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 » Promouvoir l'éducation à la santé chez les jeunes du campement informel de Kibera à Nairobi
16.08.2017 - Education Sector

Promouvoir l'éducation à la santé chez les jeunes du campement informel de Kibera à Nairobi

© UNESCO

Linda * est née et a grandi dans le campement informel de Kibera à Nairobi, l’un des quartiers les plus étendus et les plus densément peuplés du Kenya. « La vie est très dure ici » dit-elle. Comme beaucoup de jeunes autour d’elle, cette jeune femme n'a pas eu la possibilité d’aller au bout de ses études secondaires à cause d’une grossesse imprévue. « Je peux dire que j'étais une élève brillante. Je pense que c’est juste la pression des pairs qui m’a influencée. J'ai rencontré un garçon et nous sommes tombés très amoureux l’un de l’autre. J’ai fini par me retrouver enceinte et j’ai dû abandonner l'école pour m'occuper de l'enfant. »

L’éducation à la santé pour changer les comportements est un projet pilote réalisé de septembre 2014 à décembre 2016 par le Bureau régional de l’UNESCO pour l'Afrique de l’Est en partenariat avec le Ministère de l'Education du Kenya et avec le soutien financier du gouvernement d’Azerbaïdjan. Il a pour objet de promouvoir l'éducation à la santé des élèves et des jeunes de 10 à 19 ans vivant dans le campement informel de Kibera à Nairobi, en fournissant des informations sur la santé au niveau des classes.

Le taux élevé d'urbanisation au Kenya a engendré un accroissement phénoménal du nombre de personnes vivant dans des campements informels, surtout à Nairobi. Le terme « campement informel » est utilisé officiellement pour désigner les bidonvilles de la ville qui abritent près de 70 % de ses résidents. Avec plus d'un million de résidents dont la plupart survivent avec moins d'un dollar par jour, Kibera est le plus grand bidonville d’Afrique.

« Si, dès son plus jeune âge, un enfant n'est pas préparé, s’il n’est pas nourri et s’il ne peut pas accéder aux services de santé, son apprentissage va en pâtir »  indique Mme Ann Therese Ndong Jatta, Directrice régionale du Bureau régional de l’UNESCO pour l'Afrique de l’Est basé à Nairobi, au Kenya. « C'est un projet qui s’adresse aux adolescentes. À cause des problèmes sociaux de Kibera, la plupart des filles a tendance à être exposée à l’exploitation sexuelle des enfants et aux grossesses précoces. » 

Le Projet d’éducation à la santé pour changer les comportements a mis en évidence un ensemble d'indicateurs de risque sexuel pour les filles, notamment l’absence d’accompagnement et de conseil à l'école et à la maison, la pauvreté, la pression des pairs, le fait d’être orphelines, l'insécurité, un système sanitaire de mauvaise qualité à l'école, des logements insalubres et surpeuplés, l’absence d’informations et de services de santé sexuelle et reproductive, parmi d'autres. On estime que ces indicateurs prédisposent les filles à une plus grande vulnérabilité face au travail des enfants, aux viols, aux grossesses non désirées, aux infections sexuellement transmissibles (IST) et c’est à partir de ce constat que le projet d’éducation à la santé de Kibera a cherché à améliorer l'accès des adolescentes aux informations sur la santé afin qu’elles puissent prendre des décisions éclairées et bénéficier ainsi de meilleures possibilités d’accomplissement de leur potentiel éducatif.

« Le projet sert à sensibiliser dans cette région où de nombreux autres acteurs sont en place, qui se consacrent principalement à la santé de l'enfant » indique Mme Ndong Jatta. Il développe également des matériels d’apprentissage pour l’éducation à la santé, utilisables dans les écoles, et il dispense une formation aux éducateurs.

Dans le cadre d’un processus consultatif, le projet a développé 12 ensembles de matériels d’éducation à la santé qui ont reçu l’agrément du Kenya Institute Curriculum Development, l’organisme habilité à approuver tous les matériels d’enseignement et d’apprentissage au niveau fondamental. Le projet a également préparé 30 maîtres formateurs et 195 enseignants (90 enseignants supplémentaires ont été formés récemment) afin de renforcer l'enseignement de l’éducation à la santé dans les écoles.

Bien que le Kenya ait mis en place des politiques nationales par le biais du Ministère de l'Éducation et du Ministère de la Santé qui définissent des stratégies pour améliorer l'éducation des filles, les filles de Kibera ont considérablement moins de chances d’être scolarisées que les garçons. Selon une étude réalisée par le Population Council (2007), 43 % de filles de l'échantillon n’étaient pas scolarisées, contre 29 % de garçons.

«  Je ne suis pas allée à l'école pendant quatre ans » dit Linda. « Mais heureusement, ma famille m'a aidée à y retourner et à m’inscrire. Et j’espère bien aller au bout de mes études ».

* son nom a été changé.




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