Grand Paris: des dépôts-bus RATP prêts à accueillir des livraisons d’Amazon et Chronopost

La RATP investit le marché de la logistique urbaine. Dès les prochaines semaines, elle va mettre 3 de ses centres bus à la disposition d’Amazon et de Chronopost. Les deux géants de la livraison vont y exploiter des plateformes de transfert de marchandises, durant la journée quand les bus ne sont pas stationnés au dépôt mais en tournée.

Centre bus de Lagny, Paris (XXe). Le vaste dépôt est l'un des 4 sites RATP qui va être mis à la disposition d'entreprises de logistique... quand les bus sont de sortie. LP/Benoit Hasse
Centre bus de Lagny, Paris (XXe). Le vaste dépôt est l'un des 4 sites RATP qui va être mis à la disposition d'entreprises de logistique... quand les bus sont de sortie. LP/Benoit Hasse

    Aux heures de pointe, très tôt le matin et en début de soirée, le va-et-vient des bus est permanent. Mais le reste du temps, les 17 dépôts bus de la RATP (dont une majorité dans Paris intra-muros) restent quasiment vides et l’activité y est très réduite. Un «gachis de mètres carrés» dans la capitale où la place est très chère qui devrait bientôt être corrigé dans les centres bus de Lagny (XXe arrondissement), Point du jour (XVIe arrondissement), Corentin (Montrouge (92)) ainsi que dans un centre technique de la Régie. Ces 4 sites RATP vont s’ouvrir à de nouveaux usages. Trois d’entre eux hébergeront des mini-plateformes logistiques d’Amazon et de Chronopost qui fonctionneront en journée, quand la majorité des bus de voyageurs sont de sortie.

    Le géant américain du e-commerce et la branche colis de la Poste ont été choisis parmi les 15 sociétés qui avaient répondu à l’appel public à la concurrence, lancé à la mi 2020 par RATP Capital Innovation (la filiale investissement de la Régie), pour « valoriser les actifs du groupe» dans le secteur de la logistique urbaine en plein développement. Amazon et Chronopost ont été préférés aux autres candidats en raison de leur savoir-faire mais aussi pour la «qualité environnementale» de leur dossier, précise la RATP.

    Il n’est évidemment pas question, pour ces deux sociétés, d’organiser du stockage dans les locaux du transporteur public. Amazon (qui gère déjà, depuis 2016, une plateforme de distribution dans le nord de la capitale) et Chronospost utiliseront les dépôts bus durant les heures « creuses» et uniquement pour le transfert des marchandises des véhicules lourds vers les véhicules légers qui effectuent les livraisons dites « du dernier kilomètre ». De plus, les deux lauréats de l’appel à concurrence de la RATP n’auront recours qu’à une flotte de véhicules à faible émission (électriques ou GNV) pour ces trajets en milieu urbain.

    L’ouverture à la concurrence en ligne de mire

    Le dispositif de site industriel partagé de la RATP - «une offre innovante de mixité fonctionnelle», selon les termes de l’appel à projets- présente l’avantage de nécessiter très peu d’aménagements. Seulement quelques installations signalétiques et des balisages de sécurité pour bien séparer les flux de livraisons de ceux du transporteur public. Au dépôt de Lagny, un panneau «livraisons» a déjà pris place au dessus de l’entrée de la piste 1. Amazon, qui a obtenu la mise à disposition de 3 des 4 sites RATP ouverts à la « mixité », y débutera ses activités logistiques d’ici à la fin du mois. Chronopost, dont le contrat est encore à la signature, investira les locaux un peu plus tard.

    Quel bénéfice en tire la RATP? La régie « ne communique pas » sur l’aspect financier de ces contrats de sous-location signés pour 4 ans. La direction insiste en revanche sur le «pragmatisme» du partage des espaces de logistique urbaine et sur la volonté du groupe RATP de devenir un acteur majeur de la filière. Ce sera l’une des missions de « RATP Solutions Ville». Cette filiale, créée en début d’année pour développer de nouveaux services commerciaux à destination des villes (immobilier, logistique, nouvelles mobilités, réseaux de télécommunication...) en plus de l’activité «historique» de la RATP, s’inscrit dans la perspective de l’ouverture à la concurrence des réseaux de transports.

    Une mise en concurrence qui doit intervenir dès 2025 pour le réseau des bus de Paris et de petite-couronne puis s’étendre progressivement aux autres réseaux (tramways, RER et métro) jusqu’en 2040. «Nous devrions perdre des parts de marché . Dans cette perspective, nous constituons une base de développement complémentaire à notre coeur de métier», avait indiqué Catherine Guillouard, présidente de la RATP en début d’année. Dans le secteur de la logistique, ce développement «complémentaire» ne se limitera pas aux 4 premiers sites attribués aux entreprises de livraisons. La « commercialisation » de quatre autres centre bus devraient intervenir d’ici à la fin 2022.

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