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Synthélabo s'offre Delalande

Delalande après Delagrange: la filiale de L'Oréal accélère dans la pharmacie, devenant le numéro 3 français derrière Rhône-Poulenc et Sanofi. L'offre amicale lancée sur Delalande valorise le laboratoire familial à environ 2 milliards de francs. A terme, la part de l'Oréal dans Synthélabo devrait tomber de 64% à 51%.

Publié le 11 déc. 1991 à 01:01

La pharmacie, l'Oréal y croit. Contrairement aux rumeurs qui depuis des années annoncent périodiquement son retrait du secteur, le leader mondial des cosmétiques accélère aujourd'hui sa diversification dans le domaine du médicament en y bouclant sa seconde grosse acquisition en deux mois. Après le rachat en octobre de Delagrange (1,6 milliard de francs de chiffre d'affaires), Synthélabo, la filiale spécialisée de l'Oréal, a en effet lancé hier une offre publique d'échange (OPE) amicale sur Delalande. Dernier laboratoire français indépendant coté en bourse, Delalande devrait dégager cette année un bénéfice net d'environ 66 millions de francs, sur un chiffre d'affaires de 1,1 milliard. Depuis la mort il y a quelques mois de Michel Delalande, neveu du fondateur et patron historique du laboratoire, la profession et les boursiers s'attendaient à une cession rapide de l'entreprise. « C'était le ciment de la famille, sa disparition a fait sauter un verrou psychologique à la vente », expliquait récemment une analyste (Les Echos du 21 novembre). Plus fondamentalement, dans une industrie pharmaceutique en pleine concentration et de plus en plus gourmande en capitaux, Delalande ne semblait pas pouvoir poursuivre très longtemps son développement en solo.
Les atouts
de Delalande
Faute d'avoir investi suffisament en recherche, Delalande voit en effet vieillir ses grands produits, comme le vasculo-protecteur Doxium ou l'Hept-a-myl contre l'hypotension, sans que d'autres viennent vraiment prendre le relais.
Pressée ces dernières semaines par de nombreux candidats au rachat, la famille fondatrice, qui détient 70% du capital de Delalande, a finalement choisi de passer la main à Synthélabo. La transaction prendra la forme d'une OPE. L'Oréal n'aura donc pas à débourser immédiatement du cash. En revanche, sa participation dans Synthélabo devrait redescendre juste au-dessus de 50%, contre 64,2% fin 1990. A raison de 11 actions Synthélabo contre trois actions Delalande, l'échange valorise Delalande à environ 2 milliards de francs, si l'on se réfère aux derniers cours de bourse de Synthélabo. Un prix jugé élevé par la Bourse de Paris, où le titre Synthélabo a perdu 9,9% hier, à 991 francs, l'une des plus fortes baisses de la journée.
« Ce prix, qui équivaut à environ trente fois les bénéfices et deux fois le chiffre d'affaires, n'a pourtant rien d'aberrant, tempère un analyste financier. Il se situe dans la moyenne des transactions dans ce secteur. Et même si son avenir semblait incertain, Delalande ne manque pas d'atouts: pas de dette, une trésorerie confortable, et l'une des plus belles marges bénéficiaires de la profession: 6,5%, un niveau supérieur à celui de Synthélabo ».
Surtout, le rachat simultané de Delagrange et Delalande permet à Synthélabo de quasiment doubler de volume en un an. Dans la pharmacie, l'Oréal se rapproche ainsi sérieusement de la taille critique nécessaire pour pouvoir mener une vraie recherche (le groupe pourra maintenant y consacrer plus de 1 milliard par an) et lancer rapidement ses produits nouveaux dans l'ensemble du monde. Avec un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards de francs, Synthélabo se situera désormais au troisième rang parmi les groupes pharmaceutiques français, derrière Rhône-Poulenc et Sanofi (Elf). Mieux: alors qu'il demeurait jusqu'à présent très franco-français, le groupe disposera à l'avenir de positions significatives hors des frontières, notamment en Allemagne et en Italie. Prochaine étape: la constitution d'un véritable groupe européen.

Denis Cosnard

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