Aménagements cyclables de l’échangeur de l’A 86 : « L’État n’est pas habitué à la concertation »

Les associations de cyclistes estiment que les erreurs dans la réalisation des pistes cyclables de l’échangeur Pleyel, à Saint-Denis, auraient pu être évitées si elles avaient été consultées en amont.

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 12 mars 2024. Les associations de cyclistes auraient apprécié être plus associées à l'aménagement des pistes cyclables du nouvel échangeur de l'A86 à Pleyel. LP/Claire Guédon
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 12 mars 2024. Les associations de cyclistes auraient apprécié être plus associées à l'aménagement des pistes cyclables du nouvel échangeur de l'A86 à Pleyel. LP/Claire Guédon

    « La construction de routes, ce sont des savoirs maîtrisés depuis des décennies, alors que ce n’est pas le cas des aménagements cyclables dans un pays qui n’a pas l’habitude d’en faire. Il y a besoin d’aller chercher les compétences ailleurs que dans les services techniques. C’est là que le rôle des associations est important. » Frédéric Bernat, militant cycliste et référent sur le territoire Plaine Commune de l’association Paris en selle, formule des critiques mais surtout des regrets quant à l’échangeur autoroutier A 86 Pleyel, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

    Menée par l’État et la Direction des routes d’Île-de-France (Dirif), sa conception comprend bien un réseau cyclable mais sa réalisation suscite une pointe d’agacement, y compris parmi les élus comme Christophe Piercy, conseiller municipal de Saint-Denis délégué au vélo. Du « grand n’importe quoi », tacle-t-il à propos du problème des feux à l’entrée de l’échangeur par la route de la Révolte. « Je suis choqué du danger qui a été laissé jusqu’à maintenant malgré des alertes transmises à la Dirif il y a plusieurs semaines. »



    « C’est dommage, mais l’État n’est pas habitué à la concertation, poursuit Frédéric Bernat. Il fait juste des réunions d’information. Quand, par exemple, j’ai compris que l’arrivée des vélos vers la place Pleyel ne serait pas aménagée, il a fallu râler pour avoir les plans. »

    Des « bonnes pratiques » après de nombreux ratés

    Les collectivités locales, en revanche, se sont mises à consulter les cyclistes avant tout projet, ces dernières années. « Le département de Seine-Saint-Denis fonctionne avec le Collectif vélo Île-de-France, qui contacte les associations pour faire des retours, illustre Frédéric Bernat. Et ça marche très bien. Il y a aussi des comités techniques. » Ces « bonnes pratiques » sont assez récentes et font elles aussi suite à quelques remarquables ratés en 2020 : les boules en béton invisibles de Plaine Commune ou la curiosité devant la station de la ligne 14 Mairie-de-Saint-Ouen.

    Pour l’échangeur Pleyel, « il n’en faudrait pas beaucoup pour rendre l’aménagement acceptable », estime Christophe Piercy. Maxime Gadreau, cycliste et consultant en mobilités, veut aussi saluer « des pistes capacitaires, contrastées avec la couleur beige » et « un bel effort paysager sur la partie sud ».