. La critique n'a pas encore tranché, mais semble pencher vers la version de [[John Forster]].
 
===== La version officielle =====
[[Georgina Hogarth|Georgina]] est à Gad's Hill Place le 8 juin 1870 lorsque, après avoir travaillé dans son chalet, Dickens la rejoint à {{nombre|18 |heures }} pour le dîner, les traits défaits<ref name="mortD"/>. Elle lui demande s'il se sent mal : {{citation|Oui, répond-il, très mal depuis une heure .}} . Elle veut appeler un médecin, à quoi il répond ''No'' (non), et s'effondre. Georgina se précipite en disant : {{citation|Venez vous allonger}}<ref>{{harvsp|Arthur A. Adrian|1971|p=136}}.</ref> ; {{citation|Oui, sur le sol}}<ref name="mortD">{{lien web| lang langue=en|url=http://www.dickens.jp/archive/general/g-terauchi-4.pdf|titre=La mort de Dickens|consulté le=25 janvier 2012}}.</ref>, murmure-t-il avant de perdre connaissance. Georgina appelle le médecin local, puis Mamie, Katey et Charley , qui la rejoignent. Elle envoie peut-être aussi chercher [[Ellen Ternan]]<ref name="Schlicke p277"/>. Telle est la version racontée par [[John Forster]], qui déclare la tenir de la bouche de Georgina<ref>{{harvsp|John Forster|1872-1874|p=XXX}}.</ref>.
===== La version officieuse =====
Il en existe une autre, qui lui donne un rôle tout différent : Dickens n'est pas pris de malaise chez lui, mais à Winsdor Lodge, [[Peckham]], où réside [[Ellen Ternan]]. Ellen le transporte mourant, voire mort, en calèche jusqu'à ''Gad's Hill Place'' distant de {{unité|24|milles}}, où il est tiré près de la table afin que soit simulée la scène racontée par Forster<ref> {{en}}{{lien web |langue=en|url=http://scandalouswoman.blogspot.fr/2007/12/invisible-woman-life-of-ellen-ternan.html|titre=La mort mystérieuse de Charles Dickens|consulté le=22 juillet 2012}}.</ref>.
 
Pour étayer cette version des faits, le témoignage le plus important, d'après David Parker, conservateur du [[musée Charles Dickens]], est celui d'un certain Mr J. C. Leeson, dont le grand-père, le révérend J. Chetwode Postans, est nommé en 1872 pasteur de l'église ''Linden Grove Congregational Church'' située en face de Windsor Lodge<ref name="hypothèse"> {{en}}{{lien web |langue=en|url=http://www.thefreelibrary.com/Dickens%27s+death%3A+the+Peckham+conjecture.-a0186900832|titre=L'hypothèse de Peckham|consulté le=18 juillet 2012}}.</ref>. Le gardien de l'église, en poste avant lui, lui aurait mystérieusement confié que {{citation|Dickens n'est pas mort à Gad's Hill}}, dires dont la portée n'apparaît que lorsqu'est connue la véritable histoire de la liaison de Dickens et la raison de ses fréquentes visites à Peckham<ref name="CT271"/>. L'acteur [[Felix Aylmer]], alors en relation avec Mr Leeson, rassemble les données, puis publie peu après son ''Dickens Incognito'', paru en 1959, mais sans s'y référer et en gardant la version de Forster. David Parker attribue cette attitude non pas au fait qu'Aylmer a pu avoir des doutes, mais parce qu'il ne veut pas prendre le risque de faire scandale : d'un côté, il ne s'y sent pas autorisé intellectuellement ; de l'autre, il a peur que cela nuise à sa carrière tant est « sacré » tout ce qui touche à Dickens. Quoi qu'il en soit, les documents en sa possession ayant été remis au musée Charles Dickens par sa sœur après sa mort en 1979, {{citation|le dossier relatif à Peckham peut, sur ma recommandation en tant que conservateur, précise David Parker, être analysé par les chercheurs}}<ref name="hypothèse"/>.
 
===== Conclusions en l'état =====
[[Fichier:Poets corner.jpg| thumb vignette|Le coin des poètes.]]
Si cette hypothèse se vérifiait, Georgina Hogarth serait complice d'une mystification : à la mort de Dickens, n'écoutant que sa loyauté, elle aurait participé au dernier acte d'un camouflage persistant depuis 1858, date de la rencontre avec la jeune actrice, soit une douzaine d'années. Pourtant, Claire Tomalin se garde de prendre parti<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1991|p=271-283}}.</ref>, et David Parker, jugeant qu'elle n'a pas tort, trouve bien des raisons de discréditer l'hypothèse de Peckam : piètre fiabilité des témoins, impossibilités pratiques, rôle des domestiques, et surtout témoignage du médecin, le docteur Stephen Steele, impartial, assure-t-il, puisqu'il n'est pas le médecin personnel de Dickens, et qui confirme l'avoir trouvé inconscient sur le sol vers {{heure|18|30}}<ref>{{lien web|url=http://www.thefreelibrary.com/Dickens%27s+death%3A+the+Peckham+conjecture.-a0186900832|titre=L'hypothèse de Peckham|consulté le=7 février 2013}}.</ref>.
 
En définitive, l'état actuel des recherches rendrait à Georgina Hogarth la véracité de sa version des faits, telle qu'elle l'a livrée à [[John Forster]].
 
==== Le coin Coin des poètes ====
En conclusion de son article sur la vie publique de Dickens, John Drew écrit que, par une ultime ironie, son dernier effort pour dominer le destin s'est trouvé contrarié. L'immense popularité qu'il a tant chérie n'a pas voulu que sa dépouille fût inhumée, comme il le souhaitait, {{citation|sans frais, sans ostentation et strictement en privé dans le petit cimetière jouxtant le mur du château de Rochester}}<ref>{{harvsp|John Forster|1872-1874| ch loc= {{chap.|12 }}|p=3}}.</ref>. En grande pompe, la nation lui a offert une tombe dans le [[Coin des poètes]] de l'[[abbaye de Westminster]], et tout entière a pris le deuil<ref name="PS-169">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=169}}.</ref>.
 
==== Vente de sa bibliothèque ====
 
En 1878, Henry Sotheran & Co achètent la bibliothèque de Charles Dickens de Gad's Hill Place (contenant {{nb|1020 ouvrages }}) et la mettent en vente dans leur catalogue des 30 novembre et 31 décembre 1878<ref>{{Lien web |titre=Edgar Allan Poe. Dickens personal copy of Poe's Poetical Works |url=https://www.sothebys.com/en/buy/auction/2020/fine-books-and-manuscripts-including-americana/dickens-charles-edgar-allan-poe-dickens-personal |site=sothebys.com |date= }}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=English|auteur1=|nom1=Henry Sotheran (Firm)|titre=Catalogue of the library of Charles Dickens, comprehending his entire library as existing at his decease|éditeur=|date=1878.|isbn=|lire en ligne=}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=English|auteur1=|prénom1=John Harrison|nom1=Stonehouse|titre=Catalogue of the library of Charles Dickens from Gadshill|éditeur=Piccadilly fountain Press|date=1935.|isbn=|lire en ligne=|consulté le=2021-01-10|commentaire=Ce catalogue a été imprimé à 275 exemplaires (dont 25 hors commerce).}}</ref>{{,}}<ref group="N">Les ouvrages vendus portent généralement un ex-libris représentant un lion tenant une croix en tirant la langue et la mention : {{citation|From the Library of CHARLES DICKENS, Gadshill Place, June, 1870.}}, comme {{Lien|langue=en|fr=Robert Katz}} l'évoque dans la revue ''Dickens Quarterly'' du {{date-|1|juin|1989}} ({{nobr|Vol. 6}}, {{n°|2}}, {{p.|66-68}}).</ref>.
 
== Dickens, le réformateur ? ==
[[Fichier: TheGordon Riots - Project by Gutenberg John eText Seymour 19609 Lucas.jpg| thumb vignette|upright=1.2|[[Gordon Riots|Les émeutes de Gordon]].]]
Selon Hugh Cunningham, il devient difficile de considérer Dickens comme un réformateur, bien que telle a été sa réputation de son vivant et longtemps après sa mort. Non qu'il n'ait pourfendu les maux de la société, mais sans leur opposer de système cohérent, ses réponses aux problèmes soulevés restant marquées au coin par sa foi en la capacité de l'être humain à accéder à la bonté<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=159}}.</ref>. À l'aune de son œuvre, la mutation qu'a connue la [[Grande-Bretagne]] au {{s-|XIX |e}} se mesure par le passage de la diligence au chemin de fer, de la campagne à la ville, du monde rural à celui des usines. Trois hommes l'ayant influencé ont compris et analysé ce bouleversement , : [[Adam Smith]] qui prône le laisser-faire, [[Thomas Malthus]] qui recommande le contrôle des naissances, et [[Jeremy Bentham]], partisan du plus grand bonheur pour le plus grand nombre par l'intervention du pouvoir politique. Instinctivement, Dickens s'est retourné contre les deux premiers, en particulier dans ''[[Les Temps difficiles]]'', où les cadets de Thomas Gradgrind portent dérisoirement leurs noms , et, dans le même roman, a activement stigmatisé les dérives engendrées par la stricte application des théories du troisième<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=160}}.</ref>. Dans ''[[Barnaby Rudge]]'', Dickens dénonce la férocité aveugle de la foule qu'il a prise en horreur depuis l'agitation [[Chartisme|chartiste]] du [[Pays de Galles]] en 1842. Pourtant, sa méfiance envers ce mouvement est d'origine théorique : alors que le Chartisme [[chartisme]] présuppose la bonté naturelle de l'homme, lui est convaincu que , si bonté il y a, elle est le fruit d'un fragile processus de civilisation. Pour le préserver, il convient que les autorités ne cèdent à aucune clémence envers les fauteurs de trouble. D'où son admiration pour la police, les détectives privés, les organismes chargés du respect de la loi<ref>Myron Magnet, ''Dickens and the Social Order '', Wilmington D. I., ISI Books, 2004.</ref>.
 
=== Une mise en cause plus littéraire que politique ===
[[Fichier: Microcosm of London Plate 096 -Workroom at St James Workhouse.jpg| thumb vignette|upright=1.1| left gauche|L'atelier de l'hospice St. James vers 1808.]]
Cela dit, il s'attaque à certaines institutions qu'il considère comme des fléaux sociaux, par exemple la [[New Poor Law| Loi loi sur les pauvres]] de 1834, modifiant l'[[Poor Laws|ancienne loi d'assistance aux indigents]] datant de l'[[ Élisabeth Ère Ire d'Angleterre élisabéthaine|époque élisabéthaine]]. Cette nouvelle loi, faisant suite à [[Reform Act 1832|celle de 1832]], mettait fin à l'assistance à domicile aux indigents, considérée comme trop onéreuse, et instituait leur enfermement en [[workhouse|hospices]]. Dans ''[[Oliver Twist]]'', le petit Oliver est confié à l'une de ces institutions, et Dickens en dénonce la gouvernance, en particulier l'autorité dont s'investissent de petits clercs suffisants et ignorants, tel le bedeau Mr Bumble, responsable du malheur des résidents. Plus tard, dans ''[[La Petite Dorrit]]'', il stigmatise l'institution pénitentiaire qui, entre autres, maltraite un vieillard malingre, Nandy, doux joueur de flûte parqué avec dix-neuf congénères de son âge dans la puanteur d'un trou<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=164}}.</ref>. L'action de Dickens, écrit Hugh Cunningham, est restée littéraire ; il n'a pas activement milité pour changer les choses qui ont perduré longtemps après sa mort, jusqu'en 1894<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=165}}.</ref>.
 
Sensible à la condition ouvrière, il visite des usines dans le [[Lancashire]] dès 1838 , et ce qu'il y voit le remplit d'étonnement et de dégoût<ref name="DP-166">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=166}}.</ref>. Il entend, écrit-il alors, « frapper un grand coup »<ref>Charles Dickens, Lettres, livre I, {{p.|483-484}}.</ref>, qui, commente Hugh Cunningham, {{citation|n'est jamais venu, même dans ''Les Temps difficiles''}}<ref name="DP-166"/>. L {{' }}''[[Revue d'Édimbourg|Edinburgh Review]]'' lui demande un article qui reste dans les limbes ; il se contente, quatre ans plus tard, d'envoyer au ''[[Morning Chronicle]]'' une lettre passionnée contre la [[Chambre des Lords lords]] à propos d'un amendement qu'il réprouve<ref>Charles Dickens, Lettres, lettre au ''Morning Chronicle'', 20 octobre 1842.</ref>. Vers le milieu des années 1850, il publie de nombreux articles dans ''[[Household Words]]'' sur les accidents du travail, blâmant les patrons et les magistrats qui {{citation|se mettent en quatre pour les comprendre}}<ref name="DP-166"/>. Pour autant, alors qu'il est très sensible au travail des enfants, aucun de ceux qu'il met en scène dans ses livres ne travaille en usine : seul [[David Copperfield]] est employé à coller des étiquettes, tâche sans commune mesure avec l'esclavage des mines ou des manufactures de textile et de métallurgie ; quant au petit Joe, à jamais balayant le même carrefour dans ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'', il se meurt plus d'ennui et de faim que de la dureté du labeur<ref name="DP-166"/>.
 
Dickens s'est peu préoccupé de l'accès à l'éducation pour tous et du contenu des programmes, questions agitant la [[Grande-Bretagne]] au cours des décennies 1830 et 1840 et jamais vraiment résolues, le rôle dévolu à l'État l'intéressant moins que l'éthique et la pédagogie des établissements<ref name="DP-168">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=168}}.</ref>. Dans son œuvre, les mauvais maîtres sont légion, du brutal [[Nicholas Nickleby|Wackford Squeers]] que rosse le jeune Nicholas Nickleby et [[Les Temps difficiles|{{lang|en|Mr}} M'Choakumchild]] obnubilé par le « fait », jusqu'au plus titré et socialement respecté de tous, [[L'Ami commun|Bradley Headstone]], qui ravage les jeunes esprits par les insuffisances de son caractère et en arrive au meurtre pour satisfaire son ego<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/char_h-k.html#H|titre=La page de David Perdue : personnages|consulté le=13 février 2013}}.</ref>. Pourtant, il est convaincu que l'éducation est primordiale dans la lutte contre le crime. Plaçant beaucoup d'espoir dans les ''{{lang|en|Ragged Schools}}'', destinées depuis 1818, à l'initiative du cordonnier John Pounds de Portsmouth, à éduquer les enfants défavorisés, il en visite une en 1843, la ''{{lang|en|Field Lane Ragged School}}'', et est consterné par ce qu'il y voit. Il entreprend alors d'œuvrer pour une réforme de ces établissements<ref>{{lien web|url=http://www.fieldlane.org.uk/heritage.php|titre=Histoire de la ''Field Lane Ragged School''|consulté le=13 février 2013}}.</ref>, plaide en vain auprès du gouvernement pour une augmentation des crédits, donne lui-même des fonds<ref>{{lien web|url=http://www.maybole.org/history/articles/raggedschoolscharlesdickens.htm|titre=Charles Dickens et les ''Ragged Schools''|consulté le=13 février 2013}}.</ref> et rédige ''[[Un chant de Noël]]'', au départ pamphlet sur la condition des enfants pauvres, puis récit dramatique qu'il juge plus percutant. En effet, son but est d'inciter le gouvernement à changer la loi, faute de quoi, laisse-t-il entendre, l'ignorance et le besoin condamnent les nantis à devenir des « [[Un chant de Noël|Scrooge]] » desséchés, s'autorisant de leur richesse et de leur rang pour mépriser les malheureux plutôt que de leur venir en aide<ref>Michael Slater, ''Charles Dickens, The Christmas Books'', New York, Penguin 1971, {{p.|XIV}}.</ref>.
[[Fichier:Field lane 1840s.jpg|thumb|upright=0.8|Field Lane dans les années 1840.]]
Dickens s'est peu préoccupé de l'accès à l'éducation pour tous et du contenu des programmes, questions agitant la [[Grande-Bretagne]] au cours des décennies 1830 et 1840 et jamais vraiment résolues, le rôle dévolu à l'État l'intéressant moins que l'éthique et la pédagogie des établissements<ref name="DP-168">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=168}}.</ref>. Dans son œuvre, les mauvais maîtres sont légion, du brutal [[Nicholas Nickleby|Wackford Squeers]] que rosse le jeune Nicholas Nickleby et [[Les Temps difficiles|{{lang|en|Mr}} M'Choakumchild]] obnubilé par le « fait », jusqu'au plus titré et socialement respecté de tous, [[L'Ami commun|Bradley Headstone]], qui ravage les jeunes esprits par les insuffisances de son caractère et en arrive au meurtre pour satisfaire son ego<ref>{{lien web|url=http://charlesdickenspage.com/char_h-k.html#H|titre=La page de David Perdue : personnages|consulté le=13 février 2013}}.</ref>. Pourtant, il est convaincu que l'éducation est primordiale dans la lutte contre le crime. Plaçant beaucoup d'espoir dans les ''{{lang|en|Ragged Schools}}'', destinées depuis 1818, à l'initiative du cordonnier John Pounds de Portsmouth, à éduquer les enfants défavorisés, il en visite une en 1843, la ''{{lang|en|Field Lane Ragged School}}'', et est consterné par ce qu'il y voit. Il entreprend alors d'œuvrer pour une réforme de ces établissements<ref>{{lien web|url=http://www.fieldlane.org.uk/heritage.php|titre=Histoire de la ''Field Lane Ragged School''|consulté le=13 février 2013}}.</ref>, plaide en vain auprès du gouvernement pour une augmentation des crédits, donne lui-même des fonds<ref>{{lien web|url=http://www.maybole.org/history/articles/raggedschoolscharlesdickens.htm|titre=Charles Dickens et les ''Ragged Schools''|consulté le=13 février 2013}}.</ref> et rédige ''[[Un chant de Noël]]'', au départ pamphlet sur la condition des enfants pauvres, puis récit dramatique qu'il juge plus percutant. En effet, son but est d'inciter le gouvernement à changer la loi, faute de quoi, laisse-t-il entendre, l'ignorance et le besoin condamnent les nantis à devenir des « [[Un chant de Noël|Scrooge]] » desséchés, s'autorisant de leur richesse et de leur rang pour mépriser les malheureux plutôt que de leur venir en aide<ref>Michael Slater, ''Charles Dickens, The Christmas Books'', New York, Penguin 1971, {{p.|xiv}}.</ref>.
 
Peu à peu, cependant, il en vient à penser que la source des maux sociaux est à trouver dans les conditions d'habitat et d'hygiène réservées aux familles pauvres<ref name="DP-168"/>. En 1851, il déclare à la ''Metropolitan Sanitary Association'' que la réforme de ce qu'on commence à appeler « la santé publique » doit précéder tous les autres remèdes sociaux, que même l'éducation et la religion ne peuvent rien tant que la propreté et l'hygiène ne sont pas assurées<ref>Charles Dickens, ''Discours'', {{p.|129}}.</ref>. Il s'intéresse d'autant plus au problème qu'un de ses beaux-frères a fondé l' « Association pour la santé des villes » et lui envoie des rapports circonstanciés, par exemple sur les dangers que représente le mode d'inhumation<ref>Charles Dickens, ''Lettres'', lettre à Henry Austin, livre VI, chapitre 47.</ref>. Ses ''[[Esquisses de Boz]]'' et ''[[Oliver Twist]]'' (en particulier la description de ''Jacob's Island'' au chapitre 50<ref>{{lien web|url=http://www.online-literature.com/dickens/olivertwist/51/|titre=''Oliver Twist'', chapitre 50|consulté le=14 février 2013}}.</ref>) témoignent que son souci du problème est déjà ancien, et , dans la préface de ''[[Martin Chuzzlewit]]'' en 1849, il revient sur {{citation|l'absence de progrès en matière d'hygiène dans le logement des pauvres gens}}<ref>Charles Dickens, ''Discours'', {{p.|104}}.</ref>. Cent quatre-vingts enfants meurent cette année-là du choléra dans l'institution Drouet de Tooting<ref>{{lien web|url=http://www.workhouses.org.uk/Drouet/Examiner1.shtml|titre=The Paradise of Tooting|consulté le=13 février 2013}}.</ref>, dont Dickens dénonce aussitôt la négligence dans quatre articles pour l {{' }}'' [[TheExaminer (1808-1886)|Examiner]]'' ironiquement intitulés « Paradis à Tooting »<ref>Charles Dickens, ''Journalism 3'', {{p.|147-156}}.</ref>. Il réclame une centralisation des efforts sanitaires, au grand dam des conservateurs qu'il raille en [[L'Ami commun|{{lang|en|Mr}} Podsnap]]<ref>Charles Dickens, ''[[L'Ami commun]]'', livre I, chapitre 11.</ref>. Il reprend le sujet régulièrement dans ''[[Household Words]]'' en 1854<ref>Charles Dickens, ''Journalism 3'', {{p.|228}}.</ref>, puis encore en 1869<ref>Charles Dickens, ''Discours'', {{p.|407}}.</ref>.
 
=== Que proposer, puisque l'État fait défaut ? ===
[[Fichier:CatonWoodvilleLightBrigade.jpeg| thumb vignette|upright=1.4| ''La guerre Charge de Crimée la brigade légère'' (25 octobre 1854) (tableau de [[Richard Caton Woodville]], 1894). |alt=]]
Le responsable ultime de tous ces maux, pense -t-il Dickens depuis longtemps, est le gouvernement, non pas tant les dirigeants qui vont et viennent, que l'administration pesante qui les accompagne. Chasse gardée de l'aristocratie, le recrutement devrait, selon le rapport Northcote et Trevelyan de 1853, se faire par concours, ce qu'approuve Dickens<ref>Asa Briggs, ''Victorian People'', Harmondsworth, Penguin, 1955, {{p.|85}}.</ref>. Les lenteurs du changement, cependant, alimente alimentent sa haine de la bureaucratie<ref>Theodore K Hoppen, ''The Mid-Victorian Generation, 1846-1886'', Oxford, Oxford University Press, 1998, {{p.|110-112}}.</ref>, que renforce l'ineptie déployée lors de la [[ Guerre guerre de Crimée]] de 1854 : entre avril et août 1855, il attaque violemment l'incompétence du pouvoir dans [[Household Words|sa revue]] l'incompétence du pouvoir et se déchaîne dans le chapitre « Où il est question de la science du gouvernement » de ''[[La Petite Dorrit]]'' où le « Ministère des circonlocutions » est décrit comme {{citation|se faisant un devoir de ne rien faire}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=170}}.</ref>. Dickens a cru en la [[philanthropie]], s'est investi dans ''Urania Cottage'' (voir [[#Un travail acharné et fécond|''Urania Cottage'' pour les « femmes perdues »]]), l'hôpital des enfants malades de ''Great Ormond Street'', des programmes de logements pour les ouvriers<ref name="DP-172">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=172}}.</ref>. Pour autant, il stigmatise les dérives philanthropiques en [[La Maison d'Âpre-Vent|{{lang|en|Mrs}} Pardiggle]] qui {{citation|enfile [aux nécessiteux] sa bienveillance comme une camisole de force}}<ref>Charles Dickens, ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'', chapitre 30.</ref> et, se consacrant corps et âmes âme à ses causes africaines, néglige ses enfants , réduits à errer, affamés, morveux et sans soin, dans sa maison<ref name="DP-172"/>. Curieusement, malgré ses attaques contre l'Amérique les États-Unis, c'est à [[Boston]] qu'il trouve des institutions (publiques, à la différence de celles de son pays) qui lui paraissent secourir les plus pauvres de manière efficace et digne<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=172-173}}.</ref>. Ne rien faire, pense-t-il, ou continuer en l'état, c'est préparer le lit d'une révolution à la française ; le capitalisme doit s'allier aux forces laborieuses, les écarts qu'il engendre pouvant être atténués par la bonne volonté de tous. En définitive, plutôt que d'économie politique, c'est d'humanité, de décence, des valeurs du [[Nouveau Testament]] qu'il parle<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=173}}.</ref>.
 
