Culte. Le mot aura collé à la peau de Sonny Simmons, personnalité à part et personnage attachant, dont le franc-parler rappelait qu’il venait d’un temps où la novlangue du marketing n’avait pas tout policé. C’est en tout cas la dernière image qu’on gardera de lui, à l’été 2010. Le saxophoniste venait de débarquer à Paris, une ville qu’il aura pratiquée en intermittence d’une carrière entre guillemets. Passer deux bonnes heures avec ce génie malentendu, c’était refaire une partie de l’histoire du jazz, la sienne. Sonny Simmons donnait à entendre pour qui voulait l’écouter une autre face du rêve américain, la ponctuant de «motherfucker». A 77 ans, il était encore vaillant. «Je négocie avec mon énergie. C’est ce qui m’a permis de supporter toutes ces galères ! C’est ma force vitale.»
Tout a commencé dans un bled de Louisiane, en 1933. Il est encore Huey Simmons, l’aîné de huit frangins, avec à la tête un père pasteur. Il gardera tenaces les traces de cette vie au cœur du Sud profond, où le souvenir d’Afrique demeure cultivé par la racine communautaire. Mais c’est sur la côte Ouest, où la famille déménage en 1944, qu’il va croiser le chant d’un autre drôle d’oiseau, Charlie Parker. Comme Ornette Coleman dont on a souvent parlé à son propos, Sonny Simmons ne ces