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Le ralliement de Wallis à la « France libre » (1942)

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Le ralliement de Wallis à la « France libre » (1942)

par Claude LESTRADE

En 1942, les îles Wallis et Futuna se trouvaient dans l'étrange situation consistant à être l'unique et minuscule zone « Vichyste » perdue au milieu d'immenses espaces sous contrôle franco-américano-britannique. En effet, le médecin-capitaine Vrignaud — qui était également administrateur-résident — et l'évêque Pon- cet, chef de la mission catholique, avaient, depuis l'armistice de 1940, proclamé leur fidélité au gouvernement du Maréchal Pétain, tandis que les autres territoires français du Pacifique se ralliaient à la « France Libre ».

La situation géographique de ces deux îles les isolait déjà en temps normal. Leur situation politique les isola encore plus. Par ailleurs, Wallis elle-même resta longtemps — durant cette période — séparée de Futuna. Le ralliement au Maréchal Pétain et le non- ralliement au Général de Gaulle ne s'étaient manifestés que par des télégrammes entre les autorités concernées, car aucun navire ne toucha ces îles pendant 17 mois, à partir du premier janvier 1941, date du départ du cargo « Polynésien » (des « Messageries maritimes ») qui avait apporté le dernier ravitaillement.

Les ressources alimentaires locales permettaient de ne pas souffrir de la faim, et l'on pouvait fabriquer du savon avec de la cendre et de la graisse animale... mais le manque d'autres produits — notamment de médicaments — se fît de plus en plus cruellement sentir à mesure que les mois passaient. Par l'intermédiaire de l'Australie, le résident Vrignaud réussit à communiquer télégraphiquement avec l'administration pétai- niste d'Indochine et avec Summer Wells, Secrétaire d'État aux Affaires étrangères des U.S.A. (encore neutres à l'époque). Des promesses de secours furent faites, mais rien ne vînt... Sauf des télégramme annonçant successivement que l'Amiral Decoux (chef de l'administration vichyste de Saigon) était nommé Haut-commissaire de France pour le Pacifique et que le médecin-capitaine Vrignaud était nommé commandant.

Ce « haut-commissariat » de Decoux n'existait que sur le papier, car, en fait, le véritable Haut- commissaire de France pour le Pacifique, était l'Amiral Thierry d'Argenlieu, affecté par de Gaulle à Nouméa, et couvrant la Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles Hébrides et la Polynésie. Decoux projettera même, par la suite, de « reprendre » Wallis militairement avec l'aide de la marine japonaise, mais le Maréchal Pétain s'y opposera. Quant au docteur Vrignaud, il créa une sorte de « Légion » locale destinée à s'opposer à un

éventuel mouvement Wallissien de ralliement à la « France Libre ».

L'on voit ici comment certains hommes — souvent honnêtes et de bonne foi — semblèrent s'être trompés de guerre et crurent faire acte de patriotisme en considérant comme « l'ennemi », non plus l'Allemand, l'Italien ou le Japonais, mais l'Anglais, l'Américain ou le Français « Gaulliste ».

Se méfiant du désir de certains notables autochtones de s'allier aux Britanniques, et, d'autre part, ayant appris (par un télégramme de Nouméa du 15 mars 1941) que le « Polynésien » allait revenir pour installer à Wallis une administration gaulliste, le résident Vrignaud avait décidé d'accéder à la demande — jusque-là refusée — de l'important clan « royaliste » local d'élire un Roi. Le 16 mars 1941, Leone Maniki- toga avait été élu Roi de Wallis, soutenu par Vrignaud et par Monseigneur Poncet... mais les choses ne se passèrent pas tout à fait comme ces deux hommes l'avaient prévu. En fait, le « Polynésien » ne se remontra pas et le nouveau roi refusa toujours, malgré leur insistance, de prêter serment de fidélité au Maréchal Pétain. En outre il ne se montra guère favorable à la « Légion » créée par Vrignaud.

Le temps passa... les échanges de télégrammes cessèrent avec Nouméa, où l'on ne sut plus ce que devenait Wallis. L'on commença même à se demander si les Nippons ne s'y étaient pas installés. L'Amiral Thierry d'Argenlieu décida de régler la question. Le 22 mai 1942 il invita à déjeuner un officier d'artillerie, le capitaine Molina. Ce dernier — de son vrai nom Jean Espana — était ingénieur dans le « civil ». Blessé à Dunkerque puis fait prisonnier, il s'était évadé de l'hôpital de Lille le 1 5 août 1940, et, bien que souffrant beaucoup de sa blessure, avait traversé — en boitant et en se cachant — la France jusqu'à l'Espagne où il avait été interné pendant trois mois. S 'évadant à nouveau, il avait réussi à quitter Cadix pour l'Angleterre où, en décembre 1940, il se rallia au général de Gaulle.

C'est grâce à ses notes personnelles que la majeure partie du présent article a pu être rédigée, et nous tenons, ici, à l'en remercier.

Après avoir enseigné quelque temps à l'école des élèves officiers des F.F.L. en Grande-Bretagne, le capitaine Molina avait été nommé commandant de la « Place Forte » de Nouméa. À la fin du déjeuner, le Haut-commissaire d'Argenlieu informa le capitaine Molina qu'il devait s'embarquer « dans une heure » sur l'aviso « Chevreuil » pour une mission qui lui

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