Robert Esnault-Pelterie

Ingénieur et aviateur français (Paris 1881-Nice 1957).

Fils d’un industriel du textile, il manifeste très tôt des aptitudes pour la mécanique. Dans le petit atelier mis à sa disposition par son père et qu’il transforme ensuite en laboratoire de physique et de chimie, il réalise toutes sortes de dispositifs et étudie la télégraphie sans fil. En 1902, il dépose son premier brevet d’invention, concernant un relais électrique. Il en déposera plus de 120 autres au cours de son existence.

Licencié ès sciences physiques en 1904, il se lance dans l’aviation, dont il devient l’un des pionniers. Il expérimente d’abord un planeur puis, en 1906, entreprend la réalisation d’un moteur d’avion, en étoile et à nombre impair de cylindres, avant de construire son premier aéroplane, d’une conception audacieuse : un monoplan métallique (et non plus en bois), doté d’un moteur placé à l’avant de l’appareil (et non plus derrière le pilote) et équipé d’un levier de commande unique, le « manche à balai » (qui restera son invention la plus célèbre). Par la suite, il multipliera les innovations pour accroître la sécurité des pilotes : indicateur de vitesse, ceinture de sécurité, parachute pour l’éjection, train d’atterrissage à deux roues, etc. À partir de 1907, il pilote lui-même son appareil. Cependant, faute de commandes, l’usine de construction aéronautique qu’il a fait construire à Billancourt doit fermer à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Vers 1908, Esnault-Pelterie commence à réfléchir aux voyages interplanétaires, qu’il considère comme le prolongement naturel de l’aviation. Ignorant tout des travaux du Russe Konstantine Tsiolkovski, il calcule les conditions mathématiques d’un vol spatial, les valeurs nécessaires des vitesses d’éjection des moteurs, la durée des voyages vers la Lune, Mars et Vénus, etc. Une conférence, intitulée Considérations sur les résultats d’un allègement indéfini des moteurs, qu’il prononce en 1912 devant la Société française de physique, puis une autre, au titre plus explicite, l’Exploration par fusées de la très haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires, qu’il donne en 1927 à la Société astronomique de France, constituent les premières approches scientifiques théoriques de l’astronautique en France. Robert Esnault-Pelterie (REP) crée ensuite avec son ami le banquier Louis André Hirsch, un prix international – le prix REP-Hirsch – destiné à récompenser les travaux les plus remarquables en ce domaine : Hermann Oberth en est le premier lauréat, en 1929. L’année suivante, Esnault-Pelterie publie son œuvre majeure, l’Astronautique, un traité de référence couvrant l’ensemble des connaissances de l’époque en matière de vol spatial, qu’il enrichit d’un supplément en 1934.

Surtout théoricien de l’astronautique, Esnault-Pelterie se livre aussi à des recherches pratiques en vue de mettre au point une fusée de 100 kg capable de s’élever à 100 km environ. Alors qu’il expérimente des combustibles, en 1931, une explosion lui arrache quatre doigts de la main gauche. En 1936, il est élu à l’Académie des sciences. La Seconde Guerre mondiale interrompt ses travaux. Il se réfugie alors en Suisse, avec ses documents, pour y passer les dernières années de sa vie dans une semi-retraite. Son décès, lors d’un déplacement à Nice, intervient deux mois après la mise en orbite par l’U.R.S.S. du premier satellite artificiel.