Comme il est de tradition, quelques minutes après le prix Goncourt, le jury Renaudot a annoncé lundi 10 novembre ses lauréats. C'est le Guinéen Tierno Monénembo pour Le Roi de Kahel (Seuil) qui l'a emporté au 11e tour de scrutin par 5 voix contre 4 à Elie Wiesel.
Le Renaudot essai est revenu à au 1er tour de scrutin à Boris Cyrulnik pour Autoportrait d'un épouvantail (éd. Odile Jacob).
Nouvelle déception donc pour Grasset qui outre l'échec du Médicis mercredi, échoue cette fois au Goncourt où était en lice Michel Le Bris et au Renaudot où concourraient outre Elie Wiesel, Olivier Poivre d'Arvor.
Tierno Monénembo. Né en 1947 en Guinée, Tierno Monénembo, fuit en 1969 la dictature de Sékou Touré et parcourt près de 150 kilomètres à pied pour rejoindre le Sénégal. Il s'inscrit en médecine à Dakar puis gagne la Côté d'Ivoire où il entame des études de biochimie qu'il poursuivra en France en 1973, après un détour par l'Algérie et le Maroc.
L'errance et l'exil sont au cœur de la vie et de l'œuvre de ce Peul qui publie son premier roman Les crapauds-brousse (Seuil comme tous ses livres) en 1979. Sept ans plus tard, ce sera Les Ecailles du ciel, récompensé par le Grand prix de l'Afrique noire. Suivront Un rêve utile (1991), Un attiéké pour Elgass (1993), Pelourhino (1995) ou encore Peuls qui raconte l'épopée de ce peuple, "énigmatique fleuve blanc au pays des eaux noires, fleuve noir au pays des eaux blanches", comme le définit un proverbe bambara.
C'est dans la lignée de ce roman que s'inscrit Le Roi de Kahel qui relate la vie d'Aimé Victor Olivier, vicomte de Sanderval (1840-1919), explorateur et précurseur de la colonisation française de l'Afrique de l'Ouest. Grâce à cette biographie romancée foisonnante, épique et savoureuse, Tierno Monénembo sort de l'oubli cet africaniste avant la lettre qui devint Peul parmi les Peuls.
Boris Cyrulnik. Responsable d'un groupe de recherche en éthologie clinique à l'hôpital de Toulon et enseignant l'éthologie humaine à l'Université du Sud-Toulon-Var, Boris Cyrulnik est surtout connu pour avoir développé le concept de "résilience" (renaître de sa souffrance). Concept que l'on retrouve dans son nouveau livre Autobiographie d'un épouvantail (éd. Odile Jacob) où il retrace ses différentes rencontres à travers le monde avec des blessés de la vie qui ont surmonté leurs souffrances et retrouvé la force de vivre.
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