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0820.09.- Profil de René Garcia Préval
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Fils d'un ancien ministre haïtien qui prit le chemin de l'exil en 1963 quand il devint plus qu'évident que François Duvalier qui avait été élu en 1957 s'accaparait définitivement du pouvoir, après une massive fraude électorale [voir: 30 Avril 1961],  René Préval naquit à Marmelade (département de l'Artibonite), le 17 janvier 1943.

Durant son exil, il obtint un diplôme d'agronomie à la Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux en Belgique. Il vécut également aux États-Unis notamment à Brooklyn, New York (1970—1975) avant de revenir au pays. A son retour, il décrocha un emploi à l'Institut National de Ressources Minières (1975—1977), et ouvrit peu après une boulangerie.

Au debut des années '80, il croisa le jeune prêtre salésien, Jean-Bertrand Aristide, qui venait juste de terminer ses études théologiques et d'être ordonné. Ce dernier, par sa verve et ses attaques subtiles contre le gouvernement de Duvalier, suscitait une certaine curiosité des opposants restés encore en Haiti, des exilés, de certains prêtres adeptes de la théologie de la libération, et ne tarda pas à les transformer en satellites constamment en orbite autour de sa personne.

Préval, qui depuis son retour d'exil, quoique de personnalité plutôt réservée, affichait devant ses proches et ses intimes des tendances proches de la gauche devint vite un ami et intime d'Aristide et intégra son mouvement Lavalas durant la campagne électorale de 1990. On dit même qu'il en fut le conseiller le plus écouté, une sorte d'éminence grise. Ce rôle effacé expliqua l'étonnement de certains à l'annonce de sa nomination à la tête de la primature en février 1991. Dans son gouvernement, il retint également le portefeuille de l'Intérieur et de la Défense Nationale.

Aristide et Préval identifiés idéologiquement comme des "frères jumeaux", envisagèrent une transformation de la société et ne tardèrent pas à se créer des ennemis puissants, dont certains se retrouvèrent au sein du nouveau parlement.

Deux mois seulement après l'inauguration du nouveau gouvernement, les Haïtiens commencèrent à manifester leur impatience face à sa lenteur à cerner les grands problèmes du moment dont l'inflation galopante et demandèrent des actions concrètes et non des gestes purement symboliques. Ce dernier, composé pour la plupart d'hommes et de femmes n'ayant aucune expérience du pouvoir, ajouta également à son active des gaffes démontrant une ignorance de la société haïtienne et du mécanisme des pouvoirs.

L'interpellation de Préval par le parlement durant l'été de 1991, fut interprétée par des partisans du gouvernement comme le début d'un processus pouvant déboucher sur un vote de non-confidence. Pour le défendre, ils recoururent donc à l'intimidation et ne tardèrent pas à assiéger le parlement allant même jusqu'à invoquer l'usage du "pè Lebrun" dans leurs menaces.

Dans la nuit du 29 au 30 septembre, Aristide fut victime d'un coup d'état et exilé. René Préval le suivit. Les Américains qui ne pouvaient oublier son passé de radical de gauche, refusèrent de l'inclure dans les tractations devant conduire au retour du président déchu. Il se contenta d'un rôle de conseiller. Il revint en Haiti en octobre 1994 avec le président restauré, et ne joua aucun role de premier plan dans les gouvernements successifs. Il fut toutefois en charge d'un programme d'assistance financé par la Banque mondiale (1994-1995).

Sa candidature aux élections présidentielles de 1995, sous la bannière de l'Organisation Politique Lavalas, fut interprétée comme une candidature par procuration d'Aristide quoique ce dernier ne montrât aucun empressement à endosser sa candidature présidentielle et mener campagne pour mettre en échec son opposant. L'endossement ne vint que quelques jours avant les élections.

Préval, qui n'affronta aucun rival sérieux, fut élu avec un pourcentage de 88%& et fut assermenté le 7 février 1996, devenant ainsi, le premier président élu à recevoir l'écharpe présidentielle d'un autre président élu. L'histoire se souviendra de lui comme aussi le seul président élu après un vote populaire, à terminer sans interruption son mandat, malgré des actions répétées de l'opposition tendant à destabiliser son gouvernement, et surtout à ne pas être obligé de laisser précipitamment le pays.

Devenu président, il appela à la tête de la primature l'agronome Rosny Smart. Le nouveau gouvernement hérita de dossiers épineux dont le déploiement de la mission de paix, la question de l'armée d'Haiti, la privatisation et l'inexpérience de la nouvelle force de police. De plus les problèmes domestiques typiquement haïtiens (la misère, l'analphabétisme, le chômage) s'amplifient devenant des défis de taille.

Le gouvernement Préval-Smart, prolongea la mission de la force des Nations-Unies, et entama des négociations avec la Bid et du FMI qui préconisèrent une économie austère et la privatisation de certains organismes d'état, conditions au déblocage de l'aide économique gelée depuis octobre 1995. Un tollé s'ensuivit, Aristide dont le poids politique pesait lourd, se prononça contre la privatisation, d'autres secteurs, proches de sa coalition, emboîtèrent le pas. Préval tenta d'assurer les opposants à la privatisation en faisant miroiter devant leurs yeux le modèle de la Bolivie (voir: ci-dessous note).

