14 février. C’est le jour de la Saint Valentin, censé être le protecteur des amoureux. A mon sens, il s’agit plus d’une opération commerciale que tout autre chose car il paraît que les histoires d’amour finissent mal, en général. Surtout pour les jeunes de ce Troisième millénaire, qui manquent de maturité, de patience et de « fandeferana » (tolérance, humilité).
Pour ce jour de la Saint Valentin 2014, je vous propose de tourner votre regard sur les couples qui ont été à la tête de Madagascar, à une période donnée. Certes, ce document n’est pas complet car, malgré Internet où l’on ne trouve pas toujours tout, certains secrets sont bien gardés. Mais tout de même, ce sera une approche inédite effectuée par un journaliste malagasy. Allons-y et bonne Saint Valentin à tous les amoureux de la Grande île !
Qu’est-ce qu’une Première Dame ?
Photo de six Premières dames des États-Unis en novembre 1991. Assises, de gauche à droite : Lady Bird Johnson, Pat Nixon, Rosalynn Carter, et Betty Ford. Debout, de gauche à droite : Nancy Reagan et Barbara Bush (Source wikipédia)
En général, il s’agit de l’épouse d’un président élu. On pense que son origine est anglaise, le terme « First Lady » désignant, originellement, la femme du président des Etats-Unis d’Amérique. Par la suite, il a été repris et traduit dans d’autres langues, mais pas en malgache. C’est vrai. On a toujours dit femme du président (« Vadin’ny filoha ») mais jamais Première Dame (« Vehivavy voalohany »).
Photo de cinq autres Premières des Etats-Unis, en avril 2013. De gauche à droite : Lady Michelle Obama, Laura Bush, Hillary Clinton, Barbara Bush, Rosalynn (source: wikipédia)
En France, ce terme désigne le premier personnage féminin dans un ordre protocolaire, depuis l’ère de l’empire : Reine, Impératrice, régente… Toutefois, est c’est cela qu’il faut préciser ici: si la Première Dame peut avoir des attributions protocolaires, par contre elle ne dispose d’aucun titre officiel. Et surtout pas dans le domaine de la politique.
François Mitterrand et la demoiselle Danièle Gouze, lors de leur mariage, le 28 octobre 1944
Par ailleurs, si le président de la république est une femme, son mari peut se voir attribuer un nom équivalent de Première Dame, mais toujours sans rôle à jouer dans les affaires de l'Etat. Et de nos jours, cela ne se fait que très peu sinon pas du tout.
Les Chefs d’Etat qui se sont succédé à Madagascar, de 1960 à 2014, périodes de transition incluses
Concernant Madagascar, pour le titre de Première Dame, épouse d’un président élu, il y a eu successivement, de 1960 à nos jours : Justine Tsiranana, Thérèse Zafy (les deux Thérèse), Céline Ratsiraka (deux fois en deux parties), Lalao Ravalomanana et, depuis le mois de janvier 2014, Voahangy Rajaonarimampianina.
Cependant, la Grande île a traversé des périodes de transition et, à leur tête, des personnalités ayant eu rang de chef d’Etat. Ainsi de Gabriel Ramanantsoa, Richard Ratsimandrava, Gilles Andriamahazo, Norbert Lala Ratsirahonana, Zafy Albert (avant d’avoir été élu) et Andry Rajoelina.
LES PRESIDENTS ELUS ET LEUR EPOUSE
Le couple TSIRANANA
Dadabe Tsiranana tel que je l'ai toujours vu
Justine et Philibert Tsiranana, le jour de leur mariage
Justine et Philibert Tsiranana entouré de leurs enfants. A l'extrême-droite, Ruffine avec Pierre dans ses bras, suçant ses doigts
C’est à Antsirabe, petit village de la sous-préfecture de Mandritsara que le premier président de la première république de Madagascar, Philibert Tsiranana, né le 18 octobre 1910 à Ambarikorano, épousa la demoiselle Justine Kalitody, le 29 janvier 1933. Ils sont tous les deux décédés, et deux de leurs enfants font toujours de la politique. Il s’agit de Pierre Tsiranana et de Ruffine Tsiranana. Dadabe Tsiranana décède le 16 avril 1978.
Le couple RATSIRAKA
Didier Ignace Ratsiraka, fringant officier de marine et jeune ministre des Affaires étrangères sous le Général Gabriel Ramanantsoa
Didier Ratsiraka, avec un cigare de la Havane, entouré, de g. à dr., de : Richard Andriamanjato, Justin Rakotoniaina, Manandafy Rakotonirina et Marojama Razanabahiny, tous CSR (Conseillers Suprêmes de la Révolution)
Céline et Didier Ratsiraka à deux époques différentes...
