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Rémy Julienne, l'as des as de la cascade, est mort du Covid-19 à 90 ans

Rémy Julienne, cascadeur et concepteur de cascades, nous a quittés ce jeudi 21 janvier à l'âge de 90 ans.
Rémy Julienne, cascadeur et concepteur de cascades, nous a quittés ce jeudi 21 janvier à l'âge de 90 ans. AFP/Eric Cabanis

DISPARITION - Le casse-cou français du cinéma, régleur des scènes spectaculaires de six James Bond et ami de toujours de Jean-Paul Belmondo, s'est éteint après avoir lutté plus de quinze jours contre le virus.

Sa dernière cascade, il ne l'aurait pas mise à l'écran. Ça n'était plus du cinéma. Mourir du Covid n'a rien de spectaculaire. Un metteur en scène malveillant a dit « Coupez ». Avec lui, quand on lançait « Moteur ! » sur un plateau, il ne s'agissait pas d'un vain mot. Les cylindres vrombissaient et c'était parti pour l'action. Il n'aurait jamais accepté un script dont le héros s'éteint dans un lit d'hôpital à Montargis.

« C'est un très grand cascadeur qui a fait beaucoup… beaucoup pour le cinéma. » Cet éloge a son prix et il a été prononcé par quelqu'un qui savait de quoi il parlait : Jean-Paul Belmondo, avec qui Rémy Julienne aura travaillé pas moins de quatorze fois. On classera à part L'Animal de Claude Zidi où Bébel - jeu de miroirs - incarnait un cascadeur fiancé à Raquel Welch, ce qui relève déjà du sport extrême.

L'ancien champion de moto-cross Rémy Julienne, régleur et concepteur de cascades depuis Fantômas en 1964, s'est éteint ce jeudi à l'âge de 90 ans. Là-haut, il va sauter de nuage en nuage, bouleverser le paradis avec des tonneaux et des tête-à-queue, époustoufler les anges avec des deux-roues bondissants.

Le cascadeur Rémy Julienne en 1993 Bernard LEGUAY via Bestimage

Avec près de 1 400 scènes extraordinaires réalisées en plus d'un demi-siècle de carrière, ce stakhanoviste du risque « calculé » comme il aimait à le rappeler, a distillé sa science des effets spéciaux avec les plus grands réalisateurs et les acteurs les plus renommés. La liste est aussi longue qu'impressionnante : Georges Lautner, bien sûr, qui se débrouillait toujours pour placer une voltige automobile dans ses scénarios. Mais aussi le gratin du cinéma international comme Dino Risi, Alberto Lattuada, Sydney Pollack (Bobby Deerfield avec Al Pacino en pilote de Formule 1), Jean-Jacques Annaud, Jacques Deray, Gérard Oury, Henri Verneuil, Jean Girault, François Truffaut (La Nuit américaine), Costa-Gavras, Roman Polanski…

Né le 17 avril 1930 à Cepoy (Loiret), Julienne ressent dès ses plus jeunes années une attirance pour ce qu'il appellera « les pitreries ». La moto ? : « J'ai commencé à faire mes premiers tours à 12 ans en piquant la 100 cc Peugeot que mon père avait cachée dans le grenier, sous l'Occupation. » La vitesse ? En 1957, il devient champion de France de moto-cross. Quelques années plus tard, Gil Delamare, comédien trompe-la-mort, mentor de Bébel dans L'Homme de Rio, l'engage pour Fantômas. Le courant passe. Et en 1966, Delamare confie à Julienne la responsabilité des cascades mécaniques dans La Grande Vadrouille.

« Sans lui, James Bond n'aurait pas existé »

Delamare meurt lors du tournage du film Le Saint prend l'affût. Julienne poursuit seul. Il en a sous le capot. Rien ne l'arrête. Il manque de se noyer durant les Aventures de Rabbi Jacob. On lui doit la fameuse séquence du Guignolo où Belmondo en caleçon à pois survole Venise accroché à un hélicoptère.

Autre envol lorsqu'il est sollicité par le cinéaste britannique Peter Collinson en 1969 pour tourner les scènes d'action de L'or se barre (The Italian Job). Ses prouesses avec les Mini Cooper conduites par Michael Caine et sa bande resteront mémorables feront beaucoup pour la marque anglaise.

Suivront de nombreuses collaborations sans frontières (Dino Risi, Alberto Lattuada, Terence Young, Sydney Pollack, Sergio Leone, Ron Howard) et pas moins de six James Bond. Son ingéniosité mise au service du 007 de Rien que pour vos yeux lui vaut, en 1981 à Hollywood, l'Award du meilleur concepteur de cascades décerné par la Motion Picture Hall of Fame. « Sans lui, James bond n'aurait pas existé », déclare alors Roger Moore. Une consécration ultime.


Chronologie

1930 Naissance à Cepoy (Loiret).

1958 Champion de France de motocross.

1964 Premières cascades, dans Fantômas d'André Hunebelle.

1979 Début des collaborations avec le tandem Belmondo-Lautner.

1982 Primé pour le James Bond Rien que pour vos yeux.

2009 Publie ses souvenirs, Ma vie en cascades, chez Calmann-Lévy.

Rémy Julienne raconte ses cascades bondiennes.

Rémy Julienne a travaillé pas moins de quatorze fois avec Jean-Paul Belmondo. Le Figaro présente deux de ces cascades les plus inoubliables: dans Le Casse en 1971 et dans Le Guignolo en 1980.

Le Guignolo de Georges Lautner: la fameuse scène de l'hélicoptère dans laquelle Belmondo survole Venise à la seule force de ses bras...

Le Casse d'Henri Verneuil: une course-poursuite d'anthologie menée par Belmondo dans les rues d'Athènes

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97 commentaires
  • founard pierre

    le

    Un bon Monsieur.
    RIP

  • Salluste10

    le

    Vraiment ?
    Il est peut-être aussi mort de vieillesse?
    Ce sont des choses qui arrivent après 90 ans!

  • jean-claude oudjani

    le

    Non Rémy Julienne est plutôt mort parce qu'il avait 90 ans et sans doute moins à proprement parler du seul Covid comme se satisfait d'affirmer la meute des manipulateurs d'opinion

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