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Le valaque/aromoune-aroumane en Grèce
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Institut de Sociolingüística Catalana
Le valaque/aromoune-aroumane en Grèce
  1. Introduction à la langue
  2. La langue dans le pays où elle est parlée
    1. Données générales sur la communauté linguistique
    2. Description géographique, démographique et linguistique
    3. Histoire générale de la région et de la langue
    4. Statut juridique et politique officielle
  3. Présence et usage de la langue par domaines
    1. Enseignement
    2. Autorités judiciaires
    3. Autorités et services publics
    4. Masse média et technologies de l'information
    5. Production et industries culturelles
    6. Le monde des affaires
    7. Usage familial et social de la langue
    8. Echanges transfrontaliers
  4. Conclusion


1. Introduction à la langue

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2. La langue dans le pays où elle est parlée

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2.1. Données générales sur la Communauté linguistique

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2.2. Description géographique, démographique et linguistique

Les problèmes qui se posent lorsqu'il s'agit de déterminer quelles sont aujourd'hui les installations valaques tiennent au fait que, dans leur grande majorité, ceux-ci ont quitté les régions de montagne et de semi-montagne pour s'installer dans les villes et les plaines. Exception faite de Metsovo, on ne rencontre aucun autre cas en Grèce de concentration de population valaque dans les centres où elle était historiquement implantée. Ainsi, Samarina et Périvoli qui, au début du siècle comptaient une population importante, sont aujourd'hui inhabités pendant l'hiver mais continuent à fonctionner en été. Toutefois, nous trouvons une population qui est originaire des deux villages en question dans plus de 20 villages (homogènes ou mixtes) ainsi que dans quelques villes.

Les données que nous fournirons ci-dessous et qui concernent les communautés valaques sont moins rigoureuses que celles qui ont trait à tout autre groupe parlant une langue périphérique. En premier lieu, parce que le valaque est une langue périphérique encore usitée, que l'on entend par endroits à travers toute la Grèce, ou du moins depuis Alexandroupoli jusqu'à Athènes. En second lieu, parce qu'après 1950 de petits groupes de pasteurs valaques se sont sédentarisés dans des centaines de villages de Grèce du Nord. Dans notre recensement, nous avons donc préféré mentionner les installations historiques et celles qui en constituent le prolongement. Et également les plus nouvelles et celles qui sont relativement les plus peuplées. Ce qui nous permet de couvrir la grande majorité de la population valaque. Ainsi, nous ne retiendrons ici ni Avgérinos (département de Kozani) qui compte 10 familles d'Arvanito-Valaques ni Anthi (département de Serrès) avec ses 6 familles de Valaques qui se sont installées après 1950. Nous faisons en revanche mention d'installations peu importantes dans le département de Florina (dont certaines postérieures à 1950) ou encore de Larissa, du fait qu'elles ont un poids historique considérable.

Sont considérées comme installations historiques de Valaques en Grèce la chaîne du Pinde, et plus précisément la région qui s'étend de Samarina jusqu'à Krania (département de Grévéna), la région de Metsovo et de l'est des Zagori, la région d'Aspropotamos ainsi que quelques villages de la région de Verria et de l'Olympe.

Le valaque en Grèce est réparti dans les départements suivants (indépendamment du fait que les villages soient homogènes ou mixtes et du degré de recul de la langue déjà enregistré):

La plupart des linguistes s'accordent à dire que le valaque dérive du latin vulgaire des Balkans (Vulgate) qui a commencé à se différencier dès les XIIè-XIIIe siècles (si ce n'est plus tôt), ce qui a donné naissance à 4 langues néo-latines: le daco-roumain, l'istro-roumain, le mégléno-roumain et le valaque. Le valaque se divise en dialectes du nord et du sud. La seconde catégorie se rencontre plus souvent en Grèce, sans que l'on puisse pour autant faire état d'une répartition géographique rigoureuse, celle-ci devenant plus complexe du fait des migrations et des interactions qui s'exercent. Il est évident que le valaque qui est aujourd'hui parlé en Grèce comporte des emprunts au grec, aussi bien du point de vue du lexique que de la morphologie et de la syntaxe. En tout état de cause, la compréhension mutuelle avec les Roumains pose problème.

