La défense des consommateurs, l’habitat des plus démunis, le cadre de vie, l’accueil de réfugiés, mais aussi la présidence de l’Association Hubert Beuve-Méry, actionnaire du Monde jusqu’en 2010, sont autant de balises dans la vie de Maïté Mathieu. Elle est morte le 16 février, à Paris, à l’âge de 92 ans.
Dotée d’un caractère affirmé, elle savait défendre ses idées et tenter de les faire partager, même lorsqu’elle pensait avoir raison contre tous. La justice et les inégalités, la situation faite aux femmes étaient pour elle autant de raisons de se mobiliser, fortement soutenue par son mari Gilbert Mathieu, chef du service économie du Monde pendant onze ans, et mort prématurément en 1980. Le couple a eu trois filles.
Maïté Mathieu est née le 24 décembre 1928 à Fécamp (Seine-Maritime). Son père était armateur de pêche et sa mère tenait la maison. Elle suit des études de droit et d’économie à Paris. C’est là, au sein de la Fédération française des étudiants catholiques, qu’elle rencontre son futur mari. Au cours d’élections étudiantes, elle fait face à Jean-Marie Le Pen qui la renvoie « repriser les chaussettes de son fiancé Gilbert Mathieu plutôt que de militer ». Cette phrase restera dans sa mémoire. Conséquence du militantisme actif du couple, leur appartement est plastiqué par l’OAS à la suite d’un article de Gilbert Mathieu dans Le Monde sur le coût de la guerre en Algérie.
Militante féministe avant l’heure
Militante politique, elle adhère d’abord à l’Union de la gauche socialiste, avant de rejoindre le Parti socialiste unifié (PSU). Puis, suivant son ami Michel Rocard, elle entre au PS. En 1974, elle est élue dans le 13e arrondissement de Paris, suppléante du député Paul Quilès. Militante féministe avant l’heure, elle participe au PSU, avec Colette Audry et Geneviève Servet-Rocard, en janvier 1963, à la création d’une commission nationale d’études des « problèmes féminins » (travail, fiscalité…). C’est une première dans un parti politique.
Militante associative, elle veut que naisse un véritable « syndicalisme » des familles. A la Confédération syndicale des familles puis à la Confédération syndicale du cadre de vie, elle s’engage pour que ces deux organisations deviennent de véritables partenaires de la puissance publique. Pour faire le lien avec le monde politique, elle participe à la création de l’Institut national de la consommation et au magazine 50 millions de consommateurs. Elle représentera les consommateurs au sein de la commission d’autorisation des publicités télévisuelles et au bureau du Conseil national de la communication audiovisuelle créé en 1983.
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