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Ultime frégate multi-missions (FREMM) française, la Lorraine a été admise au service actif le 13 novembre. Seconde unité de la série dotée de capacités de défense aérienne renforcée, elle est désormais pleinement opérationnelle.

Presqu’un an après sa livraison par Naval Group, le 16 novembre 2022, la Lorraine a été officiellement admise au service actif le lundi 13 novembre par l’amiral Vaujour, chef d’état-major de la Marine nationale. La flotte française dispose ainsi d’une nouvelle unité de combat de premier rang pleinement opérationnelle et qui vient très utilement garnir son dispositif. Avant même d’être mise en service, la Lorraine avait cependant déjà connu sa première grande opération en avril dernier, lors de l’évacuation de ressortissants au Soudan (opération Sagittaire) conduite alors que la frégate effectuait son déploiement de longue durée, au cours duquel elle a évolué jusque dans l’océan Pacifique.

 

© FRANCIS JACQUOT

La Lorraine rentrant à Toulon le 10 novembre. 

 

© FRANCIS JACQUOT

La Lorraine rentrant à Toulon le 10 novembre. 

 

Un programme lancé en 2005 avec un objectif initial de 17 frégates

Avec la Lorraine, c’est aussi une page étape importante du renouvellement des moyens de surface de la Marine nationale qui s’achève. C’est en effet la dernière des huit FREMM tricolores réalisées par le chantier Naval Group de Lorient, qui a par ailleurs produit deux autres frégates de ce type pour l’export, le Mohammed VI livré au Maroc en 2014 et la Tahya Misr réceptionnée par l’Egypte en 2015. Le programme FREMM, mené en coopération avec l’Italie, a été lancé en 2005. A l’époque, il portait sur la réalisation de pas moins de 17 frégates pour la France. Huit devaient remplacer les frégates anti-sous-marines des type 67 et F70, alors que les neuf autres, dans une version AVT (action vers la terre) avaient vocation à succéder aux avisos du type A69. Rapidement, il fut décidé que deux FREMM seraient optimisées pour la défense aérienne afin de compenser l’abandon de la construction des troisième et quatrième frégates du type Horizon, jugées trop onéreuses. La décision a été actée en 2008, en même temps que la réduction de la cible des FREMM à onze unités, la version AVT étant enterrée et la succession des avisos renvoyée à plus tard. Puis, en 2015, le programme a encore été amputé de trois frégates pour être réduit à seulement huit unités. Cela, au profit du développement d’une nouvelle génération de frégates, les FDI, qui succèderont finalement aux La Fayette. Les Italiens eux, ont construit dix frégates pour leur marine, comme ils l’avaient prévu au départ (avec les équipements communs mais un design différent).

Des bâtiments de 142 mètres et 6000 tonnes

Longues de 142 mètres pour une largeur de 20 mètres et un déplacement de 6000 tonnes à pleine charge, les FREMM françaises, capables d’atteindre 27 nœuds et de franchir 6000 nautiques à 15 nœuds, sont fortement automatisées, ce qui a permis de réduire leur équipage à 109 marins (96 au départ) au lieu de 240 pour les frégates de la génération précédente. S’y ajoutent un détachement aéronautique d’une douzaine de marins, ainsi qu’une vingtaine de couchages pour des personnels supplémentaires.

Ces frégates ont comme principaux capteurs un radar multifonctions Herakles, un sonar de coque UMS 4110 et un sonar remorqué Captas-4. Pouvant embarquer un hélicoptère Caïman Marine (NH90), elles peuvent mettre en œuvre 8 missiles antinavire Exocet MM40 et sont dotée d’une tourelle de 76 mm, de deux canons téléopérés de 20 mm et de quatre tubes pour torpilles MU90.

Les six premières unités de la série, les Aquitaine (mise en service en 2015), Provence (2016), Languedoc (2017), Auvergne (2018), Bretagne (2019) et Normandie (2020) sont équipées de deux lanceurs verticaux octuples Sylver A70 pour 16 missiles de croisière naval (MdCN). Ce sont d’ailleurs les premiers bâtiments de surface européens équipés de telles armes, capables de détruire des cibles terrestres durcies à plus d’un millier de kilomètres de distance. Alors que leurs aînées ont en plus deux lanceurs Sylver A43 pour 16 missiles surface-air Aster 15, les Bretagne et Normandie sont équipées de lanceurs Sylver A50 permettant de loger des Aster 15 comme des Aster 30 à la portée supérieure (120 km au lieu de 30 km).

 

© MARINE NATIONALE

La Lorraine tirant un missile Aster 30. 

 

Capacités de défense aérienne renforcées

L’Alsace, admise au service actif en 2021, ainsi que la Lorraine, sont appelées FREMM DA puisqu’elles disposent de capacités de défense aérienne renforcées. A ce titre, elles n’embarquent pas de MdCN mais ont un total de quatre lanceurs Sylver A50 pour 32 missiles Aster 15 et Aster 30. Leur radar est plus puissant et leur mât principal adopte un design « taille de guêpe » afin de limiter au maximum l’effet de masque pour l’Herakles vers l’arrière. A la place du système optronique Najir des six premières FREEM, elles disposent d’une conduite de tir STIR 1.2 EO Mk2 qui combine radar et optique afin d’offrir de meilleures capacités de détection, une précision améliorée et une portée accrue pour l’artillerie principe. Le Central Opération des Alsace et Lorraine compte par ailleurs trois consoles supplémentaires (18 au lieu de 15) pour intégrer un pôle de défense aérienne, le système de combat SETIS ayant été adapté à cette fonction. Enfin, les FREMM DA bénéficient de moyens de communication plus développés et peuvent héberger jusqu’à 165 personnes, au lieu de 145 sur leurs ainées.

- Voir notre reportage complet à bord de l'Alsace

- Voir notre reportage réalisé en 2021 sur le chantier de la Lorraine

- Voir notre reportage à bord de l'Auvergne. 

Cap sur les FDI

Après les FREMM, la Marine nationale va maintenant se préparer à accueillir la nouvelle série des cinq frégates de défense et d’intervention (FDI). Des bâtiments plus compacts que les FREMM (121.6 mètres, 4460 tpc) mais aux capacités voisines. Mise à l’eau il y a un an, la tête de série, l’Amiral Ronarc’h, est toujours en achèvement à flot au chantier Naval Group de Lorient. Son armement a pris du retard, renvoyant le début de ses essais en mer au premier semestre 2024. Quant à sa livraison, initialement prévue mi-2024, elle est désormais attendue en janvier 2025, a appris Mer et Marine de sources militaires.

- Voir notre reportage sur le chantier des FDI à Lorient

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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