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2.3. Histoire générale de la région et de la langue

L'itinéraire des Valaques à travers l'histoire n'est pas parfaitement clair, notamment au début de l'époque historique. Or, ici l'absence de données suffisantes n'est pas seule en cause; entre en effet également en ligne de compte le fait qu'aujourd'hui encore la plupart des études consacrées aux Valaques, si elles ont un caractère plus scientifique, ne peuvent éviter de se plier à des intérêts nationaux.

Ainsi, les théories relatives à leur origine s'efforcent, en fonction de la nationalité de l'auteur, de démontrer soit leur origine grecque antique, soit leur origine (daco)-roumaine.

Il semble que le latin ait eu une certaine présence au IIIè siècle ap. J.-C. dans le sud de la péninsule balkanique, présence qui s'intensifia vraisemblablement à une date ultérieure. Il apparaît en tout cas que la théorie qui fait des Valaques des descendants de soldats romains ne recoupe qu'une mince partie de la vérité, ainsi que l'attestent plusieurs études linguistiques et archéologiques. Quand on considère la ligne de partage généralement admise entre le latin et le grec, dans l'Empire romain tardif, on s'aperçoit que les Valaques du Pinde se trouvent dans la zone grécophone. La situation devient encore plus complexe dès lors que nous nous rangeons à l'opinion la plus communément admise, selon laquelle la plupart des régions d'Epire et de Macédoine, du temps de la conquête romaine, n'étaient pas grécophones.

Les nombreuses incursions venues du Nord "contribuèrent" peut-être à l'"apparition" des Valaques, comme du reste de tous les autres peuples des Balkans. Il est assez vraisemblable également qu'il y ait eu une migration à petite échelle, au VIe siècle et plus tard, depuis le Danube et l'Illyricum latinophone. Toutefois, au regard des données historiques, une migration massive d'habitants installés à demeure au nord du Danube semble peu probable. On conçoit mal comment ces populations urbaines, qui parlaient essentiellement le latin -du moins, selon une thèse en vigueur-, auraient migré pour se transformer en groupes transhumants.

A l'époque byzantine, nous disposons de témoignages attestant la transhumance de ces communautés. Aux XIIIe et XIVe siècles, il est fait état d'un flux massif de Valaques -ainsi que d'Albanais- en direction de l'hinterland grec. Le nom que prend alors la Thessalie, Grande Valachie, est caractéristique à cet égard, encore qu'il convienne de se montrer très circonspect quant au contenu que recouvre à l'époque byzantine le terme de Valaque.

Notons ici que, dans l'Empire byzantin et à une époque plus tardive, les Roumains actuels, ou plus exactement les latinophones de toute la péninsule balkanique, étaient appelés Valaques par leurs voisins. A la même époque, les habitants chrétiens de la région et bien sàr les grécophones se désignaient eux-mêmes comme Romioi.

Dès le XIIIe-XIVè siècle, nous disposons d'indices clairs de zones d'installation, qui sont demeurées des régions valachophones. Dans les débuts de la période ottomane, on observe un essor économique et démographique des Valaques qui s'accompagne d'une absence de confrontation avec les autorités. Pendant toute la durée de la période ottomane, les sources mettent en lumière un flux migratoire assez important du sud vers le nord. La création de la ville balkanique après le XVe siècle devait entraîner la première chute de la population valaque.

Nous pouvons affirmer avec certitude que la plupart des lieux d'implantation historique des Valaques existent dès 1700.

Après le milieu et principalement à la fin du XVIIIe siècle, puis, au début du XIXe siècle, s'amorce un tournant vers le commerce qui s'accompagne d'une expansion vers le nord (y compris la Roumanie). L'impact de cette évolution sur les installations valaques est immédiat et donne lieu à l'urbanisation d'une fraction importante de la population valaque et à la naissance d'une puissante classe commerçante. En liaison avec cette évolution, les Valaques ajoutent alors à leurs activités la fabrication de produits d'artisanat. Toutefois, la majeure partie de la population continue à se consacrer à l'élevage (pasteurs transhumants), aux transports et à la culture de la terre. Les agriculteurs, qui constituent une population sédentaire, accueillirent plus facilement la langue et la culture, grecques en l'occurrence.