=== Dickens et la Révolution française ===
Que Charles Dickens soit plus réformateur que révolutionnaire apparaît clairement dans sa perception de la [[Révolution française]] : dans ''[[Le Conte de deux cités]]'' (1859), œuvre romanesque ayant pour théâtre la autant l'[[ France Angleterre]] autant que l' la[[ Angleterre France]] de l'[[Ancien Régime]] et de la Révolution, il contribue à la fondation de l'opinion anglaise à l'égard des événements français de 1789 à 1793<ref>Sous la direction de Jean-Clément Martin, ''Dictionnaire de la Contre-Révolution'', Joël Félix, « Dickens, Charles », Paris, éd. Perrin, 2011, 551 pages, {{p.|222}}.</ref>. Dickens réalise une synthèse entre la pensée d'[[Edmund Burke]] et celle de [[Thomas Carlyle]] : du premier, il ne conserve que l'éloge de la constitution anglaise en opposant la violence et la misère de Paris au calme et à la prospérité de Londres ; au second, principale source d'inspiration, il emprunte l'idée de l'inexorabilité d'une révolution considérée comme l'action vengeresse d'un peuple contre la corruption de la société de l'Ancien Régime ; dans ''Le Conte de deux cités'', Dickens envisage, avec le sacrifice ultime de Sydney Carton en à la place de Charles Darnay, héritier de la famille qui était à l'origine des malheurs des Manette, la possibilité d'échapper au cycle de la violence et du châtiment<ref>Sous la direction de Jean-Clément Martin, ''Dictionnaire de la Contre-Révolution'', Joël Félix, « Dickens, Charles », Paris, éd. Perrin, 2011, 551 pages, {{p.|223}}.</ref>.
 
== Les grands axes de la création dickensienne ==
Au regard de la puissance créatrice de Dickens, les contraintes auxquelles il a dû se plier, les influences qu'il a reçues et les moules dans lesquels il s'est glissé restent peu de choses. Comme l'écrit Robert Ferrieux, {{citation|Son génie les a acceptés, assimilés, et, sans rien copier, il a bâti un univers original, à la fois fidèle au monde qu'il a connu et totalement différent, un univers en soi , d'essence poétique, unique dans la création littéraire .}}<ref>Robert Ferrieux, '' Charkes Charles Dickens, un univers en soi'', Perpignan, Presses UTL, 2012, {{p.|26}}.</ref> .
 
=== La publication en feuilleton ===
[[Fichier:Lettre de Dickens à Angela Burdett-Coutts.jpg| thumb vignette|upright=0.8|Charles Dickens à Angela Burdett-Coutts (19/2/1856).]]
Presque toutes ses œuvres ont été publiées au rythme de parutions hebdomadaires ou mensuelles, contrainte dont il a su tirer profit, tant il l'a maîtrisée et s'en est servi pour tenir son public en haleine et parfois moduler le fil de l'action, voire les personnages, selon ses réactions<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=527}}.</ref>. C'est grâce à ses [[Roman-feuilleton|feuilletons réguliers]], relayés au-delà des abonnements par les bibliothèques ambulantes sillonnant le pays, qu'ont prospéré les revues recevant ses feuillets, d'abord celles d'éditeurs indépendants, puis les siennes, dont ''[[Household Words]]'' et ''[[All the Year Round]]''<ref name="PS-531">{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=531}}.</ref>. Chaque numéro comporte un cahier des charges tacite : respect du nombre de pages, autonomie de chaque numéro, avec son commencement, son apogée et sa fin, sa dépendance envers les chapitres précédents, l'annonce implicite du prochain, le ménagement d'un suspens suspense, l'instauration d'une incertitude, l'avancée de l'intrigue sans en dévoiler la suite tout en lançant de discrètes pistes<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=528}}.</ref>. Paradoxalement, cette publication étalée exige une structuration rigoureuse de l'ensemble rigoureuse , pour informer à l'avance les illustrateurs dont les planches sont longues à graver et tirer et qui doivent fournir une illustration de couverture qui, comme l'emballage, propose dès le départ une vision globale ; il convient aussi d'éviter les redites et de relancer l'intérêt à intervalles réguliers, d'où cette récurrence de rebondissements programmés, de façon dramatique au milieu et secondaire aux numéros 5 et 15. Ainsi, dans ''[[Dombey et Fils]]'', la mort du petit Paul, d'abord prévue pour le quatrième numéro, s'est trouvée repoussée au cinquième<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=529}}.</ref>. Ce mode de publication a été apprécié du public, pour la modicité de son prix (permise grâce à des publicités ciblées), la convivialité d'une lecture familiale ou de quartier, les supputations sur les événements à venir, la nostalgie des actions situées dans le passé. Selon Robert Patten, {{citation|elle collait au rythme de la vie, s'insérait dans l'ordonnance des semaines ou des mois, apportait ordre et régularité dans un monde soumis à de rapides mutations}}<ref>{{harvsp|Paul Schlicke|2000|p=530}}.</ref>. Par ce médium, ajoute-t-il, Dickens a démocratisé la littérature<ref name="PS-531"/>.
 
=== Le ''Bildungsroman'' et autres influences littéraires ===
Les romans de Dickens ressortissent presque tous à la version [[Époque victorienne|victorienne]] du ''[[Roman d'apprentissage|Bildungsroman]]'', roman d'apprentissage, appelé aussi « roman de formation » ou « roman d'éducation »<ref group="N">Le terme est dû au [[ philologie Philologie|philologue]] [[Johann Karl Simon Morgenstern]], qui y voit {{citation|l'essence du roman par opposition au récit épique}} .</ref>{{,}}<ref>{{lien web| lang langue=de |titre=Signification du mot ''Bildungsroman''|url=http://www.uni-magdeburg.de/mbl/Biografien/1140.htm Magdeburger Biographisches Lexikon| titre date= Signification du mot ''Bildungsroman''|consulté le=25 août 2012}} .</ref>. Un protagoniste est en effet considéré de l'enfance à la maturité, avec une frustration initiale qui l'écarte de son environnement familial, engagé dans une longue et difficile maturation ponctuée de conflits répétés entre son désir et l'ordre établi, enfin réalisant l'adéquation entre l'un et l'autre qui lui permet de réintégrer la société sur de nouvelles bases<ref>{{lien web|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/ge/pva101.html|titre=Genres de ''Great Expectations''|consulté le=25 août 2012}}.</ref>. Ce passage de l'innocence à l'expérience a des variantes, par exemple, et c'est peut-être la plus caractéristique, celle de des ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Papiers posthumes du Pickwick Club]]'' où le héros, homme d'expérience au regard de la société, adulé par son groupe d'amis, considéré comme un sage, un philosophe, un prophète, se lance sur les routes et , au bout du chemin, s'aperçoit, surtout grâce à son passage en prison pour à la suite d'un quiproquo, qu'il ne sait rien, qu'il a tout à apprendre, et qui gagne, par son sacrifice, son abnégation, l'expérience du cœur, une saine connaissance des hommes et cette sagesse dont il se croyait naguère nanti.
 
Ce genre est issu du modèle [[Roman picaresque|picaresque]], dont le prototype est [[Don Quichotte]], héros pseudo-héroïque assorti d'un valet pétri de bon sens, que [[Miguel de Cervantes|Cervantes]] a le premier confié au voyage. Dickens l'a admiré, de même que [[Alain-René Lesage|Lesage]] et son ''[[Histoire de Gil Blas de Santillane|Gil Blas de Santillane]]'' ou son ''[[Le Diable boiteux (roman)|Diable boiteux]]'', dans lequel [[Asmodée]] soulève le toit des maisons pour observer ce qui s'y passe, métaphore de la démarche du narrateur à la troisième personne<ref>{{lien web|url=http://mt.china-papers.com/2/?p=245068|titre=Charles Dickens and the Tradition of British Picaresque Novel|consulté le=12 février 2013}}.</ref>.
 
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daniel Fichier:Daniel defoe.jpg| [[Daniel Defoe ]].
Fichier:Henry Fielding.png| [[Henry Fielding ]].
Tobias_Smollett_c_1770 Fichier:Tobias Smollett c 1770.jpg| [[Tobias Smollett ]], vers 1770.
Fichier:Laurence Sterne by Sir Joshua Reynolds.jpg| [[Laurence Sterne ]] par J. [[Joshua Reynolds ]], 1760.
Fichier:WilliamGodwin.jpg| [[William Godwin ]] en par [[James Northcote]], 1802.
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Au-delà de Cervantes et de Lesage, Dickens s'est laissé guider par les modèles anglais du {{s-|XVIII}}, découverts dans sa prime jeunesse et objets permanents de sa vénération. Parmi eux ont surtout compté [[Daniel Defoe|Defoe]], [[Laurence Sterne|Sterne]], [[Tobias Smollett|Smollett]], [[Henry Fielding|Fielding]], enfin [[Oliver Goldsmith|Goldsmilth]] dont la veine sentimentale l'a inspiré pour prôner l'idéal de l'homme bon (Oliver Twist, Nicholas Nickleby{{etc.}}), et aussi l'excentricité naïve de personnages comme [[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Mr Pickwick et Mr Micawber]], [[La Maison d'Âpre-Vent|Mr Jarndyce]] ou [[La Petite Dorrit|Mr Meagles]]<ref>Monika Fludernik, {{harvsp|David Paroissien|2011|p=68}}.</ref>. Dès le début de ''[[David Copperfield]]'', le narrateur en dresse la liste et ajoute : {{citation|Ils ont nourri mon imagination et mon espoir de quelque chose au-delà de ce lieu et de ce temps […] j'ai été l'enfant [[Histoire de Tom Jones, enfant trouvé|Tom Jones]] une semaine durant, j'ai enduré la vie de Roderick Random pendant un mois de suite […] Tel fut mon seul et mon constant réconfort.}}<ref>Charles Dickens, ''David Copperfield'', livre I, chapitre 4.</ref> Autre influence, note Monika Fludernik, celle, souvent négligée, de [[William Godwin]], dont le ''Caleb Williams'' a certainement servi de modèle pour la critique sociale et de source, parmi d'autres, pour ses métaphores carcérales<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=68}}.</ref>, encore que ce soit surtout la prison pour dettes, connue par procuration, qu'il ait décrite<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=71}}.</ref>.
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Au-delà de Cervantès et de Lesage, Dickens s'est laissé guider par les modèles anglais du {{s-|XVIII|e}}, découverts dans sa prime jeunesse et objets permanents de sa vénération. Parmi eux ont surtout compté [[Daniel Defoe|Defoe]], [[Laurence Sterne|Sterne]], [[Tobias Smollett|Smollett]], [[Henry Fielding|Fielding]], enfin [[Oliver Goldsmith|Goldsmilth]] dont la veine sentimentale l'a inspiré pour prôner l'idéal de l'homme bon (Oliver Twist, Nicholas Nickleby{{etc}}), et aussi l'excentricité naïve de personnages comme [[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Mr Pickwick et Mr Micawber]], [[La Maison d'Âpre-Vent|Mr Jarndyce]] ou [[La Petite Dorrit|Mr Meagles]]<ref>Monika Fludernik, {{harvsp|David Paroissien|2011|p=68}}.</ref>. Dès le début de ''[[David Copperfield]]'', le narrateur en dresse la liste et ajoute : {{citation|Ils ont nourri mon imagination et mon espoir de quelque chose au-delà de ce lieu de de ce temps […] j'ai été l'enfant [[Histoire de Tom Jones, enfant trouvé|Tom Jones]] une semaine durant, j'ai enduré la vie de Roderick Random pendant un mois de suite […] Tel fut mon seul et mon constant réconfort}}<ref>Charles Dickens, ''David Copperfield'', livre I, chapitre 4.</ref>. Autre influence, note Monika Fludernik, celle, souvent négligée, de [[William Godwin]], dont le ''Caleb Williams'' a certainement servi de modèle pour la critique sociale et de source, parmi d'autres, pour ses métaphores carcérales<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=68}}.</ref>, encore que ce soit surtout la prison pour dettes, connue par procuration, qu'il ait décrite<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=71}}.</ref>.
 
[[Fichier:William Hogarth 006.jpg| thumb vignette|upright=0.7| [[William Hogarth ]], par autoportrait, lui-même 1745.]]
Le mode [[Satire|satirique]] adopté par Dickens est lui aussi issu du siècle précédent. Comme ses modèles, Dickens sait repérer les travers, les faiblesses et les vanités humaines ; cependant, note Monika Fludernik, son approche est moins « au vitriol » que celle de ses prédécesseurs : ainsi [[La Petite Dorrit|Casby]], escroc puni en fin de parcours, reste un homme dont le texte mentionne les souffrances, alors que le vicaire de ''Peregrine Pickle'', qui lui ressemble beaucoup, reçoit un châtiment sans pitié relevant de la pure [[Farce (théâtre)|farce]]<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=69}}.</ref>. Il en est de même avec la critique des inepties bureaucratiques : alors que Fielding et Godwin s'acharnent sur les juges et les jurés, Dickens s'en prend à l'institution, le [[La Maison d'Âpre-Vent|tribunal de la chancellerie]], le [[La Petite Dorrit|ministère des circonlocutions]]<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=70}}.</ref>. Sont également partagés avec le {{s-|XVIII |e}} ses portraits de femmes qui, selon Monika Fludenik, doivent quelques traits, en deçà des rencontres personnelles, à la [[Histoire de Tom Jones, enfant trouvé|Sophia]] et l' [[Amelia (roman)|Amelia]] de Fielding, de même qu'à l'Emilia de Smollett (''Peregrine Pickle''), quoique l'idéalisation victorienne à la [[Coventry Patmore]], l'influence des contes de fée et du [[Mélodrame (théâtre)|mélodrame de scène]] ait aient contribué à en modeler les contours<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=73}}.</ref>.
 
L'œuvre du peintre [[William Hogarth]] a aussi, dès ses débuts, beaucoup inspiré Dickens, en premier lieu, note Malcom Andrews, d'un point de vue formel. En effet, ses séries de gravures, comme ''A Harlot's Progress'' (''La carrière d'une prostituée''), ''Marriage à-la-mode'', relevant d'un ensemble cohérent et structuré, lui ont servi de modèle pour le récit séquentiel, par exemple dans ''Meditations on Monmouth Street'', où différentes vignettes très visuelles défilent devant le narrateur [[Boz ]]<ref>Charles Dickens, ''Esquisses de Boz'', 100, {{p.|1}}.</ref>, technique également employée dans ''Oliver Twist'', avec sa pléthore de pièces exiguës, basses de plafond et en clair-obscur<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=106-107}}.</ref>. Au-delà de cet aspect structurel, les scènes de la vie quotidienne, telles que les a caricaturées Hogarth, se retrouvent, souvent sans grande modification, en mots simplement transportés au siècle suivant<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=457}}.</ref>.
 
=== Sous-genres ===
[[Fichier:Strawberryhill.jpg| thumb vignette| left gauche|Strawberry Hill, de style « renaissance gothique », par [[Horace Walpole]].]]
Même dans les trois romans d'initiation où intervient le « je » , (''[[David Copperfield]]'', partiellement ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'' , et ''[[Les Grandes Espérances]]'' ), les œuvres de Dickens relèvent aussi, comme le notent Paul Davis<ref name="PD-134">{{harvsp|Paul Davis|2007|p=134-135}}.</ref> et Philip V. Allingham<ref name="The Genres of Charles Dickens's Great Expectations (1861) — Positioning the Novel (1)">{{lien web| lang langue=en|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/ge/pva101.html|titre=Genres de ''Great Expectations''|consulté le=25 août 2012}}.</ref>, de plusieurs sous-genres pratiqués à son époque.
 
Si Dickens a voulu prendre ses distances<ref name="DP85">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=85}}.</ref> avec ce que [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]] a appelé « l'École du roman de [[Newgate]] »<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Keith Hollingsworth|titre=The Newgate Novel, 1830-1847, Bulwer, Ainsworth, Dickens & Thackeray|lieu=Detroit|éditeur=Wayne State University Press|année=1963 |pages=|isbn=}}.</ref>, il s'y est néanmoins essayé dans l'épisode central d {{' }}''[[Oliver Twist]]'' et dans certains autres de ses romans qui présentent la composante criminelle et policière retrouvée chez plusieurs de ses amis, [[Wilkie Collins]] , et [[William Harrison Ainsworth|Ainsworth]] en particulier. ''[[Les Grandes Espérances]]'', par exemple, regorge de [[ponton (prison flottante)|pontons-prisons]], de forçats, d'escrocs, de meurtriers, de caïds gérant les affaires du crime<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.sparknotes.com/lit/greatex/characters.html|titre=Le personnage de Jaggers|consulté le=26 août 2012}}.</ref>, et s'y déroulent des épisodes d'une violence sanglante. Tout au long du roman, demeurent aussi l'énigme de l'excentrique Miss Havisham, que seule la conclusion dénoue, et le suspens suspense entourant le forçat Magwitch, dont le retour de la déportation [[australie]]nne appelle la potence, réconciliant de ce fait le héros avec lui-même et scellant la fin de ses grandes espérances, puisque , les biens incriminés étant confisqués par la Couronne, {{citation|d'espérances il n'y a plus}}<ref name="PD134">{{harvsp|Paul Davis|2007|p=134}}.</ref>.
 
Cet aspect de son l'œuvre de Dickens est indissociable des relents, auxquels, écrit Robert Mighall, il sacrifie dès ses débuts, de la [[Roman gothique|tradition gothique]] née au {{s-|XVIII |}}<ref name="The Genres of Charles Dickens's Great Expectations (1861) — Positioning the Novel (1)"/> avec [[Horace Walpole|Walpole]] et son ''[[Le Château d'Otrante|Château d'Otrante]]'' ([[1754 en littérature|1754]]), poursuivie, entre autres, par [[Ann Radcliffe|Mrs Radcliffe]] dans ''[[Les Mystères d'Udolphe]]'' ([[1794 en littérature|1794]]), et que [[Walter Scott]] exploite avec ''[[La Fiancée de Lammermoor]]'' en [[1819 en littérature|1819]]<ref name="DP82">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=82}}.</ref>. Ainsi, dans ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'', la récurrence des fantômes, des incidents terrifiants ou simplement grotesques, surtout dans les récits intercalés, témoigne du désir de l'auteur {{citation|d'envoyer des frissons dans le dos à ses lecteurs et de les faire en même temps se tordre de rire}}<ref name="DP82"/>. Nombre d'autres romans présentant présentent les mêmes caractéristiques, par exemple ''[[Le Magasin d'antiquités]]'', {{citation|paradigme du roman d'horreur}} selon Victor Sage, où sévit le nain Quilp, gargouille malfaisante et {{citation|méchant gothique par excellence}}<ref name="DP85"/>, et au cours duquel la petite Nell est lancée avec un grand-père malade sur des routes inhospitalières {{citation|hantées de persécution et menant droit au trépas}}<ref>Victor Sage, ''Horror Fiction in the Protestant Tradition '', Basingstoke, Macmilan, 1988, {{p.|8}}.</ref>.
 
Encore faut-il remarquer que Dickens se départit départ du modèle [[Ann Radcliffe|udolphien]] en lui faisant abandonner sa maison-forteresse pour gagner la campagne<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=83}}.</ref>. De même, avec ''[[Barnaby Rudge]]'', même si le gothique entoure Barnaby, le « fantôme », le « spectre », le « vagabond de la terre »<ref>Charles Dickens, ''[[Barnaby Rudge]]'', chapitre 17.</ref>, il s'en démarque quelque peu puisque ce personnage, censé être central, occupe rarement le devant de la scène<ref name="DP85"/>. De plus, dans ce roman, Dickens réprouve la bigoterie anti-catholique, ici poussée aux extrêmes du crime, alors qu'elle va de soi dans le monde gothique : sa sympathie va délibérément aux victimes de la furie protestante<ref>John Bowen, ''Barnaby Rudge'', introduction, Londres, Penguin, 2003.</ref>. En réalité, explique Michael Hollington, Dickens a tenté une nouvelle approche du genre dans ses premiers écrits : en utiliser les conventions pour dénoncer les abus trouvés à sa porte<ref>Michael Hollington, « ''Boz's Gothic Gargoyles''», ''Dickens Quarterly'', {{numéro|16}}, {{p.|160-176}}.</ref>. Esquissée par Boz, poursuivie dans ''[[Oliver Twist]]'', cette tendance culmine dans ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'' où les lenteurs de la loi sont rendues, plus que décrites, par la métaphore labyrinthique des ténèbres et du brouillard, où erre une société de fantômes et de vampires, qui s'effondre lors d'une ''[[Nuit de Walpurgis|Walpurgis Nacht]]'' dégoulinant de dégoulinante [[ combustion humaine spontanée|combustion spontanée]]<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=87}}.</ref>. En 1860, avec la Miss Havisham des ''[[Les Grandes Espérances|Grandes Espérances]]'', vieille-femme-jeune mariée figée dans le temps en son manoir délabré ironiquement nommé « Satis House », Dickens explore le thème de l'auto-incarcération, trait gothique lui aussi dévié, puisque l'enfermement n'est imposé par personne d'autre que la victime. Comme l'écrit Robert Mighall, Miss Havisham {{citation|se gothicise avec application, déployant un art consommé de la mise en scène et de l'effet}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=92}}.</ref>, et, {{citation|posture [[Frankenstein ou le Prométhée moderne|frankensteinienne]]}}, elle façonne sa fille adoptive Estella en un monstre d'ingratitude<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=93}}.</ref>. Comble de l'ironie, c'est de cette poupée glacée que le héros, Pip, s'éprend à jamais, amour si constant , malgré le mépris témoigné , qu'il relève aussi de la veine sentimentale du siècle précédent<ref name="PD-134"/>.
 
