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MALI

Al-Targui, le chef d'Aqmi derrière l'assassinat des reporters de RFI

Des combattants fidèles à Abdelkrim al-Targui, un Touareg qui commande une des brigades d'Aqmi, revendiquent l'assassinat des reporters de RFI. Proche du chef d'Ansar Dine, al-Targui est déjà accusé d'avoir enlevé Philippe Verdon et Serge Lazarevic.

AFP
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L'assassinat des deux reporters français de RFI au Mali a été revendiqué, mercredi 6 novembre, par Al-Qaïda au Maghreb Islamique [AQMI], dans un communiqué publié par le site mauritanien Sahara Medias. Selon cette agence, les responsables de cette sanglante prise d’otages font partie d’une "katiba" [unité combattante], dirigée par un certain Hamada Ag Hamada, dit Abdelkrim al-Targui.

De cet homme, il n’existe qu’une photo qui circule sur Internet, mais son authenticité n’a pas été prouvée. Abdelkrim al-Targui dit Abdelkrim "le Touareg" n’est pourtant pas un inconnu de la nébuleuse d’Al-Qaïda. Originaire de la région de Kidal, il est l'un des rares Touareg à diriger une "katiba", baptisée al-Ansar [les soutiens], alors que la majorité des dirigeants d’Aqmi sont algériens. Il est par ailleurs un parent d’Iyad Ag Ghali, le chef du groupe islamiste armé Ansar Dine, l'un des trois groupes djihadistes actifs dans le Nord-Mali, avec Aqmi et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest [Mujao].

"Abdelkirm Targui est allé encore plus loin que son oncle, puisqu’il s’est engagé assez tôt. À partir de 2010, il est entré dans les rangs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Il est apparu, comme beaucoup, plus radical. Leurs liens sont assez proches puisqu’il a gardé des contacts assez réguliers avec son oncle", explique ainsi sur l’antenne de RFI Mathieu Guidère, spécialiste d'Aqmi et professeur professeur à l'université Toulouse II.

Enlèvement et exécution

Du fait de cette parenté et de son statut de dirigeant d’une "katiba", Abdelkrim al-Targui a accru son pouvoir au sein de cette branche d’Al-Qaïda. Il est soupçonné notamment d’être le responsable en 2011 de l’enlèvement des deux Français Philippe Verdon, dont le corps a été retrouvé au Mali en juillet, et Serge Lazarevic, toujours détenu. Le chef touareg serait également derrière l’assassinat de Michel Germaneau. D'après Béchir Bessnoun, un combattant tunisien d'Aqmi, arrêté au Mali en 2011, lors d'une tentative d'attentat contre l'ambassade de France à Bamako, cet ingénieur français a été tué en 2010 d'une balle à la tête, de la main même d’Abdelkrim le Touareg.

Concernant son rôle dans l’assassinat des reporters de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les hypothèses sont nombreuses. Selon un responsable des renseignements maliens, cité par l’agence Associated Press, Abdelkrim al-Targui n’a pas été physiquement impliqué dans cette opération. D’après lui, le principal suspect est Baye Ag Bakabo, un ancien membre de la "katiba" al-Ansar.

En délicatesse avec son ex-chef, suite à une histoire de vol d’argent, ce Touareg aurait décidé d’enlever les journalistes, après avoir été informé de leur présence à Kidal, pour retrouver la confiance d’Abdelkrim al-Targui. Avant de lancer l'enlèvement, il aurait d'ailleurs contacté ce dernier pour lui demander son accord. Ayant obtenu une réponse affirmative, Baye Ag Bakabo a ensuite entraîné de force à bord d'un 4X4 les reporters de RFI, après les avoir enlevés devant le domicile d'Ambéry Ag Rissa, un éminent représentant du MNLA de Kidal.

Deux hypothèses

Pour Jean-Paul Rouillier, directeur du Geneva Centre for Training and Analysis of Terrorism, cette version est plausible : "il voulait regagner ses faveurs. Cela explique que cette opération n’était pas planifiée au départ par d’Abdelkrim al-Targui, et qu’elle s’est ensuite mal déroulée." La suite de l'opération a en effet été perturbée. Pris de court par une panne de son 4X4, Baye Ag Bakabo aurait contacté al-Targui pour lui demander des instructions. Ce dernier lui aurait alors ordonné de tuer les reporters. "Cela correspond aux règles d’Aqmi, selon lesquelles une fois que tu as pris des otages, si les forces de sécurité se rapprochent, il vaut mieux les exécuter plutôt que de les abandonner", explique Jean-Paul Rouillier à France24.

Pour Mathieu Guidère, l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon doit surtout être mis en lien avec les récentes libérations des otages. Après la mort d’Abou Zeïd, le chef de la brigade d’Aqmi, qui détenait les ingénieurs français d’Areva, la "katiba" d’Abdelkrim al-Targui aurait récupéré les otages d’Arlit, et aurait négocié leur libération. "Il semblerait qu'il y a eu un désaccord sur la totalité des otages à libérer, qu’on a fini par libérer uniquement les otages d’Arlit, parce qu’il y a eu notamment accord sur le montant à verser, et sur un certain nombre d’actions. Mais concernant le dernier otage Serge Lazarevic, il n’a pas pu y avoir d’accord", explique cet expert d’Aqmi.

"Ce que l’on peut supposer – mais cela reste vraiment de l’ordre de l’hypothèse – c’est que la brigade aurait voulu récupérer deux autres otages pour pouvoir négocier une sorte de lot, comme elle l’a fait pour les otages d’Arlit, et augmenter ainsi ses changes de négociations et son poids. Or, cela a mal tourné, à la dernière minute probablement", poursuit Mathieu Guidère. Enlevé il y a deux ans avec Philippe Verdon, Serge Lazarevic serait toujours entre les mains d’Abdelkrim al-Targui.

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