Nous pouvons citer comme exemple les Koupatsaridès, chez qui seuls les plus âgés parlaient le valaque au début de notre siècle, et qui aujourd'hui ignorent pratiquement tout de leur langue, mais qui plus est de leur origine.

Une grande partie des élites qui se sont formées se sont ralliées aux tentatives visant à constituer un Etat national grec, dans la mesure où la langue grecque (qui a l'exclusivité dans l'Eglise orthodoxe et l'enseignement) mais également l'identité grecque, essentiellement à travers la revendication d'un héritage grec ancien, exerçaient une influence considérable.

Les Valaques que nous rencontrons dans la partie la plus orientale de la péninsule balkanique y ont migré relativement tard, au début du XVIIIe siècle et ont continué à se déplacer vers l'est au cours des siècles suivants.

Les frontières de 1878 entre la Grèce et l'Empire ottoman, les événements de 1897 mais également le conflit entre Grecs, Bulgares et Ottomans après 1870 eurent des conséquences néfastes pour les Valaques. Dans le conflit en question, les Valaques ne soutiennent ni précisément ni avec constance dans tous les cas l'un ou l'autre des adversaires, encore qu'une fraction importante se range aux côtés des Grecs à la fin du XIXe siècle.

Pendant toute la durée du conflit macédonien, et notamment après 1905, les groupes de rebelles grecs opérant sur le territoire ottoman se retournent fréquemment contre les Valaques roumanophiles de Macédoine et d'Epire et les affrontements armés ne sont pas rares.

Nous pouvons retenir comme premier monument écrit en langue valaque une inscription figurant sur une icône datant de 1731. A la même époque, se font jour les premières tentatives pour abandonner la langue que Cosmas d'Etolie appelait "la langue du diable".

A la fin du XVIIIe siècle, les premiers textes en valaque, et des dictionnaires font leur apparition. Le premier abécédaire en caractères grecs (primer) est édité en 1797. La plupart des textes de l'époque utilisent l'alphabet grec.

En 1860, les Valaques commencent à être reconnus comme des Roumains par les autorités officielles roumaines. C'est au cours de la même décennie qu'est fondé le Comité macédo-roumain et que les premières écoles roumaines destinées aux Valaques ouvrent leurs portes.

Avant d'aller plus avant dans notre exposé, il convient d'émettre les plus grandes réserves sur le caractère spontané du mouvement. Ce qui est clair, c'est que l'un des objectifs de la politique roumaine consista à forger le sentiment d'une spécificité linguistique. Le sentiment d'une connexion avec les "Valaques" du nord du Danube existait dès avant le XIXe siècle,.

Dans les décennies suivantes, des écoles valaquo-roumaines continuent à ouvrir leurs portes, notamment entre 1875 et 1900 et cela, en dépit des conflits qui opposent la Roumanie et les roumanophiles, notamment à propos de questions de langue. Dans une phase ultérieure, des rudiments de valaque furent enseignés (parallèlement au roumain). Après la fondation de ces écoles, une série de livres, de revues, de journaux et d'ouvrages littéraires font leur apparition.

En 1905, les Valaques orthodoxes sont officiellement reconnus comme un millet par les Ottomans, autrement dit comme une communauté spécifique qui a droit, entre autres, à un enseignement dans sa langue. Quelque temps auparavant, ceux-ci avaient commencé à revendiquer des droits ecclésiastiques. Dès 1892, nous trouvons 25 églises dans le sud des Balkans (soutenues par la partie roumanophile) où les offices sont célébrés en valaque. Vers 1910, avant que la Turquie ne "se retire" des Balkans, une fraction importante, mais minoritaire, des Valaques s'aligne sur les positions roumanophiles. Les remaniements des frontières après 1912 et les déplacements de populations auxquels ils donnèrent lieu devaient avoir des conséquences très néfastes pour l'organisation sociale et économique des Valaques.

En 1913, conséquence du Traité conclu entre la Grèce et la Roumanie, la reconnaissance des communautés valaques au plan éducatif et religieux est consacrée par l'Etat grec. Exactement à la même époque, la Roumanie commence à se désintéresser totalement des Valaques: d'une part, parce qu'elle pressent qu'elle ne peut susciter de rassemblements en sa faveur et d'autre part, parce qu'elle est en butte à des problèmes intérieurs. L'Italie essaiera alors de jouer un rôle, mais sans succès.

