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« Chez nous » : Lucas Belvaux monte au front politique, mais y perd son cinéma

Cette évocation à peine voilée du Front national et de sa présidente est plombée par une mise en scène sursignifiante.

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Publié le 21 février 2017 à 08h19, modifié le 23 février 2017 à 13h53

Temps de Lecture 3 min.

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L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Du film Chez nous, il faut commencer par saluer la volonté de prendre la fiction politique à bras-le-corps, qui plus est à travers un sujet d’actualité brûlant en cette période de campagne pour l’élection présidentielle. Lucas Belvaux, son réalisateur et co-scénariste avec Jérôme Leroy (auteur du livre remarqué Le Bloc, publié en 2011 dans la collection Série noire de Gallimard), ose même la représentation à peine voilée d’un parti et d’une figure bien réels du paysage politique français, à savoir celle du Front national et de Marine Le Pen. Parti pris assez risqué pour être encouragé, d’autant plus qu’il charrie avec lui une somme d’enjeux, de caractères, de situations, d’affects peu fréquents dans le cadre du cinéma francophone.

A Hénard, commune du Pas-de-Calais, qui évoque en filigrane Hénin-Beaumont, Pauline Duez (Emilie Dequenne), infirmière libérale appréciée de tous, se voit proposer par le médecin Philippe Berthier (André Dussollier), cadre du parti nationaliste le « Bloc patriotique », de se porter candidate aux élections municipales. Sa rencontre, à l’issue d’un meeting, avec la présidente de la formation, Agnès Dorgelle (Catherine Jacob), la convainc d’accepter l’investiture. Pauline fait face à l’approbation de la plupart de ses amis, et à la réprobation, plus rare, de certains proches, comme son père, ancien communiste. Mais son idylle récente avec Stéphane (Guillaume Gouix), identitaire au passé trouble, semble déranger les responsables du parti, qui agissent en sous-main pour leur imposer une séparation.

Lire la chronique : Article réservé à nos abonnés Quand le FN squatte la culture
Catherine Jacob dans le film belge et français de Lucas Belvaux, « Chez nous ».

« Logique d’appareil »

A travers cette trame, Chez nous vise moins à faire polémique en agitant des personnalités publiques qu’à mettre en évidence une certaine « logique d’appareil » et le climat délétère que celle-ci instaure dans le corps social. Logique, tout d’abord, d’une vaste opération de communication : l’extrême droite traditionnelle se présente sous un jour rassurant et républicain, cachant sous une rhétorique ripolinée (on conseille aux militants de remplacer le vocable de « bougnoule » par « racaille »), les vieilles casseroles du racisme et de la violence identitaire. Logique, ensuite, de la récupération populiste : les têtes du parti s’abritent derrière une proximité de façade avec les « gens normaux », mais à des fins purement électoralistes. Ainsi, Belvaux n’oublie jamais que derrière ces manœuvres réside un autre enjeu, celui de la consolidation de certaines hiérarchies sociales (le médecin notable posant en pygmalion de l’infirmière issue de la classe ouvrière).

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