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Face aux effets secondaires du vaccin AstraZeneca, les hôpitaux ralentissent la cadence

Quelques jours après les premières injections du vaccin anglo-suédois, de nombreux soignants ont signalé d’intenses effets secondaires. Plusieurs hôpitaux ont décidé d’échelonner les vaccinations afin de ne pas engendrer trop d’arrêts de travail.
par Julie Richard
publié le 12 février 2021 à 19h59

Laure est urgentiste dans un hôpital normand. Comme près de 10 000 soignants en France cette semaine, elle a accepté de recevoir, mardi 9 février, sa première injection du vaccin AstraZeneca. Un produit réservé en France aux professionnels de santé et du secteur médico-social de moins de 65 ans. Mais quelques heures après la piqûre, les effets se font ressentir. «Je me suis réveillée en pleine nuit avec un horrible mal de tête, la nausée, la sensation de froid mais pas de fièvre», raconte-t-elle.

Dans un communiqué publié sur son site, l’Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM) a affirmé, jeudi, «avoir reçu 149 déclarations de pharmacovigilance entre le 6 et le 10 février matin mentionnant des syndromes grippaux souvent de forte intensité [comprenant notamment des cas de fièvre élevée, courbatures ou céphalées, ndlr]».

Un chiffre sous-estimé, selon Laure, persuadée que ce phénomène a touché beaucoup plus de monde : «Dans notre hôpital, personne n’a été contacté par le centre de vaccination pour signaler les effets indésirables, explique-t-elle. Donc, quand l’ANSM parle de 149 personnes, il ne s’agit que des 149 personnes recensées.»

«Effets indésirables connus et décrits»

Selon l’agence, les cas rapportés chez des professionnels de santé auraient en moyenne 34 ans. «Ces effets indésirables sont connus et décrits avec les vaccins», complète le communiqué. Pourtant, Laure avoue avoir été surprise : «C’est la première fois que j’ai autant d’effets secondaires après une injection, pourtant je me vaccine contre la grippe tous les ans.»

Interrogé sur France Info, ce vendredi matin, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, s’est voulu rassurant. «Nous savons que dans les 48 heures qui suivent une vaccination, on peut avoir des effets secondaires du type syndrome grippal. Il semble y en avoir un petit peu plus qu’attendu.» Et de conclure : «C’est un signal, et tout signal doit être pris au sérieux.»

Echelonner les vaccinations

Afin de ne pas perturber le fonctionnement des établissements en raison de la multiplication des arrêts maladie dans un même service, l’agence recommande désormais aux hôpitaux d’échelonner les vaccinations. Après avoir décidé d’interrompre leurs campagnes, les hôpitaux de Brest et de Quimper dans le Finistère, ainsi que l’hôpital de Lorient dans le Morbihan, ont finalement accepté, sur recommandation de l’Agence régionale de santé (ARS) de reprendre doucement les injections, ce vendredi.

Pour l’heure, à l’hôpital de Lisieux, on suit les conseils de l’ANSM, mais cette politique agace Laure : «Si on échelonne, c’est seulement pour assurer le bon fonctionnement de l’hôpital et pas pour protéger les soignants, c’est étrange.»

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