Néanmoins, on observe une forte migration après 1912 et durant toute la période de l'Entre-Deux-Guerres, essentiellement en direction de la Roumanie, migration qui est plus marquée chez les Méglénites et les Arvanito-Valaques. La migration des seconds se poursuivra à des rythmes intenses jusqu'à la période immédiatement consécutive à la Seconde Guerre Mondiale. Les Roumanophiles constituaient la majorité des migrants.

Jusqu'au rattachement de l'Epire et de la Macédoine à l'Etat grec, c'est vers les populations valaques que s'oriente l'essentiel des efforts de l'administration grecque dans le sens de l'intégration, par rapport à la population slavophone de Macédoine. Toutefois, les rapports des différents services font allusion à la "mouvance" de la conscience des Valaques, ou plus précisément des couches populaires.

Nous pouvons dire pour conclure que la conscience grecque des Valaques s'est forgée progressivement et sous la pression de l'Etat grec, mais essentiellement du fait que ceux-ci étaient acceptés par l'Etat comme un élément constitutif de la nation grecque. L'enseignement a joué à cet égard un rôle essentiel.

Ainsi, une tentative pour créer une "principauté" valaque autonome avec l'assentiment des occupants italiens pendant la Seconde Guerre Mondiale n'a guère rencontré d'écho auprès des Valaques.

Bien que les autorités grecques aient vu plutôt d'un mauvais oeil les Valaques dont les enfants fréquentaient l'école valaque, avec les conséquences néfastes que cela pouvait entraîner pour l'enfant lui-même, en 1939, 19 écoles primaires de ce type sont opérationnelles; les effectifs y sont peu nombreux. Les mesures prises par l'administration ne sauraient expliquer à elles seules des effectifs aussi restreints: ceux-ci reflètent essentiellement la suprématie fondamentale de la partie grécophile.

En 1945, toutes les écoles primaires (32 au total) sont fermées par décret du ministère de l'Education nationale; les 14 églises connaissent peu à peu le même sort.

La guerre civile fait suite à la Seconde Guerre Mondiale et entraîne l'abandon massif des communautés de montagnes.

A côté des Valaques (qui se désignent eux-mêmes principalement comme Armîni et secondairement comme Vlahi), un groupe assez distinct, du moins à une époque plus ancienne, est constitué par les Arvanito-Valaques qui s'appellent eux-mêmes Ramani, Farserot. Originaires de l'actuelle Albanie, ils ont essaimé dans tout le sud de la péninsule balkanique. Leur idiome est considéré comme plus conservateur et moins influencé par le grec, dans le lexique et la syntaxe.

Aujourd'hui, la Grèce est en fait le seul pays où soit parlé le méglénite ou mégléno-roumain, un idiome qui est schématiquement qualifié d'"intermédiaire" entre le roumain et le valaque. La compréhension mutuelle entre Méglénites et Valaques est assez problématique. Les locuteurs de cette langue se désignent eux-mêmes essentiellement comme Vlasi. Les 6 villages historiques dans lesquels la langue est aujourd'hui parlée constituent le dernier pan de la vaste expansion d'antan: ils ont subi une forte influence slave, et à en croire certaines théories, leurs habitants seraient descendus des régions situées au nord du Danube ou, autre thèse particulièrement discutable, seraient des descendants des Petchenègues. Les derniers échantillons de ce recul apparaissent à notre époque: ainsi, dans le village de Kastanéri (département de Kilkis) désormais seules les personnes très âgées sont slavophones alors que la jeune génération ignore carrément qu'il y a encore un siècle le méglénite était parlé dans leur village.

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2.4. Statut juridique et politique officielle

Le valaque (koutso-valaque) est mentionné dans les statistiques officielles jusqu'en 1951, date à laquelle le recensement officiel de la langue maternelle prend fin. Il est évident que les chiffres concernant le nombre de locuteurs sont considérablement minimisés.

Ce qui est indubitable, c'est que l'administration a essayé jusqu'en 1973 de dissuader les locuteurs de parler leur langue (une politique qui s'est assortie de légères mesures disciplinaires).

