Essonne : Michel Berson, figure politique du département, s’est éteint à l’âge de 75 ans

Michel Berson est décédé ce jeudi à l’hôpital des suites d’un cancer. Élu à divers mandats de 1977 à 2017, l’ancien socialiste fut notamment le président du conseil général de 1998 à 2011.

 Michel Berson (PS), ici en 2020, a été à la tête du département de 1998 à 2011.
Michel Berson (PS), ici en 2020, a été à la tête du département de 1998 à 2011. LP/S.M.

    Son regard malicieux souligné par ses éternelles lunettes rondes s'est refermé ce jeudi à l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Michel Berson, président du conseil général de l'Essonne de 1998 à 2011, est décédé à l'âge de 75 ans des suites d'un cancer en récidive.

    Cet homme de gauche, longtemps socialiste avant de se rapprocher des idées macronistes, fut une figure politique marquante du département, successivement maire de Crosne (1977-1998), député (1981-1997) et sénateur (2011-2017), soit quarante ans de mandats.

    Mais ce sont surtout ses 13 années passées à la tête du département qui ont marqué les esprits. « De tous les mandats exercés, c'est celui qui lui tint le plus à cœur », écrit Antoine Pavamani, un de ses proches.

    Militant pour François Mitterrand

    Michel Berson s'était lancé en politique à l'âge de 20 ans en militant pour François Mitterrand. Nommé, en 1971, délégué du département du Nord au congrès d'Épinay, fondateur du Parti socialiste, il s'installe peu de temps après à Yerres et commence une carrière au Crédit lyonnais.

    Avant de se plonger pleinement dans la politique en devenant maire de Crosne en 1977. C'est là qu'il fera sa dernière campagne en 2020, en position non éligible, afin d'aider à l'élection de Christophe de Freitas, soutenu par LREM.

    Élu député de l'Essonne en 1981 aux côtés de trois autres socialistes, il perd son siège en 1997 face à Nicolas Dupont-Aignan. Un an plus tard, le conseil général bascule à gauche. Michel Berson est alors désigné pour prendre la présidence face à un certain… Jean-Luc Mélenchon. Une fonction qu'il occupera jusqu'en 2011, année où il est élu sénateur.

    « Un monument de l'Essonne »

    « C'est un monument, un pilier de l'Essonne qui a chuté, c'est une triste journée, confie Jérôme Guedj (PS), qui avait été son vice-président au département avant de lui succéder en 2011. L'Essonne coulait dans chacune de ses veines. Ce fut un grand président du département. Il lui a donné une perspective, une vision. J'ai adoré apprendre à ses côtés et j'ai été fier de le servir durant 13 ans. Il avait cette vision que la politique peut changer les choses. Il a inventé la carte jeune, il s'était battu pour accueillir le Synchrotron Soleil (NDLR : un accélérateur de particules) sur le plateau de Saclay face à la Grande-Bretagne, alors qu'Allègre (NDLR : alors ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie) n'en voulait pas. Aujourd'hui encore, on va inaugurer des équipements qu'il a portés, comme le T 12. C'était un vrai passionné. »

    En témoignent « ces séances qui se terminaient parfois à 2 heures du matin, quand elles ne s'étalaient pas sur deux jours, se souvient François Durovray (LR), actuel président du conseil départemental. Il tenait toujours à avoir le dernier mot, c'était un caractère », sourit-il.

    « Je l'avais encore vu récemment, poursuit François Durovray. Nous avions parlé du territoire, de l'avenir. Il m'avait raconté dernièrement que sa carrière aurait pu être toute autre car il a été dans l'équipe de France du 400 m haies. Je ne m'attendais pas à ce qu'il parte si vite. Nous avons une histoire particulière tous les deux. J'ai été un des artisans de sa défaite aux législatives en 1997. Mais du coup, il a pris la tête du département en 1998. Nous avons le même amour du territoire. J'avais plus que du respect pour lui, de l'affection. »

    «Très en avance sur beaucoup d'idées »

    Beaucoup d'autres élus du département témoignent sur les réseaux sociaux de leur tristesse. De gauche à droite, on salue un « homme engagé pour le territoire essonnien », « un passionné de culture qui chérissait tant les domaines de Chamarande et Méréville », écrit Aurélie Gros, maire (La France vraiment) du Coudray-Montceaux et vice-présidente en charge de la culture au département.

    « Il avait de grandes visions pour le département, salue Antoine Pavamani, ancien collaborateur. C'est pour cela qu'il s'est battu pour des projets comme le centre national de rugby à Marcoussis, le cluster scientifique sur le plateau de Saclay, le Genopole à Evry-Courcouronnes. Il était très en avance sur beaucoup d'idées : dès 1998, bien avant la loi sur le non-cumul des mandats, il a fait le choix d'un mandat unique. C'est aussi grâce à lui que l'Essonne a été le premier département à se doter d'un Agenda 21 dès 2003 car il se tournait déjà vers le développement durable. »

    Antoine Pavamani souligne aussi que Michel Berson « avait une grande vertu : civiliser les rapports entre les grands fauves politiques de l'Essonne d'une époque, Jean-Luc Mélenchon, Thierry Mandon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Julien Dray, Nicolas Dupont-Aignan… »

    Hommages et recueils

    Pour David Ros, maire d'Orsay et président de la fédération socialiste de l'Essonne, « Michel Berson est celui qui s'est attaché à comprendre l'ADN scientifique du département ». « Sans lui, nous n'aurions pas le synchrotron Soleil, continue David Ros, qui fut le questeur de Michel Berson à partir de 2004 au département. À l'époque, c'était la première fois qu'une collectivité mettait autant d'argent pour un équipement de recherche, plus de 200 millions de francs ( NDLR : environ 30 M€ ). Michel Berson a été le soleil de la recherche en Essonne. »

    Un premier hommage devrait lui être rendu par les élus du département lors d'une courte séance ce lundi, avant un événement plus officiel. En attendant, le conseil départemental va ouvrir un recueil pour permettre aux Essonniens qui le souhaitent de laisser un message. Un espace mémoriel a également été ouvert sur le site Internet « immemori » : une vingtaine de témoignages ont déjà été déposés pour saluer Michel Berson, « un homme qui aimait les gens et son territoire ».