Tous les romans de Dickens, même les plus sombres tels ''[[Le Conte de deux cités]]'' et ''[[Les Temps difficiles]]'', comportent des aspects comiques, de situation comme de caractère. Le lecteur est appelé à rire sans méchanceté de la grandiloquence souveraine de {{lang|en|Mr}} [[David Copperfield|Micawber]], avec mépris de l'auto-étouffement du langage officiel du [[La Petite Dorrit|ministère des circoncolutions]], non sans commisération de la prestation théâtrale de [[Les Grandes Espérances|{{lang|en|Mr}} Wopsle]] ou du mariage de [[Les Grandes Espérances|Wemmick]], toutes scènes organiquement essentielles à l'intrigue et au thème central<ref name="PD134"/>. La palme comique revient sans doute à la création de deux personnages extraordinaires dans ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'', {{lang|en|Mr}} Jingle et Sam Weller. Jingle est le champion du degré zéro de l'éloquence, sa syntaxe réduite à un empilement spartiate de mots cocasses mais redoutablement dramatiques, {{citation|langage télégraphique tintinnabulant comme son nom}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=154}}.</ref> : {{citation|éprouvé, à bout, petite boîte, bientôt, tas d'os, rapport police, fausses conclusions, tirer le rideau}}<ref>Charles Dickens, ''The Pickwick Papers'', Harmondsworth, Penguin Classics, 1984, [ {{ISBN |0-14-007435-X }})], avec une introduction de Robert L. Patten, p. XI-XXX, première publication en 1972, {{p.|599}}.</ref>. Quant à Sam Weller, outre son sens comique de la répartie repartie, il pratique l'art du proverbe détourné, perverti ou forgé, d'où cet intarissable florilège d'[[ Aphorisme|aphorismes aphorisme]] s commentant chaque événement de façon incongrue mais essentielle<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=155}}.</ref>. Ainsi, lors du décès de la seconde épouse de son père, une acariâtre évangéliste morte d'avoir trop bu, il trouve le mot de la fin en toute simplicité : {{citation|C'est fini et on y peut rien, et c'est une consolation, comme ils disent toujours en Turquie quand ils s'sont trompés de tête à couper}}<ref>Charles Dickens, ''The Pickwick Papers'', Harmondsworth, Penguin Classics, 1984, [ {{ISBN |0-14-007435-X }})], avec une introduction de Robert L. Patten, p. XI-XXX, première publication en 1972, {{p.|315}}.</ref>.
 
En gardant ''Les Grandes Espérances'' comme exemple, on trouve aussi le genre « roman à la [[Argent#Alimentation|cuillère d'argent]] » (''Silver Fork Novel''), florissant dans les années 1820 et 1830<ref>Alison Adburgham, ''Silver Fork Society: Fashionable Life and Literature from 1814 to 1840'', Londres, Constable, 1983.</ref>, descriptif d'une élégance clinquante et critique des frivolités de la haute société, classe pour laquelle Dickens n'a que mépris, mais qui fascine beaucoup de ses lecteurs<ref>Richard Cronin, ''Romantic Victorians: English Literature, 1824-1840'', Londres, Macmillan, 2002, chapitre 4, {{ isbn ISBN|0-333-96616-3}}.</ref>. Ses romans peuvent se concevoir comme des « anti-romans antiromans à la cuillère d'argent »<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/ge/pva101.html|titre=Les Grandes Espérance comme anti ''Silver-Fork novel''|consulté le=25 août 2012}}.</ref> tant y est féroce la satire des prétentions et de la morale des riches et de leurs flagorneurs. Le titre même, ''Les Grandes Espérances'', s'avère de ce fait [[Ironie|ironique]], puisque d'« espérances » en réalité, il n'y en a pas, les biens du forçat restant impurs et, de toute façon, confisqués à son retour par la Couronne<ref>{{lien web| lang langue=en |url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/ge/pva101.html|titre=Genres de ''Great Expectations''|consulté le=25 août 2012}}.</ref>.
 
À tous ces genres subalternes, Philip V. Allingham ajoute la catégorie du [[roman historique]], Dickens ancrant ses récits avec un luxe de détails qui finissent par donner une idée des événements, des personnalités et de la manière de vivre de l'époque choisie. Ainsi, ''Les Grandes Espérances'' commence juste après les [[guerres napoléoniennes]], se poursuit jusqu'aux années 1830-1835, puis saute à la décennie suivante de 1840 à 1845<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/ge/pva101.html|titre=Éléments historiques dans ''Great Expectations''|site=Victorian web|consulté le=25 août 2012}}.</ref>, et au fil de ces passages temporels, certaines indications topiques servent de points de repère : billets de banque, mode de locomotion, emplacement des potences, souverains mentionnés{{etc .}}<ref name="The Genres of Charles Dickens's Great Expectations (1861) — Positioning the Novel (1)"/>.
 
=== Thématique ===
Tous les thèmes abordés par Dickens ont un rapport avec sa propre expérience, même dans les romans qui, ''a priori'', en semblent éloignés, ''[[Le Conte de deux cités]]'' et ''[[Les Temps difficiles]]'' par exemple<ref>Robert Ferrieux, ''Charles Dickens, un univers en soi'', Perpignan, Presses UTL, 2012, II, {{p.|9}}.</ref>. Sa thématique peut se décliner autour de trois axes principaux que John O. Jordan appelle les « fictions de l'enfance », les « fictions de la cité » et les « fictions du genre, de la famille et de l'idéologie domestique »<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=91-135}}.</ref>. S'y ajoute un thème récurrent, particulièrement développé dans ''[[Les Grandes Espérances]]'', celui que [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]] a appelé dans son ''[[Le Livre des snobs|Livre des snobs]]'', {{Citation|donner de l'importance à des choses sans importance}}, ou encore {{Citation|admirer petitement de petites choses}}<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=William Makepeace Thackeray|url= http https://books.google.fr/books?id=GuINAAAAQAAJ&pg=PP1&dq=The+book+of+snobs&hl=fr&ei=ir0hTbSdJ4e08QPEi4G7BQ&sa=X&oi=book_result&ct=book-preview-link&resnum=1&ved=0CCoQuwUwAA#v=onepage&q&f=false|titre=The Book of Snobs|éditeur=Punch Office|année=1848|pages totales=180}}, illustré par l'auteur, chapitre=II.</ref>.
 
==== L'enfance ====
[[Fichier:William Wordsworth 001.jpg| thumb vignette|upright=0.8|[[William Wordsworth]].]]
Il est de tradition que Dickens a importé depuis la poésie romantique, surtout celle de [[William Wordsworth|Wordsworth]], le rôle de l'enfant innocent comme figure centrale du roman. Autrefois considéré comme un adulte incomplet et peu intéressant, l'enfant est devenu vers la fin du {{s-|XVIII |e}} un être humain qualitativement différent et exigeant un soin approprié à son bien-être et à la préservation de son innocence<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=92}}.</ref>. La {{citation|dure expérience de l'enfance}} qu'a connue Dickens, selon l'expression de John Forster, ressentie comme la fin de son innocence et le facteur déterminant de sa maturité, l'a rendu très réceptif à la conception wordsworthienne de l'enfant proche du divin et prédéterminant l'adulte<ref>William Wordsworth, « ''Ode to Immortality'' », ''Lyrical Ballads'', 1798.</ref>, sentiment encore exacerbé par la mort prématurée de [[Mary Scott Hogarth]] , sa belle-sœur<ref name="jord93">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=93}}.</ref>.
 
Plusieurs facteurs, écrit Robert Newsom, {{citation|obligent cependant à complexifier cette histoire}}<ref name="jord93"/>. Les [[Époque victorienne|Victoriens]], surtout les adeptes de la [[Basse Église]], considéraient aussi l'enfant comme particulièrement vulnérable aux mauvaises tentations, en premier la désobéissance qui conduit à tous les péchés<ref>David Grylls, ''Guardians and Angles'', Londres, Faber and Faber, 1978, {{p.|24}}.</ref>. Si Dickens s'est toujours opposé à la sévérité de la religion, qu'il associe à l'[[Ancien Testament]], il n'en imagine pas moins certains petits monstres de malhonnêteté ou de méchanceté, [[Le Renard (Dickens)|The Artful Dodger]], du gang de [[Oliver Twist|Fagin]], [[Le Magasin d'antiquités|Tom Scott]], attaché au nain [[Le Magasin d'antiquités|Quilp]] ou encore [[Les Temps difficiles|Tom Gradgrind]], à l'égoïsme vertigineux<ref name="jord93"/>. D'autre part, ajoute Robert Newsom, {{citation|les adorateurs d'enfants à la Wordsworth sont rares dans son œuvre, et ceux qui le sont s'avèrent bien peu efficaces}}<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=93-94}}.</ref>, tel le grand-père de [[Le Magasin d'antiquités|Nelly]]. Quant aux mères affectueuses, elles meurent jeunes, comme celle de David Copperfield, ou elles ont disparu : ainsi, [[Oliver Twist]] se retrouve à l'[[Workhouse|hospice]], tandis que le narrateur spécule ironiquement sur les douces femmes qui l'ont peut-être entouré à sa naissance<ref>Andew Malcom, ''Dickens and the Grown-Up Child'', Iowa City, University of Iowa Press, 1994, {{p.|57-70}}.</ref>.
 
En fait, les enfants des premiers romans sont victimes non seulement de négligence, mais aussi d'un [[sadisme]] parfois fort audacieux pour l'époque : [[Le Magasin d'antiquités|Quilp]] propose à [[Le Magasin d'antiquités|la petite Nell]] d'être sa « numéro 2 », c'est-à-dire sa femme quand sa « numéro 1 » sera morte, et il accompagne sa déclaration de force baisers sonores sur ses {{citation|parties roses}}, comme il les appelle, si bien que le lecteur se demande {{citation|s'il a envie de la manger ou de la violer}}<ref name="jord95">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=95}}.</ref>, {{citation|ou peut-être les deux}}<ref>Philip Collins, éd., ''The Critical Heritage'', Londres, Routledge and Barnes and Noble, 1971, {{p.|470-471}}.</ref> , ; et [[Nicholas Nickleby|Wackford Squeers]], tout comme [[David Copperfield|Mr Creakle]] fouettent les petits garçons avec un appétit jubilatoire<ref name="jord95"/>. Autre variante d'enfant maltraité, celle du ''{{lang|la|puer senex}}'' : Nell est adulte avant l'heure mais par nécessité, tandis que [[Dombey et Fils|Paul Dombey]], « le petit Paul », s'entend dès le berceau décrit par tous comme « vieux - jeu », ce qui l'inquiète, croyant que cela signifie « maigre », « facilement fatigué ». Jeté dans un moule de conformisme, poussé comme une graine en serre, il se meurt sans comprendre d'être vieux à neuf ans : il y a là l'esquisse d'une conscience limitée, écrit Robert Newsom, technique que déploie Dickens assez souvent, comme avec [[La Maison d'Âpre-Vent|Joe le Balayeur]], pour intensifier le [[pathos]] de la situation<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=98}}.</ref>.
 
Vers le milieu de sa carrière, Dickens présente des récits à la première personne en prise directe avec son enfance. 1848 est une période de deuil pour lui et la veine personnelle l'a saisi, ses ''Fragments autobiographiques'' voisinant avec ''[[David Copperfield]]''. De plus, ce genre est à la mode depuis la publication de ''[[Jane Eyre]]'' en [[1847 en littérature|1847]] et l'immense notoriété qu'il confère bientôt à son [[Charlotte Brontë|auteur]]. Sans doute Dickens n'entend-il pas se laisser supplanter dans la faveur publique, d'autant qu'avec ''[[La Foire aux vanités]]'', [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]] occupe lui aussi la une des journaux littéraires<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=99-100}}.</ref>. Robert Newsom résume ainsi la situation : {{citation|Si Jane Eyre doit beaucoup à Oliver Twist, David Copperfield, [[La Maison d'Âpre-Vent|Esther Summerson]] et [[Les Grandes Espérances|Pip]] lui doivent tout autant}}<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=100}}.</ref>. La conscience de l'enfant se donne alors à lire directement, encore que, problème inhérent à toute écriture [[autobiographie|autobiographique]], sa reconstitution ''a posteriori'' par une mémoire adulte accentue, par effet de loupe et aussi de style, les réactions affectives, la colère, l'angoisse, la désespérance. Il y a là une subtile mystification narrative : les bouffées de reviviscence, dont le flux reste maîtrisé avec art, sont transcrites comme renaissant au présent, mais sans que l'adulte ne s'efface tout à fait<ref>Robert Ferrieux, ''La Littérature autobiographique en Angleterre et en Irlande'', Paris, Ellipses, 2001, {{p.|117-118}}.</ref>. Au début des ''Grandes Espérances'' s'enroulent ainsi la perspective enfantine et la rétrospection adulte, lorsque Pip raconte comment il en est venu à se nommer et quelle idée il s'est faite de ses parents d'après les lettres gravées sur leur tombe. Robert Newsome écrit qu'ici, Dickens présente une enfance {{citation|désormais éloignée des glorieuses nuées divines de Wordsworth, éclose dans un monde déchu}}, marqué, comme le dit le héros au chapitre 32, de la {{citation|souillure de la prison et du crime}}, enfance privée d'enfance, l'innocence lui ayant été refusée<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=101}}.</ref>.
 
Dernier avatar, les adutes adultes-enfants, hommes ou femmes refusant de grandir, par exemple [[La Maison d'Âpre-Vent|Harold Skimpole]], inspiré par l'écrivain [[Leigh Hunt]]<ref> {{en}}{{lien web |langue=en|url=http://www.nndb.com/people/452/000107131/|titre=James Henry Leigh Hunt|consulté le=3 mars 2013}}.</ref>, [[La Petite Dorrit|Flora Finching]], [[David Copperfield|Dora]], cette fleur que David Copperfield a prise comme première épouse. Dickens ne les ménage pas s'ils allient l'irresponsabilité à la méchanceté, mais sait être indulgent envers ceux qui témoignent d'une bienveillance à tout crin : [[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Mr Pickwick]], [[Nicholas Nickleby|les frères Cheeryble]], [[David Copperfield|Mr Micawber]], tous irrésistiblement comiques et dont {{citation|la fraîcheur, la gentillesse, l'aptitude à être satisfaits}}, comme il est dit au chapitre 2 de ''David Copperfield'', s'avèrent en définitive utiles, voire indispensables à la communauté<ref>Malcom Andrews, ''Dickens and the Grown-up Child'', Iowa City, University of Iowa Press, 1994, {{p.|57-70 et 193-198}}.</ref>.
 
==== La cité ====
Avant que Dickens n'écrive sur [[Londres]], d'abord dans les ''[[Esquisses de Boz]]'' et ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'', la cité n'avait figuré dans la fiction que comme décor occasionnel pour une intrigue domestique : avec lui, elle devient l'un des [[ Protagoniste|protagonistes protagoniste]] s de l'œuvre et l'un des moteurs de son succès<ref>Murray Baumgarten, {{harvsp|John O. Jordan|2001|p=107-108}}.</ref>. Toute sa vie, Dickens a capitalisé tiré sur parti de l'expérience acquise alors que, jeune reporter, il sillonnait les rues, habitude d'ailleurs poursuivie toute sa vie. Il en ressent une joie poussée jusqu'à l'exubérance<ref>{{harvsp|John Forster|1872-1874|p=I, 1}}.</ref>, et même lorsqu'il se trouve à l'étranger, Londres n'est jamais loin de ses pensées<ref>{{harvsp|John Forster|1872-1874|p=IV, 5}}.</ref>. Ainsi, ses récits promènent sans répit le lecteur dans la capitale, avec ses flèches de clochers striant l'horizon, le dôme de [[Cathédrale Saint-Paul de Londres|St. Paul's]] dressant sa masse : ordre, chaos, le panoramique se juxtapose au personnel, deux perspectives se télescopant sans cesse, comme dans l'épisode Todgers de ''[[Martin Chuzzlewit]]''<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=111}}.</ref>. Les bruits de la ville résonnent en [[contrepoint rigoureux|contrepoint]], {{citation|chœur symphonique de la ville}}, selon Murray Baunmgarten : grincement des trains, sifflets des gares, cris des vendeurs de journaux ou des colporteurs, parfois en un rendu [[Onomatopée|onomatopéique]] comme dans ''[[Dombey et Fils]]''<ref>Murray Baumgarten, « ''Railway/Reading/Time, ''Dombey and Son'' and the Industrial World'' », ''Dickens's Studies Annual'', {{numéro|19}}, New York, AMS Press, 1990, {{p.|65-67}}.</ref>.
 
Telle la puissante [[Tamise]] qui l'irrigue, Londres est en effet parcourue d'un mouvement permanent<ref name="jord112">{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=112}}.</ref>, flux de la foule mais aussi mutations la rendant, pour ses habitants, les personnages, le narrateur et le lecteur, difficile à appréhender<ref>Philip Collins, « ''Dickens and the City'' », ''Visions of the Modern City'', éd. William Sharpe, Heyman Center for the Humanities, 1983, {{p.|101-102}}.</ref>, tantôt marché, labyrinthe, prison, tantôt agent de régénération<ref name="jord112"/>. Les historiens notent l'exactitude de ce rendu : ainsi, alors que, dans les années 1850, les chantiers de rénovation ouvrent de nouveaux jardins et squares publics, l'aller et retour quotidien de [[Les Grandes Espérances|Wemmick]] depuis son château miniature jusqu'à la [[Cité de Londres]] s'effectue au milieu de troupes d'acteurs et de musiciens ambulants ayant quitté les ruelles pour occuper ces espaces libérés dans un perpétuel va-et-vient<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=114}}.</ref>. Dans cette dramaturgie, écrit Murray Baumgarten, Dickens insuffle à la cité, {{citation|lanterne magique<ref group="N">Expression employée par Dickens pour caractériser sa relation avec Londres.</ref>, ''[[ballad opera]]'' et [[Mélodrame (théâtre)|mélodrame]] du {{s-|XIX |e}}}}, la vitalité d'un [[William Hogarth|Hogarth]], avec des instantanés en action, autant d'effets de réel comme jaillis d'un [[diorama]] tri-dimentionnel tridimensionnel<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=113}}.</ref>.
 
{{citation|Dickens a été le démiurge d'une capitale en mouvement, ajoute Philippe Lanson Lançon, […] Son imaginaire détermine à ce point la capitale que la peinture, la sculpture, la scène, la photographie naissante, tout semble illustrer ses romans. Ils prennent Londres non pas pour cadre, mais comme entité vivante, intime, multicellulaire}}<ref> {{article|auteur=[[Philippe Lanson, « Lançon]]|titre=Charles Dickens, homme de Londres », |lieu=Paris , '' |périodique=Libération '' |date=17 mars 3 2012 |url=https://next.liberation.fr/culture/2012/03/17/charles-dickens-homme-de-londres_803733|consulté le=4 2 2019}}.</ref>. Et [[Alain (philosophe)|Alain]] de renchérir : {{citation|Partout où Dickens évoque un personnage, il fonde pour toujours une cellule de Londres qui ne cesse de se multiplier à mesure qu’on découvre des habitants ; l'impression de nature est alors si forte qu’on ne peut refuser ces êtres ; il faut les suivre, ce qui est mieux que les pardonner. L'atmosphère Dickens, qui ne ressemble à aucune autre, vient de cette sécrétion de l'habitation par l'habitant}}<ref>Alain, ''En lisant Dickens'', Paris, Gallimard, NRF, 1945, {{p.|9}}.</ref>.
 
==== L'idéologie domestique ====
Si Dickens a été reconnu de son vivant comme le prophète du foyer, ceux qu'il décrit ne connaissent en général ni l'harmonie ni le bonheur : dans son œuvre , George Newlin compte {{nobr|149 orphelins }}, {{nobr|82 enfants }} sans père, 87 sans mère. Seuls, quinze personnages ont eu ou ont encore leurs deux parents, et la moitié de ces familles, écrit-il, {{citation|serait aujourd'hui considérée comme dysfonctionnelle}}<ref>George Newlin, ''Everyone in Dickens, a Taxonomy'', volume III, « ''Characteristics and Commentaries, Tables and Tabulations'' », Westport, Connecticut, Greenwood Press, 1995, {{p.|285}}.</ref>. Pour explorer les tensions sociales, économiques et politiques de son temps, son énergie créatrice s'est donc employée à dépeindre des familles grotesques et fracturées<ref>Catherine Waters, {{harvsp|John O. Jordan|2001|p=120}}.</ref>.
 
Pourtant, lorsqu'il lance ''[[Household Words]]'' et écrit à Forster que sa revue sera empreinte d'{{citation|une philosophie de Noël, […] une veine de générosité chaleureuse, rayonnante de joie dans tout ce qui relève du chez-soi et de l'âtre}}<ref>{{harvsp|John Forster|1872-1874|p=5, 1}}.</ref>, il reprend une antienne déjà connue : depuis ''[[Un chant de Noël]]'' en 1843, que relaie chaque décembre un nouveau conte dédié, il incarne cet esprit aux yeux de tous, ce que notent les commentateurs, [[Margaret Oliphant]] par exemple, ironisant sur {{citation|l'immense pouvoir spirituel de la dinde}} traditionnelle<ref>Margaret Oliphant, ''Charles Dickens'', ''Critical Heritage'', Londres, Collins, {{p.|559}}.</ref>, ou J. W. T. Ley qui le nomme {{citation|L'Apôtre de Noël}}<ref>J. W. T. Ley, « ''The Apostle of Christmas'' », ''The Dickensian'', {{numéro|2}}, 1906, {{p.|324}}.</ref>. Aussi une partie de sa fiction a-t-elle contribué à façonner l'idéologie domestique de son [[Époque victorienne|époque]], la famille, jusqu'alors héritage d'une lignée, devenant un sanctuaire jugé adéquat pour chacun de ses membres<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=120}}.</ref>. Dans cette idéalisation du foyer, la femme assure l'harmonie de la sphère privée : ainsi [[Le Magasin d'antiquités|la petite Nell]], [[David Copperfield|Agnes Wickfield]], [[La Maison d'Âpre-Vent|Esther Summerson]], [[La Petite Dorrit|la petite Dorrit]] et, après quelques hésitations, [[Le Mystère d'Edwin Drood|Bella Wilfer]]<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=122-123}}.</ref>. Catherine Waters note que deux de ces jeunes femmes portent le sobriquet « petite » et qu'en effet, la petitesse prévaut dans cette représentation de l'idéal domestique : celle, rassurante, des personnes ([[Esquisses de Boz|Mrs Chirrup]], [[Le Grillon du foyer (nouvelle)|Dot Peerybingle]]), à quoi correspond l'étroitesse chaleureuse des lieux (le bateau des [[David Copperfield|Peggotty]], le château miniature de [[Les Grandes Espérances|Wemmick]]), alors que les grandes bâtisses et les manoirs, où se mêlent public et privé, n'abritent plus que des hôtes aliénés ou sans cœur ([[La Maison d'Âpre-Vent|Chesney Wold]], [[Les Grandes Espérances|Satis House]], [[Dombey et Fils|la maison de Mr Dombey]])<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=123}}.</ref>.
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Outre ces purs « anges du foyer », Dickens met en scène des personnages féminins plus ambigus, à la fois confirmation et critique de l'idéologie domestique dominante : ainsi l'aristocratique [[La Maison d'Âpre-Vent|Lady Dedlock]], dont l'apparence glaciale se conforme aux attributs de sa classe, mais que l'intimité dévoile peu à peu en proie à de sourdes passions. Le [[Point de vue narratif|narrateur omniscient]] se garde de l'effraction, ne l'appelant que ''{{lang|en|my Lady}}'' et, prudemment à l'extérieur, laisse l'histoire révéler d'elle-même une transgression cachée et son douloureux résultat, la perte d'un enfant. La hautaine dame, au fond, n'est qu'une « femme perdue » socialement intégrée, alors que [[David Copperfield|Rosa Dartle]], elle, à jamais blessée par la trahison de [[David Copperfield|Steerforth]], refuse toute compromission et nie farouchement sa prétendue spécificité féminine<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=129-130}}.</ref>. De plus, après 1858, et nombre de critiques y voient l'influence d'[[Ellen Ternan]], les héroïnes de Dickens s'affirment plus volontaires, plus promptes à exprimer leurs désirs, sans compter des personnages mineurs apparaissant dans des nouvelles ou des pièces de théâtre, {{citation|femmes coquettes et capricieuses, intéressées, certes, mais aussi des femmes complètes, vivantes, authentiques… et féminines}}<ref>{{harvsp|Sylvère Monod|1953|p=77}}.</ref>.
 
