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RENAN, Ernest (1823-1892) : Qu'est-ce qu'une nation ?, 1882.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection �lectronique de la Biblioth�que Municipale de Lisieux (17.02.1997)
Texte relu par : A. Gu�zou
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Qu'est-ce qu'une nation ?
par
Ernest Renan

Conf�rence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882

Je me propose d'analyser avec vous une id�e, claire en apparence, mais qui pr�te aux plus dangereux malentendus. Les formes de la soci�t� humaine sont des plus vari�es. Les grandes agglom�rations d'hommes � la fa�on de la Chine, de l'�gypte, de la plus ancienne Babylonie ; - la tribu � la fa�on des H�breux, des Arabes ; - la cit� � la fa�on d'Ath�nes et de Sparte ; - les r�unions de pays divers � la mani�re de l'Empire carlovingien ; - les communaut�s sans patrie, maintenues par le lien religieux, comme sont celles des isra�lites, des parsis ; - les nations comme la France, l'Angleterre et la plupart des modernes autonomies europ�ennes ; - les conf�d�rations � la fa�on de la Suisse, de l'Am�rique ; - des parent�s comme celles que la race, ou plut�t la langue, �tablit entre les diff�rentes branches de Germains, les diff�rentes branches de Slaves ; - voil� des modes de groupements qui tous existent, ou bien ont exist�, et qu'on ne saurait confondre les uns avec les autres sans les plus s�rieux inconv�nients. � l'�poque de la R�volution fran�aise, on croyait que les institutions de petites villes ind�pendantes, telles que Sparte et Rome, pouvaient s'appliquer � nos grandes nations de trente � quarante millions d'�mes. De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec la nation, et l'on attribue � des groupes ethnographiques ou plut�t linguistiques une souverainet� analogue � celle des peuples r�ellement existants. T�chons d'arriver � quelque pr�cision en ces questions difficiles, o� la moindre confusion sur le sens des mots, � l'origine du raisonnement, peut produire � la fin les plus funestes erreurs. Ce que nous allons faire est d�licat ; c'est presque de la vivisection ; nous allons tra�ter les vivants comme d'ordinaire on traite les morts. Nous y mettrons la froideur, l'impartialit� la plus absolue.


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