Les gouvernements PASOK furent d'une manière générale plus souples tant pour ce qui est de l'usage de la langue que dans leur approche des démarches en faveur de l'enseignement de la langue. Toutefois, aujourd'hui encore, ces démarches sont envisagées d'un oeil soupçonneux par les autorités et carrément hostile par une partie des Valaques.

Même si leur position ne s'exprime pas de façon officielle, il semble que les autorités soient négatives ou du moins mal à l'aise face aux actions entreprises pour maintenir la langue, comme en témoignent les quelques cas de tracasseries administratives enregistrés ces dernières années.

Quoi qu'il en soit, en 1996, on a noté la présence à l'"Antamoma" du président de la Nouvelle Démocratie (la formation conservatrice) et du président de Printemps politique (un petit parti de droite) qui, tout en étant connu pour ses prises de position les plus négatives sur de telles questions, n'en a pas moins salué les assistants en valaque. Autant de démarches qui ne sont bien entendu pas le signe d'un changement d'attitude des partis en question mais qui sont révélatrices de la taille de l'électorat d'origine valaque.

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3. Présence et usage de la langue par domaine

3.1. Enseignement

La politique dissuasive concernant l'usage de la langue s'est poursuivie après-guerre et c'est dans les écoles notamment que les mesures contre la langue étaient mises en oeuvre. Après la chute de la dictature, cette politique perdit son caractère officiel. Aujourd'hui encore, nombre d'enseignants dissuadent parents et enfants d'apprendre la langue, une attitude qui n'est pas tant imputable à des "sensibilités nationales" mais plutôt à la conviction que la connaissance du valaque est problématique pour les enfants ("ça les embrouille"). Ces dernières années, la langue est étudiée à l'université de Thessalonique, elle y est enseignée depuis 1995, et une série de thèses de doctorat y sont en cours, ainsi que dans quelques autres universités.

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3.2. Autorités judiciaires

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3.3. Autorités et services publics

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3.4. Mass médias et technologies de l'information

De façon sporadique sont diffusées des chansons valaques sur des stations de radio, principalement locales et rarement à la télévision.

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3.5. Production et industries culturelles

Dans les années 1980, bon nombre d'associations valaques voient le jour mais elles s'investissent essentiellement dans un rassemblement de caractère local et la protection de liens culturels avec les villages qui ont été abandonnés, plutôt qu'elles ne se mobilisent à propos de la sauvegarde de la langue. Aujourd'hui, on dénombre 45 à 50 associations de Valaques, dont 25 environ sont fédérées au sein d'une Union panhellénique des Associations culturelles valaques. Depuis 1984, sont organisés des festivals annuels, portant le nom d'"Antamoma" (littéralement: Rencontre) et qui affichent au programme des danses et des chants valaques. Un mensuel, Armanika Chronika, dans lequel figurent -rarement toutefois- des textes en valaque, est également édité. Dans leur grande majorité, ces associations sont opposées aux tentatives de sauvegarde de la langue, qui risqueraient de déplaire à une partie de l'administration.

Un assez grand nombre d'ouvrages comportant des chansons, des contes, des histoires en valaque ont paru ces dernières années. Dans leur grande majorité, ils utilisent les caractères latins, sans se conformer toutefois à un système orthographique uniforme. Un peu avant le début du siècle, s'était amorcée une production littéraire qui était le fait de Valaques ayant achevé leur cycle d'études dans les écoles roumaines; elle se poursuit en dehors de Grèce, en Roumanie principalement.

Des associations de Valaques, constituées principalement d'anciens émigrés ayant quitté la Grèce, sont particulièrement actives, en Roumanie mais également en Allemagne, en France, aux Etats-Unis, et en Australie. Elles se démarquent largement des associations fonctionnant en Grèce, et les Valaques se montrent soupçonneux à leur égard. Elles éditent des revues et organisent des colloques à propos de la langue et de la culture. Ces dernières années, des disques de chansons valaques et un assez grand nombre de cassettes sont disponibles. Il est caractéristique qu'une cassette de chansons en valaque soit sortie à Prosotsani (département De Drama).

Du point de vue de la culture populaire, il existe encore une production rudimentaire ainsi qu'en témoignent les panigyri ou fêtes de villages.