Dans ''[[Les Temps difficiles#L'idéal du foyer et le thème du divorce|Les Temps difficiles]]'', Dickens aborde la question du divorce<ref name="Humpherys">Anne Humpherys, « ''Louisa Gradgrind's Secret : Marriage and Divorce in ''Hard Times », ''Dickens Studies Annual'', {{numéro|25}}, {{p.|177-196}}.</ref>, tissée dans la texture narrative à travers les personnages de [[Les Temps difficiles#Louisa (Loo)|Louisa Gradgrind]] et de [[Les Temps difficiles#Stephen Blackpool|Stephen Blackpool]]<ref>{{lien web|url= http https://www.jstor.org/discover/10.2307/3826711?uid=3738016&uid=2129&uid=2&uid=70&uid=4&sid=21101216375473|auteur=John D. Baird|titre=''Divorce and Matrimonial Causes'', an aspect of ''Hard Times'' (Victorian Studies, Vol. 20, {{numéro|4}})|année=1977|consulté le=29 octobre 2012}}.</ref>. Outre le fait qu'il y est personnellement confronté, il fait écho au projet de loi de 1854, ''{{lang|en|A Divorce and Matrimonial Causes Bill}}'', que relaient deux essais parus dans ''[[Household Words]]''<ref>Eliza Lynn Linton, ''One of Our Legal Fictions'', ''[[Household Words]]'', 29 avril 1854.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|auteur=Nancy Fix Anderson|url= http https://www.jstor.org/discover/10.2307/20082411?uid=3738016&uid=2129&uid=2&uid=70&uid=4&sid=21101216375473|titre=''Eliza Lynn Linton, Dickens and the Woman Question'' (Victorian Periodicals Review vol. 22, {{numéro|4}})|année=1989|site=JSTOR|consulté le=29 octobre 2012}}.</ref>. Si tous les mariages de Coketown sont désastreux<ref>Tony Tanner, ''{{lang|en|Adultery and the Novel, Contract and Transgression}}'', Baltimore, The John Johns Hopkins University Press, 1979, {{p.|15}}.</ref>, le [[paradigme]] de l'échec reste celui de Blackpool qui ne peut engager une procédure de divorce à cause du prix prohibitif, des complications légales, de l'ostracisme moral<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=398}}.</ref>.
 
Ainsi, par ses descriptions répétées d'orphelins, de vieilles filles célibataires, mères monstrueuses, familles disloquées, Dickens expose l'instabilité de l'idéal domestique qu'il cherche pourtant à affirmer<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=133}}.</ref>. Certes, écrit Natalie McNight, il s'est appuyé sur les [[ Stéréotype|stéréotypes stéréotype]] s de son temps, mais il en révèle aussi les tensions et les contradictions, et sa fiction les transcende par sa richesse imaginative<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=197}}.</ref>.
 
==== Le snobisme ====
D'où vient l'argent chez Dickens ? Il est issu du travail, explique [[Henri Suhamy]], mais n'est acceptable que s'il s'agit du travail d'autrui<ref name="suh8">Henry Suhamy, ''Great Expectations'', Cours d'Agrégation, Vanves, CNED, 1971, {{p.|8}}.</ref>. [[Les Grandes Espérances|Miss Havisham]] tire ses revenus de la location de ses biens, argent pur que ne souille pas le dur labeur. Aussi, parce qu'elle est riche, la vieille dame, malgré son excentricité, jouit-elle de l'estime générale et, bien qu'exclue de la vie, elle ne l'est pas de la société, image même d'une aristocratie terrienne demeurée puissante quoique figée dans le passé. En revanche, l'argent venu de [[Les Grandes Espérances|Magwitch]] est frappé d'interdit social , car venu d'un forçat, gagné sur une terre criminelle et à la force des bras<ref name="suh8"/>. De quels atouts doit-on disposer pour accéder à la « distinction » ? Un titre, ou à défaut, des liens familiaux avec la classe moyenne supérieure : ainsi, [[Les Grandes Espérances|Mrs Pocket]] fonde son aspiration de tous les instants sur le fait que son grand-père a « failli » être anobli, et [[Les Grandes Espérances|Pip]] entretient l'espoir que Miss Havisham finira par l'adopter, car l'adoption, comme en témoigne [[Les Grandes Espérances|Estella]] qui se conduit en petite dame née, est tout à fait acceptable<ref name="suh10">Henry Suhamy, ''Great Expectations'', Cours d'Agrégation, Vanves, CNED, 1971, {{p.|10}}.</ref>. L'argent et l'éducation, indifféremment de tout apprentissage professionnel, sont plus importants mais non suffisants. À ce compte, c'est l'odieux [[Les Grandes Espérances|Bentley Drummle]] qui incarne l'idéal social, ce qui explique pourquoi Estella l'épouse sans sourciller<ref name="suh10"/>.
 
Or l'argent est corrupteur : son attrait prévaut sur tout, la loyauté, la gratitude, la conscience même<ref>Henry Suhamy, ''Great Expectations'', Cours d'Agrégation, Vanves, CNED, 1971, {{p.|12}}.</ref>, et l'idée de [[gentleman]], selon John Hillis-Miller, {{citation|fait banqueroute}}<ref>{{harvsp|John Hillis-Miller|1958|p=269-270}}.</ref>. Ce rejet, amorcé par Dickens dans ''[[La Petite Dorrit]]'' et confirmé dans ''[[Les Grandes Espérances]]'', n'est pas forcément partagé par les contemporains : pour [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]], l'idée du « gentleman » doit être réévaluée mais reste un concept indispensable<ref>G. N. Ray, ''Thackeray, The Uses of Adversity '', 1811-1846, New. York, McGraw Hill, 1955, xv + 537 pages.</ref>, et pour [[Anthony Trollope|Trollope]], l'éthique ne saurait être spontanée qu'{{citation|avec ces qualités défiant l'analyse que montrent l'homme et la dame de distinction}}<ref>{{harvsp|John Hillis-Miller|1958|p=270}}.</ref>. Enfin, richesse et distinction n'apportent pas le bonheur, {{citation|un monde que dominent l'appât de l'argent et les préjugés sociaux condui[sant] à la mutilation de l'être, aux discordes de famille, à la guerre entre homme et femme}}<ref>Henry Suhamy, ''Great Expectations'', Cours d' Agrégation agrégation, Vanves, CNED, 1971, {{p.|14}}.</ref>.
 
=== Le réalisme à la Dickens ===
[[Fichier:The Uffizi Society at Oxford.jpeg| thumb vignette|David Cecil à Oxford, {{5e}} en partant de la gauche, rangée assise.]]
{{citation|Une rue de Londres décrite par Dickens est bien comme une rue de Londres, mais est encore plus comme une rue chez Dickens, car Dickens utilisé utilise le monde réel pour créer son propre monde, pour ajouter une contrée à la géographie de l'imagination .}}<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Lord David Cecil|titre=Early Victorian Novelists: Essays in Revaluation|lieu=Londres|éditeur=Bobbs-Merrill|année=1935|pages totales=342}} .</ref> . Ainsi Lord David Cecil résume-t-il le [[Réalisme (littérature)|réalisme]] dickensien, ce qui implique que le réalisme à l'état pur n'existe pas et que l'intention finit par s'effacer devant l'énergie de la vision<ref>Robert Ferrieux, ''Charles Dickens, un univers en soi'', Perpignan, Presses UTL, 2012, {{p.|24}}.</ref>.
 
==== Un univers poétique ====
Tel est le point de vue traditionnel, issu de [[G. K. Chesterton|Chesterton]]<ref>{{harvsp|Gilbert Keith Chesterton|1911|p=351}}.</ref>, puis de Humphry House<ref>{{harvsp|Humphry House|1941|p=203}}.</ref>, qui voit dans l'œuvre de Dickens, outre sa satire sociale et morale, ou ses interrogations sur ce qu'est la civilisation<ref>{{harvsp|Robin Gilmour|1981|p=125}}.</ref>, des éléments cueillis dans l'extraordinaire et le [[fantastique]]. Le [[merveilleux]] surgit de la noirceur ou de la grisaille, et de façon grimaçante, le mal apparaissant partout, dans la lèpre des choses comme dans la corruption des cœurs, et surtout parce que gens, lieux et objets prennent valeur de signes, de symboles, les personnages se mouvant comme des [[emblème]]s et les paysages s'entourant d'un halo de signification<ref>Robert Ferrieux, ''Charles Dickens, un univers en soi'', Perpignan, Presses UTL, 2012, {{p.|10-11}}.</ref>. Même, par exemple dans ''[[Les Grandes Espérances]]'', lorsqu'il décrit les ruelles sombres et entortillées comme la fumée qui en souille les murs, explique [[Henri Suhamy]], Dickens ne fait pas naître la laideur : sous sa plume, le laid devient cocasse, le tohu-bohu foisonnement de vie, et le marais plat avec sa potence et ses tombes, le fleuve noir comme le [[Styx]], la mer inaccessible, ses carcasses et ses épaves, la ville [[Labyrinthe|labyrinthique]], tout cela représente, plus qu'il ne les évoque, la mort, le désert de la vie, l'éternité, mais aussi l'espérance et la foi en l'avenir<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.shmoop.com/great-expectations/symbolism-imagery.html|titre=Symbolime de ''Great Expectations''|consulté le=31 août 2012}}.</ref>. Alors, le monde apparaît comme un autre atlas où les mouvements des astres, des flots, des lumières, la nuit, le brouillard, la pluie ou la tempête isolent les demeures, perdent les itinéraires, traquent les êtres, les attendent comme le destin. Dans cet univers, les hommes se rencontrent mais ne s'unissent pas, se touchent pour se repousser, se joignent pour se combattre ; univers en soi où êtres et choses trouvent une place qui n'est pas celle qui leur serait assignée dans la réalité, avec ses lois propres, sans hérédité par exemple, ni grande influence du milieu, avec des marées erratiques et des probabilités bafouant la mathématique. Alors, l'étrange devient le normal et le [[fantastique]] simplement l'inhabituel : c'est-là un univers [[poésie|poétique]]<ref>Robert Ferrieux, ''Charles Dickens, un univers en soi'', Perpignan, Presses UTL, 2012, {{p.|21}}.</ref>. Aussi, comme l'écrit [[Virginia Woolf]] dès [[1925 en littérature|1925]], {{citation|L'extraordinaire puissance de Dickens a un effet étrange. Elle fait de nous des créateurs, pas seulement des lecteurs et des spectateurs}}<ref>Virginia Woolf, ''David Copperfield'', cité par {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Stephen Wall|titre=Charles Dickens: A Critical Anthology|lieu=Harmondsworth|éditeur=Penguin|année=1970 |pages=}}, {{p.|275-276}}.</ref>.
 
La critique contemporaine n'en dit pas moins : selon Nathalie Jaëck, les romans de Dickens sont volontairement duplices, avec, au cœur de cette écriture créant le [[Réalisme (littérature)|réalisme]] à l'anglaise, une subversion intrinsèque, un désir d'introduire, au sein du système de représentation qu'elle construit, une mise en échec, une alternative formelle : {{citation| situé Situé […] au moment crucial où le réalisme se voit confronté à ses limites , et où le modernisme ne s'est pas encore érigé en système, le texte dickensien s'installe dans cet espace de transition : il construit très méthodiquement une machine littéraire réaliste efficace, en même temps qu'il expérimente les moyens formels de gripper le bel ouvrage .}}<ref>Nathalie Jaëck, ''Charles Dickens : l'écriture comme pouvoir, l'écriture comme résistance'', Paris, Ophrys, 192 pages, 2008, présentation.</ref>.
 
==== Une langue protéiforme ====
D'après Patricia Ingham, {{citation|la maîtrise de la langue dont fait preuve Dickens, unique par son invention et sa densité […], en fait le [[James Joyce]] de l'[[ Époque époque victorienne]]. Déployant toutes les ressources linguistiques possibles, depuis la création de vocables jusqu'à l'allusion littéraire, […] choix rarement sans modèles littéraires plus anciens qu'il développe souvent au-delà de toute reconnaissance}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=126}}.</ref>.
 
===== Nomination Dénomination et indiosyncrasies idiosyncrasie =====
[[Fichier:Dickens characters by William Holbrook Beard.jpg| thumb vignette|upright=1.2|Dickens recevant ses personnages, par W. H. Beard (1824-1900).]]
Ce pouvoir se manifeste dès le processus de dénomination, où l'association du son et du sens signifie déjà le personnage, une attention au détail [[onomastique]] qu'illustrent les notes de travail . : Ainsi, le nom du héros [[Martin Chuzzlewit|éponyme]] de ''[[Martin Chuzzlewit ]]'' passe par huit étapes pour parvenir à un combiné de ''{{lang|en|halfwit}}'' (« simple d'esprit «) et ''{{lang|en|puzzle}}'' (« énigme »), soit une personne en manque de lumières. De même, [[L'Ami commun|Bella Wilfer]] associe beauté et volonté, tandis que [[Les Grandes Espérances|Carker]] vient de ''{{lang|en|cark}}'' (« harceler sans répit ») et que le financier [[La Petite Dorrit|Merdle]] se définit d'emblée en termes [[Sigmund Freud|freudiens]]<ref name="DP127"/>. Dickens enfile aussi des perles de noms aux variantes minimes mais chacune significative, tels les clones [[La Maison d'Âpre-Vent|Boodle, Coodle, Doodle, Koodle, Loodle, Moodle, Noodle]] (« nouille »), [[La Maison d'Âpre-Vent|Poodle]] (« caniche »), [[La Maison d'Âpre-Vent|Quoodle]], s'alignant auprès du politicien [[La Maison d'Âpre-Vent|Dedlock]], lui-même « cadenas » et « mort », ou la séquence des [[La Maison d'Âpre-Vent|Mizzle, Chizzle et Drizzle]], sans compter [[La Maison d'Âpre-Vent|Zizzle]], ces hommes de loi hantant [[La Maison d'Âpre-Vent|la cour de la chancellerie]], tous générateurs de confusion (''{{lang|en|mizzle}}'') et de cassante tromperie (''{{lang|en|chisel}}''). En contraste se trouve le monosyllabique [[La Maison d'Âpre-Vent|Joe]], petit balayeur de carrefour tout juste humain<ref name="DP127">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=127}}.</ref>.
 
Une fois qu'il a nommé dénommé, le narrateur se met à l'écoute des [[idiosyncrasie]]s verbales : [[Barney]], complice de [[Oliver Twist|Sikes]], parle du nez, {{citation|que ses mots viennent du cœur ou d'ailleurs}} (15) ; l'innocent inventeur [[La Petite Dorrit|Doyce]] s'exprime {{citation|avec la douceur de son nom et l'agile souplesse de son pouce}} (I, 10), mais [[La Petite Dorrit|Flintwinch]], ce combiné de manivelle et de silex, {{citation|parle au forceps, comme si les paroles sortaient de sa bouche à son image, tout de travers}} (I, 15)<ref name="DP127"/>. [[David Copperfield|Mr Micawber]] discourt {{citation|en donnant indiciblement l'air de faire quelque chose de distingué}} (11, X), alors que [[Dombey et Fils|Mr Dombey]] {{citation|donne l'impression d'avoir avalé un morceau trop gros pour son gosier}} (21) ; quant au cassant [[L'Ami commun|Podsnap]], il s'adresse à un étranger {{citation|comme s'il administrait quelque poudre ou potion à un petit muet}} (I, 11)<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=127-128}}.</ref>.
 
===== Parler régional et ou de classe =====
L'épaississement linguistique se poursuit par l'apport d'un parler régional ou de classe, les deux étant souvent liés. [[David Copperfield|Sam Weller]] s'identifie comme [[cockney]] (''{{lang|en|w}}'' devenu ''{{lang|en|v}}'', disparition du ''{{lang|en|h}}'' aspiré{{etc .}}), les [[David Copperfield|Peggoty]] se laissent entendre comme originaires de l'[[Est-Anglie|East Anglia]] (''{{lang|en|bahd}}'' pour ''{{lang|en|bird}}'' « oiseau », ''{{lang|en|fust}}'' pour ''{{lang|en|first}}'' « premier »), et dans ''[[Nicholas Nickleby]]'' et ''[[Les Temps difficiles]]'', pointent les particularismes du nord (''{{lang|en|hoonger}}'' pour ''{{lang|en|hunger}}'' « faim », ''{{lang|en|loove}}'' pour ''{{lang|en|love}}'' « amour »). L'orthographe de ces formes dialectales n'étant pas codifiée, Dickens les reproduit à sa façon, comme [[Emily Brontë]] dans ''[[Les Hauts de Hurlevent]]'' ou sa sœur [[Charlotte Brontë|Charlotte]] qui la corrige pour une édition plus intelligible<ref>Stanley Gerson, « ''Sound and Symbol in the Dialogue of the Works of Charles Dickens'' », ''Stockholm Studies in English'', volume 19, Stockholm, Almquist and Wiksell, 1967.</ref>. Autres caractéristiques lexicales, le jargon des [[Oliver Twist|voleurs]] , : ''{{lang|en|nab}}'' pour « arrestation » ou ''{{lang|en|conkey}}'' pour « informateur »<ref>{{lien web|url=http://www.dickens.jp/archive/ot/ot-miyata.pdf|titre=Manasori Miyata, ''Types of Linguistic Deviation in Oliver Twist''|consulté le=25 février 2013}}.</ref>, et des phrases codées telles que {{citation|Olivier est en ville}}, signifiant {{citation|il y a du clair de lune}}, ce qui rend l'action risquée. Outre sa propre observation, Dickens puise dans le ''{{lang|en|Critical Pronouncing English Dictionary and Expositor of the English Language}}'' de 1791, voire certains traités régionaux : ''{{lang|en|Tim Bobbin, A View of the Lancashire Dialect with Glossary}}'' de John Collier (1846) pour ''[[Les Temps difficiles]]'' ou ''{{lang|en|Suffolk Words and Phrases}}'' de Edward Moor pour les [[David Copperfield|Peggoty]] (1823)<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=129}}.</ref>. Dans ''[[L'Ami commun]]'' apparaît Lizzie Hexam, de basse extraction (son père est détrousseur de cadavres) mais vertueuse, et destinée par l'intrigue à intégrer la classe moyenne : pour la dissocier de la vulgarité de son parler cockney, Dickens procède tel Henry Higgins de [[Pygmalion (Shaw)|Pygmalion]], la dotant d'abord d'expressions populaires passe-partout comme ''{{lang|en|the like of that}}'' (I, 3) (« quelque chose comme ça »), puis, après qu'elle a reçu quelque instruction, lui octroyant de longues phrases assorties de mots abstraits (II, 11)<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=130-131}}.</ref>.
 
===== La fantaisie linguistique et la « novlangue » américaine (George Orwell) =====
[[Fichier:Sairey Gamp 1889 Dickens Martin Chuzzlewit character by Kyd (Joseph Clayton Clarke).jpg| thumb vignette|upright=0.7|Mrs Gamp et son célèbre parapluie (Kyd).]]
Libéré des contraintes du parler régional ou de classe, Dickens donne libre -court cours à sa fantaisie linguistique. ''[[Martin Chuzzlewit]]'' en fournit deux exemples, celui de avec Mrs Gamp, qui crée un monde et une langue adaptés à son imagination, et la ''[[ Novlangue novlangue]] '' que rencontrent le héros [[éponymie|éponyme]] et son compagnon Mark Tapley en Amérique.
 
Mrs Gamp, seule détentrice et locutrice d'un [[idiolecte]] opaque, se fait comprendre, comme l'écrit Mowbray Morris dès 1882, {{citation|par sa merveilleuse phraséologie, ses illustrations bizarres, sa tournure d'esprit incongrue}}<ref>Mowbray Morris, « ''Charles Dickens'' », Philip Collins, éd., ''The Critical Heritage'', Londres, Routledge and Kegan Paul, 1971, {{p.|607}}.</ref>. Il s'agit d'un chaos [[Syntaxe|syntaxique]] nourri d'approximations, ''{{lang|en|nater}}'' (pour ''{{lang|en|nature}}''), ''{{lang|en|chimley}}'' (pour ''{{lang|en|chimney}}''), ''{{lang|en|kep}}'' (pour ''{{lang|en|kept}}''), auxquelles se mélangent des [[ Néologisme|néologismes néologisme]] s, ''{{lang|en|reconsize}}'' (pour ''{{lang|en|reconcile}}''), ''{{lang|en|proticipate}}'' (pour ''{{lang|en|participate}}''), tous les ''s'' devenant des ''z'' et le phonème [dz] parasitant le reste, ''{{lang|en|parapidge}}'' (pour ''{{lang|en|parapet}}''), ''{{lang|en|topdgy-turdgey}}'' (pour ''{{lang|en|topsy-turvy}}''). Chaque émission verbale, le plus souvent avinée ou méchante, devient, par la confiance et l'autorité manifestées, discours, déclaration, apostrophe, voire prophétie, que corse encore le dialogue mis en scène avec la fictive Mrs Harris, censée être parole d'évangile et bénissant à jamais son [[ventriloque]]<ref>Philip Collins, éd., ''The Critical Heritage'', Londres, Routledge and Kegan Paul, 1971, {{p.|197}}.</ref>.
 
