Langues En Contact Au Maghreb Médiéval (Arabe, Berbère, Latin)

Les études berbères ont sans doute bien avancé depuis les premiers travaux réalisés vers la fin du XIXe siècle. Nos connaissances demeurent cependant presque nulles dès lors que l’on s’intéresse à l’état ancien de cette langue. Le peu de données que nous pourrions obtenir à ce sujet ne peuvent donc être déduites qu’indirectement, à partir d’informations non linguistiques comme les processus de peuplement, la toponymie, etc.
Les raisons en sont nombreuses et diverses : une tradition berbérisante relativement récente, une langue et culture sans statut et ne bénéficiant d’aucun cadre politique, économique ou financier qui prenne en charge des recherches dans ce domaine, mais également une absence de textes ou de traces écrites importantes sur le passé de cette langue. À cela, il faudrait ajouter le fait que les sources et ressources existantes sont peu exploitées. En nombre très limité, les spécialistes du berbère préfèrent souvent s’investir dans des tâches supposées plus urgentes, comme l’élaboration de dictionnaires de référence, importants pour tous les grands dialectes, le travail sur un certain nombre de parlers actuels, qui ne sont toujours pas connus de manière satisfaisante, ou encore le lancement des études interdialectales, qui font toujours cruellement défaut.
Il n’est donc guère surprenant de constater à quel point il est difficile de déterminer de manière quelque peu précise l’état de cette langue à l’époque médiévale. Nous savons qu’il existe un nombre appréciable de manuscrits berbères, des XVIe et XVIIIe siècles notamment, dont l’exploitation n’est qu’à ses débuts. Or, dès que le chercheur remonte un plus loin dans le temps – soit à l’époque des dynasties dites « berbères » des Almoravides, Almohades ou Mérinides, il ne trouve que très peu d’indices qui puissent permettre de restituer une certaine profondeur historique aux données actuelles du berbère. À l’exception d’un nombre très réduit d’articles, les travaux qui se sont penchés sur la situation de la langue berbère à l’époque médiévale demeurent pratiquement inexistants. Ce constat vaut autant pour l’Afrique du Nord que pour l’Andalus musulman. Ceci nous mène à une première interrogation fondamentale, éludée jusqu’à présent par l’historiographie nord-africaine et européenne en général : quelles raisons justifient ce déficit?

The work that Auguste Bossoutrot published in 1900 under the title "Vocabulaire berbère ancien (Dialecte du djebel Nefoussa)" contains a collection of glosses, that is to say of Arabic words corresponding to Berber words from within an Ibadite treaty in Berber language (the "Kitab al-Barbariyya").
After the discovery of a manuscript of "Kitab al-Babrariyya", it is now possible to check the words to which the glosses refer and correct some mistakes concerning about fifteen words.

A deep critical reception of Khatibi's notion of Bilingualism in Morocco and adjacent countries [ the Maghrebi World ]. The paper is a new way of seeing Bilingualism in accordance with Modern post-colonial views of language, culture and identity.

This article analyzes the traces left by the Jews on the Idrīsid coinage. These traces will be evident in a group of letters, names and Hebrew terms as well as on a few different monetary symbols. First, I will expose the role played by Jews in Muslims lands and the religious ideas that conditioned their work as metalworkers and coin minters. Secondly, I will analyze the Idrīsid case: the role of the Jewish tribes in mining and in the manufacture of coins as well as the signs and symbols that they reproduced on their coins. In addition, I will also analyze the possible influence that the symbols found on the eastern Umayyad could have had on the Idrīsid coinage and its possible Jewish origin.

Within the framework of studies concerning the importance of European manuscript collections for Ibadi history, this article aims at retracing the history of an archive put together by the French scholar Auguste Bossoutrot (1856–1937). This archive gathered a quantity of materials on the Arabic and Berber languages collected during his life. In particular, some of the manuscripts contain parts of a long religious work in Berber (Kitāb al-Barbariyya), discovered in the island of Djerba (Tunisia) among the Ibadi community of the island towards the end of the nineteenth century. This text was firstly discovered and reported to the scientific community by another French scholar, A. De Calassanti-Motylinski (1854–1907), but his untimely death prevented him from publishing it and the whereabouts of the manuscripts that contained it remained unknown until the discovery of Bossoutrot’s papers, which contained the longest extant copy of the work (about 900 pages).

