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Accueil > Publications > Médi@ctions > n°37 - Un autre monde, une autre information

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Niger : Conseil de presse. Les journalistes refusent la mise sous tutelle

Depuis six mois le débat s’enlise. Le problème n’est pas dans la mise en place du Conseil de presse. Tout le monde, dans le paysage médiatique nigérien, s’y accorde. Mais quand le Conseil supérieur de la presse veut s’imposer comme un tuteur de droit dans cette instance, les hommes des médias opposent leur veto.

Les dérapages ne manquent pas dans le traitement de l’information par les médias nigériens. Les atteintes à l’éthique et la déontologie sont d’ailleurs si fréquentes que le besoin s’est fait sentir, au sein de la pro­ fession, d’élever des garde-fous. Les 29 et 30 août 2003, les acteurs des médias qui s’étaient retrouvés pour poser le débat en sont sortis persuadés qu’il fallait revenir à la création d’un Conseil de presse. Encouragée par le Syndicat des agents de l’information (Sainfo), appuyée par le Conseil supérieur de la communication (Csc), instance de régulation du Niger, la structure passe pour incontournable. Seulement, le chemin qui y mène divise. Car si le Csc revendique le droit de superviser la création et la mise en place de ce Conseil de presse, les journalistes ne l’entendent pas de cette oreille.

Le débat n’oppose pas des néophytes en la matière. Car le Conseil de presse n’est pas une nouveauté au Niger. En 1997 déjà, l’instance avait été mise sur pied. Elle devait être dissoute par la suite avec le coup d’Etat militaire ayant renversé le régime de Ibrahim Baré Mainassara, et dont les initiateurs avaient mis entre parenthèses le processus démocratique en cours dans le pays. Composé de cinq membres issus des médias publics et privés, ce Conseil de presse était indépendant du Conseil supérieur de la communication (Csc) et avait pour mission, entre autres, de délivrer et de retirer la carte nationale de presse, de veiller au respect de la charte professionnelle dont se sont librement dotés les journalistes nigériens à l’issue des Etats généraux de la communication de novembre 1992, de sanctionner tout manquement à l’éthique et à la déontologie de la profession, de donner des avis et conseils au Csc, etc. Les actes qu’il posait avaient la même force que les actes administratifs. Cette instance d’autorégulation, qui jouissait d’une totale autonomie, a été une expérien­ce concluante aux yeux des professionnels de médias.

A la faveur du toilettage des textes régissant le monde de la communication après le coup d’Etat de 1999, la création du Conseil de presse a été confiée au Csc. Mais les journalistes sont plutôt favorables à l’ancienne formule. C’est-à-dire une instance d’au- torégulation qui tirerait sa légitimité non pas de son pendant officiel, mais de la charte professionnelle des journalistes adoptée en juillet 1997. « Il est hors de question que nous acceptions d’être gérés par un Conseil de presse sous tutelle. Cette instance doit être un instrument autonome, une émanation des journalistes, mais non un appendice du Conseil supérieur de la communication », martèle Abdoulaye Moussa Massalatchi, le président de l’Union des journalistes privés nigériens (Ujpn). Cette position est aussi défendue par Hadi Mahamane Hadi et Sani Oumarou du Sainfo, qui disent ne pas se reconnaître dans le Conseil de presse tel que le conçoit le Csc.

Dans l’entendement des membres de cette instance, qui se cramponnent à la loi, le Conseil de presse doit être placé sous leur coupe. « C’est la loi qui dit qu’il est créé auprès du Csc un Conseil de presse dont la mission est de veiller au respect de l’éthique et de la déontologie, conformément à la charte des journalistes professionnels. Et notre serment nous impose d’appliquer strictement la loi », brandit Nouhou Mahamadou Arzika, le secrétaire général adjoint du Conseil supérieur de la communication.

« Les professionnels des médias n’ont pas été associés à l’élaboration de cette loi », rétorque Abdoulaye Moussa Massalatchi, qui poursuit : « On nous a conviés à cette table ronde (Ndlr : d’août 2003) pour réfléchir à la réhabilitation du Conseil de presse. Le minimum, c’est d’accepter le cadre dans lequel les journalistes veulent être. » « Nous avons toute la latitude pour mettre en place notre autorité de régulation. Nous n’en voulons pas une sous contrôle », renchérit Idi Baraou du Syndicat des travailleurs de la presse privée.

Aux yeux des professionnels des médias, pour que l’instance d’autorégulation puisse jouer efficacement son rôle de tribunal des journalistes, une indépendance totale est de rigueur. « Le Conseil de presse est comme un tribunal de première instance pour les journalistes. C’est à lui de juger et de sanctionner les journalistes qui viendraient à violer les dispositions de leur charte. Par conséquent, il ne doit pas être rattaché au Conseil supérieur de la communication, qui est déjà assez dotée en missions. Si en plus, il se permet de descendre dans l’arène pour gérer les questions d’éthique et de déontologie, de délivrance et de retrait de la carte de presse, il se discréditera comme l’Observatoire nationale de la communication installé par le régime militaire de la transition de 1999, et qu’il a remplacé », pense Sani Oumarou.

Par ailleurs, il faut bien qu’il y ait une instance suprême pour trancher les éventuels litiges entre le Conseil de presse et les journalistes, argumente-t-on. « Si, par exemple, le Conseil de presse décide de retirer momentanément la carte de presse à un journaliste pour des faits discutables, celui-ci doit disposer de voie de recours pour plaider son cas. Et ce rôle revient normalement au Csc, qui est l’instance suprême de régulation de la communication au Niger », explique Hadi Mahamane Hadi.

Mais pour Nouhou Arzika, la loi reste la loi. « Ce que nous nous proposons de mettre en place pour rester dans le cadre des textes, c’est un conseil au sein duquel siégerait un membre du Csc pour veiller à la bonne exécution des tâches. C’est la seule façon d’assurer à ce conseil une légitimité sans laquelle il ne saurait trouver les moyens nécessaires pour son fonctionnement », assure-t-il. Un argument qui ne convainc guère les journalistes.

Les positions sont figées depuis six mois. Il faut pourtant vite mettre en place ce « tribunal des pairs » pour une meilleure police des médias. Mais comment contourner l’obstacle posé par la loi ? « Faut-il attendre que les choses se décantent d’une manière ou d’une autre, ou mettre en place une commission technique pour faire le travail ? Devant ce vide, il faut bien qu’on trouve une issue en attendant la modification de la loi », plaide Zara Maïna du Sainfo. Mais le rejet monte des rangs même des journalistes : « II n’en est pas question, rétorque Hadi Mahamane Hadi. Ce que nous demandons au Conseil supérieur de la communication, c’est d’initier un projet de modification de la loi, pour la conformer à nos attentes. » « Nous sommes restés pendant toutes ces années sans carte nationale de presse. Nous pouvons donc attendre la modification de la loi, pour mettre en place un véritable Conseil de presse. Il est hors de question que le travail soit confié à une quelconque commission technique », renchérit Albert Chaibou de l’association nigérienne des éditeurs de la presse indépendante (Anepi). Le blocage perdure.

Mis à jour le 1er mars 2004 - Rédigé par Ousseini ISSA

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