Pour [[Satire|satiriser]] l'Amérique à son retour en 1842, Dickens s'acharne sur la langue, créant un véritable ''newspeak''<ref>George Orwell, ''Ninteteen-Eighty-Four'', 1949.</ref>, une « [[novlangue]] » : aux néologismes morphologiques ou syntaxiques (''{{lang|en|draw'd}}'', ''{{lang|en|know'd}}'', ''{{lang|en|you was}}'', ''{{lang|en|didnt ought to}}'') déjà utilisés dans ses rendus du parler cockney, il ajoute l'omission systématique de syllabes (''{{lang|en|p'raps}}'', ''{{lang|en|gen'ral}}'') et le trait - d'union soulignant la dérive [[Accent tonique|tonique]] (''{{lang|en|ac-tive}}'', ''{{lang|en|Eu-rope}}''). De plus, le verbe passe-partout ''{{lang|en|fix}}'' en vient à exprimer toute action, « traiter une maladie » ou « ouvrir une bouteille », et ''{{lang|en|guess}}'' ou ''{{lang|en|calculate}}'' remplacent ''{{lang|en|think}}'' (« penser »){{etc .}} Cette réduction, reflétant l'appauvrissement conceptuel, se gonfle d'une grotesque enflure [[rhétorique]] par l'usage de vocables d'origine latine mal assimilés, ainsi ''{{lang|en|opinionate}}'' pour ''{{lang|en|opine}}'' ou ''{{lang|en|slantingdiscularly}}'' pour ''{{lang|en|indirectly}}'', le tout agencé en [[ Métaphore|métaphores métaphore]] s ronflantes, déviance linguistique exprimant la déviance d'une nation corrompue et fière de l'être<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=133-134}}.</ref>.
 
===== Allusions littéraires =====
La langue de Dickens se caractérise également par son [[intertextualité]] que Valerie Garger déclare {{citation|être bien plus significative qu'un simple embellissement}}<ref>Valerie L. Garger, ''Shakespeare and Dickens: The Dynamism of Influence'', Cambridge, Cambrige Cambridge UNiversity Press, 1996, {{p.|10}}.</ref>, les plus imbriquées imbriqués dans ses textes étant la [[Bible]], le ''[[Livre de la prière commune]]'', '' [[Le Voyage du Pèlerin pèlerin]]'' de [[John Bunyan]], et [[William Shakespeare|Shakespeare]]<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=134-135}}.</ref>.
 
; ''Le Voyage du Pèlerin pèlerin'' et les textes sacrés
''[[Le Magasin d'antiquités]]'' peut se lire comme une version du ''Voyage du Pèlerin pèlerin'', ce que l'héroïne mentionne elle-même au chapitre 15, et l'intrigue des ''[[Les Temps difficiles|Temps difficiles]]'' se structure autour d'un verset de l{{'}}''[[Épître aux Galates]]'' : {{citation|Puisqu'ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête}}<ref>''[[Galates]]'' 6, 7 .</ref>, les grandes parties se découpant en « Semailles », « Moisson » et « Engrangement ». La référence la plus complexe au [[Nouveau Testament]] se trouve dans ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'' où l'admonition « Aime ton prochain » et son corollaire : « sous peine de damnation » , se tissent subtilement dans les thèmes et la forme même du roman<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=136}}.</ref>. Alors fleurissent les références à [[Évangile selon Matthieu|Matthieu]], aux [[Épître aux Romains|Romains]], aux [[Épîtres aux Corinthiens|Corinthiens]], la parabole des [[Épître aux Galates|semailles et des moissons]] dominant le récit en [[sous-texte]]<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=136-137}}.</ref>. Enfin, le [[Le Mystère d'Edwin Drood|dernier livre]], concernant les environs et l'intérieur d'une cathédrale, est naturellement riche en connotations religieuses. Outre que s'y trouvent reproduits le parler des dignitaires et le vocabulaire spécifique au bâtiment, la langue puise dans l'[[Ancien Testament|Ancien]] comme le [[Nouveau Testament]], et extrait du ''Livre de la prière commune'' certaines citations parfois prises, comme le note Peter Preston, pour des textes bibliques, choix jamais arbitraire, cependant, tant il correspond aux thèmes : le péché, le repentir, le châtiment<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|IX}}.</ref>.
 
Le péché est évoqué dès la scène dans la fumerie d'opium, avec des références à l'« esprit souillé »<ref>''Marc'', I, 25-23.</ref> et à Jésus chassant les démons<ref>''Matthieu'', 17, 14-21.</ref>. Sous les voûtes de la cathédrale tonne le cantique « Là où l'homme méchant », suivi dans la liturgie anglicane par un verset du [[Psaume 51 (50)|Psaume 51]] : {{citation|Je reconnais mes transgressions et mon péché est constamment devant moi .}} . [[Caïn]] et [[Abel]] sont cités dès la disparition d'Ewin Drood, d'abord par Neville Landless qui se défend avec des mots proches de ceux du ''[[Livre de la Genèse]]'', 4, 15 : {{citation|Et le Seigneur fit une marque sur Caïn de peur que quiconque le trouve ne le tue .}}<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|145}}.</ref> . Et lors de sa rencontre avec Jasper qui lui demande {{citation|Où est mon neveu ?}}, il répond : {{citation|Pourquoi me demandes-tu cela ?}}, nouvel écho de la ''Genèse'', 4, 9 : {{citation|Où est ton frère Abel ?}}, à quoi Caïn rétorque : {{citation|Comment le saurai-je ? Suis-je le gardien de mon frère ?}}<ref name="myst">Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|X}}.</ref>. Multiples sont les autres allusions qui accablent Neville, dont paroles et gestes évoquent le fratricide biblique, par exemple lorsqu'il quitte Cloisterham avec la {{citation|malédiction sur son nom et sa réputation}}<ref>''Genesis'', 4, 13-14.</ref>. Et Honeythunder de clamer : « Tu ne tueras point . », ce à quoi Mr Crisparkle lui répond : {{citation|Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton voisin .}}<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|153}}.</ref> ; lui, chanoine en second, porte en effet le vrai message du Christ, sa mission étant auprès de ceux qui souffrent, prêche-t-il, en reprenant la « Litanie » du ''[[Livre de la prière commune]]'' : {{citation|Qu'il Te plaise de secourir, d'aider et de réconforter tous ceux que frappent le danger, le besoin et l'affliction .}}<ref name="myst"/> .
 
;Shakespeare
[[Fichier:Mr Wopsle as Hamlet, by Harry Furniss.jpeg| thumb vignette| left gauche|upright=0.7|Mr Wopsle ([[Les Grandes Espérances|Waldengraver]]), en Hamlet.]]
Tout aussi prégnant est Shakespeare, en particulier ''[[Hamlet]]'', ''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', ''[[Le Roi Lear|King Lear]]'' et, dans une moindre mesure ''[[Othello ou le Maure de Venise|Othello]]'', encore que Dickens ait écrit et joué en 1833 une [[Farce (théâtre)|farce]] musicale intitulée ''O'Tello''<ref>{{lien web|url=http://bookdoors.com/annotation.php?annotationID=6493|titre=Chronologie de Charles Dickens|consulté le=27 février 2013}}.</ref>. Contrairement aux textes religieux qui moulent et modulent la trame du récit, les pièces de Shakespeare s'intègrent à la langue, celle des personnages comme celle du narrateur, pour créer des {{citation|feux d'artifice verbaux dont l'efficacité dépend de l'aptitude du lecteur à comparer l'original au nouveau contexte}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=137}}.</ref>. Ainsi, Dickens ménage de puissants effets de contraste, le clou restant la représentation [[Parodie|parodique]] de ''[[Hamlet]]'' par [[Les Grandes Espérances|Mr Wopsle]] , dans ''[[Les Grandes Espérances]]'', aux ratés cruellement détaillés : reine à l'énorme poitrine et surchargée d'atours, fantôme pris d'une quinte d'outre-tombe, sombre héros empesé et raide, incoercible hilarité de Pip et de Herbert (chapitre 31). Les allusions au texte ne manquent pas non plus, tous les grands drames se voyant appelés pour divers personnages, à l'exception de ''[[Dombey et Fils]]'' où Dickens se concentre sur ''[[Antoine et Cléopâtre]]'' aux seules fins de caractériser Mrs Skewton, septuagénaire ratatinée se croyant la nouvelle Cléopâtre. À son insu, elle devient la cible de railleries shakespeariennes de la part des personnages, Dombey et Bagstock surtout, et aussi du narrateur, harcèlement par les titres, les réparties reparties, les digressions, jusqu'au chapitre ultime (41) où elle gît, à l'agonie, rembourrée, maquillée, rafistolée, et soudain se relève {{citation|telle une Cléopâtre en squelette}} puis meurt convaincue de son infinie beauté, {{citation|moquerie dévastatrice, […] l'une des plus cruelles satires dickensiennes}}, commente Patricia Ingham<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=139-140}}.</ref>.
 
La tragédie de ''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', la plus sombre, la plus meurtrière, est très présente dans ''Le Mystère d'Edwin Drood'', dont la première allusion se situe alors qu'est évoqué cet {{citation|oiseau clérical et tranquille, le [[Corbeau freux|freux]] qui, à grands coups d'aile, rentre à la tombée de la nuit}}<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|143}}.</ref>, oblique référence à ''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', III, 2 (v. 40, 50-51), {{citation|La lumière s'épaissit et la corneille va à grands coups d'aile vers les bois des freux}}, prononcé phrase prononcée juste avant la scène du meurtre. Même technique à la veille de la disparition d'Edwin quand Dickens fait se lever un vent puissant qui arrache les cheminées<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|113}}.</ref>, comme pendant la nuit du meurtre de Duncan : {{citation|la nuit a été agitée. Là où nous étions couchés / Nos cheminées ont été renversées (et comme on dit) / Des lamentations se firent entendre dans les airs, d'étranges cris de mort}}<ref>''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', II, 3, 54-56.</ref>. ''Macbeth'' sert aussi pour décrire le poids de la culpabilité, évoqué dès le chapitre 10 : Crisparkle va se baigner dans le [[bief]] de Cloisterham {{citation|aussi confiant dans [s]es pouvoirs lénifiants […] et dans la santé de son esprit que Lady Macbeth désespérait de toutes les houles de l'océan}}<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|86-87}}.</ref>. Si les rapports entre Lady Macbeth et Crisparkle sont inexistants, précise Peter Preston, la référence à l'océan renvoie au « rougeoiment rougeoiement des mers multiples » (''{{lang|en|multidudinous seas incarnadine}}'')<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.enotes.com/macbeth-text/act-ii-scene-ii|titre= [[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]], 11, 2|consulté le=9 janvier 2012}}.</ref>{{,}}<ref>''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', II, 2, 57-60.</ref> aussi impuissant à laver « la petite main » de sa souillure que « tous les parfums de l'Arabie »<ref>''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', V, 1, 50-51.</ref> : signe prémonitoire puisque dans ce bief seront retrouvées les affaires d'Edwin, indice, à défaut de preuve, d'assassinat<ref name="preston">Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|XI}}.</ref>. Autre indice pointant vers le meurtre avant même la disparition d'Edwin, toujours induit par Crisparkle qui trouve Jasper endormi ; : Jasper soudain bondit et hurle : {{citation|Que se passe-t-il ? Qui l'a fait ?}}<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|92}}.</ref>, écho de Macbeth à la vue du fantôme de Banquo : {{citation|Lesquels d'entre vous ont fait cela?}}<ref>''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', III, 4, 47.</ref> . Comme le fantôme de Banquo est une projection de la culpabilité de Macbeth, invisible à tout autre que l'assassin, le lecteur semble invité à penser que Jasper est lui aussi assailli par d'obscurs tourments du même ordre<ref name="preston"/>. Dans son dernier chapitre, Dickens renvoie Jasper à son bouge , et là, il celui-ci murmure à Princess Puffer : {{citation|Je l'ai si souvent fait, et sur de si longues périodes que , lorsque cela a été accompli, cela ne semblait plus en valoir la peine, ce fut accompli trop tôt}}<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|226}}.</ref>, écho de Macbeth : {{citation|Si cela est accompli lorsque cela l'est, c'est bien / Ce fut accompli rapidement<ref>''[[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]]'', I, 7, 1-2.</ref>}}, façon, ajoute Peter Preston, d'utiliser un texte familier pour suggérer, plutôt que le raconter, ce qu'a été le sort d'Edwin Drood<ref>Peter Preston, « Introduction », Charles Dickens, ''The Mystery of Edwin Drood and Other Stories'', Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions Limited, 2005, {{p.|XI-XII}}.</ref>.
 
==== Un style « polyphonique » (Mikhaïl Bakhtine) ====
En -deça deçà des interprétations de la critique contemporaine que recense Philip Allingham<ref>Philip Alligham, {{lien web|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/genreov.html|titre=Style and Genre in the Works of Charles Dickens|consulté le=28 février 2013}}.</ref>, demeurent des constances , dont avec pour l'axe principal est la posture [[Ironie|ironique]] dont le principe (selon l'[[étymologie]] « eirôneia ») , est d'interroger la crue réalité sous les masques<ref>{{lien web| lang langue=en|url=http://www.britannica.com/EBchecked/topic/931423/eironeia|titre= eirôneia|consulté le=17 juillet 2012}}.</ref>. Tout un arsenal se présente au service de l'ironiste, et Dickens ne se fait pas faute de l'utiliser, ou plutôt de le prêter à son narrateur, quitte à le diriger aussi à son endroit. Là diverge le procédé : vers les personnages, l'ironie se leste, selon leur catégorie, de [[satire]] ou de [[Empfindsamkeit|sentimentalisme]] ; vers le héros-narrateur des deux romans à la première personne, elle se fait à la fois indulgente et lucide, puisque, agent principal de la satire, il en est aussi, en permanence mais avec sympathie, l'objet. Vers les institutions, en revanche, elle reste sans compromis.
 
===== Qui parle dans Dickens ? =====
À la manière journalistique comme ses prédécesseurs du {{s-|XVIII |e}}<ref>{{ouvrage| lang langue=en|auteur=John M. L. Drew|titre=Dickens the Journalist|lieu=Londres|éditeur=Palgrave Macmillan|année=2003| p passage=255|isbn=9780333987735}}.</ref>, Dickens s'adresse directement au lecteur, mais reste à déterminer qui a vraiment la parole dans ses romans<ref>{{Ouvrage|auteur=Gérard Genette|titre=Figures III|lieu=Paris|éditeur=Seuil|collection=Poétique|année=1972 .}} .</ref>. ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'' se présente d'abord comme assemblage de documents épars que le narrateur [[Boz ]] a charge d'éditer. Très vite, ce rôle s'efface et un [[narrateur]] prend le relais avec son [[omniscience]] absolue<ref>[[Gérard Genette]], ''Figures III'', Paris, Seuil, Poétique, 1972.</ref>, mais il préfère assister au spectacle, yeux et oreilles grands ouverts, comme sur une scène : il décrit alors l'aspect, les gestes, et surtout rapporte ce qui est dit, le lecteur à ses côtés<ref name="cliffnotes.com 5">{{lien web| lang langue=en|url=http://www.cliffsnotes.com/study_guide/literature/The-Pickwick-Papers-Critical-Essays-Style-in-Pickwick-Papers.id-207,pageNum-235.html|titre=Style dans ''The Pickwick Papers''|consulté le=21 février 2012}}.</ref>. Dans ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'' se démarquent un narrateur en décalage avec Dickens, et surtout une narratrice, Esther Summerson, qui s'exprime en son nom et présente les faits sous un angle particulier. Dans ''[[Martin Chuzzlewit]]'', [[Martin Chuzzlewit|Pecksniff]] est sans cesse mis en question par l'observateur extérieur en préambule aux propres interrogations de Jonas sur la confiance qu'il doit lui témoigner<ref>{{Ouvrage|auteur=Charles Dickens|titre=Vie et aventures de Martin Chuzzlewit|traducteur=Alfred Stanislas Langlois des Essarts (sous la dir. de Paul Lorain)|lieu=Paris|éditeur=Hachette|année=1866|id=PaulLorain1866}}, tome II, chapitre 41.</ref>. Dans ''[[David Copperfield]]'', le narrateur s'engage à raconter et interpréter des faits passés, recréation forcément partielle et partiale, puisque, ''a priori'', il est le seul regard et la seule voix. Bavard et pédagogue, il ne laisse donc pas les faits parler d'eux-mêmes, mais s'affirme en maître du jeu narratif. Gareth Cordery écrit que {{citation|''David Copperfield'' est […] la quintessence des romans de la mémoire}}<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=372}}.</ref>, et à ce titre, d'après Angus Wilson, l'égal de ''[[À la recherche du temps perdu]]''<ref>{{harvsp|Angus Wilson|1972|p=214}}.</ref> : le passé se fait présent, le vivant se substitue au vécu, le [[Présent (linguistique)|présent historique]] scellant l'effondrement de l'expérience originale et la recréation d'un ici et maintenant occupant la conscience<ref name="Paroissien_373">{{harvsp|David Paroissien|2011|p=373}}.</ref>, bouffée de reviviscence se faisant parfois plus vive que la réalité. Ce sont là des « moments sacrés », écrit Gareth Cordery, où chante « la musique du temps »<ref name="Paroissien_373"/> : ; {{citation|prose secrète, ajoute [[Graham Greene]], sentiment d'un esprit se parlant à lui-même sans personne à côté pour l'écouter .}}<ref>Graham Greene, ''The Lost Childhood and Other Essays'', Londres, Eyre and Spottiswode, 1951, {{p.|53}}.</ref> .
 
===== La veine théâtrale =====
Les romans de Dickens sont des [[Avant-scène|prosceniums]] et des [[ scène Scène (théâtre)|scènes]] s qui, selon Philip V. Allingham, {{citation|grouillent d'action et résonnent de voix [venant] de toutes classes et conditions}}<ref name="Allingham">{{Ouvrage| lang langue=en|auteur=Philip V. Allingham|titre=An Overview of Dickens's Picaresque Novel ''Martin Chuzzlewit''|lieu=Thunder Bay, Ontario|éditeur=Lakehead University|année=2007| p passage=1}}.</ref>. Souvent, comme dans ''Martin Chuzzlewit'', cette veine théâtrale ressortit au genre de la [[Farce (théâtre)|farce]]<ref> [[George Gissing ]], {{Lien web|url=http://www.munseys.com/diskone/cdcrit.htm#1_0_9|titre=''Charles Dickens'' | ,chapitre = 8|année=1898|consulté le=30 juillet 2011}}.</ref>, certains personnages réagissant conformément à un schéma compulsif, comme les lettres que Mr Nadget se poste chaque jour et brûle dès leur réception. Parfois, ce comique devient macabre ; ainsi, le mari de Mrs Gamp vend pour une boîte d'allumettes sa jambe de bois qui, maniée avec virtuosité, surpasse pourtant celle qu'octroie la nature, l'objet s'animant alors que se chosifie l'individu<ref>Charles Dickens, ''Martin Chuzzlewit'', éd. de John Bowen, 1997, {{p.|XI}}.</ref>. John Bowen insiste sur ces éléments [[ Fantastique|fantastiques fantastique]] s, indissociables, selon lui, de l'aspect [[comique]]. Ainsi, Pecksniff à la {{citation|sauvage étrangeté}}, formidable machine à donner le change qui déploie en toute occasion la même énergie hypocrite, auto-alimentée , semble-t-il<ref>Charles Dickens, ''Martin Chuzzlewit'', éd. de John Bowen, 1997, {{p.|IX}}.</ref>. Cette force, pense [[G. K. Chesterton|Chesterton]], dénote {{citation|une prédominance de l'humour dur et hostile sur l'hilarité et la sympathie}}. Or, ajoute-t-il, Dickens est toujours à son avantage lorsqu'il rit de ceux qu'il admire le plus, comme cet {{citation|ange guêtré}} de Mr Pickwick, la vertu passive faite homme, ou Sam Weller, parangon, lui, de vertu active. Ses fous ou ses excentriques sont aimables, même [[Barnaby Rudge]], le pauvre héros au corbeau. Dans ''Martin Chuzzlewit'', au contraire, ce sont gens abominables, à l'humour gigantesque, certes, mais de la sorte {{citation|qu'on n'aimerait pas laisser une minute à muser seul au coin du feu, tant [leurs] pensées sont terrifiantes}}<ref>{{harvsp|Gilbert Keith Chesterton|1911|p=XXX}}, chapitre X.</ref>.
 
===== La veine satirique et pathétique =====
;Les personnages
[[Fichier:Charles Dickens characters.jpg| thumb vignette| left gauche|upright=1.2|Les personnages de Dickens.]]
La caractérisation est toujours un tour de force où se déploie une panoplie de procédés récurrents : division entre les bons et les méchants, avec passage pour certains d'un état à l'autre ; [[dichotomie ]] entre les personnalités à jamais figées et celles qui évoluent ; [[réification]] avec polarisation sur une manie ou subtile métamorphose de l'innocence à la maturité{{etc .}} . Une fois la catégorie définie, Dickens procède par le biais du portrait : nom cocasse et en soi descriptif, impact visuel d'un physique révélateur, attitude boursouflée répétée à satiété, tic immuable. Les bons personnages bénéficient du même traitement mais un discret sentimentalisme remplace la férocité satirique, avec une indulgence d'emblée acquise, frôlant le [[pathos]] [[Époque victorienne|victorien]], puisque prévaut l'[[humour]] et non plus l'esprit, la complicité plutôt que le trait dévastateur<ref>Michael Hollington ''in'' Odile Boucher-Rivalain, ''Roman et Poésie en Angleterre au {{s-|XIX |e}}'', Paris, Ellipses, 1997, {{p.|37}}.</ref>.
 
