Dossier Thématique
Le sport dans l'empire français : un instrument de domination coloniale ?
Driss ABBASSI*
Le sport s'implante dans les colonies françaises vers la fin du xixe siècle, peu de temps après sa naissance en métropole (l'Union des Sociétés de Gymnastique de France est fondée en 1873). Il va, au tournant du xxe siècle, accompagner les nationalismes coloniaux et postcoloniaux (au sens chronologique du terme). Il s'affirme, en outre, à l'échelle mondiale dès la fin du dernier siècle, comme un enjeu économique et médiatique majeur. Fait remarquable en dépit de ces transformations historiques, le sport a su conserver son capital disons mythologique, dans la mesure où il est toujours considéré comme un espace social pacifique *. Il apparaît en effet que parmi les propriétés intrinsèques du sport (notamment sous sa forme figure le principe de « l'égalité de tous sur la ligne de départ ». Réunir côte à côte dans un stade des hommes (et des femmes) - au-delà de leurs appartenances politiques, sociales, religieuses et - confère au sport une puissante dimension symbolique. C'est la raison pour laquelle, comme le souligne Christian Bromberger, le sportif reste un observatoire remarquable de la façon dont les sociétés gèrent et tolèrent l'expression des émotions collectives, et se représentent les rapports avec les " autres " mais aussi entre les " genres " 2.
* Historien, chercheur associé à l'IREMAM/CNRS (Aix-en-Provence).
1. Driss Abbassi, L'imaginaire sportif. Médias et histoire dans le sport contemporain, Paris, Les éditions Mare & Martin, 2007.
2. Christian Bromberger, Le match de football. Ethnologie d'une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Paris, Editions de la Maison des sciences de l'homme, 2001.
N°
Outre-Mers, T. 97, 364-365 (2009)
