Le territoire de l’Inini


Souvent dans les carnets de l’UPI, on voit des timbres de l’Inini. Ils sont souvent neufs, preuve d’une faible utilisation postale. Généralement ce sont des timbres de Guyane surchargés. Mais d’où viennent-ils ? Et quelle est leur histoire ?

L’Inini a été créé par décret le 6 juin 1930 en amputant la Guyane française de la majeure partie de son territoire, la Guyane se limitant alors à une petite bande côtière large de 20 km. Cette décision était sans doute le reflet de la volonté du gouvernement de l’époque : aménager une structure politico-administrative pour une colonie encore économiquement sous-développée : l’arrière-pays guyanais possédait un sous-sol riche en minerais (notamment de l’or) et était recouvert, sur des milliers de kilomètres carrés, d’une forêt luxuriante qui ne demandait qu’à être exploitée. Un pari sur l’avenir qui sera de courte durée. Ce territoire réintègre administrativement la Guyane, lorsque celle-ci devient un DOM (département d’outre-mer) le 19 mars 1946 mais conservera un statut et une administration spéciale jusqu’au 17 mars 1969, date de la réorganisation du territoire guyanais.

La capitale de ce territoire était Saint-Elie.

inini

Paradoxalement, cette séparation de la Guyane permet aux populations traditionnelles de la forêt, tant noires issues du marronnage (esclaves fugitifs venant surtout du Brésil) qu’amérindiennes, de vivre alors dans une relative tranquillité. Ce statut administratif spécial leur permet d’échapper aux velléités coloniales du Conseil général siégeant à Cayenne.

Dès la suppression du Territoire de l’Inini, des entreprises touristiques (surtout le Club Med) organisent des visites dans des villages Wayana. De vives polémiques secouent rapidement la presse et poussent le gouvernement à faire pression sur la préfecture de Guyane pour corriger les effets désastreux de la suppression du territoire de l’Inini : propagation rapide de maladies transmises par les occidentaux contre lesquels les Indiens ne sont pas immunisés, graves dangers encourus par les touristes dans la forêt amazonienne (entraînant l’envoi très coûteux de secours au cœur de la forêt), sans compter le problème éthique de l’ethnotourisme.

Pour stopper ces dérives, un arrêté préfectoral du 14 septembre 1970 institue le« Pays indien », « considérant qu’il convient de respecter le mode de vie […] des populations indiennes ». Le tiers sud de la Guyane (30 000 km²) est désormais interdit aux touristes et exclusivement réservé aux Amérindiens : les Indiens Wayampi et Téko (villages du fleuve Oyapok) et les Indiens Wayana (villages des fleuves Maroni, Tampoc et Maronini).

Malgré cela, pressé par l’avidité de l’industrie du tourisme local, le secrétariat d’état au tourisme envisage à nouveau d’ouvrir le « pays indien ».

Quoiqu’éloigné et peu habité, les philatélistes connaissent bien le territoire pour ses multiples émissions.

L’Inini n’a pas connu d’émission propre, en raison de la grande faiblesse de son trafic postal.. Il employait des timbres de Guyane surchargés « Territoire de l’Inini ».

Seules exceptions, les « grandes séries coloniales » .En effet, celles-ci étaient préparée avec un cartouche vide pour le nom de la colonie qu’il suffisait de remplir pour chacun d’elle. Ce qui nécessitait pas plus de travail que de surcharger les timbres guyanais.

Alain Legrand




Comment (1)

  1. Stéphane PELLET-PERRIER

    Bonjour,
    Ces timbres effectivement neufs dont je dispose ont-ils une quelconque valeur…? Merci de votre retour, belle journée à vous.

    Cdlt,

    S.P.P.

    Reply

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