Ainsi , la mort de [[Le Magasin d'antiquités|la petite Nell]], dans la verdoyante campagne anglaise, sa faiblesse achevée par un environnement pourtant réputé consolateur, relève d'un [[Pathos|pathétique]] ayant ému jusqu'à l'ancien rédacteur en chef de l{{'}}''[[ Revue d'Édimbourg|Edinburgh Review]]'' qui, pourtant, stigmatisait [[William Wordsworth|Wordsworth]] pour {{citation|sa […] propension à un dégradant pathos}}<ref>Andrew Sanders, introduction à ''The Old Curiosity Shop'', 1996, {{p.|406}}.</ref>. [[Sylvère Monod]] souligne que cette émotion {{citation|s'explique en grande partie parce que la mort d'un être jeune fait revivre la perte de Mary Hogarth et aussi parce que [Dickens] éprouve envers les enfants de son imagination un attachement comparable à l'amour paternel}}<ref name="Monod p77">Sylvère Monod, ''Charles Dickens'', Paris, Pierre Seghers éditeur, 1958, {{p.|77}}.</ref>. À ce titre, ajoute-t-il, le « paroxysme émotif » mérite le « respect » : {{citation|il y a lieu d'être reconnaissant à Dickens d'avoir su tempérer le déchirement de la mort par la douceur d'une certaine poésie}}, une partie de la scène, en effet, étant écrite en vers blancs (''{{lang|en|blank verse}}'')<ref name="Monod p77"/>. [[Edgar Allan Poe|Edgar Poe]] trouve d'ailleurs des vertus à ce [[pathos]], dont il admire la « délicatesse », en ce qu'il se fonde sur une forme d'idéalisme, et qu'il rapproche de l {{' }}''Undine'' (1811) de [[Friedrich de La Motte-Fouqué| De Friedrich de La Motte Fouque]] {{sic}} (1777-1843), le trouvère de la chevalerie, vivant {{citation|dans le rayonnement de la pureté et de la noblesse d'âme}}<ref>{{en}} Charlotte M. Yonge, « Avant-propos », Friedrich de la Motte Fouque, ''Undine'', 2009, {{Lien web | lang langue=en |titre=''Undine'' en ligne|url=http://www.gutenberg.org/files/2825/2825-h/2825-h.htm |titre=''Undine'' en ligne|consulté le= 31août 31 8 2011}}.</ref>.
;Les institutions
Mais lorsqu'il s'agit de fustiger le système, l'ironie devient dévastatrice, surtout que les institutions ne sont pas décrites de façon maligne, mais montrées dans l'action même de leur laideur et de leur inefficacité. À ce titre, [[La Petite Dorrit|le ministère des Circonlocutions circonlocutions]] est exemplaire, dont le gaspillage verbal, en développant ce qui n'appelle aucun développement et déployant force éloquence sur rien, fait qu'un simple nom reçoit des prolongations infinies , et que l'inutile charabia, tortueux et labyrinthique, érige des barreaux pires que la [[Marshalsea]]<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=145}}.</ref>. La langue finit par s'asphyxier<ref>{{harvsp|John O. Jordan|2001|p=146}}.</ref>, se réduisant à des [[ Déictique deixis|déictiques]] , (« ''{{lang|en|here}}'' », « ''{{lang|en|there }}'' », « ''{{lang|en|now}}'' », « ''{{lang|en|then}}'' », « ''{{lang|en|this}}'' », « ''{{lang|en|it}}'' », « ''{{lang|en|his}}'' » ou « ''{{lang|en|hers}}'' }} » ), langue « perdue », inaccessible au commun et par là redoutable arme d'aliénation<ref>{{harvsp|David Paroissien|2011|p=40}}.</ref>.
 
===== La veine lyrique =====
;La campagne idyllique ou sauvage
[[Fichier:James Thomson (Scottish poet).jpg| thumb vignette|upright=0.7|[[James Thomson (poète né en 1700)|James Thomson]], l'auteur des ''Saisons''.]]
Il existe aussi un [[lyrisme]] dans les romans de Dickens, en particulier lorsqu'il décrit la campagne par opposition à la ville.
 
Dans ''[[Martin Chuzzlewit]]'', une fois la glorieuse ascendance des Chuzzlewit exposée sur le mode [[Humour|humoristique]], le roman s'ouvre sur une scène champêtre : village du [[Wiltshire]], non loin de la {{citation|bonne vieille ville de [[Salisbury ( Angleterre Royaume-Uni)|Salisbury]]}}, campagne ruisselant des rayons encore drus du soleil automnal, tous ingrédients conventionnels : champs, terre retournée, haies, ruisseau, branchages, pépiements<ref>Charles Dickens, ''[[Martin Chuzzlewit]]'', éd. de Kenneth Hayens, London & Glasgow, Collins, Verona printed, 1953, {{p.|24-25}}.</ref>. Verbes, substantifs et adjectifs semblent issus du langage poétique du {{s-|XVIII |e}} (''{{lang|en|poetic diction}}'')<ref>{{Ouvrage| lang langue=en|auteur=Owen Barfield|titre=Poetic Diction, A Study in Meaning|lieu=Londres|éditeur=Faber and Faber|année=1928}}, réédité par Wesleyan University Press, 1984, {{ isbn ISBN| 10:081956026X}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= http https://books.google.com/books/about/Poetic_diction.html?id=n55MSSrEP9sC|titre=''Poetic diction''|consulté le=25 juillet 2011}}.</ref>, celui de [[James Thomson (poète né en 1700)|James Thomson]] (1700-1748) dans ''Les Saisons'' (1726-1730) , par exemple. Là comme ici, coulent automatismes, vocabulaire obligé et séquences souvent rimées en ''{{lang|en|hill}}'' (colline), ''{{lang|en|rill}}'' (ruisselet), ''{{lang|en|fill}}'' (plein), ou ''{{lang|en|vale}}'' (vallon), ''{{lang|en|dale}}'' (val), ''{{lang|en|gale}}'' (rafale), ou encore ''{{lang|en|fly}}'' (voler), ''{{lang|en|sky}}'' (ciel), ''{{lang|en|ply}}'' (brin) et ''{{lang|en|May}}'' (mai), ''{{lang|en|gay}}'' (gai), ''{{lang|en|pray}}'' (prier)<ref>{{Lien web|url= http https://books.google.com/books?id=804JAAAAQAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false|titre=''The Castle of Indolence''|consulté le=24 juillet 2011}}.</ref>. Dickens, il est vrai, cherche un effet de contraste pour l'arrivée de Pecksniff aussitôt cloué au sol par une bourrasque. Soudain, la nature dévêtue de ses atours, le monde déréglé, l'harmonie rompue, une furie « incontinente » prend possession de toutes choses, et la « diction poétique » n'est plus riante ni saine mais se hache de chaos et de folie<ref>Charles Dickens, ''[[Martin Chuzzlewit]]'', éd. de Kenneth Hayens, London & Glasgow, Collins, Verona printed, 1953, {{p.|26-27}}.</ref>.
 
;Le lyrisme du sentiment et le chant épique
Restent les expressions lyriques du sentiment, par exemple, dans ''[[Les Grandes Espérances]]'', l'amour inexplicable de [[Les Grandes Espérances|Pip]] pour [[Les Grandes Espérances|Estella]] ; et parfois , s'élève un chant en séquences de prose [[Rythme|rythmée]] et [[Cadence (musique)|cadencée]] selon des schémas [[Ïambe|iambiques]].
 
Véritables [[ Psalmodie|psalmodies psalmodie]] s, ces passages élargissent la vision et grandissent les personnages en héros [[Épopée|épiques]]. Ainsi , en est-il de la tempête au chapitre 39 des ''[[Les Grandes Espérances|Grandes Espérances]]'', qui reprend le [[Prosodie|schéma prosodique]] du début de ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'', dissonance annonçant une déchirure : {{citation|[…] tempétueux et humide, tempétueux et humide, et la boue, la boue, la boue, épaisse dans toutes les rues}}<ref>Charles Dickens, ''Great Expectations'', 1996, {{p.|313}}.</ref>. L'envahissement par les éléments et l'accumulation verbale marquent l'irruption du forçat Magwitch, l'étranger oublié qui, bouleversant cosmos et vies, s'empare d'un coup du destin<ref>Henri Suhamy, ''Great Expectations'', Cours d'Agrégation, Vanves, CNED, 1971, chapitre « Romantisme », {{p.|4}}.</ref>. Suit un récit au souffle [[Épopée|épique]] rappelant le début de l {{' }}''[[Énéide]]'' « ''{{lang|la|Arma virumque cano}}'' » : {{citation|Je ne vais pas aller par quatre chemins pour vous dire ma vie, comme une chanson ou un livre d'histoire}}, [[prétérition]] démentie par les répétitions, le rythme ternaire, le nom « ''{{lang|en|Compeyson}}'' » repris en cellule grinçante par phrase, puis par paragraphe, puis occupant à lui seul le reste du discours.
 
Cette poésie, loin de s'en éloigner, surgit du [[naturalisme (littérature)|naturalisme]] même de son auteur<ref name="HT-vol 3">
{{ouvrage| lang langue=en|auteur=Henri Talon|titre chapitre=Space, Time and Memory in ''Great Expectations''|titre=''The Dickens Project, Dickens Studies Annual''|volume=3|lieu=Santa Cruz|éditeur=University of California Santa Cruz|année=1974 |pages=|isbn=}}.</ref> : Mikel Dufrenne remarque qu'{{citation|il y a de monde seulement pour qui découvre et découpe dans le réel une signification}}<ref>{{fr}} {{ouvrage|auteur=Mikel Dufrenne|titre=Phénoménologie de l'expérience esthétique|lieu=Paris|éditeur=Presses Universitaires universitaires de France|année=1953|volume=2| page passage=268}}.</ref>, ce que corrobore [[Henri Bergson]] pour lequel {{citation|le réalisme est dans l'œuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité}}<ref>{{ouvrage|auteur=Henri Bergson|titre=Le Rire. Essai sur la signification du comique|lieu=Paris|éditeur=Payot|collection=Petite Bibliothèque Payot |numéro dans collection=833|jour=4|mois=janvier|année=2012|pages totales=201|isbn=978-2-228-90714-9}}.</ref>.
 
===== Le rendez-vous avec soi =====
En somme, l'image du monde de Dickens est à celle de sa personnalité : du réel, il ne retient que ce qui l'émeut, son réalisme restant au service de son humanité. La poésie de son univers est celle de son moi qui se projette dans les choses et les êtres, et qu'ils réfléchissent ; et la féerie naît parce que l'auteur a rendez-vous avec son être, l'exagération même prenant valeur de révélation<ref name="HT-vol 3"/>.
 
== Œuvres ==
Pour une liste complète des œuvres de Charles Dickens et pour connaître celles qu'il a écrites en collaboration, se référer à la palette figurant au bas de chaque article le concernant ou à la ''{{lang|en|Cambridge Bibliography of English Literature}}''<ref>Paul Schlicke, « ''Charles Dickens'' », ''Cambridge Bibliography of English Literature'', {{3e}} édition, Cambridge, Cambridge University Press, 1999.</ref>. Seules, les œuvres marquées d'un astérisque ont reçu l'autorisation expresse de traduction de Charles Dickens<ref name="PS-169"/>.
 
=== Romans ===
 
* ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club]]'' (''{{lang|en|The Posthumous Papers of the Pickwick Club}}''), publication mensuelle d'avril 1836 à novembre 1837 ('''*''').
* ''[[Les Aventures de Monsieur Pickwick]]''<ref>Depuis la date de la {{1re}} parution française en 1837, jusqu'à 2006, le titre en France a quasiment toujours été : ''Les Aventures de Monsieur Pickwick'' (cf. notices du catalogue général de la Bibliothèque nationale de France).</ref> (''{{lang|en|The Posthumous Papers of the Pickwick Club}}''), publication mensuelle d'avril 1836 à novembre 1837 ('''*''').
* ''[[Oliver Twist]]'' (''{{lang|en|The Adventures of Oliver Twist}}''), publication mensuelle dans ''[[Bentley's Miscellany]]'' de février 1837 à avril 1839 ('''*''')
* ''[[ Nicholas Oliver Nickleby Twist]]'' (''{{lang|en|The Life and Adventures of Nicholas Oliver Nickleby Twist}}'' ), publication mensuelle d dans' avril '[[Bentley's 1838 Miscellany]]'' de février 1837 à octobre avril 1839 ('''*''') .
* ''[[Nicholas Nickleby]]'' (''{{lang|en|The Life and Adventures of Nicholas Nickleby}}''), publication mensuelle d'avril 1838 à octobre 1839 ('''*''').
* ''[[Le Magasin d'antiquités]]'' (''{{lang|en|The Old Curiosity Shop}}''), publication hebdomadaire dans ''{{lang|en|[[L'Horloge de Maître Humphrey|Master Humphrey's Clock]]}}'' d'avril 1840 à février 1841 ('''*''').
* ''[[Barnaby Rudge]]'' (''{{lang|en|Barnaby Rudge: A Tale of the Riots of 'Eighty}}''), publication mensuelle du 13 février 1841 au 27 novembre 1841 ('''*''').
* ''[[Martin Chuzzlewit]]'' (''{{lang|en|The Life and Adventures of Martin Chuzzlewit}}''), publication mensuelle de janvier 1843 à juillet 1844 ('''*''').
* Livres sur le thème de Noël :
* Livres sur le thème de Noël (''Contes de Noël'')<!-- Nous pouvons notamment lire ceci dans Le Petit Larousse illustré 2018 sous l'entrée " Contes de Noël " (p. 1413) : « Recueil de contes de C. Dickens (1843 - 1848). » --> :
** ''[[Un chant de Noël]]'' (''{{lang|en|A Christmas Carol}}'') (1843) ('''*''').
** ''Les Carillons'' (''{{lang|en|The Chimes}}'') (1844) ('''*''').
** ''[[Le Grillon du foyer (nouvelle)|Le Grillon du foyer]]'' (''{{lang|en|The Cricket on the Hearth}}'') (1845) ('''*''').
** ''[[La Bataille de la vie]]'' (''{{lang|en|The Battle of Life}}'') (1846) ('''*''').
** ''L'Homme au hanté spectre ou le Pacte du fantôme'' (''{{lang|en|The Haunted Man and or the Ghost's Bargain}}'') (1848) ('''*''').
** ''Message venu de la mer'' (''{{lang|en|A Message from the Sea}}'') (1860).
* ''[[Martin Chuzzlewit]]'' (''{{lang|en|The Life and Adventures of Martin Chuzzlewit}}''), publication mensuelle de janvier 1843 à juillet 1844 ('''*''').
* ''[[Dombey et Fils]]'' (''{{lang|en|Dombey and Son}}''), publication mensuelle de mai 1849 à novembre 1850 ('''*''').
* ''[[David Copperfield]]'' (''{{lang|en|The Personal History, Adventures, Experience and Observation of David Copperfield the Younger of Blunderstone Rookery (Which He Never Meant to Publish on Any Account)}}''), publication mensuelle de 1849 à 1850 ('''*''').
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* ''[[La Petite Dorrit]]'' (''{{lang|en|Little Dorrit}}''), publication mensuelle de décembre 1855 à juin 1857 ('''*''').
* ''[[Le Conte de deux cités]]'' (''{{lang|en|A Tale of Two Cities}}''), publication hebdomadaire dans ''{{lang|en|[[All the Year Round]]}}'' d'avril 1859 à novembre 1859 ('''*''').
* ''Message venu de la mer'' (''{{lang|en|A Message from the Sea}}'') (1860).
* ''[[Les Grandes Espérances]]'' (''{{lang|en|Great Expectations}}''), publication hebdomadaire dans ''{{lang|en|[[All the Year Round]]}}'' de décembre 1860 à août 1861 ('''*''').
* ''[[L'Ami commun]]'' (''{{lang|en|Our Mutual Friend}}''), publication mensuelle de mai 1864 à novembre 1865) ('''*''').
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=== Recueils divers ===
Pour une liste complète des œuvres dites « courtes » écrites par Dickens, voir {{lien web| lang langue=en|url=http://www.victorianweb.org/authors/dickens/pva/5.html|titre=''A Comprehensive List of Dickens's Short Fiction, 1833-1868''|consulté le=23 janvier 2013}}.
 
==== Esquisses sur Londres ====
* ''[[Esquisses de Boz]]'' (''{{lang|en|Sketches by Boz, Illustrative of Every-day Life and Every-day People}}'') (''{{lang|en|Sketches by Boz}}'') '''(*)''' , publié dans ''{{lang|en|[[Bentley's Miscellany]]}}'' (1836)<ref group="N">Dickens tient son célèbre pseudonyme du surnom qu'il avait donné à son jeune frère Augustus, « Moses », d'après un personnage de ''{{lang|en|The Vicar of Wakefield}}'' de [[Oliver Goldsmith]]. Prononcé du nez pour plaisanter, le nom s'est déformé en « Boses », puis raccourci en « Boz ». Le pseudonyme est associé à l'adjectif « inimitable », puis « Boz » a disparu et Dickens est resté « l'inimitable » (''{{lang|en|The Inimitable}}''). À l'origine, Boz se prononçait [b|oʊ|z], mais se dit aujourd'hui [b|ɒz].</ref>{{,}}<ref>G. M. Miller, ''BBC Pronouncing Dictionary of British Names'', Oxford, Oxford University Press, 1971, {{p.|19}}.</ref>.
 
==== Nouvelles indépendantes ====
* ''The Mudfrog Papers'' , publié dans ''{{lang|en|[[Bentley's Miscellany]]}}'' (1837-1838).
* ''La Vie d'un Clown clown, Mémoires de Grimaldi'' (''{{lang|en|Memoirs of Joseph Grimadi}}'') (1838).
* ''{{lang|en|The Haunted Man}}'' (1858).
* ''{{lang|en|texte=Reprinted Pieces}}'' (1858) ('''*''').
* ''Le Pauvre voyageur Voyageur'' (''{{lang|en|The Uncommercial Traveller}}'') (1860-1869) ('''*''').
==== Nouvelles publiées dans ''L'Horloge de Maître Humphrey'' (''{{lang|en|Master Humphrey's Clock}}'') ====
* ''Aveux trouvés dans une prison à l'époque de Charles II''.
 
==== Nouvelles sur le thème de Noël publiées dans ''Paroles familiales'' (''{{lang|en|[[Household Words]]}}'' ), hebdomadaire où Charles Dickens était directeur et rédacteur en chef à partir de 1850 ====
* ''L'Arbre de Noël'' (''{{lang|en|The Christmas Tree}}'') (1850).
* ''Noël quand nous vieillissons'' (''{{lang|en|What Christmas Is, as We Grow Older}}'' ) (1851).
* ''{{lang|en|A Round of Stories by the Christmas Fire}}'' (1852).
* ''Le Conte du parent pauvre'' (''{{lang|en|The Poor Relation's Story}}'') (1852).
* ''{{lang|en|Another Round of Stories by the Christmas Fire}}'' (1853).
* ''Le Conte de l'écolier'' (''{{lang|en|The Seven Poor Schoolboy's Travellers Story}}'' ) ( 1854 1853).
* ''Les Sept Pauvres Voyageurs'' (''{{lang|en|The Holly-Tree Seven Poor Inn Travellers}}'' ) ( 1855 1854).
* ''(L'Auberge de) la Branche de houx'' (''{{lang|en|The Wreck of the Golden Holly-Tree Mar Inn}}'' ) ( 1856 1855).
* ''Le Naufrage du Golden Mary'' (''{{lang|en|The Perils Wreck of Certain the English Golden Prisoners Mary}}'' ) ( 1857 1856).
* ''Dangers courus par certains prisonniers anglais'' (''{{lang|en| A The Perils of House Certain to English Let Prisoners}}'' ) ( 1858 1857).
* ''Maison à louer'' (''{{lang|en|A House to Let}}'') (1858).
 
==== Nouvelles sur le thème de Noël publiées dans ''Tout le Long de l'Année'' (''{{lang|en|[[All the Year Round]]}}'' ), nouveau titre pour ''Paroles familiales'' à partir de 1859 au moment où Charles Dickens se sépara de sa femme ====
* ''La Maison hantée'' (''{{lang|en|The Haunted House}}'' ) (1859).
* ''Message venu de la mer'' (''{{lang|en|A Message from the Sea}}'') (1860).
* ''La Terre de Tom Tiddler'' (''{{lang|en|Tom Tiddler's Ground}}'') (1861).
* ''Les Bagages d'Untel'' (''{{lang|en|Somebody's Luggage}}'' ) (1862).
* ''La Pension Lirriper'' (''{{lang|en|Mrs Lirriper's Lodgings}}'' ) (1863).
* ''L'Héritage de {{Mme}} Lirriper'' (''{{lang|en|Mrs Lirriper's Legacy}}'' ) (1864).
* ''Le Docteur Marigold'' (''{{lang|en|Doctor Marigold's Prescriptions}}'') (1865). C'est une série de contes écrits pour distraire une petite fille sourde et muette. On y trouve :
** ''Un procès criminel''
* ''L'Embranchement de Mugby'' (''{{lang|en|Mugby Junction}}'') (1866)<ref group="N">''Mugby Junction'' est un ensemble de nouvelles incluant ''The Signal Man'', histoire du spectre d'un aiguilleur dont chaque apparition à l'entrée d'un tunnel, prélude à un désastre ferroviaire.</ref>{{,}}<ref>Texte disponible sur {{lien web|url=http://ebooks.adelaide.edu.au/d/dickens/charles/d54mj/|titre=''Mugby Junction''|version=HTML|consulté le=25 janvier 2013}}.</ref>.
* ''L'Embranchement de Mugby'' (''{{lang|en|Mugby Junction}}'') (1866). C'est une série de contes écrits pour distraire une jeune femme malade. On y trouve :
** ''Le Signaleur''<ref group="N">''Mugby Junction'' est un ensemble de nouvelles incluant ''Le Signaleur'', ''The Signal Man'', histoire du spectre d'un aiguilleur dont chaque apparition à l'entrée d'un tunnel prélude à un désastre ferroviaire.</ref>{{,}}<ref>Texte disponible sur {{lien web|url=http://ebooks.adelaide.edu.au/d/dickens/charles/d54mj/|titre=''Mugby Junction''|consulté le=25 janvier 2013}}.</ref>.
* ''L'Impasse'' (''{{lang|en|No Thoroughfare}}'') (1867), écrit en collaboration avec Wilkie Collins.
 
=== Autres œuvres : critique, poésie, théâtre ===
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* ''L'Abîme'' (''{{lang|en|No Thoroughfare}}'') (1867)<ref group="N">Ce titre a également été donné à une nouvelle publiée en [[1867 en littérature|1867]] dans le numéro de Noël de ''[[All the Year Round]]'').</ref>.
 
=== Correspondance ===
* Plus de {{formatnum:14000}} lettres de Dickens à {{formatnum:2500}} correspondants connus, 450 d'entre elles formant ''The Selected Letters of Charles Dickens'', British Academy Pilgrim Edition, Jenny Hartley, éd., Oxford, Oxford University Press, 2012.
 