En 1964, Didier Ignace Ratsiraka, né le 4 novembre 1936 à Vatomandry, alors jeune officier de marine -venant de sortir de l'Ecole Navale de Brest et affecté à la Base aéro-navale d'Antsiranana-, épouse la demoiselle Céline Velonjara. A l’époque, le curé qui a béni leur union s’appelait Armand Gaëtan Razafindratandra. Après quoi, le futur « père » de la révolution socialiste fut nommé attaché militaire à l'ambassade de Madagascar à Paris. Le couple Ratsiraka a quatre enfants : Olga, Annick, Xavier et Sophie.
Le couple ZAFY
Zafy Albert et son fameux chapeau de paille ("satroka penjy") au début des années 1990, sur la Place du 13-Mai
Albert et Thérèse Zafy militant au Magro de Behoririka
C’est au début des années 1960 que le futur professeur Zafy Albert, né le 1er mai 1927 à Betsiaka Ambilobe, épouse la demoiselle Thérèse Auguste Zafimahova, selon le rite traditionnel Antakarana. Ils ont eu trois enfants. Selon la convention du 31 Octobre 1991, Zafy Albert fut le Président de la Haute Autorité de l'Etat (HAE) pendant la période transitoire, avant d’être élu Président de la république au suffrage universel, en 1993. En en septembre 1996, Zafy Albert sera le premier président malgache à avoir été empêché par l'Assemblée nationale.
Le couple RAVALOMANANA
Marc et Lalao Ravalomanana entourés de leurs quatre enfants
Le couple Ravalomanana photographié en Afrique du Sud
Marc Ravalomanana, né le 12 décembre 1949 à Imerikasinina, épouse la demoiselle Lalao Harivelo Rakotonirainy en 1974 à Imerikasinina. Maire d’Antananarivo en 1999, Président de la République élu en 2002, il est réélu en 2006 mais remet les pleins pouvoirs à un directoire militaire non inscrit dans la Constitution, le 17 mars 2009 et se réfugie en Afrique du Sud où il fait l’objet d’une mise en examen par la Justice sud-africaine. Marc et Lalao Ravalomanana ont quatre enfants : Josoa, Tojo, Sarah et Maika. Ils sont actuellement grands-parents.
Le couple RAJAONARIMAMPIANINA
Hery et Voahangy Rajaonarimampianina, lors du premier tour de la campagne présidentielle d'octobre 2013
Les Rajaonarimampianina à l'église, avec leur dernière fille de 5 ans
Hery Rajaonarimampianina, né le 6 novembre 1958 à Antsofinondry (Sabotsy Namehana), actuel président élu de Madagascar, est marié à Voahangy dont le nom de jeune fille n’apparaît nulle part. Pas plus que la date de leur mariage. Mais il est certain qu’il a eu lieu dans l’église Fjkm d’Ambohinaorina à Sabotsy Namehana. Ils forment une famille recomposée de 5 enfants et ont une vingtaine d’années de différence d’âge.
LES CHEFS D’ETAT DE TRANSITION ET LEUR EPOUSE
LE COUPLE RAMANANTSOA
Marcelle Larguier et Gabriel Ramanantsoa à deux époques différentes
Le Général Gabriel Ramanantsoa, né le 13 avril 1906, a épousé la demoiselle Marcelle Larguier. Leur mariage a été célébré à l'Eglise catholique de Faravohitra, le 26 mai 1934. Ils ont eu trois enfants : Christian, Gérard et Jocelyne. Suite aux évènements du 13 mai 1972. Il devint ainsi Chef d’Etat et de gouvernement provisoire. Ce sera la première période de transition à Madagascar. Le Général décède le 9 mai 1979 :
LE COUPLE RATSIMANDRAVA
Ratsimandrava et le "Fokonolona", la base de sa manière de gérer les affaires de l'Etat
Richard et Thérèse Ratsimandrava
A Gabriel Ramanantsoa: "Tsy hiamboho adidy aho, Mon Général !". Phrase célèbre, et gardée dans la mémoire collective, signifiant littéralement : Je ne tournerai pas le dos à mon devoir, mon Général.
Moins d'une semaine après sa prise de fonction, le Colonel Ratsimandrava est assassiné
Le Colonel Richard Ratsimandrava est né le 21 mars 1931 à Antananarivo. Il s’est marié à la demoiselle Razafindramoizina Thérèse, le 22 septembre 1956. Ils ont eu cinq filles. Dans la nuit du 11 février 1975, vers 20h, en rentrant à son domicile d’Anjohy (Haute-Ville) après avoir travaillé pendant toute la journée à son bureau d’Anosy, il est assassiné à Ambohijatovo. Or, une semaine auparavant, il venait de recevoir les pleins pouvoirs des mains du Général Ramanantsoa, en tant que chef d’Etat et chef de gouvernement. C’était la seconde période de transition à Madagascar. Cet assassinat n’est toujours pas élucidé en ce mois de février 2014, il ne le sera sans doute jamais. Son épouse Thérèse décède en août 2001.
