Publicité

Violences au Congo : le gouvernement accuse les opposants à Sassou-Nguesso

Des forces de sécurité montent la garde alors que les résidents de districts au sud de Brazzaville fuient les combats entre les forces congolaises et des assaillants non identifiés, le 4 avril 2016. STRINGER/AFP

Des fusillades et des tirs d'armes lourdes ont éclaté lundi dans les rues de Brazzaville, brisant le calme relatif qui prévalait en République du Congo depuis la réélection contestée du président Denis Sassou-Nguesso, validée officiellement ce lundi soir.

Le gouvernement a accusé une milice hostile au président Sassou-Nguesso de s'être infiltrée à Brazzaville et d'y avoir attaqué une position militaire ainsi que quatre commissariats, selon un communiqué lu lundi à la télévision publique par le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla. L'attaque de ces miliciens «ninja», autrefois favorables au défunt premier ministre Bernard Kolélas, père du candidat à l'élection présidentielle Guy-Brice Parfait Kolélas, a été contenue et le gouvernement examine d'éventuels liens avec des candidats de l'opposition, a déclaré le porte-parole. Des coups de feu ont été échangés à Makélékélé, un quartier sud de Brazzaville, fief de l'opposition, entre des policiers et des tireurs non identifiés, ont rapporté des témoins.

Réélection validée

Dans cet arrondissement du sud de la capitale, des jeunes, partisans de l'opposition, ont érigé des barricades, aux cris de «Sassou, va-t-en!» Ils ont mis le feu aux bureaux de la mairie d'arrondissement et au commissariat de police, ajoutent ces témoins. Les tirs, qui ont également eu lieu à Bacongo, autre place forte de l'opposition, ont commencé à trois heures du matin et ont duré jusqu'à 6 heures. Ils ont repris autour de 8h et se sont intensifiés en fin de matinée, alors que des hélicoptères de l'armée survolaient le sud de la capitale. Des centaines d'habitants des quartiers sud, certains portant quelques biens sur leur tête, ont fui à pied en direction du nord de la ville.

Denis Sassou-Nguesso, qui a 72 ans, a été président de la République du Congo entre 1979 et 1992 et l'est à nouveau depuis 1997. Il a été réélu le 20 mars après avoir fait adopter, par référendum en octobre 2015, des réformes supprimant les diverses limitations aux mandats présidentiels qui l'auraient empêché de se représenter. Lundi soir, la Cour constitutionnelle a validé sa victoire, selon laquelle Sassou Nguesso a obtenu plus de 60% des suffrages.

Le Quai d'Orsay appelle à la retenue

Cette victoire est contestée par l'opposition qui estime que le scrutin de fin mars était frauduleux et a appelé à une campagne de désobéissance civile. La grève générale a été très suivie la semaine dernière dans les quartiers sud de Brazzaville, mais ignorée dans le nord de la capitale où le président est populaire.

A Paris, le Quai d'Orsay a fait part de son inquiétude et lancé un appel à la retenue. «Notre ambassade a immédiatement adressé des consignes de sécurité et des appels à la prudence à nos ressortissants sur place, qui ont été invités à rester chez eux. Le lycée français est fermé aujourd'hui», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Nous continuerons de suivre la situation avec beaucoup d'attention. Nous appelons à la retenue.»

Après le scrutin présidentiel, le département d'Etat américain avait dit avoir été informé de nombreuses irrégularités et avait critiqué la décision du gouvernement de couper toutes les télécommunications durant le vote. Au moins 18 personnes ont été tuées par les forces de sécurité lors de manifestations de l'opposition organisées avant la tenue du référendum du mois d'octobre.

Violences au Congo : le gouvernement accuse les opposants à Sassou-Nguesso

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
3 commentaires
    À lire aussi