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Resumé en français:
Le culte ibadite en Afrique du nord a toujours été étroitement lié à la langue berbère. les îlots ibadites d’Afrique du nord demeurent berbérophones jusqu’à ce jour et le passage au malikisme est souvent accompagné de la perte de l’usage du berbère. Sur la base des témoignages anciens, on retrace quelques aspects des rapports sociolinguistiques entre les deux langues au fil des siècles (le berbère comme langue utilisée dans les serments, traductions/commentaires en berbère de textes arabes ou en arabe des textes berbères, différents usages au niveau de l’écrit ou de l’oralité).
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English abstract:
Ibadism in North Africa has always been closely linked to the Berber language. The Ibadi communities of North Africa remain Berber-speaking to this day and the transition to Malikism is often accompanied by the loss of the use of Berber. On the basis of ancient testimonies, we retrace some aspects of the sociolinguistic relations between the two languages over the centuries (Berber as the language used in oaths, translations / comments in Berber of Arabic texts or in Arabic of Berber texts, different uses at written or oral level)

نتّفق جميعا على الوضع المزري الذي وصلت إليه لغتنا العربية في هذا العصر، واستمرار تراجعها وعدم قدرتها على مواكبة معطيات عصر العولمة. ولذلك تحاول هذه المداخلة معالجة ثلاثة مداخل أساسية يمكن أن توفّر للغة العربية نقاط تقاطع مع خصوصيات العصر، وهي:
1ـ مدخل لساني ـ تعليمي:
والمقصود به التوجّه نحو اللغة العلمية والتركيز عليها في التعليم بغية إكساب الأجيال الجديدة تفكيرا علميا موضوعيا لا إنشائيا عاطفيا. ويتمّ هنا دراسة كتاب النصوص للسنة الأولى المتوسّط أنموذجا.
2ـ مدخل أدبي ـ تعليمي:
إنّ تغيير المناهج بتضمينها نصوصا معاصرة حول مشاكل العصر وكذلك نصوصا لأدباء من الأمم المتقدّمة يسهم بشكل فعّال في تعريف التلاميذ بدور الأدب في الحياة وبأنّه ليس علامة تخلّف بل هو دليل تقدّم.
3ـ مدخل اقتصادي:
تمتلك اللغة العربية مناخا حضاريا جاذبا يجعلها واحدا من أهم الأسواق اللغوية في العالم لاهتمام الغربيين ـ والآخرين عموما ـ بالتعرف على الثقافة العربية لأسباب متعدّدة، وبهذا تكسب متكلّمين جددا من جهات مختلفة.

إنّ الاستغلال الجيّد لهذه المداخل الثلاثة يضع اللغة العربية في الطريق الصحيح لدخول عصر العولمة لأنها من خلالها تأخذ صورة تساعد على اندماجها فيه، وتمكّنها من عبور الحدود الثقافية التقليدية نحو فضاء العولمة الفسيــــــح.

Les révoltes n’ont pas frappé à la porte avant d’entrer, elles se sont glissées furtivement dans le monde arabe, renversant certains régimes tout en secouant le trône des autres.
Les analyses ont commencé à pleuvoir dans la tentative d'examiner cet état des choses : certains penchent, dans ce contexte, pour la théorie d’un nouveau complot étranger, visant à diviser ce qui restait de la région. D'autres suggèrent que ces révoltes sont une révolution longuement attendue, teintée de fierté et de dignité, déclenchée par des forces populaires internes.
En prélude à cette analyse, nous souhaitons dans cet article aborder le point de vue commun, non seulement répandu parmi les universitaires et les politiciens, mais aussi parmi les peuples arabes qui ont commencé à remettre en question, douter et perdre confiance dans la vague des révoltes arabes.
Afin de tenir les lecteurs au courant des derniers développements, cet article prône une approche nuancée en ouvrant un troisième point de vue, qui considère les événements comme simple matériel scientifique pouvant servir de plateforme pour examiner les théories existantes de la politique internationale, dans une région décrite depuis longtemps comme léthargique et peu encline à se transformer.