== Dickens sur scène, à l'écran et en littérature ==
Innombrables, elles-mêmes sujets d'ouvrages savants, sont les adaptations que le personnage et l'œuvre de Dickens ont inspirées. Philip Allingham leur a consacré sa thèse de doctorat en 1988 et ; son exploration du sujet, d'où sont essentiellement puisées les informations mentionnées ''infra'', est consultable en ligne sur le lien cité en référence<ref>{{lien web|url=http://www.victorianweb.org/misc/pvabio.html|titre=Philip Allingham sur le ''Victorian Web''|consulté le=14 mars 2013}}.</ref>.
=== Adaptations célèbres ===
Parmi les productions les plus remarquées, figurent trois quatre adaptations de ''[[Un chant de Noël]]'' :
* ''[[Un conte de Noël (film, 1938)|Un conte de Noël]]'' (''A Christmas Carol'' ), d' [[Cinéma américain|film américain]] réalisé par[[Edwin L. Marin]] , avec [[Reginald Owen]] , en 1838, [[1938 au cinéma|1938]] ;
* '' [[Scrooge '' ( film, 1970)|Scrooge]]'' ,[[ Fantômes Cinéma en britannique|film fête britannique]] ''), de réalisé par [[ Richard Ronald Donner Neame]] , avec [[ Bill Albert Murray Finney]] , et en [[ Karen 1970 Allen au cinéma|1970]] en 1988 ;
* '' A [[Fantômes Christmas en Carol fête]]'' ('' [[Le Drôle de Noël de Scrooge]] Scrooged''), de film américain réalisé par [[ Robert Richard Zemeckis Donner]] , avec [[ Jim Bill Carrey Murray]] et [[ Gary Karen Oldman Allen]] , en 2008. [[1988 au cinéma|1988]] ;
* ''[[Le Drôle de Noël de Scrooge]]'' (''A Christmas Carol''), film américain réalisé par [[Robert Zemeckis]], avec [[Jim Carrey]] et [[Gary Oldman]], en [[2008 au cinéma|2008]].
''[[Oliver Twist]]'' a inspiré en particulier :
''[[Oliver Twist]]'' a inspiré tout particulièrement :
* ''[[Oliver Twist (film, 1948)|Oliver Twist]]'', de [[David Lean]] avec [[Alec Guinness]] et [[John Howard Davies]] en 1948,
* '' [[Oliver ! Twist (film, 1948)|Oliver Twist]]'', comédie film musicale britannique de réalisé par [[ Carol David Reed Lean]] , avec [[ Mark Alec Lester Guinness]] et [[ Oliver John Howard Reed Davies]] , en 1968, [[1948 au cinéma|1948]] ;
* ''[[Oliver ! (film)|Oliver!]]'', [[film musical]] britannique réalisé par [[Carol Reed]], avec [[Mark Lester]] et [[Oliver Reed]], en [[1968 au cinéma|1968]]<ref>''[[Oliver ! (film)|Oliver!]]'' remporte l'[[Oscar du meilleur film]] à la [[41e cérémonie des Oscars|{{41e}} cérémonie des Oscars]].</ref> ;
* ''[[Oliver Twist (film, 2005)|Oliver Twist]]'', de [[Roman Polanski]] avec [[Ben Kingsley]] et [[Barney Clark]] en 2005.
* ''[[Oliver Twist (film, 2005)|Oliver Twist]]'', film [[Cinéma français|franco]]-[[Cinéma tchèque|tchéco]]-[[Cinéma italien|italo]]-britannique réalisé par [[Roman Polanski]], avec [[Ben Kingsley]] et [[Barney Clark]], en [[2005 au cinéma|2005]].
 
Quant à''[[ David Nicholas Copperfield Nickleby]]'' , il a été est adapté dans ''[[ David Nicholas Copperfield Nickleby (film, 1935 2002)| David Nicholas Copperfield Nickleby]]'', de film [[George britanno-américain Cukor]] réalisé avec par [[ W. Douglas C. Fields McGrath]] , et avec [[ Lionel Charlie Barrymore Hunnam]] en 1935, ''David Copperfield'', de [[ Simon Romola Curtis Garai]] avec et [[ Bob Christopher Hoskins Plummer]] , et en [[ Maggie 2002 Smith au cinéma|2002]] en 1999.
 
Quant à ''[[David Copperfield]]'', il a été adapté dans ''[[David Copperfield (film, 1935)|David Copperfield]]'', film américain réalisé par [[George Cukor]], avec [[W. C. Fields]] et [[Lionel Barrymore]], en [[1935 au cinéma|1935]] ; puis dans ''[[David Copperfield (téléfilm, 1999)|David Copperfield]]'', [[téléfilm]] britannique réalisé par [[Simon Curtis]], avec [[Daniel Radcliffe]], [[Bob Hoskins]] et [[Maggie Smith]], en [[1999 à la télévision|1999]].
''[[La Petite Dorrit]]'' s'est vue portée à l'écran dans ''Little Dorrit'', de Christine Edzard avec [[Derek Jacobi]] en 1988, et ''[[Les Grandes Espérances]]'' a, entre autres, notablement conduit à ''[[De grandes espérances|Great Expectations]]'', d'[[Alfonso Cuarón]] avec [[Robert De Niro]] et [[Anne Bancroft]] en 1998.
 
''[[La Petite Dorrit]]'' est portée à l'écran dans ''[[La Petite Dorrit (film, 1987)|La Petite Dorrit]]'' (''Little Dorrit''), film britannique réalisé par Christine Edzard, avec [[Derek Jacobi]], en [[1988 au cinéma|1988]].
===Le mystère de ''Le Mystère d'Edwin Drood''===
''[[Le Mystère d'Edwin Drood]]'' a, du fait que le roman est inachevé, reçu un traitement privilégié car, les mardi et mercredi 11 et 12 janvier 2012, [[BBC Two|BBC2]] a retransmis une version en deux parties inédite et achevée de l'histoire. Le scénario original est de Gwyneth Hughes, auteur de la série anglaise ''Five Days'', nominée aux ''Golden Globes''. La scénariste a souhaité garder le secret quant au dénouement qu’elle a choisi de mettre en scène<ref>{{fr}} {{lien web|url=http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/societe/charles-dickens-le-mystere-d-edwin-drood-enfin-resolu-23938.htm|titre=Edwin Drood à la [[British Broadcasting Corporation|BBC]]|consulté le=20 décembre 2011}}.</ref>. Le second épisode a réservé quelques surprises : Jasper ([[Matthew Rhys]]) s'évertue à monter un mauvais coup contre Neville et, bien qu'il n'y ait ni cadavre ni autre évocation du meurtre que celles, en flashback, des fantasmes de Jasper, la ville entière est convaincue que Drood a bel et bien été assassiné. Mais le jeune homme réapparaît calmement quelque dix minutes avant la fin et explique qu'il a fait une brève excursion en Égypte : ainsi, Jasper n'a pas tué et tout n'était donc que rêve et fantasme… Et pourtant si, Jasper a tué, pas Edwin cependant, mais son père, le vieux Drood ; et se démêle un écheveau qu'on eût cru moins compliqué : en réalité, le père de Drood est aussi celui de Jasper… et de Neville, si bien que Jasper et Edwin ne sont pas oncle et neveu, mais frères, et que Neville s'ajoute lui aussi à la fratrie. À contre-courant de l'histoire, semble-t-il, puisqu'il a passé ses derniers jours à comploter contre elle, la famille Drood célèbre dans la scène finale la mémoire de l'oncle/père décédé<ref>{{lien web|lang=en|url=http://www.bestbritishtv.com/?p=2323|titre=BBC 2, ''The Mystery of Edwin Drood'', {{2e}} épisode|consulté le=12 février 2012}}.</ref>.
 
''[[Les Grandes Espérances]]'' a, entre autres, notablement conduit à ''[[Les Grandes Espérances (film, 1946)|Les Grandes Espérances]]'' (''Great Expectations''), film britannique réalisé par [[David Lean]], avec [[John Mills]] et [[Alec Guiness]], en [[1946 au cinéma|1946]] ; et à ''[[De grandes espérances (film, 1998)|De grandes espérances]]'', film américain réalisé par [[Alfonso Cuarón]], avec [[Robert De Niro]] et [[Anne Bancroft]], en [[1998 au cinéma|1998]]. En 2011, la BBC produit une mini-série en trois parties, sur un scénario de Sarah Phelps et dans une réalisation de Brian Kirk, avec [[Ray Winstone]], [[Gillian Anderson]] et [[Douglas Booth]]. [[Mike Newell (producteur)|Mike Newell]] en réalise une nouvelle version cinématographique en 2012, simplement intitulée ''[[De grandes espérances (film, 2012)|Great Expectations]]'' avec [[Ralph Fiennes]] et [[Helena Bonham Carter]]<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.bbc.co.uk/news/entertainment-arts-15779928|description=Informations concernant les productions de la BBC|consulté le=29 juillet 2012}}.</ref>.
===Dickens en personnage de roman===
 
Du coup, Dickens est devenu le protagoniste d'un roman, ''Drood'' de [[Dan Simmons]], paru en France en 2011<ref>Dan Simmons, ''Drood'', traduit de l'anglais par Odile Demange, 2011, 876 p.</ref>. Dans une chronique du ''Monde des livres'', Hubert Prolongeau explore la fascination de l'auteur américain pour le roman inachevé de Dickens et explique qu'au leu de résoudre le mystère insoluble de sa fin, il a préféré en chercher la clef dans sa genèse. Partant de l'accident ferroviaire de 1855 à Staplehurst, il a imaginé que l'écrivain y a croisé un personnage étrange, nez et doigts coupés, nommé Drood. {{citation|Qui est ce Drood, qui va l'obséder au point qu'il consacre désormais toute son énergie à tenter de le retrouver, jouant dans cette quête à la fois sa santé et son salut ?}}. Il y a plus cependant, en faisant de [[Wilkie Collins]] son narrateur, Simmons sonde aussi son propre mystère : que ce {{citation|ce tout petit maître du roman [[Époque victorienne|victorien]], [soit] le véritable héros du livre [n'est-il] dû qu'au hasard ? En le peignant à la fois admiratif et jaloux de Dickens, son génial collègue, pris entre l'envie et l'amitié, [[Antonio Salieri|Salieri]] de ce [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] des mots, Simmons révèle sans doute quelques-uns de ses doutes face à la création littéraire. On retrouve dans ''Drood'' son besoin d'associer en permanence à ses écrits ceux des grands maîtres du passé, leur rendant hommage et affirmant la nécessité d'une filiation}}<ref> Hubert Prolongeau, « "Drood", de Dan Simmons : la chasse au "Drood" », Paris, ''Le Monde des livres, 22 septembre 2011.</ref>.
Dans ''[[Assassin's Creed Syndicate]]'', Dickens est un personnage secondaire apparaissant dans le [[Londres]] du [[XIXe siècle|{{19e}} siècle]].
 
=== Le mystère de ''Le Mystère d'Edwin Drood'' ===
''[[Le Mystère d'Edwin Drood]]'' a, du fait que le roman est inachevé, reçu un traitement privilégié car, les mardi et mercredi 11 et 12 janvier 2012, [[BBC Two|BBC2]] a retransmis une version en deux parties inédite et achevée de l'histoire. Le scénario original est de Gwyneth Hughes, auteur de la série anglaise ''Five Days'', nommée aux ''Golden Globes''. La scénariste a souhaité garder le secret quant au dénouement qu’elle a choisi de mettre en scène<ref>{{fr}} {{lien web|url=http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/societe/charles-dickens-le-mystere-d-edwin-drood-enfin-resolu-23938.htm|titre=Edwin Drood à la BBC|consulté le=20 décembre 2011}}.</ref>. Le second épisode a réservé quelques surprises : Jasper ([[Matthew Rhys]]) s'évertue à monter un mauvais coup contre Neville et, bien qu'il n'y ait ni cadavre ni autre évocation du meurtre que celles, en flashback, des fantasmes de Jasper, la ville entière est convaincue que Drood a bel et bien été assassiné. Mais le jeune homme réapparaît calmement quelque dix minutes avant la fin et explique qu'il a fait une brève excursion en Égypte : ainsi, Jasper n'a pas tué et tout n'était donc que rêve et fantasme… Et pourtant si, Jasper a tué, pas Edwin cependant, mais son père, le vieux Drood ; et se démêle un écheveau qu'on eût cru moins compliqué : en réalité, le père de Drood est aussi celui de Jasper… et de Neville, si bien que Jasper et Edwin ne sont pas oncle et neveu, mais frères, et que Neville s'ajoute lui aussi à la fratrie. À contre-courant de l'histoire, semble-t-il, puisqu'il a passé ses derniers jours à comploter contre elle, la famille Drood célèbre dans la scène finale la mémoire de l'oncle/père décédé<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.bestbritishtv.com/?p=2323|titre=BBC 2, ''The Mystery of Edwin Drood'', {{2e}} épisode|consulté le=12 février 2012}}.</ref>.
 
=== Dickens en personnage de roman ===
Charles Dickens est devenu le protagoniste d'un roman, ''[[Drood (roman)|Drood]]'' de [[Dan Simmons]], paru en France en 2011<ref>Dan Simmons, ''Drood'', traduit de l'anglais par Odile Demange, 2011, 876 p.</ref>. Dans une chronique du ''Monde des livres'', Hubert Prolongeau explore la fascination de l'auteur américain pour le roman inachevé de Dickens et explique qu'au lieu de résoudre le mystère insoluble de sa fin, il a préféré en chercher la clef dans sa genèse. Partant de l'accident ferroviaire de 1855 à Staplehurst, il a imaginé que l'écrivain y a croisé un personnage étrange, nez et doigts coupés, nommé Drood. {{citation|Qui est ce Drood, qui va l'obséder au point qu'il consacre désormais toute son énergie à tenter de le retrouver, jouant dans cette quête à la fois sa santé et son salut ?}} Il y a plus cependant, en faisant de [[Wilkie Collins]] son narrateur, Simmons sonde aussi son propre mystère : que {{citation|ce tout petit maître du roman [[Époque victorienne|victorien]], [soit] le véritable héros du livre [n'est-il] dû qu'au hasard ? En le peignant à la fois admiratif et jaloux de Dickens, son génial collègue, pris entre l'envie et l'amitié, [[Antonio Salieri|Salieri]] de ce [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] des mots, Simmons révèle sans doute quelques-uns de ses doutes face à la création littéraire. On retrouve dans ''Drood'' son besoin d'associer en permanence à ses écrits ceux des grands maîtres du passé, leur rendant hommage et affirmant la nécessité d'une filiation}}<ref>Hubert Prolongeau, « "Drood", de Dan Simmons : la chasse au "Drood" », Paris, ''Le Monde des livres'', 22 septembre 2011.</ref>.
 
Charles Dickens tient également un rôle de premier plan dans le roman ''Roublard'' (''Dodger'') de [[Terry Pratchett]], publié en 2012 au Royaume-Uni.
 
Dans la littérature française, [[Jean-Pierre Ohl]], dans son roman gothique ''Le Chemin du Diable'', fait apparaître Charles Dickens enfant et décrit en détail la vie dans la prison de [[Marshalsea]].
 
== Bibliographie ==
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=== Traductions en français ===
[[Fichier:Gill-Dickens.jpg| thumb vignette|upright=0.8|« Charles Dickens traversant la [[Manche (mer)|Manche]] en emportant ses livres »<br />[[André Gill|Gill]], ''L'Éclipse'', 14 juin 1868.]]
Du vivant de Charles Dickens, beaucoup de ses œuvres ont été, avec son accord et souvent une préface rédigée par ses soins, traduites en français. Après sa mort, les traductions se sont succédé jusqu'à la fin du {{s-|XIX |e}}. [[Sylvère Monod]] a dressé la liste des différents intervenants, en particulier Paul Lorain, à qui les éditions [[Hachette Livre|Hachette]], responsables de ces publications, ont parfois attribué des traductions faites par d'autres<ref>Sylvère Monod, « Les premiers traducteurs français de Dickens », in: ''Romantisme'', 1999, {{numéro|106}}. Traduire au xixe siècle {{s-|xix}}, {{p.|126}} ,[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1999_num_29_106_3458 Texte intégral].</ref>. Son analyse se conclut par un constat assez négatif , : {{citation|inexactitudes, brouillard intellectuel et moral, manque de principes et de points de repère}}. Le miracle, ajoute-t-il, c'est que , dans de telles conditions, {{citation|des traductions estimables [sont] tout de même nées […] et Dickens [a] pu conquérir à travers elles un public français}}<ref>Sylvère Monod, « Les premiers traducteurs français de Dickens », ''Romantisme'', 1999, {{numéro|106}}. Traduire au xixe siècle {{s-|xix}}, {{p.|119-128}}.</ref>.
 
Les éditions [[Bibliothèque de la Pléiade|La Pléiade]], le plus souvent sous la plume ou la direction de [[Sylvère Monod]], ont publié de nouvelles traductions des œuvres de Dickens. Le catalogue<ref>{{lien web|url=http://www.la-pleiade.fr/Auteur/Charles-Dickens|titre=Catalogues des œuvres de Charles Dickens dans la collection La Pléiade|consulté le=20 janvier 2013}}.</ref> comprend dix-huit titres :
 
* ''Souvenirs intimes de David Copperfield'', ''De Grandes Espérances'', Paris, Gallimard, La Pléiade, {{numéro|105}}, 1954.
* ''Dossier de la maison Dombey et Fils'', ''Temps difficiles'', Paris, Gallimard, La Pléiade, {{numéro|118}}, 1956.
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=== Ouvrages généraux ===
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Michael Stapleton|titre=The Cambridge Guide to English Literature|lieu=Londres|éditeur=Hamlyn|année=1983|pages totales=993|isbn= 10:0600331733}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Margaret Drabble|titre=The Oxford Companion to English Literature|lieu=Londres|éditeur=Guild Publishing|année=1985|pages totales=1155}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Nicolas Bentley, Michael Slater et Nina Burgis|titre=The Dickens Index|lieu=Oxford|éditeur=Oxford University Press (IUSA)|année=1988|pages totales=320|isbn=0192116657 / 13: |isbn2=978-0192116659}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Andrew Sanders|titre=The Oxford History of English Literature (Revised Edition)|éditeur=Oxford University Press|lieu=Oxford|année=1996 |pages=|isbn=0-19-871156-5}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Philip Hobsbaum|titre=A Reader's Guide to Charles Dickens|lieu=New York|éditeur=Syracuse University Press|année=1998|pages totales=318}} .
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Paul Schlicke|titre=Oxford Reader’s Companion to Dickens|lieu=New York|éditeur=Oxford University Press|année=2000|pages totales=675|isbn=978-0-198-66253-2}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Charles Dickens (Lettres)|titre=The Letters of Charles Dickens, Pilgrim Edition| direction directeur=Graham Storey, Kathleen Tillotson, Madeline House|lieu=Oxford|éditeur=Clarendon Press|année=1965-2002| volumes volume=12|isbn=}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Paul Davis|titre=Charles Dickens from A to Z|lieu=New York|éditeur=Checkmark Books|année=1999|pages totales=432|isbn=0- 8260 8160- 4067 4087-7}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=John O. Jordan|titre=The Cambridge companion to Charles Dickens|lieu=New York|éditeur=Cambridge University Press|année=2001 |pages=|isbn= 978-0-198-66253-2}}.
* {{en}} Jon Mee, ''The Cambridge Introduction to Charles Dickens'', Cambridge, Cambridge University Press, 2010, 115 p.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=David Paroissien|titre=A Companion to Charles Dickens|lieu=Chichester|éditeur=Wiley Blackwell|année=2011|pages totales=515|isbn=978-0-470-65794-2}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Paul Davis|titre=Critical Companion to Charles Dickens, A Literary Reference to His Life and Work|lieu=New York|éditeur=Facts on File, Inc.|année=2007|pages totales=689|isbn=0-8160-6407-5}}.
 