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3.6. Le monde des affaires

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3.7. Usage familial et social de la langue

Bien qu'il soit impossible de procéder à des généralisations en ce qui concerne l'usage du valaque, il est indubitable que celui-ci est, avec le turc de Thrace occidentale, la seule langue périphérique en Grèce qui soit parlée, au sein des familles et des groupes, non seulement dans les villages mais aussi dans les villes. La majorité de ses locuteurs se trouvent aujourd'hui dans les villes où ils ont émigré principalement dans l'après-guerre et non pas dans les villages qui constituent les noyaux historiques de leur implantation: ainsi, Ioannina, Trikala (où les Valaques sont majoritaires), Katérini, Prévéza, Larissa, Verria concentrent une importante population valachophone.

Au nombre des facteurs permettant d'expliquer ce maintien de la langue, retenons entre autres les contacts étroits que les Valaques entretiennent avec leurs villages d'origine, l'endogamie et le maintien de liens de parenté sous une forme très large. C'est ainsi que, dans la plupart des cas, nous les trouvons concentrés dans les mêmes quartiers des villes ou des bourgades.

Ils sont par ailleurs les seuls locuteurs d'une langue périphérique en Grèce qui n'éprouvent pas de sentiment d'infériorité quant à leur communauté et à la leur langue, bien au contraire.

Aujourd'hui, seules quelques femmes âgées constituent les échantillons de locuteurs monolingues, non compétents en grec.

L'image que présentent les locuteurs par rapport à l'usage de la langue diffère selon les régions et les familles, sans obéir pour autant à des règles générales. Ainsi, le niveau social et économique supérieur d'une famille n'implique pas obligatoirement l'abandon de la langue, ce qui est le cas dans des situations analogues en Grèce. Une étude récente menée sur Metsovo et sa langue vient confirmer ces constatations et met en évidence la multiplicité des facteurs qui influencent l'attitude des locuteurs. Le département de Ioannina constitue un exemple des disparités dans l'usage en fonction de la région: nous y trouvons en effet des villages où même les jeunes enfants connaissent le valaque et d'autres en revanche où, dans un contexte social et économique à peu près similaire, seules les personnes très âgées le parlent. Autre exemple de la complexité de la situation: alors que dans des communautés jadis dynamiques du département de Serrès, on aura peine à trouver un locuteur compétent dans la tranche d'âge des moins de 40-45 ans, on entend par contre parler valaque, en se promenant dans les rues du quartier d'Exarchia à Athènes, où sont concentrés des Valaques de Panaya (département de Trikala) et l'on y observe une assez bonne connaissance de la langue chez les sujets de plus de 20-25 ans.

Nous pouvons dire que le valaque reste la langue du cercle familial. Le plus souvent, les sujets n'ont pas de réticences à parler la langue devant leurs enfants et, une fois majeurs, du moins dans les régions où la langue se maintient, tous la comprennent et sont en mesure de former quelques phrases. La langue est même largement utilisée dans des lieux publics (places, cafés, magasins, etc.).

La règle de l'alternance valaque-grec, selon le sujet de conversation et l'interlocuteur (âge, etc.), vaut d'une manière générale. Le valaque est également la seule langue que des locuteurs de diverses régions parlent entre eux, en dépit des difficultés que cela comporte.

Le valaque est également conservé parmi les migrants qui constituent une fraction dynamique des Valaques et qui s'orientent vers des démarches pour sauvegarder la langue.

Les efforts de l'administration se sont largement portés sur un objectif: gommer toute idée de parenté avec le roumain, d'où les efforts déployés pour divulguer la thèse de l'incapacité de la langue à permettre des formes de communication élaborée et la cantonner dans une tradition exclusivement orale.

Une façon de penser à laquelle ont adhéré les élites valaques; un groupe d'"experts" s'est attelé à cette "tâche". Ainsi, on a vu énoncer la théorie selon laquelle le valaque ne serait qu'un "dialecte grec spécifique". Aujourd'hui encore, de tels auteurs "chapeautés" sévissent et, dans le meilleur des cas, proclament qu'"aujourd'hui tous les Valaques savent que leur langue ne s'écrit pas".

