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L'Europe promet sa protection aux réfugiés ukrainiens

L'Union européenne va activer pour la première fois, dès ce vendredi, son mécanisme de « protection temporaire » des réfugiés. La décision a été unanime et rapide. Plus d'un million de personnes ont déjà fui l'Ukraine, en particulier vers la Pologne.

La ville polonaise de Medyka, proche de la frontière ukrainienne, tente de s'organiser face à l'afflux croissant de réfugiés.
La ville polonaise de Medyka, proche de la frontière ukrainienne, tente de s'organiser face à l'afflux croissant de réfugiés. (Visar Kryeziu/AP/SIPA)

Par Derek Perrotte

Publié le 3 mars 2022 à 14:55Mis à jour le 3 mars 2022 à 18:51

L'Europe ouvre ses portes en grand aux réfugiés ukrainiens. Jeudi après-midi, les ministres de l'Intérieur des Vingt-Sept, réunis à Bruxelles, ont donné leur feu vert, à l'unanimité, au déclenchement immédiat du dispositif européen de « protection temporaire » visant à faciliter et accélérer leur accueil, qui a déjà débuté dans les faits dans les Etats limitrophes.

Face à l'urgence, et la célérité dont font à nouveau preuve les institutions européennes et leurs équipes, ce dispositif devrait entrer en vigueur dès ce vendredi. « Tous ceux qui fuient les bombes de Poutine sont les bienvenus en Europe. Nous fournirons une protection à ceux qui cherchent un refuge et nous aiderons ceux qui cherchent à rentrer chez eux », avait promis dès mercredi Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

C'est inédit : cette directive « protection temporaire » existe depuis 2001 mais Bruxelles n'avait jamais été jusqu'à l'utiliser lors des précédentes crises migratoires. Cela témoigne de la solidarité totale que revendique l'Europe avec le peuple ukrainien mais aussi des spécificités de la situation . Selon les règles actuelles, les citoyens ukrainiens peuvent déjà entrer dans l'UE sans visa, grâce à leur passeport biométrique. Mais pour 90 jours maximum et « il faut anticiper au-delà pour être alors prêt si nécessaire », explique un diplomate européen.

Un à trois ans

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Le statut de protection temporaire s'appliquera ainsi pendant un an, reconductible jusqu'à trois ans. La Commission pourra le désactiver en cas de retour à la paix. Les réfugiés devront avoir accès à de larges droits, comme l'éducation, la santé et le travail. Ils obtiendront un visa sans passer par une demande d'asile officielle, le mécanisme européen visant aussi à éviter une saturation des services nationaux en charge.

Les ressortissants qui n'étaient pas résidents en Ukraine de longue durée ne disposeront pas des mêmes faveurs. Ils auront vocation à être rapatriés dans leurs pays d'origine après un accueil d'urgence en Europe. Certains, comme la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie, en première ligne, mais aussi l'Autriche, ont insisté en ce sens. « Cela ne sert à rien d'inclure ces ressortissants de pays tiers, c'est un autre système », a affirmé le ministre autrichien à son arrivée. S'ils veulent rester, il leur faudra donc passer par la procédure classique d'asile.

Pas de quotas évoqués

Jeudi, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) a indiqué que plus d' un million de personnes ont déjà fui l'Ukraine , dont 548.000 ont été accueillies par la Pologne, 133.000 par la Hongrie et 97.000 par la Moldavie. « Nous nous efforçons de faciliter le passage efficace des frontières », a assuré mercredi Margarítis Schinás, vice-président de la Commission européenne.

Pour alléger la pression sur les Etats membres limitrophes de l'Ukraine, la directive prévoit une assistance financière et matérielle des autres Etats. A ce stade, aucun projet de répartition des migrants n'est évoqué. « Aucun pays n'a exprimé de demande en ce sens pour l'heure », a indiqué la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.

Aide humanitaire

En Hongrie, Viktor Orbán, prompt à ferrailler sur les questions d'immigration, ouvre cette fois-ci les vannes et affiche son « unité » avec Bruxelles. La Pologne, qui abritait déjà environ 1,5 million d'Ukrainiens avant l'invasion russe, joue aussi l'union sacrée avec son voisin et ses partenaires. Comme la Roumanie et la Slovaquie, elles aussi limitrophes de l'Ukraine.

« Les relocalisations ne sont pas le sujet, au moins pour l'instant. Il ne faut pas transposer les précédentes crises migratoires. Les réfugiés sont bienvenus là où ils arrivent et n'en bougent pas ensuite. La priorité immédiate, c'est d'assurer que les flux soient traités le plus efficacement possible, d'aider les pays en première ligne et d'organiser l'aide humanitaire », résume une source européenne. Reste à savoir combien de temps les membres orientaux de l'UE pourront, et voudront, absorber les flux alors que l'exode pourrait s'accélérer.

Derek Perrotte (Bureau de Bruxelles)

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