=== Ouvrages spécifiques ===
* {{ouvrage|langue=fr|auteur=Nathalie Jaëck|titre=Charles Dickens : l'écriture comme pouvoir, l'écriture comme résistance|éditeur=Ophrys|date=2008|pages totales=192}}
* {{ouvrage|lang=en|auteur=John Forster|titre=The Life of Charles Dickens|lieu=Londres|éditeur=J. M. Dent & Sons|année=1872-1874}}, édité par J. W. T. Ley, 1928.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=John Forster|titre= TheLife of Charles Dickens|lieu=Londres|éditeur= Everyman's J. Library M. Dent & Sons|année= 1976|pages=486|isbn=0460007823|13: 978 1872- 0460007825308-309 1874}} , édité par J. W. T. Ley, (réédition) 1928.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=John Forster|titre=Life of Charles Dickens|lieu= Londres|éditeur= Centraal J Boekhuis M Dent & Sons Ltd|collection=''[[Everyman's Library]]''|année= 2006 1976|pages totales= 629 486|isbn= 9077932038 / 9789077932032 0460007823|isbn2=9780460007825}} (réédition)
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= G. John K. Chesterton Forster|titre= Life ofCharles Dickens |lieu=Londres|éditeur= Methuen Centraal and Co., Ltd. Boekhuis|année= 1906 2006|pages totales= 629|isbn=9077932038 |isbn2= 9789077932032}} (réédition)
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=G. K. Chesterton|titre= Appreciations and Criticisms of the Works ofCharles Dicken Dickens|lieu= London Londres|éditeur= J Methuen and Co. , M Ltd. Dent|année= 1911|pages= 1906}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= S G. J K. Adair Fitz-Gerald Chesterton|titre= Dickens Appreciations and Criticisms of the Drama Works of Charles Dicken|lieu= Londres London|éditeur= Chapman & J. Hall, Ltd M. Dent|année= 1910 1911}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Gilbert S. Keith J. Chesterton Adair Fitz-Gerald|titre= Apprecations Dickens and Criticisms of the Works of Charles Dickens Drama|lieu=Londres|éditeur= Chapman & Hall, Ltd.|année= 1911 1910}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= George Gilbert Gissing Keith Chesterton|titre= The Apprecations Immortal and Criticisms of the Works of Charles Dickens|lieu=Londres|éditeur= Cecil Palmer|année= 1925|pages= 1911}}
* {{fr}} {{ouvrage |langue=en|auteur= André George Maurois Gissing|lien auteur=George Gissing|titre= Un The essai sur Immortal Dickens|lieu= Paris Londres|éditeur= Grasset Cecil Palmer|année= 1927|pages=240 1925}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=André Maurois|titre= Portraits Un nouveaux essai de Charles sur Dickens|lieu=Paris|éditeur= La Revue de Paris|Numéro=6|jour=15|mois=novembre Grasset|année= 1934 1927|pages totales= 289-301|isbn= 240}}
* {{fr}} {{ouvrage |lang=en|auteur= Edmund André Wilson Maurois|titre= Dickens, Portraits The nouveaux Two de Scrooges Charles Dickens|lieu= Boston Paris|éditeur= Houghton, La Mifflin Revue de Paris|numéro=6|jour=15|mois=novembre|année= 1941 1934|pages totales= 289-301|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Robin Edmund Gilmour Wilson|titre= Dickens,The Idea Two of the Gentleman in the Victorian Novel Scrooges|lieu= Londres,Boston|éditeur= Allen Houghton, & Unwin Mifflin|année= 1981|p=190 1941|isbn= 0048000051}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Humphry Robin House Gilmour|titre=The Dickens Idea World of the Gentleman in the Victorian Novel|lieu=Londres , Boston|éditeur= Oxford Allen University & Press Unwin|année= 1941 1981| pages passage= 232 190|isbn= 0048000051}}
* {{fr}} {{ouvrage |langue=en|auteur= Alain Humphry House|titre= En lisant The Dickens World|lieu= Paris Londres|éditeur= Gallimard Oxford University Press|année= 1945 1941|pages totales=232|isbn= 189}}
* {{fr}} {{ouvrage |lang=en|auteur= Una Pope Hennessy Alain|titre= Charles En lisant Dickens|lieu= Londres Paris|éditeur= The Reprint Society Gallimard|année= 1947 1945|pages totales= 496 189}} , d'abord publié en 1945
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Hesketh Una Pearson Pope Hennessy|titre= CharlesDickens|lieu=Londres|éditeur= Methuen The Reprint Society|année= 1949 1947|pages totales=496}} , d'abord publié en 1945
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Jack Hesketh Lindsay Pearson|titre= CharlesDickens , A Biographical and Critical Study|lieu= New York Londres|éditeur= Philosophical Library Methuen|année= 1950|pages=459 1949}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Barbara Jack Hardy Lindsay|titre= CharlesDickens , and A the Biographical Twentieth and Century. Critical The Study|lieu=New Heart of Charles Dickens York|éditeur= Edgar Philosophical Johnson Library| lieu année= New 1950|pages York|année totales= 1952 459}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Edgar Barbara Johnson Hardy|titre= CharlesDickens : His and Tragedy the and Twentieth Triumph Century. 2 The vols Heart of Charles Dickens|éditeur=Edgar Johnson|lieu=New York |éditeur=Simon and Schuster|année=1952 |pages=1158}}
* {{fr}} {{ouvrage |langue=en|auteur= Sylvère Edgar Monod Johnson|titre= CharlesDickens : romancier His Tragedy and Triumph. 2 vols|lieu= Paris New York|éditeur= Hachette Simon and Schuster|année= 1953 1952|pages totales= 520 1158}}
* {{fr}} {{ouvrage |lang=en|auteur= Arthur Sylvère A. Adrian Monod|titre= Georgina Hogarth and theDickens circle romancier|lieu= New York Paris|éditeur= Kraus Hachette|année= 1971 1953|pages totales= 320 520}} , d'abord publié par Oxford University Press en 1957 (320 pages)
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= K. Arthur J A. Fielding Adrian|titre= Charles Georgina Dickens, Hogarth a and critical the introduction Dickens circle|lieu= Londres New York|éditeur= Longmans, Green and Co. Kraus|année= 1958 1971|pages totales= 218 320}} , d'abord publié par Oxford University Press en 1957 (320 pages)
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= John K. Hillis-Miller J. Fielding|titre=Charles Dickens, The a World critical of His Novels introduction|lieu= Harvard Londres|éditeur= Harvard Longmans, University Green Press and Co.|année=1958|pages totales= 366|isbn=13: 9780674110007) 218}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= E. John A. Horsman Hillis-Miller|titre= CharlesDickens , and The the Structure World of Novel His Novels|lieu= Dunedin, Harvard|éditeur=Harvard N.Z. University Press|année= 1959 1958|pages totales=366|isbn=9780674110007}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= R E. C A. Churchill Horsman|titre= CharlesDickens , From and Dickens the to Structure Hardy|éditeur=Boris of Ford Novel|lieu= Baltimore Dunedin, Md N.Z.|année= 1964 1959}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Earle R. Davis C. Churchill|titre= The Charles Flint Dickens, and From the Dickens Flame: to The Artistry of Charles Dickens Hardy| lieu éditeur= Boris Missouri-Columbia Ford| éditeur lieu= University Baltimore, of Missouri Press Md.|année= 1963|pages=|isbn= 1964}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Steven Earle Marcus Davis|titre= Dickens The Flint and the Flame: From The Pickwick Artistry to of Dombey Charles Dickens|lieu= Londres Missouri-Columbia|éditeur= Chatto University & of Windus Missouri Press|année= 1965|pages= 1963|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= K. Steven J. Fielding Marcus|titre= CharlesDickens , : A From Critical Pickwick Introduction to Dombey|lieu=Londres|éditeur= Longman Chatto & Windus|année= 1966 1965| pages isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Christopher K. Hibbert J. Fielding|titre= The Charles Making Dickens, of A Charles Critical Dickens Introduction|lieu=Londres|éditeur= Longmans Green & Co., Ltd. Longman|année= 1967 1966}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Harry Christopher Stone Hibbert|titre= Charles The Dickens's Making Uncollected of Writings Charles from Household Words 1850-1859|volume=1 et 2 Dickens|lieu= Indiana Londres|éditeur= Indiana Longmans University Green Press & Co., Ltd.|année= 1968|pages=716|isbn=0713901209/13: 978-0713901207 1967}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= E. Harry D. H. Johnson Stone|titre chapitre=Charles Dickens : 's An Uncollected Introduction Writings to from His Household Novels Words 1850-1859| titre volume= Random 1 House et Study in Language and Literature Series 2|lieu= New York Indiana|éditeur= Random Indiana House University Press|année= 1969 1968|pages totales=716|isbn=0713901209 |isbn2= 251 978-0713901207}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= F E. R D. & Q H. D. Leavis Johnson|titre chapitre= CharlesDickens : An Introduction to the His Novelist Novels|titre=Random House Study in Language and Literature Series|lieu= Londres New York|éditeur= Chatto Random & Windus House|année= 1970 1969|pages totales= 371|isbn=0701116447 251}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= A F. E R. Dyson & Q. D. Leavis|titre= The Dickens Inimitable the Dickens Novelist|lieu=Londres|éditeur= Macmillan Chatto & Windus|année=1970|pages totales= 304 371|isbn= 0333063287 0701116447}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= George A. Leslie E. Brook Dyson|titre=The Language of Inimitable Dickens|lieu=Londres|éditeur= A. Deutsch Macmillan|année=1970|pages totales=304|isbn= 269 0333063287}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Angus George Wilson Leslie Brook|titre=The World Language of Charles Dickens|lieu= Harmondsworth Londres|éditeur= Penguin A. Books Deutsch|année= 1972 1970|pages totales= 312|isbn=0140034889 /9780140034882 269}} , {{fr}} traduit par Suzanne Nétillard, Paris, Gallimard, 1972, 277 p.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Philip Angus Collins Wilson|titre= Charles The Dickens: World The of Public Charles Readings Dickens|lieu= Oxford Harmondsworth|éditeur= Clarendon Penguin Press Books|année= 1975 1972|pages totales= 486 312|isbn= 0140034889|isbn2=9780140034882}} , {{fr}} traduit par Suzanne Nétillard, Paris, Gallimard, 1972, 277 p.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Robert Philip L. Patten Collins|titre=Charles Dickens : and The His Public Publishers Readings|lieu=Oxford|éditeur= Oxford University Clarendon Press|année= 1978 1975|pages totales= 518 486|isbn= 0198120761|13: 978-0198120766}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur= Harry Robert Stone|lang=en L. Patten|titre= CharlesDickens and the His Invisible World, Fairy Tales, Fantasy and Novel-Making Publishers|lieu= Bloomington et Londres Oxford|éditeur= Indiana Oxford University . Press|année= 1979 1978|pages totales= xii + 370 518|isbn= 0198120761|isbn2=978-0198120766}}
* {{ouvrage |lang=en|auteur= Michael Harry Slater Stone|langue=en|titre=Dickens and Women the Invisible World, Fairy Tales, Fantasy and Novel-Making|lieu= Bloomington etLondres|éditeur= J. Indiana M University. Dent & Sons, Ltd. Press|année= 1983 1979|pages totales= xii + 370|isbn= 0-460-04248-3}} .
* {{ouvrage|langue=en|auteur=Michael Slater|titre=Dickens and Women|lieu=Londres|éditeur=J. M. Dent & Sons, Ltd.|année=1983|isbn=0-460-04248-3}}.
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Anny Sadrin|titre=L'Être et l'avoir dans les romans de Charles Dickens|lieu=Lille et Paris|éditeur=Atelier national de reproduction des thèses ; diffusion Didier Érudition|année=1985|volume=2|pages totales=800}}
* {{ouvrage| lang langue=en| auteur auteur1=Virginia Woolf|titre=The Essays of Virginia Woolf: 1925-1928| édition auteur2=Andrew McNeillie ||lieu=Londres|éditeur=Hogarth Press|année=1986 |pages=|isbn=978-0-7012-0669-7}}
* {{en}} ''{{lang|en|Dickens's England : A Traveller's Companion}}'', Londres, B. T. Batsford, 1986, 200 p.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Norman Page|titre=A Dickens Chronology|lieu=Boston|éditeur=G.K. Hall and Co.|année=1988 |pages=|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Kathryn Chittick|titre=The Critical Reception of Charles Dickens 1833-1841|lieu=New York, Londres|éditeur=Garland|année=1989|pages totales=277|isbn=0-8240-5620-5}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Alexander Welsh|titre=The City of Dickens|lieu=Cambridge (Mass.) et Londres|éditeur=Harvard University Press|année=1986|pages totales=232}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Alexander Welsh|titre=From Copyright to Copperfield : The Identity of Dickens|lieu=Cambridge, Mass.|éditeur=Harvard University Press|année=1987|pages totales=200|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Fred Kaplan|titre=Dickens, A Biography |lieu=|éditeur=William Morrow & Co|année=1988|pages totales=607|isbn=9780688043414}}, {{fr}} traduit par Éric Diacon, Paris, Fayard, 1990, 519 p.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Gilbert Keith Chesterton|titre chapitre | =Chesterton on Dickens|titre=The Collected Works of G. K. Chesterton| Introduction et notes préface=Alzina Stone Dale|lieu=San Francisco|éditeur=Ignatius Press|année=1989|pages totales=571|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Beth Herst|titre=The Dickens Hero : Selfhood and Alienation in the Dickens World|lieu=Londres|éditeur=Weidenfeld and Nicolson|année=1990|pages totales=206|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Claire Tomalin|titre=The Invisible Woman : The Story of Nelly Ternan and Charles Dickens|lieu=New York|éditeur=Knopf|année=1991 |pages=|isbn=0-14-012136-6}}
* {{fr}} {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Anny Sadrin|titre=Dickens ou Le roman-théâtre|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|année=1992|pages totales=219|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Natalie McKnight|titre=Idiots, Madmen, and Other Prisoners in Dickens|lieu=New York|éditeur=St Martin's Press|année=1993|pages totales=148|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Peter Ackroyd|titre=Charles Dickens|lieu=Londres|éditeur=Stock|année=1993| p passage=1234|isbn= 13:978-0099437093}}, {{fr}} traduit par Sylvère Monod, Paris, Stock, 1993, 1234 p.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Malcolm Andrews|titre=Dickens and the grown-up child|lieu=Basingstoke|éditeur=Macmillan|année=1994|pages totales=214|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Philip Collins|titre=Dickens and crime|lieu=Londres|éditeur=Macmillan|année=1994|pages totales=371|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Philip Collins|titre=Charles Dickens, The Critical Heritage|lieu=Londres|éditeur=Routletge|année=1996|pages totales=664|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Hilary Schor|titre=Dickens and the Daughter of the House| lizeu lieu=Cambridge|éditeur=Cambridge University Press|année=1999 |pages=}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Juliet John|titre=Dickens's Villains : Melodrama, Character, Popular Culture|lieu=Oxford|éditeur=Oxford University Press|année=2001|pages totales=258|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Lynn Pykett|titre=Charles Dickens|lieu=New York|éditeur=Palgrave Macmillan|année=2002|pages totales=224|isbn= 10:0333728033 / 13: |isbn2=978-0333728031}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=John Bowen and Robert Patten|titre=Palgrave Advances in Charles Dickens Studies|lieu=New York|éditeur=Palgrave Macmillan|année=2006 |pages=|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Lynn Cain|titre=Dickens, family, authorship: psychoanalytic perspectives on kinship and creativity|lieu=Burlington, VT|éditeur=Ashgate
Publishing|collection=The Nineteenth Century Series|année=2008|pages totales=228|isbn=978-0-7546-6180-1}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Linda M. Lewis|titre=Dickens, His Parables, and His Readers|lieu=Columbia|éditeur=University of Missouri Press|année=2011| pages=isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Fred Kaplan|titre=Charles Dickens : A Life Defined by Writing|lieu=New Haven|éditeur=Yale University Press|année=2009|pages totales=696}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=R. E. Pritchard éd.|titre=Dickens's England : Life in Victorian Times|lieu= Stroud, Gloucestershire|éditeur=The History Press|année=2009|pages totales=284|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Sally Ledger|titre=Dickens and the Popular Radical Imagination|lieu=Cambridge|éditeur=Cambridge University Press|année=2010 |pages=|isbn=}}.
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Claire Tomalin|titre=Charles Dickens : a life|lieu=Hardmondsworth|éditeur=Penguin|année=2012|pages totales=576|isbn= 10:0141036931 / 13: |isbn2=978- 014103693 0141036939}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Simon Callow|titre=Charles Dickens and the Great Theatre of the World|lieu=New York|éditeur=Harper Press|pages totales=384|isbn=0007445318 / 13: |isbn2=978-0007445318}}
* {{ouvrage|auteur=Jane Smiley|titre=Charles Dickens|éditeur=Les Éditions Fides|année=2003 |pages=|isbn=|lire en ligne= http https://books.google.fr/books/about/Charles_Dickens.html?hl=fr&id=MTCwBZ7BTKwC}}
* {{ouvrage| lang langue=en|prénom1=Peter|nom1=Ackroyd|titre=Dickens|lieu=New York|éditeur=Harper Perennials|année=1992|pages totales=1195|isbn=0060922656|isbn2=9780060922658}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Susan M. Rossi-Wilcox|titre=Dinner For Dickens: The Culinary History Of Mrs Charles Dickens' Menu Books|lieu= Blackawton, Totnes, Devon|éditeur=Prospect Books (UK)|année=2005|pages totales=368|isbn= 10:1903018382 et 13: |isbn2=978-1903018385}}
* {{ouvrage |lang=en|auteur=Gladys Storey| lang langue=en|titre=Dickens and Daughter|lieu=Londres|éditeur=Muller|année=1939 |pages=|isbn=}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Lillian Nayder|titre=The other Dickens: a life of Catherine Hogarth|lieu=Ithaca, NY|éditeur=Cornell University Press|année=2010|pages totales=359 ||isbn= 978-0-8014-4787-7}}
* {{ouvrage| lang langue=en|auteur=Thomas Wright|titre=The Life of Charles Dickens|lieu=Londres|éditeur=H. Jenkins limited|année=1935|pages totales=392}}
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1=Lucien|nom1=Pothet|titre=Mythe et tradition populaire dans l'imaginaire dickensien|lieu=Paris|éditeur=Lettres modernes|année=1979|pages totales=281|collection=Bibliothèque Circé|numéro dans collection=1|isbn=2-256-90787-2|bnf=34652328p}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Max Vega-Ritter|titre=Dickens et Thackeray, essai d'analyse psychocritique : des ''Pickwick Papers'' à ''David Copperfield'' et de ''Barry Lyndon'' à ''Henry Esmond''|lieu=Montpellier|éditeur=Montpellier III|année=1986|pages totales=548|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1=Janine|nom1=watrin|titre=De Boulogne à Condette, une histoire d'amitié|sous-titre=Charles Dickens, Ferdinand Beaucourt-Mutuel|lieu=Condette|éditeur=J. Watrin|année=1992|pages totales=126|bnf=355674317}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Anny Sadrin|titre=Dickens ou Le roman-théâtre|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|année=1992|pages totales=219|isbn=213044069X , |isbn2=9782130440697}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Jean-Pierre Naugrette éd., Zaynab Obayda, Annie Amartin-Serin, Judith Bates, Odile Boucher-Rivalain, ''et al''|titre=Réussir l'épreuve de littérature, ''David Copperfield''|lieu=Paris|éditeur=Ellipses|année=1996 |pages=|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Zaynab Obayda|titre=L'enfance orpheline et la défaillance parentale dans les romans de Dickens : le génie stylistique de l'écrivain engagé|lieu=Nancy|éditeur= Université Nancy 2|année=1997 |pages=|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Gayet Razanantsoa, Fara Lalao|titre=La question du sujet dans la fiction de Charles Dickens : ''Oliver Twist'', ''David Copperfield'' et ''Great Expectations'' |lieu=|éditeur=|année=1999 |pages=|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Luc Bouvard|titre=Les fils de Dickens : filiation et focalisation dans cinq adaptations cinématographiques des romans de Charles Dickens|lieu=Montpellier|éditeur=Université Paul Valéry Montpellier III|année=2005 |pages=|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Marie-Amélie Coste|titre=L'être et le paraître dans les romans de Charles Dickens|lieu=Paris|éditeur=Atelier national de Reproduction des thèses|année=2006|pages totales=540|isbn=}}
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1=Nathalie|nom1=Vantasse|titre=Charles Dickens entre normes et déviance|lieu=Aix-en-Provence|éditeur=Publications de l'Université de Provence|année=2007|pages totales=252|collection=Mondes anglophones|isbn=978-2-85399-668-6|bnf=410444742}}
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1= Stephan Stefan|nom1=Zweig|titre=Trois maîtres|sous-titre=Balzac, Dickens, Dostoïevski|lieu=Paris|éditeur=Gutenberg|année=2008|pages totales=208|isbn=978-2-35236-020-9|bnf=41214390r}}
* {{fr}} {{ouvrage |nom1=Fayemi|auteur=Anne-Gaëlle Fayemi-Wiesebron|titre=L'objet dickensien, entre profusion et vide : étude de l'objet dans ''David Copperfield'', ''Bleak House'' et ''Great Expectations''|lieu=Rennes|éditeur=Université Rennes II|année=2012|pages totales=309|isbn=}}
 
== Sociétés savantes dickensiennes ==
=== En Grande-Bretagne et dans le monde anglo-saxon ===
* ''The Dickens Fellowship'', [http://www.dickensfellowship.org]
* ''The Dickens Society'' <ref group="N">Cette société savante publie la revue ''Dickens Quarterly'' depuis 1970.</ref>, [ http https:// dickensquarterly dickenssociety.org]
* ''The Charles Dickens (Malton) Society'', [http://www.dickenssocietymalton.co.uk]
 
===En France===
=== En France= ==
====Société Française des Études Victoriennes et Édouardiennes ====
La « Société d'études victoriennes et édouardiennes » a été créée, en France, en mai 1976, lors d'un congrès de la « Société des Anglicistes de l'Enseignement Supérieur » (la SAES, société-mère). Comme son nom l'indique en partie, elle est spécialisée dans l'étude du {{s-|XIX |e}}, de ses écrivains et des différents aspects de la civilisation britannique pendant cette période. À ce titre, Charles Dickens fait partie de ses centres d'intérêt<ref>{{lien web|url=http://www.canalacademie.com/ida3118-Societe-Francaise-des-Etudes-Victoriennes-et-Edouardiennes.html|titre=Société Française des Études Victoriennes et Édouardiennes|consulté le=16 mars 2013}}.</ref>.
;Colloques et congrès
* Paris III, Villetaneuse, janvier 2004 : « L'excès ».
Ligne 692 ⟶ 720 :
;Publications
« Centre d'études et de recherches victoriennes et édouardiennes », Montpellier, Université Paul Valéry, Presses universitaires de Montpellier III, 2006.
==== Les amis de Charles Dickens ====
* Siège : 29, boulevard Mariette, 62200 Boulogne-sur-Mer.
* Contact : Marie-Angèle Dauvin [http://www.gallimard.fr/nicaise/html/autgall/00727_t.htm]
* Objet : connaissance des oeuvres œuvres de Charles Dickens, du 19ème siècle {{s-|19}} anglais et français.
==== Amis de Charles Dickens de Boulogne-Condette ====
;Siège : 14 avenue de l’Yser, 62360 Condette.
;Objet : Association à caractère culturel ayant pour but de rassembler les admirateurs de Dickens afin d’en perpétuer le souvenir et discuter de ses œuvres.
 
== Hommages ==
{{...}}
* Les [[Dickens Rocks]] en [[Antarctique]] ont été nommés en son honneur ainsi qu'un grand nombre de lieux des [[Pitt Islands]] qui portent le nom des personnages des ''[[Les Papiers posthumes du Pickwick Club|Papiers posthumes du Pickwick Club]]''<ref>{{ouvrage|auteur1=Fred G. Alberts|responsabilité1=éditeur|langue=en|titre=Geographic Names of the Antarctic|année=1995|passage=188}}.</ref> telle l'[[Île Pickwick]]<ref>{{lien web|langue=en|url=https://data.aad.gov.au/aadc/gaz/scar/display_name.cfm?gaz_id=130118|titre=SCAR Composite Gazetteer of Antarctica|consulté le=19/12/2018}}.</ref>.
* À Paris, la [[rue Charles-Dickens]] porte son nom.
 
== Annexes ==
Ligne 705 ⟶ 738 :
 
=== Références ===
{{Références |colonnes=4}}
 
=== Articles connexes ===
==== Famille et relations ====
{{colonnes|taille=30|
* [[John Forster]]
* [[Catherine Dickens]]
Ligne 714 ⟶ 748 :
* [[Georgina Hogarth]]
* [[Ellen Ternan]]
}}
 
==== Illustrateurs ====
Ligne 720 ⟶ 755 :
 
==== Éditeurs ====
{{colonnes|taille=30|
* ''[[Morning Chronicle]]''
* ''[[Bentley's Miscellany]]''
* ''[[L'Horloge de Maître Humphrey]]''
* ''[[Chapman & Hall|Chapman and Hall]] ''
* ''[[Household Words]]''
* ''[[All the Year Round]]''
}}
 
==== Collègues ====
{{colonnes|taille=30|
* [[Elizabeth Gaskell]]
* [[Studs Terkel]]
* [[Upton Sinclair]]
* [[John Steinbeck]]
}}
 
=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Charles Dickens|wikisource =Charles Dickens|q=Charles Dickens}}
{{catégorie principale}}
{{Autorité | type = personne | VIAF = 88666393 | BNF = 119001186 | SUDOC = 026831198 | WORLDCATID = lccn-n-78-87607}}
* {{lien web|url=http://education.francetv.fr/dossier/vie-et-uvre-de-charles-dickens-o27456-la-vie-de-charles-dickens-face-aux-grands-evenements-politiques-115|titre=Chronologie de Charles Dickens|consulté le=28 février 2013}}.
* {{en}} [http://www.charlesdickensbirthplace.co.uk/ Lieu de naissance de Charles Dickens].
* {{en}} [http://www.dickensfellowship.org/ The Dickens Fellowship], association internationale dédiée vouée à l'étude de Dickens et de ses œuvres.
* {{en}} {{lien web |langue=en|url=http://charlesdickenspage.com|titre=Charles Dickens, La page de David Perdue|consulté le=20 janvier 2013}}.
;Textes
* [http://www.gutenberg.org/browse/authors/d#a37 Œuvres, texte intégral en français et en anglais (formats txt et HTML) sur le site www.Gutenberg.org]
* [http://beq.ebooksgratuits.com/vents/dickens.htm La Bibliothèque électronique du Québec]
* {{lien web| lang langue=en|url=http://classiclit.about.com/library/bl-etexts/jforster/bl-jforster-cdickens-1.htm|titre=Charles Dickens par John Forster|consulté le=30 janvier 2013}}.
 
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[[Catégorie: Décès Écrivain en anglais 1870 du XIXe siècle]]
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[[Catégorie:Auteur publié par les éditions Gallimard]]
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[[Catégorie:Décès en juin 1870]]
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