France—« Le virus de la dengue est un arbovirus qui se transmet par la piqûre du moustique tigre et touche indifféremment les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Il existe aujourd’hui 4 types de virus, tous transmis par piqûre de moustique tigre. Il n’y a pas de transmission directe de personne à personne », a rappelé le Dr Grégory Emery, directeur général de la santé, lors d’une conférence de presse sur la dengue le 23 avril.
Cette maladie circule activement dans plusieurs départements et régions d’Outre-mer comme la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Or, depuis 2023, elle est en forte recrudescence.
« Des niveaux jamais atteints de transmission de la dengue ont été observés, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes », souligne la Dre Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.
Ainsi, 4 millions de cas ont été recensés en 2023, principalement dans les régions des Amériques, soit trois fois plus qu’en 2022 et 5 fois plus que la moyenne des 5 dernières années. « Aux Antilles, Guadeloupe et Martinique, l’épidémie de dengue a commencé en septembre-octobre 2023 et a déjà touché 40 000 personnes. Actuellement, elle s’est stabilisée, mais nous comptons encore environ 200 cas par semaine », précise-t-elle. « La saison des pluies va reprendre, donc nous pouvons craindre une recrudescence de cas ».
Plus de 1679 cas de dengue depuis début 2024
En métropole aussi, la maladie est en forte augmentation. Depuis le 1er janvier 2024, plus de 1679 cas de dengue ont été importés en métropole contre 131 à la même période en 2023. « C’est une situation inédite », commente la Dre Semaille. « Le risque est que cette recrudescence de cas entraîne la mise en place de chaînes de transmissions autochtones dans l’Hexagone », s’inquiète le Dr Emery. En 2023, 9 foyers de cas autochtones ont été observés en métropole, contre 28 sur la période 2010-2022.
Chaque année, la circulation du virus de la dengue fait l’objet d’une surveillance renforcée entre le 1er mai et le 30 novembre, qui correspond à la période d’activité du moustique-tigre. Au 1er janvier 2024, ce dernier est présent sur une grande partie du territoire métropolitain, dans 78 départements sur 96.
« Nous mettons en place une sensibilisation accrue des professionnels de santé, mais aussi des voyageurs de retour des régions tropicales, afin de prévenir et détecter rapidement les premiers cas qui pourraient donner lieu à d’éventuelles épidémies », indique le Dr Emery.
A noter que la majorité des patients ne vont pas présenter de symptômes, ou des symptômes très légers. La forme la plus classique, quand elle est symptomatique, se manifeste par l’apparition d’une forte fièvre, accompagnée de maux de tête, de nausées et de vomissements, dans les 3 à 14 jours après la piqûre. L’évolution est le plus souvent favorable, en 2 à 5 jours, et la convalescence dure environ 15 jours. Néanmoins il existe des formes de dengue plus rares, la dengue hémorragique, qui s’accompagne de fortes douleurs abdominales, de vomissements et de symptômes cutanés et cérébraux, pouvant aller jusqu’au décès.
Recommandations de vaccination disponibles en juin
« Actuellement, il n’existe pas de traitement spécifique pour la dengue. Les traitements sont symptomatiques, en particulier contre la douleur et la fièvre », souligne le directeur général de la santé. En revanche, certains médicaments sont contre-indiqués, comme l’aspirine ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens, du fait du risque hémorragique.
Il existe également deux vaccins autorisés en France. La Haute Autorité de Santé doit émettre des recommandations de vaccination à partir de juin 2024.
En attendant, les autorités sanitaires appellent à mettre en place les bons gestes de prévention pour limiter la prolifération du moustique tigre. Il est ainsi recommandé d’éliminer les eaux stagnantes, propices au développement des moustiques : vider les coupelles des pots de fleurs, les gouttières, les détritus, etc.
Pour les personnes voyageant dans les zones à risque, il est préconisé de se protéger des piqûres de moustique grâce à des vêtements longs et amples, des répulsifs et des moustiquaires. Et pour les personnes de retour de zones à risque, de continuer à se protéger des piqûres pendant trois semaines et de consulter sans attendre un médecin en cas de symptômes.
« Aucune mesure de santé publique n’est à 100 % efficace, mais la somme des mesures individuelles et collectives permet de limiter les risques », estime le Dr Emery.
A l’approche des Jeux Olympiques qui auront lieu en France cet été, il note « qu’il y aura beaucoup de voyageurs et qu’il est important de passer les bons messages. L’ensemble des services de l’État, les agences sanitaires nationales et régionales et les organisateurs des JO sont pleinement mobilisés et préparés à un événement sanitaire d’origine infectieuse et la survenue d’une épidémie de dengue en fait partie », souligne-t-il.
Si un cas est détecté dans un département où le moustique est installé, il y aura une enquête entomologique autour du lieu de résidence.
En cas de présence de moustiques vecteurs, des interventions de démoustication seront réalisées par des opérateurs spécialisés.
En outre, une enquête épidémiologique de terrain autour du domicile et des lieux fréquentés par la personne malade sera menée pour dépister les cas, les prendre en charge et mettre en place des mesures de lutte chimique. « Ce dispositif existe déjà mais il sera renforcé », indique le Dr Emery.
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Crédit de Une: Dreamstime
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Citer cet article: Les cas de dengue importés en recrudescence en France métropolitaine - Medscape - 25 avr 2024.
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