LE COUPLE ANDRIAMAHAZO
Personne n'a vu ce Chef d'Etat transitoire accompagné de son épouse, durant le Directoire militaire
Gilles Andriamahazo est né le 5 mai 1919 à Fort-Dauphin. La nuit même de l'assassinat du Colonel Ratsimandrava, un Directoire militaire composé de 18 officiers émanant de toutes les armes des six provinces du pays et représentant toutes les tendances politiques, à l'exception du PSM et de l'extrême-gauche, est créé afin de résoudre la crise politique. Officier le plus gradé du directoire, Andriamahazo prend sa tête et assume les fonctions de chef de l'État. Ce sera la troisième période de transition malgache. Le 15 juin 1975, le capitaine de frégate Didier Ratsiraka, ministre des Affaires étrangères sous Ramanantsoa, nommé par ses pairs, devient président du conseil suprême de la Révolution (CSR). Personne n’a jamais entendu ni vu l’épouse du Général Andriamahazo à cette époque et même après Pour vivre heureux, vivons cachés ? Général Andriamahazo meurt d’une crise cardiaque le 13 septembre 1989.
LE COUPLE ZAFY (voir plus haut)
Photo inédite de Robert Andriantsoa. De g. à dr.: Zafy Albert -en amorce-b et son épouse, Albert Marie Ramaroson et son épouse, Justin Manambelona et son épouse, Jacques Andrianada et son épouse, Richard Ratsimandrava et son épouse, le Colonel Joël Rakotomalala
Thérèse Zafy de nos jours chez elle
Rappelons seulement qu’à la tête d’une Haute autorité de la transition (HAE), Zafy Albert dirigera la quatrième période de transition qu’a traversé la Grande île de l’océan Indien.
LE COUPLE RATSIRAHONANA
M. Ratsirahonana en 1996
Nul n'a vu l'épouse de Norbert Ratsirahonana, aussi mystérieuse que la manière de faire de la politique de son mari...
Norbert Lala Ratsirahonana est né le 18 novembre 1938 à Antsiranana. On n’a aucune information sur son épouse et leur mariage. Pour vivre heureux, vivons cachés, saison 2… Ancien membre de la Haute cour constitutionnelle, il devient président intérimaire de la république après l’empêchement du président Zafy. Il sera candidat malheureux à l’élection présidentielle du 3 novembre 1996. Depuis, il louvoie dans les allées de tous les régimes qui se succèdent, sans grand succès pour lui…
LE COUPLE RAJOELINA
Le couple Rajoelina reçu par le Pape François au Vatican
Andry et Mialy Rajoelina et leurs trois enfants, le 24 janvier 2014, au Palais d'Iavoloha. Cette photo marque le terme de la cinquième période de transition qu'a traversé Madagascar
Andry Rajoelina épouse la demoiselle Mialy Razakandisa vers la toute fin des années 1990. Ils ont trois enfants : deux garçons et une fille qui sont: Andrialy, Ilontsoa et Arena. En décembre 2007, Andry Rajoelina est élu maire d'Antananarivo sous le label Tvg (Tanora Malagasy Vonona) qui est aussi son surnom du à sa capacité d’agir au quart de tour… Fer de lance de la contestation contre le président de Marc Ravalomanana, celui-ci sera poussé à la démission le 17 mars 2009, en remettant inconstitutionnellement ses pouvoirs à un directoire militaire (n’existant pas dans le texte fondamental) qui le remis au Leader de la révolution orange.. A partir du 25 mars 2009 et jusqu’au 24 janvier 2014, Andry Rajoelina sera le Président de la cinquième période de transition que Madagascar a traversé depuis le retour de son indépendance.
Voilà, la boucle est bouclée dans ce périple à travers le temps avec les couples dirigeants malgaches. L’importance de ce dosser réside dans les photos. Car c’est à l’occasion de la cette Saint Valentin 2014 que l’idée m’est venue de parler des Malagasy First Ladies. Le reste, les repères, ne sont que de l’Histoire qui est une toute autre… histoire.
Malagasy First Ladies, les deux cadettes : Mialy Rajoelina et Voahangy Rajaonarimampianina
Malagasy First Ladies, les deux aînées : Céline et Thérèse Zafy. Eh oui, les outrages du temps sont… terrific !
Un dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – 14 février 2014