Retraites : Les Républicains se défendent d'avoir obligé le gouvernement au 49.3... et continuent de se diviser

Publié le 16 mars 2023 à 20h27

Source : TF1 Info

La majorité estime que Les Républicains n'ont pas été à la hauteur de leur promesse de voter en faveur de la réforme des retraites, l'obligeant à déclencher l'article 49.3.
À l'Assemblée, les cadres du parti s'en défendent.
Mais à l'issue de cette séquence, LR semble plus divisé que jamais.

Elisabeth Borne ne les a pas épargnés. Au début de son allocution à la tribune de l'Assemblée nationale pour annoncer le recours au 49.3, la Première ministre a fortement égratigné Les Républicains, sur lesquels elle a pensé pouvoir compter jusqu'au bout pour obtenir une majorité, en vain. "Si chacun votait selon sa conscience et en cohérence avec ses prises de positions passées, nous n’en serions pas là cet après-midi. Cet après-midi, je n’ai pas envie de revenir sur les échappées personnelles, qui peuvent faire oublier à certains et les positions qu’ils défendaient quelques mois plus tôt, avec leur famille politique", a-t-elle déclaré. 

"Nous ne prendrons pas le risque de nous remettre dans les mains de nos adversaires politiques qui s'étaient pourtant engagés sur la réforme", avait regretté un peu plus tôt un cadre de la majorité au moment de justifier la décision de déclencher l'article 49.3. Dans l'après-midi, de nombreux parlementaires de la majorité ont également regretté de ne pas pouvoir compter sur eux à l'avenir et les ont accusés de trahison.

Les cadres LR ont alors essayé de se justifier, et rejeté en bloc les accusations d'infidélité. "Le recours au 49.3 est le signe d’un échec du gouvernement. Je veux pointer l’erreur sur la méthode depuis de longs mois et l’inaction depuis des années", a argumenté le chef du parti Eric Ciotti. À la question de savoir si le 49.3 avait été dégainé en raison des frondeurs LR, il a indiqué : "La majorité non plus n'était pas unie et unanime", "c'est d'ailleurs pour cela qu'il n'y avait pas une majorité"

Des députés et sénateurs sur deux lignes différentes

Alors que le patron du parti et le chef des députés LR avaient pris la décision de voter en faveur du texte s'il était travaillé et amélioré d'après leurs propositions, ils n'ont jamais pu raisonner une partie de leurs troupes. Le trouble-fête en chef, Aurélien Pradié, avait même été démis de ses fonctions de numéro deux du parti début février, Eric Ciotti dénonçant une "aventure personnelle" et des "prises de positions répétées (...) plus conformes avec les valeurs de cohérence, d’unité et de rassemblement qui doivent guider la droite républicaine". Mais le député du Lot ne s'est jamais résolu à amender sa position, entraînant plusieurs parlementaires LR dans son sillage. 

Mais le mal est plus profond, et les divisions encore plus sévères à une échelle plus globale. Ce jeudi matin, le Sénat dominé par la droite avait adopté sans difficultés le projet de loi, même si 6 sénateurs LR avaient voté contre et 19 s'étaient abstenus, sur les 145 membres du groupe. Aussi, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau avait encouragé le gouvernement à user du 49.3 à l'Assemblée nationale, évoquant "un vote très, très, très risqué". Ce jeudi soir, contrairement aux LR de l'Assemblée nationale, le président du Sénat Gérard Larcher ne s'est pas non plus indigné du recours au 49.3, constatant qu'il s'agissait d'"une procédure déjà utilisée 99 fois par des gouvernements de gauche comme de droite depuis 1958"

Des divisions à propos des motions de censure

Les divisions entre députés LR sont amenées à se poursuivre. Sitôt le 49.3 déclenché et le sujet des motions de censure abordé, elles se sont de nouveau affichées au grand jour. Si Eric Ciotti a indiqué que son parti n'en déposerait pas et n'en voterait "aucune", plusieurs députés réfléchissent à soutenir une motion transpartisane déposée par le groupe Liot. Aurélien Pradié, encore lui, a estimé dans la foulée que "chaque député reste totalement libre d'aller participer à une autre motion de censure". Le député du Lot, partisan du dépôt d'une motion de censure propre à LR, a expliqué n'écarter "aucune hypothèse par définition".

De même, Pierre-Henri Dumont a indiqué ne pas vouloir s'associer à une motion "signée par des membres du RN ou de LFI", mais une motion Liot "se négocie, se discute", a-t-il fait valoir. Le député de la Moselle Fabien Di Filippo a indiqué qu'"à titre personnel, (il) votera la censure".


Justine FAURE

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