Ibn-Rustom (720-784) est un personnage étonnant de l’historiographie nord-africaine. D’origine perse, il était Aryen Zoroastrien, descendant de la dynastie sassanide des « Aryanshah » (224-651). L’un de ses pères combattit les Arabes, tombé aux champs d’honneur à la bataille de Quadissya en 636. Il était venu en Ifriqiya pour conduire les populations vers la voie du chiisme d’Ali. Dans les faits, il se coupa de ses origines et de sa religion chiite zoroastrienne, unifia les Khawarejs d’Afrique du nord, Suférites et Ibadites, fonda un premier État Berbère, Rustémide, faussement appelé « dynastie. Il s’opposa aux Omeyades, chassa les Ourferjoumas (berbères nord-tunisien), avec le soutien des Tripolitains et des tribus d’Abu El-Khatab. Il conduisit provisoirement Kirwan (Kairouan) de 757 à 761. Les oppositions se poursuivirent contre les Abbassides.

Sicilian Arabic and Andalusi Arabic are two Maghribi non-Hilālian varieties which share some
dialectal features, still attested in Neo-Arabic Occidental varieties (Grand’Henry 2007), though having
maintained their own linguistic peculiarities (Lentin 2007, Ferrando 2003). In this paper, some Maghribi
Phonological features, found in some Siculo-Arabic works of the Islamic and Norman periods, such as the
Cambridge Chronicle, the Opus Geographicum, the Kitāb al-ǧāmiʿ li-ṣifāt aštāt al-nabāt wa-ḍurūb anwāʿ almufradāt
and the Uns al-muhaǧ of al-Idrīsī, will be analyzed in comparison with the Andalusi ones attested in
some coeval works (Corriente 1977, 2011, 2013 ; Ferrando 1998, 2002, 2004). The attestation of Maghribi
linguistic features, such as vowel harmony, imāla, loss of short vowels in open syllables, ressaut and
fluctuation between the interdental and dental consonants, in Sicilian and Andalusi works is relevant for the
studies of Historical Arabic linguistics as it permits to observe the evolution of these phenomena in a
diachronic perspective.
Keywords: Siculo Arabic, Andalusi Arabic, Maghribi dialects, Middle Arabic, phonology, ʿāmmiyya.Sicilian Arabic and Andalusi Arabic are two Maghribi non-Hilālian varieties which share some
dialectal features, still attested in Neo-Arabic Occidental varieties (Grand’Henry 2007), though having
maintained their own linguistic peculiarities (Lentin 2007, Ferrando 2003). In this paper, some Maghribi
Phonological features, found in some Siculo-Arabic works of the Islamic and Norman periods, such as the
Cambridge Chronicle, the Opus Geographicum, the Kitāb al-ǧāmiʿ li-ṣifāt aštāt al-nabāt wa-ḍurūb anwāʿ almufradāt
and the Uns al-muhaǧ of al-Idrīsī, will be analyzed in comparison with the Andalusi ones attested in
some coeval works (Corriente 1977, 2011, 2013 ; Ferrando 1998, 2002, 2004). The attestation of Maghribi
linguistic features, such as vowel harmony, imāla, loss of short vowels in open syllables, ressaut and
fluctuation between the interdental and dental consonants, in Sicilian and Andalusi works is relevant for the
studies of Historical Arabic linguistics as it permits to observe the evolution of these phenomena in a
diachronic perspective.
Keywords: Siculo Arabic, Andalusi Arabic, Maghribi dialects, Middle Arabic, phonology, ʿāmmiyya.

