Dans Le Monde du 6 novembre, un lecteur définit la règle républicaine de dénomination des départements par référence géographique ou topographique : je suis en plein accord avec lui. Mais il y a eu déjà des exceptions dans ce domaine.
Pourquoi la rivière Var coule-t-elle dans les Alpes- Maritimes ? On pourrait croire à une inattention de la Révolution française lorsqu'elle a créé les départements. Or il n'en est rien. C'est en 1860, lorsque le royaume de Piémont-Sardaigne cède la Savoie et le Comté de Nice à Napoléon III, que trois départements nouveaux sont créés, après l'approbation massive, par plébiscite (21-22 avril 1860), de ce rattachement à la France. Le Comté de Nice, jugé trop petit, est alors augmenté d'un morceau du département du Var - la portion où coule le Var, d'où l'incongruité actuelle - et nommé « Alpes-Maritimes » pour respecter la règle de dénomination des départements : un nom géographique et non pas historique.
En revanche, cette règle n'est pas appliquée pour les deux départements de la province de Savoie, qui sont nommés Savoie et Haute-Savoie. En effet, le Sénat de Paris approuve ce rattachement le 12 juin 1860 par le senatus- consulte, qui dit : « La Savoie et l'arrondissement de Nice font partie intégrante de l'Empire français... » Cette nouvelle appellation départementale de 1860 a pour conséquence qu'on a, aujourd'hui, tendance à oublier que le mot « Savoie » désigne d'abord la province qui rassemble les deux départements, puis le département lui-même dans un sens « second »... (...)
Lors du rattachement précédent de la Savoie à la France, pendant la Révolution, en novembre 1792, celle-ci est baptisée « Mont-Blanc », soit un seul département - qui deviennent deux en 1798, après le rattachement de Genève : le « Léman », préfecture Genève, et le « Mont-Blanc », préfecture Chambéry. Malheureusement cette règle révolutionnaire est de nouveau oubliée - ou volontairement ignorée - pour rebaptiser les « Basses-Alpes » en « Alpes-de-Haute-Provence », voisines du Var. (...)