uel avenir pour France 24 ? Un peu plus d'un an après son lancement, la chaîne française d'informations internationales est dans l'incertitude après les déclarations de Nicolas Sarkozy, le 8 janvier, lors de sa conférence de presse. Souhaitant remettre à plat tout l'audiovisuel "extérieur" de la France, le président de la République voudrait qu'une nouvelle chaîne publique appelée France Monde, regroupant dans une holding TV5 Monde, France 24 et Radio France Internationale (RFI),
"soit créée cette année et qu'elle ne diffuse qu'en français".
"Avec l'argent du contribuable je ne suis pas disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas français", a affirmé M. Sarkozy en soulignant que
"l'on peut parfaitement avoir un sous-titrage par région - espagnol, arabe, anglais - pour porter une vision française".
Diffusée actuellement en trois langues (français, anglais et arabe) et dotée d'un budget de 80 millions d'euros, France 24 a bien du mal à trouver sa place face à ses principales concurrentes (CNN, BBC World et Al-Jazira). Dans son rapport remis début décembre 2007 au chef de l'Etat, le "comité de pilotage" sur la réforme de l'audiovisuel extérieur français recommandait bien la création d'une holding mais ne préconisait pas que France 24 soit diffusée uniquement en français. Selon les auteurs du rapport, cette holding centraliserait l'ensemble du financement, actuellement d'un montant de 360 millions d'euros par an, et un groupement d'intérêt économique (GIE) devrait être créé pour
"mutualiser" les services administratifs, logistiques et commerciaux des trois entités.
Si les patrons de France 24, TV5 Monde et RFI n'ont pas réagi à la proposition de M. Sarkozy, les syndicats de France 24, qui regroupent 35 nationalités, se sont insurgés contre la "frilosité" du président de la République et veulent défendre une chaîne trilingue, garante de "compétitivité". "Ce n'est pas le projet d'une société holding avec d'autres médias français (...) que nous contestons ici, mais sa frilosité et l'esprit de renoncement qui en sont la marque", dénoncent-ils dans un communiqué.
Une chaîne internationale sans services en langues diverses serait, selon eux, la marque d'une "arrogance pusillanime d'une France qui ne parvient toujours, en fin de compte, qu'à s'adresser à quelques élites expatriées ou à des élites minimes". De son côté, le SNJ-CGT a réagi vivement en affirmant que M. Sarkozy proposait "l'assassinat de France 24 et de RFI".
Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, s'est aussi déclaré hostile à la proposition de M. Sarkozy. "Le chef de l'Etat a donné son opinion très fortement. Il lui semble que concurrencer en anglais CNN, Al-Jazira ou BBC World est inutile. A moi, pas complètement", a-t-il expliqué. "La période de concertation est à peine entamée et rien n'a encore été tranché".