«Et cependant les Berbères existent» es decir, «y sin embargo los beréberes existen», con esta aseveración sentenciaba Gabriel CAMPS (1927-2002), prehistoriador y antropólogo berberista francés, la cuestión de los rasgos identitarios beréberes. Y esto tras reconocer, después de décadas de estudio sobre la temática, que sólo la lengua constituía el elemento distintivo del conjunto etnocultural beréber.  En esta ocasión, el presente volumen retoma esta frase como parte de su título para afirmar que, a pesar de la poca importancia que tradicionalmente se les ha dado, también existen asentamientos beréberes en la frontera superior de al-Andalus.

Este libro es fruto de un proyecto postdoctoral concedido por el Ministerio de Cultura de España titulado « El poblamiento beréber en la Marca Superior de al-Andalus (siglos VIII-XII) » y desarrollado durante una estancia de dos años en Francia, en la Universidad de Toulouse II y la Universidad de Paris IV Sorbonne. En esta obra, como en el proyecto, se pretende realizar una reconstrucción de la presencia beréber en el área denominada « Frontera Superior de al-Andalus », es decir, aproximadamente en los territorios que hoy ocupan el tercio superior de Aragón y la parte occidental de Cataluña, con unos límites cronológicos que van desde la ocupación islámica (siglo VIII) hasta la conquista de la zona por los reinos feudales (siglo XII). Para acometer dicha tarea, se ha partido desde una perspectiva pluridisciplinar, analizando primero las fuentes escritas y toponímicas para luego acudir, siempre que ha sido posible, a la arqueología extensiva. En este sentido, deben subrayarse las dificultades que ha entrañado un estudio de tal índole : a la escasez y a la subjetividad frecuente de las fuentes árabes relativas a lo beréber, debe unirse el poco interés que hasta el momento había despertado la zona en lo que a los estudios beréberes se refiere. Todo esto le confiere a la actual monografía un carácter original, constituyendo hasta el momento constituye el único análisis global sobre los beréberes en la frontera superior.
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Ce livre est un recueil des résultats obtenus suite à nos deux années de recherches postdoctorales  sur le peuplement berbère dans le territoire historique de la Marche Supérieure d’al-Andalus (VIIIe-XIIe siècles). Pour accomplir cette tâche, nous sommes partis d’un point de vue multidisciplinaire ( sources écrites, toponymie, cartographie et archéologie ont été utilisées comme méthodes de rassemblement de connaissances pour reconstruire cette présence berbère). En dehors
de l’Introduction, l’ouvrage est divisé en trois parties nettement différenciées:
L’évolution historique, où nous enregistrons la présence de groupes berbères d’un point de vue diachronique. Les données archéologiques, partie dans laquelle nous exposons les toponymes trouvés et les résultats des prospections et visites dans ces sites archéologiques. Enfin, la troisième partie est consacrée à la société où nous essayons d’établir les origines géographiques de chaque groupe installé dans la zone et nous
consacrons un chapitre aux savants imazighen localisés (biographies et ouvrages).

L’ARCHITECTURE DES MOSQUEES IBADITES AU M’ZAB, A DJERBA ET EN OMAN
Lecture des principes de conception et de construction
RESUME :
Notre recherche s’intéresse au patrimoine architectural produit par la communauté Ibadite au M’Zab, à Djerba et en Oman. Plus précisément, nous nous interrogeons sur les rapports pouvant exister entre les principales caractéristiques des mosquées de ces trois régions et la jurisprudence Ibadite traitant le domaine de l’architecture « `Imâra » et de l’urbanisme « `Umrân ». Nous avons procédé au relevé, à la description et à l’analyse d’un nombre représentatif de sanctuaires dans les trois terrains considérés. Une approche historique de l’Ibadisme et de ses fondements, en plus d’une recherche exploratoire dans le domaine du droit religieux relatif à la construction et à la gestion de la mosquée, ont permis de constituer le corpus juridique nécessaire pour notre analyse. Enfin, cette recherche a tenté d’esquisser une première Image de ce que peut être une « Mosquée Ibadite » et mettre en valeur le rôle qu’a pu jouer le Fiqh dans la constitution de cette architecture religieuse, tout en ne manquant pas de souligner les distorsions et les dépassements dont témoignent les monuments étudiés par rapport aux principes fixés par les savants religieux.