Notons que, dans leur histoire au sein de l'Etat grec, les Valaques n'ont jamais fait l'objet de la part des autorités de pressions susceptibles de les amener à se percevoir comme un corps étranger; nous ne saurions parler non plus d'un processus d'intégration à la société grecque qui diffère véritablement de celui des populations grécophones présentant des spécificités. Du reste, nous l'avons déjà noté, la majorité des Valaques s'est ralliée à l'idée nationale grecque.

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3.8. Echanges transfrontaliers

Aujourd'hui, les liens qu'entretiennent les Valaques avec la Roumanie sont minimes. Exception faite de quelques bourses d'études accordées par le gouvernement roumain à des étudiants grecs valaques de gauche, les autorités roumaines ont évité de conserver le contentieux. A partir de 1991, on voit se développer certains liens avec les Valaques d'Albanie, avec l'assentiment du gouvernement grec, ou même à l'incitation de celui-ci, dans la mesure où il entre dans ses objectifs de susciter une attitude pro-grecque chez les Valaques d'Albanie. Les liens avec les Valaques de la diaspora sont assez puissants; à l'inverse, ils restent très sporadiques avec les Valaques de Roumanie et de la République de FYROM.

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4. Conclusion

Depuis 1950 une série de "Valachologues" ont entrepris de démontrer que l'origine des Valaques remonte aux Grecs de l'antiquité, une théorie qui est inculquée à tout citoyen grec contemporain. Ainsi, dans les milieux scientifiques, on s'emploie à démontrer en ayant recours à des toponymes la continuité historique des Valaques d'une région donnée depuis l'antiquité. On parle également d'une langue qui repose sur un substrat linguistique grécophone et dont les locuteurs sont bilingues, de façon à asseoir la théorie de la latinisation de Grecs anciens. Un certain nombre de théories sur la question confinent même à l'absurde: ainsi, on entend affirmer que les Valaques ont tout simplement conservé leur langue latine, en plus du grec, pendant des siècles ou encore que leurs chansons sont en fait des chansons grecques traduites, du fait qu'eux-mêmes n'avaient pas de chansons dans leur propre langue.

Il faut sans doute attribuer ces efforts désespérés, de même que l'adoption de l'appellation de Grecs valachophones au lieu de Valaques, aux événements survenus jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale et à la survivance en Grèce de théories raciales sur la nation. Non seulement la communauté ne remet pas en cause son origine grecque, ce qui aurait des conséquences psychologiques néfastes sur les locuteurs, mais elle n'éprouve pas non plus le moindre sentiment de différence par rapport à la culture grecque. Aujourd'hui, l'intelligentsia valaque se montre fort circonspecte et soupçonneuse en ce qui concerne le maintien de la langue, grâce par exemple à l'enseignement, ce qui se traduit par des différends intra-communautaires.

L'identité valaque est totalement compatible avec la conscience nationale grecque. La distinction entre Valaque-"Graikos" (terme utilisé par les Valaques pour désigner les grécophones) n'a guère plus de signification symbolique que la distinction Pondien-Sarakatsane, par exemple.

On peut penser que la suppression de l'enseignement du valaque et du roumain a pu accélérer le retrait de la langue et émousser le sentiment de spécificité, après-guerre (le cas de Verria et l'importante survivance de la spécificité plaident en faveur de cette thèse). Ce qui est sàr, c'est qu'elle a eu des effets positifs sur les efforts déployés à l'époque par l'Etat pour gommer toute idée de parenté culturelle avec les Roumains et éviter que ne s'instaure un clivage trop marqué avec les Grecs, clivage qu'il est en fait impossible à évaluer. Il semblerait qu'il s'agisse d'une langue périphérique que les locuteurs se préoccupent de conserver, voire de faire enseigner à l'école. Et cela, du fait que les prolongements anti-nationaux auxquels donnait lieu dans le passé l'usage de la langue, ainsi que les humiliations à l'école et au service militaire se sont émoussés dans la conscience de la communauté. Par ailleurs, les Valaques, en dépit de tous les problèmes passés, n'ont pas été placés en situation d'exclusion ou de discrimination par l'appareil d'Etat, comme ont pu l'être les slavophones. Enfin, notons que la méfiance est due dans une large mesure au souvenir encore proche des écoles roumaines et de la "principauté du Pinde".

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