Le Salon philatélique d’automne a ouvert ses portes le jeudi 3 octobre. Organisé à l’Espace Champerret, à Paris, un nombreux public a afflué lors de cette première journée. Pour acheter les timbres à petits tirages, susceptibles de connaître des ruptures de stocks – et la spéculation – proposés par divers offices postaux (France, Saint-Pierre-et-Miquelon, par exemple), pour faire dédicacer leurs timbres au stand de l’association Art du timbre gravé (ATG), ou ne pas manquer les bonnes affaires chez les négociants, membres de la Chambre syndicale nationale des négociants et experts en philatélie (CNEP), organisatrice de l’événement.
Un mot pour annoncer quelques changements à venir dans l’organisation de l’activité philatélique dans son ensemble.
Ainsi, François Farcigny a annoncé qu’il avait organisé son dernier Salon en tant que président de la CNEP. Son successeur devrait être Paolo Salvatori, patron de L’Archive, à Caen (Calvados).
Autre départ : Gilles Livichitz, le directeur de Philaposte, la direction au sein du Groupe La Poste, qui conçoit, imprime et assure la diffusion des timbres, prendra la direction d’une filiale de La Poste à partir du 1er janvier 2023. Le nom de son successeur : Paul Dworkin, DRH de la branche Services-Courrier-Colis du Groupe La Poste depuis 2015. Gilles Livchitz avait pris ses fonctions à la tête de Philaposte le 14 février 2014.
Né en 1966, Paul Dworkin est un ancien de Mediapost. Titulaire d’une maîtrise de sciences de gestion, d’une maîtrise d’économie industrielle et d’un MBA de gestion des entreprises de réseau, il a fait l’essentiel de sa carrière à La Poste, où il est entré en 1993.
Frédéric Morin, le directeur adjoint de Philaposte, a annoncé lors d’une conférence de presse orchestrée par Gilles Livchitz – qui a insisté sur les investissements machines de l’imprimerie des timbres-poste de Boulazac en Dordogne, plus de 9 millions d’euros entre 2022 et 2023 –, le lancement d’un bloc de timbres NFT (non-fungible tokens, « jetons non fongibles ») le 7 février 2023. Au prix de 8 euros, il sera tiré à 100 000 exemplaires.
Philaposte est partie du constat que depuis deux ans, divers offices postaux se sont lancé avec bonheur dans l’émission de tels timbres. Les « pionniers » en la matière étant l’Autriche, la Croatie et la Suisse.
Le principe est d’« associer un timbre physique à son double enregistré dans une blockchain pour son authentification NFT », en l’occurrence la blockchain Tezos. De telle sorte qu’une numérotation rende « chaque timbre unique ».
Frédéric Morin s’est voulu rassurant pour les philatélistes, aux attentes particulières. Oui, il s’agit de « conserver sa dimension artistique » au timbre-poste, en évitant les « look » codes à barres ou QR codes qui parasitent le visuel des productions actuelles. Autres éléments pris en compte : il faut « faire de ce bloc avant tout un objet de collection physique » qui s’inscrira « dans une démarche de collection avec plusieurs éditions par an » et en « garantir son authentification ».
Cette émission sera l’occasion de promouvoir des innovations technologiques, ce premier bloc bénéficiant, par exemple, des « microperforations ».
Ce timbre NFT se présentera donc comme un double produit, un timbre physique et son NFT associé.
Concernant sa commercialisation, sa vente – hors abonnement, et en euros – se fera uniquement en ligne, via un site Internet dédié de La Poste : « Lors de l’achat, réception du lien NFT (authentification) et du bloc par courrier ». La date d’achat permettra de spécifier s’il s’agit d’un « premier jour » ou pas.
Côté pratique, Frédéric Morin donne quelques pistes :
- Horodatage : chaque action sur un NFT (création, transfert, modification) est inscrite dans la blockchain.
- Possession unique : un NFT ne peut être détenu que par une seule personne à la fois car il ne peut être dupliqué, avec une preuve de possession.
- Transférabilité : un NFT peut être transféré d’une personne à une autre
- Indestructible : un NFT ne peut être effacé…
Cela pose bien sûr des questions auxquelles l’usage permettra de répondre… Les deux « objets » couplés (bloc physique et double numérique) vont-ils avoir des vies « séparées » ? Quelle sera la valeur d’un timbre NFT « orphelin », détaché du bloc physique, cédé, alors que le timbre physique restera la propriété de son acheteur initial ?
Très intéressante initiative qui va « donner un coup de jeune » à la philatélie traditionnelle.
Cette première journée a en outre vu le dévoilement d’un timbre en vente générale le 23 janvier 2023, à l’effigie de Nelson Mandela (1918-2013), créé par Christian Guémy, alias C215, en présence de l’artiste, de Gilles Livchitz, de Tebogo Seokolo, ambassadeur d’Afrique du Sud en France, de Selen Daver, chargée de mission pour le suivi des engagements présidentiels pour l’Afrique, représentant le ministère des affaires étrangères de la République française.
Le timbre, d’une valeur de 1,80 euro, gravé par Elsa Catelin, sera imprimé en offset/taille-douce, en feuilles de quinze exemplaires pour un tirage total de 600 000.
Un souvenir philatélique accompagnera cette émission, au prix de 4,50 euros (tirage : 25 000).
C215 animera une séance de dédicaces lors de la vente en avant-première du timbre, à Paris, le vendredi 20 janvier, de 10 heures 30 à 12 heures 30, au Carré d’Encre, 13bis, rue des Mathurins (9e arrondissement).
Lors de la conférence de presse, Ségolène Godeluck, directrice de la Communication et des Relations institutionnelles à Philaposte, a annoncé les conditions de lancement de l’élection du plus beau timbre de l’année 2022, organisée en ligne du 9 janvier au 9 avril 2023.
Sujets de timbres pour 2024
Cette dernière a en outre incité les collectionneurs à adresser des sujets de timbres pour 2024… Sites et monuments, personnages (plus ou moins) célèbres, commémoratifs divers… N’hésitez pas à faire part de vos suggestions à La Poste par l’intermédiaire de Twitter, de Facebook, ou par courriel (communication.philaposte@laposte.fr)…
Pour ce qui concerne le carnet de Saint-Pierre-et-Miquelon, le succès a bien été au rendez-vous : le tirage a été épuisé, garantie de succès dans la prochaine édition du catalogue de cotation Yvert et Tellier !...
On notera une « première » concernant ce salon : ni Timbres magazine ni L’Echo de la timbrologie, les deux titres phares de la presse philatélique, n’avaient un stand... Changement d’époque...
Enfin, on aura appris que le PDG du Groupe La Poste, Philippe Wahl, a fait une proposition de changement de timbre d’usage courant, à l’effigie de « Marianne », à l’Elysée. Conformément à la tradition qui voit à chaque nouveau mandat présidentiel, une nouvelle « Marianne »... Philaposte se tient prête...
Salon philatélique d’automne, jusqu’au 5 novembre, Espace Champerret, hall A, de 10 heures à 18 heures, sauf le 5 jusqu’à 17 heures. Entrée gratuite. Métro : Porte de Champeret.
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