La gestion de ce dossier consuma toutes les énergies du gouvernement, conduisit en partie au départ, le 9 juin 1997, du premier ministre Rosny Smart, et prolongea le pays dans une crise politique, avec l'absence d'un chef de gouvernement pendant près de vingt-un mois. Entre-temps, Préval renvoya le parlement (12 janvier 1999) dont le terme était arrivé à expiration, choisi un nouveau premier ministre en la personne de Jacques Edouard Alexis (mars 1999) et organisa des élections parlementaires (21 mai 2000) dont les premiers résultats exacerbèrent la crise et engendra une situation des plus douloureuses endeuillant de nombreuses familles. Les élections présidentielles, de Décembre 2000, contestée par les opposants au régime, virent le retour au pouvoir du frère jumeau, Jean-Bertrand Aristide. Préval se retira alors tout d'abord à Cuba et dans ses terres à Marmelade.

Contrairement aux présidents qui l'ont précédé au pouvoir, on peut dire que Préval n'avait nullement l'étoffe d'un dictateur; Il n'avait pas non plus la personnalité d'un grand leader. Il lui manquait un certain charisme politique.

Dans son discours inaugural le 7 février 1996, il fit de la création d'emploi et de la lutte contre la violence ses priorités. Contingentes de l'aide extérieure, elles n'ont pas pu se concrétiser. Il a toutefois créé plusieurs établissements scolaires (doublant presque le nombre des lycées), il n'a pas pu cerner les problèmes épineux problèmes de l'éducation (école borlette, amélioration et renforcement du curriculum, professionalisme des éducateurs, réduction du taux d'analphabétisme dans les campagnes). Les libertés fondamentales et les droits des citoyens ont été respectés par les différents gouvernements qu'il mit sur pied.

Il a également essayé de rejoindre presque tous les secteurs à travers des négociations et en exposant "ses vues". En plusieurs occasions toutefois, il donna l'impression de suivre des ordres au lieu de s'imposer par lui-même. Son silence, après la fin de sa première présidence déconcerta plus d'uns, et fut même un motif de reproche et grief, de la part de ses adversaires, à l'annonce de sa candidature aux élections de l'année 2006, sous la bannière de la nouvelle organisation politique "Lespwa".

Favori de ces élections, Préval qui menait par plus de 65% durant les premiers décomptes, s'est attribué seulement un peu plus de 51% des votes, et ce, sous la pression et les menaces de ses partisans, dont la majorité se réclamaient encore du parti Lavalas de l'ex-prédisent Jean-Bertrand Aristide.

Préval prêta serment le 14 mai 2006, et comme en 1995, le pays est occupé par une force multinationale, la question de l'armée est à l'ordre du jour et les problèmes domestiques persistent avec la même urgence. A cela, il faut également ajouter la réticence de plusieurs secteurs et même d'une organisation des droits de l'homme proche de l'opposition durant son premier mandat qui ne manqueront probablement pas de lui créer des ennuis, ou simplement de ne pas lui faciliter la tâche.

Préval épousa en secondes noces, Guerda (Géri) Benoit, le 12 juillet, 1997; et est père de deux filles (Dominique et Patricia) nées de son premier mariage avec Solange Lafontant. Son troisième mariage avec Élisabeth Débrosse Delatour, veuve de Leslie Delatour, ex ministre de l’économie et des finances, puis conseiller particulier de Préval au cours de son premier mandat (1996-2001), eut lieu le 6 décembre 2009 à Kenscoff

Notes:


Le gouvernement de ce pays sous la pression de la Banque mondiale, avait transformé, quelques années plus tôt les entreprises d'état, en sociétés anonymes avec l'état détenant 50% des actions et les répartissant entre les communes. La privatisation de l’eau et l’assainissement de la ville de Cochabamba en 1999 fit la goutte d'eau faisant renversant le vase (le tarif local de l’eau subit une augmentation de près de 51 %). Elle suscita de massives protestations, obligea le gouvernement à renier le contrat de quarante ans passé avec l’entreprise américaine Bechtel et à re-nationaliser l’entreprise. Le mouvement de protestation a vu l'émergence du dirigeant populaire : Evo Morales. Devenue président de la Bolivie, celle-ci entama la nationalisation des hydrocarbures de son pays, une action affectant vingt-six compagnies étrangères installées dans le pays, dont la brésilienne Petrobras, la française Total, l'Espagnole Repsol et l'américaine ExxonMobil.

Publications sur René Préval


  • "Haiti - Les atouts de René Préval." Jeune Afrique. No. 2372, (25 juin 2006): p.24 (2 pages)
  • Haiti after the elections : challenges for Préval's first 100 days. [Collection: Latin America/Caribbean briefing ;; no. 10; Policy briefing]. Port-au-Prince ; Brussels : International Crisis Group, 2006.
  • "The new president René Préval takes power." Business Latin America. No. 21, (2006): 3 (1 page)
  • Cajou, Henri Robert. Le pouvoir Lavalas : du mythe à la mystification : essai politique. Port-au-Prince : Editions Choucoune, 1997
  • Dupuy, Alex. "Haiti Election 2006: A pyrrhic victory for René Préval?." Latin American Perspectives Vol. 33 No. 3 (May 2006): p132 (10 pages).
  • Macchi, A. "Il ritorno di Rene Preval alla presidenza di Haiti." La Civiltà cattolica. No. 3740, (2006): p. 193 (7 pages)
  • Storrs, K. Larry 1937-; Morales, Maureen. Haiti under President Préval : issues for Congress. [Washington, D.C.] : Congressional Research Service, Library of Congress, 1996.
  •  

Preval le jour de prestation de serment le 14 mai 2006
René Garcia Préval
Président d'Haiti
Du 7 février 1996 au 7 février 2001
Du 14 Mai 2006 à nos jours


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